8 spécialistes de Proust, amoureux de La Recherche, parlent de leur rapport à cette œuvre hors de toute mesure. Ils se penchent sur les lieux, les personnages, des thèmes tels que l’amour ou les arts…
A l’origine, Un été avec Proust est une série d’émissions diffusées sur France Inter durant l’été 2013. C’est la productrice Laura El Makki qui a réuni ces intellectuels proustiens pour demander à chacun 3 à 5 chroniques qui sont devenues dans ce livre autant de courts chapitres se concluant tous par une longue citation extraite d’un des tomes de La Recherche. Antoine Compagnon, Raphaël Enthoven, Adrien Goetz, Julia Kristeva… évoquent leur découverte de l’œuvre et les passages, les personnages, qui les ont marqués : le début du livre, la rencontre du narrateur avec Albertine, la petite sonate de Vinteuil, le baron de Charlus, Swann… le tout avec un plaisir communicatif.
Résultat ? Un livre tout sauf pontifiant, à picorer au fil de vos envies, pour vous donner le goût de (re)lire toute l’œuvre de Proust.
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Pour moi, cette lecture ne fait que confirmer ce que je savais déjà « la recherche" me conduit bien à un monde disparu ; un monde de privilégiés avec beaucoup de snobs, de désœuvrés, genre matuvu, auquel je suis totalement étrangère. Mais ce que je peux en déduire, c’est un témoignage sociologique pertinent avec ce constat féroce que les richesses et les privilèges ne préservent en rien ; n’empêchent pas ce beau monde de verser dans les bas-fonds de la bêtise humaine, voire du ridicule et dans ce qu’on appelait autrefois les péchés capitaux.
J'ai tout lu (je veux dire tous les tomes). On s’amuse parfois, car l’auteur a un humour ravageur ; on s’ennuie et on s‘énerve aussi, mais je dois reconnaitre qu’il y a vraiment de très belles pages.
Et ce petit opuscule a le mérite de débroussailler ce qui peut paraitre touffu.
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Ce polar, qui date de 1996, précède donc Meurtre à Byzance, que j'ai lu il y a plusieurs années ; mais j'y ai retrouvé quelques éléments communs : le commissaire mélomane et dandy Northrop Rilsky, l'État imaginaire et corrompu (sans doute méso-américain) de Santa Barbara, et enfin l'insupportable journaliste franco-santabarbaroise, pseudo-intellectuelle culturo-salonesque, crypto-psy, parisienne, imbue d'elle-même Stéphanie Delacour, qui prend la parole de la narratrice dans de multiples chapitres du récit.
Ce livre n'a rien pour plaire aux amateurs du genre noir : le cadavre étant là, décapité et poignardé dès l'incipit, l'enquête ne commence véritablement que dans la Deuxième partie, quelque 80 p. plus tard. La Première partie est narrée par l'horrible Stéphanie, ce qui accentue l'impression d'avoir affaire à une pénible logorrhée, bête et pleine de suffisance intellectuelle. On a du mal à s'apercevoir qu'on en retient néanmoins quelque chose : outre une iconographie des décapitations picturales et des statues étêtées tirées des œuvres exposées au Louvre et ailleurs..., un magnifique portrait psychologique de la victime, Gloria la traductrice, dont la tête manquante était « l'organe sexuel », Gloria doublement frustrée dans sa vie de femme et surtout de mère d'un enfant handicapé, déficient du langage, qui plus est.
La Deuxième partie peut déplaire aussi, pour deux raisons : le huis clos des interrogatoires est banal, sans rebondissement, et il dévoile assez vite que l'assassinat ne résout pas le problème, ni n'inculpe pas qu'un seul suspect ; en fait, le crime est triple sur le même corps, et la suppression de la vie de la victime, peut-être même involontaire, n'en constitue sans doute pas l'aspect le plus tragique. La deuxième raison est que, si tous les suspects suscitent une pareille répugnance chez le lecteur, celui-ci ne peut pas non plus rehausser son moral par une saine identification avec les deux ni même un seul des détectives : Rilsky et Stéphanie. Tous les personnages de ce roman, la victime, les suspects, les coupables et les détectives sont également odieux et passablement énervants.
La Troisième partie redistribue les cartes en provoquant une confusion supplémentaire quant aux statuts de la victime et des coupables. Là encore, il n'y a pas d'enquête ni de suspense, mais juste du profilage psychologique instillé au lecteur par le truchement d'un certain dégoût pour les personnages. La compréhension du titre, qui ne prend son sens qu'après avoir refermé le livre, relève exactement du même procédé.
Si l'on accepte de juger l'ouvrage selon les deux seuls critères suivants : le bousculement des canons du genre et la vivacité, la vraisemblance, la violence des personnages, le livre est une réussite. Le style, qui varie selon les narrateurs, est âpre, dissonant, dérangeant, très étudié. Si l'on s'attend à autre chose, et particulièrement au bien-être de la lecture, on ferait bien de passer son chemin. Néanmoins, je me suis obstiné et ai déniché un passage intéressant sur le bilinguisme, qui constitue ma 3e cit.
