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Critiques de Julie Otsuka (930)
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La ligne de nage

Ce récit articule cinq parties. La première s’intitule « La piscine en sous sol » et logiquement évoque les us et les coutumes d’une communauté liée par la pratique de la nage comme mode de survie. Les membres, qui ne se côtoient pas « habillés », sont caractérisés par des rituels ou des manies : la costaude en tongs dépareillées, le voleur de papier toilette, l’accro au miroir, la Garbo de la piscine, ex triple championne olympique, la nageuse de la ligne quatre qui ouvre trop largement les bras à cause d’une pratique intensive du yoga. La piscine est un monde clos, à part. Les lignes de nage sont définies selon la vitesse des nageurs, certains dérogent, trichent, mais ce monde est ordonné, les variations sont possibles mais éphémères, les préoccupations sont parfois communes : réussir le retour en culbute, ou individuelle, 68 aller retour nécessaires pour éviter l’angoisse de ne pas avoir fait 68 aller retour … L’écriture est celle de la liste, de l’énumération des riens et presque rien, soulignés par des commentaires en italiques, ironiques ou factuels qui fonctionnent et comme des inserts d’une voix intermédiaire anonyme. Quelques figures émergent, comme celle du maître nageur, gardien du temple secret, qui a la main sur la fin de partie, le « on sort » qui sonne le glas pour ceux d’en bas qui doivent alors retrouver le monde d’en haut, celui des terriens et des activités insipides et quotidiennes, travailler, rentrer chez soi … Une autre figure est celle d’Alice, qui a le statut de chouchoute de la communauté. Il faut faire attention à elle, elle a tendance à oublier de faire les choses dans l’ordre, la douche, le bonnet de bain, les étirements …



Dans la deuxième partie, c’est l’effarement, une fissure est apparue entre les lignes de nage, au fond du bassin. L’émoi chamboule la communauté car l’énigme est contagieuse, malédiction ? Invasion ? Avertissement ? De quoi cette fissure est-elle le signe ? Les experts en fissures de piscine se perdent en conjonctures divergentes. Puis, le monde de la piscine disparait et la troisième partie se concentre sur Alice en une longue énumération de ce qu’elle a oublié et de ce dont elle se souvient encore, mais pas pour longtemps car devenue trop difficile à vivre, son mari la place à Belavista, sorte d’EpAd concentrationnaire. La descente vers l’oubli complet de soi est entamé et elle est irréversible comme le serine la voix qui égraine pour Alice les différentes étapes vers la mort et le règlement intérieur tout en trompe l’oeil de l’établissement, il faut qu’elle en soit certaine, elle ne sortira plus jamais.



Petit à petit, on comprend qu’Alice est la mère de l’autrice, du moins on peut le supposer lorsque l’on a lu Certaines n’avaient jamais vu la mer, car dans la mémoire défaillante reste l’exil, l’enfermement dans le désert de la communauté nippone vivant aux USA à partir de l’entrée de ce pays en guerre contre la patrie d’origine. Il reste aussi des fragments de la vie d’avant, des savoirs faire, des gestes d’attention de la mère vers la fille, une façon de lui remettre la mèche rebelle en place, des conseils de bonne tenue. Mais la voix de Benavista l’a annoncé dans une glaçante ironie, maintenant, c’est terminé, les regrets n’ont pas de sens, il fallait vivre avant, les journées ne seront plus que de l’attente, des petits bouts d’attente qui ne mèneront pas à grand chose qu’a de l’attente et les visiteurs se feront rares, quand ils auront le courage de venir, de se confronter au grand vide que va devenir Alice. Pour l’autrice aussi, c’est trop tard pour rattraper le temps où sa mère parlait encore.



Les différentes parties adoptent l’écriture de l’énumération factuelle, les petites phrases courtes sonnent implacables, sans empathie. On peut apprécier l’exercice de style, comprendre le parti pris de l’ironie glacée qui met à distance tout pathos. Mais c’est un peu lassant quand même … Et puis, l’allégorie est hétéroclite, du bonheur de la nage à l’implacable vérité de la fin d’une vie qui se dilue dans la démence, j’avoue que le fil m’a parfois échappé ( j’ai même pensé pour la fissure à une métaphore de l’arrivée du coronavirus, et puis non, visiblement … Mais je n’en suis pas certaine non plus.)



