Citations de Jérôme Kerviel (100)
J'avais réalisé un gain total de 55 millions, c'est-à-dire plus de la moitié du résultat des huit traders de l'activité.
Je ne suis qu'un homme qui a commis des erreurs au sein d'une banque qui les a longtemps admises, parce qu'elle en tirait profit.
Plusieurs d'entre eux m'ont assuré en privé de leur soutien. Malheureusement, ils se sont jusqu'à présent refusés à porter un témoignage public, par crainte de subir des représailles pouvant aller jusqu'à la perte de leur emploi.
Dominent dans une salle des marchés trois conduites. L’omerta, qui interdit d’évoquer les points qui pourraient fâcher tandis que sont mis en place des procédés naguère considérés comme relevant de l’escroquerie institutionnelle au préjudice des épargnants. L’autisme qui permet à chacun de faire semblant de ne pas comprendre ce qui se passe. La cécité, parce que tous ceux qui devraient voir ne voient rien, alors que la vérité éclate quotidiennement sous leurs yeux.
Avant de me rendre à Rome, j'avais l'impression d'être le diable décri par certains, et j'ai vu dans les yeux du pape François que je ne l'était pas.
Tout étant traçable dans l'outil informatique, le bon comme le moins bon, il était facile de vérifier la source des profits, de se pencher sur le book d'un trader et de le décortiquer.
Leur démonstration fut d'autant plus laborieuse qu'elle était impossible.
Je fus transféré à quatre reprises au pôle financier durant ma détention. Une ou deux fois, j'y arrivai menottes aux poignets.
Les policiers, qui parurent eux-mêmes surpris de ce jugement, me montrèrent une certaine compassion. L'un d'entre eux murmura même : "On sait que vous n'y êtes pour rien, mais c'est comme ça." Une policière, me faisant la visite guidée des lieux et de ce qui sera mon nouvel environnement : une cellule de neuf mètres carrés [...]
Je suis l'homme le plus endetté que l'humanité ait jamais porté car pèse sur mes seules épaules une condamnation judiciaire inique de 4 915 610 154 euros.
C'est là que tout le pognon se fait, sous un bon stress, avec beaucoup d'adrénaline, un truc hyper rythmé et actif, enthousiasmant, challengeant, à proximité de têtes très bien faites.
Aujourd'hui, je regarde le champ de ruines qu'est devenu ma vie ; impossible de reconstruire quoi que ce soit tant que le procès ne se sera pas déroulé. De lui dépendra mon avenir.
"À ce stade de l'instruction il m'apparaît indispensable de faire cette déclaration pour souligner les lacunes considérables de l'instruction vraisemblablement dues à une volonté dont j'ignore la nature et les raisons destinées à clore l'instruction au plus vite, et dont l'intégralité a été sponsorisée par la Société Générale."
Agacé et dépité, je me revois lui dire [au juge], en souriant un peu jaune, que je constatais que la seule fois que des juges avaient accepté d'organiser une audience, c'était pour me mettre en prison.
Éric Dupont-Moretti, bien connu des médias, aurait pour mission de contrer Renaud Van Ruymbeke, tandis que Francis Tissot et Caroline Wasserman travailleraient les aspects techniques.
Le juge revint de la tour [de la banque] en affirmant que je lui avais menti ; l'ambiance de la salle de marchés était telle que j'avais parfaitement pu y mener mes opérations à l'insu de tout. J'en conclus que la Société Générale n'avait pas dû lui montrer la salle où je travaillais. La lecture du procès-verbal m'apporta en outre la preuve qu'il avait rencontré plusieurs personnes parties prenantes à l'instruction. La confiance que j'avais placée en lui s'en trouva fortement ébranlée.
Tout le monde comprendrait [...] que certaines pratiques du milieu bancaire ne puissent plus se résumer à cette phrase : lorsque les règles aboutissent à un mauvais résultat, il suffit de les modifier.
Au derniers trimestre 2009, le cumul des pertes [...] se montait à près de 10 milliards [...] Ce qui n'a pas empêché la Société Générale [...] d'afficher des résultats positifs...
... on se souvient que par deux fois au cours de cette année j'avais engagé au total 120 milliards d'euros par une série d'opérations d'achat et de vente sur le marché allemand. Lorsque le marché s'écroula, en août et octobre 2007, je devais à chaque fois engager 30 milliards d'euros à l'achat, afin de solder les positions préalablement prises quelques semaines ou mois avant, volumes tellement considérables que de mon seul fait je soutenais le marché allemand tandis que les autres places européennes dévissaient fortement.
Un de mes avocats posa alors une question habile : que se passait-il si un trader dépassait la limite ? Christophe Mannié n'hésita pas à répondre : il était licencié. "Vous est-il arrivé de licencier quelqu'un ?", demanda alors l'avocat. "Jamais", répondit Christophe Mannié.