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Critiques de Jules Vallès (146)
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L'Enfant

L'enfant est un roman difficile, difficile à lire car long et sombre, mais surtout difficile pour les sentiments inédits et absolus de cet enfant qui déteste la société comme elle le déteste. Julles Valles est un révolté de l'enfance et on suit son parcours de souffrance sans complaisance, ni pour lui, ni pour le lecteur. On se révolte avec lui, sans savoir si cette autobiographie représente la vérité ou une réalité transformée pour les besoins de la cause. Pour ceux qui sont originaires de la région stéphanoise, comme moi, c'est un livre fondateur, militant et reconnaissable car il porte le message d'un peuple qui voulait simplement vivre en humain. La société pour cet enfant sera ce que Folcoche, la mère de Bazin, sera plus tard, dans ces romans qui ont su montrer une autre enfance, loin des poncifs habituels.
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L'Enfant

Bien

J'ai bien aimé cette autobiographie, certains passages sont un peut long, mais c'était la vie d'avant. Un livre que certains parents devraient lire avec leurs enfants cela leur ferait prendre conscience de beaucoup de choses Peut être que pour l'enfant la vie était dur, mais au moins il avait une éducation et du respect car a l'heure actuelle on se demande s'il y en a encore.



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L'Enfant

Eprouvante description d'une enfance et de sa misère affective. Non aimé, objet de toutes les pulsions sadiques et défouloir d'une mère bornée, il doit aussi se passer de père, le sien étant méprisé, humilié, et ne valant guère mieux, tout professeur qu'il soit, que son obtuse épouse. Que cet enfant ait pu grandir et se développer intellectuellement malgré le poids de bêtise de méchanceté et de mesquinerie posé sur sa tête pensante, c'est un premier miracle. Qu'il ait été en mesure d'en faire une oeuvre, c'est sûrement l'issue salvatrice qu'il a trouvée. Une résilience, en quelque sorte.
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L'Enfant

Jacques Vingtras, initiales J-V comme Jules Vallès est l'enfant d'un professeur d'abord pion mal considéré et d'un paysanne qui fait ses débuts à la ville.

Les deux parents sont convaincus que pour donner une bonne éducation à un enfant, il faut le battre.

C'est ainsi que chaque jour Jacques reçoit une volée de coups. Ses deux parents semblent au bord de la folie.

J'avais lu le roman à 16 ans au lycée et je ne m'étais pas rendu compte de la pitié que Jules Vallès savait créer chez le lecteur.

Pourtant certaines scènes sont empreintes d'humour noir, certains chapitres aussi . Quand la voisine promet à la mère de Jacques de finir de le battre et qu'elle fait semblant de donner des coups relève du tragi-comique. Le chapitre sur l'argent est tout empreint d'humour noir quand la mère dit à Jacques qui revient avec son pantalon ensanglanté suite à une bagarre : " La prochaine fois, mets un vieux pantalon".

La scène à l'auberge est excellente aussi quand la mère refuse qu'ils mangent le soir et ils attendent le matin avec les intestins qui les réveillent tellement ils ont faim. Là, on est dans l'humour noir, l'humour torture.

À l'âge où je l'ai lu pour la première fois, je ne savais pas que l'enfant faisait partie d'une trilogie.

Le roman est paru en 1879. J'avais le souvenir d'une autre écriture et j'ai redécouvert un style qui ne fait pas dans la dentelle ni dans le détail quoique certains portraits donnent des traits vraiment truculent comme celui de la tante Agnès et bien d'autres.

Jules Vallès va droit au but. Il me semble fort différent des écrivains de l'époque .

Je n'ai pas pu m'empêcher de repenser à "Poil de Carotte" et à Madame Lepic mais celui-là, je l'avais lu en première année du secondaire, à 13 ans. Le contexte était différent mais l'enfant était bien maltraité aussi.

J'ai été un peu sévère dans les étoiles. J'aurais dû en donner quatre.

"L'enfant" fait partie des classiques dont un extrait sera lu lors de la finale de lecture à voix haute de La grande librairie ce jeudi.









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L'Enfant

Plongée dans la France provinciale de la fin du XIXème siècle. C’est le début de la fin de la France paysanne et l’avènement de l’industrie et de la petite bourgeoisie avec son obsession de la respectabilité et ses valeurs nauséabondes comme le mépris des plus faibles que soi, la soumission à l’autorité …



L’enfant, c’est d’abord la relation avec la mère. Dès le début, le décor est planté: l’enfant se fait fouetter par sa mère. Il accepte ce sort, trouvant des excuses à cette mère toxique et castratrice, et probablement aveuglé par l’amour qu’il lui porte, un amour inconditionnel. On est ici bien loin de la promesse de l’aube de Romain Gary.



