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Critiques de Joël Pommerat (82)
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Cendrillon

Joël Pommerat propose une réécriture moderne du célèbre conte de Cendrillon, alias Sandra, alias « la très jeune fille ». Si l’on retrouve les étapes incontournables – le travail de la jeune fille et la méchanceté de la marâtre, la fête, la rencontre avec le prince, les histoires de chaussures… –, j’en ai apprécié certaines différences. À commencer par le fait que le mariage n’est ni le but ni la finalité de cette histoire. À la place, c’est la mort de la mère qui acquiert une importance prépondérante. Cette Cendrillon-là nous parle avant tout du deuil, de la culpabilité, de la peur d’oublier les morts : à cause de quelques mots mal compris, la très jeune fille s’empêche de vivre pour ne pas faire mourir sa mère. S’ensuit un comportement quelque peu masochiste qui mettra parfois mal à l’aise, Sandra recherchant ainsi l’inconfort de sa chambre-cave, les tâches ingrates et répugnantes, les insultes et la mise à l’écart, percevant ces abus comme une punition bien méritée.

Cette pièce parle également des enfants, de leur place, de la façon dont les adultes les traitent : on leur ment, on leur dissimule la vérité (parfois pour les protéger), on leur demande de se taire, on ignore ou on minimise leurs peines… Et puis, il y a la jalousie de la belle-mère, envers l’absente trop présente à travers sa fille, envers ses propres descendantes, potentielles rivales à sa beauté. Elle devient insupportable, détestable – comme toute marâtre de conte qui se respecte – mais en même temps, on devine aussi ses fêlures, nées d’un rêve d’une autre vie – un rêve qu’elle refuse d’appeler ainsi pour le faire réalité –, d’une ambition inassouvie, d’une peur de vieillir. Tous les personnages, au-delà des archétypes, sont en même temps très humains. Très imparfaits. Ce qui permet, peut-être, de comprendre la passivité du père face aux maltraitances subies par sa fille. On dépasse la simple dualité entre les méchantes et la douce et bonne jeune fille.

Certaines scènes sont dérangeantes, d’autres absurdes et cocasses, apportant une touche de légèreté, à travers le ridicule fréquent des personnages ou cette fée qui, par ses talents discutables et sa passion pour la fausse magie qui « peut rater », ne ferait pas tache entre le Merlin et la Dame du lac de Kaamelott.



J’ai pu voir une captation et, outre l’excellence des comédiennes et comédien, le rendu était d’autant plus intéressant avec le jeu entre ce que l’on entend et ce que l’on voit (la voix de la narratrice couplée avec la gestuelle d’un homme, la tristesse du texte avec le grotesque de certaines scènes…).

Je dois avouer que je regrette certaines expressions vulgaires qui, certes, modernise le texte, mais ne sont pas forcément celle que j’aime trouver dans une histoire.



Intelligente, décalée, parfois pesante parfois drôle, cette pièce résolument moderne donne un bon coup de plumeau à ce conte. La morale n’est point « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants », mais parle de la nécessité – tout en en reconnaissant la difficulté – de faire son deuil pour avoir des souvenirs plus apaisés de la personne disparue et continuer sa propre vie.

Je pensais avoir aimé sans plus, mais je m’aperçois en écrivant cette chronique que j’ai en réalité passé un bon moment – plus encore en regardant la pièce – et qu’elle a suscité quelques réflexions.
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Cendrillon

J'ai bien aimé la réécriture de Pommerat qui inclue de nouvelles scènes, modifie et change même l'intrigue du conte !

La pièce est vraiment facile à lire puisque ce n'est que de l'oral (dialogues) retranscrit mot pour mot. Pommerat garde des éléments du merveilleux malgré la modernisation du conte.

Cela fera peut-être aimer les contes à certains.



