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Citations de Joseph von Eichendorff (214)


Beauté lointaine

Un murmure frissonne à la cime des arbres,
Comme si c’était l’heure de ronde
Autour de ces murs à moitié disparus
Des divinités anciennes.

Ici, derrière les buissons de myrte,
Dans la splendeur des ombres et des mystères,
Que me dis-tu, troublante, comme un rêve
Nuit hantée ?

Les étoiles m’aveuglent de leur lumière
En un regard d’amour brûlant,
Il me semble que les lointains me parlent, enivrés,
D’un avenir immense de bonheur !

(p. 53)
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Joseph von Eichendorff
Mes premiers souvenirs se perdent en un grand et beau jardin. De longues allées élevées, bordées d’arbres soigneusement taillés, s’en vont dans toutes les directions entre deux grands parterres de fleurs, et des fontaines murmurent, solitaires, les nuages s’éloignent, au-dessus des allées obscures, une petite fille d’une beauté merveilleuse, plus âgée que moi, est assise près de la fontaine et chante des chansons italiennes, tandis que des heures durant, souvent, je reste appuyé aux barreaux de fer du portail du jardin, qui ouvre sur la route, à regarder au-dehors l’éclat du soleil perdre son vol changeant au-dessus des bois et des prairies, et les voitures, les cavaliers et les piétons passer devant le portail et disparaître dans les lointains étincelants.

(fragment autobiographique extrait de « Pressentiments et Temps présent »)
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Le vieux jardin

Couronnes impériales, rouges pivoines,
Il faut qu’elles soient ensorcelées
Car Père et Mère depuis longtemps sont morts :
Pourquoi fleurir dans cette solitude ?

Le jet d’eau continue son bavardage
Sur les beaux jours, les jours anciens ;
Une femme est assise, endormie,
Sa robe disparaît sous ses cheveux bouclés.

Elle tient dans sa main un luth,
Comme pour parler dans son sommeil ;
Il me semble que je l’ai connue autrefois – 
Tais-toi, passe ton chemin sans l’éveiller.

Et quand l’ombre gagne la vallée,
Doucement elle caresse les cordes :
Alors un écho merveilleux
Parcourt le jardin la nuit entière.


[Der alte Garten

Kaiserkron und Päonien rot,
Die müssen verzaubert sein,
Denn Vater und Mutter sind lange tot,
Was blühn sie hier so allein?

Der Springbrunnen plaudert noch immerfort
Von der alten schönen Zeit,
Eine Frau sitzt eingeschlafen dort,
Ihre Locken bedecken ihr Kleid.

Sie hat eine Laute in der Hand,
Als ob sie im Schlafe spricht,
Mir ist, als hätt ich sie sonst gekannt – 
Still, geh vorbei und weck sie nicht!

Und wenn es dunkelt das Tal entlang,
Streift sie die Saiten sacht,
Da gibt’s einen wunderbaren Klang
Durch den Garten die ganze Nacht.]

(pp. 90-91)
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Un jour, près d'une gloriette où je passais en me rendant à mon travail, je fredonnais :

Où que j'aille, où que je regarde,
Que ce soient champs, forêts, vallées,
Ou bien, d'une cime, l'azur,
Ô belle, ô si gracieuse dame,
Je t'adresse mille saluts.

