AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Julie Otsuka (929)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


La ligne de nage

Il faut avoir le moral pour lire ce livre sur la vieillesse et la dégénérescence du cerveau. Alice est une vielle dame adepte de la nage en ligne en piscine, mais celle ci ferme suite à une fissure ( ici un chapitre entier est consacré aux nageurs en ligne, un régal pour ceux qui pratiquent ce sport) et la routine quotidienne d'Alice s'écroule.

Sa fille raconte ensuite sa mère, ce qu'elle était et ce qu'elle est devenue et devient enfermée dans cet EHPAD pour personnes atteintes de démence fronto temporal.

Un très beau livre, un bel hommage à sa génitrice.
Commenter  J’apprécie          81
Certaines n'avaient jamais vu la mer

Certaines n'avaient jamais vu la mer de Julie Otsuka



D’une seule voix, Julie Orkusa donne vie à plusieurs femme japonaise qui sont parties du Japon pour rejoindre des maris designés par une marieuse. Des maris qui les attendent à San Francisco. On vit la traversée dans des conditions pénibles, la découverte du mari, la violence, la soumission, le travail pénible et sans répit dans les champs, au foyer, certaines sont employées de maison, d’autres prostitués. Elles ont des enfants quoi ont des difficultés à être acceptés aux Etats Unis. Puis vient la deuxième guerre mondiale, le mépris, l'enlèvement des maris.

On découvre le destin de plusieurs femmes dans ce texte riche, poétique, très fort et bouleversant.

Une narration que j’ai trouvé originale et vraiment très réussie. Elle donne une intensité particulière à l’histoire. Comme une seule voix qui s’élève mais pour donner la parole à plusieurs femmes.

Commenter  J’apprécie          70
La ligne de nage

Le dernier livre de Julie Otsuka pourrait presque se lire comme un recueil de nouvelles, toutes reliées entre elles cependant. La première partie pourra dérouter ceux qui n’ont jamais goûté à l’ambiance particulière des piscines municipales, mais très vite le regard se concentre sur Alice, l’une des nageuses. Et l’autrice se livre alors à une véritable déclaration d’amour à sa mère vieillissante, dont les lignes se troublent.
Commenter  J’apprécie          00
La ligne de nage

Ce roman semble choral au début, on retrouve la même construction que dans « Certaines n’avaient jamais vu la mer ». « Nous », c’est un groupe de nageurs amateurs qui se retrouvent tous les jours dans leur piscine favorite pour, pendant quelques instants, dans leur couloir, oublier le monde d’en haut. Mais un jour, une fissure apparaît au fond de la piscine, puis une autre et une autre. Rien n’explique leur apparition et à défaut d’explications, la piscine ferme.

Mais cette fissure, c’est aussi ce qui se produit dans le cerveau d’Alice, la mère de Julie Otseka, qui peu à peu oublie ce qu’elle faisait l’instant d’avant, puis les gestes du quotidien, la parole et enfin qui elle est. Si on sourit un peu dans la première partie, on ne parvient pas à éprouver de l’empathie ensuite tant le ton de l’autrice est sec. Comme si elle avait assisté à la lente dégradation de sa mère d’un œil clinique. Un certain malaise s’installe qui ne se dissipe pas dans les dernières pages malgré la touche d’émotion finale.

Challenge Riquiqui 2023

Challenge Plumes féminines 2023

Commenter  J’apprécie          220
La ligne de nage

« La piscine est profondément enfoncée sous terre, dans un vaste espace caverneux à plusieurs mètres sous les rues de notre ville »



C’est ici que se retrouve une communauté de nageurs qui vient chercher, dans l’effort, une pause dans le fracas du dessus. Ils sont autres « là en bas, à la piscine, nous n’appartenons plus qu’à l’une de ces trois catégories : les rapide, les moyens et les lents. »



