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Critiques de Julie Otsuka (929)
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Je suis entrée dans ce court récit à l’aveuglette, sans connaître l’autrice, et un tout petit peu le sujet. Bien m’en a pris, car parfois il est bon de découvrir la grande histoire en même temps que la petite. Peut-on vraiment évoquer une « petite » histoire tant celle des migrations a eu un énorme impact sur le monde, la construction du rapport entre ces deux nations, le Japon et les États-Unis ?

En utilisant un « nous » de chœur antique, Julie Otsuka nous fait vivre le voyage de japonaises de 12 à 37 ans vers San Francisco, à la rencontre de leurs futurs maris dont elles n’ont qu’une photographie (parfois ancienne), une lettre (parfois écrite par un autre). Parties pour libérer leur famille d’une bouche à nourrir, pour fuir une mauvaise réputation ou tout simplement parce qu’elles ont été vendues, ces femmes doivent d’abord éprouver la rude traversée, peuplée de rêves comme de réalités sordides.

A l’arrivée, c’est la nuit de noce, brutale pour beaucoup, avec un homme qui n’a parfois aucune ressemblance celui qu’elles avaient imaginé. Et puis le travail aux champs, le dos courbé chaque jour, ou bien le travail de domestique dans les riches maisons, l’arrivée des enfants, la deuxième génération qui veut s’assimiler, qui rejette la langue et les conseils des parents.

Et la deuxième guerre mondiale, qui vous fait considérer comme des ennemis de la nation, soupçonnés, écartés, et finalement déportés …

Ce chant de l’exil, l’autrice nous le fait entendre comme une mélopée, à la fois concrète et poétique. Je me suis fondue dans ces femmes niées puis évincées, porteuses malgré tout d’une énergie fantastique et de l’espoir d’une vie meilleure. Un prix Femina étranger amplement mérité !
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La ligne de nage

Très surprenant ce nouveau roman de Julie Otsuka. Rien à voir avec « Certaines n’avaient jamais vu la mer ». L’ouvrage paraît divisé en deux parties, et on pourrait penser à deux longues nouvelles. La première, qui s’étale sur presque la moitié du livre, m’a vraiment décontenancée. Je l’ai trouvée longue, très répétitive, ce qui en démotive la lecture, car on ne comprend pas où l’auteure veut en venir avec cette piscine souterraine, ses lignes de nage et les fissures qui s’agrandissent au fond du bassin. Quand la seconde partie débute, on a l’impression de passer totalement à autre chose. De tous les protagonistes de la première moitié du livre, on ne retrouve qu’Alice, une des nageuses, atteinte de pertes de mémoire de plus en plus récurrentes. C’est là que l’on est amené à comprendre les évènements de la première moitié du livre. Les fissures apparues au fond de la piscine préfiguraient les failles dans le cerveau d’Alice.

Sa famille est amenée à la placer en EPHAD, et à partir de là, c’est sa fille qui prend le relais du récit.

L’écriture de Julie Otsuka ressemble à un compte rendu chirurgical. C’est un récit dont tout sentiment est absent. Elle raconte les faits, comme s’ils étaient simplement vus de l’extérieur par une caméra. Des images mais pas de ressenti. La froideur de ce roman m’a vraiment mise mal à l’aise.

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Certaines n'avaient jamais vu la mer

< Nous étions glacées à l'intérieur et notre cœur n'a toujours pas dégelé. Je crois que mon âme est morte. >



Commenté partout, ce roman a une certaine hype sur la sphère de bookstagram. Qu'il plaise ou non on ne peut pas en ressortir totalement indemne.



Ce livre de quoi parle-t-il ? De femmes qui ont tout abandonné pour un inconnu qui a fait de belles promesses par lettres échangées. Des japonaises qui ont migré dans une Amérique hostile, tout ça pour des hommes qui allaient les décevoir.



On retrace leur parcours du bateau dans lequel elles ont appris à se connaître elle-même et les autres. Jusqu'à la guerre qui mettra fin à cet American dream (qui spoiler alert n'a rien eu d'un rêve pour elles)



C'est un roman qui parle des femmes avec force et détails. Qui émeut et met mal à l'aise. Qui donne envie de révolte plus d'un siècle en retard. Qui met au jour une partie de l'histoire oubliée et qui ne le sera plus jamais.



Je ne peux pas dire que cette lecture m'a transcendée c'était plutôt long. Mais elle m'a offert l'écoute des voix de ces femmes, meurtries dans leur chair, dans leur être.



