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Critiques de José Muñoz (41)
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Billie Holiday

Cet album graphique évoque la vie de la chanteuse de jazz, Billie Holiday, morte en 1959 à 49 ans à peine. La vie de celle qu’on nommait Lady Day n’a été qu’une suite d’humiliations, de souffrances et de trahisons.

Alcoolique et droguée, elle a joué dans des big bands, avec les plus grands. Le saxophoniste Lester Young a été son ami. Elle a même joué un petit rôle au cinéma aux côtés de Louis Armstrong.

Les premières pages proposent un documentaire sur l’artiste avec de belles photos en noir et blanc.

« On lui a tout interdit. Cette obstination semble avoir quelque chose qui laisse interdit et qui trouble. Jamais rien n’a pu faire qu’on lui interdit de chanter. »

Puis, par le truchement d’un journaliste qui doit écrire un article sur la chanteuse, on entre dans sa vie à travers un graphisme épuré aux dessins noirs. Le trait est vif et sec. L’atmosphère de l’époque est bien là, avec le racisme au quotidien, la ségrégation et la prostitution.

Par contre j’ai trouvé la narration bien confuse et trop axée sur le versant sombre de la vie de Billie Holiday. Les circonstances de sa mort sordide à l’hôpital terminent ce récit bien sombre.

Je suis restée sur ma faim avec cette biographie d’une grande chanteuse de jazz et j’aurais aimé la voir davantage sur scène, même si les épreuves qu’elle a traversées ont pu façonner sa personnalité.





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L'homme à l'affut (BD)

José Muñoz rend un bel hommage au magnifique texte de Julio Cortázar, L'homme à l'affût, qui rendait lui même hommage au grand Charlie Parker, avec El Perseguidor, album puissamment illustré. Cette vingtaine de dessins à l'encre de Chine qui accompagne la nouvelle de l'auteur argentin est une oeuvre en soi.

Après Gardel, après Billie Holiday mais sans son compère Sampayo, Muñoz continue son incursion dans la musique, avec ce sens unique du noir et blanc qu'il maîtrise parfaitement et qui est devenu sa signature. Les planches voyagent des Etats-Unis à Saint-Germain-des-Près, racontent le génie d'un homme brûlé par ses excès, accompagnent la lente et inexorable déchéance d'un musicien hors norme qui se perd dans l'alcool et les drogues.

Muñoz n'occulte pas le texte de Cortázar, il le magnifie. Charlie Parker méritait bien un double hommage, et comme chaque fois que l'on relie la nouvelle, on retient toujours cette phrase incroyable, "Esto lo estoy tocando mañana" "ça je suis en train de le jouer demain ».

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Billie Holiday

Je n'ai pas trop aimé cette biographie de la diva afro-américaine Billie Holiday en raison d'un graphisme en noir et blanc qui m'a paru bien fade et d'un texte inutilement composé d'envolées lyrique sur fond de bastonnades dans des endroits mal famés et peu reluisants.



L'auteur a insisté sur les mauvais côtés de la vie de Billie Holiday qui n'a pas eu de chances avec les hommes la maltraitant et profitant d'elle pour sa richesse durement gagnée à la force de sa voix. Le racisme sera fortement évoqué tout comme la violence conjugale et la drogue.



Au final, je n'ai pas retenu grand-chose mise à part une mort peu glorieuse dans un hôpital suite à une overdose entourée de deux policiers blancs qui ne l'avaient pas reconnu.



Oui, l'ensemble de cette lecture m'a paru bien glauque pour être un véritable hommage à une artiste hors du commun qui a marqué le jazz et la musique dans son ensemble. Si on rajoute un langage assez grossier dans les dialogues, on frise le pompon !



Il ne faudrait sans doute pas tomber dans le piège qui consiste à automatiquement surnoter une BD si elle porte sur une célébrité ayant toutes les qualités intrinsèques du monde dans son domaine. Les auteurs s'emparent souvent de sujets vendeurs. Non, il faut dissocier la BD et son traitement de son sujet aussi important soit-il. En l’occurrence, on ne peut crier au chef d’œuvre, loin s'en faut.