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Proust et son oeuvre à travers des chroniques produites par France Inter. Proust par huit auteurs et huit thèmes : le temps, la mémoire, les lieux, l'amour, la philosophie, les rêves, les arts, les personnages.
Proust tente de saisir le "Moi", un être profond, écartelé, incohérent, un Moi social et un Moi profond radicalement différents.
" La Recherche" évoque le temps qui passe, non comme une tragédie mais comme une réappropriation par la mémoire involontaire, enfouie, aléatoire comme elle cherche à déchiffrer le moi intérieur, à réinventer ce Moi, à se retrouver " la substance invisible du Temps"
A travers plus de 500 personnages, Proust tente de saisir les êtres, le coeur humain et l'intime, les "intermittences du coeur".
En le lisant, l'auteur souhaitait que plus que de lire une autobiographie qui n'en est pas une, les lecteurs se lisent eux-mêmes.
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Ouvrage très dense à l'image de ces deux citations finales, en parallèle.
" Je suis mise en pièces par le souvenir.(...) J'ai souvent eu le sentiment que la corde allait se rompre et que je ne serais plus capable de gouverner mes pensées".
Journal de Mary Shelley.
" En moi gronde une ville
Grouille la foule dessaoulée
Ses envies au hachoir
À moi s'agrippent des grappes de tyran
Des archanges aux blanches canines
(...) je voudrais t'aimer comme un seul homme
(...) avoir l'amour en bandoulière."
A.Bashung
Ici se tissent des réflexions sur l'amour oui mais au delà, le vertige de l'amour, à travers des oeuvres variées, théâtre, littérature, cinéma, musique, peinture, sculpture. Un fil passe de l'un à l'autre, il nous embarque dans un questionnement très riche.
Un patchwork, Roméo et Juliette, l'amour/haine, qui a-t-il dans un nom ?le chaos, le plein/ le vide, Mary Shelley, l'amour passion, la haine, Camille Claudel, la souffrance. le fil noue chaques réflexions ouvre d'autres possibilités avec une multitude de références en ricochet.
Colette et Proust, la mère, l'enfant, l'enfance, le temps et l'espace. Une autre vision d'oeuvres magistrales.
La Lolita de Vladimir Nabokov, de la nymphe à la nymphette, la sexualité et le complexe d'Oedipe. Les intervenants sèment, certains plus que d'autres, des réflexions psychanalytiques, pas toujours maîtrisées pour un lecteur non initié, mais avec beaucoup de références pour approfondir.
le point final avec les mots d'Alain Bashung qui clôture ce " Vertige de l'amour" avec force.
Merci beaucoup Masse critique pour cette riche découverte, ces " jardins de Babylone" sont vraiment une collection à suivre.
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Mince opuscule, que je trouve mal écrit et décevant. Je connais bien Colette, et mal Kristeva, cette situation va perdurer. Faut-il vraiment publier les fonds de tiroir des universitaires de renom? Qu'est-ce que cela ajoute à leur gloire? De plus, j'ai relevé deux erreurs grossières dans l'orthographe des noms propres, dont celui d'Henry Gauthier- Villars.Que sont les correcteurs devenus? Petits éditeurs, encore un effort pour devenir grands!
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Certes, il est préférable d’avoir lu À la Recherche du temps perdu avant de s’attaquer à ce Temps sensible de Kristeva. Cet essai est bien entendu complémentaire de l’œuvre de Proust. Pourtant, si l’aventurier-lecteur n’est pas armé d’une érudition certaine tant en psychanalyse qu’en philosophie, il sortira quelque peu groggy de sa lecture. Si le premier chapitre consacré à l’analyse des caractères d’À la Recherche est passionnant, tout se complique à partir de la troisième partie du deuxième chapitre. Julia Kristeva s’adresse alors à un public éclairé en traitant de la perception et de la conscience freudienne. On se dit alors que ce n’est qu’une difficile étape avant la traversée du champ philosophique, mais, là encore, le novice est laissé sur le bas du chemin. De la volonté schopenhauerienne aux théories heideggériennes, Julia Kristeva s’en donne à cœur joie. Le pauvre amateur, dépité, voit alors défiler sous ses yeux un sabir incompréhensible qui le laisse quelque peu amer. Mais il retrouve quelques couleurs vers la fin, dans la partie consacrée à la remarquable analyse de la phrase proustienne, sentant alors qu’il n’a pas tout à fait perdu son temps.
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Je soupçonne que ce livre n'est vraiment intéressant que pour ceux qui connaissent déjà l'œuvre de Julia Kristeva. Car ls pensée est un monde à part, qui n'est pas accessible à tous. J'ai lu presque tous les travaux de Fiodor Dostoïevski il y a longtemps, alors j'ai pensé que ce petit livre me rapprocherait à la fois de l'éminent écrivain russe et de Kristeva elle-même. Malheureusement, cela ne s'est pas passé comme ça. Je n'ai aucun doute sur l'expertise de Kristeva : elle a clairement lu Dostoïevski à fond et dans ce livre, elle passe en revue la quasi-totalité de son œuvre. Cela nécessite donc que vous soyez également à l'aise là-dedans. Mais l'analyse de Kristeva sur l'empire Dostoïevski est tellement liée à sa propre œuvre qu'elle a tendance à sauter d'un morceau à l'autre, rendant la lecture lourde. Ce qui me reste, c'est que l'œuvre de Dostoïevski est si riche et prophétique qu'elle appartient au summum absolu de la littérature existentielle. Je n'avais pas besoin de Kristeva pour ça.
