AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de José Moselli (49)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Browning & Cie, détectives, tome 2 : Le Club ..

« L’homme sans livre » !!! C’est ainsi que fut surnommé José Moselli (1882 - 1941).



Pourtant la production de l’auteur fut immense, mais elle se destina quasi exclusivement pour les magazines des éditions Rouff (Cri-Cri, L’Intrépide, L’Épatant, Le Petit Illustré).



S’il demeure encore dans quelques esprits, c’est avant tout pour sa production d’anticipation, « La Fin d’Illa » étant probablement un de ses récits les plus connus.



Pourtant, José Moselli se consacra énormément aux récits d’aventures et aux récits policiers d’aventures qu’il signa de plusieurs pseudonymes, dont Jacques Mahan.



Sa vie fut une aventure puisqu’il fugua à 13 ans pour s’engager comme mousse puis il devint officier de la Marine marchande, ce qui lui fit voir du pays, des souvenirs dont il se servit par la suite, faisant naviguer ses héros à travers le monde.



Dans le domaine policier, en plus de son voleur John Strobbins (son personnage récurrent le plus connu), José Moselli fit vivre plusieurs détectives, Iko Terouka, M. Dupont… et Tom Browning et Césaire Rabascasse de l’agence Browning et C°…



On notera également deux romans publiés en feuilleton dans des journaux : l’excellent « La momie rouge » et « Triplix l’insaisissable »…



Les aventures de Browning et Rabascasse furent publiées entre 1922 et 1935 dans le magazine Le Cri-Cri…



Si les textes, comme ceux des autres détectives, se présentent comme une histoire à suivre à raison d’une page ou deux par magazine, le jeudi, en les épluchant on constate qu’ils se décomposent, en fait, en plusieurs petites enquêtes (plus d’une 40aine pour Iko Terouka, probablement au moins autant pour Browning et C°).



« Le Club des Légataires » est la seconde enquête du duo.



Après le succès de leur première enquête, Tom Browning et Césaire Rabascasse, grâce à la prime touchée, ont emménagé dans de nouveaux bureaux bien plus luxueux.



La publicité faite autour de cette affaire résolue ne tarde pas à leur amener une première cliente, Mme Adalgiza Garcia, une Brésilienne, qui vient leur demander d’innocenter son fils, condamné pour l’empoisonnement de son oncle (frère de son père), un riche banquier dont il était l’héritier.



Le duo s’embarque immédiatement pour Pernambuco et commence leur enquête chacun de son côté.



Rapidement, Browning est persuadé que le fils est réellement coupable alors que Rabascasse, lui, croit en son innocence…



On retrouve donc ce tout nouveau duo (nouveau qui date de presque un siècle) dans une nouvelle enquête qui va les mener au Brésil (les détectives Mosellien travaillent dans le monde entier).



On pouvait se demander, dans le premier épisode, qui de Césaire Rabascasse et Tom Browning portait la culotte, du fait que Rabascasse était bien plus en avant dans cette affaire que son confrère, alors qu’il s’évertuait à annoncer qu’il était le « C° » de « Browning et C° ».



Dans cette seconde affaire c’est une nouvelle fois Césaire Rabascasse qui tient la baraque, non seulement intellectuellement, puisque Browning se tromper à propos de la culpabilité du fils de la cliente, que physiquement, puisque c’est à nouveau lui qui tire son collègue du pétrin.



Pour le reste, cette seconde enquête est plus longue que la précédente (23 000 mots contre 16 000), mais s’inscrit parfaitement dans sa veine et dans celles des enquêtes des autres détectives mosellien : action, dépaysement, exotisme, dangers, déguisements, poursuites…



Certains diront que ce n’est pas de la grande littérature, je ne les contredirai pas, mais ce n’était sûrement pas la volonté de l’auteur dont le but était de divertir un lectorat plutôt jeune (les textes étaient publiés dans des magazines jeunesse et étaient accompagnés de dessins d’illustration), friand d’aventures, d’actions et de paysages lointains.



Et l’on peut dire que les héros en voient du pays, en vivent des aventures, et en courent des dangers.



La lecture est donc rythmée, sans temps mort et si, d’épisode en épisode, l’ensemble peut sembler redondant, étonnamment, l’auteur parvient à se renouveler tout en usant des mêmes recettes.



On appréciera que le personnage de Césaire Rabascasse prenne le dessus, pour l’instant, sur celui de Tom Browning, une possible revanche de John Watson sur Sherlock Holmes puisque les deux héros mosellien ressemblent étrangement à ceux de Conan Doyle…



Au final, le duo prend de l’épaisseur, Césaire Rabascasse prend les rênes des enquêtes, et les aventures s’enchaînent agréablement.
Commenter  J’apprécie          40
John Strobbins, tome 13 : Le coffre-fort sa..

« Le coffre-fort sanglant » est le premier épisode de ce qu’il serait convenu d’appeler « Les nouvelles aventures de John Strobbins » de José Moselli.



Mais revenons aux sources !



José Moselli fut l’un des piliers de la littérature populaire française.



Entre 1910 et 1940 (il est né en 1882 et mort en 1941), il ne cessa d’abreuver de nombreux magazines de ses histoires rocambolesques inspirées, en partie, de son passé de marin.



Son immense production fut dont dirigée vers les journaux et les magazines de son époque (principalement ceux publiés par les éditions Offenstadt). Ces histoires parurent, pour la plupart, sous la forme de feuilletons, bien souvent sous forme de textes illustrés et l’on ne compte plus les personnages récurrents que l’auteur a fait vivre dans différents genres avec pour prédilection, l’aventure, le policier et le fantastique.



N’ayant jamais, à son époque, connu d’édition traditionnelle, il fut surnommé « L’écrivain sans livre ».



Pour autant, ses lecteurs étaient nombreux et issus principalement de la jeunesse, mais pas que.



Depuis, l’auteur avait sombré dans un anonymat totalement immérité.



Heureusement, quelques éditeurs passionnés, dont OXYMORON Éditions, ont récemment réédités certains des textes de José Moselli permettant ainsi aux lecteurs ne chinant pas dans les librairies spécialisées, de pouvoir enfin lire du José Moselli.



Car, si les œuvres de José Moselli parurent dans des magazines pour toucher un large public, ce choix éditorial implique qu’il est désormais difficile, voire impossible, de suivre les aventures contées par l’auteur dans leur support original.



Effectivement, ces textes étant publiés sous forme de feuilletons, à coup d’une page ou deux par magazine, bien souvent, un seul récit pouvait s’étaler sur plusieurs dizaines de numéros, rendant, à l’heure actuelle, quasiment impossible au lecteur lambda de retrouver l’intégralité des numéros couvrant une même histoire.



D’autant que ces magazines sont de plus en plus difficiles à trouver un siècle après.



Heureusement, des rééditions sous forme de recueil, principalement dans la « Collection d’Aventures » des éditions Rouff, permettaient encore, aux lecteurs les plus volontaires, de pouvoir suivre certaines aventures de John Strobbins, Jean Flair, le baron Stromboli, de Marcel Dunot et autres récits plus indépendants.



Mais qu’en était-il de M. Dupond, Iko Terouka, Browning et Cie, le club des Trois... d’autres séries jamais rééditées ? Ou bien des romans de l’auteur comme « La momie rouge » ?



Pour le plus grand plaisir des lecteurs passionnés, OXYMORON Éditions s’est chargé de faire revivre une partie de ces textes sous forme numérique et continue régulièrement à ajouter de nouveaux épisodes aux séries déjà débutées et envisage d’en proposer d’autres prochainement.



La première série rééditée fut « John Strobbins, détective-cambrioleur » une série publiée, à l’origine, à partir de 1911 dans le magazine « L’Épatant ».



Ce sont certaines de ces aventures que l’on retrouvera dans les recueils de la « Collection d’aventures » à partir des années 1920.



Mais John Strobbins ne se cantonne pas à naviguer dans « L’Épatant » et la « Collection d’aventures », non ! À partir de 1930, voilà que tous les jeudis paraît un magazine qui lui est consacré : « Les grandes aventures policières ».



En fait, le magazine comprend deux récits à suivre, celui mis en avant par la couverture et le titre (l’aventure de John Strobbins) et une autre histoire à suivre (« Le secret du bagnard » de Pierre Desclaux, au départ des publications).



Le magazine n° 1 est titré : « Le coffre-fort sanglant » et lance une nouvelle aventure de John Strobbins qui s’étalera sur 8 numéros et plus de 36 000 mots.

John Strobbins a décidé d’enfin rendre visite à son ami peintre Rackers. Mais un accident de moto le projette hors de la route, la nuit. Alors qu’il tente de rejoindre celle-ci en boitillant, entendant une voiture approcher, il n’a pas le temps de lancer un appel que la vitre arrière du véhicule se brise et qu’il aperçoit deux hommes se battre à l’intérieur dont un brandissant un couteau.



La scène s’est déroulée si rapidement que Strobbins n’est pas certain de ce qu’il a vu. En fouillant les fourrés au bord de la route pour s’assurer d’y trouver des bris de verre, il découvre une vieille montre en nickel qu’il ramasse.



Arrivé péniblement jusqu’à une auberge, il y loue une chambre, et une fois enfermé, inspecte la montre qu’il a trouvée. À l’intérieur, gravé sur le métal, il découvre un plan.



Le lendemain, il se fait conduire en voiture chez son ami Rackers, mais il apprend que celui-ci a été enlevé, comme plusieurs personnalités ces derniers jours...



Le lecteur retrouve donc John Strobbins dans une nouvelle aventure, près de 20 ans après la toute première.



Si les épisodes publiés dans le magazine « L’Épatant » étaient plutôt courts, de l’ordre de quelques milliers de mots atteignant, au mieux, le contenu d’un fascicule de 32 pages (l’épisode « Le quatrième larron » parvenait tout de même à atteindre les 22 000 mots), cette nouvelle mouture des aventures de débute par un épisode John Strobbinsconséquent s’étalant sur la taille d’un petit roman (36 000 mots).



Ce nouveau parti pris (nouveau il y a 90 ans) déboussole un peu le lecteur habitué aux aventures concises de John Strobbins. Pour autant, force est de constater que José Moselli parvient à proposer une aventure très rythmée, contenant moult actions et parfois même un peu de violence.



