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Citations de Jón Kalman Stefánsson (2688)


Il est peu de choses aussi belles que la mer par une magnifique journée ou par une nuit limpide, quand elle rêve et que le clair de lune est la somme de ses rêves.. Pourtant la mer n'a nulle beauté et nous la haïssons plus que tout quand elle élève ses vagues à des dizaines de mètres au-dessus de la barque, au moment où la déferlante la submerge et nous noie comme des chiots (...)
Et là, tous sont égaux. Les crapule et les justes, les colosses et les mauviettes, les bienheureux et les affligés. On entend quelques cris, quelques mains s'agitent désespérément, puis c'est comme si nous n'avions jamais existé; (p. 19)
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Nous sommes ce que nous disons, mais également ce que nous taisons.
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Les sanglots naissent quand les mots ne sont plus que des pierres inutiles.[...] Les sanglots apaisent et soulagent mais ils ne suffisent pas. On ne peut les enfiler les uns derrière les autres et les laisser s'enfoncer comme une corde scintillante dans les profondeurs obscures afin d'en remonter ceux qui sont morts et qui auraient dû vivre.
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Nous ne savons jamais dans quelle direction la vie nous emporte, ne savons jamais qui survivra à la journée et qui y succombera, nous ne savons pas si le dernier adieu sera un baiser, une parole amère, un regard blessant, il suffit que quelqu’un ait un moment d’inattention, qu’il oublie de regarder à droite pour qu’il meure, et alors il est trop tard pour retirer des paroles malheureuses, trop tard pour dire pardonne-moi, trop tard pour dire ce qui compte, ce que nous voulions dire, mais que nous ne pouvions pas articuler à cause de notre cruauté, notre fatigue, notre routine, du temps qui manque, tu as oublié de regarder à droite, je ne te verrai plus jamais et les mots que tu m’as dits continueront de résonner en moi chaque jour et chaque nuit, et le baiser que tu aurais dû recevoir sèchera sur mes lèvres où il deviendra une blessure qui se rouvrira à chaque fois que quelqu’un d’autre que toi m’embrassera.
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À chacun sa manière de mener sa barque. Certains sont ouverts, d’autres moins. Certains ont grand besoin de compagnie, d’autres sont plus solitaires. Ce vers quoi vous inclinez n’implique pas forcément quoi que ce soir quant à vos dispositions vis-à-vis de votre prochain, ou de votre entourage immédiat. À chacun sa manière, personne ne devrait aller contre sa nature. Et chacun trimballe évidemment derrière lui son bagage. Ses blessures. Ses nœuds. Certains passent leur vie entière à les traiter. Et il y a des nodosités que seule la mort semble avoir le pouvoir de dénouer.
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[...] telle est l'aune à laquelle se mesure la vie de l'être humain, les bénéfices et non les battements du cœur, les intérêts de quelques uns plutôt que le bonheur, et pourtant, nous voilà surpris en découvrant notre malheur, nos angoisses et nos incertitudes : Y aurait-il quelqu'un dans les parages qui pourrait nous mettre un peu de plomb dans la tête ?
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Le poisson n’est pas uniquement une espèce vertébrée à sang froid qui vit dans l’eau et respire par les ouïes, il est beaucoup plus que ça. La plupart des villages d’Islande ont été construits sur les arêtes de morue, lesquelles sont les piliers qui soutiennent la voûte des rêves.
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Question : Qu'est-ce qui voyage plus vite que la lumière ?
Réponse : Le temps lui-même.
Il nous traverse comme une flèche. Sa pointe acérée fend la chair, les organes et les os, c'est la vie, l'instant d'après, cette pointe ressort en empruntant le même chemin, c'est la mort.