« Au début, on la voit à peine, petite ligne sombre juste au sud de la bonde dans le grand bain, ligne quatre. » LA fissure, celle qui inquiète, qui fait peur, qui modifie, par sa présence, le quotidien des nageurs. Une autre apparaît, les nageurs fuient un à un. Alice, lorsqu’elle sort de l’eau oublie « Une fissure ? Mais il n’y a pas de fissure ». Les experts discutent, ergotent jusqu’à la décision finale : fermeture de la piscine. D’ici là, les nageurs, enfin ce qui en reste, sont devenus un petit cercle, la tolérance, la gentillesse, la fin de l’anonymat arrivent. Ils lui donnent même un nom « la nouvelle gentillesse » « Parce qu’à présent, nous sommes tous égaux devant l’issue commune.



Second acte et changement de décor. Plus de piscine, mais Alice dont la mémoire se fendille comme la piscine. « Elle a oublié comment elle s’est fait ces bleus sur les bras, et puis qu’elle est allée se promener avec toi un peu pus tôt dans la matinée »



Alice tombe doucement dans une maladie neurodégénérative, peut-être Alzheimer. Tant qu’elle le peut, la famille la maintient à domicile.



Troisième acte, Belavista.



« Vous êtes là aujourd’hui parce que vous avez échoué aux tests »



Le temps est, hélas, venu de la placer (j’ai horreur de ce mot dans ce contexte, mais c’est celui qui est usité). La voici à Belavista qui se dépeint comme « une résidence privée, spécialisée dans les troubles de la mémoire ». Derrière le papier glacé de la brochure ce cache un lieu où « hélas, la fête est finie », elle doit rester dans sa ligne de nage.



« Si vous ne voulez pas vous montrer docile, nous seront obligés de vous administrer un sédatif. Si vous résistez au programme de soins prévus, nous serons obligés de vous administrer un sédatif. Si vous refusez de prendre votre sédatif, nous serons obligés de vous administrer un sédatif encore plus puissant, voire, en fonction de votre degré d’obstination, de vous faire une injection ». Quel joyeux programme !!!



La famille, ici la fille et le père vont avec et les souvenirs refont surface. Tous ces signes qu’ils n’ont pas voulu voir tel le pot de crème pour le visage dans le congélateur. Le père retire tous les post-il collés dans toute la maison : « elle ne rentrera plus à la maison »



Julie Otsuka parle avec beaucoup de délicatesse des fissures dans la mémoire d’Alice à mettre en regard avec la première fissure de la piscine suivie des nouvelles et de la fermeture de l’établissement. Maintenant les fissures d’Alice font qu’elle n’habite plus sa maison avec son mari et que l’établissement dans lequel elle vit désormais ressemble à un internat très strict pour ne pas employer le mot prison.



Un livre délicat
Lien : https://zazymut.over-blog.co..
Commenter  J’apprécie          100
La ligne de nage

Quel bon roman ! Même s’il s'agit évoquer intimement la perte de sa mère, victime de la perte progressive de la mémoire. Pour y arriver l'auteure nous présente une activité du quotidien d'Alice : aller nager à la piscine. Là, entre les différentes lignes de nage, se présentent différents types de nageurs, comme une exploration d'une micro société, unie par la ligne d'eau tracée au fond.



Un jour cette ligne se fissure. On comprend alors l’allégorie.



Après les angoisses collectives, puis finalement individuelles, on se retrouve en tête à tête avec Alice et sa fille. On passe peu à peu du nous au tu. La perte est irréversible. La fissure symbolique ne sera plus jamais comblée.



Du point de vue de l'écriture, il est certain que l'on s'écarte des sentiers rebattus (c'était déjà le cas des deux premiers romans de l'auteure, notamment de "Certaines n'avaient jamais vu la mer") et les deux premiers chapitres sont d'une qualité exceptionnelle ! Ensuite, dans les deux suivants le rythme du départ baisse un peu. Le texte devient plus intime et alors c'est plus compliqué pour accrocher le lecteur.



