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Critiques de Jules Supervielle (90)
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Gravitations

Jules Supervielle n'est pas le plus connu des poètes français et il n'est pas improbable que dans un futur plus ou moins proche ces écrits achèvent de se disperser dans les limbes de l'oubli. Et ce serait une importante perte pour la littérature. Il faut lire ou relire Jules Supervielle tant sa poésie est singulière, émouvante et attachante.



Pour autant, il ne faut pas craindre de s'empêtrer dans les mots qui s'accumulent, se dissipent, s'entrechoquent sous nos yeux. Rien n'est simple avec Supervielle, poète troublé et troublant. Par exemple, qui était vraiment ce Guanamiru, personnage sud-américain, comme l'était Supervielle qui naquit en Uruguay avant d'émigrer en France et de perdre ses parents à l'âge de 8 mois (et de ne l'apprendre qu'à 9 ans), et surtout double aux ardeurs débridées ? Et l'on ne peut pas aborder sa poésie sans avoir conscience de cette dualité, Supervielle homme marqué par le double sceau de la perte (de ses parents) et de l'errance (il naviguera toujours entre l'Uruguay qui l'a vu naître et la France qui l'a formé).



Cette dualité, mais aussi cette violence retenue, ce lyrisme sans cesse freiné, donne à ses vers et à sa prose une odeur, une couleur, une émotion unique. Au travers de cette plongée dans son inconscient il frôle par moment sa psychose, ses angoisses profondes qui le conduisent inévitablement à la dépression, mais parvient toujours à en réchapper par des pirouettes de langage, une réécriture de ses oeuvres ou une réminiscence à double-sens.



Malgré tout, s'il est essentiel d'approcher l'homme pour approcher l'oeuvre, il est vain de croire que l'on peut en saisir toute la richesse et la profondeur. Autant prétendre saisir l'horizon. Et finalement ce mystère, cette intimité foisonnante à l'image de la jungle amazonienne, cette complexité qui nous repousse parfois à l'écart n'occulte en rien la beauté des mots. Il me semble que si le mystère, voire l'obscurité nous attirent parfois, ce qui nous retient en fin de compte c'est la grâce. Les poèmes de Jules Supervielle en sont empreints.



Équateur



Sous la véranda de stuc rose

Les colons jambes croisés, vêtus de blanc et de soleil,

Dans la chaleur urgente n'osent

Bouger de peur de se blesser aux rais qui coupent comme verre.



[…]



Retour à l'Estancia



[…]

Je me mêle à une terre qui ne rend de comptes à

personne et se défende de ressembler à ces paysages

manufacturés d'Europe, saignés par les souvenirs,

à cette nature exténuée et poussive qui n'a plus que

des quintes de lumière,

et, repentante, efface, l'hiver, ce qu'elle fit pendant l'été.

[…]



Retrouvez des critiques et bien plus encore sur mon blog.
Lien : https://voushumains.com
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L'enfant de la haute mer

j'ai adoré cette nouvelle car elle change beaucoup de ce que j'ai l'habitude de lire. Cette nouvelle est bien "répartis" de sorte a ce qu'on ne s'ennuie jamais. Tout était intéressant. Ce que j'ai préféré était le faite que quand elle mangeait de la confiture le pots demeurait intact. Comme si elle n'en avait jamais mangé ! Cela me donnais un côté un peu rêveur ! Ce qui m'a par contre dérangé était le faite qu'elle garde sa détermination d'ouvrir les volets tous les matins pour faire comme si la ville était habité par d'autre personne quelle. Dans la pyramide des besoin humain de Maslow il est écrit que les humain ont besoin d'appartenir à un grouppe humain, hors elle est toute seul. Enfin j'ai trouvé la fin très surprenante. Je ne m'attendais pas du tout a cette révélation (je n'en dit pas plus pour ne pas spoiler).

Bref une nouvelle avec plein de rebondissement et ou on ne s'ennuie jamais !

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L'enfant de la haute mer

Conte étrange, loufoque, au sujet d'un enfant vivant dans une ville flottant sur l'océan. Le surréalisme en littérature m'a toujours un peu dérangé, mais je reconnais à cette oeuvre quelques qualités poétiques.
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L'enfant de la haute mer

C'est un bouquet de fulgurances poétique qu'offre Supervielle, avec ces contes au fantastique parfois burlesque.

