AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de John W. Campbell (59)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La Chose

Je ne connaissais John Campbell que par l'entremise de son ami Ron Hubbard, qui dans sa présentation de sa trilogie Terre, champ de bataille lui témoigne une grande admiration pour tout ce qu'il a apporté en tant que directeur de magazine SF et dénicheur de bien des talents de l'âge d'or de la SF. Pour tout dire, je ne savais pas qu'il était l'auteur de "The thing". du reste, je n'ai jamais vu le film de Carpenter !



Les éditions le Bélial et leur sympathique collection "Une heure-lumière", qui permet de découvrir de courts textes de SF de grands écrivains contemporains ou moins, ont eu la bonne idée de publier cette novella marquante, datant de 1938, et il était temps. Elle vaut surtout par la mise en scène d'une montée de tension psychologique chez ce groupe expéditionnaire humain. Nous sommes en Antarctique. L'équipe exhume une créature des glaces, où elle est manifestement emprisonnée depuis plusieurs dizaines de milliers d'années. Ils la laissent décongeler tranquillement sur une grande table, mais elle trouve le moyen de filer pendant la nuit. Après un premier et féroce face-à-face avec le monstre, qui laisse quelques-uns de leurs chiens sur le carreau, les hommes comprennent qu'ils ont affaire à une intelligence supérieure capable de coloniser et d'imiter à la perfection les êtres vivants dont elle a besoin pour prospérer. Dès lors, la tension monte entre eux, et devient peu à peu insoutenable, au point que certains d'entre eux sombrent dans la crise de nerfs voire la folie. Entre tests sanguins foireux et confinements forcés (tiens, tiens !), toute confiance au sein du groupe est devenue impossible, chacun soupçonnant ses collègues d'être devenu un monstre. C'est là la principale réussite de ce texte, qui par ailleurs est relativement discret sur la mise en action du monstre. Rien de grand-guignolesque dans la description de la chose, le leitmotiv est vraiment la paranoïa qui s'installe chez les hommes.



Ce texte souffre cependant à mon sens de deux défauts au moins, d'une part un caractère trop élusif sur les moments-clés, avec une fin assez précipitée, qui m'a un peu déçu. Il a beau s'agir d'un texte court, cette fin aurait pu être amenée plus habilement, et il n'y a finalement pas de vraie surprise, et pas véritablement de rebondissements. Et puis, je n'ai pas aimé la présence trop marquée de jokes entre les membres de l'équipe. Si elles se raréfient au fil de la montée de la psychose, ces blagues à deux balles constituent tout ce qui m'énerve dans le cinoche américain et sa suffisance, son arrogance. On voit bien que le texte est un régal à adapter pour ce type de cinéma...à moins que dans une logique inverse, la nouvelle traduction n'ait été modernisée pour coller à ce ton aguicheur ? En attendant, dans cette équipe pluridisciplinaire dont certains ont de vraies compétences techniques et scientifiques, au point de se la péter un peu, beaucoup finiront par chier dans le froc !



En résumé, un bon moment de lecture, à faire pour enrichir sa culture de ce qui fait aujourd'hui toute la gloire du cinéma américain, qu'on aime ou non, mais à mon avis sûrement pas la meilleure nouvelle de SF jamais publiée, comme prétendu pompeusement en quatrième de couverture.



Commenter  J’apprécie          312
La Chose

🩸 « Ça puait, là-dedans. »

L’odeur est nauséabonde, pestilentielle. Mais ce n’est rien en comparaison avec ce qu’ils ont devant les yeux : une « chose », une créature, un monstre, aussi laid qu’il empeste. Un amas bleu, des yeux rouges sang, des vers qui gesticulent et forment un « corps », prisonnier de la glace. Au fin fond de l’Antarctique, l’expédition n’en revient pas : voilà une découverte qui va changer le cours de leur vie, le cours de l’humanité. Que faire ? Le dilemme se pose très vite : libérer le monstre sans attendre ? Ou jouer la prudence et l’examiner avant tout ?



🩸Très vite, l’équipe de chercheurs de décide : il faut faire fondre la glace pour découvrir cette chose, peu importe les risques que cela comporte, ils sont de toute manière isolés de toute humanité. Mais cette chose, est-elle morte ? Et l’intelligence humaine saura-t-elle braver une attaque ? Quand l’ennemi est inconnu, que faire ?