Toutefois, c'est un coup de cœur qui mérite largement d'être lu, y compris par ceux qui ne pratiquent jamais d'activité aquatique en piscine. Un beau roman sur la perte progressive d'un proche.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
Commenter  J’apprécie          80
La ligne de nage

 J'ai lu des critiques plutôt négatives sur ce livre... mais pour ma part, je l'ai beaucoup aimé, peut-être parce qu'il m'a beaucoup rappelé les personnes que j'accompagne au quotidien dans mon travail.



Ce livre commence avec une piscine. Une piscine municipale, qui a ses habitués, ses propres règles, sa propre organisation. Pour les gens qui s'y baignent, ce n'est pas une simple piscine, c'est bien plus que cela, elle fait partie de leur vie. Et puis, un jour apparaît au fond de cette piscine une fissure. Puis une autre. Et encore une autre... Parmi les nageuses, il y a Alice. Alice qui va devoir faire face à ses propres fissures, celles de sa mémoire, cette mémoire qu'elle perd de jour en jour.



L'autrice a un style particulier. Très particulier que l'on pourrait qualifier de froid et qui pourtant immerge complètement le lecteur dans le texte avec l'emploi de la première personne du pluriel, puis de la deuxième. C'est étrange un livre dont la première partie est écrite avec le "nous" puis passe au "vous" dans la partie suivante. Cela peut paraitre déstabilisant mais cela va tout à fait avec l'histoire. Quoi de plus déstabilisant en effet de voir sa mémoire s'étioler, d'oublier un peu, beaucoup, puis tout ce qui a constitué son existence ? Et quoi de plus déstabilisant pour les proches qui assistent à cette dégringolade sans pouvoir rien y faire ?



Que ce soit la première partie consacrée à la piscine ou la deuxième consacrée à la vie au sein d'un EHPAD, d'abord du point de vue de l'institution, ensuite du point de vue de la famille, je les ai trouvées toutes deux très réussies. On nage dans la première, on coule dans la deuxième, on pourrait presque se croire dans deux livres différents tant le changement de ton et d'ambiance est brutal et c'est sans doute ce qui apporte à ce livre un véritable "plus". 



Oui, on pourrait qualifier ce livre de froid et pourtant, j'y ai vu la sensibilité, la douleur, la fragilité, l'émotion. Ce n'est pas rien de perdre la mémoire, que ce soit pour la personne directement concernée ou pour ceux qui l'aiment. Non, ce n'est pas rien, et l'autrice a très bien su le retranscrire. Oui, il m' a plu, ce livre, il m'a beaucoup touchée, à la fois pour ses qualités d'écriture et pour son sujet. Un livre qui vaut la peine d'être lu.
Lien : http://tantquilyauradeslivre..
Commenter  J’apprécie          80
La ligne de nage

Tout d'abord la thématique de ce livre m'a plu. Les nageurs et nageuses d'une piscine qui se croisent, se reconnaissent au travers de leurs routines, prennent plaisir à nager encore et encore, pour se déconnecter de leur vie de "la-haut".

Moi qui ai souvent fréquenté les piscines, j'ai retrouvé des sensations, des plaisirs de la nage, même si je n'en étais pas au point de ces aficionados de l'eau qui trouvent un grand réconfort dans leur ligne de nage.

Puis une fissure apparaît au centre du bassin, qui affole tout le monde, puis une autre... et la fermeture de la piscine est un risque impensable pour tout ce petit monde.

Puis le récit s'étire en longueur sur de très, trop nombreuses pages... et j'ai décroché.

Vers la 100e page j'ai déclaré forfait ! Dommage.
Commenter  J’apprécie          210
La ligne de nage

J’ai aimé les précédents romans de Julie Otsuka, Quand l’empereur était un dieu et Certaines n’avaient jamais vu la mer. C’est donc emplie d’un optimiste allant que j’ai ouvert La Ligne de nage … que je referme assez dépitée de n’avoir point adhéré à son propos et surtout à sa forme.



