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Critiques de Joseph E. Stiglitz (35)
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Peuple, pouvoir & profits

Sans pour autant être une "charge sévère contre le capitalisme" comme le titrait France Culture, Stiglitz se livre ici à une critique modérée du capitalisme débridé dont Trump et Reagan sont les figures de proue.

Cette ouvrage témoigne de sa capacité à vulgariser les enseignements de la science économique, bien qu'on puisse à mon sens regretter un excès de rigidité (bon après tout il reste un économiste néokeynésien...).

S'agissant des alternatives qu'il dessine dans la seconde partie, le programme qu'il propose reste relativement flou et manque de précisions.
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La Grande Désillusion

Essai passionnant, édifiant, de la part d'un économiste reconnu.



Son réquisitoire contre les mesures d'austérité démentielles imposées au pays pauvres m'a définitivement convaincu que cette voie n'était pas la bonne, même si elle continue à être adoptée par des puissants qui y trouvent là leur intérêt personnel.



L'auteur a le courage d'aller jusqu'à évoquer les conséquences humanitaires désastreuses (dont de nombreux morts dans des conflits) de telles décisions.
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La Grande Désillusion

La mondialisation ne fait plus rêver : ses promesses de prospérité et de bonheur universels se sont cassées les dents sur la réalité. Elle n’a pas éradiqué la pauvreté (les inégalités se creusent), elle semble incapable de gérer le problème climatique, et elle n’apporte même pas une stabilité dans l’économie mondiale.



Parmi les responsables de cet échec, Joseph Stiglitz pointe particulièrement du doigt le FMI. Créé à l’origine pour pallier à des faiblesses temporaires dans les marchés financiers, ce dernier se serait transformé en champion du néo-libéralisme, exigeant, pour délivrer ses aides, que les pays en difficulté privatisent leurs biens publics, éliminent les frais de douane et les prix fixes, ouvrent tous les marchés à la concurrence étrangère.



Pour l’auteur, il y a d’énormes problèmes dans cette approche :

– les économistes du FMI appliquent des solutions qui fonctionnent très bien en théorie, mais qui n’ont jamais de résultats probants en pratique. Il n’y aurait cependant aucune remise en cause, tous les problèmes étant mis sur le dos de la mauvaise volonté et/ou de la corruption des pays aidés.

– pas d’approche personnalisée : les mêmes solutions sont appliquées à tous les pays, quelles que soient leurs particularités économiques, culturelles ou sociales. L’idée étant qu’à long terme, ces solutions donneront les meilleurs résultats. L’auteur pointe cependant qu’à court et moyen terme, elles peuvent provoquer crises économiques, chômage de masse et famines, et que les populations n’accepteront pas longtemps de vivre dans de telles situations.

– une énorme hypocrisie. Les pays les plus riches n’appliquent pas les mesures qu’ils imposent aux pays en difficulté : les USA protègent leur industrie de l’aluminium, l’UE son agriculture, etc. mais les pays qui demandent l’aide du FMI doivent tout ouvrir sans restriction.

– contrairement à d’autres institutions internationales dans lesquelles on a le système 1 pays = 1 voix, dans les votes du FMI, chaque pays reçoit une voix pondérée par sa quote-part dans le financement de l’institution. Les pays riches font donc souvent pression pour obtenir des solutions qui protègent leurs propres banques et intérêts, quitte à devoir essorer la population du pays demandeur pour éponger les dettes. Le rôle de « médiateur mondial » est remis en question et le FMI est plutôt perçu comme un instrument d’oppression des grandes puissances.



À l’inverse, l’auteur propose des solutions plus pragmatiques, en concertation avec les pays en difficulté plutôt qu’imposées par la force ou le chantage, et surtout plus graduelles : aucun pays n’est devenu libéral d’un seul coup de baguette magique, les transformations qui doivent s’opérer dans les sociétés prennent parfois des siècles.



Difficile de juger les critiques et les solutions proposées quand on n’est pas économiste soi-même : après tout, voir du pragmatisme raisonnable chez soi et du dogmatisme borné chez les adversaires est un lieu commun dans toutes les luttes politiques. Joseph Stiglitz ne remet pas en cause le mondialisme, qu’il juge inévitable, et positif si correctement appliqué : il suffit de laisser les pays y venir d’eux-mêmes par la manière douce.
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Peuple, pouvoir & profits

Un autre pavé du célèbre économiste prix Nobel.