Le père est totalement absent, soumis à l’autorité de la mère ou à celle de ses supérieurs, moqué par ses élèves et par ses collègues. Alors l’enfant va chercher ses modèles ailleurs, chez ses oncles ou dans les livres d’aventure.

L’enfant grandit tant bien que mal dans cet univers malsain, et peu à peu se tourne sur le monde qui l’entoure. C’est l’éveil d’une conscience politique, la naissance d’une aspiration à plus de justice sociale. J’aime cette époque où rien n’est encore joué, où tout est encore possible. Une époque où un vent d’insurrection souffle sur la France, sur l’Europe.



Le roman est loin d’être plombant, même si la situation n’est pas très réjouissante. Il regorge de scènes cocasses (mémorable distribution des prix, visite de la mère à Paris, démonstration de l’existence de Dieu à coup de bâtonnets de bois, …), de chutes, de collisions. Les caractères du père et de la mère sont magnifiquement croqués.



Un roman réaliste et savoureux à lire.

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L'Insurgé

Le BEPC ! Brevet d’Etudes Primaires des Collèges, mon BEPC. Voilà qui ne va rajeunir personne : c’était en 1972… et « L’insurgé » de Jules Vallès fut mon « livre de prix » (offert en Livre de Poche par l’Entente Scolaire Intercommunale de Tourlaville - Bretteville - Digosville - La Glacerie – Le Mesnil au Val) à l’occasion de mon brillant succès aux épreuves du dit Brevet cette année là.



Mais revenons à nos moutons…

« L’insurgé », donc… Troisième volet de la trilogie de Jacques Vingtras, ouverte avec « L'Enfant » et poursuivie avec « Le Bachelier » ; publié chez Charpentier en 1886 après avoir paru initialement en 1885 (l’année de « Germinal » du grand Zola) dans les journaux « La Nouvelle Revue » et « Le Cri du Peuple ».



« AUX MORTS DE 1871

À TOUS CEUX

qui, victimes de l’injustice sociale,

prirent les armes contre un monde mal fait

et formèrent,

sous le drapeau de la Commune,

la grande fédération des douleurs,

Je dédie ce livre. »



Le ton est donné. Vallès entreprend de nous raconter la Commune de Paris dans toute sa grandeur mais aussi dans toute sa cruauté. On verra son héros, Jacques Vintgras, l’écrivain Vingtras, ferrailler sur les barricades… dans la tourmente des soubresauts de l’Histoire et l’euphorie de l’action.

Dans ce dernier opus de l’auteur, paru un an après sa mort, Jules Vallès se fait le défenseur de tous ceux que cette fin de 19ème siècle gène aux entournures. Dans un style très vif (journalistique dirait-on aujourd’hui) il nous plonge dans une de ces « brûlures de l’histoire » qui contribua à faire de la France ce qu’elle est aujourd’hui…

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L'Enfant

Le Puy, 1830.

« Ai-je été nourri par ma mère ? Est-ce une paysanne qui m’a donné son lait ? Je n’en sais rien. Quel que soit le sein que j’ai mordu, je ne me rappelle pas une caresse du temps où j’étais tout petit : je n’ai pas été dorloté, tapoté, baisotté ; j’ai été beaucoup fouetté"



Cette phrase inaugurale lance d’emblée la narration en installant le rapport difficile à la figure maternelle. Et la rapsodie de cris, de gifles, de raclées, de pleurs et de disputes assure la trame de l’histoire. Mais ce n’est (peut-être…) pas le pire ! Il ne s’agit pas ici, seulement, d’une histoire d’enfant battu, malheureux, mais l’histoire d’un monde de frustrations intolérables.



Car, si Madame Vingtras bat Jacques, son fils, à qui mieux mieux, c’est qu’elle croit à des raisons qui lui paraissent vraies et bonnes. Dans une société où règle l’ordre moral le plus obtus, où les hiérarchies sont tout à fait rigides et fondées seulement sur des rapports de forces, tout désir de mouvement qui pourrait déranger l’ordre établi est aussitôt réprimé.

Or, les parents de Jacques sont des « déclassés vers le haut » : ils viennent du monde paysan et, par les chemins de l’école et des diplômes, ils tentent d’accéder à la classe petite-bourgeoise, tout en souhaitant que Jacques devienne, lui aussi, un « Monsieur ».