Cela commence plutôt bien avec une étude amusante du quotidien d’une communauté hétéroclite de nageurs qui se côtoient dans une piscine souterraine, chaque membre ayant ses rituels, ses motivations à venir nager, microcosme de la société américaine tant les profils sont. Julie fait un choix narratif osé, celui du « nous » narratif des nageurs qui se croisent, se chamaillent, se fréquentent, unis par leur dévotion à la natation et leur désir de fuir le monde d’en haut.



Et puis une fissure apparait au fond de la piscine, inexpliquée, situation donnant lieu à des réactions au surréalisme loufoque. Et puis la piscine ferme selon le principe de précaution. Du « nous » foisonnant, émerge une nageuse, particulièrement touchée par cette rupture du quotidien : Alice, retraitée, qui est atteinte de la maladie de Pick, premier stade, maladie neurodégénérative proche d’Alzheimer, elle qui oubliait peut-être la combinaison de son casier mais jamais les gestes rassurants et apaisants de la natation.



Dans la deuxième partie, le ton change très abruptement. Finie la comédie sociale presque acidulée, direction l’EHPAD où vit désormais Alice. Le ton se fait acerbe et sarcastique pour raconter la nouvelle vie d’Alice. Un nouveau choeur antique « nous » apparaît, la voix des oppresseurs, celle malfaisante et sadique de l’institution médicale qui illustre violemment la cruauté de la sénilité en énumérant notamment toutes les choses qu’Alice ne pourra plus faire et tout ce dont elle ne se souviendra plus jamais.



Je suis pas parvenue à trouver le liant entre ses deux parties totalement disjointes. Sans doute l'EHPAD est-il le contrepoint cauchemardesque du monde de liberté totale qu'était la piscine pour Alice. Sans doute les deux lieux gomment-ils toute différence sociale, les nageurs et les malades étant tous traités de la même façon. Mais ces réflexions n'ont pas suffi à assembler ces deux récits mal accouplés.



Ce qui m'a dérangé également, c'est le peu de place que fait Julie Otsuka au lecteur. Si l'écriture est audacieuse, forte et assumée avec ses blocs de texte à peine texturés par des italiques ou des tirets, la litanie des répétitions et des listes a obscurci ma lecture. Je ne sentais pas à ma place comme si le texte n'avait pas de destinataire, comme s'il était juste écrit par l'autrice pour l'autrice, comme un exutoire rageur à sa souffrance ( on comprend vite que Julie Otsuka parle ici de sa propre mère et que le personnage de la fille est son double.)



Au final, je me suis sentie seulement conviée dans les dernières pages qui elles offrent de la chair et du coeur en partage au lecteur. Cette fois, l'autrice recentre son texte sur la relation spécifique entre une mère et une fille, sur les regrets d'une vie, sur ses incompréhensions, et là, j'ai été enfin touchée.

Commenter  J’apprécie          11612
La ligne de nage

Une piscine à priori en sous-sol où des habitués se partagent les lignes de nage.

Ce sont des nageurs obsessionnels.

En deuxième partie, le vieillissement d'Alice l'une des nageuses qui bascule doucement dans une sorte d’Alzheimer.

Très étrange cette description de la piscine, des nageurs et de la mystérieuse fissure au fond du bassin.

Je me demandais ce que j'étais en train de lire.

L'histoire d'Alice est plus concrète.

L'altération de sa mémoire est sa fissure à elle.

Elle devra rester dans sa ligne de nage dans l'établissement où elle est admise.

L'écriture est tournante, nous emmène de l'un à l'autre.

C'est un enchaînement hypnotisant.

On reconnaît bien le style de « Certaines n'avaient jamais lu la mer »

Un roman donc très particulier dont je ne saurais dire si je l'ai beaucoup aimé mais qui en tout cas ne m'a pas laissée indifférente.