Bonne lecture !
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Pinocchio

Dans ma bibliothèque destinée aux élèves, j’avais cet exemplaire des aventures de Pinocchio rédigées par Joël Pommerat. Comme je cherchais un passage à mettre en scène avec l’atelier théâtre, je me suis dit que c’était l’occasion de le lire et de voir un peu si nous pouvions en faire quelque chose. J’en profite pour le glisser dans mon Pumpkin Autumn Challenge, menu Automne frissonnant, catégorie « Double double toil and trouble ». Je valide donc l’ensemble du menu Automne frissonnant, mais je pense le compléter avec une autre lecture puisque cette version de Pinocchio sous forme théâtrale était très brève.



Dans cette adaptation théâtrale, le petit pantin à peine sculpté prend vie et tyrannise son père. Il choisit d’assouvir ses désirs et quitte son père sans grands remords. D’aventures en mésaventures, il se transforme… mais grandira -t-il vraiment ? apprendra-t-il ? et surtout deviendra-t-il un véritable petit garçon?



Le personnage de Pinocchio est absolument détestable dans cette version… du moins, dans les trois premiers quart de la pièce : égocentrique, bête, tyrannique, à la limite de la méchanceté et du mépris de l’Autre, il est absolument odieux avec son père. Il n’a aucune empathie et n’a aucune capacité à prendre en compte les émotions des autres ou à embrasser la situation des autres en général. Cela peut sembler normal, c’est un pantin en bois, donc nous ne pouvons pas forcément lui demander d’avoir un cœur tendre. Certes. Pour autant, Pinocchio a hérissé chaque parcelle de mon être dès qu’il a ouvert la bouche. Sa suffisance et son absence de réflexion l’amènent à subir bien des déboires avec les voleurs d’abord puis avec les meurtriers.



L’apprentissage de Pinocchio est lent, très lent, trop lent à mon goût ! S’il subit des revers, il a aussi de vrais coups de chance, qu’il ne sait pas savourer et qu’il gaspille en faisant preuve d’une bêtise sans fond, ce qui l’entraîne vers des catastrophes plus grandes encore. J’ai été absolument atterrée de le voir agir et réagir ainsi, il allie bêtise et mensonge en un maillage serré qui ne lui laisse que peu de chance, et d’ailleurs, il est si obtus qu’il peine à entendre les conseils des autres.



Cette pièce reprend des éléments classiques : Pinocchio avalé par une baleine -notons par ailleurs que c’est chez Walt Disney que Monstro, la baleine, l’avale alors que chez Collodi, c’est un requin ; le parallèle avec Jonas avalé par la baleine est bien évidemment présent aussi. L’histoire de Pinocchio en général est respectée et ancre cette réécriture dans une tradition littéraire. Le choix d’un présentateur, qui commente le récit, l’introduit et le clôture participe aussi de la littérarité de la pièce en se faisant l’écho du Chœur antique, un peu comme lorsque Jean Anouilh revisite cette tradition (dans Antigone ) avec le personnage nommé le Prologue. Le travail littéraire pour revivifier le texte et en faire une réécriture porteuse de sens est donc bien là. De plus, cette pièce de théâtre est hors norme puisqu’elle reprend les éléments magiques du récit d’origine que nous connaissons : transformation en âne, présence de monstre marin, autant de choses difficilement représentables sur scène. Elle est donc autant destinée à être lue qu’à être jouée.



Enfin, je sais bien que cette pièce de théâtre est en réalité porteuse d’un enseignement sur l’évolution de chacun, sur l’apprentissage, sur l’ignorance qui fait de nous le jouet des autres, sur la nécessité d’apprendre et d’écouter pour réfléchir ensuite. Oui, cette pièce de théâtre contient en filigrane toute une réflexion sur l’humanité, sur le devenir autre, mais ça coince pour moi malgré tout. Je pense que le personnage de Pinocchio en lui-même me pose souci et crée un rejet suffisamment fort pour que je ne puisse pas réellement savourer les autres qualités de la pièce. Cela n’engage que moi, bien entendu et ne préjuge en rien de la qualité littéraire de l’œuvre.