Des histoires en forme de rêves, parfois, dans lesquelles le lecteur subjugué se laisse emmener. Mondes marins ou aériens, habités d'ombres ou de créatures étranges. Terres cruelles et fascinantes où une voix étrange résonne, où un homme meurt après un long voyage, où un autre mute étrangement.

Le livre refermé, je reste avec un tourbillon magique dans la tête.

Je garde le livre non loin, à portée de doigts.

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L'enfant de la haute mer

Bonjour à tous!

J'ai lu il y a quelques semaines (oui, j'aurais dû écrire ma chronique plus tôt...) un livre qui, pour le coup, sort vraiment de ma zone de confort: le recueil de nouvelles L'enfant de la haute mer.

Il faut dire que le choix de ma lecture a été très bassement matérielle: il fallait absolument que je lise pour la fin de la semaine un classique parmi une liste que le professeur de Lettres nous avait donnée, j'étais débordée, j'avais énormément de retard, et j'ai donc choisi le livre le plus court qui se trouvait être ce recueil de nouvelles, me disant "Tant pis si tu détestes ça, tu n'as pas le choix".

Et comme quoi... Le hasard fait bien les choses... Cette lecture fut l'une des plus agréables de ma vie! J'hésite vraiment quant au choix de l'adjectif pour qualifier ce livre: toutes les nouvelles sont très tristes, très surprenantes, on ne peut pas vraiment parler de lecture "Feel Good"... Mais en même temps il s'agit d'une tristesse douce, qui ne nous laisse pas le cœur lourd... L'Enfant de la haute mer, c'est le genre de livre qui se lit le soir, sous la couette, d'une traite entre deux lectures, enfermé(e) dans sa petite bulle le temps de 2 ou 3 heures! On ne pense à rien, on est juste attendri devant tous ces personnages, ça coule tout seul, et on en garde la sensation d'avoir passé un agréable moment hors du temps!



Mais bon, tout ça est très flou! Entrons plus dans le détail de l’œuvre!

Déjà, je disais que ce recueil se lisait d'une traite: j'ai vu que livre faisait 160 pages en format papier, il m'a semblé beaucoup plus court sur ma liseuse! 80 pages peut-être... En 2 heures, en lisant lentement sans se presser, c'est plié! J'aime bien aussi ce genre de lecture sans prise de tête, qui ne demande pas qu'on s'y attarde! Le format de la nouvelle doit aussi jouer je pense: avant, je n'aimais pas les nouvelles car j'avais l'impression de rester sur ma faim, comme si on laissait là un personnages sans avoir la suite! Ce n'est pas tellement le cas dans les nouvelles de ce recueil: on n'a pas l'impression d'un "bout" d'histoire, mais vraiment d'une histoire qui se tient toute seule, avec son début et sa fin! Elles ont un peu la structure d'un conte, avec ces éléments fantastiques (les noyés de la Seine revivent sous l'eau, les animaux parlent, les personnages se métamorphosent...), les éléments un peu enfantins, et cette impression d'histoire hors du temps... J'avais vraiment l'impression de relire mes contes d'enfants!



Quant au style: il n'y a aucune difficulté à lire ce livre, aucune structure de phrase alambiquée, pas d’ambiguïté... Tout semble couler de source, comme une évidence, on se laisse vraiment porter par l'écriture de Supervielle! Ce qui, attention, n'enlève rien à la richesse du texte! L'auteur a une écriture très poétique qui est très en accord avec son univers, c'est doux, c'est beau, c'est simple, ça fait du bien! Et je pense que c'est une très bonne porte d'entrée pour commencer à lire des classiques, ou si comme moi vous n'êtes pas fan de poésie!



