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Critiques de Johana Gustawsson (1203)
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Regarder le noir

Ayant beaucoup aimé le précédent recueil de nouvelles « Ecouter le noir » et constatant que le suivant « Toucher le noir » était déjà sorti, j’ai vite éliminé celui-ci de ma PÀL.



Force est de constater que ce deuxième volet regroupe à nouveau une belle brochette d’auteurs. Outre une nouvelle histoire de R.J. Ellory et un récit à quatre mains signé Barbara Abel et Karine Giebel, j’ai eu le plaisir de retrouver quelques auteurs de polars que j’apprécie beaucoup, tels que Olivier Norek, Amelie Antoine, Johana Gustawsson (« Mör », « Block 46 »), René Manzor (« A Vif », « Apocryphe »), Claire Favan (« Inexorable ») ou Julie Ewa (« Les petites filles »), mais également quelques auteurs que je n’avais encore jamais lu, tels que Fabrice Papillon, Gaëlle Perrin-Guillet ou Frédéric Mars.



Si le résultat est forcément un peu inégal, avec des styles assez différents malgré une thématique commune autour de la vision, j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ces 11 textes. Le roman commence très fort avec un excellent récit d’Olivier Norek (« Regarder les voitures s’envoler ») qui fait froid dans le dos, suivi d’une histoire poignante de trafic d’êtres humains en Inde de Julie Ewa (« Nuit d’acide »). La dernière pépite se situe en toute fin de recueil avec « Darkness », des deux reines du thriller Barbara Abel et Karine Giebel, qui enquêtent sur un crime sordide et referment cet ouvrage sur une chute originale.



Outre ces trois petites perles, j’ai également bien aimé les récits de René Manzor (« Demain »), Amélie Antoine (« Transparente »), R.J. Ellory (« Private eye » ), Johanna Gustawson (« Tout contre moi »), Claire Favan (« le Mur ») et Fred Mars (« The Ox »). J’ai par contre moins accroché à « La tache » de Gaëlle Perrin-Guillet et je suis resté totalement hermétique à « Anaïs » de Fabrice Papillon. Alors que « Ecouter le noir » m’avait donné envie de découvrir les romans de Maud Mayeras (« Reflex » , « Les Monstres ») et François-Xavier Dillard (« Prendre un enfant par la main »), « Regarder le noir » ne m’a donc pas vraiment donné envie de découvrir de nouveaux auteurs. C’est sans doute le seul petit point négatif de cet ouvrage qui parvient de nouveau à attirer des grands noms, tout en proposant de la qualité !



Bref, à nouveau un grand bravo à Yvan Fauth du blog littéraire EmOtionS pour cet ouvrage !



J’irai donc très vite « Toucher le noir » !
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L'amour maternel

Je ne raffole pas des nouvelles jusqu’ici. Mais mon regard risque fort de changer au vu de ces nouvelles pépites de L’amour maternel.



Plusieurs écrivains qui ont le vent en poupe se sont penchés sur ce sujet pour écrire des petites histoires tantôt lumineuses tantôt plus sombres mais toutes ont un point commun : elles grouillent et fourmillent d’amour. Elles sont toutes mères d’ici ou d’ailleurs, d’aujourd’hui ou d’hier et crient avec espoir ou désespoir. Elles crient l’enfant perdu, le petit enfant qu’on refuse aux bras d’une grand-mère, l’enfant malade, l’enfant en danger, l’enfant qui ne réveille aucune fibre. Ces nouvelles ont un fol goût d’amour, de folie brute, d’imprudence, de vengeance, de sacrifice. Elles se lisent sans temps mort, elles vont droit au but, certaines détendent, d’autres marquent comme un stigmate sur l’âme.



J’ai particulièrement aimé l’imagination et la sensibilité des nouvelles de Mélissa Da Costa, Solene Bakowski, Marin Ledun, Maud Mayeras ou Romain Puértolas.



N’hésitez pas à découvrir ce merveilleux livre, d’autres auteurs ont écrit des nouvelles sur l’amour maternel à fleur de peau comme Adeline Dieudonne, Antoine Dole, Isabelle Dusquesnoy, Johana Gustawsson, Carène Ponte.

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Block 46

En voilà un thriller de chez thriller, un bien dur, bien perturbant… Peut-être pas de ceux que je préfère : d’habitude, en inconditionnelle de cette littérature, j’adore me vautrer dans les horreurs décrites par Jean-Christophe Grangé, Franck Thilliez ou Karin Giebel, pas forcément pour les bains de sang et les dépeçages, mais surtout pour le suspens ambiant : plus la situation est sordide, plus rapide est l’avancée dans le roman, forcément, on a envie d’en sortir.



Mais là… L’auteure a avait un but : petite fille de déporté, son objectif était certainement de documenter le lecteur sur l’univers concentrationnaire, et quoi de mieux pour parvenir à ses fins, qu’une intrigue prenant dans source en 1944 à Buchenwald ?



Bien, sûr, c’est une partie de l’histoire que l’on est en droit ni d’ignorer, ni d’oublier, et dans ce thriller, pas de scènes blanchies mais une présentation des horreurs subies par les déportés, difficile à admettre, dérangeant, perturbant.



Par ailleurs, les personnages sont suffisamment nombreux pour permettre de digérer les scènes les plus insoutenables qui se présentent tous les trois ou quatre chapitres. Des individus aux personnalités variées, et deux héroïnes sympathiques, la première, Alexis, jeune femme écrivain spécialisée dans la documentation sur les sérials killers, l’autre profileuse efficace, qui fait preuve d’une bonne logique qui permet de faire avancer les investigations.



Un autre personnage, policier de son état, intervient de temps à autres, tantôt comique de part sa façon de s’exprimer qui n’est pas sans rappeler San Antonio, tantôt lourdingue sans pour autant manquer d’efficacité.