J'avoue avoir lu certain passages en diagonal.

Pour un Européen, ca fait un peu bizarre de lire ces idées tant elles semble nt inspirées du modèle Européen, voir Français.

Pour les Américains, pouvoir bénéficier d'une retraite, d'une couverture santé et d'une éducation presque gratuite pour tous c'est presque une utopie tant il est loin du modèle ou les gagnants raflent la mise et les perdants se font tout petit.

Evidement le dernier président qui était à l'opposé de ces idées, en fait les frais.
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Dans quel monde voulons-nous vivre ?  25 répo..

Dans le même livre : Pierre Rabhi et Jacques Attali. Association étrange, inattendue, incongrue mais qui en dit long sur ce bouquin...
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Quand le capitalisme perd la tête

Un des premiers ouvrages critiques sur la mondialisation et les excès du neo libéralisme , par l'ancien conseiller économique de clinton et futur prix nobel d'économie. Une lecture indispensable pour comprendre le monde et ses enjeux
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La Grande Désillusion

On savait donc dès 1998, avec la crise asiatique, que la politique d'ouverture et de déréglementation des marchés financiers prônée et imposée par le FMI (dont le principal actionnaire est le Trésor américain) était particulièrement néfaste pour les économies en développement et surtout destinée à l'enrichissement de quelques puissants. La démonstration (quasiment de l'intérieur puisque l'auteur était économiste en chef à la Banque Mondiale après avoir été conseiller de Clinton) est magistrale et rejoint celle de Naomi Klein (la stratégie du Choc), même si à aucun moment le système de croissance n'est remis en cause (l'auteur reste dans une vision néo-libérale du monde).

Il décortique également la façon dont les oligarques en Russie détournent les prêts et pillent les entreprises dénationalisées, avec le soutien d'Eltsine.

L'auteur pressent les crises suivantes et comme rien n'a changé depuis, ne s'est pas trompé. Seul bémol : l'écriture n'est pas limpide, il y a pas mal de répétitions et un peu de condescendance...
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La Grande Fracture

Avis très partagé sur ces 470 pages écrites par ce grand économiste en 2015.



Ayant aujourd'hui 75 ans, Joseph Stiglitz, prix nobel d'économie,est pourtant non seulement brillant, mais aussi un homme attachant et attaché au bien-être de l'humanité. Il fait référence dans son oeuvre au discours de 1963 de Martin Luther King, et s'est employé tout au long de son oeuvre non seulement à élaborer des théories alternatives crédibles à la divine loi du marché pur et parfait chère à Walras et Pareto, mais aussi à s'engager aux côtés des plus faibles. Ainsi, le modèle néo-keynésien mettant en avant le biais essentiel de l'asymétrie d'information entre les acteurs économiques lui doit beaucoup, de même que Paul Krugman dans son analyse de la constitution des monopoles régnant sur le commerce mondial. Enseignant toujours à l'université de Columbia , il est aussi engagé dans différents pays en développement, à la recherche de modèles de développement alternatifs aux remèdes de cheval du FMI, et en vue d'une régulation de la mondialisation. Joseph Stiglitz allie donc une éthique personnelle et des prises de positions affirmées à une analyse rigoureuse des phénomènes économiques que nous vivions.



C'est pour ces deux raison que j'ai commencé à lire La Grande Fracture, Les sociétés inégalitaires et ce que nous pouvons faire pour les changer, désireux de garder mes distances à la fois vis à vis des raisonnements parfois simplistes des altermondialistes et du vieux fond interventionniste de la bureaucratie française -plus colbertienne et jacobine que keynésienne-, tout en m'éloignant de l'angélisme aveugle et égoïste du dogme libéral dominant.



Je n'ai pas été déçu sur le fond, mais quelle triste erreur de forme ! L'écriture de Stiglitz (merci à Françoise, Lise et Paul Chemla pour la traduction) n'est pas désagréable, mais La grande Fracture est en fait une collection d 'articles, de fond ou plus grand public, sur le sujet en titre, au caractère répétif et très vite lassant. L'effort de classification par thématique, consistant à poser d'abord une vue d'ensemble, puis à expliquer les principales dimensions de l'inégalité, leurs causes et conséquences, avant d'élargir sur la dimension politique et sur les perspectives régionales, n'était pas inintéressante mais s'avère insuffisante. La démonstration de Stiglitz, étayée par des chiffres très parlants, centrée sur les USA mais débordant parfois cette perspective, est très convaincante, mais aurait pu être posée en moins de 100 pages... l'effort de synthèse aurait donc été appréciable ! quel dommage de décourager ainsi le lecteur non passionné d'économie, alors que le point de vue et lea raisonnement, limpides, mériteraient son attention !



