Citations de Jérôme Loubry (701)
La vie est compliquée, et on ne prend pas toujours les bonnes décisions.
Un arc-en-ciel n'était pas seulement un signe de beau temps. Il indiquait également l'emplacement d'un chemin reliant le monde des vivants à celui des morts.
Comme pour toute douleur, trouver un coupable, aide à surmonter la souffrance.
Parfois les mensonges se révèlent être de meilleurs pansements que la vérité.
Alors oui, les sacrifices, les prétendues sorcières, le cimetière vieux de plusieurs centaines d'années établi juste en bas de la montagne, parce que à l'époque il était plus pratique d'enterrer les morts à l'endroit exact où ils venaient de chuter, tout cela pour beaucoup n'est que flocon de neige. Inutile et provenant d'un passé révolu, le pic ne représente maintenant qu'un gros rocher surnommé pompeusement montagne, qui bloque la brume rejetée par le grand et petit tertre, suinte d'humidité et cache le coucher de soleil.
Stan essayait de lire entre les lignes. Il s’inventait de nouvelles théories qui lui semblaient aussitôt stupides et dont il se débarrassait en avalant une gorgée d’alcool. Il regardait les photos des cadavres, relisait les dépositions des familles, redécomposait les scènes de crime, déchiffrait les conclusions du médecin légiste, rêvait de découvrir un indice quelconque.
Rien de bon n’arrive jamais à Montmorts lorsqu’il neige
Le seul moyen pour qu'un fantôme traverse l'arc-en-ciel est d'écrire son histoire, de la lire et de murmurer son prénom comme une incantation. Car quand les murmures se taisent, le silence n'est que tristesse.
Le processus est en marche, ai-je pensé, elle se fabrique son propre refuge... La voici, la sorcellerie des enfants...Invoquer pour oublier, se jouer du temps et de son instabilité pour survivre à l’inaptitude d’un univers qui ne songe qu’à les dévorer...
Certains souvenirs ne veulent pas disparaître complètement. (...) Ce sont les murmures avec lesquels nous devons vivre.
Les souvenirs sont assassins. Ils obscurcissent l'esprit, ils ralentissent le cœur et fanent les sourires ...
Alzheimer est une maladie vicieuse. Ce n'est pas quand elle vous serre dans ses bras qu'elle est douloureuse, mais quand elle vous relâche.
Existe-t-il un passage, comme l'arc-en-ciel des pirates, mais en plus sombre et plus froid, qui mène de la réalité aux cauchemars ? Et pire encore, les créatures qui se trouvent enfermées dans nos peurs les plus profondes pourraient-elles l'emprunter et faire le chemin inverse ?
Nos routines personnelles ont nourri la routine de notre vie commune. Pas suffisamment pour nous séparer. Mais assez pour nous éloigner l'un de l'autre, sans que chacun trouve à redire.
Et le jeune garçon jugea plus urgent de parler que d’attendre. Comme pour poser un pansement sur les paroles de Julie.
Dans ses derniers jours, allongée dans son lit d’hôpital, le teint aussi blanc et vaporeux que la fumée de cigarette qui lui avait lentement inoculé la maladie, j’avais revu ce regard que je n’avais plus croisé depuis des années. Ce regard surpris alors que je rentrais de la plage et que les conversations des hommes dans le salon renaissaient dans mon dos.
La résignation que j’y avais lue était le reflet de celle exprimée par Julie, deux jours plus tard.
Cette résignation à ce que je nommerais le soir même, dans la solitude tourmentée de ma chambre, « les premières morts ». Je compris à cet instant de ma jeunesse que d’infimes parties de nous mouraient continuellement. Que des souffrances qui ne s’étendraient jamais complètement usaient le corps et l’esprit jusqu’à l’abandonner dans une chambre aseptisée ou au bout d’une corde. La vie en était pleine de ces premières morts. Elles faisaient de nous des fantômes. Mme Vermont en était devenue un. Ses premières morts à elle, c’était la disparition lente et progressive de ses souvenirs. Elles l’avaient usée au point de se pendre.
— Elle dit simplement que parfois les hommes dansent avec le diable, et que souvent, c’est lui qui sourit…
À présent, elle ignorait quoi penser de cette femme. Aucune théorie ne l’avait préparée à rencontrer un diable déguisé en ange blessé.
— Vous savez, la guerre, elle ne nous quitte jamais. Elle est toujours là, indiqua-t-il en pointant sa tempe droite de son index. Pas besoin que ces merdeux me la rappellent en peignant mes vaches. Elle dort avec moi chaque nuit. Il n’y a pas plus fidèle compagne que la guerre. Quand vous la rencontrez, c’est pour la vie…
Dès lors, Vincent ne cessa de multiplier les gestes discrets à son égard et de tenter d’attirer l’attention de cette Parisienne (une provenance exotique pour quiconque avait passé toute sa vie dans une bourgade reculée).
Il prit tout d’abord plaisir à lui expliquer le fonctionnement du journal (sujet vite épuisé puisqu’ils n’étaient que deux à y travailler, lui et Pierre, le responsable d’agence) et enchaîna avec la présentation du village et de ses habitants. Le jeune homme lui décrivit divers détails de la vie quotidienne : les personnes qu’il fallait écouter, celles qu’il fallait éviter, les bonnes adresses pour se restaurer, les endroits sympas où prendre un verre…