Et voici que soudain, du fond des obscures fraîcheurs de la gloriette, entre les bordures de fleurs et les jalousies à demi ouvertes, je vois briller deux beaux yeux jeunes et vifs. J'en conçus un tel effroi que je poursuivis mon chemin sans achever ma romance et sans me retourner.
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Sans trop me poser de questions, je tirai mon violon et sortis du bois en jouant une joyeuse tyrolienne. Les filles poussèrent des cris d'étonnement, et les vieux des éclats de rire tels que la forêt en retenti. Une fois arrivé au tilleul, je m'adossais, jouant toujours. Alors une rumeur, des chuchotement parcoururent le groupe des jeunes personnes. Les garçons finirent pas poser leur pipe du dimanche , chacun prit sa chacune, et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, cette jeunesse paysanne tourbillonnais autour de moi. Les chiens aboyaient, les blouses volaient, et les enfants, faisant cercle autour moi, me dévisageaient curieusement et se demandaient comment mes doigt pouvaient être si agiles.
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Paresser devant ma porte ne me causait même plus de plaisir. Dans l'espoir de m'y sentir plus à l'aise, je sortis un tabouret pour y étendre les jambes et rafistolai un vieux parasol du receveur dont je me servis contre le soleil comme d'une espèce de kiosque chinois, où je me glissais à l'ombre ; rien n'y fit. Assis là à fumer et à rêvasser, j'avais l'impression que mes jambes s'allongeaient d'ennui et que, à force de ne rien faire et de ne rien regarder, des heures durant, que le bout de mon nez, je le sentais grandir et grandir encore.
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Voilà comment mes jours s'écoulaient, l'un après l'autre, et le temps vint où si bien manger et boire me rendit tout mélancolique. A ne jamais rien faire, mes membres se désarticulaient et il me semblait qu'à force de fainéantise j'allais tomber en poussière.
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A plusieurs reprises, je faillis me trouver en délicatesse avec mon maître. Une fois, parce que par une belle nuit étoilée, je m'étais mis à jour du violon, là-haut sur mon siège ; par la suite, parce que je dormais. J'avais pourtant le ferme désir de ne rien perdre de l'Italie et tout les quarts d'heure, j'écarquillais les yeux. Mais à peine avais-je un instant fixé mon attention que les seize chevaux, s'entrecroisant comme un filet de dentelle, faisaient à mes yeux un indescriptible brouillamini, ce qui finissait par me plonger dans une affreuse et irrésistible torpeur : rien n'y pouvait. Que ce fût le jour ou la nuit, la pluie ou le soleil, le Tyrol ou l'Italie, je pendais alors de mon siège, de droite, de gauche, en arrière, et parfois même plongeant la tête si fort vers le plancher que mon chapeau s'envolait et que le seigneur Guido, du fond de sa voiture, poussait de grands cris.
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Mais voici que la nuit ensommeillée passe sa manche de fourrure sur l'univers et toutes les couleurs en sont brouillées.
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Qu'il emmène sa belle,
Celui qui part au loin !
A l'étranger loin d'elle,
Il est seul dans son coin.

Que sait cette campagne,
De tout mon beau passé ?
Au-delà des montagnes,
Pays, je t'ai laissé !

Les étoiles brillantes,
Je les vis dans ses yeux,
Le rossignol qui chante,
Nous l'entendions tous deux.

Le matin me console :
Je monte allègrement,
D'en haut mon cœur s'envole
Au pays allemand.

Traduction : Rémy Laureillard
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J'aperçus alors le seigneur Guido qui sortait sur le balcon. Il ne me voyait pas et, s'accompagnant avec un art consommé d'une cithare qui devait traîner par là, il se mit à chanter tel un rossignol :

La rumeur des mortels vient juste de se taire,
Comme en un rêve on entend le bruissement des arbres
Et le murmure étrange de la glèbe
Chantant ce qu'à peine conçoit notre âme,
Le temps jadis, les douces peines...
Et de légers frissons frôlent le cœur,
Comme des fulgurances.

Je ne sais q'il chanta d'avantage : je m'étais étendu sur le banc devant la porte, recru de fatigue, et dans la tiédeur de la nuit, je n'avais pas tardé à m'endormir.
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NACHTS

Ich wandre durch die stille Nacht,
Da schleicht der Mond so heimlich sacht
Oft aus der dunklen Wolkenhülle,
Und hin und her im Tal
Erwacht die Nachtigall,
Dann wieder alles grau und stille.