Quant aux histoires elles-mêmes, comme je le disais elles sont à la fois belles et tristes, douces et surprenantes... Je vous préviens, la plupart s'achèvent sur la mort du personnage, qui est parfois même un suicide, l'histoire se déroule aussi dans un monde de morts dans certaines nouvelles. Bien sûr jamais de morts violentes, tout se déroule toujours de manière mélancolique et symbolique. Cela peut aussi nous amener à une certaine réflexion sur la mort, puisqu'elle n'est ici pas considérée comme une fin ni comme une catastrophe, mais parfois comme un début et comme un choix... Cela dit, il faut tout de même à mon avis laisser ce livre entre les mains de lecteurs avertis, pas trop jeunes ni trop sensibles à ce sujet!



Bref, j'ai bien conscience de ne pas vous en avoir dit beaucoup, mais j'avais envie de vous parler de cette lecture étonnante qui a trouvé un véritable écho en moi!
Lien : http://leboudoirbibliotheque..
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Le forcat innocent / Les amis inconnus

J'aime bien le style de cet auteur, j'ai trouvé ma lecture très agréable.
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Contes de Noël

c'est mon livre de contes préféré. Je ne me lasse pas de le lire et de le relire. Un pur trésor évangélique !
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L'enfant de la haute mer

Souvenir de mon enfance, on m'avait offert ce livre dans une collection qui contenait de superbes illustrations. L'histoire poétique de cette petite fille était aussi infiniment triste, et quand je feuilletais ce livre, j'avais l'impression de lui tenir compagnie et qu'elle souffrirait moins de cette solitude. Je le conserve encore aujourd'hui, et j'espère que mes enfants prendront plaisir à le lire.
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L'enfant de la haute mer

Sans doute le livre le plus superbement mélancolique qu’il m’ait jamais été donné de lire. Peut-être n’est-il pas de plus grand écrivain que Supervielle qui soit tombé dans un oubli aussi complet. Il est dur de décrire la subtilité de son écriture, l’étrange ambiance de ces quelques nouvelles, la douceur triste qui habite chacune de ses phrases.



La première histoire, celle qui donne son nom au recueil, en est l’apogée. Une fillette vit seule dans un village au milieu de l’océan. Quand un navire s’approche, elle tombe soudainement endormie, et les maisons plongent sous la mer. Que fait-elle là, toute seule ? De toute sa vie, elle n’a connue que l’immensité de la solitude… Connaitra-t-elle un jour autre chose ? Quel est cet endroit, pourquoi est-elle là ?



Chaque nouvelle développe son étrange atmosphère douce-amère, campe ses personnages acceptant silencieusement leurs destins trop lourds. Celui-ci va même par delà la mort dans ‘Les boiteux du ciel’. Là où ce qui reste des hommes n’est plus qu’ombre au milieu des ombres, croyant mener une vie dans ce qui n’est qu’ombre... Paradoxalement, la plus sombre du recueil et la seule qui se termine sur une note heureuse !



Et au milieu de tout cela une touche de merveilleux presque incongrue, qui révèle une foi profonde et nourrie de la ‘Légende Dorée’ chez celui qu’on aurait pu croire athée, au vu de sa description de l’après-mort. C’est la nativité racontée du point de vue du bœuf et de l’âne de la crèche. Un doux moment de beauté et de paix, où le bœuf réchauffe de son souffle l’enfantelet dans la paille… Qu’a-t-il fallut pour que Supervielle chasse la mélancolie qui habite chacune de ses lignes, en dehors de celles-ci ? Un souvenir des Noëls de l’enfance, peut-être…



Peut-être est-ce mieux au fond que Supervielle ne soit pas plus connu. Entendre la presse ou la télévision en parler me donnerait l’impression de voir un ours fouiller dans des dentelles aux fuseaux…
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L'enfant de la haute mer

Les huit nouvelles "surréalistes" de ce recueil sont autant des contes fantastiques que des poèmes. On y retrouve, dans un style simple et facile à lire, agrémenté de l'humour malicieux et décalé de Supervielle, un questionnement plus profond, plus sérieux, sur le rapport entre la soi-disant réalité et la fiction , entre la vie et la mort. Ce questionnement se rapproche de celui de Saint Exupéry et ,comme le Petit Prince, interpelle aussi bien l'adulte que l'enfant, ou plus probablement l'enfant en chacun de nous, plus à même de se "reconnecter" au sens profond des choses. Ce n'est pas un hasard si les personnages mis en scène sont "en rupture de ban", autant de funambules glissant sur une frontière ambiguë, presque morbide. souvent au bord d'une faille, au bord du vide. Mais, dans ce recueil, le questionnement poétique inquiet se trouve équilibré par un conte fantastique plus tendre et chaleureux, qui rassure l'enfant que nous sommes. L'enfant de la Haute Mer nous fait plonger dans les eaux inconnues du rêve et de l'inconscient, mais à travers des personnages auxquels on compatit plus qu'on s'identifie ; ce qui nous permet de rester étroitement arrimés au cadre du lit, serrant bien fort le doudou familier.
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Gravitations