Bien évidemment, comme tous les récits de l’époque, le lecteur actuel pourra être un peu choqué par les qualificatifs de « nègre » pullulant dans le texte, mais il faut bien évidemment remettre le tout dans son contexte du début du siècle dernier.



Pas de temps mort, donc, dans cette histoire qui nous mène en plein cœur des Everglades à l’occasion d’une chasse au trésor un peu particulière.



Excepté les termes à propos des gens de couleurs « coloured men » et de quelques technicités désormais obsolètes, l’ensemble n’a pas beaucoup vieilli et se lit avec un grand plaisir.



Il faut dire que José Moselli s’y entendait pour captiver l’attention du lecteur à travers des récits d’aventures rondement menés.



Le fait que l’histoire soit plus longue que celles que le lecteur avait l’habitude de lire permet de constater que José Moselli maîtrisait également des formats plus longs (mais il nous l’avait démontré avec brio à travers son excellentissime roman « La momie rouge ») et que, pour tenir la distance, il ne tombe pas dans la redite ou dans des scènes ou des descriptions oiseuses.



Certes, le personnage principal, John Strobbins, demeure esquissé, et l’auteur ne s’offre pas le loisir de s’étendre sur celui-ci plus que nécessaire, mais, après tout, à l’époque, le lecteur s’engageant dans cette lecture devait probablement être un familier du détective cambrioleur.



Au final, une histoire plus longue que les précédentes, mais tout aussi rythmée, si ce n’est plus, et plus agréable à lire puisque le plaisir dure plus longtemps.
Commenter  J’apprécie          40
La fin d'Illa

José Moselli (1882 – 1941) est surnommé « l'écrivain sans livre » bien qu'il ait signé des centaines de textes !

Il était en fait un des feuilletonistes les plus populaires du début du XXeme siècle et a publié un nombre considérable de récits dans des revues comme Science et Voyages, L'intrépide ou Le Petit Illustré, entre autres, textes très rarement réédités en volumes.

La grande majorité de sa production est toujours indisponible aujourd'hui.



Cet ouvrage, publié au sein de la collection Chefs-d’œuvres de la Science-Fiction des éditions Rencontre, contient l'un de ses textes les plus connus, La Fin d'Illa, ainsi que deux nouvelles.



La Fin d'Illa nous décrit la découverte d'un mystérieux livre par des marins et, dans une seconde partie bien plus longue, sa traduction, narrant l'entrée en guerre de la ville d'Illa, dirigée par le dictateur Rair, contre les Nouriens dans le but de récupérer leurs ressources.

Bien que se déroulant dans un passé lointain et oublié, le roman met en scène des nations technologiquement très développées (on aura même droit, dans ce roman de 1925, à la mention de « téléphones portatifs » !) et nous offre un récit d'aventure bourré de rebondissements, flirtant parfois légèrement avec le post-apo et, il faut bien l'avouer, sacrément bourrin.

Bref, c'était chouette !



Suivent ensuite deux nouvelles, Le Messager de la Planète qui raconte la découverte par deux savants en mission en Arctique d'un mystérieux vaisseau semblant venir d'ailleurs ; et La Cité du Gouffre dans lequel un naufragé, secouru par un navire marchand dans des circonstances plus qu'étranges, raconte son aventure.
Commenter  J’apprécie          40
Browning & Cie, détectives, tome 8 : Les dent..

José Moselli est le genre d’auteurs méconnus et dont, pourtant, il faudrait presque toute une vie pour lire l’ensemble de sa production.



Effectivement, sous différents pseudonymes, dont Jacques Mahan ou Piere Agay, Joseph Théophile Maurice Moselli (1882 -1941) fut un écrivain extrêmement prolifique dont l’ensemble de la production fut destinée à des magazines jeunesse des éditions Rouff, ce qui lui valut le surnom de « écrivain sans livre ».



À partir de 1910, après une jeunesse tumultueuse passée sur les mers et les océans de la planète en tant que mousse, José Moselli décide de se fixer et d’écrire.



Son expérience nourrira sa plume et il développera, en plus de récits d’anticipation, de nombreuses séries d’aventures se déroulant dans le monde entier.



En ce qui concerne la part policière de la production, un genre policier très nettement teinté d’aventures, l’auteur produira plusieurs séries mettant en scène des détectives (« Iko Terouka », « Jean Flair », « M. Dupont », « Tom Browning et Césaire Rabascasse », « Le club des trois »…), mais également des voleurs (« John Strobbins », « Le baron Stromboli »…)



Ces séries, pour certaines, s’étalèrent sur plus de 20 ans à raison d’une page ou deux tous les jeudis (les hebdomadaires jeunesse paraissaient, à l’époque, le jeudi, le jour sans école).



Quand on décortique toutes ces centaines de pages, on constate qu’en fait de conter une histoire unique interminable, José Moselli avait pour habitude (comme d’autres tel Arnould Galopin, par exemple), d’enchaîner les histoires sans distinction et sans chapitrage ou titrage.



Ainsi, « Browning et Cie », la série qui nous intéresse aujourd’hui, et qui fut publiée entre octobre 1922 et février 1935 dans le magazine le « Cri-Cri », comporte de nombreuses enquêtes des deux personnages principaux, l’Américain Tom Browning et le Bordelais Césaire Rabascasse.



« Les Dents de Diamant » est leur 8e affaire.

M. Van der Gold, le Roi du Cuivre, a été assassiné chez son neveu, M. Cornil. Ce dernier, également poignardé durant la même nuit et malgré l’absence du corps de son oncle, est arrêté et accusé du crime. Une voisine affirme l’avoir vu commettre le meurtre par la fenêtre donnant sur la chambre de la victime.



Cornil fait appel à Rabascasse et à Browning pour prouver son innocence, leur promettant un gros chèque. Mais les deux détectives ne sont pas convaincus. Pourtant, chacun va mener son enquête de son côté.



Après quelques jours, Césaire Rabascasse s’étonne et s’inquiète de ne pas avoir de nouvelles de son collègue américain…



Nouvelle aventure pour Tom Browning, l’Américain, et Césaire Rabascasse, le Bordelais.



José Moselli, dans ce récit de 23 000 mots, reprend peu ou prou les mêmes recettes que depuis le début.



Ainsi, les deux enquêteurs vont suivre des pistes différentes et, encore une fois, Browning va se faire prendre au piège et sera sauvé par Rabascasse. Mais, si, généralement, ce fait d’armes constitue quasiment la fin de l’histoire, ici, il intervient au tout début de l’histoire et l’on va donc, pour une fois, oserais-je dire, pouvoir assister à une enquête commune de nos deux héros.



L’histoire, bien que se déroulant à Paris, va se terminer au Maroc, besoin d’exotisme et de dépaysement d’un jeune lectorat de l’époque oblige. Ce sera l’occasion, pour l’auteur, de parler de paysages, de peuplades, bien méconnues par la jeunesse française.



Toujours aussi rythmées, les aventures de Browning et Rabascasse sont plaisantes à lire, mais il faut bien reconnaître une certaine redondance dans ces péripéties qui, cumulées à un léger manque d’humour par rapport à d’autres textes et une intrigue reposant sur de très grosses ficelles, font que ce récit ne sera pas inoubliable.



Au final, pas le meilleur épisode de la série, encore moins le meilleur récit de l’auteur, mais du José Moselli pur jus, rythmé, dépaysant, et agréable à lire.
Commenter  J’apprécie          30
Iko Terouka, tome 10 : L'assassinat du marq..

Dans l’esprit de beaucoup de lecteurs d’aujourd’hui, un écrivain, c’est un homme ou une femme qui publie un roman par an et dont le nom est connu de tous ou presque.



C’est une personne dont le visage orne, si ce n’est la 1re de couverture, pour les plus célèbres ou les plus égocentriques, au moins la 4e de couverture.



Mais fût un temps, écrivain, avant d’être un métier public était un métier pour le public, où le texte de l’auteur était plus mis en avant que son nom et où, d’ailleurs, bien souvent, son nom se cachait derrière de multiples pseudonymes.



C’était un passeur de prose, un conteur d’aventures, un livreur de sentiments, une personne au service du lecteur dont le travail était de permettre à ceux-ci de passer de bons moments, de se divertir, de voyager, grâce aux mots qu’il couchait sur papier.



Ces auteurs-là, même s’ils pouvaient parfois le regretter, n’étaient pas reconnus de leurs vivants (à part quelques exceptions) et écrivaient parce qu’ils étaient écrivains et non pour devenir riches et célèbres…



Bon, j’idéalise un peu, mais, même si je grossis le trait, le constat n’est pas faux.



Ceux-là n’écrivaient pas un roman par an, pour vivre de leur plume, mais des milliers de lignes chaque jour de leur vie. Leur bibliographie ne comptait pas quelques dizaines d’ouvrages au mieux, mais des centaines… des milliers.



Ces auteurs de la littérature populaire d’hier méritaient leur statut d’écrivains bien plus que bien des auteurs de Best Sellers d’aujourd’hui.



Et pourtant, qu’il est difficile à l’heure actuelle de les extirper d’un anonymat qu’ils n’ont pas mérité.



Parmi ces écrivains inlassables, plusieurs noms méritent de sortir du lot. Mais un plus que les autres : José Moselli.



Parce que José Moselli fut surnommé « L’écrivain sans livre », son travail fut encore plus sous-estimé que celui de ses confrères.



Effectivement, travaillant principalement pour les magazines de son époque, il livrait chaque semaine, une page d’aventures aux lecteurs avides, bien souvent des lecteurs jeunes à la recherche de dépaysement, d’action, de voyages.



José Moselli, sous ce nom ou quelques pseudonymes (Jacques Mahan, Pierre Agay…) développa de nombreuses séries, fit vivre des aventures à bien des héros, abreuva la jeunesse, mais pas que, de son époque d’aventures épiques durant des années, des décennies.



José Moselli œuvra principalement dans le genre « aventures » même s’il est désormais plus connu pour certains récits d’anticipation.



Et, même quand ses personnages étaient des policiers (privés), comme Jean Flair, Iko Terouka, M. Dupont… ou des bandits tels John Strobbins ou le baron Stromboli, son « travail » les amenait toujours à voyager.



Car José Moselli fut un bourlingueur.



Dès l’âge de 13 ans, il fugua de chez lui pour s’engager comme mousse sur un navire.