Ainsi, cette chronique sera brève car il ne sert à rien d’enfoncer une œuvre qui a seulement le défaut de ne pas me convenir. Pinocchio n’est pas pour moi. Malgré des qualités certaines, des allusions littéraires et un travail certain sur la théâtralité, je n’ai pas du tout accroché et risque d’oublier bien vite ce rendez-vous manqué.
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Cercles / Fictions

Recueil se composant de 7 (ou 8, je ne sais plus) histoires. Elles sont éclatées, le lecteur passe de l'une à l'autre, sans cesse bousculé, dérangé. Comme souvent chez Pommerat et c'est tant mieux (prendre garde à la chronologie, parfois chamboulée)

Il aborde ici les thèmes de l'ambition professionnelle, du cynisme face aux chômeurs et ses ravages, la méconnaissance des codes et le pouvoir qui peut en être tiré par ceux qui les dictent, le désespoir des petites gens de maison... Le déséquilibre de certaines situations contractuelles, créant encore plus de vulnérabilité en temps de crise.

Ces textes ne me semblent pas évident à mettre en scène mais doivent être intéressants à voir. Voire à être joués.
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Pinocchio

Joël Pommerat s'approprie ici le conte de Pinocchio, tout en lui restant fidèle. La trame est respectée, les principaux épisodes aussi, l'esprit général, la difficulté de grandir et de l'accepter...mais le tout est transposé dans une époque moderne, actuelle. Le vocabulaire s'en ressent grandement. Cela en choquera surement, mais ce texte est destiné à la scène, et il faut reconnaître que ce langage est très oral.

En janvier je devais voir Cendrillon de Pommerat. Bloquée par la neige, je n'ai finalement pas pû assister à la représentation. mais dès que j'ai l'occasion de voir une pièce de Pommerat, je me vengerai!!!
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Cendrillon

Souvent revisité, le conte "Cendrillon" fait ici l'objet d'une adaptation théâtrale moderne mêlant habilement drame et comédie. Adressée prioritairement à un jeune public, plutôt adolescent, elle est destinée à toucher également les adultes. Les rapports entre les personnages sont assez violents car Pommerat réécrit l'histoire de Cendrillon sous l'angle du deuil et de la culpabilité : "C'est la question de la mort qui m'a donné envie de parler de cette histoire, non pas pour effaroucher les enfants, mais parce que je trouvais que cet angle de vue éclairait les choses d’une nouvelle lumière. Pas seulement une histoire d’ascension sociale conditionnée par une bonne moralité qui fait triompher de toutes les épreuves ou une histoire d’amour idéalisée. Mais plutôt une histoire qui parle du désir au sens large : le désir de vie, opposé à son absence. C’est peut-être aussi parce que comme enfant j’aurais aimé qu’on me parle de la mort qu’aujourd’hui je trouve intéressant d’essayer d’en parler aux enfants."



Sous des apparences simples, la pièce de Pommerat a l'art soulever des questions existentielles complexes et universelles. Sandra, l'héroïne, n'arrive pas à surmonter la perte de sa mère. Elle s'interdit de vivre et d'être heureuse : elle fait sonner sa montre toutes les cinq minutes pour s'obliger à penser à sa mère. Le prince aussi vit dans le souvenir de sa mère disparue et pense sans cesse à elle : il croit qu'elle ne rentre pas à la maison (depuis dix ans) parce qu'elle est coincée dans les embouteillages. Mensonge des adultes, évidemment. Prince et princesse s'aideront mutuellement à avancer dans la vie.