En effet, les faits marquants de sa prodigieuse carrière sont malheureusement occultées. Par ailleurs, il y a des transitions assez anarchiques qui font qu'on va se perdre dans les méandres de ce récit. La mise en scène n'est pas des plus réussies et des plus lisibles.



Moi, je passe mon tour sur cet ouvrage en espérant avoir un jour l'occasion d'en lire un autre plus conciliant sur la vie de cette artiste extraordinaire qui inspire encore de nos jours.

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L'étranger (BD)

Un roman valorisé en grand format illustré par les dessins en noir et blanc de José Muñoz, dessinateur argentin aux nombreuses distinctions. Ma précédente lecture était en format poche. L’histoire est connue de cet homme qui, sous pulsion, a tué un arabe sur une plage d’Alger peu après l’enterrement de sa mère. C’est là-dessus qu’il sera jugé pour ne pas avoir montré d’émotion envers celle qui lui a donné la vie. Pas agréable le bonhomme : égocentrique, ne pensant qu’à dormir, manger, se distraire. Une construction implacable. Roman illustré et non BD comme inscrit.
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Le Croc du serpent

José Munoz, que j’ai découvert dans les années 80 dans la revue À Suivre, a un dessin caractéristique, fait de contrastes agressifs, secs, de noir et de blancs, un trait un peu tremblant, brut, mais pourtant assuré. Ce graphisme s’accorde aux histoires, généralement dans le ton du roman noir, avec une pointe d’exostisme sud-américain. Ici il s’agit d’une enquête dans le milieu de la pègre chilienne, on démarre à Manhattan pour se retrouver dans les montagnes chiliennes. Le scénario de Jérôme Charyn semble calqué sur le style de José Munoz, avec des personnages secs, durs et taciturnes, une flic ancienne Miss de beauté bien campée, quelques indics, patrons de bar, un commissaire débonnaire, ce sont tous de sacrées “Gueules”. L’intrigue est balancée entre les différentes ambiances, bistrots de Manhattan, commissariat, et pampa chilienne, c’est une belle réussite de ce point de vue. Cependant, le rythme est assez saccadé, pas toujours facile à suivre, si les éléments non essentiels à l’intrigue apportent beaucoup pour créer des atmosphères, ils nuisent cependant à la clarté et à la fluidité du récit, cela donne l’impression que l’intrigue policière manque de développement, les faits se lient de façon un peu trop abrupte. Cette bande dessinée aurait mérité presque le double de page pour être totalement réussie. Elle vaut le détour, comme l’œuvre de José Munoz en général, mais je reste légèrement frustré.
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Billie Holiday

Tout comme le livre Vivre cent jours en un de Philippe Broussard, cette bande dessinée raconte principalement les déboires de la jazzman. C’est-à-dire la drogue, l’alcool, la prostitution. Là aussi très peu sur l’artiste et la magnificence de sa voix. J’avais espéré que cette BD soit différente. L’histoire est un peu difficile à suivre alternant, sans transition, le journaliste qui fait un article sur Billy et la vie de débauche de la chanteuse. Les dessins sont sombres tout en noir et blanc. Le plus intéressant est encore les premières pages écrites au début qui retracent la vie de la chanteuse. Langage grossier.
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Carlos Gardel - Intégrale

La voix de Gardel, surgie des faubourgs de Buenos Aires, allait monter jusqu’au ciel, donnant à tout un peuple, une âme et des mots, faisant triompher le Tango à travers le monde. Une voix tout à la fois puissante et fragile, pure et tragique. Une voix et un visage, maquillé et gominé, quasi expressionniste, en même temps qu’un visage d’ange au sourire immuable. Cette bande dessinée n’est pas tant une biographie que l’interrogation d’un mythe, la vie de Gardel, entourée de mystères, ayant suscité bien des doutes et des controverses, tout en le sanctifiant : sa naissance d’abord, à Toulouse, d’une mère célibataire, à la fin du 19ème siècle, pour laquelle il eut une sorte d’amour exclusive ; sa mort même survenue lors d’un accident d’avion ; ses fréquentations politiques ensuite, qu’elles aient été avec des communistes ou des conservateurs, dans un pays agité par des passions violentes et des idéologies contradictoires ; sa relation véritable avec les femmes enfin, car, bien qu’il fût si charmeur et un emblème des nuits Portègnes, sa vie amoureuse est restée un secret. Cette bande dessinée ressuscite donc un peu de l’aura d’un chanteur si exceptionnel.
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L'étranger (BD)