Un roman efficace que j’ai apprécié… Sans plus. Cela ne m’empêchera pas d’aller fouiner du côté des deux tomes suivants.
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Block 46

J’avoue avoir été surprise par le mélange thriller/polar et camps de concentration ! L’idée est vraiment bonne et Johana Gustawsson s’illustre à merveille dans cet art. Elle propose plusieurs récits en alternance. Il y a d’abord celui d’Erich, un prisonnier, qui va travailler malgré lui en 1944 au block 46 dans le camp de concentration de Buchenwald… L’ambiance est assez abominable et difficile à suivre tant nos émotions sont mises à rude épreuve. Difficile de rester insensible face au comportement des soldats, aux horreurs et aux expériences réalisées sur des Hommes et à l’humiliation quotidienne… Je ne pense pas que l’on puisse rester de marbre face à ces chapitres. Pour ma part, j’ai eu du mal à dormir durant la période où j’ai lu cet ouvrage… Les autres récits se passent tous à notre époque, mais la narration diffère : on est soit du côté d’un serial killer sociopathe dont on ignore l’identité mais dont on suit les méfaits, soit du côté d’Emily, une profileuse douée, soit du côté d’Alexis, une écrivaine spécialisée dans les tueurs en série. Tous ces personnages vont être liés dans une sombre affaire…



On rentre directement dans le récit, surtout après une introduction effroyable qui annonce directement la couleur ! J’avais peur de mettre du temps à lire ce livre de 450 pages, mais c’est finalement allé très vite ! La plume de l’auteure est vraiment agréable, fluide et prenante. Quelle que soit la narration, je prenais plaisir à voir l’intrigue évoluer. Les pages se tournaient avec aisance et mes nuits sont rapidement devenues courtes tant je voulais connaître le fin mot de l’histoire. D’ailleurs, j’étais tellement prise par l’enquête que je ne me suis pas « spoilée » la fin… Et croyez-moi, cela relève du miracle ! Je pense que c’est également dû a fait que j’ai rapidement deviné le lien entre les deux récits. Or, ce n’est pas pour autant que le plaisir est gâché, bien au contraire ! J’avais réellement envie de poursuivre ma lecture, baignant totalement dans l’atmosphère lugubre et inquiétante de roman. Si les révélations ne sont pas forcément imprévisibles, j’ai tout de même été surprise par un élément qui concerne la réelle identité de l’Autre ! C’est donc une bonne chose !



Johana Gustawsson arrive aussi bien à captiver le lecteur, le dégoûter et le révolter. Chapeau… D’ailleurs, la scène de torture finale est bien ragoutante. La seule chose qui m’a manqué est une réelle présence masculine aux côtés des deux héroïnes… J’aime lorsque les Femmes ont un rôle important et ne sont pas des potiches, toutefois cela me dérange lorsque les Hommes ont ce rôle. Il me faut un juste milieu… Il n’empêche que j’ai dévoré « Block 46 » et que « Mör », le nouveau roman de l’auteure, me fait de l’œil. Je l’attendrai au format poche et espère adhérer autant qu’avec celui-ci !


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L'île de Yule

J'avais emprunté ce titre pace que j'aime bien ( en général) la littérature qui vient du froid, sauf que ...

Première surprise, l'auteure est française, née à Marseille !

Je dois dire que malgré quelques allusions aux Frenchies, je n'avais rien deviné jusqu'à ce que vers le milieu , je décide d'y regarder de plus près pour voir ce que la dame avait déjà écrit.

Voyez-vous, je m'ennuyais : pas assez de descriptions sur les caractères des personnages. Une personne ne se résume pas au fait qu'elle est douée dans son boulot, "soeur de", et homosexuelle...



Emma est (je cite ) experte en art. Et a été envoyée par son entreprise dans une petite île au large de Stockolm, afin d'inventorier les biens d'un manoir à la demande du propriétaire. Ambiance " ça caille", les propriétaires sont plus que froids. Heureusement, elle tisse des liens avec des locaux : la propriétaire du café, et un couple agé. C'est dans le jardin de ce manoir qu'une jeune femme avait été retrouvée pendue.

Et v'la ti pas qu'une adolescente est retrouvée morte dans la mer !



C'est un roman choral raconté par trois voix : celle d'Emma, de Karl (le policier chargé de l'enquête) et celle de Viktoria (une femme à tout faire du manoir) . Mais jamais l'auteure ne précise les dates, ce qui crée un quiproquo (pas très honnête), le lecteur ne pouvant se douter que ... Quand je m'en suis rendue compte, cela m'a un petit peu "énervée"... Procédé trop facile .

J'ai continué à être énervée lorsque le personnage d'Emma se tape un grand frisson dans les bras d'une femme, non pas que je ne sois pas gay friendly, mais cela arrive comme un cheveu sur la soupe, et puis je trouve ça racoleur...

Le message de tolérance envers la communauté homosexuelle continue , Emma a un ami drag queen à ses heures perdues (et nocturnes !). Mais à part mentionner cela pour montrer qu'on est tolérant, il n'y a rien de creusé dans l'histoire si bien que cela sonne "gratuit"... Et j'aime quand un auteur travaille ses personnages, leur caractère, ou la sociologie. Là c'est superficiel...

Thémes "gay friendly", un peu de sorcellerie, un lieu isolé, une île, le froid du nooord, une héroine solitaire pour mieux nous la faire aimer, ça sentait "Comment fabriquer un roman policier dans l'air du temps", quand soudain...

Quand soudain, l'auteure m'a réveillée avec un "truc" que je n'avais pas vu venir !

Très original dans un roman policier, une sacrée bonne idée. D'autant qu'elle ne tombe pas dans le piége du méchant personnage, non ! C'est beaucoup plus subtil que ça. Mais sa solution narrative , la fin, la personne qui a commis ces meurtres, je n'y ai pas cru. Trop tarabusté.

Je suis passée donc, complétement à côté de ce roman, je n'ai pas non plus eu d'attachement envers les personnages, à part le flic Karl (gros nounours endeuillé), mais la vraie vedette c'est Emma.

Le froid , l'ambiance suédoise sont très bien rendus, mais cela n'a pas suffi à m'embarquer corps et âme sur l'île de Yule.
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Regarder le noir

Après « Ecouter le Noir », Yvan Fauth (alias Gruz ici) continue d'explorer les sens à travers des nouvelles écrites par de grandes plumes du genre. On retrouve d'ailleurs certains auteurs déjà présents dans le premier volume.