🩸 Dans leur centre de recherche où la chose est en phase de « réveil », un huis clos se met en place. Chacun se méfie de l’autre, la peur, le doute et le soupçon l’emportent sur toute rationalité, et l’attaque de la chose en plein jour sur la meute de chiens de l’équipe n’arrangera rien... Qui est qui ? Cette chose a-t-elle agi insidieusement et contaminé certains des chercheurs ? Si l’ennemi est aveugle, comment juger ? La tension est à son apogée, surtout que la peur n’est plus seulement à l’extérieur, mais également à l’intérieur du Centre... Jusqu’où cette chose ira-t-elle pour recouvrer sa liberté ? Et jusqu’où les scientifiques sont-ils prêts à risquer leur vie pour comprendre cette étrangeté cosmique, d’un autre temps, d’un autre monde ? « Who goes there?... »



🩸 « La chose » est le premier récit de science-fiction que je lis et je dois dire que je ne suis pas déçue ! L’intrigue est saisissante dès les premières pages et le suspens est intenable ... Ce qui m’a beaucoup plu, c’est l’aspect très psychologique du récit et le fait que l’histoire reste très ancrée dans le ressenti humain, la peur, la méfiance, l’inquiétude, et la curiosité, quitte à créer des dommages irréparables ... Bref, une belle découverte !
Commenter  J’apprécie          90
La Chose

ette nouvelle traduction française est de très haute facture et les rares petits défauts du texte sont dus à son « grand âge » puisqu’il date de 1938. Cela a pour conséquence que la partie science/technologie paraitra dater au lecteur d’aujourd’hui, d’autant plus s’il est ; comme moi, marquer au fer rouge par le film de Carpenter qui se passe dans les années 1980.



Pour le reste, La Chose est un livre ultra prenant. Un huis clos, paranoïaque dans lequel une poignée d’hommes tente de savoir qui est le « Monstre » et comment le déterminer. Tout le monde se méfie de tout le monde certain devienne à moitié dingue. La Chose pourrait être n’importe qui et il faut à tout prix éviter qu’elle quitte la base et surtout l’antarctique.



L’histoire est prenante, le rythme haletant, le découpage parfait et l’histoire est courte. De plus, pour les fans du film de Carpenter, le film et ce livre sont suffisamment différents pour rester surprenant.



Encore une fois, Le Bélial’ nous donne à lire une pépite de SF à un prix abordable. Et comme toujours, les textes choisis pour la collection UHL étant court c’est vite dévoré. Je vous recommande chaudement la lecture de ce livre.
Lien : https://blogconstellations.h..
Commenter  J’apprécie          30
La Chose



La Chose de John W. Campbell qui a paru en 1938 demeure toujours un classique de la science-fiction, paru sous le titre (La Bête d’un autre Monde) le titre est devenu La Chose avec le film de John Carpenter en 1982, un autre film sorti l’année de ma naissance en 1952 que j’ai vu aussi, un film style série b que j’ai adoré. L’Antarctique en 1938 était encore un continent neuf et inconnu et pour un auteur tous les possibles s’inscrivaient dans la littérature de l’époque. Des explorateurs découvrent enfoui sous la glace un vaisseau spatial la depuis plusieurs millions d’années, le corps d’un alien congelé est trouvé et amené à leur base, pendant le dégel de cette créature des phénomènes inquiétants survient. Le film Alien (le huitième passager) n’a rien inventé sinon qu’au lieu de l’Antarctique c’est dans le vaisseau Nostromo que l’action se situe. Présentée sous forme de nouvelle ce récit est toujours une forme actuelle de présenter la peur et l’inconnu.

Commenter  J’apprécie          210
La Chose

En conclusion, le Science Fiction Writers of America a qualifié la novella La chose de « L’une des meilleures novellas de Science Fiction jamais écrites ». Pour ma part, je n’irai pas jusque là car justement le fait que ce texte de Science Fiction ait atteint le statut de « classique », il avait un petit air de « déjà-vu ». Mais, il convient de reconnaître que son univers oppressant efficace ainsi que son récit très moderne ont inspiré par la suite de nombreuses adaptations cinématographiques ou de nouvelles œuvres littéraires. Et rien que pour cela, ça vaut la peine de découvrir cette novella!



Pour une chronique plus complète, rendez-vous sur mon blog :
Lien : https://labibliothequedaelin..
Commenter  J’apprécie          160
La Chose

La Chose, ou Who goes there ? en version originale, de John W. Campbell, est une grosse nouvelle publiée originellement en 1938. Bien sûr, elle est surtout fameuse pour être à la base du chef-d’œuvre de John Carpenter, The Thing (1982), peut-être le meilleur film d'horreur qui soit.