Un livre magnifique en grand format, avec des illustrations en noir et blanc de Munoz. Une manière extraordinaire de redécouvrir le chef d'oeuvre d'Albert Camus.

Le texte est reconstruit autour des images, et l'on retrouve le plaisir de feuilleter un grand album.

Les illustrations sont d'une très belle qualité, et reconstitue l'ambiance du texte, tout en lui donnant une noirceur qui n'est pas déplaisante. L'esquisse des visages, des lieux laissent une marge d'interprétation intéressante.

Moi qui n'y connait rien en album de ce type, c'est un vrai bonheur. Et ça ne sera jamais adaptable en livre numérique.



Un livre à avoir dans sa bibliothèque si l'on aime Camus.
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Faubourg sentimental

Voici un étrange objet, classé par ma médiathèque dans les BD du fait de l'auteur et aussi de l'éditeur. Mais est ce vraiment une BD.

J'ai plutôt l'impression d'un livre d'Art, avec un mixe dessins et poèmes.

Des dessins grandioses, parfois très simplistes juste quelques traits et qui me font penser à une calligraphie chinoise au pinceau. D'autres fois, la page est presque noire de ce dessin surchargé, il faut prendre le temps de bien regarder pour voir ce qu'il représente....

Et une mention spéciale pour le traducteur : les textes sont très beaux, et on devine tout le travail que cela à nécessiter pour garder l'esprit et l'ambiance que donner la version originale.

Voici un petit bijou à feuilleter de temps en temps, pour se détendre.
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Carlos Gardel, la voix de l'Argentine, tome 1

Je pensais découvrir une œuvre dans une ambiance de tango, chaude, violente et sensuelle. J'avoue que c'est une grosse déception, il n'est question que des mystères autour de sa vie, était-il argentin, uruguayen ou français, quelles étaient ses accointances avec le monde de la politique, et on s'y perd avec tous les personnages, les flashback. En effet, au départ il est question d'un débat, dans les années 2000, sur sa personnalité, et s'ensuit quelques scènes de sa vie. C'est décousu, les personnages se mélangent, et je ne suis pas du tout entré dans cette histoire. Un graphisme sec, en contrastes, efficace et vigoureux n'a pas suffit pour m'accrocher.
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Alack Sinner, tome 2 : Flic ou Privé (Mémoires ..

Ce volume raconte, à travers trois histoires, les raisons de la démission de la police d'Alack Sinner et ses premières enquêtes à son compte.



La première, intitulée "Conversation avec Joe", revient sur les motivations d'Alack Sinner de quitter la police face aux expéditions punitives qu'il ne supportait pas et à l'attitude plus générale des policiers, ses collègues.

"C'est une histoire pas propre.", c'est ainsi qu'Alack Sinner débute son récit à son ami barman, et cette histoire n'est effectivement pas propre, tout comme les deux suivantes.

Il faut entrer dans la bande dessinée et dans l'histoire, car pendant plusieurs planches il n'y a aucun dialogue, juste un décor qui est planté, et les graphismes deviennent rapidement violents.

Le fait que les dessins soient en noir et blanc accentuent également ce côté sombre, violent, voire oppressant.

L'univers d'Alack Sinner est loin d'être le New-York glamour des beaux quartiers, c'est au contraire l'envers du décor : des ruelles sombres, des affrontements entre bandes, et une violence présente partout.

Cette première histoire ne comporte pas d'intrigue mais permet d'enchaîner directement sur la deuxième.