L'ouvrage s'ouvre par une analyse fine des graves défaillances du système bancaire américain des années 2000, dont l'absence de régulation encourage les comportements prédateurs sans pénaliser pour autant les acteurs prenant des risques excessifs, couverts par le système. Il se poursuit par un réquisitoire à charge contre les acteurs dominants de ce système, qui en profitent largement, et contre le gouvernement américain qui, lors de la crise de 2007, a sauvé le système existant sans l'assainir, lui permettant de persévérer comme facteur d'instabilité économique encore aujourd'hui. Pour Stiglitz, il fallait sauver les banques, mais pas ses acteurs défaillants. Ce soutien aveugle -encore que cet "aveuglement" soit utilement rapproché de l'observation du système de financement des campagnes électorales américaines, s'est fait au détriment des victimes de la bulle immobilière, ménages pauvres ou middle-class saisies par les banques leur ayant vendu des produits structurés, et s'enfonçant dans une spirale d'appauvrissement, des contribuables et des équilibres budgétaires, saignés en pure perte, l'argent -conformément au principe de compensation des externalités négatives- n'ayant pas ensuite été réutilisé pour des programmes d'action publique dans l'environnement, la santé ou l'éducation, dont Stiglitz estime qu'il sont, à long terme, les vrais vecteurs de croissance économique.



A partir de l'analyse de cette crise, mais en remontant plus loin jusqu'aux années Reagan, Stiglitz emboîte le pas à Piketty pour constater que les inégalités augmentent partout dans le monde, et plus particulièrement aux USA. Utilisant à leur seul profit les manettes du pouvoir, les 1 % les plus riches concentrent toujours plus de richesse sur leur seule tête. Ce faisant, Stiglitz estime qu'ils appauvrissent le pays car cette rente est non productive, cette classe dominante ne portant ni l'innovation ni une consommation dynamisant l'économie réelle. L'absence de redistribution -le système fiscal au niveau nationale, obsolète, ayant cessé de l'encourager depuis des décennies déjà- aboutit à une appauvrissement de fait de la population américaine médiane. La première puissance mondiale est ainsi décrite comme un colosse aux pieds d'argile, prenant appui sur une majorité de ménages très modestes, ou pauvres. En outre, le manque d'investissement dans l'éducation ou la santé grippe également tout ascenseur social : le rêve américain ne devient alors que rhétorique politicienne. Le système judiciaire lui-même -à deux vitesses- se trouve touché, et le reste du monde emboîte majoritairement le pas au géant américain.

L'ouverture aux perspectives régionales, logiquement, interroge le "modèle" chinois, et la recherche d'alternatives dans des pays en développement. En conclusion, l'auteur insiste sur le volontarisme politique comme régulateur d'un modèle de croissance économique viable, pour tous.



Une livre aux thèses intéressantes donc, construites avec rigueur et vigueur ; mais à la structure formelle vraiment inadaptée. Dommage...





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Le prix de l'inégalité

Remarquable ouvrage qui montre à quel point les inégalités se sont accrus depuis le milieu des années 70 et le choc libéral thatchérien
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Le triomphe de la cupidité

Le capitalisme perd la tête ? Mais en a-t-il seulement une ? Ce qui caractérise le capitalisme, c'est l'anarchie de la production qui serait régulée selon les classiques par "une main invisible" qui serait celle du marché. Il n'est nul part question de tête ! A moins qu'il ne s'agisse des économiste. Ironie de l'Histoire, la crise à démontré leur vacuité, quand bien même certain sont moins vide que d'autres. Quoi qu'il en soit, elle a couté à l'humanité des tombereaux de maccabés: esclavage, guerres européennes et coloniales etc.
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Principes d'économie moderne

Ouvrage de référence présentant les bases de la théorie économique : du modèle de concurrence parfaite aux impacts des politiques publiques, en passant par le rôle de la monnaie. En fin d'ouvrage, chapitre spécifique à l'intégration européenne.
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Le triomphe de la cupidité

Il est prêté à Confucius l’intention de faire procéder par le souverain, en première mesure, à la « rectification des noms » (cf. entretiens XIII 3)



Dans notre société contemporaine occidentale, Confucius aurait un immense chantier avec le vocabulaire utilisé par les économistes et les politiques.