Ceux qui me lisent le savent, la nouvelle n'est pas ma lecture de prédilection, mais peu à peu j'y prends goût, surtout lorsqu'elle est suffisamment développée pour constituer une histoire complète, avec une vraie chute. C'est le cas ici, et même si toutes les histoires ne m'ont pas plu j'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ces 11 textes.

On commence fort avec un texte découpé en 9 courts chapitres, extrêmement cruel d'Olivier Norek : « Regarder les voitures s'envoler », raconté par un gamin de 13 ans qui aime...observer, et par sa jeune voisine Esther. Je ne vous raconte pas, mais âmes sensibles s'abstenir, une scène m'a beaucoup choquée. Efficace !



Puis c'est Julie Ewa, auteure que j'apprécie énormément, qui prend la suite avec « Nuit d'acide », et nous raconte le calvaire de Sabbir, un jeune garçon enlevé dans sa région natale d'Inde pour rejoindre un groupe de gamins mendiants auquels on a ôté la vue de diverses façons afin de susciter la pitié des passants. Comme toujours avec cette auteure, les mots sonnent juste, on « voit » bien qu'elle s'est documentée sur ces gangs qui sévissent dans les grandes villes d'Inde. Très choquant, parce que très réaliste.



Ensuite, c'est « The Ox », de Fred Mars, auteur que je ne connais pas. Un crime particulièrement violent a été commis dans un club échangiste assez spécial, puisqu'il est basé sur le noir total, on ne voit jamais ses partenaires...Je n'ai pas trop apprécié, ça manque de crédibilité et les personnages n'ont rien de réel.



On poursuit la découverte avec Claire Favan qui nous offre « Le mur », un post-apo où un gros porte-containers est devenu le dernier refuge d'une humanité décimée par la montée des eaux et les cataclysmes successifs. Et encore, ces survivants souffrent tous, à des degrés divers d'une maladie qui les prive peu à peu de la vue. Ceux qui voient le mieux accèdent aux postes à responsabilités comme capitaine ou second, les autres sont cantonnés aux basses besognes. On les désigne par le pourcentage de vision qui leur reste. Les humains ont foncé droit dans le mur alors qu'ils étaient prévenus, seront-ils plus « clairvoyants » maintenant qu'ils sont au bord de l'extinction ? Percutant !



« Demain » de René Manzor parle de don de voyance, celui dont est « affligée » Chance, une jeune femme qui se produit dans des spectacles. Elle va bien malgré elle se trouver mêlée à une enquête sur un violeur et tueur en série. Je l'ai lu il y a 3 semaines et déjà presque oublié, c'est dire si ce texte ne pas marquée.



« Transparente » d'Amélie Antoine nous parle d'Hélène, quadragénaire « polie, calme, mesurée, aimable...tranparente, certains diraient, sans doute ». Personne ne remarque qu'elle a fait un effort pour se rendre plus jeune, plus jolie, et tout au long de sa journée, la frustration monte, jusqu'à... Très triste, parce que sans doute certaines personnes éprouvent ce sentiment d'être quasi-invisibles aux yeux de tous. Un texte qui tape juste.



La nouvelle suivante ne m'a pas plu du tout, il s'agit d' »Anaïs » de Frédéric Papillon (je ne connaissais pas ). Une sombre histoire de prof de fac souffrant de visions et atteint d'une forme de folie hallucinatoire. Vraiment pas accroché, et je me suis demandée ce que ce texte faisait là, il en manquait un ?



On passe à « La tache », de Gaëlle Perrin-Guillet, qui nous fait vraiment « regarder le noir » mais de façon littérale cette fois. Le narrateur remarque un jour une petite tache noire sur un mur de son appartement. Saleté, moisissure ? En tout cas il n'arrive pas à l'éliminer, et malgré tout ses efforts, cette tache va grandir et finir par l'obséder. Je m'attendais à la chute, mais c'est agréable à lire, et bien construit, l'angoisse monte crescendo.



« Private eye », un texte de R.J Ellory, assez alambiqué raconte l'histoire d'un enquêteur suivi par un inconnu pour une raison obscure. Je n'en ai pas gardé grand souvenir, et n'ayant justement plus le livre sous les yeux, je me bornerai à dire que n'est pas une de mes nouvelles préférées dans ce recueil.



Vient ensuite « Tout contre moi » de Johana Gustawsson, je découvre. C'est sensuel, cruel et bref. Avec une chute que je n'attendais pas. Mais le thème du recueil ne me semble pas être de ce registre-là.



Et pour finir en beauté, « Darkness » par les deux reines du thriller, j'ai nommé Karine Giebel et Barbara Abel. Deux valeurs sûres qui ne m'ont pas déçues. Le capitaine Jérôme Dumas est chargé d'enquêter sur un crime sordide : une jeune femme qui dit s'appeler Hélène Queyllaire (!) a été retrouvée dans une chambre d'hôtel, les yeux brûlés par de la soude caustique et de l'acide sulfurique. Parallèlement, on suit le récit de la vie mouvementée d'une orpheline, depuis son enfance jusqu'à la vingtaine, de famille d'accueil en institution, jusqu'à son placement chez les Parmentier, qui ont déjà une fille un peu plus âgée. Et si vous voulez savoir la suite, il faudra aller voir de vos propres yeux ! Sans conteste une des meilleures histoires, en tout cas une de celles que j'ai préférées, avec les deux du début.



Pour conclure, j'ai passé d'agréables moments à découvrir ces nouvelles, même si j'ai parfois trouvé que le thème était interprété de façon trop approximative, comme dans « Tout contre moi ».

J'ai vu récemment qu'Yvan a récidivé avec « Toucher le Noir », il peut compter sur moi pour poursuivre cette découverte des sens très particulière !
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Mör

"Mör" signifie "tendre" en suédois... rapport à la viande... et quand on lit combien de victimes, toutes affublées d'un certain "défaut" aux yeux du tueur, vont y laisser leur peau (et un peu plus que ça d'ailleurs), autant dire que ce polar n'est pas pour les coeurs tendres !