Il me donne l'impression d'être autobiographique, mais je me trompe peut-être.
Commenter  J’apprécie          200
La ligne de nage



Dans la première partie de ce récit, nous découvrons une communauté hétéroclite , mais soudée, celle de nageurs qui fréquentent une piscine en sous-sol. Tous ceux qui respectent les règles implicites y ont leur place. Y compris Alice dont la mémoire est de plus en plus défaillante. La routine y est de mise et chacun trouve dans ce sas de quoi supporter la "vie d'en haut".

Las, une fissure dans le fond du bassin vient troubler cette belle harmonie. On peut y voir la métaphore de tout élément perturbateur qui vient déranger nos existences et en l’occurrence ici celle de la vie d'Alice.

La troisième partie recense tous les oublis de cette femme et à l'inverse tous les souvenirs de celle qui fut internée dans un camp pour Nippo-Américainss durant la Seconde guerre mondiale. Un portrait impressionniste et plein d'humanité.

Changement de tonalité avec "Belavista" où sont égrainées implacablement  les différentes étapes que connaîtra Alice dans cet établissement spécialisé où son mari et sa fille ont dû la faire entrer, au vu de la dégradation de son état mental.

Dans la dernière partie, la narratrice et fille d'Alice évoque enfin sa relation à sa mère .

Sur un thème délicat et douloureux, Julie Otsuka réussit un texte sensible , prenant (même si la partie consacrée à la fissure est un peu longuette) et même moi qui déteste les piscines j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce texte  profondément émouvant mais tout en retenue.

Commenter  J’apprécie          90
La ligne de nage

De Julie Otsuka, j'avais aimé découvrir les histoires de son précédent roman "Certains n'avaient jamais vu la mer". Si le sujet méritait le détour, l'écriture sujette à beaucoup de répétitions ne m'avaient pas permis d'être complètement happée. Avec "La ligne de nage", l'embarquement n'a pas été complet pour les mêmes raisons, et parce que l'écriture est particulièrement froide.

Pourtant, c'est un livre qui m'a marquée, déstabilisée, ébranlée. Même en retrait, j'ai apprécié cette lecture, trouvé le ton juste, les propos criant de vérités.

Dans une première partie, Julie Otsuka nous ouvre les portes d'une piscine souterraine et y décrit, avec une minutie quasi chirurgicale et humour aussi, les habitudes d'une communauté de nageurs, les règles à respecter ... avec un "nous" englobant tous ceux qui le fréquentent, dont Alice, personnage principale de ce roman, et un "vous" qui nous invite au partage. Nager, enchaîner les longueurs, permet de s'évader, d'évacuer le stress, de s'éloigner du quotidien, j'adhère complètement, je me suis retrouvée dans ces propos.

L'apparition d'une fissure dans le fond du bassin marque la transition avec la deuxième partie dans laquelle Julie Otsuka évoque, avec mélancolie, la fin de vie d'Alice. Son cerveau s'est fissuré.

Les maladies qui affectent la mémoire rendent la vie difficile pour le patient atteint et pour son entourage. L'absence de traitement condamne les patients, et les structures d'accueil, les soignants font leur maximum pour encadrer, décharger les familles, accompagner la fin inexorable en toute transparence. Celle d'Alice, semble, pourtant avoir gommé l'humanité de ses patients.