Car rassurez-vous, l'histoire n'est pas si noire qu'elle en a l'air : c'est un conte, et l'on sait comment finissent les contes de fées. Et puis on rit beaucoup. Jeux de mots et décalages parodiques sont incessants. La fée contribue grandement à détendre l'atmosphère par son franc-parler et son refus d'utiliser ses pouvoirs pour faire de la magie. Alors elle s'entraîne à faire des tours comme une vraie magicienne. Le problème est qu'elle les rate systématiquement... Drôle de fée ! Mais elle a plus d'un tour dans son sac. Fée ratée mais un peu psy sur les bords, elle guidera Sandra vers l'acceptation de la mort de sa mère. Et je passe sous silence le père de Sandra, complètement soumis à son acariâtre épouse, ainsi que la belle-famille tortionnaire, dans la plus pure tradition du conte merveilleux. On assiste à des scènes de conflits familiaux aux accents ultra-contemporains.



Si la pièce est savoureuse à lire, c'est qu'elle est rédigée de façon un peu particulière, au fil des répétitions. Joël Pommerat a pour habitude de monter ses propres pièces et de les écrire en compagnie des acteurs, au fur et à mesure qu'ils jouent et que le travail de mise en scène avance. Il en résulte une langue oralisée, à la fois spontanée et moderne. C'est agréable à lire, encore plus à voir, évidemment ! Si jamais vous avez l'occasion de vous procurer la mise en scène de Pommerat lui-même, n'hésitez pas.
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Cendrillon

Une pièce de théâtre que j’avais envie de lire car elle est parfois étudiée (au collège ? au lycée?). Une relecture du conte décapante et assez déroutante, dont je pense qu’il faudrait la voir sur scène, car l’auteur / metteur en scène l’a pensée comme un spectacle assez visuel apparemment. Le texte brut demeure intéressant, centré sur le deuil de Cendrillon et la difficulté de s’en émanciper, sur la culpabilité des orphelins, leur lente reconstruction. Des éléments comiques, un contexte actuel (la montre qui sonne), des clins d’œil à Perrault, (notamment liés aux chaussures), un personnage de fée pas piqué des vers et un prince falot. Amusant, mais sans plus…

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Cendrillon

Une réinterprétation de Cendrillon quelque peu déroutante.



On y retrouve certes la marâtre avec les deux soeurs méchantes et le père dépassé entre sa fille et sa nouvelle épouse, mais la plus oubliée (selon moi) c'est Sandra, l'héroïne.



En soi, l'histoire ressemble beaucoup au conte originel, mais la fin n'a rien à voir. Personellement, je suis restée sur ma faim, je m'attendais à plus.
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Au monde - Mon ami

Au monde (pièce N°1)



Après 3 pièces lues de cet auteur, je suis restée sur ma faim. J'ai eu l'impression de ne pas saisir le fond du propos, comme si je n'avais pas élucidé les sous-entendus des personnages..

J'estime que cette pièce n'est pas toujours heureuse non plus au niveau de la langue.



Il s'agit d'une fratrie (3 hommes, 3 sœurs, dont la cadette adoptée). Un huis clos autour d'un patriarche à la tête d'un empire industriel. Il veut passer la main. Les personnages se tournent autour, pour ne pas dire en eux-mêmes. Une femme erre dans la maison. Que fait elle là ? Est-elle le miroir des personnages, le destin qui s'accomplit ?



Je n'ai pas accroché ! Manque de compréhension notamment.



j
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Cendrillon

Joël Pommerat, dont j'ai tenu à comprendre la démarche dans l'apparat-critique abondant de cette édition, revisite le conte indo-européen de Cendrillon et l'adapte pour le théâtre. Dans une version contemporaine qui fait toutefois des clins d’œil au siècle de Perrault, tout en se fondant essentiellement sur la version des frères Grimm, le dramaturge (qui n'a pas séparé le temps d'écriture de celui de la scénographie) s'attache à répondre aux questions que je me suis toujours posé sur ce qui me paraissait être des incohérentes narratives... Et il y répond bien ! En inscrivant Sandra-Cendrier-Cendrillon dans une démarche de deuil mal fondé, il parvient à expliquer que la fille du maître de maison puisse se retrouver à être la souillon du lieu. Le merveilleux du conte va également être évacué en douceur (la marraine fée est toujours là), de même que la fin traditionnelle du conte, qui sacrifie à la fois à la société d'aujourd'hui et à sa conception d'une fin heureuse.