Bref, je ne sais pas très bien ce que j’ai lu, finalement. Mais en tout cas, j’ai glissé du plaisir de lecture à l’indifférence.
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La ligne de nage

Depuis peu, grâce aux recommandations, je me lance dans des lectures moins conformes à mes habitudes. Cette fois -ci malgré les avis mitigés, j’ai voulu me faire ma propre opinion et je n’ai pas été déçue. Tout d’abord, il faut faire abstraction du titre et de la couverture qui sont trompeurs. Le sujet est,en effet, bien plus profond que la piscine dont il est question en première partie. Dans ce monologue intérieur, l’auteure nous parle à travers l’histoire de cette piscine et de ses adhérents de ces passions qui nous animent et nous oxygènent. Le sport, les travaux manuels, la lecture, nous avons tous un petit quelque chose qui nous permets de tenir. Bien qu’obéissant toutes à certaines règles, ces passions nous ressourcent immédiatement. C’est le cas, pour Alice qui le temps d’une séance de piscine retrouve ses esprits. Ce bassin qui fissure c’est le cerveau d’Alice avec ses micro-lésions qui bascule irrémédiablement dans la démence. La ligne de nage c’est surtout le questionnent émouvant d’une fille face à la maladie de sa mère teinté de nostalgie et d’amour. Bref une belle lecture pour moi.
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La ligne de nage

Dans une piscine située en sous-sol, nageurs et nageuses fendent son eau chlorée selon leurs aptitudes. Il y a les rapides, les lents, les entre-deux, chaque catégorie a sa ligne et évolue au rythme des habitudes.



C’est un petit monde à part que les usagers, non les habitués de cette piscine souterraine, piscine pas comme les autres. Elle fait partie du monde d’en-bas et la quitter revient à rejoindre le monde d’en-haut, la vraie vie.



Dans cette piscine, tout se lisse, tout s’efface, seuls les corps parlent, glissent selon la mélopée du clapotis des mouvements brisant la surface liquide. Les habitués se connaissent sans se connaître vraiment car qui reconnaîtrait qui une fois là-haut, habillé de pied en cape, sans le maillot, le bonnet de bain et les lunettes ? En-bas, on connaît l’autre par son style de nage, par la couleur de son maillot de bain ou de son bonnet. On le connaît par ses habitudes de métronome, par ses rituels immuables et ses motivations. Chaque nageur abandonne son moi d’en-haut dès qu’il revêt son maillot et plonge, avec délice, dans le grand bassin.



Le temps glisse, glisse, glisse en fendant l’eau.



Alice fait partie des habitués, les séances de piscine sont pour elle la meilleure manière de maintenir à flot sa mémoire qui dérape un peu, seulement un peu.



Mais, un jour, apparaît une fissure tellement fine qu’on se dit qu’elle est insignifiante. Or, plus les jours passent, plus la fissure grandit, s’épaissit jusqu’à se multiplier. Le dénouement est implacable : la fermeture annuelle est prolongée puis définitive. Alice doit abandonner ses habitudes, doit lâcher la piscine. Lentement, elle doit faire face à ses propres fissures, celles de son cerveau, celles de sa mémoire, celles qui lézardent sa personnalité, son moi, sa vie.



« La ligne de nage » de Julie Otsuka met en place une métaphore des maladies qui assaillent et délitent le cerveau, celle d’Alzheimer ou celle de Pick, avec la piscine et sa fissure mortifère. Dans une première partie, l’auteure m’a replongée dans mes anciennes séances de piscine, celles au cours desquelles j’oubliais, passer un certain cap, la douleur, portée par l’eau et le rythme apaisant de la brasse coulée. L’eau fendue par le corps, porte ouverte vers l’oubli des soucis et/ou l’amorce de longues réflexions sur la vie. La nage, élément d’une pratique philosophique,élément d’un lien ou plutôt d’un contrat social particulier établi sur des règles communes.



La deuxième partie est moins joyeuse puisqu’elle raconte une Alice sombrant dans les méandres de l’inévitable oubli, devenant une résidente dans un EHPAD spécialisé dans l’accueil des patients atteints d’Alzheimer. Alice se retrouve dans un autre milieu avec des règles aussi strictes que l’étaient celles de la piscine d’en-bas et sans la liberté offerte par le déplacement dans l’eau.



L’auteure met en scène, de manière violente – du moins est-ce ainsi que je l’ai ressenti – le passage à l’accueil de la maison médicalisée : la lecture du règlement est absolument horrible, elle claque les mots comme autant de claquements de portes d’une prison. Chaque phrase m’a apporté frissons et angoisse, chaque phrase condamnait Alice à disparaître au rythme des fissures ravageant son cerveau. Pourtant, cette violence a des accents désespérés, ceux des proches qui ne peuvent plus assumer les soins du malade, qui ne peuvent plus gérer le quotidien aux côtés de celui qui perd la mémoire de sa vie, qui ne peuvent plus assister aux ravages des fissures d’un cerveau en partance. Quoi de plus épouvantable que de voir un proche tout oublier, tout jusqu’aux gestes vitaux pour vivre ! C’est ce que raconte « La ligne de nage » avec un ton sarcastique parfois, acerbe souvent. Julie Otsuka utilise, aussi, la présence d’un choeur antique lorsque le règlement est asséné à l’accueil, les voix de l’oppression sont des murmures lancinants et cruels. La vie peut avoir la cruauté d’une tragédie grecque.