Il s'agit de la première enquête d'Alack Sinner : "L'affaire Webster".

Même si la violence de la police n'est plus présente, l'histoire commençant par la remise en liberté d'Alack Sinner : "Merci, Nick. Par moment, tu as presque l'air humain.", le fond de l'histoire est extrêmement sanglant, avec un double meurtre horrible et dont aucun détail n'est épargné au lecteur.

Là encore, j'ai été frappée par le côté plutôt cru de la part des auteurs, les meurtres sont d'une violence extrême, et la fin l'est tout autant, dans un registre plus psychologique avec un personnage qui sombre définitivement dans la folie.

Je reprocherai une enquête un peu lente au début et qui s'accélère trop à la fin, il n'empêche il y a des rebondissements et la narration d'Alack Sinner que je perçois comme monotone prend en fait le lecteur au jeu : plus il avance dans son récit plus le lecteur a envie de connaître la suite.

Du point de vue graphique, j'ai plus apprécié que la première histoire, les personnages masculins ont des traits moins arrondis donnant une impression de chair flasque, par contre les personnages féminins m'ont déçue lorsqu'ils sont dessinés de profil, je n'ai pas aimé le coup de crayon.

Même si l'intrigue se passe dans une famille riche et donc dans les quartiers chics, le New-York présenté par les auteurs est encore celui des quartiers pauvres, notamment avec les premières images montrant des enfants près de poubelles débordant de déchets.



La troisième enquête, intitulée "Fillmore" est à mon sens la plus réussie, sur tous les plans.

Katty Fillmore, nouvelle cliente d'Alack Sinner, lui demande d'enquêter car elle soupçonne ses parents de séquestrer son grand-mère dans une clinique d'internement : "Je devais la voir le soir même, chez elle ... mais pas de la façon la plus orthodoxe : au cours d'une soirée, en faisant semblant d'être un de ses invités. Je me dis que le bon whisky me faciliterait l'interprétation. Erreur. Je n'ai pas la dégaine d'un ami de Katty. Et pas l'âge non plus."

L'histoire ne connaît aucun temps mort, j'ai même trouvé qu'elle avait un véritable côté "enquêteur privé" que les autres n'avaient pas.

Cela est peut-être lié au fait que le lecteur s'est habitué à Alack Sinner et connaît de mieux en mieux le personnage.

Cette fois-ci je n'ai rien à dire sur les dessins, ils sont réussis et j'ai trouvé qu'Alack Sinner prenait plus corps que dans les précédents, d'autant plus que le personnage de Katty est réussi et ne connaît pas les défauts de la précédente histoire.

Le côté glauque de New-York est moins présent, l'histoire se passe plus dans des lieux glamours, par contre la violence est toujours présente, cette fois-ci à l'encontre d'une personne âgée.

L'histoire se conclue d'une façon intéressante et clôt les mémoires d'Alack Sinner pour cet opus.



Alack Sinner est un personnage en décalé : "Je suis d'une génération qui a du mal à surmonter les choses.", il n'était pas à l'aise dans la police, il l'est un peu moins en étant détective privé, mais il reste toujours en marge du monde, évoluant dans sa sphère, arpentant les rues d'un New-York pauvre, violent, parfois glauque.

Loin du glamour, des strass et des paillettes, José Muñoz et Carlos Sampayo ont créé un personnage ressemblant fort à un anti-héros mais auquel le lecteur finit par s'attacher.

Privilégiant le noir et blanc à la couleur, et n'omettant aucun détail des crimes ou de la violence physique, ils ont choisi de s'attacher à un personnage solitaire, sarcastique et lucide et le font évoluer dans les sphères plus ou moins reluisantes de New-York, le confrontant à des enquêtes dont il est difficile d'arrêter la lecture avant la fin.

A découvrir pour le personnage d'Alack Sinner, l'ambiance et les graphismes des auteurs, et une autre vision de New-York.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Billie Holiday

Billie Holiday est un sublime roman graphique consacrée à cette grande dame du blues née en 1915 et disparue en 1959.



