A n'en pas douter, il y a du bon à se rendre chez un libraire, un vrai, même si on s'y sent à l'étroit tant le local est peuplé d'étagères et même si l'offre d'ouvrages immédiatement disponibles y est réduite par la force des choses, des lois de l'économie et de la survie commerciale.
Cette après-midi, c'est chez ma libraire indépendante, que j'ai fait la rencontre de cette belle histoire, un conte de Jean d'Ormesson, auteur, dont je n'avais encore rien lu.
Ce conte parle d'un enfant vivant plus ou moins au milieu de nulle part et dont la seule distraction et le plus grand bonheur aussi, est d'attendre le train ( dans le genre Orient-express), qui passe chaque soir sans s'arrêter devant chez lui. L'enfant vit seul avec son père et sa mère qui font de leur mieux pour survivre grâce à leur travail. Ce qu'ils aiment le plus au monde est leur enfant.
A ce stade de mon récit, tout cela peut paraître banal à souhait mais tout vient à se compliquer quand l'enfant tombe malade ; et on comprend très vite que cet enfant qui va peut-être mourir a une seule et unique obsession : le train.
Il ne faut pas attendre de cette histoire quantités d'aventures et rebondissements, il faut encore moins espérer y trouver une fin claire et nette qui dit tout. Non, il ne le faut surtout pas !
En fait, c'est un conte réaliste et poétique à la fois ; il prend des airs tantôt philosophiques tantôt contemplatifs. D'ailleurs, je relis par plaisir certains passages, comme ça, hors du contexte ; ils ont l'air simple, en apparence, mais comme le train de cette histoire, ils nous font voyager, rêver, ils nous laissent songeurs.
Un très beau texte donc et fort en émotions !
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Je ne savais pas que Jean D'Ormesson avait publié cette petite histoire en 2009. J'ai été attirée par la couverture et le titre lors d'une visite chez mon libraire. La quatrième de couverture ne comporte que ces mots: "Il était une fois...".
Je me suis laissé tenter, pensant qu'il s'agissait d'une petite histoire, façon conte pour enfants.
Après l'avoir lu, je suis sceptique. Je pense que c'est là une facétie bien digne de Jean D'Ormesson! Cela ressemble à un petit conte innocent pour enfants, mais la gravité du sujet ne donne pas envie de le raconter ni de le faire lire à nos chères têtes blondes!
En effet, il est question d'un petit garçon vivant avec ses parents dans un lieu isolé, sans copain, sans école, sans loisir... excepté son étrange assiduité pour le spectacle que consiste le passage du train chaque soir devant sa maison. Mais le petit garçon tombe gravement malade et s'étiole lentement... Jamais il ne montera dans le train, à moins que...
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Le train de la vie
À la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos parents.
Et on croit qu’ils voyageront toujours avec nous.
Pourtant, à une station, nos parents descendront du train,
nous laissant seuls continuer le voyage…
Au fur et à mesure que le temps passe,
d’autres personnes montent dans le train.
Et elles seront importantes : notre fratrie, nos amis, nos enfants,
même l’amour de notre vie.
Beaucoup démissionneront (même éventuellement l’amour de notre vie),
et laisseront un vide plus ou moins grand.
D’autres seront si discrets
qu’on ne réalisera pas qu’ils ont quitté leurs sièges.
Ce voyage en train sera plein de joies, de peines, d’attentes,
de bonjours, d’au-revoirs et d’adieux.
Le succès est d’avoir de bonnes relations avec tous les passagers
pourvu qu’on donne le meilleur de nous-mêmes.
On ne sait pas à quelle station nous descendrons,
donc vivons heureux, aimons et pardonnons.
Il est important de le faire car lorsque nous descendrons du train,
nous ne devrons laisser que de beaux souvenirs à ceux qui continueront leur voyage.
Soyons heureux avec ce que nous avons et remercions le ciel de ce voyage fantastique.
Aussi, merci d’être un des passagers de mon train.
Et si je dois descendre à la prochaine station,
je suis content d’avoir fait un bout de chemin avec vous.
À la naissance, on monte dans le train et on rencontre nos parents. Et on croit qu’ils voyageront toujours avec nous.
Pourtant, à une station, nos parents descendront du train, nous laissant seuls continuer le voyage…
Au fur et à mesure que le temps passe, d’autres personnes montent dans le train.
Et elles seront importantes : notre fratrie, nos amis, nos enfants, même l’amour de notre vie.
Beaucoup démissionneront (même éventuellement l’amour de notre vie), et laisseront un vide plus ou moins grand.
D’autres seront si discrets qu’on ne réalisera pas qu’ils ont quitté leurs sièges.
Ce voyage en train sera plein de joies, de peines, d’attentes, de bonjours, d’aurevoirs et d’adieux.
Le succès est d’avoir de bonnes relations avec tous les passagers pourvu qu’on donne le meilleur de nous-mêmes.
On ne sait pas à quelle station nous descendrons, donc vivons heureux, aimons et pardonnons.
Il est important de le faire car lorsque nous descendrons du train, nous ne devrons laisser que de beaux souvenirs à ceux qui continueront leur voyage.
Soyons heureux avec ce que nous avons et remercions le ciel de ce voyage fantastique. Aussi, merci d’être un des passagers de mon train.
Et si je dois descendre à la prochaine station, je suis content d’avoir fait un bout de chemin avec vous.
Une nuit, l’enfant appela sa mère. Elle se précipita vers le petit lit. L’enfant lui demanda, avec les yeux grands ouverts dans son pauvre visage, pourquoi le train ne s’arrêtait jamais devant la petite maison où ils habitaient. La mère répondit de son mieux en expliquant que le train ne s’arrêtait que dans les gares et que la petite maison n’avait pas assez d’importance pour que les voyageurs veuillent descendre pour la voir. L’enfant sembla comprendre. Il se tut un instant.
Et à chaque fois que le train passait vraiment, le soir ou au début de la nuit, il semblait espérer, de tout son petit corps tendu et de ses yeux grands ouverts, que la grosse machine allait enfin s’arrêter. Et quand le train passait dans son indifférence monstrueuse et que le bruit s’effaçait, une grande douleur se lisait sur le visage du petit garçon.
Il avait déjà quelque chose dans son existence qui la remplissait tout entière. C’était plus qu’un plaisir, plus qu’une curiosité… une confiance, un espoir, presque un amour et qui ne prêtait pas à rire : il attendait le train qui allait passer, ce soir comme tous les autres soirs, et qui était pour lui, en un éclair dans son fracas et dans sa lumière, comme l’image éblouissante de la vie.
"Une petite merveille ! le seul conte écrit par Jean d'Ormesson et qui ressemble tellement à ses yeux bleus et pétillants ! de 8 à 120 ans !" - Gérard Collard.
Il était une fois, quelque part dans une vallée entourée de montagnes, un petit garçon comme tous les autres...
À retrouver à La Griffe Noire et sur lagriffenoire.com
https://lagriffenoire.com/l-enfant-qui-attendait-un-train.html