Une critique qui semble revenir souvent contre ce petit texte (que j'ai lu en VO), c'est son écriture. Certes, John W. Campbell n'est clairement pas le meilleur prosateur qui soit : c'est presque habituel pour ces auteurs de vieille SF. L'action est souvent confuse, c'est certain, la narration est maladroite et les personnages ne brillent pas par leur profondeur. Ceci dit, le concept central et la trame qui s'en saisit sont si percutants que ces imperfections n'empêchent pas l'ensemble de captiver, d'autant plus que Campbell, contrairement à ce qui est hélas de rigueur aujourd'hui, ne tire pas à la ligne. D'autres auraient pu faire cette histoire un long roman professionnellement écrit mais sans âme (Terreur de Dan Simmons par exemple), alors que la brièveté ici présente ne laisse pas le temps de s'ennuyer et met en valeur les idées centrales.



Difficile de ne pas voir les liens avec un autre grand classique polaire : Les montagnes hallucinées de Lovecraft. Une expédition arctique, un alien congelé depuis longtemps qui revient à la vie, oui, la parenté est claire. Et il est peut-être normal que quelqu'un d'habitué à la prose de Lovecraft ne soit pas trop choqué par celle de Campbell !



La grande horreur du livre, ce n'est pas tant le monstre lui-même que sa capacité à adopter l'apparence et le comportement de n’importe quelle créature vivante. De plus, la chose convertit la chair : ainsi elle peut être en même temps un nombre potentiellement infini d'entités. En conséquence, Campbell fait l'excellent choix de ne pas se concentrer sur la chose elle-même. Alors bien sûr, on a droit à une certaine dose de descriptions plus ou moins grotesques et gores, mais le gros morceau, c'est la paranoïa des humains. C'est d'ailleurs mis en avant dès le début : quand la narration s'ouvre, toute l'équipe est rassemblée autour du corps gelé de la chose et un débat faire rage pour savoir qu'en faire. J'aime particulièrement cette tension intrinsèquement humaine, cette tension des concepts et des opinions, des peurs ataviques et des appels à la raison.



C'est là que l'histoire est à son plus fort : ces regards suspicieux, cette crainte d'autrui, et la terreur existentielle de se dire que, peut-être, on est la chose sans le savoir, car comment faire subjectivement la différence entre soi et une imitation de soi ? En effet, ceux qui sont possédés par la chose sont si crédibles, si humains : si la chose peut ainsi reproduire toutes les caractéristiques d'un être humain, n'est-elle pas cet être humain ? Et ainsi, quelle est la valeur de l'esprit humain s'il est si aisément copié et/ou manipulé comme un pantin ? Ce prisme horrifique ne sera peut-être jamais désuet.



La fin diffère grandement de l'adaptation de Carpenter, et si elle est un peu moins ambiguë, elle met l'accent avec pertinence sur l'esprit de la chose. On est témoin de son habilité à créer, à utiliser la technique, et ainsi elle apparait plus comme une entité propre, hautement intelligente, avec ses buts et ses émotions, que comme un simple organisme parasitique.


Lien : https://lespagesdenomic.blog..
Commenter  J’apprécie          50
La Chose

Antarctique… On se les gèle par -51° et vous avez intérêt à enfiler une parka super chaude pour aller vous balader sur la banquise…



Moi, je suis frileuse, alors je vais rester bien au chaud dans la base, à côté des poêles à charbon, na !



Fait chier ! J'étais tranquille, j'étais pénard, accoudé au comptoir (chante) et voilà qu'on découvre une sorte de vaisseau spatial avec, à son bord, non pas le bel Albator, mais une créature possédant des tentacules et plus congelée qu'Hibernatus lui-même !



Décongeler Hibernatus était amusant et j'avais bien ri, ici, j'ai flippé grave ma race ! Cette Chose non humaine est prise dans les glace depuis 20 millions d'années et un crétin de l'équipe pense qu'il est bon de la décongeler pour l'étudier… L'enfoiré !



Fait chier mec ! Voilà maintenant qu'à cause de lui, je suis planquée dans un réduit, cachée aux yeux de mes congénères dont je ne suis même pas sûre qu'ils soient encore tout à fait humains ! Ne jamais décongeler une créature non humaine, JAMAIS.



Oui, c'est comme Gizmo qu'il ne faut jamais nourrir après minuit sous peine de le transformer en méchant Gremlins, ne pas exposer à une lumière vive ou à la lumière du soleil et ne pas le mouiller, sous peine de le voir se multiplier. JAMAIS !!



Tous les chiens sont morts, contaminé par la bestiole, les vaches ont dépéri, tout le personnel de la base se regarde avec suspicion, sans savoir qui a été infecté par la Chose, sans savoir qui est encore humain et qui ne l'est plu… Psychologiquement, ça te fout en l'air l'amitié, la confiance et te donne un niveau de stress rarement égalé.



De plus, si ça se trouve, même moi, au fond de mon placard sous l'escalier, je pourrais être contaminée par la Chose sans le savoir.