Pour réaliser à bien cette quête, le sage pourrait irriguer sa réflexion avec ce livre de Stiglitz, « Le triomphe de la cupidité », l’auteur, expert de grande renommée notamment par ses missions à la Banque Mondiale, avait déjà largement décrypté dans « La Grande Désillusion » la faillite et les risques insensés du modèle ultra libéral en 2002, bien avant la chute de Lehmann Brothers



Il y a eu la « Grande dépression » de 1929, il y a la « Grande récession » de 2008, dont on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom ainsi que ceux des faits, pratiques, responsables divers (institutions, personnes morales et physiques) liés à cette crise existentielle.

Comme dans le mythe de la caverne de Platon de « La République », un petit théâtre d’ombres est projeté sur les parois des esprits pour travestir la réalité et maintenir les pensées dans les apparences et l’obscurité.



Dans son essai, Stiglitz constate le grand écart entre ce qui devraient être les missions essentielles du système bancaire : le financement de l’économie réelle, de ses acteurs économiques, états, entreprises et particuliers, la fourniture des moyens de paiement efficaces et enfin la gestion responsable des risques de ce secteur d’activité.



Or depuis les années 90, il est apparu que les rémunérations des établissements financiers, pour ces missions traditionnelles ne satisfaisaient plus les appétits de ces professionnels, tout au moins de ceux possédés par la fièvre de la richesse. En revanche, les rémunérations des transactions des nouveaux produits financiers spéculatifs garantissaient des niveaux beaucoup plus substantiels et ce sans risque.



Ce monde de la finance a ainsi développé des armes de destruction massive faisant prendre à l’ensemble de la société des risques insensés.



La titrisation est l’une d’entre elle, le principe étant que celui qui met sur le marché le produit financier et le premier acheteur n’assument pas le risque que l’on s’empresse de revendre à son voisin. C’est une nouvelle version du jeu de la dame de pique ou plutôt de la roulette russe car très rapidement la diffusion massive de ces produits toxiques, conjuguée avec leur dissimulation dans les comptabilités annexes ou complètement off shore, via des filiales exotiques, rendent extrêmement difficiles la connaissance de l’état de la toxicité des produits financiers détenus par un acteur. Force est de constater, au moins sur ce point-là, que l’analyse de Stiglitz demeure d’actualité, C’est ainsi qu’aujourd’hui la Deutsche Bank, neuf ans après le déclenchement de la crise, fait toujours courir un risque majeur au systême comme Lehmann Brothers et d’autres en son temps.

Un autre effet pervers repose sur le principe « too big to fail ». Autrement dit, la banque est trop importante et sa faillite déclencherait une sorte de tsunami ; l’Etat doit intervenir pour sauver la banque. Cette socialisation du risque pour rattraper les erreurs des fanatiques du marché et de l’individualisme forcené ne manque pas de piquant.



Il reste que pour le citoyen la facture est salée et scandaleuse. Aux Etats Unis, neuf établissements financiers ont perçu 175 milliards de $ dont 33 immédiatement reversés sous forme de primes aux dirigeants de ces établissements.



Pour Stiglitz deux mesures, entre autre, s’imposeraient.

En premier lieu, il conviendrait de procéder au démembrement de ces établissements « trop grands » pour faire faillite et pour être restructurés, c’est-à-dire revenir à l’esprit du Glass Steagall Still Act abrogé en 1999. Cette loi fut mise en place en 1933 lors de la grande dépression pour séparer l’activité de banque de dépôt et d’affaires et ce afin d’ empêcher que la faillite d’une banque d’affaire, à la suite d’activité spéculative, ne gangrène l’économie réelle par un effet de domino infernal.



Une autre mesure consisterait à instaurer des systêmes de rémunération à plus long terme et d’indexer le montant des bonus aux véritables résultats des prestations. Ce principe serait un garde-fou contre la prise de risque irrationnelle.



L’ouvrage est d’une lecture facile, eu égard au sujet, abstraction faite de sa densité ; le propos est très argumenté et très stimulant.



Il était question de théâtre en introduction ; cette pièce-là relève de la tragédie grecque et aussi du roman de Georges Orwell « 1984 ». Dans ce roman, le héros travaille au « ministère de la Vérité » avec comme mission de participer à la réécriture permanente de l’histoire, afin qu’elle corresponde au discours du Pouvoir.

