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Citations de Jeanne Benameur (2372)


Une grande chaleur peu à peu envahit tout son corps. C’est à elle, à l’intérieur d’elle et personne, personne ne peut y toucher. La joie qui l’envahit en silence ne peut pas se mesurer.
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Eux deux sur le pont du bateau, la coque frémissante de toute l’agitation de l’arrivée après le lent voyage. Eux deux, ils ont quelque chose de singulier.
L’homme tient un livre de sa main restée libre. Ils sont vêtus avec élégance, sans ostentation. Ils n’ont pas enfilé manteaux et vestes sur couches de laines et tissus, comme le font tant d’émigrants. La jeune fille n’est pas enveloppée de châles aux broderies traditionnelles. Ils pourraient passer inaperçus, s’ils n’avaient pas ce front audacieux, ce regard fier où se lit tout ce qu’ils ont été. 
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Jeanne Benameur
Que sommes-nous devenus pour que d’autres humains aient le pouvoir de nous ouvrir un pays ou aient le pouvoir de nous renvoyer là où il n’y a plus de "chez nous" ? C’est quoi une frontière ?

La seule frontière, fragile, palpitante, c’est notre propre peau.

La seule frontière c’est ce qui sépare le dedans du dehors.

Et quelle folie d’en avoir inventé tant d’autres ?

Nous sommes, nous, ici en longues files, attendant dans une brèche du temps, coincés entre deux tours d’horloge.

Notre vie est suspendue.

Qui sommes-nous désormais ? Des émigrants. Des étrangers. Ne pourrions-nous pas être simplement des nouveaux venus comme on dit de celui qui vient au monde qu’il est un nouveau-né ?

Tout est fait pour nous faire sentir et bien comprendre que c’est une grâce de nous dire oui. Qui sommes-nous devenus ?

Arrachés à toute identité qui tienne la route.

Nous ne tenons plus aucune route.

Esther a du mal à respirer. Sa poitrine lui fait mal.

Nous avons été déroutés de notre propre vie, de la vie de nos ancêtres, par tout ce qui empêche de faire battre régulièrement le cœur, tout ce qui empêche le sang de couler, vif, dans les veines.

Nous sommes ici parce qu’il n’y avait pas d’autre route, nous pouvons le jurer. Mais nous voulons, oui nous voulons , de tout notre cœur, devenir des citoyens de ce pays. Nous sommes prêts à le jurer aussi, à prêter serment et nous pouvons vous assurer de notre ferveur. Nous serons d’ardents citoyens. Nous le voulons de tout notre être. Et plus rien ne nous fera retourner en arrière.

Tout ce que les bouches closent ne disent pas, tous les mots sont là, entre les rangs entre les fils, entre le dos de l’un et la poitrine de l’autre qui attend, juste derrière. Le silence qui bruisse de tous ces mots est le même. Quelles que soient les langues, ce qui se tait obstrue les gorges de la même façon. La même. Les mots qu’on n’ose pas prononcer se heurtent aux hautes fenêtres, aux parois des murs, où le soleil ?

L’air manque.

Oh le lent souffle des poumons.

Une femme s’est effondrée.
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Jeanne Benameur
Ils ont maintenant pénétré à l’intérieur du vaste bâtiment.

Dehors, la statue de la Liberté que d’autres émigrants aperçoivent enfin dans le lointain gonfle de joie leur cœur. C’est leur tour. Ce sera pour ces nouveaux débarqués les mêmes étapes à franchir, toujours ponctuées d’attente. L’attente, le lot des pauvres gens, où qu’ils soient. Un lot plus dure à supporter pour ceux qui ont tout quitté car dans ces temps d’attente s’ouvrent les brèches où s’insinue le doute. Le risque du renoncement au plus profond d’eux-mêmes. La terrible perte de l’espoir.

L’espoir, regardez, il peut être là, dans les bras puissants de la Liberté portant haut sa torche. Il suffit que le soleil fasse une percée juste au moment où on la regarde et on se dit : C’est un présage , un bon présage. On serre contre sa hanche l’enfant qui regarde aussi et on lui dit : C’est l’Amérique, tu vois, on est arrivé. Il suffit de cet élan dans la voix de la mère pour que l’enfant associe l’Amérique à la joie d’une vie retrouvée. C’est l’espoir qui se propage.
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Certains d’entre nous auraient aimé te suivre, jeune homme aux pieds silencieux. Mais nous n’avons pas osé.