Tout le monde est devenu parano dans la base, tout le monde se regarde en chien de faïence, l'un chante des psaumes religieux et j'ai envie de le tuer, un autre a été isolé, avant qu'il n'ait envie de tous nous liquider, comme on fait avec ceux victime de fièvre aphteuse (ne pas confondre avec la fièvre acheteuse).



Bref, j'ai le trouillomètre à moins 50, peur de tout le monde, peur de moi-même, peur que mes connaissances intellectuelles ne me poussent à me considérer plus intelligente que les autres et ne me poussent à des déductions erronées, vu qu'on ne sait rien de cette Chose et de son métabolisme.



Dommage que Sherlock Holmes ne soit pas présent pour cette enquête de "Qui est contaminé par la Chose ?" car son fameux précipité qui pouvait dire si les traces de sang étaient humaines ou animales nous auraient aidé à aller plus vite sans devoir utiliser l'ancienne méthode du sang de lapin…



J'entends des bruits de pas, des coups, des cavalcades, l'aiguillon de boeuf a parlé, le sang coule, les collègues parlent plus fort… Il se passe des trucs graves à cause de cette Chose et moi-même je sens l'angoisse monter de plus en plus, ma tension devenir folle et mon coeur battre de plus en plus vite, mes mains devenir moites.



Cette transmission s'arrêtera là, faut que j'aille voir ce qu'il se passe, faut que je sorte de ce trou et que j'aille affronter les autres, humains ou Choses. Cette attente n'est plus possible.



N'oubliez pas : faut pas dégeler un truc qui dort dans la glace depuis des millions d'années, ce n'est pas bon !! Recongelez-le de suite, si vous pouvez !!!


Lien : https://thecanniballecteur.w..
Commenter  J’apprécie          100
La Chose

Vous connaissez "The Thing", le film culte de John Carpenter ?



Oui ? Et bien c'est inspiré de ce texte !



Non ? Et bien va falloir vous y pencher !







Comme d'habitude dans cette collection, la couverture est magnifique et signée Aurélien Police. Le format novella est de mise avec 120 pages.







L'histoire, elle, est juste une merveille de la science fiction horrifique qui a inspiré un bon nombre d'œuvres du genre ou de cinéma tel que la saga "Alien", oui, rien que ça, mais on recent l'influence sur des titres se déroulant dans la solitude glacée de l'Antarctique également.







L'écriture est vraiment fluide et on ne ressent pas qu'elle date un peu, on peut palper la modernité alors que Campbell l'a écrit en 1938.







Le scénario est effrayant, basé sur la paranoïa et le soupçon dans un huis clos particulièrement anxiogène au bord de la folie, et le côté scientifique apporte du réalisme.







Les personnages, eux, ne sont pas forcément les plus détaillés du monde mais le format court exige cela, la "Chose", elle, est par contre une vraie petite merveille.







Les amateurs de frissons et d'angoisses seront ravis.
Lien : https://unbouquinsinonrien.b..
Commenter  J’apprécie          160
La Chose

Un gars a décidé d'adapter The Thing de John Carpenter en livre, et de le sortir quelques décennies avant la sortie de celui-ci. Original.

On retrouve bien l'ambiance parano glaciale du film et on reconnait même presque Kurt Russell dans les descriptions de McReady. La nouvelle est cependant moins gore et plus axée sur les problèmes scientifiques que soulève la chose, mais le suspense et la tension sont au rendez-vous.

Un huis clos SF/horreur court mais efficace, qui n'accuse pas le poids des âges. Belle découverte et bonne idée de l'avoir ressortie au sein de la collec Une Heure Lumière.
Commenter  J’apprécie          30
La Chose

Ce texte est un classique de la "science-fiction horrifique" et, comme il est rappelé dans l'introduction, il a fait l'objet de trois adaptations au cinéma : en 1951, en 1982, et en 2011.



Du point de vue cinématographique, la version de 1951 est un classique, mais c'est la version de 1982, de John Carpenter, plus proche de l'esprit du texte original et dotée d'effets spéciaux mémorables, qui a acquis le statut de film culte, quant à la "prequel" de 2011, malgré quelques atouts, elle est oubliable…



Mais revenons à cette "novella" ; j'ai lu, il y a déjà longtemps la première version française, intitulée : "La bête d'un autre monde" dans le recueil "Le ciel est mort" paru dans la fameuse collection Denoël "Présence du Futur". Notons au passage que le nouveau titre choisi n'est toujours pas la traduction de l'original : "Who goes there ?" (Qui va là ?) titre pourtant évocateur.



Honnêtement, pour trouver des différences notables avec cette nouvelle traduction de Jean-Paul Durastanti, il faudrait que je relise la première.