Disparue, pratiquement depuis six décennies, Billie Holiday fait vibrer l'âme des plus jeunes encore aujourd'hui.

Pour célébrer le centenaire de la naissance de Billie Holiday (2015) une édition inédite de l'album de José Muñoz et Carlos Sampayo a été rééditée l'an passé.



Le célèbre duo argentin signe un album très poignant sur cette magnifique étoile du blues.



Une lecture jazzy de la vie de la Diva américaine que je recommande.



Une pépite ‘blues' à ne pas rater!!

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Billie Holiday

J'adore les chanteuses de jazz alors une bande dessinée en hommage à Billie Holiday est forcément bien. Bien mais pas très bien pour cette proposition de Muñoz & Sampayo qui montre la vie personnelle assez sordide de Lady Day plus que sa vie professionnelle et ses triomphes musicaux.

Un journaliste découvre la chanteuse de jazz car il doit écrire un article pour commémorer les 30 ans de sa disparition, en 1959. Malheureusement il évoque plus ses traumatismes et les scandales que sa construction d'artiste accomplie. En fait, il me manque la bande son et l'histoire est assez confuse.



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L'homme à l'affut (BD)

Il est facile de déceler dans cette nouvelle un récit biographique fictionnel du très célèbre jazzman Charlie Parker, nommé ici Johnny Carter, ayant pour cadre la courte période que le musicien passa à Paris. Tous les noms sont altérés mais plusieurs personnages (ou tous ?) sont réels ; le doute plane sur le narrateur, le critique musical français ami intime et auteur d'une biographie sur le compositeur : il est appelé Bruno V., et certains y ont trouvé une référence à Boris Vian. Je n'ai pas pu vérifier si la circonstance de l'amitié entre Vian et Parker est avérée. Ce qui est saisissant de réalisme, c'est la toile de fond parisienne (Saint-Germain-des-Prés) et les conditions matérielles et sanitaires du héros, déjà très atteint notamment à cause de son alcoolisme et de sa toxicomanie.

Le texte, entre descriptions, dialogues et monologues du narrateur, se concentre surtout sur un questionnement du délire de Johnny - le narrateur comprend-il bien la personnalité de son ami ? -, incohérent dans ses propos, ses hallucinations et ses comportements, qui, regardés de haut par un narrateur plutôt antipathique, pédant et moralisateur, finissent par devenir de plus en plus compréhensibles pour le lecteur ; par conséquent, j'ai éprouvé de la satisfaction à m'être progressivement "désolidarisé" du narrateur et rapproché du musicien apparemment dément et peu susceptible de susciter de l'empathie au demeurant... Avec une prise de distance par rapport à la parole du narrateur, force est de constater que la nouvelle "fonctionne", bien que ou parce que le style n'appelle pas l'adhésion.

L'autre attrait de cette édition au format inusuel, qui forme une synthèse entre le "beau livre" et la BD, réside dans les nombreuses et belles planches à l'encre de Chine par José Muñoz, qu'il faut considérer comme co-auteur à part entière, non comme simple illustrateur.
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Billie Holiday

Si j'étais vache, je dirais que Billie Holiday n'a certainement pas mérité de subir un tel traitement, et pourtant elle en a subi dans sa chienne de vie.



En étant un peu plus serein et respectueux, je dirai simplement que je suis tout à fait passé à côté de cet album. Je suis un grand fan de Lady Day et de Lester Young. Je m'attendais à ressentir la musique, à vibrer sur une bande-son déchirante. A m'envoler sur des mélodies enivrantes. Et rien de tout cela.



Les auteurs (bien intentionnés) alignent les faits divers sur Billie Holiday. Les arrestations, les coups et les viols, etc. Et je ne pense pas que cela soit intéressant. Je ne suis pas convaincu que cela rende hommage à cette grande dame. Je suis même convaincu que toute personne ne connaissant pas la chanteuse ressort de la BD avec une image perturbée et erronée de cette artiste majeure.