Moi qui aime les thrillers sanglants, j'ai été servi mais j'ai tout autant (et surtout) apprécié les protagonistes féminins. Pour une fois que les femmes ont leur (dernier) mot à dire... on ne boude pas son plaisir, en enchaînant les courts chapitres au rythme trépidant... jusqu'au final insoupçonné.
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Block 46

Pour moi , block46 est un thriller pour lequel les lecteurs avertis et pas spécialement sensibles à la violence qui se dégage d'une fiction ne doivent pas faire l'impasse . Pour les personnes plus sensibles , vraiment , passez votre chemin . Block 46 est un roman dur , très dur , et peut se révéler être contreproductif . Chacun et chacune d'entre nous possède une zone de confort qu'il convient de respecter .Pour ma part , si j'avoue avoir été choqué par certaines scènes, j'avoue aussi avoir été emporté malgré moi dans ce tourbillon . Impossible de lâcher le cours de cette histoire qui alterne époque des années de guerre avec , notamment " un séjour " dans le tristement célèbre camp de concentration de Buchenwald et toutes ses horreurs et époque contemporaine avec , aussi , de nouvelles atrocités commises à Londres et à Falkenberg en Suède. le point commun , entre la Suède et Londres ? Des corps d'enfants atrocement mutilés sur un mode opératoire particuliérement et étrangement similaire . C'est là qu'Emily , la profileuse et Alexis , écrivaine spécialisée dans les tueurs en série vont unir leurs efforts pour résoudre une enquête particulièrement noire . Rapprocher les faits de Londres et ceux de Falkenberg , certes , mais remonter l'histoire et entrer au plus profond de l'horreur de Buchenwald....La tâche relève de l'utopie et puis , ne dit-on pas qu'il vaut souvent mieux ne pas remuer certaines " choses " nauséabondes ? Oui , mais si c'était le prix à payer pour faire cesser d'autres horreurs ? Alexis et Emily , un " couple attachant " de " nanas qui en ont " qui iront jusqu'à......loin , pour faire éclater la vérité. Des personnages que l'on devrait retrouver dans deux autres volumes , " Mor " et " sang " et , en ce qui me concerne , le rendez- vous est déjà pris . Malgré un nom qui m'a induit en erreur au moment de mon choix , Johanna Gustawsson est française et elle possède un sacré talent pour " passer au- delà de l'horreur " et émouvoir autant qu'entrainer .Une écriture fluide , maîtrisée, des dialogues percutants , toutes les compétences réunies font de ce thriller plus que sombre , un thriller incontournable avec toutes les réserves émises plus avant . Johanna Gustawsson a trouvé désormais une place incontestable en tête de gondole de toutes les librairies .
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Mör

Après Block46 qui m'avait vraiment " bluffé" , je n'ai pas pu différer longtemps la lecture de ce second roman de Johana Gustawsson , une histoire indépendante de celle du premier volume mais ...pas complètement puisque , outre Emily la profileuse et Alexis , l'auteure de polars , personnages récurrents retrouvés avec grand plaisir , il sera tout de même fait allusion à quelques événements passés, et l'arrivée d'un éventuel " copy cat " puisque le coupable qui officiait 10 ans plus tôt, se trouve ....en prison .Alors , mon conseil est tout bête. Si vous voulez lire cet opus , " faites - vous d'abord les dents " ( !!!) sur Block46 .De deux choses l'une , soit vous adorez et la lecture du second deviendra une évidence, soit la brutalité vous rebutera et vous renoncerez à l'un ... et à l'autre car la Johana, c'est pas vraiment une " tendre " contrairement à ce qui se dit . Donc , voilà, âmes sensibles ....réfléchissez. Ceci dit , s'il y avait un championnat des auteurs de polar , nul doute que Johana Gustawsson jouerait " en première division " et viserait sans doute les toutes premières places .Vraiment , elle nous livre un second " page turner " sacrément travaillé , haletant , bien écrit et , une fois encore , elle insére , en parallèle un récit du passé pour expliquer le présent. Pas facile et , pourtant , ça fonctionne à plein et l'aiguillage qui relie les événements est parfaitement graissé . Lorsque le talent s'invite et inonde ainsi un texte , le résultat ne peut être que génial, et , pour moi , il l'est .Certes le nombre de protagonistes étant important , il faut se montrer attentif , mais n'est - ce pas là l'un des critères demandés au lecteur pour bien s'immerger dans l'intrigue ? Là encore , le fait d'avoir lu Block46 permet de " prendre quelques coups " d'avance " . L'action se partage entre la Suède et l'Angleterre , pays dont on sent que l'auteure est éprise et possède bonne connaissance . Alors , me direz vous , gore ? Ma réponse sera plus nuancée. Gore, non . Quelques scènes un peu " hot " , oui , certes , mais pas que .Une grande part réservée à l'enquête, un retour dans le Londres du XIX ème siècle intéressant sur la vie des " petites gens" et , aussi , des traits d'humour subtils . Alors , non , pas gore , il y a pire ( je sais bien , ce n'est pas une raison ) Personnellement , je n'aime pas me " vautrer " dans des scènes atroces , me " délecter " de tonnes d'hémoglobine et je vous l'assure , il y a bien autre chose à apprécier dans ce roman. Pour moi , désormais , Johana Gustawsson est " dans le fichier " .Avec un tel talent , nul doute que je ne serai pas son seul admirateur ..

Excusez - moi , mon épouse ....... " Mon entrecôte ? Saignante , ma chérie , comme d'hab..." Elle est si " tendre " . Qui ? Mon épouse ou mon entrecôte ? Oh , franchement , vous en avez de ces questions . Quoi que , maintenant que j'y pense...Ah , j'ai oublié un détail, " Mör " , ça veut dire......Mince , plus d'encre ....Allez , bon dimanche .
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Block 46

Mélanger la thématique du tueur en série et celle des camps de concentration, il fallait oser. Johana Gustawsson l’a fait, avec brio et respect.



Entre présent et passé, elle nous plonge dans l’horreur. A travers cette histoire, elle nous enfonce la tête au fond de ce que l’homme est capable de perpétrer de pire.