Ainsi, les frustrations de M. et Mme Vingtras trouvent une compensation dans les raclées qu’ils administrent à leur enfant.

Ainsi, les frustrations de Jacques trouveront une compensation dans la révolte : révolte contre ses parents, -même si Jacques les plaint plus qu’il ne les condamne-, révolte contre l’institution scolaire, révolte contre sa ville de province, révolte contre son milieu, et enfin, révolte contre l’ordre établi puisqu’il s’engagera dans l’action pour la révolution.



Un livre sur l’enfance malheureuse qui induira FORCEMENT des choix à l’âge adulte : se soumettre, ou alors, oser dire non, avoir la volonté et le courage du refus, s’insurger. Un roman sombre – même si quelques embellies illuminent un peu ce roman, notamment pendant les vacances à Farreyrolles à la campagne chez les tantes où la joie de vivre, les rires, les plaisirs simples permettent à Jacques de se sentir vraiment exister. Un roman émouvant. Un roman éthique.



Par-dessus le flot d’une génération, un autre romancier entendit la voix de Vallès : Louis-Ferdinand Céline, « Mort à crédit », qui comme dans l’Enfant, dénonçait, lui aussi, toute une jeunesse sous le joug de l’interdit - interdit de ressentir, de bouger, de désirer, d’exister.

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Le Bachelier

On retrouve le jeune Jacques Vingtras, alter ego littéraire de Jules Vallès, le bac en poche, dans les rues de Paris où il tente de faire sa place, et surtout de ne pas mourir de faim tout en restant fidèle à ses convictions et à ses valeurs.



Ce départ pour Paris, c’est d’abord une fuite loin de parents toxiques, mal-aimants et maltraitants. (rencontrés dans le premier tome de cette trilogie). Mais c’est aussi l’occasion de retrouver d’autres jeunes hommes, prêts à en découdre pour défendre la république et la démocratie, en ces temps perturbés de décembre 1851.



Mais avant toute chose, il faut manger et se loger, c’est-à-dire survivre dans ce Paris sombre pour les fils d’anonymes qui n’ont pas les relations pour leur ouvrir les portes. Alors Jacques Vingtras sera tour à tour rédacteur d’annonces publicitaires (payé en « nature ») ou de définitions de dictionnaire (où il n’hésitera pas à inventer des citations douteuses, prétendument datées du Moyen âge), torcheur de fesses de mioches pleurnichards et reniflards (lui, fils unique de dix-neuf ans et sans connaissance aucune dans le domaine). Autant d’expérience décrites avec beaucoup d’humour …



Mais le pompon, ce sera quand ce grand gaillard maladroit à la grande barbe bien noire devient journaliste pour le journal des demoiselles, ce qui le met assez dans l’embarras : « Quel sujet vais-je prendre ? Mes études ne peuvent m’aider ! Il n’y a pas de demoiselle dans les livres de l’Antiquité. Les vierges portent des offrandes et chantent dans les chœurs, ou bien sont assassinées et déshonorées pour la liberté de leurs pays. J’ai cherché mon sujet pendant bien longtemps.»



Ce livre a fait énormément débat, entre autres par sa dédicace :



« À ceux qui nourris de grec et de latin sont morts de faim je dédie ce livre. »



Jules Vallés pose ici la question de l’objectif de l’éducation, question qui fait débat encore aujourd’hui en Belgique (et probablement en France aussi) : faut-il adopter un enseignement fonctionnaliste, et apprendre aux jeunes à utiliser tel ou tel outil ou logiciel, telle ou telle méthode, de manière à ce qu’ils soient directement employables et, par là, rentables par le patron ? Faut-il faire de nos jeunes des exécutants, qu’on remplacera – par la nouvelle génération - à la nouvelle version du logiciel qu’ils connaissent ou lorsqu’une nouvelle technologie se développera et se propagera dans tout le tissu économique ?



Ou faut-il, par l’éducation, apprendre à nos jeunes à apprendre, à réfléchir, à s’adapter au monde et à son évolution ? Faut-il en faire les innovateurs de demain? Faut-il en faire des citoyens responsables et acteurs de leur vie ? Faut-il les éduquer à l’esprit critique - au risque qu’ils remettent en cause le système - et à la difficile liberté?

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L'Insurgé

"L'insurgé" n'est ni une histoire de la Commune, ni un roman historique, ni une autobiographie révolutionnaire. C'est l'histoire d'un homme, d'un écrivain, d'un livre "le réfractaire".