« La ligne de nage » a été une lecture coup-de-poing, elle m’a fait quitter ma zone de confort et m’a poussée dans mes derniers retranchements et m’a bouleversée. Les émotions se succèdent, s’emmêlent, souvent j’ai eu envie d’arrêter ma lecture et un sursaut, un je-ne-sais-quoi, m’a intimé de continuer. Parce que, en-deça des ravages de la maladie, ce sont les souvenirs de la Seconde guerre mondiale, celle du Pacifique contre le Japon, qui se relatent, se détachant des fissures d’Alice, ce sont les camps d’internement des citoyens nippo-américains, c’est la perte d’un premier enfant, blessures qui ne se refermeront jamais. Au-delà de la douleur de perte, au-delà de l’exploration de la fin de vie et de la perte de la mémoire, il y a le tendresse et l’amour heureux relatés avec une douce mélancolie.



Roman traduit de l’américain par Carine Chichereau
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La ligne de nage

Un roman prêté par mon acolyte de lecture, sachant que j'avais apprécié Certaines n'avaient jamais vu la mer de l'autrice, mais qui malheureusement ne m'a pas convaincu. J'étais surprise par ce thème de la piscine, mais pourquoi pas. Cependant je n'ai compris qu'à la toute fin de cette partie qu'il s'agissait (je crois) d'une allégorie de la vie, de la perte d'autonomie et du placement en structure de soin). Je me suis énormément énuyée lors de la première partie sur la piscine, je ne comprenais pas l'intérêt de ce texte alternant les détails et points de vue sur le fait d'aller nager à la piscine. Etant de plus une piètre nageuse, je n'avais aucun point de comparaison pour comprendre la joie de se laisser porter (couler) par l'eau. J'ai enfin compris de quoi le roman parlait en arrivant à la seconde parti, qui m'a beaucoup plus intéressé. Néanmoins, j'ai eu du mal à trouver ma place dans cette partie. J'avais l'impression de lire le journal intime de quelqu'un, le récit est si agressif, violent, détaché, que j'avais l'impression de lire un texte personnel servant d'exutoire ou de support thérapeutique au proche d'un malade, n'arrivant pas à accepter la situation. La toute fin du récit m'a un peu réconciliée avec ce livre et m'a beaucoup plus parlé mais je n'ai pas apprécié pleinement ce roman que j'ai eu du mal à comprendre. Une rencontre ratée avec Julie Otsuka.
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Un livre étonnant pour 2 raisons :



Tout d'abord l'histoire :

On ne sait presque rien de l'immigration japonaise aux États-Unis dans les années 20. La main d’œuvre manquait dans l'agriculture. Les hommes arrivèrent les premiers, suivis par les femmes auxquelles on avait promis un beau fiancé. Le nombre de Japonaises qui étaient de 9 000 en 1910, est passé à 38 000 en 1920. Dans les états pacifiques comme la Californie et l'Oregon, on comptait environ 110 000 japonais (cf. Note). Le roman commence avec la traversée en bateau puis la désillusion de ces jeunes filles en découvrant la triste réalité et le dur labeur qui les attend. Sans vouloir dévoiler l’issue, leur situation ne s’arrangera pas puis lors de la 2eme guerre mondiale, le Japon et les États-Unis seront ennemis.



Et puis il y a le style :

Julie Otsuka qui est d’origine japonaise, raconte l'histoire de ces femmes à la 1ere personne du pluriel. Elle utilise le NOUS, ou encore CERTAINES, d’AUTRES, ELLES ... pour bien marquer ce destin collectif. Aucune histoire personnelle, pas d’héroïne, pas de distinction individuelle, mais une juxtaposition d'événements pour dire toutes les existences en même temps. Les chapitres relatent un thème jusqu'à épuisement. Les phrases sont courtes et entêtantes, comme un martèlement, comme des maux de tête, comme la douleur de leur misérable vie.

Au début, le style choque un peu, puis il devient efficace : les répétitions, la rengaine, le rabâchage font qu’on prend fait et cause pour elles.



Un roman puissant, bouleversant et dramatique.