Difficile de classer cette pièce ailleurs que dans le fourre-tout du drame, bien que tragi-comédie lui irait mieux, en effet, malgré les passages tragiques et les manifestations dérangeantes de cruauté, on sourit, on trouve un quiproquo assez savoureux (mais cruel également et que le personnage le plus odieux de la pièce en soit victime ne le rend pas forcément très très gai).

C'est une découverte très intéressante ! J'ai hâte de voir la mise en scène de Pommerat car le décor est tout à fait exceptionnel !
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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Cendrillon

Une pièce agréable à lire, amusante à certains moments et qui dépoussière (décape ?) bien le Cendrillon d'origine. C'est divertissant mais je trouve l'ensemble très terre-à-terre et l'on est loin d'une oeuvre à portée universelle, à contrario du conte.
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La réunification des deux Corées

C'est non pas une pièce de théâtre, mais 18 scènes courtes de vie entre des personnages en quête d'amour.



Posséder l'amour ou en être dépossédé ? Telle est la question.



Situations cocasses, absurdes, décalées, cette lecture est légère et idéale à lire entre deux romans ou des lectures ardues.











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Cendrillon

Joël Pommerat offre dans cette pièce une interprétation originale et très moderne de la personnalité de Cendrillon. Je l'ai trouvée passionnante et bien plus réaliste que l’image donnée habituellement par les contes et leurs diverses adaptations. Le père, dépassé à l’idée de vivre et d’élever sa fille seul, une autre famille (royale celle-ci) sous le coup d’un énorme tabou qui l’empêche de vivre normalement… Autant de personnages déboussolés et écrasés sous le poids des incompréhensions et des secrets, faisant d’eux des victimes idéales pour les égocentriques et les tyrans. J’ai adoré ce texte dans lequel j’ai retrouvé ce qui m’a tant plu dans la pièce « Contes et légendes » : une langue directe qui ne cherche pas les effets de style et qui bouscule, des situations bouleversantes désamorcées par un élément comique ou incongru (la fée est assez déjantée et pathétique), une humanité déchirante des personnages et une énergie communicative : tout ça est conciliable chez Pommerat.
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Cendrillon

La très belle histoire de la très jeune fille

Il y a les contes pour enfants et les histoires que (se) racontent les grands. Il y a les paroles qu'on dit et celles qu'on entend. Il y a la magie des fées et les mots - les maux - de l'enfance.

Pour sa Cendrillon, Pommerat joue la carte de la figure manquante et place la mère de la très jeune fille, sa vraie mère, au début et à la fin du conte. Au coeur et dans la tête des acteurs de la fable. Imprégnée des dernières paroles captées au chevet de sa mère mourante, Cendrillon se tisse une ligne de conduite où la pensée tient le fil qui évite le gouffre aux défunts. Pour les vivants, Pommerat s'attaque aux préjugés et aux apparences : tendre, humaine et imagée, sa vision enchante et actualise, couve et étire le conte, entre quotidien et poésie, courage et docilité. Enfance et modernité.

Sur scène tous les arts réunis le sont avec brio, sens et sans effet gratuit : la voix off nous dit l'enfant étranger au monde appelé à être l'artisan de celui de demain, avec ses erreurs et ses tatonnements. Le mime avec ses mains pose des mots dans le ciel, interroge ce qui est vrai, ce qui est faux. Le décor, né de rien, du noir et de l'obscurité après chaque scène, ouvre et plante les lieux du conte comme dans un livre ouvert, un écran souple, jusqu'à cette maison de verre qui piège les oiseaux... Les acteurs - la plupart avec deux rôles et tous parfaits - jonglent et se faufilent entre avers et revers, rêve et réalité, vérité et faux-semblant : et si le bal du roi sortait de l'esprit de la famille recomposée ? La musique - celle des mots de Pommerat à elle seule est un délice - porte celle du conte et du vrai monde où l'écho du récit demeurera toujours. Le chant, la danse...