Actuellement, les économistes de la pensée dominante refusent le débat historique, sont dans le déni et s’arcboutent sur leurs modèles mathématiques, oubliant au passage que lesdits modèles excluaient la possibilité de crise majeure.

Tragédie grecque également, comme dans Euripide, afin que les vents soient cléments à la flotte de la coalition contre Troie il faut sacrifier Iphigénie….Aujourd’hui pour obtenir les vents cléments des « marchés », de Bruxelles, il faut aussi des « sacrifices »…



C’est tout le mérite de Stiglitz au-delà de la présentation factuelle et détaillée de cette crise, de (re)donner une dimension historique aux enjeux actuels, d’apporter une contribution puissante à la démystification des idéologies

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L'Euro : comment une devise commune menace ..

Si les réformes nécessaires de l’Euro ne peuvent pas être réalisées, mieux vaut y renoncer pour sauver le projet européen.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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L'Euro : Comment la monnaie unique menace l..

Stiglitz serait-il un cabotin ? Au milieu du bouquin il propose des reformes structurelles sur 30 pages – d'ailleurs peu réalistes, à commencer par l'union bancaire. Mais au bout de 30 pages il conclut : « à ce que je vois, il est peu probable qu'il y aura des progrès suffisants pour entreprendre les profondes réformes de la zone euro à une vitesse suffisante » p 312. Ah bon.

Bon, alors passons à l'alternative suivante : le divorce à l'amiable. Ca devient intéressant. En prenant comme exemple la Grèce, JS déroule un scénario de sortie de l'euro, « sans détruire l'économie grecque, ni imposer des coûts intenables au reste de la zone ». Une des mesures phares de cet hypothétique Grexit : rétablir l'autorité intérieure sur la création du crédit. (p321) En clair, retirer aux banques le droit de créer de la monnaie (en octroyant du crédit) et mettre aux enchères ce même droit, tout en l'accompagnant de conditions. Pffff ! Et les banques grecques se laisseraient faire ? Alors qu'en FR, par exemple, M Hollande n'est pas parvenu à séparer les banques d'affaire et les banques de dépôt ?! Moi je dis : JS se paye ma tête.

JS est convaincant lorsqu'il critique, fustige, crie son réquisitoire contre les dysfonctionnements de la zone euro et plus généralement contre les dysfonctionnements générés par le marché tout puissant. Mais lorsqu'il préconise des changements, JS s'avère un rêveur ; ou alors, autre hypothèse, il aligne sciemment des mesures dont il sait parfaitement qu'elles ne verront jamais le jour. J'attends mieux d'un Prix Nobel.

J'ai un autre grief : son propos est redondant et verbeux. Il aurait dû réduire ce bouquin à 150 pages pour 8 euro. le volume fait 500 pages, dont 100 pages de notes, pour 25 euro.



Pour les lecteurs qui souhaitent un aperçu, voici une interview avec l'auteur : http://www.leslilasecologie.fr/2016/09/joseph-stiglitz-l-euro-n-a-pas-apporte-la-prosperite-promise.html



Un aperçu sur le site des Alternatives économiques : http://www.alternatives-economiques.fr/l-euro--comment-la-monnaie-unique-menace-l-avenir-de-l-europe_fr_art_1445_76722.html



Extraits :

"La Grèce a recouru massivement à l'aide de la zone euro, mais l'immense majorité des fonds de cette prétendue aide est allée en réalité à ses créanciers européens, pas à la Grèce." p327



"[Les banques] peuvent utiliser leur pouvoir en pratiquant ce que nous avons nommé « le crédit à des proches ». La Russie en offre l'exemple parfait : ceux qui avaient une licence bancaire [en créant ex nihilo du crédit] ont pu utiliser ce pouvoir pour acheter des actifs de l'Etat d'une valeur colossale, notamment dans les ressources naturelles. C'est, pour l'essentiel, à travers le système bancaire que les oligarques russes ont été créés. Dans les pays occidentaux, les choses se font avec plus de subtilité – mais en créant une énorme inégalité. "p321



"Il y a bien sur des dimensions politiques que le calcul économique ignore. [ ] le divorce [Grexit] rendrait sa dignité au peuple grec, que l'Allemagne et la Troïka ont traité honteusement ; il restaurerait la démocratie – [alors que] l'acceptation par Tsipras des exigences de la Troïka après un referendum où 62% de la population a voté CONTRE l'austérité a levé tous les doutes [quant à la perte de souveraineté]". p314