Probablement un de mes poètes préférés, découvert ces dernières années. Ses poèmes sont des fables, presque des paraboles. Dans des vers accessibles, il invite le lecteur au dialogue.



Dans Débarcadères, il apparaît en poète du voyage, nous nourrissant d'exotisme et de sensualité. L'homme se confronte à la nature. Celle-ci, brute, immuable et physique, rend l'homme petit, fragile, contingent, dérisoire....

Dans Gravitations, presque surréaliste, mais pas tout à fait, il nous donne à voir un monde apparemment léger, évoquant les oiseaux, les nuages, les nuits étoilées, tout en s'appuyant sur les connaissances scientifiques de son temps.



Mais s'en tenir là serait méconnaître la profondeur de son exploration poétique, déformant le réel. Sous des dehors humoristiques et malicieux, Jules Supervielle introduit le paradoxe, brouillant, dans une expression qui reste simple, le sens habituel des image et des mots... ce faisant, il nous fait toucher du doigt, avec modestie et lucidité, la réalité toute relative des choses. A sa lecture, on entre en méditation.



Partir, pour mieux se retrouver... à travers le voyage, Jules Supervielle nous invite en fait à une quête intérieure et spirituelle. Le but n'est pas le voyage en soi, mais le fait de s'embarquer. Paradoxe..., l'homme se met à rêver, et cette confrontation se révèle alors passage immobile, "débarcadère" , vers plus grand; Alternant vers réguliers et libres, il semble hésiter, pris dans la houle, questionnant l'univers..

Rien de cérébral dans cette exploration, qui s'appuie cependant sur une bonne connaissance scientifique. Il nous livre des clés, mais c'est à chacun d'interroger son être intérieur, après avoir laissé son ego gisant su rla bastingage. Sa démarche fait penser au questionnement des maîtres bouddhistes : sans rien forcer, partant des situations matérielles vécues par chacun, il nous amènent à toucher avec le coeur les ressorts cachés de nos actes, de la vacuité, le sens des choses au-delà des sens.



Dans Gravitations aussi, l'espace et le temps perdent leurs amarres. Dans une démarche métaphysique que je rapprocherais de celle de Miro, il nous extrait des lourdeurs de ce monde sot disant "réel", tout en lui conservant l'empathie due à l'humanité . Cette démarche génère une certaine angoisse, car "graviter" c'est aussi se rapprocher de la mort, et s'extraire, c'est s'interroger sur le vide, le néant, et perdre tout repère, comme dans le voyage.



Mais au final la poésie de Supervielle reste fraîche et optimiste, nous rassure, transcende les angoisses et difficultés, comme autant d'apparences vaines, et invite à une quête d'absolu, non par la connaissance mais par l'observation méditative d'un nuage, d'un oiseau, d'une nuit étoilée.



Supervielle, dans cette exploration du cosmos, qui confronte l'homme à ses peurs, est le poète-guide que je choisirais, plutôt que le surréalistes, Réda ou René Char ; car il le fait avec douceur et légèreté, avec une retenue et une simplicité, qui ne nuisent pas au double-sens des images et des mots, que chacun peut ainsi assimiler à son rythme.