Note : Baulig Henri. La population aux États-Unis en 1920. In: Annales de Géographie. 1924, p. 543-566.

https://www.persee.fr/doc/geo_0003-4010_1924_num_33_186_4504



lu en 2012
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Un roman historique où l'on découvre, au travers des voix de centaines de japonaises, leur émigration au début du vingtième siècle, vers une nouvelle vie: une expatriation aux États-Unis, où elles partent se marier avec des inconnus, sur base d'un seul portrait.

De la traversée à leurs rencontres avec leurs époux, de leurs installations dans leurs foyers à la découverte de leurs nouveaux modes de vie, on suit leur intégration, leurs déceptions, surtout, puis l'animosité qu'elles rencontreront lorsque les États-Unis entrent en guerre avec le Japon, pour se terminer par leur éviction pure et simple des communautés auxquelles elles se sont asservies.

Au-delà de l'attrait historique de cette période méconnue pour moi ( j'en avais appris un peu lors de ma lecture de " Le dilemme du prisonnier " de Richard Powers, qui évoque les dessinateurs japonais engagés par Disney), j'ai été littéralement envoûtée par l'écriture, la forme du "nous" intègre complètement le lecteur, on est au plus proche de ces multiples destins, on est avec elles. Le style est fluide, les phrases courtes, et même si il n'y a pas une identification propre à une vie, ce sont ces milles vies, justement qui parviennent à toutes se singulariser, avec beaucoup de pudeur et d'émotion. Un texte magnifique !
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La ligne de nage

Le dernier roman de Julie Otsuka pourrait se lire en deux parties distinctes.

La première partie a été une bulle d'air très confortable pour moi (nageuse). J'ai eu cette impression magique d'être dans un moment suspendu au coeur de la piscine. Nager permet d'être dans un cocon qui nous fait oublier tout ce qui nous oppresse à l'extérieur.

La deuxième partie consacrée à Alice m'a fait ressortir de ma bulle. Sans me projeter dans la suite, il était évident pour moi qu'Alice serait le personnage principal du roman.

L'écriture m'a plu, ces phrases courtes ponctuées de nombreux apartés. J'ai également apprécié l'effet choral dans la première partie.

Je me suis laissé porter par ce roman : des lignes de nage à la fissure, la fissure qui fait ensuite lien avec la démence fronto-temporale.

Après "Certaines n'avaient jamais vu la mer", je suis ravie d'avoir renouvelé la lecture de Julie Otsuka.
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La ligne de nage

Alice, une vieille dame, vient nager chaque jour dans une piscine dont le fond laisse peu à peu apparaître des fissures. On comprend que la piscine n'est pas seule à se fissurer.
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La ligne de nage

Vous vous souvenez que dans Certaines n'avaient jamais vu la mer, Julie Otsuka avait pris le parti du récit à la première personne du pluriel. Le lecteur ne s'identifiait pas à un personnage précis, mais à une collectivité.



À nouveau, Julie Otsuka utilise le même procédé au début de ce roman : ("nous allons à la piscine"), mais progressivement, en passant par l'impersonnel ("on a vu une fissure"), la troisième personne ("elle se rappelle son nom"), puis dans un subtil mélange de "vous", de "tu" et de "elle" finit par décrire avec précision ce que ressentent intimement deux personnes : la mère dont les facultés cognitives s'amenuisent inexorablement et sa fille qui l'accompagne dans la lutte contre l’effacement.



En combinant ce choix délibéré d'exposer à distance les émotions avec une extraordinaire collection de lieux communs, ce roman (impeccablement traduit de l'anglais – États-Unis – par Carine Chichereau) tient à la fois d'une œuvre savamment construite et d'un collage de membres de phrases très ordinairement utilisées. Incontestablement du grand art.



Tout commence dans une piscine au sous-sol d'un immeuble. Vous y allez très régulièrement, vous y observez les autres habitués mais, surtout, vous ne pensez plus du tout à ce qui se passe "là-haut", dans le monde, dans la ville, dans votre famille. Vous vous déconnectez. Ainsi en est-il du joggeur solitaire ou du cycliste qui "se vide la tête" pendant les heures où il pratique son sport en solitaire.



Insidieusement, une micro-fissure apparaît au fond du bassin, métaphore des premiers signes de démence sénile. Vous aimeriez ne pas en tenir compte, mais elle s'obstine et finit par envahir toute la piscine. On va devoir fermer l'établissement et vous, dont le comportement donne des signes inquiétants de maladie d'Alzheimer (même s'il ne s'agit pas exactement de cette maladie), vous allez êtes "reçue" dans un EHPAD car votre mari, épuisé par l’inquiétude permanente qui le ronge, finit par s’y résoudre. Là, vous et votre fille, vous vous offrirez l’une à l’autre l’apaisement.