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La Grande Fracture

Ce livre est en fait une compilation d'articles de l'auteur, parus ces dix dernières années dans des journaux généralistes ou de la presse plus spécialisée. Ils permettent de voir arriver la crise économique américaine de 2007-2008 en décryptant ses mécanismes et de suivre la montée des inégalités qui en a résulté. Inégalités de revenus principalement : d'autres types d'inégalités sont abordés parfois, sociales, raciales, scolaires, mais les revenus et le patrimoine, l'argent donc, sont au cœur de ses analyses. Ces chroniques, plutôt que d'être présentées par ordre chronologique, sont rangées dans des chapitres thématiques, ce qui me semble plutôt une bonne chose pour structurer le livre. Chaque chapitre est introduit par un commentaire de l'auteur sur ses articles mais, outre le fait que ce soit curieux de les commenter avant plutôt qu'après, ces commentaires n'apportent pas grand-chose de nouveau, se bornant souvent à annoncer de façon résumée ce qu'on va lire ensuite.

Les articles en eux-mêmes sont intéressants, assez clairs (écrits donc plus dans un style journalistique que dans un jargon d'économiste) malgré quelques inévitables passages techniques. On y apprend beaucoup de choses, sur les mécanismes et la (mauvaise) gestion de la crise comme sur la répartition (inégale) des revenus et les politiques économiques dans l'histoire et dans le monde (enfin, surtout aux Etats-Unis quand même, malgré quelques références aux pays européens et quelques articles spécifiques sur d'autres pays), mais la principale idée de l'auteur est de démonter les théories qui affirment que la réduction des impôts des riches ou le sauvetage des banques lors de la crise profitent à toute la société : au contraire, ces politiques économiques n'ont fait qu'accentuer les inégalités, alors qu'il aurait fallu aider ceux qui en avaient besoin, des plus pauvres aux classes moyennes qui ont souvent glissé dans la pauvreté. Cette démonstration revient tout au long du livre, un peu trop même : au bout de quelques articles, on trouve qu'il y a des redites, à la fin du livre on se dit carrément que l'auteur radote et qu'un essai deux fois plus court aurait suffi. C'est là le problème du livre : même s'ils ont été légèrement retouchés et mis à jour, ces articles écrits sur dix ans reviennent toujours aux mêmes idées et, bien qu'ils soient classés par thème, ils se recoupent souvent les uns les autres. J'aurais donc préféré un essai plus ordonné et synthétique que cette compilation, mais ça reste un ouvrage intéressant à lire.

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L'Euro : Comment la monnaie unique menace l..

Joseph Stiglitz est économiste, Prix Nobel d'économie et il a longtemps travaillé à la Banque mondiale.

Dans ce livre, il dresse un constat impitoyable: si l'Europe ne se relève pas de la crise, c'est la faute de la monnaie Euro.

En 2015, l'Union européenne était la deuxième économie du monde, avec une population estimée à 507 millions d'habitants et un PIB de 16 200 milliards de dollars. Au sein de l'UE, 19 pays partagent une monnaie unique; l'euro, entré en circulation en 2002. En 2008 la région a été précipitée dans la récession.

Aujourd'hui la reprise est bien engagée aux USA. Force est de constater d'après l'auteur, que l'Europe reste enlisée.

Responsable: l'euro qui conduit à une aggravation de l'inégalité. Avec lui les pays faibles deviennent encore plus faibles.

L'auteur insiste sur le fait que selon lui l'euro n'a atteint aucun de ses grands objectifs: ni la prospérité, ni l'intégration économique.

L'accent a trop été mis sur les contraintes de déficits à respecter, au détriment de l'investissement et du développement économique.

Même en Allemagne des effets pervers apparaissent: précarité, diminution des bénéfices de sécurité sociale. Les conditions imposées lors de l'octroi de prêts aux pays en difficulté s'efforcent d'aligner les pratiques économiques du pays sur ce que les ministres des Finances des Etats de la zone euro (dominés par l'Allemagne) pensent que le pays devrait faire.

L'auteur dresse une liste de mesures pour enrayer la tendance: mutualisation des dettes, réduction des dettes pour les pays en difficulté.. des idées mais pas toujours réalisables.