C'est le combat contre la lâcheté de gagner sa vie, de se vendre à des emplois alimentaires et le désespoir de voir sombrer sa liberté pour échapper à la misère.

C'est, aussi, la révolte de l'homme de lettres engagé face à la censure d'où qu'elle vienne.

"L'insurgé" est le dernier tome d'une trilogie qui, après "L'enfant" et "Le bachelier", fait le récit, autobiographique, de la vie d'un écrivain : Jacques Vingtras.

Un homme écrit sur une révolution, sur sa révolution et l'Histoire perce sous le roman sans, toutefois, le faire disparaître.

Jules Vallès, convaincu s'engagea dans la Commune,de toutes ses forces. Lorsqu'elle s'empare de Paris, il est élu maire du XIX° arrondissement. Le lendemain, il est condamné à mort. Son journal, "Le cri du peuple" est interdit.

Dans ce troisième volume, l'auteur montre son héros sur les barricades, dans la tourmente de l'action, au milieu des corps sans vie.

Ce livre, Jules Vallès l'a dédié, en 1885, à tous ceux qui, victimes de l'injustice sociale, prirent les armes contre un monde mal fait et formèrent, sous le drapeau de la Commune, la grande fédération des douleurs.

Quand il fut mis en librairie, son auteur était mort depuis un an, sa secrétaire et amie, Séverine, se chargea de rédiger, d'après les notes de Vallès, les chapitres 28 à 34 de l'ouvrage.....
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L'Enfant

Un roman autobiographique d'une enfance profondément traumatisée par l'autorité d'une mère sans amour, dont le fouet est en quelque sorte le seul moyen d'être en contact avec elle, si bien que le petit Jacques trouve grâce en allant négocier avec la voisine pour lui épargner ce calvaire. Eh oui, dès qu'il y a menace de fouet, la voisine se porte garant pour accomplir cette tâche dans le seul but de relâcher le petit Jacques....
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L'Enfant

J'ai fini aujourd'hui "L'Enfant", de Jules Vallès...

J'ai vraiment beaucoup aimé ce texte ; j'ai trouvé que c'était un très beau roman, qui a de remarquables qualités d'écriture. L'écriture de ce roman, très sensible, m'a permis d'être aisément en empathie avec le personnage principal ; il me semble qu'elle décrit parfaitement les sévices, les douleurs, les souffrances, que subit ce personnage.

D'autre part, le roman, comporte des passages ironiques que je trouve très savoureux, et apprécie beaucoup ; ce sont de courts passages, qui montrent mieux l'absurdité de certains comportements, paroles, idées, etc.

Le roman, sait aussi être plus sérieux lorsque c'est nécessaire ; il me semble qu'il sait être touchant, sans être ironique, avec ce portrait des malheurs d'un enfant, qui m'a donné l'impression de sonner juste en tous points.

Je trouve la fin, du roman, surprenante et très réussie ; il me semble qu'on ne s'attend pas, lorsqu'on commence "L'Enfant", à ce qu'il finisse comme ça, mais je trouve cette fin, parfaitement logique et très intéressante.

En somme, j'ai aimé "L'Enfant" ; c'est remarquablement bien écrit, à mon sens, touchant sans être larmoyant, sensible et juste.
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Le Bachelier

Après une écriture qui nous a rendu très intime avec Jacques Vingtras dans L'enfant la première partie de cette trilogie, nous retrouvons cette fois-ci dans cette deuxième parier le bachelier un Jacques âgé de 17 ans, un adolescent dont les affres de l'enfance n'ont jamais cesser de hanter, pourtant, aussitôt qu'il ait eu son bac, et qu'il soit venu à Paris, il a déclaré grandement sa liberté. Autant, l'esprit révolutionnaire anime son être avec ferveur, autant son âme reste toujours envoûtée par son enfance malheureuse au point de la plonger dans un certain déséquilibre...

Cette deuxième partie nous rend le heros encore plus attachant, et chaque page qu'on tourne, le souvenir de la mère intraitable est toujours présent...



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L'Enfant

Je réalise avec le recul ce que je dois à ce professeur ponot (du Puy en Velay) qui, par chauvinisme ou volonté d'inscrire la littérature dans son contexte local, me fit étudier ce libre plutôt que le "traditionnel" Vipère au Poing de Bazin.