Ce roman nous accompagne dans l’exercice qui consiste à regarder la dégénérescence sénile bien en face ; il ne fait pas peur : tout au contraire, il révèle avec délicatesse ce que l’amour peut apporter à ceux qui s'enfoncent dans le brouillard.
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La ligne de nage

J'ai aimé cette histoire de fissure de la piscine jusqu'au cerveau d'Alice. L'amour d'une fille qui voit sa mère perdre peu à peu ses souvenirs.

Ce qui m'a gêné c'est le style qui n'est qu'une succession de listes. Amusant au début devient pénible quand ça devient systématique.
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La ligne de nage

Ils sont un certain nombre à se croiser ou pas à la piscine : "là en bas", chacun ses habitudes le matin le midi ou le soir, la ligne des rapides, des lents ou entre les 2...Alice fait partie de ceux là, y trouve un grand plaisir mais un jour la piscine doit fermer et c'est une déchirure pour Alice mais aussi le début d'une perte de mémoire.



Un cours roman d'une grande poésie. La vie de la piscine est racontée avec grâce et sensibilité, de manière imagée et sensorielle, comme la douceur de l'eau. On s'y voit avec ces nageurs, on y croit faire partie de cette "famille"



Puis lorsque la piscine doit fermer la vie bascule et là encore on est dedans auprès d'Alice ; la douceur et la poésie sont toujours là même si les propos sont de plus en plus graves.



Un roman surprenant je n'avais pas lu la présentation j'ai trouvé l'ensemble magnifiquement bien mené et merveilleusement lu.
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La ligne de nage

Voici un roman divisé en deux parties apparemment sans rapport, si ce n’est le personnage d’Alice, d’abord nageuse fidèle de la piscine en sous-sol de cette ville californienne, puis personne âgée aux prises avec une « fissure » qui s’élargit sans cesse dans son cerveau, celle de l’oubli et de la démence irréversible.

Les deux premiers chapitres consacrés à la piscine raviront tous les adeptes fervents de la natation : ils y retrouveront leur univers familier de longueurs dans l’eau chlorée, la béatitude de la glisse, la pratique assidue où l’on trouve un exutoire aux soucis de « là-haut », le compagnonnage sympathique de tous les adhérents qui partagent les mêmes bavardages anodins, la même passion, chacun à leur mesure, les lents et les rapides, les aquajoggueurs et les dos crawlés. Mais une fissure métaphorique au fond du bassin va fêler cette belle harmonie, suscitant des commentaires anxieux et des inquiétudes rapportées avec un humour plein de fantaisie.

En revanche la chronique de la lente dégradation d’un cerveau, celui d’Alice, la mère vieillissante dont les souvenirs encore présents et les oublis de plus en plus envahissants sont décomptés avec un soin méticuleux et atterré, est glaçante. Son placement dans un établissement spécialisé et sans issue sonne comme un terrible remords pour la narratrice, qui a toujours remis à plus tard ses projets de rapprochement avec une mère qu’elle a fuie sitôt adulte. À présent que le mental d’Alice, une Américaine d’origine japonaise qui a connu enfant les camps de rétention dans le désert durant la seconde guerre mondiale, se désagrège lentement et inéluctablement, il est désormais trop tard pour renouer avec elle, qui fait naufrage de façon irrémédiable.

Cette autre image de la mort d’un proche est exprimée dans un style plein de finesse, de raccourcis cruels comme la vie, d’expressions rapportées qui donnent leur touche de « jamais plus » à cet hommage filial plein de culpabilité.



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La ligne de nage

La ligne de nage de Julie Otsuka n’est pas un roman comme les autres. Et je ne sais pas vous, mais moi j’apprécie ces petites parenthèses littéraires, ces lectures qui ne ressemblent à aucune autre. Différentes et souvent inoubliables.



Des nageurs et des nageuses ont l’habitude de se retrouver dans une piscine située « là en bas ». Ils y viennent pour se libérer du « là-haut ». Ils ont leurs petites habitudes, leurs règles et l’une de celles-ci est de ne pas bousculer Alice. Et puis un jour, une fissure apparaît au fond de leur piscine. Et les fissures apparaissent à leur tour dans la mémoire d’Alice. Des souvenirs refont surface, d’autres s’effacent. Et sa fille essaie de sauver quelques lambeaux du lien qui les unit.