Il fut déserteur, puis officier de la Marine Marchande, jusqu’au jour où il eut envie de se stabiliser et accepta un poste de journaliste pour une rubrique sur l’actualité maritime.



Il se mit alors à écrire des contes avant de se faire engager par les éditions Rouff, notamment pour son feuilleton « W... vert » qui parut dans le magazine « L’Intrépide » (mais même cette publication donna lieu à une drôle d’aventure).



C’était en 1910.



Peu de temps avant paraissait dans « Le Petit Illustré » le feuilleton « Les aventures d’un jeune policier ». La série dura jusqu’en 1917 avant, comme beaucoup d’autres de l’auteur, d’être rééditées entièrement ou partiellement en fascicules dans la « Collection d’Aventures » des Éditions Rouff.



Ce premier feuilleton pose déjà le genre des aventures à la sauce Moselli bien que le style, la plume, ne soit pas encore assez affirmés et que l’ensemble soit un brin naïf (même comparé à l’époque).



Viendra ensuite le premier bandit de Moselli : John Strobbins, un cambrioleur, détective, justicier dont les aventures furent publiées dans « L’Épatant » entre 1911 et 1933 avant d’être partiellement rééditées dans la « Collection d’Aventures » et aussi, et avec de nouvelles aventures, dans la collection « Les grandes aventures policières » en 1930



Dans le même temps, très rapidement, le baron Stromboli voyait le jour. Ses aventures parurent dans « L’Inédit » en 1912 avant d’être regroupées en deux fascicules dans la « Collection d’Aventures » en 1916.



Mais le premier personnage récurrent, policier d’envergure est incontestablement Iko Terouka. C’est également le plus endurant puisque ses aventures s’étalèrent dans le magazine « Le Petit Illustré » entre 1912 et 1935.



Pour suivre l’intégralité des aventures du détective japonais, il faudrait réunir près de 800 numéros du magazine à raison d’une à deux pages de prose illustrées par magazine. Un travail de Titan.



Rien que le tout premier épisode de ces aventures, celui qui nous intéresse aujourd’hui, nécessite de regrouper 48 numéros du magazine pour un texte qui, au final, avoisine les 40 000 mots.



Suivrons une quarantaine d’enquêtes menant Iko Terouka à travers le monde.



Iko Terouka, le célèbre détective japonais, est à la poursuite de Friedrich Spieder et de son neveu Kleinbote qui ont assassiné le comte Osugawa pour s’approprier ses bijoux.



Mais les deux hommes sont malins et savent le détective à leur trousse aussi vont-ils tout faire pour lui échapper ou le neutraliser…



José Moselli ne prend pas la peine d’introduire son personnage, de le dépeindre lentement, de lui offrir une histoire, un passé… il entre directement dans le vif du sujet dès les premiers mots.



À peine propose-t-il aux lecteurs un encart pour expliquer la situation :



Iko Terouka, bien qu’il soit le premier policier du monde, est peu connu en France. Cela tient à ce que ses principaux exploits ont été accomplis en Extrême-Orient. Il a fallu l’affaire de la bande des O, qui obligea Iko Terouka à venir dans notre pays, pour faire parler de lui. Et encore, on en parla peu. Iko Terouka n’aime pas qu’on parle de lui ; personne, d’ailleurs, ne peut se flatter de connaître sa véritable physionomie. Tantôt, le « démon jaune » – ainsi que l’ont surnommé les Japonais, à l’aspect d’un mendiant ; le lendemain, il est transformé en grand seigneur ou en mécanicien de chemin de fer… à moins que ce ne soit en jeune fille. Sa lutte avec le terrible Friedrich Spied, qui l’obligea à faire le tour du monde et accomplir des prouesses prodigieuses, lui valut d’être décoré du Chrysanthème d’or par le gouvernement japonais. Nos lecteurs verront que cette récompense fut amplement méritée. Mais, commençons par le commencement !



On n’en saura pas plus sur la bande des O, ni sur la jeunesse de Terouka, les raisons qui l’ont poussé à devenir détective. Tout ce que l’on apprendra d’Iko Terouka, ce sont ses aptitudes hors normes qui en font un grand détective.



Car Iko Terouka, parle toutes les langues (ou presque) connaît tous les pays, les coutumes… il maîtrise le Jiu-Jitsu, est fort, courageux, honnête, intelligent, résistant, dur au mal, court vite, fait preuve d’agilité, nage très bien, est persévérant, perspicace et, surtout, comme tout bon héros, a beaucoup de chance…



L’histoire débute par l’assassinat du Marquis de Jermier et du vol de ses bijoux. Son intendant, Gormas, est accusé et arrêté pour ce crime. Il faut dire que tout l’incrimine. C’est son fusil qui a servi à tuer la victime, Gormas n’a pas d’alibi, prétendant qu’on lui avait donné un rendez-vous au moment du meurtre, mais que personne n’est venu…



Iko Terouka se rend alors chez le juge Mercier pour lui dire qu’il fait une erreur. Il est à la poursuite des assassins du comte Osugawa et cette chasse la conduite dans le coin. En lisant l’affaire de l’assassinat du marquis de Jermier dans les journaux, il a deviné l’innocence de Gormas que tout accuse. Le juge l’incite alors à enquêter.



Bientôt, un second Iko Terouka se pointe chez le juge Mercier, pour les mêmes raisons… et c’est le début d’une course-poursuite entre Iko Terouka et Kleinbote et Spieder. Chasse qui se poursuivra sur plus de 38 000 mots, à travers la France et l’Afrique du Nord. Sur terre, sur la mer et dans le désert…



Chacun croira avoir distancé l’autre… chacun pensera s’être débarrassé de l’autre… et, à chaque fois, la poursuite reprendra.



Cette première aventure ne fait pas dans la dentelle, ce n’était d’ailleurs pas l’intention de l’auteur. Car José Moselli sort les grosses ficelles pour rythmer ses récits. Déguisements multiples, pièges, chance, hasard… tout y passe.



Iko Terouka est capturé par Spieder, mais il s’échappe. Spieder est arrêté par Terouka, et c’est la grande évasion…



Les coups de feu, de poignard, les explosions, les poisons… tout est bon pour se débarrasser du détective.



La chance, les connaissances médicales, l’art des fakirs, rien n’est de trop pour contrecarrer les attentats de l’ennemi…



Et cette poursuite incessante ne s’arrête que pour mieux reprendre.



Certes, l’auteur ne fait pas dans la subtilité, mais il livre aux lecteurs ce qu’ils attendent de lui, des aventures trépidantes et dépaysantes.



Le lecteur aura ainsi le droit à des personnages de paysans, d’anglais opulents, de Bédouins, de gendarmes… des voyages en voiture, en train, en paquebot, à dos de chameau… il visitera les campagnes françaises comme les déserts Égyptiens… Et, quand il croira que l’aventure s’arrête, elle reprendra de plus belle.



Un peu naïf, comme littérature, pour les lecteurs d’aujourd’hui, certes, mais c’est aussi ce qui fait le charme du personnage, de la série, de José Moselli.



Et, on pourra également prendre les aventures d’IKo Terouka comme pierre d’achoppement de la série qui naîtra quand celle-ci arrivera proche de son terme, en 1935, pour le compte du magazine « Le Cri-Cri » : « M. Dupont détective ».



Cette nouvelle série reprendra les codes de la première en proposant un détective qui voyage à travers le monde pour ses enquêtes, qui est le roi du déguisement, qui est fort, courageux, perspicace… mais en y apportant quelques nouveautés qui feront tout son charme : un héros un peu plus atypique avec son physique et son attitude de fonctionnaire et le fait qu’il soit épaulé par son jeune valet noir…



« M. Dupont détective », moins naïf dans son développement et son style mais tout aussi trépidant dans son rythme et son dépaysement n’aura alors pour seul défaut que sa concision puisqu’elle ne s’étalera que sur un an et demi et proposera seulement 6 enquêtes.



Au final, les aventures d’Iko Terouka peuvent souffrir d’une naïveté propre à son époque (accentuée par le fait que ce qui était moderne est devenu archaïque), mais font preuve d’un dynamisme et d’un rythme continuel tout en faisant voyager à travers le monde du début du siècle dernier.
Commenter  J’apprécie          30
Browning & Cie, détectives, tome 5 : L'affair..

Écrire des chroniques littéraires, c’est sympa, cela peut permettre à des lecteurs de découvrir des auteurs, des personnages… mais quand on parle souvent de mêmes auteurs (pour peu que lesdits auteurs aient beaucoup écrit) alors, vient une difficulté, présenter l’écrivain à ceux qui n’ont pas lu mes critiques sur ses autres textes sans lasser ceux qui suivent toutes mes chroniques (je sais qu’il n’en existe pas, mais cela me fait plaisir de le croire).



Et, comme il existe plusieurs auteurs dont je parle régulièrement (Marcel Priollet, Henry Musnik, H. J. Magog, Rodolphe Bringer…) cet écueil revient avec la régularité du pendule d’Edgar Alan Poe (bien moins sympathique que celui de Foucault – le physicien, pas l’animateur Télévision).



Ce sera une nouvelle fois le cas avec mon auteur fétiche (fétiche, car j’apprécie ses textes, parce qu’il a beaucoup écrit, qu’il a développé plusieurs personnages récurrents et que c’est la femme de ma vie qui me l’a fait connaître)…



Et cet écrivain… sans livre, tel qu’il fut surnommé, n’est autre que José Moselli, ici présent sous le pseudonyme de Jacques Mahan.



José Moselli, né en 1882 et mort en 1941 est un homme d’aventures… car il fugua de chez lui à 13 ans pour s’embarquer comme mousse sur un bateau, et qu’il navigua sur les mers du monde, dans cette carrière, comme dans celle qu’il suivit dans la Marine marchande par la suite.



C’est en voulant se stabiliser qu’il se mit à écrire… d’abord comme journaliste pour des chroniques maritimes puis comme auteur en écrivant des contes puis des romans-feuilletons pour le compte des éditions Rouff (pour lesquels il travailla quasi exclusivement).



Son expérience lui servit à développer des histoires dépaysantes se déroulant dans le monde entier et ses personnages, du moins ceux de sa production policière, celle qui m’attire le plus, ne cessèrent d’exercer sur les cinq continents, dans les pays les plus exotiques…



Ce fut le cas de John Strobbins et le baron Stromboli, des cambrioleurs, mais plus encore de M. Dupont, un détective français, Iko Terouka, un détective japonais et le duo qui nous concerne aujourd’hui : Tom Browning et Césaire Rabascasse, un détective américain et un bordelais, les membres de l’agence Browning et C°.