Spectacle total et captivant, à la scénographie magique et au plateau royal, Cendrillon triomphe chaque soir avec une salle comble et c'est justice. Comme la rencontre de la très jeune fille et du prince qui vécurent... heureux comme on l'est après ce spectacle éblouissant pour les petits comme pour les grands.



CENDRILLON



Une création théâtrale de Joël Pommerat



Avec la collaboration de la @Compagnie Louis Brouillard



Avec Alfredo Cañavate (en alternance avec Jean Ruimi ; le père de la très jeune fille

Noémie Carcaud ; la fée, la sœur

Caroline Donnelly ; la seconde sœur, le prince

Catherine Mestoussis ; la belle-mère

Léa Millet (et Déborah Rouach les 5, 6 et 7 juillet) ; la très jeune fille

Damien Ricau ; le narrateur et Marcella Carrara, la voix du narrateur

Julien Desmet

Le rôle de la très jeune fille a été créé par Déborah Rouach

Scénographie et lumière Eric Soyer

Costumes Isabelle Deffin

Son François Leymarie

Vidéo Renaud Rubiano

Musique originale Antonin Leymarie

Collaborateur artistique Philippe Carbonneaux

Assistant mise en scène à la création Pierre-Yves Le Borgne



A la mort de sa mère, une très jeune fille se fait la promesse de ne jamais cesser de penser à elle plus de cinq minutes... Elle suit son père dans une maison de verre où les attend une nouvelle famille. Cette Cendrillon nous parle du deuil, du désir de vivre, du pouvoir de l’imagination et des mensonges des adultes. Avec une délicatesse qui n’exclut pas l’humour, Joël Pommerat aborde encore une fois les questions graves et vitales de toute enfance.



Paris, Théâtre de la Porte Saint-Martin / Petit Saint-Martin, soirée du 24 juin 2022
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Le petit Chaperon rouge

Ce conte revisité joue sur la peur : le petit chaperon rouge a peur quand sa maman joue à faire la bête monstrueuse. Elle a peur de son ombre dans les bois qui la mènent à sa grand-mère. Mais elle n'a pas peur du loup quand elle le croise. Elle n'a pas peur non plus quand il lui dit le ventre plein de la grand-mère qu'il va la manger. C'est un petit chaperon rouge avec de la répartie.

Mais va-t-elle finir en garde-manger ?



Un conte moderne pour petite fille éveillée et bavarde !
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Les Marchands

En 2007, Joël Pommerat reçoit le Grand Prix de littérature dramatique pour « Les marchands ». Il s'agit d'une création théâtrale et non pas d'une pièce de théâtre comme on a l'habitude de voir. Sa particularité est qu'il n'y a pas de dialogue mais que l'histoire est racontée par une seule personne que j'appellerai la narratrice.

C'est donc un concept très original que propose Joël Pommerat d'autant plus que le ton de la narratrice est neutre et détaché alors que la situation est plutôt dramatique. On pourrait même dire qu'il s'agit d'une tragédie. Cette tragédie c'est le quotidien de la misère et le travail harassant jusqu'à rendre malade. La narratrice est corsetée physiquement, elle a mal au dos et raconte pourtant sa chance d'avoir un travail comparée à son amie et voisine qui elle n'a rien en dehors de son fils.

À travers ces personnages et de leurs proches, Joël Pommerat parle de notre rapport au monde du travail. C'est une pièce sombre, troublante, qui fait froid dans le dos mais qui mérite d'être signalée pour son originalité et son sujet bien sûr.





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Cendrillon

C'est une poignée de collégiens qui m'a donné envie de replonger dans le texte de Pommerat, dont j'avais vu représentation sur une scène nationale deux ans auparavant, et qui m'avait beaucoup marquée...



Sandra est une Cendrillon des temps modernes. En effet, notre protagoniste et son père déménagent dans la prison de verre de la méchante belle-mère accompagnée de ses deux filles "sottes". On y découvre également des personnages et un bal royal bien éloigné des codes traditionnels propres aux contes de fées.