La ligne de nage commence avec cette étrange histoire de piscine souterraine, ses habitués qui viennent le temps d’un instant échapper à là-haut. Ils se connaissent tous, forment une communauté, connaissent leurs habitudes et prennent tous soin d’Alice. Et puis, il y a cette fissure menaçante qui les force à remonter. Une brèche mystérieuse qui apparaît comme ça sans que personne ne sache d’où elle est venue.



SI cette histoire de piscine est étonnante et plutôt amusante, celle d’Alice est touchante. Vraiment touchante. Alice est un personnage plein de douceur et l’énergie avec laquelle sa fille se raccroche à leurs souvenirs, sa volonté de garder sa maman le plus longtemps possible avec elle définitivement, serre le cœur.



La romancière américaine Julie Otsuka a des origines japonaises. Je ne sais pas si cela a un lien, mais j’ai eu l’impression d’un flottement. Je ne savais pas vraiment où l’intrigue se déroulait. Même le prénom d’Alice m’a un peu perdue, mais qu’importe. C’était plaisant.



Je ne m’attendais pas à être aussi touchée par La ligne de nage et surtout à sentir une petite boule dans la gorge à la fin de ma lecture.



C’est un très joli roman sur la perte de la mémoire, la vieillesse et la relation entre une mère et sa fille. Cela me donne très envie de lire Certaines n’avaient jamais vu la mer de la même autrice. Si l’écriture est aussi tendre, cela devrait être un très joli moment de lecture.
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Ce roman est arrivé entre mes mains lors d'un échange de "livres voyageurs". J'ai été ravie d'en découvrir le sujet, une période si méconnue de l'Histoire. De nombreuses femmes japonaises de début du siècle dernier, ont embarqué, le cœur léger et la tête pleine d'espoirs, vers l'Eldorado tant rêvé, l'Amérique !



Quelle tristesse d'assister au réveil brutal des jeunes filles arrivées à bon port, dont beaucoup n'ont pas terminé le voyage. La réalité était bien différente du paradis chimérique attendu. Ces déracinées dans un pays inconnu, aux modes de vie et aux traditions si différents des leurs, au langage incompréhensible, vont travailler sans relâche pour vivre dans une misère noire, sans jamais être acceptées par les autochtones. « À présent tu appartiens à la catégorie des invisibles. ». Des années après cette immigration, Pearl Harbor n'arrangera rien à la méfiance maintenue par les Américains vis-à-vis des Japonais.



Je dois avouer que je ne connaissais pas ce roman, pourtant Prix Fémina étranger 2012, mais il est vrai que les Prix et moi... C'est avec curiosité et plaisir que j'ai entamé ma lecture. Au moment où je la termine, je pense avoir compris le choix de l'autrice bien que je reste très circonspecte. Utiliser le "nous", au lieu du "elles", voire du "je", permet de parler des multiples destins de toutes ces femmes admirables d'abnégation ; ouvrières, fermières, filles de joie, épouses aimées ou battues, mères puis grand-mères. Elles sont toutes dans le récit du temps qui passe, aucune n'est oubliée. Cependant, ce style narratif, collectif, sans approcher aucune des actrices de ce drame social, m'a empêché d'éprouver toute empathie en provoquant un maintien à distance déconcertant. Il m'a laissée comme groggy sous l'avalanche d'énumérations à chaque page.



Quelle punition pour moi, qui suis si admirative de la littérature japonaise, de n'avoir pas pu trouver une accroche à ce récit afin de suivre le destin tragique de toutes ces femmes dont j'ai ressenti, malgré tout, la détresse. L'essence même de ce qu'a voulu accomplir l'autrice m'a totalement échappé, ce qui m'a profondément contrariée. C'est une énorme déception d'être passée à côté de ce roman, pourtant si passionnant pas son sujet rarement évoqué, parce que dérangeant, sans aucun doute.



« Ils admiraient nos dos robustes et nos mains agiles. Notre endurance. Notre discipline. Nos dispositions dociles. Notre capacité peu commune à supporter la chaleur, qui l'été dans les champs de melons de Brawley pouvait frôler les cinquante degrés. Ils disaient que notre petite taille était idéale pour les travaux nécessitant de se courber jusqu'à terre. Où qu'ils nous assignent, ils étaient contents. Nous possédions toutes les vertus des Chinois - travailleurs, patients, d'une indéfectible politesse -, mais sans leurs vices - nous n'étions ni joueurs ni opiomanes, nous ne nous battions pas et ne crachions jamais. Nous étions plus rapides que les Philippins et moins arrogants que les hindous. Plus disciplinés que les Coréens. Moins tapageurs que les Mexicains. Nous revenions moins chers à nourrir que les migrants d'Oklahoma et d'Arkansas, qu'ils soient de couleur ou non. »
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La ligne de nage

(Livre audio)



Voilà un livre étrange et beau, coupé en 5 grands chapitres.