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La fable du monde

Elu peu avant sa mort "prince de poètes", Jules Supervielle (1884-1960) a partagé sa vie entre l'Uruguay (où il est né) et la France. Il a laissé une oeuvre importante, notamment dans le domaine poétique. J'ai choisi un peu au hasard ce recueil. Il débute par une première partie: "La fable du monde", qui évoque la création divine et dont certaines pièces m'ont beaucoup touché. D'une manière générale, j'ai été assez sensible à cette poésie souvent très simple et éloignée de la "grammaire" surréaliste. J'ai une prédilection pour les pièces courtes. Par exemple: "C'est la couleuvre du silence" (que j'ai mis en citation) ou "Lettre à l'étoile".
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Choix de poèmes

J'ai trouvé cette édition de 1947 dans une boutique oxfam, et j'y suis très attachée car elle offre un large choix de poèmes, tirés de recueils différents, et permet bien d'appréhender l'univers de ce poète si secret.



Jules Supervielle a été déchiré dès le plus jeune âge entre deux pays: né en Uruguay, il est revenu en France, bébé, avec ses parents qui y sont morts juste après. Il s'est partagé toute sa vie entre ces deux endroits aimés.



L'appel du voyage, le goût de la mer et du large se retrouvent pleinement dans sa poésie, d'ailleurs l'un de ses recueils s'intitule "Débarcadères".



Le thème de l'eau est de ce fait très présent dans son oeuvre:



" Mémoire des poissons dans les criques profondes,

Que puis-je faire ici de vos lents souvenirs,

Je ne sais rien de vous qu'un peu d'écume et d'ombre

Et qu'un jour, comme moi, il vous faudra mourir."



Un autre aspect qui me frappe ,c'est sa chaleur humaine, son besoin des autres, au- delà de sa réserve naturelle.J'ai remarqué qu'il utilisait souvent le mot "visages":



" De beaux visages se formant

Autour de ma plume avançante ".

Il a d'ailleurs eu des amis très fidèles, comme Jean Paulhan ou Henri Michaux .



En plus de ses blessures personnelles, il a connu la guerre , dont il témoigne par écrit :



" Compagnons du silence, il est temps de partir,

de grands loups familiers attendent à la porte."



Pour moi, Jules Supervielle est un poète de l'intime dans ce qu'il a de plus délicat, de plus pudique. Il se laisse deviner, effleurer, mais ne se révèle jamais vraiment.Ses vers fluides, à l'image de son attirance aquatique, sont plus complexes qu'ils ne paraissent. Il faut creuser les mots, les humer, les rêver ... Certains de ses textes me bouleversent toujours comme son vibrant "Hommage à la vie":



" C'est beau d'avoir élu

Domicile vivant

Et de loger le temps

Dans un coeur continu,

Et d'avoir vu ses mains

Se poser sur le monde

Comme sur une pomme

Dans un petit jardin

D'avoir aimé la terre,

La lune et le soleil,

Comme des familiers

Qui n'ont pas leur pareils (...)



On sent que toute son existence a été baignée de poésie, qu'elle a été son essentiel. Comme il l'écrit à la fin du poème cité juste avant, c'est beau :

"D'avoir senti la vie

Hâtive et mal aimée,

de l'avoir enfermée

Dans cette poésie. "



C'est beau aussi de lire et relire Jules Supervielle....





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Le forcat innocent

Il fut en France un écrivain

Dont le nom était Supervielle

Ses mots étaient tristes et sereins

Ses phrases simples et belles.



Il n’écrivit pas tant de choses

Ces poèmes, quelques nouvelles,

Qui pourraient sembler moroses

N’était leur douceur si frêle



Il évoquait la mort, de loin

Par la tristesse, l’abandon

La neige tombant en crachin

Sur l’ordure et les bris de béton



Mais les mondes qu’il peignait

L’espoir ne les avait pas désertés

Toujours s’y trouvait une menue graine

Proclamant que la vie n’est pas vaine.
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La fable du monde

De Jules Supervielle, je ne connaissais au début que ses nouvelles presque surréalistes. Je me rappelle comme si c’était hier (et c’est loin d’être le cas…), de la première fois où j’ai lu L’Enfant De La Haute Mer, en classe de primaire, suite à une dictée ou quelque exercice de ce genre. Par la suite j’avais emprunté le recueil de nouvelles au CDI, et bien plus tard j’ai découvert ses poèmes.