« L’affaire Hornux » est la 5e enquête du tandem.



Que de succès et d’aventures pour notre duo hétéroclite de détective. Après avoir résolu l’affaire du sceptre du Roi Snofrou, les voilà qui déménagent à nouveau pour s’installer dans de bureaux plus grands, plus luxueux, embauchant du personnel et affirmant qu’ils ne travailleront plus à moins d’une prime mirobolante.



C’est le moment que choisit Annette Miron, une jeune femme éplorée : son fiancé est accusé de la tentative de meurtre de l’ingénieur Hornux, retrouvé chez lui poignardé, après une dispute avec le jeune homme. Chose étrange, ce dernier, rentré chez lui, a reçu une lettre lui apprenant, soi-disant, l’agression et l’engageant à fuir, car il allait se retrouver accusé. Mais, en se rendant au commissariat pour montrer ladite lettre, son contenu s’était mystérieusement effacé. Aussi, le jeune homme est parti se cacher chez l’oncle de sa fiancée.



Gros problème, la jeune fille est pauvre et ne peut assurer qu’une prime de quelques francs. Qu’à cela ne tienne, Rabascasse accepte de résoudre l’affaire gracieusement.



Voilà nos deux détectives sur le pied de guerre pour découvrir qui a tenté de tuer l’ingénieur et pourquoi ce dernier s’évertue à accuser le jeune homme…



Enquête un peu particulière, celle-là, qui diffère légèrement des précédentes pour plusieurs raisons.



La première est que, pour la première fois, l’agence est renommée « Browning et Rabascasse » mettant enfin en valeur le bordelais Césaire Rabascasse qui, jusqu’ici, faisait tout le boulot, sauvait la vie de son collègue et, pourtant, n’apparaissait pas dans la dénomination de l’agence.



Particulière parce que, paradoxalement à ce qui vient d’être dit, c’est presque Tom Browning qui devient le héros de cette aventure alors que, d’ordinaire, il se contentait de se faire kidnapper par l’ennemi, attendant que Rabascasse vienne le sauver.



En effet, non seulement Browning est enthousiaste à prendre l’affaire (même s’il a boudé au départ) et presque sur la même longueur d’onde que le bordelais (alors qu’il le contredit sans cesse d’habitude) et c’est lui qui va se lancer, le plus fougueusement, dans l’aventure et qui va voyager (en Espagne) alors que Rabascasse lui, aura un rôle, au départ, moins prépondérant, même si… vous le découvrirez en lisant cet épisode.



Pour autant, si l’enquête est un peu particulière, elle regroupe les éléments qui ont fait le sel des précédents même si ceux-ci sont moins extravagants et plus mesurés.



Effectivement, cette aventure est moins rocambolesque, les dangers moins périlleux, l’ennemi moins machiavélique, l’enjeu moins élevé et, même le voyage est moins ambitieux, car, au lieu de se rendre en Afrique du Sud, en Amérique du Sud ou je ne sais où, le lecteur n’aura le droit qu’à un court périple vers Madrid (ce qui est déjà pas mal).



Même la taille du récit est moindre puisqu’il peine à atteindre 16 000 mots, ce qui en fait le texte le plus concis depuis le début de la série.



Pour autant, ce manque d’ampleur sied parfaitement à l’épisode, aux personnages et, je pense, aussi aux lecteurs qu’un déferlement de péripéties extravagantes, d’exotisme exacerbé, pouvait finir par lasser.



Le fait que l’action des deux personnages s’équilibre un peu, bien que toujours à l’avantage de Rabascasse, est aussi un plus pour cet épisode.



Enfin, découvrir les talents et qualités de Tom Browning alors que, jusqu’alors, il ne nous avait réservé que ses défauts, fait tout de même plaisir.



La plume de José Moselli se montre toujours alerte et appréciable malgré la simplicité apparente de celle-ci. Un peu de bonne humeur plane enfin sur les protagonistes. Mais tout cela ne semble être qu’un interlude, car, très vite, la prochaine enquête se profile, emportant nos deux amis dans des contrées lointaines regorgeant de dangers et d’aventures…



Au final, une petite enquête reposante (toute proportion gardée) pour nos deux héros, mais aussi pour les lecteurs, avant de repartir de plus belle vers l’aventure.
Commenter  J’apprécie          30
Browning & Cie, détectives, tome 4 : Le scept..

José Moselli (1882 - 1941), est-il encore besoin de le préciser, était un auteur de littérature populaire dont la majeure partie de la production fut destinée à des magazines jeunesses des éditions Rouff (« Cri-Cri », « Le Petit Illustré », « L’Inédit », le « Pêle-Mêle »…)… ce qui lui valu le surnom de « Écrivain sans livre »…



Ce statut explique en partie que l’auteur soit, de nos jours, totalement méconnu du grand public, celui-ci ne pouvant avoir accès à son œuvre, à part de très rares rééditions de textes comme « La Fin d’Illa ».



Que sont devenus tous les héros créés par José Moselli, sous son nom ou sous pseudonymes (Jacques Mahan, par exemple) dont les aventures s’étalaient sur des dizaines, voire des centaines de magazines à raison d’une page ou deux par semaine ???



Certains, comme John Strobbins ou le baron Stromboli (des voleurs), Marcel Dunot, le boxeur aventurier, Jean Flair, le jeune policier et quelques autres ont eu la chance que certaines de leurs aventures furent regroupées dans des recueils pour gonfler la « Collection d’Aventures » de l’éditeur Rouff. Ces rééditions, encore trouvables chez les bouquinistes, permettent encore de découvrir ces personnages.



Mais d’autres, comme les détectives M. Dupont, le Club des Trois, Iko Terouka ou Browning et C° étaient, jusqu’à très récemment, demeurés dans les limbes de la littérature populaire et des magazines de l’époque.



La tâche immense de regrouper les centaines (milliers) de magazines afin de collecter les textes de ces aventures, avait rebuté tous les éditeurs et les passionnés jusqu’à très récemment.



Car, depuis quelques mois, les lecteurs, grâce à OXYMORON Éditions, après de longues recherches et fortement aidé par un collectionneur généreux des magazines Rouff, ont pu découvrir les enquêtes de M. Dupont, détective, puis, les premières enquêtes du détective japonais Iko Terouka.



Depuis peu, c’est au tour d’un duo de détectives (duo ?), Tom Browning et Césaire Rabascasse, de revenir sur le devant de la scène.



« Browning et C° », la série signée sous le pseudonyme Jacques Mahan, fut publiée entre 1922 et 1935 sur plus de 600 numéros du magazine « Cri-Cri » et est composée d’un certain nombre (je donnerai le chiffre exact après avoir épluché tous les textes) d’enquêtes indépendantes, comme ce fut le cas avec les autres séries de l’auteur.



« Le sceptre du Roi Snofrou » est la 4e aventure du tandem (tandem ?).



Pas le temps de se reposer du voyage en enfer en Afrique du Sud que, à peine arrivés à Marseille, est transmis un message à Browning et Rabascasse les appelant d’urgence au Caire.



La police locale est dépassée, des morts étranges surviennent dans les environs depuis quelques jours, sans que la cause de la mort puisse être découverte. Le chef de la police craint qu’un groupuscule cherche à déstabiliser l’hégémonie anglaise…



Browning et Rabascasse acceptent l’affaire et chacun part de son côté pour mener son enquête.



Browning jouera les riches Américains se pavanant dans les palaces et clamant qu’il cherche à acheter des antiquités sans rechigner pendant que Rabascasse, lui écumera les bas-fonds de la ville.



Ce dernier ne tarde pas à rencontrer quelques filous grecs en qui il voit de bonnes têtes de vainqueur.



Cette fois, c’est certain, Tom Browning est un boulet.



Depuis le début de la série, l’américain ayant des airs, physiques, de Sherlock Holmes, ne cesse de se fourvoyer et de se faire kidnapper, laissant tout le boulot à Rabascasse qui, en plus, devra lui sauver la peau.



C’est une nouvelle fois le cas dans ce quatrième épisode de 26 000 mots dans lequel Rabascasse va encore plus souffrir que dans les précédents (si, si, c’est possible !).



Cette fois, rien ne lui sera épargné et il devra combattre une horde de fourmis rouges voraces, des singes enragés, des serpents et même un requin. Il sera jeté dans des caves, rampera dans les égouts, dans les dédales de tunnels sous les pyramides, plongé en pleine mer…



Pour ce faire, il prendra plusieurs fois le paquebot, le train, le tram, il marchera, courra, nagera, rampera… Raaa, quel courage, quelle abnégation, quelle persévérance et, surtout, quelle endurance. Pourtant, Rabascasse ne paie pas de mine avec son physique un peu lourdaud et son air débonnaire.



Cette fois, les deux amis (??) vont faire la connaissance de l’Égypte, de ses pyramides, pour partir à la recherche du sceptre du Roi Snofrou.



Dépaysement assuré, José Moselli continue à faire voyager les lecteurs dans le monde entier, à leur faire connaître les endroits les moins touristiques des pays.



La recette est donc la même que pour les autres épisodes et les autres séries du genre : action, réaction, rebondissement, dangers, voyages, combats, poursuites…



Mais il faut bien avouer que si, jusque-là, Browning se révélait au mieux inefficace, au pire un élément déclencheur de dangers supplémentaires, il devient, là, tout spécialement dans la scène des tunnels des pyramides, assez insupportable, voire odieux, envers son associé qui, pourtant, une nouvelle fois risque sa vie pour sauver la sienne.



José Moselli venge-t-il Watson de Holmes à travers ces aventures (c’est une hypothèse toute personnelle due, principalement, aux physiques des deux héros) ou bien est une volonté de faire entre en contradiction le physique des personnages avec leur rôle ?



Toujours est-il que Browning demeure absent la plupart du temps dans cet épisode comme dans les précédents.



Qui apprécie les récits mouvementés, rythmés et dépaysants de l’auteur ne pourra donc qu’apprécier les aventures de Browning et C° même si, sur le long terme, en enchaînant les épisodes, la lecture risque d’être redondante bien que le changement d’ambiance, de pays, de populations et de dangers permet un renouvellement suffisant pour ne pas lasser pour l’instant.