L'autrice, nous raconte les problèmes de santé de sa mère, dont le cerveau se détériore, sans pour autant être un Alzheimer.



Sa maman nageait, donc le 1er chapitre nous raconte ses histoires de nageurs, ça m'a fait rire, moi qui ait beaucoup nagé, je m'y suis retrouvée . On y croise déjà Alice, la maman, et de nooooooombreux autres nageurs. Je dois dire que l'autrice abuse des noms propres, je pense qu'elle a dû nommé 200 personnes dans tout son livre, fastidieux ! Surtout à l'oral !



2nd chapitre, on se penche sur une fissure au fond de la piscine. J'ai bien compris que ça avait un rapport avec le cerveau maternel, mais on aurait peut-être pu ne pas s'y appesantir si longtemps.



Aux 3 prochains chapitres, on y parle plus d'Alice, de sa vie, de ses manies, spécialités, de son amour et de sa gentillesse, et j'ai préféré. Au 4ème, on est dans le Centre spécialisé où elle est prise en main, ça fait froid dans le dos... on n'a pas envie de vieillir !



Mention spéciale à la narratrice Micky Sebastian, j'ai beaucoup aimé sa voix, son style et sa narration !



Je découvre une autrice, et tenterai un autre livre d'elle, à l'occasion. Vous m'en recommandez un ?
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

J'ai bien aimé ce livre qui aborde avec justesse et beaucoup d'émotion l'immigration des jeunes japonaises aux Etats-Unis, leurs quotidiens très rudes sur place, puis leur internement dans des camps pendant la 2e guerre mondiale. L'histoire m'a beaucoup plu et j'ai ressenti beaucoup de tendresse et de compassion pour ces jeunes japonaises qui cherchaient tout simplement un avenir meilleur.

Le style en revanche, peut effectivement déplaire comme cela a été dit dans certains commentaires. Le roman est en fait une longue énumération de situations vécues à la première personne du pluriel: "nous". Cela peut être déroutant et désagréable peut-être pour des lecteurs aimant s'attacher et suivre un seul ou un petit nombre de personnages centraux. Ici, les émotions et les malheurs sont collectifs. Ce style ne m'a pas franchement dérangée mais il est vrai que cela peut devenir lassant, raison pour laquelle j'attribue la note de 4.

Le contenu du livre et la finesse de l'écriture m'ont tout de même beaucoup plu et m'ont donné envie d'en apprendre davantage sur l'histoire et la culture japonaises.
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La ligne de nage

Je ne suis pas sûre d’avoir vraiment aimé ce roman curieux par le fond et par la forme. Il me laisse en tous cas une impression étrange et obsédante.

La première partie, non dénuée d’humour, nous immerge dans le grand bain d’une piscine où des habitués se retrouvent pour enchaîner les longueurs dans la ligne de nage correspondant à leurs niveaux.

Tout va pour le mieux, jusqu’à l’apparition d’une fissure au fond de la piscine. Chacun y va de son avis, certains sont inquiets et redoutent le pire, d’autres préfèrent en plaisanter. Mais, force est de constater que jour après jour la fissure s’agrandit.

Brusquement, Julie Otsuka change de braquet, oublie la piscine, pour s’ intéresser à Alice, une dame âgée qui nage depuis des années et dont la mémoire s’effiloche peu à peu. Les failles du cerveau d’Alice ne sont pas sans rappeler la faille aperçue au fond de la piscine.

La dernière partie du roman est glaçante dans la description de la maladie et dans la vie en Ehpad.

En changeant de pronoms personnels au fil des chapitres : nous, elle, tu, Julie O tsuka donne du nerf à son récit.

Ce roman propose une histoire triste qui commence dans le bonheur de nager et qui finit dans la tragédie de la désagrégation.

J’en ressors avec un avis mitigé, vous l’aurez compris, cependant Alice et les autres personnages refusent de sortir de ma tête.

Et finalement, n’est-ce pas le propre d’un bon roman de rester en mémoire du lecteur ?









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La ligne de nage

Les habitué-és de la piscine en sous-sol suivent leur "ligne de nage", leurs rituels, sans déroger aux règles. Dans cet univers ordonné, chloroformé, sans enfants, ils oublient tout des terriens du haut. Parmi eux, Alice une vieille dame qui commence à perdre la tête.

Un jour, à ligne 4, apparaît une fissure, puis plus tard d'autres fissures, jusqu'à la fermeture définitive de la piscine.