Contrairement aux nouvelles, la poésie de Supervielle ne s’inscrit pas dans le Surréalisme. On y retrouve la fragilité, la douceur, une élégance de chevalier d’un autre temps. Est-ce de n’avoir pas connu ses parents, morts dans sa très jeune enfance ; est-ce d’être de deux patries, et donc du monde, la poésie de Supervielle est de celle qui trace un chemin vers le cœur, discrètement mais pour longtemps.



De manière tout à fait personnelle, et peut-être à cause de L’Enfant De La Haute Mer, Jules Supervielle est pour moi le poète de l’océan, des rivages et des voyages imaginaires. Mais ce serait vain et réducteur de vouloir l’assigner quelque part. Supervielle est un poète, et comme tous les poètes : le messager universel de la beauté et des sentiments humains.
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L'enfant de la haute mer

Autant j'avais trouvé le voleur d'enfants plat, autant avec ce recueil de 8 contes, je retrouve ce que j'aime tant chez Supervielle.

Cette fable qui donne son nom au recueil, à la fin magique, ce conte, aux mots savamment choisis, vibrant de solitude, est maitrisé de bout en bout, à l'instar du Boeuf et l'âne de la crèche, de l'Inconnue de la Seine, des Boiteux du ciel et de la piste et la Mare. Autant de petits bijoux ciselés dans lesquels je retrouve une bonhomie devant l'étrange propre à Fred (dans Philémon et dans ça va, ça vient, comme dans d'autres titres).

Ces nouvelles sont traversées d'une vacuité et d'une tristesse diffuse ; parfois seule la fin est triste, mais il y a aussi par exemple, les bouffées de bonheur du boeuf qui "protège" la crèche. Ce conte, le seul chrétien, est tout empli d'une belle piété.

Rani, La jeune fille à la voix de violon et Les suites d'une course sont quant à eux un peu bâclés à mon goût.

Avec Supervielle, la frontière entre la vie et la mort est bien mince... et la question de la finitude traverse ses écrits.

Bref, on appréciera également dans cette édition l'iconographie en noir à la fin.
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Le voleur d'enfants

Jules Supervielle aurait pu dire le gentil voleur d'enfants! Il a fallu qu'Antoine ait été kidnappé par le très gentil voleur d'enfants, le colonel Philémon Bigua pour que Hélène, sa mère, se rende compte de son manque d'affection pour son fils ou elle est simplement incapable de l'extérioriser, même quand elle le retrouve, sa joie n'est pas du tout enthousiasmée, elle est même confuse.

C'est bien là une réflexion sur l'amour maternel, le fait d'être femme peut-il faire qu'on soit une mère affective?...
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Gravitations

œu



Mon peu de terre avec mon peu de jour

Et ce nuage où mon esprit embarque,

Tout ce qui fait l’âme glissante et lourde,

Saurai-je moi, saurai-je m’en déprendre ?



Il faudra bien pourtant qu’on m’empaquette

Et me laisser ravir sans lâcheté

Colis moins fait pour vous, Eternité,

Qu’un frais panier tremblant de violettes.
Lien : https://lecturesindelebiles...
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Le voleur d'enfants

Le colonel Philémon Digua et da femme Desposoria ne peuvent avoir d'enfant. de ce fait, le colonel enlève des enfants dans la rue et se retrouve à la tête d'une famille de quatre garçons mais l'arrivée de Marcelle, jeune fille au charme délicat, va briser l'harmonie familiale.

Et bien ! Je me suis laissée embarquer par cette histoire au sujet bien original, l'auteur, je dois bien l'avouer, a de l'imagination à revendre.

Mais je suis restée mal à l'aise tout de même tout au long de ma lecture car Philémon est un personnage assez inquiétant.

Le suspense est au rendez-vous et même si l'angoisse n'est en rien morbide, on se demande comment l'histoire va se terminer pour tous les protagonistes. L'angoisse monte crescendo et ce jusqu'au dénouement final.

En bref, je ne connaissais pas du tout cet écrivain français et ce petit roman court de 158 pages est une bonne surprise livresque.

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La fable du monde

Les poésies les plus simples sont peut-être les plus belles. Ce recueil de facture assez classique a été écrit à une époque où la mode était peut-être davantage aux surréalistes... retour aux sources essentielles donc pour cette "fable du monde", qui est aussi une poésie intimiste, profondément touchante.
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