Le choix d'un récit non linéaire, où le lecteur suit un journaliste à qui on a commandé un article sur la chanteuse pour le 30è anniversaire de sa mort et qui ne connaît rien de l'artiste... bof. Puis les événements se suivent, se bousculent dans le désordre et donnent principalement dans le glauque. Toxico alcoolo, victime du racisme de l'époque. La BD raconte la longue descente aux enfers d'une grande dame. Je pense qu'il y avait mieux à dire.



Je n'ai pas non plus accroché à ce trait difforme par moment. Et cet ancrage très noir, pesant, envahissant. Non, je n'ai vraiment pas accroché. Mais je reste fan de Billie Holiday et je vibre au son du saxo de Young. Mais quels sont ces étranges fruits qui pendent aux branches des peupliers...
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L'étranger (BD)





Il y a des livres que l'on dévore en première lecture, c'est plus tard en les relisant que l'on passe de gourmand à gourmet !



On présente encore le livre de Camus ?! Si ?! OK !

Alors voyons, Meursault vit à Alger, indifférent à ceux qui l’entourent, au décès de sa mère, à Marie qui l’aime. Etranger aux autres & à lui-même dans une vie apathique, dénuée de toute ambition.

Il flingue un Arabe, il est emprisonné, et dans l’attente de son jugement réfléchit lucidement à sa condition.

Sa vie, son geste assassin, visiblement, son procès ne lui semblent que l’inévitable enchaînement de l’absurdité de l’existence. Condamné à mort, Meursault persiste dans son obstination & demeure indifférent à sa sentence.



Avec beaucoup de recul, je relis l'Etranger 20 ans plus tard, honnêtement j'ai eu envie de lui filer des baffes !

Ce qui frappe avant tout à mon sens dans cette œuvre, c'est la simplicité. Une ecriture aussi lapidaire que la sentence finale, des phrases courtes qui marquent une volonté de ne pas faire de style, d’échapper à l’esthétique pour mieux établir la cruauté d’un constat sombre, chaque homme « meurt sot » comme le narrateur !

Camus apporte dans ce livre une série d'interrogations morales qu'il convient de saisir. La vanité, l’excès d’autorité, les valeurs sociales & religieuses se heurtent ici à une écriture froide qui les dénonce dans sa dérision. Beaucoup de non-dits, de gènes & le sentiment d'une profonde solitude, un malaise bouleversant ou un homme a dû perdre confiance en le genre humain pour voir les choses ainsi.



Je ne vais pas faire de la philosophie encore moins de l'absurde mais je voudrais évoquer la beauté de ce livre illustré par José Muñoz. Ses illustrations cadencent le récit avec son fameux noir & blanc, entre fauvisme à la Matisse & expressionnisme aux éditions Futuropolis & aux éditions Gallimard

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Alack Sinner, tome 2 : Flic ou Privé (Mémoires ..

Une BD monstrueuse



Alack Sinner est un ancien flic devenu détective privé. Plongé dans les bas-fonds de New York, il promène son regard désabusé, sensible à l'injustice et à la misère humaine, protégeant les paumés et les perdants du système.



Ce recueil comporte 6 histoires, pas forcément liées les unes aux autres.

1. Conversation avec Joe.

Alack Sinner, raconte à Joe, le patron du bar où il écluse consciencieusement quelques verres, pourquoi il a quitté la police.

2. L'affaire Webster.

Le riche M Webster embauche Sinner pour découvrir qui cherche à lui nuire.

3. L'Affaire Filmore.

Sinner est chargé par Katty Filmore, une fille de bonne famille, de faire sortir son grand-père de la clinique où il est interné.

4. Città oscura.

Devenu chauffeur de taxi, Sinner cherche aide un docker menacé par son syndicat. Il trouve aussi l'amour. Et le perd.

5. Constancio y Manolo.

Sinner découvre que la tragédie de Guernica se vit toujours près de chez lui.

6. Souvenir.

Sinner se souvient, de sa soeur, de sa femme…



Attention, chef d'oeuvre.