Plus vite que la lumière. Il suffit qu'il pleuve pour que passent dix années. Un battement de paupières et vous vieillissez, la nuit de la mort surplombe les montagnes. Le temps va si vite, mais parfois si lentement que, presque, nous suffoquons. Nous sommes à la fois la tortue et le lièvre, arrivons à la fois premier et bon dernier, c'est à n'y rien comprendre. Alors nous disons simplement : Elle a ôté sa robe.
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L'alcool : Tu vois, je ne te déçois jamais. Je t'attends toujours, patient, sans me mettre en colère, même si tu me rejettes et médis sur mon compte pendant bien longtemps. Je t'attends patiemment et t'accueille chaleureusement quand tu me reviens. Quand tu as épuisé tous les recours, c'est moi qui viens te consoler, c'est moi qui t'aide à oublier, moi qui rétablis l'ordre du monde et t'amène à voir la vie sous le bon éclairage. Quel besoin as-tu du monde puisque je t'accompagne ?
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C’était en ces années où, probablement, nous étions encore vivants. Mois de mars, un monde blanc de neige, toutefois pas entièrement. Ici la blancheur n’est jamais absolue, peu importe combien les flocons se déversent, que le froid et le gel collent le ciel à la mer et que le frimas s’infiltre au plus profond du cœur où les rêves élisent domicile, jamais le blanc ne remporte la victoire. Les ceintures rocheuses des montagnes s’en délestent aussitôt et affleurent, noires comme le charbon, à la surface de cet univers immaculé. Elles s’avancent, saillantes et sombres, au-dessus de la tête de Bárður et du gamin au moment où ceux-ci s’éloignent du Village de pêcheurs, notre commencement et notre fin, le centre de ce monde. Et ce centre du monde est dérisoire et fier. Ils avancent à vive allure — juvéniles jambes, feu qui flambe —, livrant également contre les ténèbres une course tout à fait bienvenue puisque l’existence humaine se résume à une course contre la noirceur du monde, les traîtrises, la cruauté, la lâcheté, une course qui paraît si souvent tellement désespérée, mais que nous livrons tout de même tant que l’espoir subsiste. C’est pourtant d’une simple marche que Bárður et le gamin ont l’intention de se délester des ténèbres ou de l’obscurité du ciel pour arriver avant elles aux baraquements des pêcheurs. Parfois, ils marchent de front et c’est beaucoup mieux parce que des traces de pas posées les unes à côté des autres sont preuve de connivence et qu’alors la vie n’est pas aussi solitaire. Pourtant la route se résume bien souvent tout juste à un étroit sentier qui ondule comme un serpent gelé dans la neige, et alors le gamin doit fixer son regard sur l’arrière des chaussures de Bárður, le havresac en cuir qu’il porte sur son dos, sa touffe de cheveux noirs et sa tête solidement posée sur ses larges épaules. Par moments, ils traversent des rives rocheuses, s’avancent à petits pas sur des routes suspendues tout au bord des falaises, mais le pire est l’Ófæra, l’Infranchissable : une corde fixée à la roche, la pente glissante et friable de la montagne en surplomb, la paroi fuyante au-dessous d’eux et la mer verdâtre qui te happe et t’aspire : une chute de trente mètres. L’à-pic de la montagne s’élève à plus de six cents mètres et son sommet se perd dans les nuages. D’un côté, la mer, de l’autre, des montagnes vertigineuses comme le ciel : voilà toute notre histoire.

(Incipit)
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Celui qui est parti, solitaire, traverser les landes, plongé dans le calme d’une nuit d’été, celui qui a connu la compagnie du ciel et des oiseaux qui peuplent les tourbières, n’a sans doute pas vécu en vain.
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La mer est froide et parfois sombre. C’est une bête gigantesque qui jamais ne repose et ici, nul ne sait nager, à l’exception de Jonas qui travaille pendant l’été à la station de pêche à la baleine des Norvégiens, ce sont eux qui lui ont enseigné les mouvements, il est surnommé le Cabillaud ou encore le loup atlantique, la seconde appellation lui convient mieux, quand on pense à son apparence.