Il n'en reste pas moins, que ce texte mérite toute l'attention des amateurs de littérature de l'imaginaire, car il est d'une qualité incontestable.



En outre, l'éditeur le Bélial, propose pour un peu moins de 10 €, un beau petit livre, avec une couverture à rabats et une très bonne illustration d' Aurélien Police.
Commenter  J’apprécie          538
La Chose

Éditeur de génie et rédacteur en chef du magazine science-fictif culte Astounding Stories jusqu’en 1971, l’américain John W. Campbell est aussi un écrivain à l’importance majeure. On lui doit, entre autres, la novella Who Goes There ? publiée en 1938 aux États-Unis et traduite en 1955 dans l’Hexagone sous le titre La Bête d’un autre monde — certainement d’ailleurs pour coller au plus près de la première adaptation du texte sur grand écran, The Thing from another world/La Chose d’un autre monde des cinéastes Christian Niby et Howard Hawks.

L’importance de cette novella illustre à la fois le génie littéraire et éditorial de son auteur mais aussi la portée toute neuve d’un média aujourd’hui incontournable, le cinéma. Il semble donc impossible de nous pencher sur le texte de John W. Campbell sans le comparer/lier à ses alter-ego filmiques et notamment La Chose d’un autre monde (1951) et The Thing de John Carpenter (1982) qui dénote de deux interprétations d’un même texte et deux abords d’une même problématique science-fictive. Concernant le préquel de 2011, la démarche n’est pas la même puisqu’il s’agit très clairement de combler les trous scénaristiques de la version de 1982 tout en réactualisant les effets spéciaux pour un public moderne échaudé par l’animatronic.



« Ça puait, là-dedans. »

Voilà les mots qui amorce l’un des récits de science-fiction les plus influents du siècle passé, d’Alien à Life en passant par les multiples hommages littéraires (comme Les Choses d’un certain Peter Watts ou The Thing Itself d’Adam Roberts).

C’est donc avec des sensations purement humaines que s’ouvre ce récit perdu dans une base américaine au plus profond de l’Antarctique. John W. Campbell choisit le lieu le plus inhospitalier à la fois pour s’offrir la possibilité d’y perdre un U.F.O dans la glace mais aussi pour isoler ses personnages dans un huit-clos qui a autant peur de l’intérieur… que de l’extérieur !

Dans le récit de l’américain, la découverte de la créature nous est rapportée, l’expédition n’est pas vécue en direct (contrairement à ce qu’il se passe dans les films de Hawks et de Van Heijningen Jr.). Bien plus nombreux que dans les adaptations filmiques, les personnages sont le plus souvent caractérisés par un trait physique marquant (la carrure et le teint de MacReady, Norris et sa taille relativement modeste…) ou par une occupation/un poste spécifique (la fonction de cuisinier de Kinner, le titre de docteur de Copper…). Ainsi, chacun arrive à tenir sa place et malgré la multiplicité des intervenants, le lecteur ne se perd pas entre temps… d’autant plus qu’une variable va vite venir s’ajouter à tout ça : la Chose.

En effet, l’équipe a découvert quelque part dans l’immensité glacée une créature de cauchemar piégée dans la glace et qu’ils ramènent avec eux pour étude.

Dès le départ, John W. Campbell pose le dilemme principal de sa novella : la nature humaine contre la science moderne. Ou, en quelque sorte, le sens commun contre la réalité scientifique. En effet, le premier conflit qui oppose les scientifiques et membres de l’équipe américaine n’est guère un conflit entre espèces mais un imbroglio autour de la conduite à tenir. D’un côté, Blair qui désire étudier la Chose sans attendre et de l’autre Norris, qui désire maintenir le principe de précaution face à l’inconnu (et à la peur d’une contamination infectieuse).



L’Horreur libérée

Ainsi, deux argumentaires se côtoient : celui du rationnel scientifique avec des considérations sur l’effet du froid sur des organismes plus ou moins développés ainsi que des réflexions sur les possibilités qu’un agent étranger puisse contaminer une espèce qui n’est pas du tout semblable à elle… et celui de l’irrationnel, de l’humain, du sentiment où le faciès de l’alien, particulièrement terrifiant, appuie sur le contingent reptilien des hommes en présence pour leur filer la trouille. Cette Chose là ne doit pas être réveillée, elle fait tout simplement trop peur à voir. Biais de perception ou authentique intuition biologique, John W. Campbell tranche rapidement lorsque le xénomorphe se fait la malle et qu’il tente d’infecter les chiens du chenil. S’ensuit un affrontement épique (que l’on retrouve de façon complètement différente dans les films d’Hawks et de Carpenter) où les huskies luttent pour leur survie tandis que les humains, stupéfaits, achèvent une créature déjà en pleine transformation.