(Mais qui pourra ne pas plaire.)



D'ailleurs, maintenant qu'il y a prescription, je peux bien l'avouer, j'ai allègrement ignoré cette BD du temps où je lisais Charlie Mensuel où elle paraissait.

Il y a une rédemption possible pour les foies jaunes puisque Casterman a la bonne idée de ressortir en édition économique en format A4, certains grands prix d'Angoulême, dont ce « Flic ou Privé », consacré en 1983.



Il faut dire à ma décharge que l'album ne joue pas spontanément sur le registre de la tentation. En dehors de la couverture, en couleurs, nous sommes dans le pur noir et blanc. Et le trait de Munoz est l'antichambre de l'Enfer.

Le style graphique est parfois épuré, parfois surchargé et ne facilite pas toujours le travail du lecteur. Il serait dommage de s'arrêter à ça, tant le parti-pris semble adapté.

Si on reconnait chez lui l'influence évidente d'un Pratt, qu'on pense forcément à Breccia, le dessinateur argentin se démarque de ses influences par un traitement unique : les personnages sont parfois grotesques, déformés, fantasques...Il faut s'accrocher ! Pour tout dire, je me demande si ce n'est pas White Jazz, le récit kaléidoscopique de James Ellroy qui se rapproche le plus de ce qu'est cette BD.



Le récit pourrait pourtant sembler caricatural avec un anti-héros taciturne, soignant son spleen entre alcool et jazz, le tout rythmé fréquemment par une voix off. Mais c'est sans compter sur la volonté de Sampayo et Munoz de transfigurer une narration qui pourrait être relativement classique, en quelque chose de monstrueux, greffant à la trame du Privé, des images qui sont autant de portes vers des récits comme dotés d'une vie propre, qui viennent perdre le lecteur.



Rarement le fond, c'est-à-dire une critique virulente d'une société profondément injuste et inégalitaire qui laisse sur le bord du chemin des êtres déchus, aura rencontré une forme pareille, proche de l'expressionnisme.



Une expérience.

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Billie Holiday

Une bande dessinée sympa à lire sur la grande Billie Holiday.



Des dessins simples mais bien réalisés qui rendent la lecture agréable. Si j'ai apprécié cette lecture, j'ai par contre eu un peu de mal à me plonger dedans. L'histoire est rapide, sans vraiment rentrer dans la vie de Billie Holiday, ce qui est un peu dommage je trouve.
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Alack Sinner - L'intégrale tome 1 : L'âge de l'..

Ce New York là n'est qu'un simple décor : les lumières, les gratte-ciels et les bruits n'ont rien de gigantesque. Chaque personnage porte son drame et sa vilenie et la grandeur de la ville ne signifie que la multiplicité des tragédies personnelles. Dans la faune locale se glissent les auteurs eux-mêmes. En se mettant en scène, Munoz et Sampayo indiquent qu'ils ne sont pas seulement des auteurs qui prennent en main un sujet ; ils se placent comme Sud-Américains portant un regard critique sur la société américaine.



Histoire après histoire transparaît la noirceur de l'âme humaine : incestes, extorsions, chantage, vols, meurtres composent la matière de ces presque quatre cents pages de l'album. Cette malédiction se reflète dans la noirceur du dessin, dont la qualité graphique est l'un des points forts de l’œuvre. Un trait sombre qu'il faut parfois déchiffrer, avec de grands aplats de noir ou de subtils tracés qui rappellent les pattes des maîtres argentins ou italiens. Dans Alack Sinner, la violence est omniprésente : dans la rue, dans les familles, dans les institutions (police), dans le sport (la boxe). Cette violence physique n'est que le reflet de la société, elle-même très compartimentée et racisée, d'où des épisodes humiliants et cruels pour Alack (avec les amis du jazzman, ainsi qu'avec la tante de sa fille) pendant lesquels il est renvoyé à son statut d'homme blanc, ce qui est normal puisque ses interlocuteurs sont exclusivement renvoyés à leurs statuts d'hommes ou de femmes noirs.