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De longues minutes s’écoulent. Il est sain pour un être humain de se tenir, seul, au creux de la nuit, il s’unit alors au silence et ressent comme une connivence pourtant susceptible de se changer instantanément en une douloureuse solitude. Il fait encore plutôt sombre, un soupçon de clarté point à l’est, si faible qu’il n’est presque qu’illusion. Pourtant, cette clarté, imaginée ou réelle, balaie l’incertitude de Gudmundur, il parvient à lire dans les nuages sur la rive blanche, encore indistincte, de l’autre côté du fjord, ce que son nez et ses oreilles n’ont pu lui confirmer : la bise du nord-est va bientôt se lever, elle sera sûrement mordante, mais elle n’arrivera pas avant le milieu du jour.
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C'est ainsi, l'histoire de l'humanité va dans un sens et celle de l'individu prend une tout autre direction, voilà pourquoi il existe sans doute au minimum deux versions tout aussi valides l'une que l'autre de l'histoire du monde.
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Page 399
Le clair de lune entre par la fenêtre. Elle est là-haut, la lune, avec les traces de pas solitaires d’Armstrong à sa surface. Tu veux que je continue à raconter, demande-t-elle, quand un moment s’est écoulé, quelques secondes, quelques années, elle s’est contentée de respirer, c’est tout ce dont le monde a besoin. Je ne sais pas, répond-il, j’ai envie que tu continues, mais j’ai peur que tu meures quand tu seras arrivée à la fin du récit. Tu as raison, je mourrai quand l’histoire sera finie. Dans ce cas, arrête-toi là, demande-t-il. Je ne le peux pas, mon cœur, parce que si je le fais, tout le reste périra aussi. La mort traverse tous les êtres, elle emporte tout, elle efface tout le monde, l’unique résistance qu’on puisse lui opposer, c’est de vivre et de raconter. De consigner l’énergie vitale dans les mots. Cela ne permet sans soute pas d’en triompher, mais cela empêche peut-être la mort de triompher de la vie. Peut-être, consent Ari à contre-cœur. Tu peux me croire, dit-elle en lui caressant les doigts d’un geste apaisant, puis elle ferme les yeux et plonge…
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C'est Dieu qui distribue les cartes, lit-on quelque part, et il est inutile de se lamenter sur sa donne car il n'y en aura pas d'autre. Dieu distribue les cartes, certes, mais chaque être humain joue en fonction de ce qu'il a reçu, c'est ce qu'on appelle le libre arbitre. Le destin n'existe pas, il n'y a rien que le libre arbitre — et les cartes données par Dieu.
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- On peut vivre longtemps sur un simple sourire. Peut-être même des années entières.
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Nous veillons donc à régler le volume suffisamment fort pour qu'on entende la musique loin dans la nuit, qu'elle monte jusqu'au ciel ou atteigne ce lieu que nous rejoindrons tous à notre heure dernière, cet instant où les arbres cesseront de pousser, les morts d'être entendus, la pluie de tomber, le soleil de briller et où la terre n'aura plus d'odeur. Ce moment où tout prend fin d'une manière qui échappe à notre entendement, et que nous n'osons pas, mais devons sans doute constamment nous efforcer de comprendre, sans relâche ni hésitation, parce que si nous renonçons à atteindre ce qui est justement hors d'atteinte de la vie, alors nous trahissons, et cette trahison est si radicale qu'aucune force ni puissance ne saurait l'effacer.
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Si on se fonde sur la raison, il faut être un enfant ou un simple d'esprit pour croire en l'existence de Dieu, et pourtant, peut-on trouver meilleure consolation que celle procurée par la foi ?
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Peu de choses comptent autant que de recevoir une lettre. Une manière de proximité habite les lettres, elles abolissent les distances et sont une compagnie précieuse et durable pour l'être humain, elles le réchauffent, longtemps après avoir été lues.
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