On comprend que cette première partie du roman est une allégorie de la faille inéluctable survenue dans le cerveau d'Alice. Elle est placée dans un centre spécialisé au nom ironique de Belavista. Là tout concourt au bénéfice des actionnaires, et le règlement de cette prison/mouroir fait froid dans le dos !

Enfin la dernière partie fait place à un peu d'émotion : la narratrice et écrivaine rend visite à sa mère et partage avec elle quelques moments de tendresse.

La première partie m'avait semblé ennuyeuse mais à travers l'indifférence feinte dans ce monde proche de Kafka, on sent toute la difficulté de notre société à accepter le vieillissement.

A lire si tout va bien !
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

140 pages et au final, la découverte d'une page d'histoire totalement inconnue en ce qui me concerne. Je ne m'étais jamais posé la question de la présence ou non de japonais sur le sol américain entre les deux guerres…



L'ouvrage est estampillé « roman », pourtant l'ouvrage ne s'accroche à aucun personnage en particulier (un bien ? un mal ?), même si le premier paragraphe pourrait le laisser penser (ie : suivre certaines de ces femmes, en particulier, afin d'approfondir le sujet).



A l'inverse, il use (et abuse parfois* ?) d'énumérations, extrêmement succinctes, bien que parfaitement évocatrices, et multiplie ainsi les différentes situations possibles parmi une même « immigration » qui pourrait être perçue comme une et unique.



* l'énumération du chapitre « dernier jour », qui flirte avec l'indigeste à mon goût (même si je comprends qu'on veuille s'attarder sur le point crucial, à savoir le départ des individus suite au déplacement forcé des populations d'ascendances japonaises vers l'intérieur du pays).



L'énumération systématique ne m'a donc pas dérangé. Au contraire, c'est un effet de procédé intéressant dans le cas présent : se glisser, se faufiler habillement entre deux autres formes : la forme romanesque d'une part, et l'essai ou le récit plus désincarné d'autre part ?



L'autre intérêt de ne pas décrire finement quelques personnages, est de retomber « sur nos pattes » à la fin du roman : chacun des habitants américains de « souche » (…) se rend finalement compte qu'il a côtoyé pendant des années ces individus dans leur ville, dans leur voisinage, sans parvenir à se remémorer parfaitement certains détails. Un peu comme nous finalement, après toutes ces énumérations succinctes ?.



L'autre point intéressant est – à mon sens – les différents points de vue abordés (parmi les migrants japonais eux-mêmes, entre japonais et américains, entre américains eux-mêmes). Il est intéressant de noter que l'ouvrage ne semble finalement pas tirer à boulets rouges sur ce pan de l'histoire (le déplacement des populations loin des côtes en temps de guerre), pas de manière formelle en tout cas. L'ouvrage m'apparaît plus incisif par contre sur les rapports sociaux entre populations, entre maris et femmes, entre exploitants et exploités, entre communautés (les bons et les mauvais migrants), entre générations, etc… ? Les changements de positions, d'attitudes des individus (en fonction de événements, de situations, etc…) sont assez bien retranscris (l'énumération aidant). On devient ainsi parfois plus étranger à soi-même, qu'étranger tout court, selon les situations et en fonction des événements…



En conclusion, un bon ouvrage, intéressant, tant du point de vue du thème que du style. Une bonne lecture pour moi. de là à lui décerner le prix Femina étranger 2012 ……



Je ne peux m'empêcher d'être totalement intrigué par le choix de la photo de couverture de ce roman (version phoebus)... je me demande parfois si on ne nous prend pas un peu pour des buses.

De la même manière, le titre français m'interpelle. On rappellera quand même que le Japon est un ensemble d'îles et qu'aucun point du japon ne doit être à plus 100kms de la mer. Il faudra donc qu'on m'explique en quoi ce titre est un révélateur quelconque du thème de ce roman. Et je me demande même si conserver le titre original (The Buddah in the Attic) – traduit littéralement - n'aurait pas été préférable.

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La ligne de nage

Une fissure au fond d'un bassin de nage apparaît, la communauté des nageuses et nageurs est en émoi. Leurs habitudes, disséquées, s'effritent à mesure que la fissure grandit. Et puis il y a Alice, qui fait le lien avec une deuxième partie. La fissure, c'est celle de la mémoire d'Alice et de ses souvenirs effervescents.

Un livre qui se lit bien mais qui fait se demander : mais pourquoi tirer ce lien, au forceps, entre l'ambiance de la piscine (très réussie) et ce récit sur l'oubli ? Deux histoires en une, qui n'en font pas vraiment une. Dommage.
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