J’ai frappé à la porte du bureau, et derrière se trouvait un fatras de pensées désordonnées, des questions, quelques tentatives de réponses, une longue litanie sortie de l’esprit d’une femme perturbée. Qu’est ce bureau sinon celui que nous avons tous en nous, que parfois nous ouvrons pour en sortir une petite question, inoffensive croyons-nous, mais la plupart du temps nous gardons ce bureau bien fermé à double tour.
L’auteur, Jenny Offill, a choisi de nous ouvrir le sien, de l’exposer, d’en vider son contenu, bien étalé au vu et au su des lecteurs que nous sommes.
Difficile de résumer ce récit. On va dire qu’il s’agit d’une femme, et d’un homme et d’une nana aussi. La femme est prof de littérature, écrivain plus ou moins en sommeil, alors qu’elle avait des ambitions de génie. Elle est mariée à l’homme, et ils vivent avec leur petite fille dans un appartement infesté de souris, notamment. C’est l’histoire du début de leur amour, de leur vie ensemble jusqu’à une certaine lassitude, jusqu’à l’usure qui gomme les souvenirs du meilleur pour ne laisser que les défauts, les agacements du quotidien. Jusqu’à laisser entrer une nana, dans le fond anecdotique, mais qui fera exploser le couple autour des questions, des spéculations. Ainsi nous avons sous nos yeux les multiples interrogations de la femme sur sa vie, son mariage, sa carrière, ses ambitions, ses amours et puis son acceptation du quotidien jusqu’à l’érosion de la Vie. Le récit est une suite de réflexions, d’anecdotes, ponctuée quelquefois de citations. L’ensemble vise à restituer ce qui traverse l’esprit d’une femme englué dans une vie qu’elle ne maitrise plus vraiment. J’ai trouvé cela très réussi, mais je crois que c’est un récit quitte ou double : on aime ou on déteste. J’ai grandement apprécié de tomber petit à petit, sans y prendre garde, dans l’esprit de cette femme, jusqu’à me reconnaître évidemment dans ses interrogations, et dans ses vaines tentatives de justification.
C’est une écriture presque brisée qui emmène ce récit, en morceaux, comme pour rappeler le rythme de la vie réelle. Le sujet est a priori un peu trop simple et sans intérêt, car profondément nombriliste, mais Jenny Offill réussi à se regarder en détail tout en nous offrant un miroir de nos propres spéculations. Bref, j’ai aimé !
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Bien qu'écrit en 2020, le style fait penser aux romans américains des années 70. A coup de phrases courtes, paragraphes juxtaposés, ni roman, ni journal intime, mais n'est pas Dos Passos qui veut.
A moins que ce soit la traduction qui rend l'ensemble plat?
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Il y a des livres dont il est plus difficile de parler.
Lizzie est bibliothécaire à Brooklyn,
elle nous parle de son mari, son fils, sa famille, de ses problèmes, de ses collègues, de ses interrogations, des problèmes climatiques, de politique, de notre société, d’amour…..
Plus proche des chroniques que d’un roman, je dirai même des brèves ou des fragments de vie, Lizzie en tant qu’observatrice de notre société, de sa famille, de sa vie et d’une multitude de personnages.
Construit en plusieurs parties avec des paragraphes cours, la lecture de ce roman peut déranger certains lecteurs de par sa forme originale.
Lizzie observe et nous fait réfléchir sur notre société.
Même si la lecture est déroutante au début, j’ai aimé ces brèves de vie, j’ai aimé ce livre original sérieux et drôle à la fois et qui change de mes lectures habituelles.
Je ne peux que le conseiller !
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maginez une histoire d'amour des plus banales en apparence: rencontre, mariage, bébé, difficultés du quotidien, usure du couple, sentiment d'insatisfaction, infidélité, couple qui vacille.
Du vu et revu ? Certes. Mais la narratrice qui prend ici en charge le récit le fait de façon parcellaire, mêlant informations scientifiques collectées pour un travail d'appoint, maximes littéraires, souvenirs, bribes de chanson et de conversations. L'ellipse règne en maître, omettant tous les passages obligés d'un roman d'amour (la rencontre, par exemple), faisant confiance au lecteur pour combler les trous et deviner ce qui advient.
Que la narratrice ait écrit un roman et enseigne à l'université n'est évidemment pas un hasard, mais chacune d'entre nous se reconnaîtra dans les émotions qu'elle partage, en particulier avec sa fille nouvelle-née.
Un portrait de femme impressionniste qui ne manque pas d'humour.
D'abord un peu déroutée, j'ai dévoré avec enthousiasme ces 156 pages sensibles. Un roman qui m'a sortie, au moins provisoirement, d'une panne de lecture qui dure ! :)
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Ce livre aurait pu s'appeler Chroniques new-yorkaises.
Lizzie nous livre des tranches de vies. De sa vie mais aussi de celles des clients de la bibliothèque dans laquelle elle travaille.
Une écriture ciselée et directe avec une pointe d'humour, un régal.
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Déniché en bibliothèque, ce livre m'a étonnée.
Le récit est composé de notes, petits paragraphes, extraits, impressions.
Au fil des pages, le récit prend forme. C'est la vie de Lizzie, bibliothécaire, femme, mère et sœur. Surtout sœur. Son frère souffre d'addictions. Elle souffre de ses souffrances à lui mais aussi de l'état du monde, des gens. Avec un regard aigu.
C'est en fréquentant les lecteurs et lectrices et aussi les bibliothèques que l'on peut vivre des expériences de lecture comme celles-ci. Qui font sortir des habitudes (non je ne dirai pas "ma zone de confort" car je déteste cette expression ! Ah mince je l'ai dit 🙊).
Bref, j'ai cru lâcher le livre parce qu'il était différent et que j'étais déphasée et finalement je l'ai terminé très vite.
Il ne m'a pas rendue plus joyeuse ou plus intelligente.
Non il a ouvert en grand la porte de mon cerveau vers un univers fait de curiosités et d'originalité.
Lisez, cette femme a des choses à dire avec sa propre poésie.
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Grace Davitt, huit ans, la narratrice de ce singulier roman, nous entraîne dans le monde onirique qu'elle s'est construit.
Son père, professeur de chimie, tente d'instiller un peu de rationalité dans l'esprit de sa fille, mais ne peut lutter contre son épouse , Anna, ornithologue qui nourrit Grace de récits fabuleux. Il finira par fuir le domicile conjugal.
Ne fréquentant plus l'école, la petite fille suit sa mère dans son univers, sans se rendre compte immédiatement que celle-ci s'enfonce progressivement dans la folie.
Vue à travers les yeux d'une enfant qui manque de points de repères pour jauger efficacement l'attitude de sa mère, le récit captive le lecteur et le trouble.
Si la fin est un peu décevante, l’expérience n'en reste pas moins à tenter.
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