Avez-vous lu ce roman ? Vous intéresse t-il ?
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La ligne de nage

Deux sujets actuels préoccupants traités sur un ton badin, voilà tout l'art de cette auteure. Dans une première partie, on regarde des nageurs qui se voient contraints d'abandonner "leur" piscine à cause de fissures au fond du bassin. On mesure alors combien nos comportements sont "formatés". A la suite, loin du bassin, mais direction l'EHPAD, on suit Alice qui se bat- comme elle peut- contre ce qu'on qualifie généralement de maladie neurodégénérative.

Et tout ça, c'est écrit au fil de la plume, comme si l'auteure nous faisait le compte-rendu d'une vie somme toute ordinaire. C'est toute la qualité de cette "Ligne de nage" et ça vaut la peine de suivre la ligne d'écriture jusqu'à la dernière page.
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Tout simplement magnifique !

Le style est vraiment très original (le narrateur c'est "nous") et ces histoires resteront sans doute longtemps dans ma mémoire.

Quelle période terrible et terrifiante. Je ne connaissais pas du tout cette partie de l'histoire américaine avec toutes ces personnes d'origine japonaise internées dans des camps...
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Certaines n’avaient jamais vu la mer lorsqu’elles ont embarqué sur ce bateau en ce début de XXème siècle, mais toutes ont dû laisser derrière elles leurs familles au Japon. Dans leurs bagages : leurs kimonos usés, leur petit guide de conversation en anglais et les photos de leurs maris qu’elles n’ont encore jamais vus, ceux qui leur ont promis dans leurs lettres une nouvelle existence paisible et prospère.



Mais sur la terre ferme des États-Unis, elles comprennent aussitôt que le rêve américain ne se vit que la nuit, les yeux clos, après de dures journées de labeur à se taire et ployer sous les ordres d’un époux ou d’un patron… Dans les champs arides, dans une maison de riches ou dans les sous-sols sombres d’une blanchisserie, ces femmes japonaises triment, se taisent et se meurent, bientôt rompues à l’art d’être transparentes. Jusqu’à leur disparition totale dans les rues, à l’heure de Pearl Harbor et des premières arrestations.



Qu’elles soient filles de paysans ou d’artisans, nées dans un village de montagne ou à Tokyo, terrorisées ou résignées, déjà tombées amoureuses ou ignorantes des choses de l’amour, hantées par le souvenir d’une sœur geisha ou d’une mère adorée, Julie Otsuka tient ces femmes toutes ensemble d’un seul bloc, dans un « nous » dont la force happe de bout en bout, comme si elle refusait de laisser la narration engloutir - comme l’Histoire l’a fait - leurs destinées et la moindre de leurs disparités dans l’adversité.



D’une façon qui m’a étrangement fait penser à l’autobiographie collective que sont « Les Années » d’Annie Ernaux, Julie Otsuka réalise un travelling magnifique sur le visage de ces femmes, nous faisant palpiter à l’unisson avec elles dans leurs peines, leurs effrois, leurs douleurs et leurs (menus) plaisirs, jusqu’à ce que la caméra les perde. Assurée que maintenant, nous ne les oublierons plus jamais.



Immensément beau et triste...
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La ligne de nage

La piscine

Les manies des uns et des autres

Les attentes des uns et des autres

Elle accueille chacun sans faire de différence

Chacun son couloir.



La fissure

Dans le monde d’en bas

Dans le monde d’en haut

Elle s’agrandit

Elle se multiplie.



La mémoire

Ce qu’il en reste détaillé jour après jour

Un peu beaucoup infiniment

Malheureusement dans l’autre sens

Infiniment aujourd’hui

Beaucoup demain

Un peu après-demain

Plus rien après après demain

Elle se délite

Elle disparaît.



Ce qui pourrait être un EHPAD

Un lieu sans passé

Un lieu sans avenir

Le lieu pour attendre le dernier jour.



La fin de vie

La lumière qui s’éteint

Le corps qui s’épuise

La parole qui disparaît

Reste en dernier le regard.



Que vous dire de plus

Un livre émouvant qui nous parle d’Alice, de la lente dégringolade de la vie.

Une écriture fournie, qui n’a pas peur des longues énumérations qui pèsent sur les mots pour mieux nous immerger dans l’atmosphère des lieux.

Un découpage en séquence brute pour suivre le passage du temps, les jours se précipitent de plus en plus rapidement sans laisser de répit, nous laissant impuissant pour revivre le passé.

Je penserai à vous Alice la prochaine fois que je rejoindrai mon couloir de nage.
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Ma moitié a découvert ce livre un peu par hasard au fond d'une librairie, bien m'en a pris de le lire.