« On vous dit tout : à Belavista, les apparences peuvent être trompeuses. le réveil fixé à la table de chevet est en fait une caméra de surveillance déclenchée par le mouvement. Votre gobelet en plastique rouge translucide permet de contrôler votre niveau d'hydratation. le thermostat situé sous l'interrupteur de la lumière est un micro. Votre bracelet de cheville en argent si stylé permet de vous retrouver partout. La compote sur votre plateau de dîner est un leurre pour vous faire prendre vos médicaments. Idem de la purée et des morceaux de banane occasionnels. le joli tapis décoratif de votre salle de bains est un tapis antichoc en cas de chute. Votre coach personnelle » est en réalité kiné. Son salut amical - Tout va bien ! » - sert à développer la confiance. le jardinier que vous voyez par la fenêtre assure la sécurité. Et cette femme un peu perdue qui vous regarde dans le miroir de la salle de bains ? C'est vous. »



L'auteure s'adresse à la fille d'Alice dans la deuxième partie et emploie le "tu". Un "tu" qui marque la distance idoine pour évoquer sa culpabilité, sa propre culpabilité, certainement. À la lecture, j'aurais préférer le "je"... Mais avec du recul, je comprends ce choix. Il évite le jugement, le larmoiement aussi. Et c'est vrai, que ce livre n'analyse pas vraiment les situations. L'auteure en énumérant des constats donne de la profondeur à ses propos.

Et ces propos laissent des traces. J'ai rarement parlé d'un livre à mon mari après une lecture ;-)

La fin, cette fin, ces dernières pages que j'ai relues sont ... belles.

Je relirai Julie Otsuka, parce que son écriture, que je trouve pourtant plutôt froide, m'interpelle et me touche.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
Commenter  J’apprécie          152
Certaines n'avaient jamais vu la mer

C’est une petite pépite que nous propose ici Julie Otsuka. Ce court roman est une histoire vraie, celle de jeunes femmes japonaises émigrant vers les Etats-Unis, vers un enfer déguisé en paradis fallacieux.

Le style utilisé peut parfois générer un peu de saturation et pour ma part c’est en lisant un chapitre par jour que j’ai pu assimiler toute la force et la justesse du récit.

Une petite perle d’une puissance obsédante qui m’a également fait découvrir un pan d’histoire que je ne connaissais absolument pas.

Commenter  J’apprécie          80
La ligne de nage

Un petit livre déroutant tant sur la forme que sur le sujet. Dans la première partie de La ligne de nage, Julie Otsuka décrit les habitués d'une piscine en sous-sol. Des personnes qui se connaissent de vue, ne se parlent pas, ne se fréquentent pas en dehors de cet espace. L'apparition de minuscules fissures va amener les nageurs à se parler et à faire connaissance.

Parmi les nageurs, Alice, une vieille dame qui a des fissures dans la tête, et qui - dans la deuxième partie, doit être internée dans une maison de retraite. Sa fille s'occupe d'elle alors que les deux fils vivent dans une autre partie des Etats-Unis.

Après avoir lu Je ne suis pas sortie de la nuit d'Annie Ernaux, qui abordait également le grand âge et les relations mère-fille, j'ai été sensible à ce livre, à la fois autofiction et traité d'une manière plus détachée, pour exprimer la difficulté d'aider un parent face à la maladie dans le grand âge.
Commenter  J’apprécie          280
La ligne de nage

A mon sens, une histoire plutôt banale liée à la piscine dans laquelle des gens rythmés par la routine se retrouvent. Quand cet univers aquatique s'effondre cela laisse place à un monde terrien.

Par contre, j'ai trouvé l'écriture de ce roman parfait et fort intéressant à parcourir d'où la note de trois étoiles.
Commenter  J’apprécie          20
La ligne de nage

Voici un livre un peu complexe dans sa forme et son écriture mais qui mérite qu'on fasse un effort car le sujet ne peut laisser indifférent. J'avais apprécié le style de Julie Otsuka dans ce magnifique roman "certaines n'avaient jamais vu la mer" où les longues énumérations permettaient de faire ressentir les différents points de vue des femmes exilées. Ici ce procédé convient également pour la première partie, où l'on évoque les nageurs qui viennent oublier à coup de longueurs leurs soucis "d'en haut", mais cette forme littéraire est un peu plus pesante et peut décourager le lecteur. Ces énumérations sont parfaitement adaptées pour évoquer, sous les traits d'Alice, la longue descente de la mère de l'auteur vers l'oubli total. Cela permet de raconter une multitude de souvenirs fragmentaires qu'elle partage avec sa mère ou que celle-ci lui a raconté un jour ou l'autre.