Ce roman autobiographique sur l'enfance pauvre et malheureuse dans cette rude région ne m'avait pas marqué de prime abord, et Vipère au Poing, lu depuis, me semble narrativement plus intéressant et mieux écrit. Mais le travail inconscient a fait son oeuvre, et m'amena, de fil en aiguille, à lire les tomes 2 et 3 (Le Bachelier, L'insurgé) ; et aussi participa sans doute à ma prise de conscience de la nécessaIre lutte -encore aujourd'hui, en France-

pour les droits des enfants;

Avec le recul, je me rends compte aujourd'hui à quel point Jules Vallès m'a marqué. Comme il l'a dit lui-même : "ce qu'ils appellent mon talent n'est fait que de ma conviction".



Et en effet, dans L'enfant, je n'ai pas été touché extérieurement par une sentiment d'empathie et de commisération, mais saisi, par identification, d'un sentiment de révolte et par l'ardent désir d'affirmer qui je suis, ce que je pense, ce que je crois, au mépris des interdits.

C'est cette même force de résistance à l'oppression qui portera ensuite Jacques Vingtras / Jules Vallès a dénoncer Napoléon III, manquant d'être interné comme aliéné alors qu'il s'oppose au coup d'Etat, et à dédier Le Bachelier à « ceux qui nourris de grec et de latin sont morts de faim. » On y voit monter les frustations qui nourriront demain sa volonté de combat.



Enfin, L'Insurgé , qui raconte son implication corps et âme dans l'aventure désespérée de la Commune, aura été mon préféré, apothéose du travail de résilience entamé dans l'enfance, poursuivi dans les tumultes incertains de l'adolescence, et qui s'achève dans l'accomplissement mature de la révolte communarde.

Accomplissement, cette folie des plus pauvres, excessive et sanglante ?

Oui, car si l'Histoire et la loi du plus fort ont voulu que la République bourgeoise triomphe et écrase dans le sang les barricades parisiennes, cette rare et éphémère expérience de démocratie populaire et directe, s'élargissant notamment pour la première fois aux femmes, fut.

L'utopie au pouvoir se révéla certes dangereuse dans ses excès, et on peut craindre qu'avec plus de succès elle eût pu sombrer dans les mêmes travers que la Terreur ou la Révolution bolchevique ; mais elle n'en demeur (-rait ?) pas moins un rappel à la république bourgeoise que lorsque les "exclus" (pour reprendre un terme actuel) d'un système se font trop nombreux et trop éloignés des élites au pouvoir, celui-ci peut voir sa fin toute proche...



Au-delà de cette dimension politique (incontournable à mon sens du roman autobiographique de Jules Vallès), et que l'on adhère ou pas aux thèse anarchistes (pas, en ce qui me concerne), on ne peut, à mon sens, que s'enthousiasmer pour la force de conviction de cet homme, qui transcende ses souffrances dans la lutte pour ses idéaux et nous rappelle l'importance de dire NON, simplement pour ses valeurs, et ne serait-ce que dans sa vie personnelle.



Vallès est donc pour moi, dans sa trilogie autobiographique, l'incarnation même de ce Temps des Cerises, aussi dramatique que marquant, approfondie depuis dans différents ouvrages plus historiques ; et Jacques / Jules, malgré ses excès, est comme un grand frère un peu tête brûlée, qui rappellerait à son cadet sage et rangé l'importance de conserver et entretenir toujours sa force de rébellion... au cas où...



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L'Enfant

Le petit martyr…



Quelle enfance, que celle de Jules Vallès qu'il raconte dans son autobiographie "L'Enfant" qui constitue le premier tome d'une trilogie (L'Enfant, le Bachelier et l'insurgé) !



Entre une mère très violente qui le bat continuellement, sans raison, et un père soumis, irascible puis brutal, Jules s'invente le pseudonyme de Jacques Vingtras pour décrire cette enfance malheureuse.



Il écrira cette autobiographie en 1876, à 44 ans, alors qu'il est en exil à Londres, après une condamnation à mort prononcée par un Tribunal militaire pour sa participation à la Commune de 1871 et que sa fille Jeanne-Marie est morte l'année précédente, âgée de moins d'un an…



Ce roman paraîtra en feuilleton dans le journal le Siècle en 1878.



Il est très difficile pour moi d'écrire une chronique sur ce livre ; d'abord, parce qu'il est autobiographique et qu'il transpire de violences, d'ennui, de solitude.