Un style narratif particulier qui raconte la vie de femmes japonaises désireuses d'une vie meilleure aux Etats-Unis. L'auteur ne narre pas l'histoire d'une ou de plusieurs femmes en particulier mais bien TOUTES les femmes japonaises partantes pour l'exil. Je dis bien exil car dans la culture japonaise, un retour dans le pays natal serait une honte car un échec...

A travers ce livre l'auteur nous fait découvrir un pan un peu caché de l'histoire du XXème siècle avec ces femmes trompées, exploitées, asservies dès leur arrivée dans ce "beau" pays... Tous les détails de leur quotidiens sont là...

Et que dire de cette déportation organisée après Pearl Harbor ? Où tous les américains d'origine japonaise sont potentiellement suspects de trahison ? Mis dans des camps en laissant derrière eux le peu qu'ils avaient pu acquérir...

Merci à l'auteur pour nous faire redécouvrir ces moments de l'histoire un peu cachés et tus.
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

« Certaines n’avaient jamais vu la mer » est le récit de la désillusion et de l’abandon de soi. Début du 20ème siècle, l’histoire plurielle de femmes japonaises en quête d’une vie rêvée auprès d’un mari aimant qui leur est pourtant étranger. Au cours d’un voyage chaotique l’eldorado américain s’étiole déjà. Des femmes brusquement débarquée vers une existence construite sur des mensonges. Reste seulement à s’oublier dans le travail et dans la maternité au prix parfois de drames. Et ce pays qui nous tolère plus qu’il ne nous accepte jusqu’à nous

abhorrer suite à une guerre dont on ignore quasiment tout. On nous exclut et puis bientôt on nous efface. Mille et une vies de femmes pour finalement ne devenir dans cette grande Histoire qu’un mirage. Tout simplement bouleversant!
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Mon avis : ISaddhu



Ce livre est une véritable ode à toutes ces femmes inconnues, anonymes, à ces destins brisés par des illusions de vie meilleure.



L'auteure nous conte des faits qui se sont déroulés pendant une période de l'histoire, assez méconnue, je pense par certains d'entre-nous : l'immigration japonaise de la fin du 19ème au début du 20ème siècle aux Etats Unis. Pour donner plus de poids aux mots et à ces destins, elle ne choisit pas d'en écrire un, mais d'en évoquer l'ensemble, en employant un pronom personnel : nous, ce nous qui lui permet de s'inclure dans le vécu de son peuple.




Lien : http://adighee.canalblog.com..
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

C'est avec plaisir que je découvre la plume si orginiale et particulière de Julie Otsuka. Le pronom "nous" tout au long du roman est perturbant pour le lecteur, mais il donne une force incroyable au récit qui est puissant et poétique à la fois. Le texte est court, avec environ 150 pages, mais il est percutant.



J'aime particulièrement les romans historiques car je me rends compte de tout ce que je ne connais pas et ce fut le cas pour cette partie de l'histoire américano-japonaise.



Julie Otsuka nous raconte l'exil, au début du XXe siècle, de jeunes Japonaises aux Etats-Unis, et notamment en Californie, pour épouser des Japonais ayant immigré depuis longtemps et qu'elles n'ont vu qu'en photo. Rêvant d'une meilleure vie comme promise par leurs futurs maris, elles vont être très vite déçues par la dure réalité. En général, leurs époux ne sont pas de riches hommes d'affaires mais des ouvriers agricoles qui a besoin d'aide aux champs.

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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Depuis quelques années je souhaitais découvrir Certaines n’avaient jamais vu la mer sans véritablement connaitre l’approche choisie par Julie Otsuka.

Cet ouvrage est, pour moi, un ovni littéraire. A mi-chemin du roman et à mi-chemin de l’essai et du témoignage, il mélange de nombreux styles. Nous ne suivons pas un seul et unique personnage mais bien une multitude de voix nous racontant leurs arrivées, leurs vies aux Etats-Unis à travers des chapitres conçus pour chaque étages de leurs vies.





Parties en quête d’un avenir meilleur, ces jeunes femmes nous racontent par bribes leurs passés, les familles laissées derrières elles, pour un avenir parfois voire très souvent construit sur des mensonges que se soit de leurs parts ou des hommes qu’elles vont épouser une fois arrivées sur le continent américain.

C’est entendre ces femmes qui sont déconsidérées car femmes, on voit la misogynie, la domination des époux japonais sur leurs femmes mais aussi des employeurs américains qui utilisent leurs conditions pour abuser de ces femmes.