Et quelle transformation… puisqu’elle imite à la perfection ce qu’elle rencontre !

Dès lors, la station isolée au milieu de nul part devient un piège pour les êtres humains qui y ont trouvé refuge. Si la paranoïa s’invite de façon insidieuse et roublarde dans le récit (et John Carpenter en fera son maître-mot dans The Thing là où Howard Hawks l’oubliera totalement en cours de route), c’est un autre développement qui surprend le lecteur : celui de la réflexion et de la démarche scientifique.

De façon surprenante, l’auteur américain n’abuse pas du sentiment horrifique généré par la capacité surnaturelle de la créature mais l’utilise avant tout pour réfléchir sur la façon de la débusquer en employant d’abord la science et, notamment, les connaissances en biologie et en immunologie vulgarisées ici de façon ludique et remarquablement intelligente. La création de sérologies pour traquer l’intrus ainsi que les longues explications sur le pourquoi du comment suffisent pour classer définitivement La Chose dans le genre de la science-fiction au sens le plus pur du terme. Toutefois, comme ce fut déjà le cas lors du débat sur l’analyse ou non de la créature, John W. Campbell n’oublie pas les sentiments humains et ce qui sépare l’homme de cette chose extra-terrestre. Sa réflexion passe à la fois par la ferveur religieuse, la folie et la pensée… pour finir par s’échouer sur une terre nettement moins reluisante pour le genre humain : l’agressivité naturelle de l’homme et sa capacité à survivre malgré tout.



La survie du plus fort

Cet aspect belliqueux fait écho à l’adaptation remarquable de la créature venue d’ailleurs et réactive l’une des peurs les plus anciennes de l’homme : celle de se faire absorber par un autre organisme et de perdre ainsi son identité biologique.

Comme un pied de nez à la décision initiale d’étudier la créature, mais aussi pour réconcilier science et intuition naturelle, l’auteur américain imagine un dernier test, le test du sang chauffé à blanc (que l’on retrouve trait pour trait dans l’adaptation de Carpenter jusqu’à réutiliser l’une des répliques de MacReady mot pour mot) qui combine à la fois un constat scientifique (le sang est un tissu/organisme comme les autres) et une intuition humaine (la créature veut survire et elle se défendra violemment contre toute agression).

Cette opposition entre science et intuition naturelle ne se retrouve quasiment jamais dans le long-métrage de Carpenter qui préfère insister sur la dimension horrifique et paranoïaque là où le film de Niby et Hawks zappait totalement cet aspect pour, justement, mettre en avant la rivalité entre science et sens commun. Deux approches d’un même texte et deux façons de l’illustrer donc.

Remarquons d’ailleurs que la version de 2011 s’appuie sur un ressort intuitif pour remplacer le test sanguin avec la recherche de plombages et autres corps métalliques non reproductibles par la Chose.

Enfin, mentionnons évidemment l’aspect huit-clos du texte qui joue également la carte de la dichotomie narrative. John W. Campbell ne se contente pas ici d’un huit-clos où l’on a peur de l’intérieur (et donc de l’autre qui n’est pas humain au sein même de la base) mais d’un huit clos qui doit absolument le rester sous peine d’étendre la contamination à l’ensemble de la planète. La peur, ici, ne vient pas simplement du fait de se retrouver enfermer avec une bestiole inhumaine dans une même pièce mais bel et bien de laisser s’enfuir la créature vers le reste de l’humanité. C’est donc un huit clos schizophrène où les personnages ont à la fois peur de ce qui les accompagne à l’intérieur et de ce qui pourrait s’enfuir à l’extérieur. Un aspect fort bien mis en valeur par John Carpenter dès l’introduction de son long-métrage et qui ira crescendo tout du long.



La Chose illustre à merveille cette science-fiction qui sait jongler entre l’humain et la science, entre la peur et le rationnel, entre l’extérieur et l’intérieur. Récit remarquable à la précision narrative tranchante comme une lame de rasoir, la novella de John W. Campbell avait tout pour devenir un texte culte. Trois films plus tard et de nombreuses adaptations comics/jeux-vidéos et littéraires plus tard, voici une réédition qui confirme amplement… ce statut de classique incontournable.


Lien : https://justaword.fr/la-chos..
Commenter  J’apprécie          290
La Chose

Certainement bien moins connu que son adaptation par John Carpenter, La Chose est un excellent roman qui illustre parfaitement la nécessité de savoir resituer une œuvre dans son contexte pour pouvoir pleinement en apprécier toutes les qualités.