Jules Vallès écrit un roman catharsis pour se libérer de ses souffrances. Mais le style est journalistique : ce n'est pas un beau roman, mais une suite de mésaventures vécues par le petit Jules racontées assez sèchement, comme si l'auteur voulait se détacher de cet enfant et de ses souvenirs de 3 à 16 ans…



Je ne sais pas si c'est par humour ou par résignation, que Jules Vallès en arrive à écrire que sa mère avait du courage car "elle se sacrifiait, elle étouffait ses blessures, elle tordait le cou au premier mouvement pour se livrer au second : au lieu de m'embrasser, elle me pinçait ; vous croyez que cela ne lui coûtait pas ! Il lui arrivait même de se casser les ongles. Elle me battait pour mon bien, voyez-vous. Sa main hésita plus d'une fois ; elle dut prendre son pied."



Alors que j'ai souffert avec l'enfant Vallès, j'ai pris peu de plaisir à lire ce roman.



Il est à noter, une préface signée Pascal Pia et une biographie détaillée en fin d'ouvrage.





Quelle vie triste mais acharné à survivre et à s'insurger, Jules Vallès dédit son roman "A tous ceux qui crevèrent d'ennui au Collège ou qu'on fit pleurer dans la famille, qui, pendant leur enfance furent tyrannisés par leur maîtres ou rossés par leurs parents, je dédie ce livre."



Ce livre reste une autobiographie qui raconte les souffrances d'un enfant et une approche de ce XIXe siècle si riche d'auteurs par ailleurs...
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L'Enfant

Formidable Jules Vallès alias Jacques Vingtras dans ce 1er tome de sa trilogie dont je n'avais lu jusqu'alors que L'Insurgé ! Quelle énergie, quel souffle, quel appétit de vivre en dépit du sort abominable que lui réservent ses parents et ses éducateurs. Un livre qui n'a absolument pas vieilli. Vallès, mon ami, mon frère !
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L'Insurgé

Je reproduis ici ma critique de l'Enfant et du Bachelier, la trilogie constituant selon moi un tout indissociable :



Je réalise avec le recul ce que je dois à ce professeur ponot (du Puy en Velay) qui, par chauvinisme ou volonté d'inscrire la littérature dans son contexte local, me fit étudier ce libre plutôt que le "traditionnel" Vipère au Poing de Bazin.



Ce roman autobiographique sur l'enfance pauvre et malheureuse dans cette rude région ne m'avait pas marqué de prime abord, et Vipère au Poing, lu depuis, me semble narrativement plus intéressant et mieux écrit. Mais le travail inconscient a fait son oeuvre, et m'amena, de fil en aiguille, à lire les tomes 2 et 3 (Le Bachelier, L'insurgé) ; et aussi participa sans doute à ma prise de conscience de la nécessaIre lutte -encore aujourd'hui, en France-

pour les droits des enfants;

Avec le recul, je me rends compte aujourd'hui à quel point Jules Vallès m'a marqué. Comme il l'a dit lui-même : "ce qu'ils appellent mon talent n'est fait que de ma conviction".



Et en effet, dans L'enfant, je n'ai pas été touché extérieurement par une sentiment d'empathie et de commisération, mais saisi, par identification, d'un sentiment de révolte et par l'ardent désir d'affirmer qui je suis, ce que je pense, ce que je crois, au mépris des interdits.

C'est cette même force de résistance à l'oppression qui portera ensuite Jacques Vingtras / Jules Vallès a dénoncer Napoléon III, manquant d'être interné comme aliéné alors qu'il s'oppose au coup d'Etat, et à dédier Le Bachelier à « ceux qui nourris de grec et de latin sont morts de faim. » On y voit monter les frustations qui nourriront demain sa volonté de combat.



Enfin, L'Insurgé , qui raconte son implication corps et âme dans l'aventure désespérée de la Commune, aura été mon préféré, apothéose du travail de résilience entamé dans l'enfance, poursuivi dans les tumultes incertains de l'adolescence, et qui s'achève dans l'accomplissement mature de la révolte communarde.

Accomplissement, cette folie des plus pauvres, excessive et sanglante ?

Oui, car si l'Histoire et la loi du plus fort ont voulu que la République bourgeoise triomphe et écrase dans le sang les barricades parisiennes, cette rare et éphémère expérience de démocratie populaire et directe, s'élargissant notamment pour la première fois aux femmes, fut.

L'utopie au pouvoir se révéla certes dangereuse dans ses excès, et on peut craindre qu'avec plus de succès elle eût pu sombrer dans les mêmes travers que la Terreur ou la Révolution bolchevique ; mais elle n'en demeur (-rait ?) pas moins un rappel à la république bourgeoise que lorsque les "exclus" (pour reprendre un terme actuel) d'un système se font trop nombreux et trop éloignés des élites au pouvoir, celui-ci peut voir sa fin toute proche...