Tu marches pour nous dans la nuit et chacun de tes pas résonne au fond de nos cœurs. Là où tu poses le pied, tant d’autres l'ont fait.

Tu ne sais pas dans les pas de qui tu marches.

Ce sont des choses qu’on ne sait jamais.

Nous souhaiterions sentir la clameur de leurs os au fond de nos os et prendre force.

Pourras-tu la faire entrer dans ta musique ?

Quand tu sortiras ton violon à nouveau et que tu joueras, seront-ils là ?

Nous saurons les reconnaître au creux de nos vertèbres et nous aurons l’audace nous aussi de tenir notre dos droit à nouveau pour aborder la nouvelle terre.

Nous attendons.

(...)
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Le commerce,c'est ça.C'est apprendre à connaître le désir de quelqu’un.
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Quand on ne sait plus où vivre,on ne sait plus très bien qui on est vraiment non plus.
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Il faut parfois accepter de ne même plus être sûr de pouvoir repartir.C'est le sort de ceux qui partent.
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Oui, il est un homme de chair. Ainsi a-t-il été créé et il n'y a pas à rougir devant la chair. La laideur, c'est de ne pas oser lui donner sa part. La chair confinée, niée, ne donne que des œuvres ratées. Et la vie même peut être une œuvre ratée.
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Sentir le moment du départ, Donato l'avait appris par son livre.
L'histoire ne fait que répéter les mêmes mouvements. Toujours. Les hommes cherchent leur vie ailleurs quand leur territoire ne peut plus rien pour eux, c'est comme ça. Il faut savoir préparer les bateaux et partir quand le vent souffle et que les présages sont bons.
Tarder, c'est renoncer.
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Toi aussi tu as du cœur, je le sais, et cela te sauve. Mais ton esprit a été capté par le gout pour les privilèges.Tu as voulu te mettre à l'abri, plus haut sur les barreaux de l'échelle. Au-dessus, toujours au-dessus. Il y a des gens qui ne trouvent la paix que comme ça. Dommage.
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Parce qu’il faut bien traverser la rivière sans fond pour rejoindre.  Parce que l’on ne peut rester chacun sur sa rive sinon à quoi sert d’être là, ensemble, vivants 
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traversée de deux envies contraires qui la tiennent aussi ardemment l'une que l'autre: demeurer et débarquer. L'ancienne vie avec ses douceurs, ses lenteurs et sa bonne sécurité connues est encore là, dans sa poitrine. La nouvelle, confuse, ignorée, toute confiée au rêve encore, cherche à prendre place...
Est-ce que toute sa vie désormais sera soumise aux deux envies contraires?
C'est cela alors "émigrer". On n'est plus jamais vraiment un à l'intérieur de soi.
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Tout ce que l’exil fissurera, tout ce qui sera ouvert puis refermé dans leurs cœurs, parce qu’on ne peut pas vivre le cœur ouvert sur le pays d’avant, n’est-ce pas, parce que le fil a bien été rompu, ce fil relié au ponton et qui se tend au fur et à mesure que le bateau s’éloigne, jusqu’à ce qu’il cède pour bien signifier que ça y est, on est parti.
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« On ne sait rien des vies de ceux qui débarquent un jour dans un pays. Rien. » (p. 6)
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« Chacun se blottit encore dans sa langue maternelle comme dans le premier vêtement du monde. La peau est livrée au ciel nouveau, à l’air nouveau. La parole, on la préserve. » (p. 7)
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« Sera-t-elle toujours quelqu’un qui ne fait pas complètement partie ? » (p. 11)
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« Attendre, c’est mourir salement. Ça tue l’espérance. » (p. 50)
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« La liberté, ces deux-là, sont venus la chercher ici. Mais ce n’est pas al même pour l’un et pour l’autre. » (p. 213)
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Doit-on tout avoir de celui qu'on aime? Doit-on accéder à son être tout entier ? est-ce que l'amour ne peut pas accepter la part manquante ?
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