Au final, bah ! comme les précédents épisodes. Ceux qui ont aimés aimeront, ceux qui ont détesté (sont difficiles) détesteront..
Commenter  J’apprécie          30
La corde d'acier

Bonjour Bon samedi à tous,

Dans le cadre des opérations Opération Bol d'air, où un livre électronique est offert chaque jour du confinement, j'ai découvert José Moselli un auteur de polar et de science fiction du début du 20eme siècle, grâce à la nouvelle " La corde d'acier". Un polar des années 20 mêlant enquête policière et phénomènes inexplicables. Il y a plusieurs de ses ouvrages en version électronique gratuitement accessibles sur des sites commerciaux. Je pense que je vais lire d'autres titres de cet auteur.

Quatrième de couv.Un célèbre avocat d'affaires vient de disparaître dans le Paris des années 20s. Cette disparition est rapidement suivie de quelques autres. Les disparus seront retrouvés morts bien loin de Paris, une corde d'acier autour de la cheville. La police n'arrive pas à trouver une explication dans cette affaire...
Commenter  J’apprécie          30
La corde d'acier

Plutôt qu'un roman, c'est une nouvelle complètement loufoque que voici, sous l'oeil d'une sorte de polar à l'ancienne. le récit est très agréable à lire, et bien sûr si selon même l'auteur, "le vrai peut quelquefois n'être pas vraisemblable", on a hâte de connaître le fin mot de l'histoire, que quelques-uns peut-être (comme moi), aurait un peu deviné... Bonne lecture!
Commenter  J’apprécie          30
Iko Terouka, tome 1 : La jonque disparue

Iko Terouka, le célèbre détective japonais : Comme le laisse entendre le titre, Iko Terouka est un détective, il est japonais et, en plus, il est célèbre. L’homme parcourt le monde pour résoudre les plus intrigantes affaires, affronte les pires dangers, mais finit toujours par s’en sortir et par arrêter les méchants.



José Moselli nous propose une nouvelle fois du roman policier d’aventures comme il sait si bien en écrire. D’ailleurs, les lecteurs de la série « M. Dupont, détective », du même auteur, ne seront pas dépaysés (malgré les voyages incessants), car les deux séries sont très proches dans l’esprit et dans le style.



Les deux détectives sont intelligents, courageux, pugnaces, voyageurs, intrépides, ont un physique qui n’impressionne pas, mais sont doués d’une force rare, d’une agilité certaine et savent se battre.



La principale différence réside dans le fait qu’Iko Terouka travaille seul là où M. Dupont est aidé par le jeune noir Koufo. Aussi, si le second peut parfois compter sur son collègue pour le sortir d’ennui, Iko Terouka, lui, ne pourra compter que sur sa chance et son intelligence.



L’autre différence se trouve dans la taille des épisodes. Pour « M. Dupont, détective », José Moselli répartit chaque histoire sur 40 à 50 épisodes (entre 20 000 mots et 30 000 mots). Alors que pour « Iko Terouka » les épisodes varient grandement de tailles allant de moins de 10 épisodes à plus de 30 (5 000 mots à plus de 20 000).



Au final, voilà une série dans la pure veine des séries écrites par José Moselli et dont on retrouvera l’esprit et le style quelques années plus tard dans « Monsieur Dupont, détective ». Du bon roman policier d’aventures comme l’auteur savait si bien en écrire.
Commenter  J’apprécie          30
La Brigade des 5, tome 4 : Les années 30

Poursuivons notre voyage dans la littérature populaire avec la collection « La Brigade des 5 » et son quatrième volume consacré aux années 1930.



Pour rappel, la collection « La Brigade des 5 » propose des recueils contenant 5 récits autour de 5 personnages récurrents de la littérature populaire.



Après s’être concentré sur les premiers enquêteurs ou criminels de cette paralittérature, des personnages tous issus de pays anglo-saxons (Sherlock Holmes, Arthur J. Raffles, Le vieil homme dans le coin, La Machine à Penser ou encore Nick Carter), puis sur les premiers récurrents issus de la plume d’auteurs français (Arsène Lupin, Toto Fouinard, Allan Dickson, Florac et La Glu ou encore Marc Jordan), la collection traverse les décennies en commençant par les années 20, celle qui a vu l’émergence du format fasciculaire notamment avec la collection « Le Roman Policier » des éditions Ferenczi qui, entre 1916 et 1927 proposa plus de 200 titres à ses lecteurs.



Après avoir mis en avant cette décennie fondatrice de la littérature populaire policière fasciculaire, « La Brigade des 5 » dévoile, maintenant les années 1930.



Et c’est au travers de diverses collections, divers médias, divers éditeurs que le lecteur va faire la découverte des années 30.



C’est Marius Pégomas, le détective marseillais de Pierre Yrondy qui ouvre le bal.



Ce personnage fantasque vécut plus d’une trentaine d’aventures réunie dans une collection éponyme publiée en 1936.



Pierre Yrondy est un auteur énigmatique même si on trouve des informations sur son Wikipédia, mais des informations qui me semblent bien erronées et proviennent probablement d’un homonyme.



Les aventures de Marius Pégomas se révèlent drôles et sont absolument à découvrir.



Rien d’étonnant qu’un des « Brigadiers » provienne d’une collection des éditions Ferenczi : « Police et Mystère », une collection de fascicules de 64 pages dont une bonne partie des premiers titres sont des rééditions allongées de récits de la collection « Le Roman Policier » du même éditeur.



Et ce deuxième héros sera donc l’inspecteur Girard, d’André Charpentier, dont une bonne partie des aventures furent publiées dans les collections « Police et Mystère » et « Police ».



Si le personnage n’est pas très développé, la faute à la concision des récits, il est par contre très souvent confronté à des crimes très mystérieux, voire impossibles, avec quelques crimes en chambre close.



André Charpentier, lui, était un journaliste écrivain, spécialisé dans les récits fasculaires policiers et les récits jeunesse. On lui doit également « Le disciple de Loufock Holmes », un hommage au personnage de Cami.



Vient ensuite un enquêteur protéiforme : l’inspecteur Grey d’Alfred Gragnon. Ce policier débuta sur les planches, dans une pièce écrite par Alfred Gragnon, puis dans plusieurs adaptations cinématographiques, avant de le retrouver dans de courtes enquêtes dans un magazine jeunesse (d’où est tiré le récit proposé) avant de revenir sur les planches (la pièce de théâtre est encore régulièrement jouée de nos jours).



Restons dans les magazines pour découvrir M. Dupont, un détective né de la plume de José Moselli, un auteur dont l’entièreté de l’immense production fut destinée à des magazines jeunesse.



L’enquête proposée permet aux lecteurs de découvrir M. Dupont, mais aussi la plume de Moselli.



Et, pour finir, c’est un autre détective, mais un détective particulier puisqu’il est aussi radiesthésiste. C’est Claude Prince, né de la plume de l’écrivain Marcel Priollet.



Marcel Priollet fut également un écrivain prolifique de la littérature fasciculaire principalement policière, mais aussi sentimentale.



Quant à Claude Prince, la concision des récits fait que son don lui sert plus à résoudre rapidement ses enquêtes qu’à autre chose.



Voilà pour les années 1930.



Au final, un volume qui tente d’être représentatif de tous les divers supports qui permettaient à l’époque aux lecteurs de lire de courts récits.
Commenter  J’apprécie          20
La Brigade des 5, tome 3 : Les années 20

Poursuivons notre voyage dans la littérature populaire avec la collection « La Brigade des 5 » et son troisième volume consacré aux années 1920.



Pour rappel, la collection « La Brigade des 5 » propose des recueils contenant 5 récits autour de 5 personnages récurrents de la littérature populaire.



Après s’être concentré sur les premiers enquêteurs ou criminels de cette paralittérature, des personnages tous issus de pays anglo-saxons (Sherlock Holmes, Arthur J. Raffles, Le vieil homme dans le coin, La Machine à Penser ou encore Nick Carter), puis sur les premiers récurrents issus de la plume d’auteurs français (Arsène Lupin, Toto Fouinard, Allan Dickson, Florac et La Glu ou encore Marc Jordan), voilà que la collection décide de traverser les décennies en commençant par les années 20, celle qui a vu l’émergence du format fasciculaire notamment avec la collection « Le Roman Policier » des éditions Ferenczi qui, entre 1916 et 1927 proposa plus de 200 titres à ses lecteurs.



Ce sont donc en majorité des personnages issus de cette collection qui compose la Brigade des 5 de ce troisième volume.



On y retrouve le commissaire Rosic dans « Le crime du mort ».



Si Rosic fait son apparition dans la première décennie du XXe siècle, avec « Le poignard de Cristal », publié en 1917 dans cette fameuse collection et qu’on le retrouve jusqu’au début des années 40, c’est bien dans les années 20, en 1920, qu’est publié le titre choisi.



Je ne reviendrai pas sur la plume de Rodolphe Bringer, que j’ai souvent abordé, ni même sur le commissaire Rosic qui est un des personnages les plus protéiformes de la littérature populaire puisqu’on ne sait jamais si celui-ci va être le héros de l’histoire ou bien le dindon de la farce, s’il va apparaître dès le début de l’histoire ou bien à la fin, bref, on ne sait jamais à quelle sauce le personnage va être cuisiné par son auteur.



Toujours dans les années 20, donc, c’est au tour de l’inspecteur principal Poncet d’Henry de Golen de faire son apparition.



L’inspecteur Poncet vécu une courte carrière littéraire puisqu’il n’est présent que dans six titres et si ses aventures sont symptomatiques, dans le style et dans la plume de ce qui se faisait à l’époque, on ne peut pas dire qu’il ait marqué la littérature populaire, pas plus, d’ailleurs, que son auteur, ce qui est bien dommage, car il prouva, sur certains titres, qu’il était capable de proposer des récits fort intéressants.



Un autre personnage méconnu de la littérature fasciculaire (comme presque tous les personnages, d’ailleurs) : Luc Hardy, le détective millionnaire, né de la plume du prolifique Paul Dargens (Paul Salmon).



On retrouve le personnage presque une trentaine de fois dans la fameuse collection « Le Roman Policier ».



Là encore, le genre et le style sont très représentatifs de ce qui se faisait dans les années 1920, où le récit policier tirait encore plus vers les genres aventures et actions que vers celui de l’investigation à proprement parler.