L'article complet sur Touchez mon blog, Monseigneur...
Lien : https://touchezmonblog.blogs..
Commenter  J’apprécie          70
La Chose

Grâce au click and collect mis en place à la librairie, j’ai pu me procurer la dernière sortie de la collection "Une heure lumière". Je n’ai pas vu aucune des adaptions cinéma (oui, même pas le classique de Carpenter… je suis beaucoup trop peureux pour ça), c’est donc avec un œil totalement neuf que je me suis plongé dans "La Chose" de John Wood Campbell.



Et quelle fût ma surprise ! Je m’attendais à découvrir une chasse à l’homme étrange par un monstre métamorphe, avec morts atroces et tout ce qui va avec… il n’en est rien. L’histoire s’avère beaucoup plus intéressante. C’est un vrai huis clôt paranoïaque en environnement hostile. La créature est là, omniprésente et absente à la fois. On se retrouve dans le même état de psychose que ce groupe de scientifiques, terrifiés par chacun d’eux.



Dans une courte introduction de l’éditeur, on apprend que Campbell avait conçu "La Chose" comme un roman avant de faire de nombreuses coupes et ne jamais renier cette décision. C’est une très bonne chose tant le récit est pile à la bonne taille et ne se perd pas en longueurs inutiles. Le suspens est là, à chaque page.



"La Chose" est une aventure confinée, une lutte de l’homme face à la contamination menaçante. Une bonne lecture de circonstance !


Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          162
Le ciel est mort

Un recueil de nouvelles de John W. Campbell, surtout connu pour avoir été le rédacteur en chef d'Astounding Stories en plein Age d'Or de la Science-Fiction.



Who Goes There ? (1938)

La nouvelle à l'origine de La Chose d'un Autre Monde et de The Thing, rien que ça.

Et bien contrairement à ce que je pensais, le récit original est en réalité carrément plus proche du film de Carpenter que de l'adaptation de 1951. Pas de carotte géante ici, mais un organisme alien pouvant prendre n'importe quelle forme et imiter n'importe quel comportement.

Tout est déjà là: la découverte du vaisseau, les chiens, les mutations, le test sanguin, la paranoïa...

On regrettera juste la fin, versant dans le Happy End un peu foireux et gâchant un peu l'ensemble, sinon c'est de la grosse poutre !



Cécité (1935)

Un récit revenant sur le parcours d'un scientifique aveugle, adulé sur la Terre entière mais au coeur plein d'amertume...



Points de friction (1936)

En plein univers post-apo, suite à la visite d'une armada de vaisseaux aliens pas très sympas, les derniers survivants fouillent les ruines à la recherche d'éléments leur permettant de construire des radios.

Un récit plutôt sympa, mais le côté "McGuyver scientifique" n'est pas vraiment crédible...



Suicide (1938)

Des astronautes découvrent une planète sur laquelle l'ensemble de la population semble s'être suicidé...



Élimination (1936)

Deux inventeurs découvrent, par erreur, le moyen de voir le futur. Toutefois, ces visions ne sont pas nettes et ils ne peuvent en tirer que différentes probabilités, chacune correspondant à un avenir possible.

En voulant découvrir ce que l'avenir leur réserve, les deux inventeurs découvrent qu'ils n'ont qu'une seule chance de vivre vieux, les autres futurs possibles les montrant soit enfermés à l'asile, soit morts prématurément. Ils chercheront par tous les moyens à découvrir le chemin et les actions menant au meilleur avenir...



Crépuscule (1934)

Un auto-stoppeur prétend venir du futur et chercher, sans succès, à regagner son époque. Il affirme revenir d'un avenir distant de 7 millions d'années...



On repense très fortement à Wells puisque le lointain futur visité par l'auto-stoppeur ressemble énormément à celui qu'on pouvait découvrir dans la Machine à Explorer le Temps.

Le récit propose toutefois un véritable voyage dans un univers totalement transformé, le tout raconté de manière plutôt décalée...



Le Ciel est Mort (1935)

Il s'agit de la "suite" de Crépuscule, le concept étant encore poussé plus loin puisqu'on assistera à la fin des temps, le personnage principal se retrouvant plongé en plein dans un monde à l'agonie, totalement moribond, ne produisant plus d’énergie et sur lequel toute trace de vie semble avoir disparue...

Flippant !

Sans doute la meilleure nouvelle du recueil, avec Who Goes There?.
Commenter  J’apprécie          50
Le ciel est mort

Ce recueil ,qui rassemble 7 nouvelles comporte notamment "La bête d'un autre monde" ("Who goes there" en VO),qui fut adapté au cinéma dés les années 50 , pour devenir un classique du genre, revisité par John Carpenter dans les années 80 sous le titre de "The Thing".
Commenter  J’apprécie          40
The Best of John W. Campbell

Cette collection d'histoires de SF contient environ douze histoires de Campbell ou Don A. Stuart, le pseudonyme de Campbell.