La fissure que l'on découvre au fond de la piscine, qui tout d'un coup prendre l'ampleur et conduit à sa fermeture, est une métaphore qui annonce la désagrégation des souvenirs d'Alice, lente mais certaine, inéluctable.

L' auteur s'adresse au lecteur en utilisant le pronom "elle" pour évoquer sa mère. Cette forme pourrait être une mise à distance, mais finalement rend universelle cette relation filiale. Pour contrebalancer, elle utilise un tutoiement pour parler d'elle même. Elle s'efforce de combler les béances de cette relation un peu distante qu'elle avait eu avec sa mère et créé une forme d'intimité où nous sommes associés. La sénilité qui progresse, le déclin de son parent, "la prise en charge" institutionnelle en EPHAD, l'impuissance, l'espoir qui se réduit, tout est évoqué avec subtilité, mais véracité.

L'émotion vous étreint. Tant d'évocations m'ont renvoyée vers la disparition récente de ma mère.... Quelques lumières émergent heureusement même si ce sont des instants fugaces.

C'est un livre poignant. Il fait écho à la souffrance que l'on ressent face au déclin d'un proche. Le partage de cette expérience, avec les mots et la finesse de Julie Otsuka, est finalement bienvenu.

Je crois au hasard qui met sur notre chemin le livre qui entre en résonance avec un moment clé de notre vie.









Commenter  J’apprécie          20
La ligne de nage

Cette piscine souterraine, à laquelle on accède en acceptant de quitter le monde extérieur, représente pour “ceux d'en bas”, c’est à dire pour un certain nombre d'habitués, un élément clé dans leur vie qui leur permet de maintenir un équilibre, une stabilité, indispensables pour affronter la dureté de la vie à l'extérieur. C'est un univers régi par des règles tacites, où chacun vient chercher ce dont il a besoin tout en ayant la certitude de retrouver sa place. Une solidarité, une forme de complicité unit ces inconnus aux vies bien différentes mais qui se retrouvent sur un même pied d'égalité dès lors qu'ils sont en maillot et en bonnet de bain, partageant ce jardin secret commun. Mais cet univers s'apprête à imploser avec l'apparition d'une première fissure dans la paroi du bassin, menaçant la fermeture de cette piscine atypique et provoquant une vive inquiétude au sein de la communauté…



Est-ce parce que je ne suis moi-même pas une bonne nageuse que j'ai à ce point eu l'impression de ne pas être dans mon élément ? Je n’ai pas nagé dans cette piscine, j’ai plutôt ramé tant j’ai eu de mal à pénétrer cette lecture, à en comprendre le sens et le but! J'ai eu la sensation de boire la tasse et j'ai bien failli me noyer à plusieurs reprises dans cette piscine souterraine, au contact de cette communauté dont les préoccupations m'ont laissée de marbre... Plusieurs fois, j'ai songé à abandonner, tant le premier tiers du roman m'a paru fastidieux ! Aucune empathie pour les personnages, ces nageurs anonymes ou presque qui formaient un clan avec leurs règles à respecter. Un nom pourtant revient, celui d'Alice, vieille femme qui perd la tête à l'extérieur mais parvient à se retrouver au contact de l'eau chlorée. Pour autant, les descriptions et les états d’âme sont énoncés de manière si factuelle que je suis restée complètement en dehors.