O wunderbarer Nachtgesang:
Von fern im Land der Ströme Gang,
Leis Schauern in den dunklen Bäumen -
Wirrst die Gedanken mir,
Mein irres Singen hier
Ist wie ein Rufen nur aus Träumen.
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[…] je m'imaginais Rome semblables aux nuages qui passaient là-haut, avec des monts et des gouffres splendides sur la mer bleue, avec des portes d'or et de grandes tours éblouissantes, en haut desquelles chantaient des anges en robe dorée.
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La nuit

Comme c'est agréable de rêver ici
La nuit dans la forêt tranquille,
Quand le
vieux conte de fées résonne dans les arbres sombres .
Les montagnes au clair de lune
Comme si elles se tenaient dans leurs pensées,
Et à travers les décombres confus
Les sources coulent plaintivement.

Parce que lassement est allé
se reposer sur les nattes.La beauté maintenant reposée,
Elle recouvre
l'amour avec des ombres fraîches .

C'est le gémissement fou
Dans la splendeur tranquille de la forêt,
les rossignols l'ont battue
toute la nuit.

Les étoiles montent et tombent -
Quand viens-tu,
vent du matin, Et soulève à nouveau les ombres
De l'enfant rêveur?

Déjà les choses bougent dans les arbres,
l'alouette va bientôt vous réveiller -
alors je veux rêver fidèlement
La nuit dans la forêt tranquille.
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Plus s'éloignent l'un de l'autre deux amants que la vie sépare, plus le vent du voyage gonfle derrière eux ce manteau diapré pour en faire une arche qui les relie toujours mieux. Et plus le vêtement se creuse de ce pli surprenant de hardiesse, plus s'allonge l'auguste cape qui suit les amants : de sorte qu'un tiers ne peut marcher par les chemins qu'il ne mette par mégarde le pied sur quelqu'une de ces traînes d'amour.
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Au berceau, nul ne peut chanter ce que la vie va lui porter ; poule aveugle trouve parfois son grain ; rira bien qui rira le dernier ; ce que nul n'a prévu souvent est advenu ; l'homme propose, Dieu dispose.
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Nuit sous la lune

1835

C'était comme si le ciel avait
En silence embrassé la Terre,
Et qu'elle, dans la lueur des fleurs,
Ne pouvait rêver que de lui.

La brise passait à travers champs,
Les épis ondulaient légèrement,
Les bois bruissaient doucement,
Tant la nuit était étoilée.

Et mon âme se tendit
Développa grand ses ailes,
S'envola par les campagnes silencieuses,
Comme si elle volait vers sa demeure.
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L'amour, sur ce point, tous les savants sont d'accord, est une des particularités les plus inexpugnables du coeur humain : les bastions du rang et de la classe sociale, il les fracasse d'un seul de ses regards de flammes.
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J'étais donc une fois de plus abandonné à mon sort et à la grâce de Dieu, condamné à rester à la belle étoile sur cette même place silencieuse où je m'étais trouvé la veille lors de mon arrivée. Le jet d'eau qui tout à l'heure encore m'avait semblé scintiller si gaiement au clair de lune que je croyais voir des angelots jouer dans sa cascade, ce même jet d'eau continuait toujours à murmurer : mais maintenant tout mon plaisir et toute ma joie avaient sombré dans la fontaine.
Je pris alors la ferme décision de tourner le dos à cette perfide Italie avec ses oranges, ses femmes de chambre et ses peintres dérangés. Et, sur l'heure, reprenant ma course errante, je repassai la porte de la ville.
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Or, juste à ce moment-là, un rayon de soleil matinal entra par la fenêtre qui lui faisait face, glissa sur les cordes et les fit flamboyer ; mon coeur en écho se mit à vibrer.
-Oui, m’écriais-je, viens, fidèle instrument ! Notre royaume n'est pas de ce monde !
Je décrochai donc le violon, plantai là registre, robe de chambre, pantoufles, pipe et parasol, quittai ma maisonnette aussi pauvre que j'y étais entré, et me retrouvai sur la route lumineuse.
je jetai maints regards en arrière ; j'avais un étrange état d'âme, où la tristesse le disputait à une folle gaîté ; j'étais comme l'oiseau échappé à sa cage.
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