En ce qui concerne l’utilisation de ce qui fait partie des pires heures de l’humanité, soyons clair : l’auteure ne tombe jamais dans une quelconque « récupération ». Petite fille de déporté et membre de l’association française des déportés de Buchenwald, elle sait de quoi elle parle et a la légitimité pour en parler.



Ces parties du récit sont donc documentées et d’une réelle expressivité. Passages éprouvants, une descente dans la pire des abominations en forme de catharsis.



En terme de thriller, arriver à joindre les deux bouts est déjà un exploit en soi. Créer une véritable intrigue entre le mal à l’état pur en lien avec un tueur en série, et le Mal absolu du nazisme n’était pas gagné d’avance. Un premier satisfecit pour Johana Gustawsson qui, pour un premier roman, maîtrise intelligemment le déroulé du scénario.



Block 46, dans sa partie contemporaine, est un voyage entre Londres et la Suède (et la marseillaise qu’elle est, prouve qu’elle connaît parfaitement ces deux univers si différents). C’est également l’avènement d’un duo hors-normes d’enquêtrices atypiques (enfin ! On sort du sempiternel couple homme-femme et du stéréotype du flic alcoolique). Rien que pour ça aussi, Gustawsson mérite qu’on la remercie chaleureusement.



Attention, âmes sensibles s’abstenir. Le récit est dur, très dur. Il touche à l’âme et aux tripes, il se frotte à ce qui définit véritablement notre humanité. Les scènes actuelles sont sordides (mais l’auteure ne tombe pas dans une description racoleuse et gratuite pour autant). Les passages dans les camps sont insoutenables, mais d’utilité publique.



Johana Gustawsson a été journaliste et on le sent dans ce travail d’enquête qu’elle a mené. Un travail qui ne s’arrête pas qu’aux faits, c’est aussi un vrai boulot « d’investigation » de l’âme humaine, à travers ce thriller où la psychologie des personnages est fouillée.



Pas de cadence trépidante dans cette histoire, le rythme est assez lent, posé, pour mieux mettre en avant l’enquête, les personnages et l’horreur qui les entoure (le syndrome suédois ?). Même si j’aurais aimé quelques accélérations de ce rythme de temps en temps, l’intrigue est clairement immersive.



Et puis il y a la plume de l’auteure. Une écriture soignée, travaillée et qui se métamorphose selon le personnage (elle place quelques passages où son humour acerbe fait mouche et permet de relâcher un peu la pression, et le lecteur en a besoin).



Block 46 est une vraie et dépaysante réussite. Un récit suffisamment original et habile pour mettre en lumière ce roman, tout autant thriller que devoir de mémoire. Et une nouvelle auteure française à suivre de très près.
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Block 46

Falkenberg, Suède.

Buchenwald, Allemagne.



Deux lieux, deux époques. Une même histoire. Celle d’un tueur en série. Il faut oser placer un thriller dans un camp de concentration. Ça rajoute du glauque au déjà glauque. De l’abject à l’abject.



D’abord, la Suède, un cadavre a été retrouvé au bas d’une falaise : trachée sectionnée, yeux énuclées et un Y gravé sur le bras… Entrent en scènes Emily la profileuse et Alexis l’écrivaine, pour cette première « enquête » qui comme tout enquête piétine au début. Difficile de trouver des liens entre les victimes (des enfants ayant été retrouvés morts, même protocole, du coté de Londres), les lieux et les suspects.



Comme une alternative au récit, je me retrouve au milieu de la boue, mélange de terre et d’excréments, une puanteur infame, des cris et des corps décharnés au cœur du « Block 46 ». Peut-être (mais je pense que tout lecteur s’en doute), l’origine du mal est à découvrir ici, à Buchenwald.



Heureusement, je ne m’éternise pas dans l’horreur de cette époque puante qui a signé la fin de l’humanité, l’auteure me propose une alternance entre les lieux et les époques, afin que je puisse souffler un peu, respirer l’air pur de la Suède pour ne pas suffoquer d’horreur dans l’air pestilentielle d’un camp de concentration, des barbelés au cœur d’une hêtraie.



Au final, un excellent roman noir, roman d’horreur, roman puant, sombre dont il faut bien reconnaître la qualité de l’auteure à me faire enchaîner les pages, non pas pour finir au plus tôt avec l’inhumanité de notre monde, mais bien pour découvrir les aboutissants de ce serial-killer que j'appellerai en mon for intérieur et en toute intimité le boucher de Buchenwald.
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L'île de Yule

C'est sur les conseils de ma libraire que j'ai acheté ce roman me disant que puisque j'aime Claire Favan, j'aimerai Johana Gustawsson. Et bien une fois n'est pas coutume mais son conseil n'a pas été bon et je ne vois pas de rapport avec Claire Favan ! Mystère à résoudre.



Je n'ai ni accroché avec les personnages ni avec l'écriture Ni même avec l'intrigue qui je dois le dire est bien alambiquée. En revanche, la fin est un feu d artifices de rebondissements. Je n'ai rien vu venir. Des ficelles ? Oui apparemment il y en avait mais je suis passée à côté. Sans doute car je dois avouer que je n'ai pas été très attentive durant ma lecture et aussi, il faut bien le dire je suis très souvent roulée dans la farine dans mes lectures de policiers, je me laisse guider et manque alors de discernement...

Ce roman est sans aucun doute un roman qui plaît mais il faut bien quelques exceptions et j'en fais partie.







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Sång

Le tableau est idyllique, de la neige, belle et silencieuse, celle du Grand Nord à peine foulée. Le froid qui bleuit les doigts, même celui des cadavres. L’air frais de la Suède, et de belles suédoises pour faire frémir le caleçon. Mais oublions, le temps d’un roman, ces saunas où mon état vaporeux se prélasse dans une fantasmagorie des plus libidineuses. Car la réalité est nettement plus sanguine. Cruelle même, affreuse, abjecte. Une vision d’horreur.