Puis c’est au tour de Iko Terouka de pointer son nez.



Le détective japonais est né de la plume de José Moselli (dont je vous ai également beaucoup parlé) et vécu de nombreuses enquêtes publiées entre 1919 et 1935 sous forme de feuilleton dans un magazine jeunesse.



On retrouve dans les aventures d’Iko Terouka tout ce qui faisait la plume de son auteur : de l’action, de l’aventure, du dépaysement, des voyages à travers le monde… José Moselli faisait voyager ses lecteurs, leur offrant, à travers ses récits, des descriptions de pays, de peuples, de traditions…



C’est le détective américain Paddy Wellgone qui clôt ce volume.



Bien qu’américain, c’est en France que le personnage sévit et, en plus, sous l’impulsion d’un auteur français : H.-J. Magog.



À l’instar du commissaire Rosic, Paddy Wellgone apparaît dans les années 1910, en 1912, dans un roman publié sous forme de feuilleton dans un journal : « L’énigme de la malle rouge ».



Si Paddy Wellgone n’est alors pas le personnage principal de cet excellent roman, il le deviendra dans divers récits fasciculaires publiés en partie dans la mythique collection « Le Roman Policier » des éditions Ferenczi.



Malheureusement, là où le premier roman se montrait à la fois ambitieux, presque novateur dans son style, les récits fasciculaires, eux, s’inscrivent un peu trop dans le genre et le style un peu désuets des années 1920…



Voilà pour les années 1920.



Au final, un recueil très représentatif de ce qui se faisait dans la littérature populaire policière des années 1920, se concentrant sur la mythique collection « Le Roman Policier » des éditions, l’une des premières du genre en France, celle illustrée magistralement par Gil Baer.
Commenter  J’apprécie          20
La fin d'Illa



J’ai été assez happé par cette histoire. Le style est peut-être un peu vieillot mais cadre bien avec une civilisation mystérieuse…

On vit une véritable épopée, un roman d’aventure, somme toute, dans lequel il y a des rebondissements toutes les deux pages et le plus souvent, auxquels je ne m’attendais pas…

Si on a peu d’empathie pour les personnages, à cause principale d’un style descriptif assez analytique, ça reste bien plaisant à suivre.

Ce côté descriptif froid a l’avantage de son inconvénient : de nombreuses fois, les descriptions des technologies ou des machines, couloirs et corridors, précis dans la forme, la dimension en mètres, circonférences ou autre, est un peu pesant. Mais d’un autre côté, ça renforce grandement la crédibilité du récit.

Bien agréable au final.



Commenter  J’apprécie          20
John Strobbins, tome 1 : L'évasion mystérieuse

Per qualche bizzarro motivo che non sono certa di essere in grado di afferrare, nonostante morti e violenze varie, la lettura è stata piuttosto divertente.



Questo John Strobbins, détective-cabrioleur, mi ricorda piuttosto un Jesse James con molti più scrupoli di coscienza nel versare sangue. Chissà, forse dipende dal fatto che è americano (ma è davvero americano?), o dal fatto che se ne vanno in giro tutti con il revolver in tasca (perfino quelli in abito da sera!).



Di fatto, dà più l’idea di essere un bandito ben organizzato, al contrario di uno svaligiatore professionista. Però ha il suo fascino.
Commenter  J’apprécie          20
Le baron Stromboli, tome 1 : Le baron Strom..

Dans ces deux très courtes aventures, José Moselli présente son personnage. D'abord comment il devint le baron Stromboli, titre dérobé par la ruse ainsi qu'il dérobera argent et valeurs par la suite. Puis, comment il défia un puissant prince russe, lui pariant qu'il parviendrait à voler une très grosse émeraude appartenant à la famille du prince depuis des siècles.



José Moselli, né Joseph Moselli (1882-1941) fut comme beaucoup d'écrivains populaires de ces années-là, prolixe dans beaucoup de genres, surtout le policier, l'aventure et la SF. Il a de différent des nombreux autres qu'il a eu une vie pas banale dans la marine marchande avant de se lancer dans l'écriture. Contrairement à d'autres (Georges Simenon, Frédéric Dard, Léo Malet), il rata la parution de ses œuvres en livres et resta feuilletoniste surnommé "l'écrivain sans livre", oublié petit-à-petit.



Son baron Stromboli ressemble au célèbre gentleman cambrioleur Arsène Lupin dont il est contemporain, puisque ses aventures sont écrites en 1912/1913. Mince et élancé, capable de se fondre dans tous les milieux et de défis incroyables et irréalisables sauf par lui. Bien tournées, bien trouvées, bien qu'un peu courtes ces deux aventures se suivent très agréablement et laissent présager un héros que l'on aura plaisir à retrouver. Et même dans ce format court, José Moselli, ne dédaigne pas quelque description de paysage ou de l'escadre poméranienne, "les gigantesques cuirassés, tout blancs, sans une tache, [qui] élevaient vers le ciel les cimes parallèles de leurs mâts d'acier et le panache roux des fumées de leurs chaudières."
Commenter  J’apprécie          21
Jean Flair

On ne dira jamais combien José Moselli a écrit, combien José Moselli a charmé des générations de lecteurs et combien José Moselli est injustement tombé dans l’anonymat dont tente de le sortir OXYMORON Éditions en rééditant nombres de ses textes.



Malheureusement, l’anonymat de OXYMORON Éditions n’aide pas à cette tentative de reconnaissance qui ne peut venir que des lecteurs.



Car José Moselli fut l’un des grands piliers de la littérature populaire pour laquelle il œuvra pendant 30 ans.



Mais, comme sa production ne fût destinée qu’aux magazines et journaux de son époque (au point qu’il fût surnommé « L’écrivain sans livre »), il ne reste que peu de traces de son œuvre, si ce n’est quelques rééditions papier et numérique de quelques textes de science-fiction.



Mais, si José Moselli œuvra dans le genre « science-fiction », une très large partie de son immense bibliographie fut concentrée sur un autre genre : « Policier ».



José Moselli, dès 1910, proposa un nombre presque incalculable de séries et feuilletons que les lecteurs de jadis pouvaient, pour souvent, découvrir à raison d’une page par semaine de textes illustrés de bandes de dessins sur parfois plus d’une dizaine d’années.



Si OXYMORON Éditions propose désormais de redécouvrir ses séries policières les plus « reconnues » (« John Strobbins », « M. Dupont détective », « Iko Terouka ») il ne faut pas oublier que l’auteur débuta sa carrière par une toute première série policière : « Les aventures fantastiques d’un jeune policier ».



Cette série, écrite en collaboration avec G. Dam, débute le 23 mars 1909 dans le magazine n° 253 du « Le Petit Illustré », un magazine jeunesse (la plupart de la production de l’auteur était destinée à la jeunesse, un lectorat avide de lectures et d’aventures) et fut publiée jusqu’au n° 445 dudit magazine, le 1er janvier 1917.



Elle sera rééditée en deux vagues dans la « Collection d’aventures » des éditions d’Offenstadt, d’abord du n° 44, le 1er mars 1917 au n° 49, le 9 mai 1917, puis, du n° 226 au n° 230.



Si la première salve se concentre sur l’aspect policier, avec des enquêtes, la seconde, elle, semble se concentrer plus sur les activités de Jean Flair durant la guerre, donc, prenant probablement plus un aspect action et espionnage.



L’auteur nous conte les aventures de Jean Flair, un jeune homme injustement accusé du meurtre de son patron et qui va, non seulement, prouver son innocence, mais décider, dès sa libération, de trouver le coupable.



Il sera alors fait policier et se lancera dans diverses enquêtes.



Les diverses enquêtes seront assez courtes, du moins, dans un premier temps (je n’ai pas lu toute la série) et l’enquête liminaire n’atteint même pas 8 000 mots, ce qui correspond à un tout petit fascicule de 32 pages.



C’est dire que l’intrigue ne sera pas réellement au cœur des enquêtes, celles-ci se concentrant plutôt sur l’aventure, comme énormément de séries policières de l’époque et même de bien plus tard et comme la majorité de la production de José Moselli.



Bien que Jean Flair soit intelligent, du moins, d’après son auteur, ses enquêtes se résolvent bien souvent grâce au hasard et à la chance... beaucoup trop, même.



Toute première expérience littéraire d’un auteur qui passa sa jeunesse sur les mers du globe en tant que mousse puis Officier de Marine Marchande.



Si les autres séries citées plus haut font une belle part au voyage (les héros œuvrant dans toutes les parties du globe), « Jean Flair », du moins, dans un premier temps, se contente de travailler dans l’hexagone (il voyagera au moins par la suite en raison de la guerre).



Bien sûr, on sent déjà dans cette œuvre liminaire, les éléments qui nourriront les séries à venir : un peu de policier, beaucoup d’action, du hasard, de l’intrépidité, de la chance, des vilains méchants et un héros courageux et généreux.



Pourtant, le dosage n’est pas encore ajusté et la plume pas encore aguerrie.



On sent à la lecture des premiers épisodes que l’auteur ne maîtrise encore pas sa narration, sa plume et, encore moins, le parfait dosage entre rocambolesque et l’exagéré.



Car Jean Flair, bien qu’annoncé comme intelligent et perspicace se révèle au contraire bien naïf, imprudent, voire, stupide. Au point que dans le tout premier épisode, malgré sa concision, dans des conditions similaires, l’acteur de l’action serait déjà mort plusieurs fois. Mais, à chaque fois, Jean Flair est sauvé par l’intervention du hasard... d’une chance inconcevable.



Ainsi, la scène du « Moulin de la peur » est significative de cette naïveté de l’auteur.



Jean Flair, à la poursuite de la bande de malfrats, parvient à trouver leur repaire : un moulin qui a récemment vécu une scène d’horreur : le meunier a retrouvé sa femme et son fils pendus aux ailes du moulin.



Alors qu’après une nouvelle imprudence, Jean Flair est tombé aux mains des méchants, ceux-ci le pendent à l’aile du moulin et l’un des vilains s’apprête à le décapiter au sabre. Mais Jean Flair avait l’habitude, étant jeune, de se pendre avec ses amis, pour savoir qui résisterait le plus (ils avaient des jeux à la con à l’époque) et parvient à éviter l’étouffement et la perte de conscience jusqu’à ce que le bourreau amorce le geste funeste. Mais c’est à ce moment que le chef de la bande, pensant la chose faite, sort du moulin, ouvrant la porte qui pousse le bourreau qui rate son geste, coupant la corde au lieu de la tête de Jean Flair... la course du sabre terminant dans le torse du chef...