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Quel est ce besoin de croire (à l'adolescence) « inhérent à la construction de la subjectivité » ? C'est un peu la réponse à cette question que le dialogue entre une pédopsychiatre, Marie-Rose Moro, et une psychanalyste, Julia Kristeva tente d'éclairer.
Pour comprendre le phénomène adolescent, pour comprendre toute sa complexité, tout ce qu'il produit d' « idéalité », de « radicalité », de « destructivité », et de « créativité », il faut d'abord tenir compte de la société dans laquelle évoluent les adolescents. Pour la psychanalyste, Julia Kristeva, « force est de reconnaître que ce besoin anthropologique universel n'intéresse guère notre société techniciste et gestionnaire qui prétend attribuer à chacun un rôle social dans la production économique et dans la reproduction en éjectant au « bord de la route » ceux qui ne s'adaptent pas, ne « matchent » plus. »
De l'autre côté, Marie Rose Moro précise que la condition adolescente ne peut pas être intelligible si nous ne tenons pas compte du "fait que notre société [est] laïque, rationnelle, matérialiste, (…) » Cela, bien entendu, « ne peut pas empêcher le besoin de croire des adolescents, mais elle peut l'exacerber. Dans la mesure où notre société - c'est bien plus fort en France qu'en Espagne, en Italie, ou en Angleterre - ne valorise pas le fait religieux et présente la laïcité comme une valeur de progrès, une avancée par-delà la religion, les adolescents qui aspirent à quelque chose de l'ordre de la spiritualité peuvent se sentir non reconnus dans leur aspiration et avoir besoin de conquérir et d'afficher avec force cette part de spiritualité qui vibre en eux. »
Ainsi, les pouvoirs publics pourront déployer tous les dispositifs possibles d'aide et de soutien, mais aussi de contrôle et de répression sur ce public vulnérable, ils n'ont toujours pas compris que les comportements à l'adolescence, notamment la part de radicalité (qui se transforme parfois en engagement radical, voire violent et destructeur), sont liés à une société qui les nie dans ce qui leur est essentiel: l'irrépressible volonté de grandir et de participer à un destin commun.
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Je n'ai pas du tout aimé ce livre et n'ai même pas pu le finir. L'auteure ne cesse de se mettre en valeur, de raconter des détails "croustillants" sur sa relation avec Sollers.
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je suis d accord avec isaoubienrien !!
belle randonnée parmi des érudits mais cela sent le livre bien à propos
pour la vente !!
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Ceci est un roman pour le moins déconcertant. Je n'arrive pas à savoir si j'ai aimé ou détesté, chose certaine c'est une lecture perturbante.
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du mal à entrer dans ce enième livre sur cette prodigieuse Colette ... trop psychanalitique.
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Indigeste !
http://mademoiselleo.spaces.live.com
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L'été avec Proust est l'occasion d'explorer les 7 tomes de "À la recherche du temps perdu" à travers ses lignes fondatrices ses plus belles pages.
"Ce petit livre synthétise donc une série de thèmes présents d'un ouvrage dense et inévitablement hétéroclite. Il s'avère donc utile, comme son usage ludique."( Alexandre Katenidis)
"Ce livre est bien écrit, fluide et très instructif. Les extraits de son œuvre à chaque fin de chapitre, sont plaisants à lire et permettent de découvrir le style d'écriture de l'auteur. Le collectif fait une analyse de "la recherche", de façon non critique, en expliquant le rapport de l'écriture et la vie de Proust."
Une réussite. Pour se replonger dans les thématiques proustiennes (le temps, l'amour, la philosophie, les arts…). Ou pour découvrir de superbes pages qui donnent envie de se lancer dans cette lecture cathédrale.
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Avant tout, je remercie Babelio et les éditions l'esprit du temps pour l'envoi de ce livre.
Je dois avouer que j'étais embêtée pour en faire une critique après l'avoir terminé. Je n'ai pas de connaissances particulières en psychologie/psychanalyse et je ne connaissais pas la moitié des oeuvres présentées.
Cette lecture a pourtant été très intéressante. J'ai appris beaucoup de choses et découvert des oeuvres sous des angles auxquels je n'aurais pas forcément pensés. L'analyse de Roméo et Juliette, étant l'oeuvre que je connaissais le mieux, a été assez éclairante en ce qui concerne les thèmes mentionnés. Les apports sur la vie et l'histoire de Mary Shelley en lien avec son écriture de Frankenstein étaient presque fascinants.
Même si certaines parties me semblaient avoir été cherchées un peu trop loin, c'est une lecture que j'aurais envie de recommander.
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