Cette édition est en anglais. Quelques titres des histoires:

- The Last Evolution

- Twilight

- Who goes there?

amazon.fr donne dans un commentaire d'un lecteur les titres de toutes les histoires avec une brève note sur le contenu.



Dans Twilight un scientifique après un voyage dans le futur lointain raconte que les humains de ce futur vivent une vie sans souci mais ont perdu toute initiative et créativité.
Lien : http://www.amazon.fr/BEST-JO..
Commenter  J’apprécie          20
Who goes there?

Who goes there? de John W. Campbell, science fiction.

Ce livre contient huit histoires dont la première est un court roman de 70 pages sous le titre Who goes there? Cette histoire a été publiée sous le pseudonym Don A. Stuart dans le magazine Astounding numéro 8 en 1938.

On peut bien dire que c'est le conte le plus célèbre de Campbell, adapté au cinéma deux fois.



Dans l'Antarctique des explorateurs découvrent dans la glace un être alien. On découpe le bloc de glace contenant la chose et le dégèle. Et le monstre alien se réveille et devient un danger très sérieux pour les explorateurs car il peut changer de forme et se changer en animal ou homme.



PS Mes excuses, je n'ai pas connu le titre français Le ciel est mort. On a déjà parlé de ce livre sous le nom de John Wood Campbell, Le ciel est mort.
Commenter  J’apprécie          30
Le ciel est mort

Un petit chef d'oeuvre a recaser dans son époque pour mieux le déguster.

Une de ces perles découverte par hasard chez un bouquiniste, je l'ai pas revendu.

Un auteur méconnu aujourd'hui, mais dont les théories posent encore questions. Les réflexions sur la sciance et son utilité sont d'actualité.
Commenter  J’apprécie          00
Le ciel est mort

Lors d'un séjour en Arctique, un groupe de savants américains exhume de la banquise une créature extra-terrestre congelée depuis des milliers d'années. Ils prennent le risque de la décongeler ce qui la fait revenir à la vie et immédiatement s'attaquer aux chiens avant d'être électrocutée par les hommes qui finissent par s'apercevoir avec terreur que cette chose venue d'ailleurs peut se métamorphoser en n'importe quel être à sang chaud... Le professeur MacKay a cherché toute sa vie une énergie propre, gratuite et inépuisable. Il croit l'avoir trouvée lors d'un vol spatial en orbite autour du soleil. Il y perd la vue et à son retour sur terre une surprise l'attend... Une invasion d'extra-terrestres, les Granthees, a ravagé la Terre et réduit sa population à presque rien. Un peu par hasard, un vieux savant invente un projecteur anti-friction capable de démonter en un instant n'importe quel appareil. Cela suffira-t-il à sauver la civilisation ?... Trois astronautes débarquent dans une planète lointaine où ils découvrent une ville immense totalement vide. Toute la population s'est suicidée. Pourquoi ?

Ce recueil rassemble huit longues nouvelles (ou courts romans ou « novellas ») de pure science-fiction comme on n'en écrit plus de nos jours. En effet, ces textes datent des années trente de l'autre siècle et l'on comprend en les lisant l'importance que dût représenter leur auteur, véritable précurseur du genre, fondateur de la mythique revue « Astounding stories » et figure de proue d'une longue lignée d'écrivains à succès comme Heinlein, Asimov, Simak ou Sturgeon. Avec Campbell, l'humanité place tous ses espoirs dans la Science qui ne peut apporter que progrès, prospérité et bonheur. Les E.T sont toujours d'abominables envahisseurs ne songeant qu'à réduire l'humanité en esclavage et l'atome ne peut avoir que des utilisations bénéfiques pour tout le monde. La conquête de l'espace est pour demain et la colonisation de tout le système solaire pour après-demain. On mesure la distance avec la réflexion actuelle, Hiroshima, Tchernobyl et les reculades de la Nasa ayant bien changé la donne. Cette différence d'esprit mise à part, on peut toujours lire ces histoires avec grand plaisir et tout particulièrement la première, « La bête d'un autre monde » qui est un petit chef d'oeuvre de fantastique, d'horreur et de suspens, déjà adapté au cinéma.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
Commenter  J’apprécie          40




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de John W. Campbell (319)Voir plus

Quiz Voir plus

La famille

Dans « Orgueil et préjugés » de Jane Austen, les époux Bennett n’ont eu que des filles. Mais combien sont-elles ?

Quatre
Cinq
Six

10 questions
88 lecteurs ont répondu
Thèmes : familleCréer un quiz sur cet auteur

{* *}