Petite revue en détail de l’équipe, petit déj de présentation genre café noir et brainstorming, de quoi broyer du noir. Emily Roy, la profileuse qui semble partager sa vie entre Londres et cette région suédoise, Alexis Castells, écrivaine spécialisée dans les crimes en série, le commissaire Bergström et son équipe aux noms bien suédois, et la jeune Aliénor Lindbergh, autiste Asperger qui complète l’équipe de ses incroyables connaissances… Ça en fait du monde à suivre, pour un troisième épisode pour qui n’a pas lu les précédents - j'en fais partie. C’est d’ailleurs mon seul reproche, cette difficulté à intégrer l’équipe et à comprendre leur rôle respectif, n’ayant pas abordé auparavant les précédents opus.



Revenons à Aliénor qui en plein de mois de décembre, voit son père et sa mère poignardés à plusieurs reprises, langues coupées post-mortem, pantalons baissés. Sa grande sœur a subi le même sort dans sa propre chambre. Pause, je vais aller poser une gerbe.



Entre ces cadavres suédois sur fond de neige et de PMA, se mêlent des chapitres concernant les orphelinats espagnols du temps de Franco, humiliations et tortures, pour ces enfants, enfants d’opposants et de traîtres au régime bien nommé. Bien sûr, tu t’en doutes, un lien restera à faire entre ces deux ambiances, mais la partie espagnole montre bien l’horreur des dictatures. Pause, je vais aller poser une seconde gerbe. En souvenir. D’ailleurs, à propos de souvenir, il y a eu plusieurs langues coupées ces derniers temps, un tueur en série ou un boucher…



Le rythme de l’épisode est soutenu, peu de temps morts, le temps du polar nordique est bien maîtrisé. Pas le temps de s’ennuyer entre deux verres ou deux chapitres, courts comme de bons shots réchauffant de vodka suédoise. Bon sur ce, moi, je vais aller me faire mousser, une petite blonde dans un sauna m’attend, une brune mousseuse y dévoile ses arômes.
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Regarder le noir

Comment résister à l'appel de la lecture quand Yvan Fauth, directeur de l'ouvrage, l'ouvre sur deux nouvelles, l'une de Olivier Norek (Regarder les voitures s'envoler), l'autre de Julie Ewa (Nuit d'acide), qu'un Stephen King ne renierait sans doute pas, suivies d'une troisième de Fred Marc (The Ox) qu'Agatha Christie aurait pu écrire...



Ça commence très fort ! Et ça continue un peu dans la même veine, bien qu'il y ait quelques textes que j'ai un peu moins appréciés.



Au final, un recueil que j'ai trouvé très intéressant beaucoup plus réussi que le précédent, Écouter le noir.



- J'ai beaucoup aimé : Regarder les voitures s'envoler de Olivier Norek ; Nuit d'acide de Julie Ewa ; The Ox de Fred Mars ; Demain de René Manzor ; Darkness de Barbara Abel et Karine Giebel ;

- J'ai bien aimé : Transparente de Amélie Antoine ; Anaïs de Fabrice Papillon ; Private eye de R. J. Ellory ;

- J'ai moins aimé : Le mur de Claire Favan ; La tache de Gaëlle Perrin-Guillet ; Tout contre moi de Johana Gustawsson.
Lien : http://michelgiraud.fr/2020/..
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La Folly (Te tenir la main pendant que tout..

« Block 46 » de Johana Gustawsson cela vous dit quelque chose ?

Non, alors plongez dedans immédiatement ! Vous deviendrez accro, puis comme moi lorsqu'il arrivera une masse critique « mauvais genre », qu’il y aura en proposition un de ses livres, vous cocherez la case en espérant être sélectionnés ! Coup de bol ! C’est ce qui s’est passé, me voilà donc en possession de son dernier roman «Te tenir la main pendant que tout brûle».



Cette fois-ci, l’autrice nous emmène dans un nouvel univers , de nouveaux personnages et surtout un nouveau lieu : le Québec.



Lac-Clarence, Québec 2002. Maxine Grant, inspectrice, mère célibataire totalement dépassée, est appelée sur une scène de crime particulièrement affreuse. Son ancienne institutrice, femme bien sous tout rapport a massacré son mari à coups de couteau. L'impensable pour la policière vient d'arriver.



Paris, 1899. Lucienne Lelanger perd ses filles dans un incendie. Mais leurs corps n’ayant pas été retrouvés dans les décombres, celle-ci refuse d’admettre leur mort. Grâce à une amie, elle intègre une société secrète dans l’espoir que le spiritisme et la magie noire l’aideront à les retrouver.



Lac-Clarence, Québec 1949. Lila, jeune fille perturbée par une adolescence difficile, rencontre au sein de la maison de repos dans laquelle sa mère travaille une vieille femme étrange qui lui prodigue des conseils pour le moins dangereux.



Trois époques, trois femmes, trois destins dont il nous est impossible d’entrevoir le lien qui les unit, tant l’auteur brouille les pistes en tissant une toile autour d’elles dont nous sommes les prisonniers du début à la fin, pour nous amener à un final stupéfiant et époustouflant que je n’avais quant à moi absolument pas vu venir.



A travers des chapitres courts, un rythme rapide, une plume acérée et addictive à souhait, Johana Gustawsson nous embarque avec elle tout au long du roman. Nous nous accrochons avec effroi à ces trois personnages féminins, mères éprouvées et dépassées par la maternité.



Voici donc un thriller psychologique comme on les aime, particulièrement dur et sombre, absolument passionnant dont la noirceur côtoie à chaque époque une infime part d'humanité insufflée par l’autrice. On peut signaler en plus, une couverture de livre que je trouve particulièrement magnifique et attirante.



Ne passez pas à côté ! Quant à moi, j’attends avec impatience le prochain.



Merci à Babelio et aux éditions Calman Lévy Noir pour cette masse critique « mauvais genre » toujours aussi géniale.

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La Folly (Te tenir la main pendant que tout..