Au-delà de cette dimension politique (incontournable à mon sens du roman autobiographique de Jules Vallès), et que l'on adhère ou pas aux thèse anarchistes (pas, en ce qui me concerne), on ne peut, à mon sens, que s'enthousiasmer pour la force de conviction de cet homme, qui transcende ses souffrances dans la lutte pour ses idéaux et nous rappelle l'importance de dire NON, simplement pour ses valeurs, et ne serait-ce que dans sa vie personnelle.



Vallès est donc pour moi, dans sa trilogie autobiographique, l'incarnation même de ce Temps des Cerises, aussi dramatique que marquant, approfondie depuis dans différents ouvrages plus historiques ; et Jacques / Jules, malgré ses excès, est comme un grand frère un peu tête brûlée, qui rappellerait à son cadet sage et rangé l'importance de conserver et entretenir toujours sa force de rébellion... au cas où...
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L'Enfant

Un livre lu au collège et qui m'a laissé un souvenir indélébile. La cruauté de la mère m'est restée gravée au fer rouge...

J'ai encore souvenir de ses habits en toile de jute et de ce qu'elle lui faisait aux repas. C'était le premier livre du genre que je lisais, celui d'une histoire "vraie" de maltraitance, j'avais 13 ans et j'en ai été bouleversée, sans doute parce que personne ne vient au secours de cet enfant... J'ai appris depuis bien des choses de la vie (sur la mienne surtout) et je sais bien pourquoi j'en ai été aussi marquée... Les enfants savent que les monstres existent. Stephen King l'a bien dit...
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L'Enfant

L'Enfant est le premier tome de la trilogie autobiographique Jacques Vingtras où Jules Vallès dépeint sa triste vie dans les moindres détails. Dans ce premier tome au titre parlant, il sera question de l'enfance de l'auteur ; ses années de formations scolaires, son évolution sociale, ses liens avec ses parents... le tout dans un contexte de pauvreté extrême. Un roman difficile à lire, assez sombre, très bouleversant.



Jacques Vingtras - ou plutôt Jules Vallès - est un jeune enfant d'apparence normale, à la maturité déjà très prononcée. Malgré la pauvreté ambiante dans laquelle il vit, loin de se montrer malheureux, il positivise à longueur de journée, apportant de l'espoir tout autour de lui. Pourtant, sa vie est loin d'être gaie. Depuis son plus jeune âge, sa mère le bat sans aucune raison. Elle l'humilie publiquement - par exemple en le forçant à porter des haillons défraîchis pour ne pas user les piètres économies de la famille -, ou le rabaisse constamment. Jacques est une sorte de fardeau pour sa famille. Fils de professeur, ses parents l'obligent à apprendre le grec et le latin pour suivre les traces de son père. Or, le jeune garçon s'épanouit bien plus aux côtés des petites gens qui exercent des activités manuelles. Un choix que se parents ne peuvent concevoir.



Jules Vallès nous fait l'honneur d'ouvrir sa mémoire aux souvenirs dévastateurs. Grâce à de nombreuses descriptions très réalistes, il dresse un portrait très complet de la misère sociale de son époque et des différences de classes qui existent dans la société. Avec des airs de Victor Hugo ou d'Emile Zola, il met en avant les valeurs humaines, le savoir-vivre et le respect d'autrui, en surpassant les dommages et obstacles du quotidien.



Les aventures narrées par l'auteur semblent souvent irréalistes - fouetter son enfant par pur égoïsme, ne jamais lui prouver son amour, lui faire clairement comprendre la place et la multitudes de dépenses qu'il occasionne dans la famille -, mais c'est bien là un fait avéré. Malgré que tous et tout tournait le dos à Jacques, le jeune homme a sût faire profil bas et avancer coûte que coûte, sans jamais baisser les bras. De ce fait, grâce à l'espoir nourrit, il réussit à intégrer de grandes écoles parisiennes, il s'engage politiquement et se fait entendre, il arrive à rendre fiers ses parents et même à faire changer littéralement d'attitude sa mère et son père vis-à-vis de sa personne. Il offre donc à tous l'espoir d'un futur meilleur, plus lumineux que tous les présents obscures que nous aurions à traverser.