Et c’est ainsi pendant tout le début de la série.



Quand au style, les phrases manquent parfois un peu de liant, subissent des tournures quelque peu étranges...



Au final, si « Les aventures fantastiques d’un jeune policier » sont bien moins savoureuses que les séries plus récentes de l’auteur, elles semblent avoir été un brouillon sur lequel José Moselli s’est fortement appuyé pour les productions suivantes...
Commenter  J’apprécie          20
John Strobbins, tome 1 : L'évasion mystérieuse

John Strobbins doit purger une peine de prison de vingt ans pour vol à main armée, escroquerie et trafics divers. Il n’est pas quinze jours dans sa cellule qu’il disparaît mystérieusement et sans laisser la moindre trace… Un bijoutier présente à Strobbins une bague d’une valeur inestimable. Il suffit d’un moment d’inattention pour que celle-ci disparaisse… Cornélius Van der Snack, juge fédéral, rentre chez lui en train spécial quand il se retrouve face à face avec Strobbins et se retrouve délesté de son portefeuille et de sa montre… À l’occasion du mariage de Suzy Callaghan, fille du directeur de la Central American Line avec un gentilhomme français, le duc Henry-Jacques de Billancourt, la totalité des bijoux et des cadeaux de mariage sont présentés aux invités. Malgré tous les efforts de John Mollescott et d’une vingtaine de détectives, un diadème d’une valeur de cent mille dollars disparait…

« Une évasion mystérieuse » est le premier tome d’une réédition d’une série policière présentée sous forme de feuilleton dans le journal « L’Epatant » de 1911 à 1933. Il comporte quatre épisodes plutôt rocambolesques bien dans l’esprit de la belle Epoque et qui ont quand même assez mal vieilli. Les ficelles sont grosses comme des câbles. Les effets faciles et redondants. Et le héros, pâle démarque de Fantomas et d’Arsène Lupin, réussit tous ses tours de la plus improbable manière. En relisant ces textes depuis longtemps oubliés, et qui auraient aisément pu le rester, le lecteur réalise combien ses devanciers qui s’arrachaient le journal et se régalaient de ces historiettes tirées à la ligne pouvaient être naïfs et bon public. De nos jours, il en faut nettement plus dans la variété, l'originalité, l'action et même la psychologie. Les temps ont changé, la littérature aussi…
Lien : http://www.bernardviallet.fr
Commenter  J’apprécie          21
La momie rouge

José Moselli est un auteur populaire trop méconnu que j’ai déjà évoqué dans ma critique sur « John Strobbins ».



Mais, José Moselli, ne s’est pas contenté d’écrire des séries ou des feuilletons, il a également écrit des romans-feuilletons tel celui qui fait l’objet de cette chronique : « La momie rouge ».

« La momie rouge » est un roman-feuilleton publié dans le magazine « Le Pêle-Mêle » de 1925 en 33 épisodes.



Robert Madison, un jeune architecte sans le sou, est accusé du meurtre des policiers chargés de la surveillance de la momie rouge, la seule et unique momie découverte en Amérique, et du vol de celle-ci, ainsi que de la pierre de lune.



Il faut dire que tout accuse le jeune homme. Il a été repéré, de nombreuses fois, dans le musée abritant la momie. Ralph Gorse, le policier chargé de l’affaire, découvre, au pied du sarcophage, une pilule pour le cœur appartenant à l’architecte. Ce dernier est cocaïnomane et est incapable de fournir un alibi pour la nuit du crime...



Pour autant, la fiancée de l’accusé est persuadée de l’innocence de son amoureux et cherche à en convaincre le policier. Mais c’est le frère de lait de Robert Madison, un Canadien au tempérament décalé, qui finit par faire naître le doute dans l’esprit de Ralph Gorse.



Dès lors, l’un fera tout pour innocenter son frère et l’autre pour faire jaillir la vérité.



José Moselli a été un grand voyageur dans sa jeunesse et cela lui a probablement servi à nourrir sa plume et à nous proposer des histoires mouvementées.



Mais José Moselli n’est pas qu’un écrivain d’aventures, c’est aussi un écrivain à l’imagination fertile, comme nous l’a démontré sa production dans le genre « fantastique ». Mais, surtout, José Moselli avait un talent sûr pour proposer des personnages intéressants et attachants en leur insufflant une légère particularité.



Dans le cadre de « La momie rouge », le personnage qui prend le pas sur les autres est incontestablement Jules Givassier, alias « La Givasse », le frère de lait de l’accusé.



Outre le fait d’être canadien, ce qui n’a rien ni d’original ni de décalé, l’homme est surtout reconnaissable par un nez mauve et par un passé particulier durant lequel il pratiqua de nombreux métiers : chercheur d’or, vendeur de bois, crieur de journaux, acrobate, cireur, garde-freins, acrobate... laissant, dans chaque profession, un peu de lui.



Mais, « La Givasse » est surtout le personnage qui, par son côté décalé, apporte une touche d’humour à un récit qui en est, à la base, dénué.



Car, rien de drôle dans la détresse d’un innocent condamné, de ce cocaïnomane dont l’addiction est source de tous les malheurs. Rien de joyeux, non plus, dans la tristesse de cette jeune fiancée qui se sent impuissante face à l’injustice qui frappe son amoureux. Pas plus d’humour dans le personnage de Ralph Gorse, un policier dur à cuir, obtus, imbu de sa personne, mais qui œuvre uniquement pour la recherche de la vérité.



Non ! Seul Givassier apporte cette touche d’humour qui assure une plus-value à l’œuvre.



Car, même sans cet humour, « La momie rouge » n’est pas dénuée de qualité, bien au contraire.



Alors que les auteurs de romans policiers, actuels, et leurs lecteurs ne prêchent que pour le « Page Turner », le fameux livre à suspens qui pousse le lecteur à tourner page après page pour connaître la suite de l’histoire, José Moselli, un siècle auparavant, nous livrait déjà l’un des exemples le plus parfait de ce genre particulier.



Effectivement, grâce à ce roman-feuilleton, et son découpage adapté à la publication dans un journal, l’auteur nous offre là un chapitrage millimétré qui met l’eau à la bouche du lecteur. Mais là où un roman impose au lecteur d’attendre la page suivante pour connaître la suite de l’histoire, José Moselli vous obligeait à patienter une semaine puisque le magazine concerné était un hebdomadaire.



Quand je pense à l’attente insupportable imposée par le fait de ne pas pouvoir tout lire d’un coup, d’être obligé d’attendre d’être rentré à la maison pour poursuivre ma lecture, alors que j’avais en ma possession l’intégrale du roman avant de commencer ma lecture, je n’ose imaginer ce que ce fût, à l’époque, pour les lecteurs, de patienter sur 32 semaines...



Car le rythme de « La momie rouge » est tout bonnement insoutenable. Chaque épisode se termine sur une situation inextricable. Le lecteur se demande alors comment les héros vont se sortir de cette situation et c’est avec une grande excitation qu’il se jette sur l’épisode suivant, jusqu’à la fin de celui-ci et sa nouvelle « situation » en suspens... cardiaque s’abstenir.



Comme vous l’imaginez bien après ce début de chronique, un mot résume clairement ma lecture : « Enthousiasmante ».



Effectivement, José Moselli parvient, en l’espace d’un roman, à nous proposer un aperçu de l’étendue de son talent. Policier, suspens, humour, aventures, personnages décalés, héros détestable, victime naïve, méchants très méchants, dangers... tout y est pour satisfaire le lecteur le plus exigent.



C’est bien simple, José Moselli, à travers ce roman, en démontrerait à tous les plus grands écrivains de genre « policier » actuels, tant en termes d’efficacité, qu’en termes de qualités. Et, en prime, José Moselli n’use d’aucun des artifices actuels censés dynamiser un roman à suspens ni dans sa narration ni dans sa plume. De plus, le lecteur n’est jamais en présence des personnages stéréotypés qui pullulent dans les « polars » actuels.



Non, l’auteur allie simplicité avec efficacité, car, ici, point de chapitres alternés pour insuffler un faux rythme à l’histoire, point de fils tirés dans tous les sens pour perdre le lecteur quitte à ne jamais pouvoir dénouer l’écheveau avant le terme, pas de révélations fracassantes finales à la limite du crédible pour expliquer l’inexplicable... José Moselli fait simple et, pourtant, José Moselli subjugue le lecteur, l’hypnotise, le conquit, depuis les premières lignes jusqu’à, quasiment, la dernière.



Il faut dire qu’il est bien aidé par l’opposition qu’il établit entre les deux personnages principaux. D’un côté, Ralph Gorse, flic intègre, défenseur de la justice, un brin mégalo, qui accepte difficilement d’avoir tort, mais qui finit toujours par faire prévaloir la vérité face à sa réputation. De l’autre, Jules Givassier, frère de lait de l’accusé, qui se bat par amitié fraternelle, prêt à risquer à bafouer la loi et à risquer sa vie pour sauver celle de l’architecte, qui a un physique particulier, une vie cahotique, et un humour à toute épreuve.



C’est le grand paradoxe qui réside entre ces deux héros, grand écart qui a fait, par la suite, le succès de bien des « Buddy movies », ces films où deux personnages que tout oppose finissent par s’associer et devenir amis (Bud Spencer et Terence Hill, Depardieu et Pierre Richard dans « La Chêvre », Mel Gibson et Danny Glover dans « L’arme fatale »...). C’est dire si José Moselli était en avance sur son temps sur bien des domaines.



Sauf que, si les deux hommes s’associent, l’un pour sauver Robert Madison, l’autre pour trouver le vrai coupable (quitte à ne pas réussir à sauver l’architecte), et si un respect mutuel s’installe entre les deux, l’amitié, elle, n’est jamais réellement présente, chacun demeurant à sa place, ce qui rend le récit encore plus intéressant.



Au final, José Moselli nous offre là un roman assez exceptionnel de par son rythme et son découpage, ne négligeant jamais de proposer de l’aventure au lecteur et de lui offrir des personnages touchants dont Jules Givassier émerge grandement.