Alack Sinner, c'est aussi la démystification du culte des apparences : ainsi ce couple de pasteurs dont le mari aime trop la progéniture tandis que l'épouse la déteste ; ainsi Enfer, la compagne d'Alack, qui lui ouvre plutôt les portes du paradis ; ainsi la police censée protéger les citoyens mais qui les abat par folie politique ou personnelle ; ainsi le nom de Sinner dont la signification apparaît en contradiction avec les principes profonds du bonhomme. Cet agrégat d'histoires publiées indépendamment a déjà le mérite de présenter en un volume des histoires d'une grande qualité graphique. Le défaut inhérent à ce type de publication est qu'au début, les enquêtes de Sinner semblent se répéter tant la noirceur humaine est présente. Autre défaut récurrent dans les histoires : le manque de clarté narrative : le point de vue du personnage principal semble mettre de côté, parfois, le lecteur.



Cependant, l'intérêt de cet album est aussi de mettre en valeur le développement en profondeur du personnage. Alack, simple détective privé au début, se révèle peu à peu. il a démissionné de la police à cause de la violence institutionnalisée, bien qu'il soit amené à collaborer avec elle dans le cadre de ses activités. Alack est aussi un homme profondément seul. Cette solitude est paradoxale tant une métropole telle que New York, mais c'est là un thème que l'on retrouve dans d'autres romans new yorkais, comme dans ceux de Paul Auster. Alack a une famille, certes : une sœur qui vit en Angleterre, un père avec qui les rapports sont impossibles, car le père ne sait pas parler à cœur ouvert. La fonction de détective devient peu à peu secondaire : on voit Alack devenir chauffeur de taxi, puis perdre sa licence. Avec Enfer, il rencontre l'amour charnel avant d'entrevoir la possibilité d'une famille.



Loin de s'attacher fermement, même aux femmes qu'il aime, Sinner possède une âme dont les sillons ont été creusés par les affaires dont il a été le témoin. Jamais en paix, Sinner est sans cesse renvoyé à celles-ci. Dans l'océan new yorkais, Sinner est un naufragé dont les bouées s'appellent Nick, Enfer et Cheryl. A la fin du premier tome de l'intégrale, il ne s'est pas encore noyé.
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Alack Sinner - L'intégrale tome 1 : L'âge de l'..

Apparues pour la première fois dans les pages de Charlie Hebdo en 1975, les aventures d’Alack Sinner sont maintenant publiées dans leur intégralité par les éditions Casterman. Deux tomes qui reprennent les histoires d’Alack Sinner en prenant en compte leur chronologie.



Créé par deux argentins (Carlos Sampayo et José Antonio Munoz, Grand Prix du Festival d’Angoulême en 2007), Alack Sinner est un ancien flic, dont le dégoût envers la corruption de ses collègues le poussa à se reconvertir en détective privé. Un personnage cynique, solitaire et aigri qui noie son mal de vivre dans l’alcool du Bar à Joe.



Dans l’aspiration de ce héros évoluant dans les bas-fonds newyorkais, Sampayo livre une chronique acerbe de l’Amérique des seventies. Un quartier gangréné par le racisme, la guerre des gangs, les drogues et les ripoux et une ambiance bien particulière, propice au polar noir des années 70.



Le graphisme noir et blanc de José Antonio Munoz, inspiré par le roman noir et le cinéma américain, contribue à installer cette atmosphère particulière, tout comme cette inévitable narration en voix-off. Mais, si cette dernière installe parfaitement l’ambiance, son utilisation excessive a également tendance à ralentir la lecture et à freiner le dynamisme de cet album. Si ce rythme de lecture ne dérange pas sur une histoire individuelle, dans ce format intégrale qui incite à enchaîner les histoires, cela finit par peser.



Dans la lignée de « Choucas » (l’humour, les jeux de mots subtils et les références littéraires en moins), cette première intégrale de près de 400 pages est indispensable à ceux qui savent apprécier les bons polars noirs qui reposent en grande partie sur l’ambiance créée par une narration en voix-off.
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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