Un roman à fendre l'âme. Un style léger, avec une narration à la première personne du singulier, qui rend plus vivant encore l'histoire. Une voix enfantine naïve, pleine d'espoir et de lucidité ; un personnage attachant, bien que bouleversant. Certains passages du livre - dont deux passages qui m'ont le plus frappés, que j'ai cité plus haut dans les extraits -, sont tellement incisifs et brutaux que le lecteur ne sait pas s'il doit ressentir de la tristesse vis-à-vis de l'enfant ou de la colère vis-à-vis des parents. C'est bien écrit, c'est agréable à lire. Même si quelques longueurs se faisaient sentir, elles ne duraient pas longtemps. Les péripéties de Jacques étaient si nombreuses que je n'ai pas pu m'ennuyer un seul instant.



Se soumettre ou protester, voilà là une difficile question que se pose notre très cher auteur/protagoniste. Une lecture dramatique, une enfance gâchée, rythmée au son de la violence et de beaucoup de misère...
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L'Enfant

"L’Enfant", premier roman d’une trilogie autobiographique de Jules Vallès avec "Le Bachelier" et "L’Insurgé", donne l’impression d’un règlement de compte de l’auteur envers ses parents, morts tous les deux au moment de la publication du livre. Jules Vallès crève l’abcès d’une éducation violente, tyrannique et sadique, mais tout en nous faisant comprendre , malgré toutes les souffrances qu’il endura, que demeura jusqu’au bout un certain respect et une certaine gratitude vis-à-vis de ses deux géniteurs, sensible à travers la description toujours prégnante des propres souffrances parentales ; cherchant ainsi, si ce n’est à justifier, du moins à comprendre les raisons de sa maltraitance. Il est vrai que le petit Jacques Vingtras a affaire à deux parents particulièrement complexés et névrosés, issus tous les deux d’un milieu modeste, rural et rustre, et cherchant tant bien que mal à intégrer les rangs d’une classe petite bourgeoise provinciale, acceptant pour cela les régulières humiliations des supérieurs hiérarchiques de ce qui s’appelait alors l’Instruction publique.

Loin du style réaliste façon Emile Zola, Vallès ne s’attarde ni sur la description des situations ou des paysages, ni sur les portraits des personnages, n’aidant pas, en cela, le lecteur à entrer dans ce récit elliptique. Déçu dès les premières pages, je me suis pourtant peu à peu laissé prendre par la charge émotionnelle créée autour des aventures de ce jeune enfant aux parents tortionnaires. La valeur de ce roman tenant, si ce n’est dans son style, du moins dans la dénonciation de cette forme d’égoïsme qui pousse de nombreux parents, surtout chez les bourgeois, à ne voir en leurs enfants qu’un moyen de prolonger leur propre ambition.

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L'Insurgé

Même si parfois on regrette d’avoir eu des a priori sur une œuvre ou un auteur, et bien cette fois-ci je n’ai pas réussi à les dépasser. J’ai été rapidement perdue puis carrément engloutie sous la rapidité du style de Vallès, j’ai perdu le fil des réunions politiques qui s’enchaînent, pourtant j’aime ça la politique et les conciliabules !! Si tel était le but, de rendre la confusion de cette époque, le but est parfaitement atteint, mais mon esprit avait tendance à divaguer pendant la lecture…



L’Insurgé vient clore la trilogie Jacques Vingtras, après L’Enfant et le Bachelier, autobiographie romancée de Vallès. Après son diplôme, Vingtras vit de petits boulots, se lance dans le journalisme en proposant ses services aux différents journaux de la capitale et finit par monter le sien. Par ce biais, il exprime sa révolte contre le régime, il est plusieurs fois condamné. Pacifiste, il manifeste contre l’entrée en guerre de la France contre la Prusse. Très vite le Second Empire s’effondre. Vallès s’oppose au gouvernement de Défense nationale, fonde le Cri du peuple. Lors de la capitulation de la France face à la Prusse à Versailles, le gouvernement suspend la parution des journaux. Quelques jours plus tard, la Commune de Paris est officiellement proclamée, Vallès est nommé membre de la Commission de l’Enseignement. Leurs adversaires sont trop nombreux et les dissensions internes trop importantes. La révolte est écrasée, les révolutionnaires pourchassés. Vallès parvient à s’échapper et à fuir Paris.



Son exil durera neuf ans, c’est d’ailleurs pendant cette période qu’il écrit l’Insurgé.



Ce récit vaut avant tout par la puissance de l’engagement de cet homme, qui n’a fait que se battre pour ses idées, contre la misère et la censure, son immersion dans la lutte sur le terrain, mais aussi par les considérations sur l’écriture. Vallès a aussi bien la révolte chevillée au cœur que le désir d’écriture, ce livre qu’il porte et qui sera le fruit de cette révolte.
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