Depuis ses débuts, on sait que les voyages littéraires organisés par Johana Gustawsson ne seront pas de tout repos. Avec de quoi frissonner autant que de s’exclamer, et parfois vouloir plonger son visage dans ses mains de détresse. Mais une chose est certaine, jamais, oh grand jamais, elle ne nous lâche la main. Enfin, du moins jusqu’au final de ses histoires…



Nouvel éditeur, nouvel univers, nouveaux personnages. Mais ses lecteurs fidèles ne seront pas dépaysés pour autant. Et les nouveaux découvriront enfin l’une des voix les plus fortes du thriller actuel.



Exit Londres et les terres suédoises, place au Québec. Une région dont l’autrice est tombée amoureuse et qui méritait bien une telle escapade.



L’intrigue commence par un meurtre que personne n’attendait, l’ancienne institutrice du village qui poignarde à mort son mari. Des gens bien sous tous rapports, selon les dires. Mais ce que les enquêteurs vont découvrir à l’intérieur de leur maison dépasse l’entendement.



C’est un acte d’une rare violence. Au passage, vous remarquerez qu’il n’existe pas de mot pour le qualifier dans la langue française, alors qu’il en a plusieurs lorsque c’est la femme qui est tuée par son conjoint. Tristement révélateur.



L’autrice marseillaise cosmopolite (qui vivait à Londres et maintenant en Suède), aime creuser profond. Enraciner ses histoires dans le temps, entremêler les destins.



1899 à Paris durant la Belle Époque, 1949 au sein d’une Mad House canadienne, 2002 et ce meurtre déroutant.



Trois femmes, trois destins. Dont il est impossible d’imaginer le lien à tant d’années de distance. La souche du mal est effectivement bien lointaine.



Les récits de Johana Gustawsson transpirent de noirceur, mais aussi d’émotions et d’humanité. Elle nous fait frémir autant que trembler pour ses personnages. Qui ne sont jamais ce qu’ils semblent être. Le roman est aussi histoires d’apparences.



Longtemps, le trait d’union restera énigmatique, alors qu’on se passionne, qu’on se questionne et qu’on est touché par le sort de ces trois lignées.



Trois ambiances radicalement différentes, qui donnent du corps et de la profondeur à ce qui est davantage qu’un simple thriller. Toujours avec ce soin particulier accordé à la psychologie des protagonistes.



Tout y est, enquête troublante, tension, rebondissements inattendus, violence induite.



Mais cette intrigue va plus loin. Arriver à insuffler une telle dimension en 350 pages relève un peu du miracle. Le miracle de la création, mais surtout celui produit par un talent rare.



L’analogie entre les différents romans de l’autrice se fait une fois de plus par cette obsession de la maternité et du lien parental, nourrie de ses propres peurs. Une thématique omniprésente de différentes manières, lancinante. Et une variation passionnante sur l’inné et l’acquis.



Le tout avant un final stupéfiant, de quoi tomber à la renverse. Un modèle du genre, même pour les plus blasés des lecteurs de thrillers.



Te tenir la main pendant que tout brûle, voilà une promesse tenue par Johana Gustawsson, avec cet roman noir psychologique puissant, dur et émotionnellement chargé.
Lien : https://gruznamur.com/2021/1..
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Block 46

Détonnant, percutant, atypique, prenant, effrayant et j’en passe.

Nous sommes dans un roman très sombre. Armez-vous !

Johana Gustawsson vous embarque dans une écriture en double temporalité.

Nous oscillons entre le terrible camp de concentration de Buchenwald en 1944 à nos jours.



À Buchenwald l’on y rencontre Erich un déporté allemand qui d’entrée de jeu nous fait découvrir ce camp de l’horreur.

Je ferme les yeux et les images atroces ne s’effacent pas de mon esprit mais je continue et marche avec effroi jusqu’au block 46, un lieu sous haute surveillance d’où rien ne filtre.

Erich va t’il finir par y pénétrer et pourquoi ?



De nos jours, il y a Alexis, autrice de serial killer et Emily, une profileuse de talent. Elles vont voyager entre Londres et la suède pour tenter de résoudre des infanticides d’une atrocité impensable.

Falkenberg, Suède. Le commissaire Bergström découvre le cadavre terriblement mutilé d’une femme. Elle se révèle être une amie proche d’Alexis.



- Par moment, les les larmes me sont montées aux yeux tellement c’est fort mais l’histoire est tellement bien échafaudée que je n’ai pas lâché.

- Je me suis enfoncée jusqu’au cou dans ce récit dantesque.

les deux protagonistes féminines se complètent à merveille ainsi que les autres personnages qui accompagne l’enquête.



Cela peut heurter que l'on passe par cette période infâme mais il faut aller au-delà, ce passage étant très important pour la phraséologie de l'ouvrage.

@johanagutawsson est une belle découverte.

j'ai été fascinée par le rythme de son écriture. Un magistral polar-thriller.

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Block 46

Ames sensibles s’abstenir !

Ce roman policier se dévore avec avidité mais de nombreux passages sont assez difficiles à supporter car ils concernent des descriptions de sévices et tortures infligés à des enfants et il y a aussi des passages très durs se passant dans un camp de concentration.

Hormis cet aspect vraiment sombre, j’ai beaucoup aimé me plonger dans cette enquête haletante et bien écrite qui nous balade entre Londres, la Suède et l’Allemagne, à la poursuite d’un tueur en série particulièrement retors.

J’ai découvert des personnages attachants que je retrouverais avec plaisir.

Une lecture très addictive.



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Block 46

Ce livre est hypnotique et m’a tenu jusqu’à la dernière page. Deux histoires en parallèle sont décrites, l’intrigue se déroule et les deux histoires se rejoignent. Le glissement entre les deux époques (1944 et 2014) est bien maitrisé.

En tant que lecteur, l’histoire s'est révélée au fur et à mesure de sa progression, je n'ai pas deviné la fin, même si des indices ont été découverts, les subtilités sont restées un mystère pour moi jusqu'à ce qu'elles soient découvertes.

J’ai adoré le tandem de choc Emily, la profileuse et Alexis (amie de la victime Linnea Blix).

L’aspect du camp de concentration est perspicace, j’ai apprécié que l'auteur n'ai pas hésité sur la description des atrocités commises, bien que difficile à lire.