Heureusement, les choses évoluent et prennent un tout autre tournant à partir du deuxième tiers du roman. On quitte alors la piscine, qui ferme définitivement ses portes en raison de l'apparition inexpliquée de ces fameuses fissures dans le bassin et l'on suit Alice dont l'état s'est largement dégradé depuis cette fermeture et dont le cerveau se nécrose et la mémoire se fissure, elle aussi (et là, on comprend soudain cette longue, loooongue métaphore de la première partie…). Diagnostiquée pour “une démence fronto-temporale”, la vieille femme se voit contrainte d'intégrer un EHPAD spécialisé dans la gestion de cas similaires. A travers une écriture clinique et avec beaucoup de cynisme, Julie Otsuka dépeint les conditions de vie déshumanisées dans ces mouroirs et les nombreuses règles, non tacites cette fois, qui vont dès lors régir le quotidien d’Alice. Aucune rémission possible, pas de traitement, juste un irrémédiable déclin, plus ou moins long selon les patients…



En abordant le dernier tiers du roman, on devine que Julie Otsuka nous parle en réalité de sa mère et qu’elle a choisi, par le biais de l'écriture, de nous raconter des bribes de son histoire, car, si la mémoire est défaillante, les écrits, quant à eux, restent pour témoigner. Cette dernière partie, bien que plus émouvante que le reste du roman, m'a tout de même parue assez froide. Moi qui avais été bouleversée par l'histoire de ces japonaises immigrées aux Etats-Unis dans “Certaines n'avaient jamais vu la mer”, je dois dire que j'ai été assez déçue de ressentir si peu d'émotions à la lecture de ce récit qui s'avère pourtant être des plus intimes… On sent la culpabilité de l’autrice pour son manque de présence auprès de celle qui l’a élevée et, peut-être, un désir de se racheter à travers ce roman. Néanmoins, le ton reste distant et manque de tendresse et de sentiments. Seule la relation de la mère avec le père a su m’atteindre et me toucher. En dehors de ça, j’ai l'impression d'être complètement passée à côté de ma lecture, dommage!
Commenter  J’apprécie          390
La ligne de nage

Je me suis noyée. Au premier abord j'ai aimé le quatrième de couverture. J'ai aimé le parallèle fait entre le monde d'en haut et celui d'en bas. Vie trépidante contre moments de paix. Mais ensuite? Le rapport avec la maladie d'Alice?

C'est en ouvrant ce livre que je me suis vaguement souvenue d'avoir lu son précédent livre qui ne m'avait pas convaincu. Je peux dire qu'en toute logique je ne persisterai pas avec les futures sorties littéraires de cette romancière. Ilen faut pour tout les goûts et honnêtement ce style ne me convient pas.
Commenter  J’apprécie          230
La ligne de nage

Ce roman aurait pu être deux nouvelles. Le seul lien entre ces deux parties c’est Alice. Première partie : description de nages de différents personnages, puis des pages à n’en plus finir sur une fissure au fond de la piscine. Que vont devenir ces pauvres nageurs quand la grande baignoire va fermer ? Deuxième partie la perte de mémoire de Alice racontée par sa fille.

Ce livre a été d’un grand ennui pour moi, je n’arrivais pas à m’accrocher ni à l’histoire, ni aux personnages, ni au style. À peine fermé et déjà oublié.
Commenter  J’apprécie          723
Certaines n'avaient jamais vu la mer

J'ai été incroyablement touchée par cette histoire complètement omise de l'Histoire. Ces japonaises qui ont bravé l'Atlantique pour se retrouver dans les champs californiens, pour beaucoup violées, maltraitées, ... Les roseaux se courbent mais ne cèdent jamais.

L'écriture est majestueuse, poétique, lyrique atténuant la violence et la cruauté de ce passage honteux de l'Histoire. On se doit de saluer la traduction magique qui arrive à nous retranscrire au plus près l'atmosphère de l'époque et l'émotion des jeunes filles.

Le travail d'investigation a dû être colossal compte tenu du peu de sources qui traitent de ce sujet délicat.

Ce livre m'a marquée et restera une de mes meilleures lectures.
Commenter  J’apprécie          00




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Julie Otsuka Voir plus


{* *}