Et dire que ce roman, jusque là, n’avait jamais été réédité.
Commenter  J’apprécie          20
John Strobbins : Les Mystères de San Francisco

Dans la littérature populaire française, il est des auteurs encore plus cultes que les plus cultes des auteurs populaires.



Ainsi, s’il est indéniable que Georges Simenon, Frédéric Dard, Léo Malet... sont parvenus à des sommets dans l’esprit des lecteurs, il est des auteurs qui, parce qu’ils sont demeurés inconnus aux yeux du grand public actuel alors que leurs textes émerveillent encore l’esprit des lecteurs d’antan et de certains lecteurs de maintenant, ont réussi à supplanter, dans la tête de ceux-ci, leurs célèbres pairs susnommés.



Parmi ceux-ci, un écrivain, notamment, de par son immense production, les genres dans lesquels il a œuvré, les personnages qu’il a animés, écrase toute concurrence. Son nom : Joseph Théophile Maurice Moselli alias José Moselli.



Parlez de Moselli à un passionné de littérature populaire et vous êtes assurés de voir ses yeux clignoter de plaisir.



L’auteur est devenu tellement « Culte », autant par son parcours que par sa production, que l’on peut encore entendre des lecteurs se souvenir de feuilletons désormais introuvables dont l’écrivain a inondé les journaux de l’époque.



Son parcours, celui d’un gamin de famille aisé qui, avide d’aventures, fugue à treize ans pour s’engager comme mousse sur un navire. Les années suivantes furent un gage de souvenirs d’évènements, de personnages et de lieux qui nourriront sa plume par la suite. Brimé, maltraité, le gamin s’offre corps et âme à son boulot. Mais son esprit voyageur en fait un déserteur malgré lui. Alors, il continue à naviguer et à découvrir le monde avant de rentrer en France pour être traduit en « conseil de discipline ». Les juges furent cléments et organisèrent l’éducation du jeune homme qui devint Officier de la Marine Marchande. Ses aventures se poursuivirent, mais, lassé, José Moselli chercha à se stabiliser en acceptant un poste de journaliste en charge de la rubrique de « L’actualité Maritime ».



En parallèle, il écrit des contes et des nouvelles et entrera en contact avec les éditions Offenstadt pour lesquelles il produira un nombre incalculable de feuilletons pour divers journaux et magazines.



Parmi ces feuilletons, on pourra citer l’un de ses premiers si ce n’est le premier : « W... vert » édité dans le magazine « L’Intrépide » de 1910. Mais, également « Les aventures fantastiques d’un jeune policier », « Le roi des Boxeurs », « Le baron Stromboli », « Les champs d’or de l’Urubu », « Les naufrageurs de l’air », « La prison de glace », « Iko Teruka », « Triplix l’insaisissable »... et des centaines d’autres qui s’étalaient sur des dizaines voire des centaines d’épisodes à travers des années et des années.



Parmi ces feuilletons, certains sont devenus cultissimes et plusieurs fois réédités et d’autres sont comme le Saint Graal, tout le monde en parle, tout le monde les cherche, mais personne n’a réussi à mettre la main dessus (du moins, plus grand monde de vivant).



« John Strobbins détective cambrioleur » fait partie des premiers, un feuilleton culte, plusieurs fois réédité, du moins en partie, mais dont il est très difficile, à l’heure actuelle, de pouvoir lire l’intégralité.



Si l’on peut admettre, en commençant la lecture des aventures de John Strobbins, que l’on ne pourra jamais se délecter du moindre épisode (à moins de posséder tous les numéros du magazine originel sur de nombreuses années), il serait pourtant dommage de ne pas découvrir ce personnage et cet auteur.



John Strobbins, c’est un peu le fils caché de Fantomas et d’Arsène Lupin. C’est un cambrioleur, aventurier, justicier, possédant des moyens démesurés, sachant se déguiser à la perfection, ayant à ses ordres un gang complet avec des ramifications dans le monde entier et aimant narguer la police et, plus précisément, le chef de la police de San Francisco, Jame Mollescott (tout comme Fantomas a son Inspecteur Juve).



Plus cambrioleur et aventurier que détective, John Strobbins surfe sur les succès de l’époque et navigue plus dans un monde fait d’aventures, de déguisements et de poursuites que celui plus purement policier que pouvait proposer un « Sherlock Holmes », par exemple.



Probablement, comme ses confrères devant produire énormément en peu de temps, José Moselli usait-il d’une plume automatique (tout comme Souvestre et Allain avec Fantomas ou Jean Ray avec Harry Dickson...). Cette contrainte, si elle peut élimer une plume (voire Pierre Saurel) et atténuer un style, bien maîtrisée, parvient à insuffler un élan et une fluidité qui se marie à merveille avec le genre « aventures ».



Lorsque, en plus, l’auteur est talentueux, qu’il bénéficie d’une forte imagination, alors, le lecteur a toutes les chances de se délecter de savoureuses aventures.



Mais, plus encore que les atouts que je viens de citer, la série « John Strobbins » est portée par des épisodes qui s’enchaînent et se suivent sans se suivre et s’enchaîner et de longueur très hétérogène. De quelques pages à plusieurs dizaines, les intrigues, qui n’en sont pas réellement, tiennent le lecteur en haleine et lui donnent envie d’en découvrir d’autres... et d’autres... et d’autres...



Enfin, pour en terminer avec la présentation et apporter un peu plus de précision, il faut savoir que la série « John Strobbins » s’étale sur 73 épisodes et plus de 20 ans (1911-1933) dans le magazine « L’Épatant » (du n° 168 au n° 1294) dont plus d’une trentaine ont été regroupés en recueil dans la collection « Collection d’Aventures » aux éditions Offenstadt, puis 61 nouveaux épisodes (plus 4 déjà édités dans « L’Épatant »), dans la collection « Les grandes aventures policières » (en 1930).



Au final, les aventures de John Strobbins se révèlent très vite addictives et, lorsque l’on a mis le nez dedans, on n’a plus envie de l’en retirer. Heureusement, José Moselli a écrit plus de 130 épisodes. Malheureusement, il sera très difficile de se délecter de l’intégralité de la série même si mon petit doigt me dit qu’un petit éditeur sympathique et passionné s’apprête à en rééditer une partie.
Commenter  J’apprécie          20
La fin d'Illa

"La Fin d’Illa" s’inscrit dans une tradition historique de l’utopie et de la dystopie. Sa parution suit de quelques années celle de "Nous autres" d’Evgueni Zamiatine (1922) et de "RUR" de Karel Čapek (1921). Plus tard, il y aura "Le meilleur des mondes" d’Aldous Huxley (1932), et "1984" de George Orwell (1949).

En 1925, au moment de la parution de "La Fin d’Illa", l’heure est plutôt, après les utopies de la fin du dix-neuvième siècle, aux interrogations sur l’urbanisation et l’industrialisation. On s’inquiète des conséquences, sociales et politiques, de la révolution industrielle.



Grand feuilletoniste et habitué des romans d’aventure, José Moselli, lui-même ancien marin, entame son récit par la découverte, sur une île déserte lointaine, d’artefacts mystérieux accompagnés d’un parchemin rédigé dans une langue inconnue.

Cette histoire d’exploration n’est qu’un prologue à l’intrigue principale qui se présente comme un récit enchâssé, ce qu’on va lire ensuite étant le contenu du message, qu’un érudit est parvenu à traduire.



Écrivant à la première personne, dans un style dégageant une tension dramatique intense, l’auteur du manuscrit, qui se présente comme un officier supérieur, raconte sa lutte, à armes inégales, contre le dirigeant de sa cité, Illa.

Le système politique décrit dans "La Fin d’Illa" est ultra-autoritaire, l'opposition y est interdite et réprimée durement, la surveillance est généralisée.

Le schéma de l’intrigue est typique d’une dystopie, avec un dissident qui se rebelle contre le système, dans un combat a priori perdu d’avance.



L’exploitation de pauvres êtres considérés comme inférieurs est l’un des sous-thèmes de ce court roman. La science y a en effet produit des hommes-singes, afin de les utiliser comme esclaves dans les mines.

La science et la technologie jouent un rôle essentiel, tout le long du récit, inscrivant clairement l’œuvre dans le courant "Merveilleux-scientifique".

La cité d’Illa bénéficie en effet d’une technologie avancée, visible à travers son architecture d’avant-garde et ses systèmes de gestion de la lumière, de l’aération, et même de la gravité ! Les habitants d’Illa disposent également d’engins volants. Mais ce n’est pas tout : grâce au progrès, il existe d’autres merveilles, comme la "pierre-zéro", une arme de destruction massive qui évoque irrésistiblement, pour un lecteur d’aujourd’hui, la bombe atomique. Sans oublier les formidables "machines à sang", qui permettent de jouir d’une très grande espérance de vie. Mais il y a un prix à payer : il faut sacrifier des animaux, en grande quantité, pour récupérer leur énergie vitale.



Le conflit qui sert de moteur à l’intrigue est déclenché lorsque le dictateur d’Illia, brillant cerveau qui a lui-même mis au point les machines à sang, a l’idée de les améliorer en remplaçant les animaux par des humains. Et pour obtenir l’approvisionnement nécessaire, il suffirait de faire la guerre à la cité voisine…



Entre le narrateur et son ennemi, le hiatus n’est pas seulement politique. C’est aussi une opposition entre, d’un côté, un personnage qui, bien que guerrier de profession, n’en est pas moins homme, père de famille, pétri d’émotions et de sentiments humains, et de l’autre, un dictateur implacable doublé d’un savant fou ; un individu froid et calculateur, qui semble dénué de tout sentiment humain. On peut y voir une allégorie du combat de l’humain contre la machine, ou plutôt, contre la marche aveugle d’un progrès technique dépourvu d’éthique.



Merveilleux scientifique, dystopie, exploration et découverte d’un monde perdu se mêlent dans ce petit chef-d’œuvre, dans une intensité dramatique à couper le souffle.
Commenter  J’apprécie          10




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de José Moselli (83)Voir plus

Quiz Voir plus

Titres d'oeuvres célèbres à compléter

Ce conte philosophique de Voltaire, paru à Genève en 1759, s'intitule : "Candide ou --------"

L'Ardeur
L'Optimisme

10 questions
1295 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature française , roman , culture générale , théâtre , littérature , livresCréer un quiz sur cet auteur

{* *}