Beaucoup de décalages dont découle de l'humour à souhait. Encore mieux que le texte, si vous le pouvez, rendez-vous au théâtre !
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Cendrillon

Ici, Cendrillon s'appelle Sandra ou Cendrier, c'est le Prince qui lui donne une chaussure, la Fée fume clopes sur clopes et essaie de réaliser des tours de magie sans utiliser ses dons, mais comme les prestidigitateurs à la télé. Ici, on s'adresse au Roi comme à un copain, les oiseaux s'écrasent sur la maison entièrement en verre de la belle-mère de Cendrillon...Comme on le voit, J. Pommerat s'empare du célèbre conte des Frères Grimm et en dynamite la narration, maintient les enjeux mais inverse les rôles des protagonistes, modernise le propos avec jubilation, dynamite les dialogues. J'ai vu la pièce de théâtre 2 fois et lire le texte m'a procuré aussi beaucoup de plaisir. Jouissif.
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Cendrillon

Mon tout premier Joël Pommerat, dont j'entends parler depuis des années via mes ami.e.s théatreuxses !

Cela peut sembler étrange de lire du théâtre, notamment lorsqu'il s'agit d'une pièce contemporaine. La mise en scène et le jeu des acteurices est si important... Mais dans le même temps, j'apprécie pouvoir prendre mon temps pour découvrir le texte, écrit lors du travail des artistes (ce qui rend les répliques si vivantes et familières !) avec leur metteur en scène et l'analyser.

Amateurices de réécritures de mythes, contes et légendes : vous voilà servis ! Joël Pommerat et toute sa troupe proposent ici une relecture toute particulière du conte de Cendrillon en interprétant certains non dits du récit originel. Qu'en est-il du deuil que Cendrillon fait de sa mère ? Comment son père a-t-il pu la laisser subir les atrocités de sa belle famille ? Qu'est-ce qui a poussé sa belle-mère, ses belles-soeurs à la traiter ainsi ? Pourquoi l'a-t-elle accepté, au lieu de se révolter ?

Finalement, l'histoire d'amour se transforme, devient plus que secondaire (si ce n'est quasi inexistante) pour devenir l'histoire d'un deuil : celui d'une enfant un peu perdue, qui ne sait comment aller de l'avant.

A lire et à voir : ça vaut le coup !
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Cendrillon

Joël Pommerat est un auteur et metteur en scène français né à Roanne en 1963. Il débute sa carrière en tant qu’acteur, avant de se consacrer à l’écriture, à l’âge de 23 ans.

Après « Le Petit Chaperon Rouge » et « Pinocchio », « Cendrillon » est une pièce de théâtre qui a été créée au Théâtre National de la Communauté Française en 2011. Cette pièce parle de deuil et d’émancipation.

La maman d’une très jeune fille, Sandra, est gravement malade. Juste avant sa mort, elle croit entendre dans la bouche de sa mère « Tant que tu penseras à moi tout le temps sans jamais m’oublier… je resterai en vie quelque part ». Son père décide d’aller vivre avec sa fille chez une femme tyrannique qui a deux enfants. Sandra est astreinte à toutes les tâches ménagères dans la maison sans jamais se plaindre. Un jour, un bal est organisé dans le château voisin pour l’anniversaire du prince. Que va-t-il se passer ?

On retrouve dans ce livre les bases du conte de Cendrillon, bien connues mais modifiées. Le langage utilisé est plus moderne. On y voit par exemple les deux sœurs utiliser un smartphone.

Ce conte nous montre comment surmonter la perte d’un être cher et aller de l’avant. Cette lecture est courte et actuelle et pourra intéresser les adolescents d’aujourd’hui.

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Cendrillon (pièce de théâtre de Joël Pommerat)

Dans quel type de maison habitent la belle-mère de Sandra et ses deux filles ?

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