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L'île de Yule



Moi qui était convaincu que les jours commençaient à devenir plus longs le jour de l'hiver, le 21 décembre, j'ai récemment été bousculé dans mes convictions les plus profondes et les plus essentielles.

Tout d'abord, c'est ma chère maman qui m'a dit le mois de décembre dernier que selon l'expression consacrée, "à la Sainte-Luce, les jours croissent du sot d'une puce". Or, la Sainte-Luce, c'est le 13 décembre.

Et puis voilà que les vikings s'en mêlent dans ce nouveau roman de Johana Gustawsson : "Noël trouve son origine dans la fête de Yule, qui consacre le solstice d'hiver. C'est une date clé du calendrier de nos ancêtres vikings."

"C'est une date cruciale dans le paganisme : la nuit cède enfin le pas et les jours rallongent."

Et ces festivités commençaient le 29 décembre. Avec des beaux sapins décorés différemment d'aujourd'hui. Odin ne saurait pas quoi faire de toutes ces guirlandes et autres boules de noël.



Ce roman, je l'attendais avec plus ou moins d'impatience, puisque dix mois avant sa parution Johana Gustawsson m'en avait déjà touché un mot lors d'un salon du polar. Notre française au nom marital suédois, que j'ai longtemps comptée à tort parmi les auteurs scandinaves, avait emménagé sur l'île de Lidingö, au nord-est de Stockholm. A peine avait-elle déménagé qu'elle a appris l'existence d'un manoir réputé hanté à Storholmen, un petit îlot un peu plus au nord encore.

Pas besoin de chercher plus loin l'inspiration, elle avait le décor sur lequel est venu se greffer toute la trame du roman.

Un huis-clos glaçant tant par son ambiance que par sa température.



Et nous voilà donc plongés dans les mystères de cette île quasiment déserte, qui attire cependant les touristes venus voir l'arbre où a été retrouvée la pendue de Storholmen en 2012. Son assassin n'a jamais été retrouvé.

Autre attrait de l'endroit : Le gigantesque manoir appartenant depuis plusieurs générations à la famille Gussman, chef d'œuvre d'architecture planté au milieu de nulle part.

En 2021, une nouvelle venue arrive à Storholmen : Il s'agit d'Emma Lindahl, chargée d'expertiser la valeur des biens des propriétaires du manoir, à des horaires imposés. Elle y découvrira de véritables trésors. Passionnée par ses recherches, elle est cependant intimidée par cette famille aussi lugubre que hautaine. Elle semble également traîner de lourds secrets familiaux, en lien avec l'alcoolisme de sa mère.

A peine arrivée, un second assassinat a lieu, et si le corps de la nouvelle victime est cette fois retrouvé sous l'eau glaciale, le modus operandi ne laisse pas de place au doute : Il s'agit du même assassin que par le passé.



Aux côtés d'Emma on retrouvera deux autres narrateurs importants qui vont permettre d'aborder cette histoire sous d'autres angles et d'offrir au lecteur une vision plus large de l'ensemble de cette intrigue.

Principalement, Karl Rosén, représentant des forces de l'ordre, qui était déjà affecté sur le premier meurtre. Un flic abîmé comme souvent, touché de plein fouet par la disparition de son épouse Freyja.

Le troisième nous permet de regarder avec un autre regard ce qui se passe à l'intérieur du manoir Gussman puisqu'il s'agit des témoignages de Viktoria Wallin, la servante des lieux, qui nous relate notamment des scènes éprouvantes de disputes entre la maîtresse du domaine et son étrange fils.



Après Te tenir la main pendant que tout brûle, il s'agit de mon second Johana Gustawsson, et si l'histoire est totalement différente, j'y ai retrouvé une évidente marque de fabrique.

L'ambiance lugubre et paranormale de sorcellerie laisse ici place au même genre de climat mystérieux et angoissant, en évoquant cette fois les rites vikings bien réels et des pans de mythologie nordique que je ne connaissais pas. J'avais déjà entendu parler d'Heimdhall, gardien du passage entre la terre et le royaume d'Asgard, mais j'ignorais par exemple qu'il était né de neuf mères différentes. Après, ce sont des dieux alors ils étaient probablement très avancés scientifiquement parlant.

C'est aussi l'occasion pour la romancière de revenir sur beaucoup d'aspects propres à la culture ou à l'histoire suédoise. Les bains glacés, les saunas, l'absence de gêne avec la nudité, ou encore le snus, qui est une forme de tabac à chiquer composé à 70 % d'eau et d'arômes interdit en Europe depuis 1992 ... sauf en Suède.

Le livre évoque également le personnage historique de Charles Emil Lewenhaupt l'ancien, général suédois qui fit part à la guerre contre la Russie et finira décapité en 1743.



J'ajouterais que la plume de Johana Gustawsson est belle, ses réflexions souvent profondes, intelligentes, tolérantes. Il m'a fallu un court temps d'adaptation pour m'y faire, mais une fois embrigadé dans cette histoire aux multiples ressorts, je ne l'ai plus lâchée d'autant que les rebondissements inattendus étaient légion, et qu'en tant que lecteur de polars aguerri j'en ai vu venir ... un, juste avant la fin.

Je suis trop, trop fier.

Sérieusement, je n'ai plus le cerveau dans le même sens qu'avant depuis cette lecture.



Pour autant ce n'est pas non plus un roman exempt de petits défauts. Je ne me suis pas attaché aux personnages autant que je l'aurais voulu. Je suis resté à la surface, je ne me suis pas senti impliqué par leurs émotions. Et j'ai trouvé dommage de n'être que spectateur de ces quelques joies et de ce trop plein de souffrances et d'horreurs.

Également, quelques passages m'ont paru très capillotractés, et si la démence humaine ne connaît aucune limite, je suis quand même resté très dubitatif parfois, et je suis resté sur ma faim concernant le mobile, quasiment secondaire dans ce thriller.



J'apprends maintenant que les jours commencent véritablement à rallonger le 6 janvier, à l'Epiphanie, manifestation de la lumière de Jésus.

Je voudrais pas dire, mais faudrait vous mettre d'accord les gars.

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