En tout cas, ce constat bien impitoyable fait bien réfléchir...
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Le prix de l'inégalité

C'est le livre que tous les hommes politiques français devraient lire, il pourrait les éclairer sur les raisons de la crise économiques et les pistes pour améliorer la situation, notamment une réforme complète de la fiscalité rejoignant ainsi les thèses de Thomas Piketty. Mais, Joseph Stiglitz nous montre aussi combien cela risquerait d'être inutile, tant ils sont sous influence du 1% qui détient les richesses, une fraction qui possèdent les médias, dépensent sans compter en lobbying et en moyens de préserver fortune et pouvoir au détriment de l'intérêt général et du bien-être de la majorité. Dans le prix de l'inégalité, l'auteur démontre que c'est bien cette domination de classe, cet écart étourdissant, scandaleux et injustifiable entre le 1% et le 99%, qui est l'origine des maux économiques et sociaux américains, mais aussi européens. Le logiciel que ces élites contraignent plus ou moins violemment à utiliser est plein de bugs, entretient non-sens, dogmes erronés ou plutôt mythes et volonté de réduire la puissance publique au minimum. Il démonte les croyances libérales et notamment celle de l'efficacité absolue et sacro-sainte des marchés à partir des situations récentes, mais aussi d'exemples plus anciens, alors que seule la régulation publique peut en corriger les excès. Malgré cela, rien ne change, les banques, à l'origine de la crise, que le contribuable a renfloué et qui ont redistribué cet argent public en bonus pour récompenser l'incompétence de leurs dirigeants continuent de privilégier aveuglément intérêt personnel et maximisation du profit à court terme. Le fait que l'auteur soit Prix Nobel d'économie renforce la crédibilité de ses affirmations, d'autant qu'il ne prétend pas détenir la solution miracle, il propose des voies de progrès et de réduction des injustices, tout en demeurant lucide sur les freins et l'inertie du système. Ces blocages il les a lui même vécu alors qu'il participait au gouvernement Clinton, ils l'ont fait démissionner. Après avoir fermé la dernière page, je comprend mieux pourquoi il avait rejoint le camp de Bernie Sanders. Cela me conforte également dans mes convictions, un autre monde est possible : " There is no alternative" (TINA) n'est qu'un slogan marketing ! Cela passe par la réduction des inégalités et un retour de l'équité économique, politique et sociale. Une vaste utopie ? Je ne crois pas, la situation est intenable à long terme et Stiglitz de nous prédire soit une révolte des 99% soit un retour à la raison des 1 % ! L'avenir répondra...
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Dans quel monde voulons-nous vivre ?  25 répo..

Difficile de supporter un tel rassemblement de faux-jetons et de "grands esprits de notre temps". J'ai envie de dégueuler, dorénavant, lorsque je lis le terme "économie positive". C'est rempli de propositions pour un crash économique et politique avec de l'allure, au nom du développement durable et d'autres bonnes intentions.





C'est rempli de lignes et de lignes de méthode Coué, de publicité, d'appel au productivisme... le tout pour vivre dans un monde meilleur. Bien entendu, on n'échappe pas aux termes d'angliche branchouille, dans la lignée du modèle dégueulasses des start-up, présentées comme la référence de la nouvelle économie.





Bref, l'ouvrage parfait pour savoir vers quoi il ne faut absolument pas se diriger en termes de structures économiques, écologiques et politiques. Noyé au milieu de toute cette fange, on trouve bien deux ou trois textes un peu moins stupides. Malheureusement, cela ne prête même pas à sourire.
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La Grande Fracture

Ce livre reprend des articles parus sur plusieurs années entre 2005 et 2015. Il est un puissant résumé des positions défendues par l'auteur Joseph Stiglitz. Certains poins pêchent par le manque de profondeur du propos, mais ce n'est pas l'objectif de ce livre. Pour cela, il est recommandé de se tourner vers son livre "Le prix de l'inégalité". Ici, c'est clairement une lecture "quotidienne" et dans le feu de l'action de ce qui se passe, en remettant en avant les points avancés par Stiglitz dans d'autres occasions là où ils sont nécessaires. C'est parfois assez répétitif, donc pas indispensable à lire, mais malgré tout intéressant pour se rafraîchir la mémoire.
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Le prix de l'inégalité

Beaucoup de concepts et de constats sur la société américaine maintes fois lus ou entendus. Peu de propositions. A quel public s'adresse ce livre? Des coĺlegiens non informés? Une grande déception..
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