A travers leurs voix, Julie Otsuka révèle les conditions de vie, les traitements subis par les japonais de la part des américains, le regard posé sur eux car le racisme est omniprésent envers ces travailleurs exploités. Au fil des décennies, ce racisme, cette exploitation va se transformer en une acceptation passive, une invisibilisation de leurs présences car étant peu perturbateurs et finalement plus appréciés que d’autres populations asiatiques. On voit l’arrivée des nouvelles générations nées de ces couples qui vont peu à peu effacer leurs cultures, leurs vocabulaires pour se fondre dans la culture américaine malgré le racisme toujours présent. C’est aussi l’apparition d’une diaspora japonaise sur le sol américain avec des liens qui se nouent entre les membres de cette communauté.

Cet équilibre précaire est menacé puis détruit par la Seconde guerre mondiale. L’autrice montre cette intégration de la communauté japonaise puis de leurs disparitions en donnant la parole aux américains qui les côtoyaient, vivaient à leurs côtés, osant chercher à comprendre pourquoi ce départ si soudain, de savoir où ils sont allés, une tristesse présente chez les enfants qui ne comprennent pas la période. Cependant comme toute chose, plus le temps passe plus le souvenir de leurs présence physique, les mémoires, s’effacent laissant place à d’autres qui répètent ce schéma.





A travers cette pluralité de voix c’est une pluralité de destins que nous découvrons mais toutes confrontées à un racisme ambiant de la part des américains à leurs égards, une acceptation relative de leurs présences dans les villes puis un oubli de leurs présences lorsque le monde les contraints à partir.

Alors que toutes ces japonaises n’aspiraient qu’à un meilleur avenir sur ce nouveau continent la roue du destin ne tournera que très peu en leur faveur.

Julie Otsuka dans Certaines n’avaient jamais vu la mer fait ressurgir du passé ces nombreuses voix oubliées.

Un très beau texte à découvrir.
Lien : https://autempsdeslivres.wor..
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La ligne de nage

Par l'autrice de "certaines n'avaient pas vu la mer"(japonaises pour avoir accepté un mariage arrangé avec des américains, au lieu de sortir de la misère, elles endureront une dure vie d'exilées pouvant aller jusqu'aux camps durant la 2eme guerre mondiale).

Ce livre présentent des personnages très différents unis par l'habitude d'aller dans une piscine souterraine qui leur offre une évasion indispensable. Ils finissent par veiller les uns sur les autres. En raison d'une fissure inexpliquée la piscine sera fermée. On découvrira alors le bouleversant retour à la réalité d'Alice privée de cette protection.
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Certaines n’avaient jamais vu la mer/Julie Otsuka/ Prix Femina étranger 2012

Pour reprendre les termes de l’auteure, ce roman qui n’en est pas un s’inspire de la vie d’immigrantes japonaises qui arrivèrent aux Etats-Unis à San Francisco au début du XXe siècle. Très bien documenté, ce récit bouleversant mais parfois un peu long, relate les vexations et les souffrances dont furent l’objet ces femmes auxquelles on avait dans leur enfance appris qu’une jeune fille doit se fondre dans le décor et être là sans qu’on la remarque. La plupart de ces filles étaient des filles simples de la campagne qui ne parlaient pas anglais et n’avaient d’autres choix que de récurer les éviers et frotter les parquets. Il faut savoir qu’au Japon le métier le plus vil qu’une femme puisse exercer est celui de bonne. Il leur fallut cacher à leur famille du Japon le mensonge dissimulé dans les annonces pour émigrer et leur statut de quasi esclave. Car si elles revenaient un jour au Japon, elles attireraient la honte sur toute la famille et aucun homme ne voudrait plus jamais d’elles.

Ces japonaises ont quitté le pays sur la foi du portrait d’un inconnu, souvent truqué, et on ne peut imaginer la déception de ces jeunes filles victimes de la brutalité de leur époux le plus souvent. Leurs misérables vies d’exilées et leurs humiliations sont parfaitement contées par Julie Otsuka grâce à une technique de narration qui exprime la solidarité de l’auteure avec ces jeunes femmes trompées, avilies et exploitées.

Une longue plainte pleurant les illusions perdues, une litanie un peu trop longue parfois et surtout en fait impersonnelle, et c’est là ce qui m’a dérangé: aucune de ces femmes ne s’exprime directement. En les faisant toutes parler, on n’en entend aucune qui vous bouleverse au tréfonds de votre âme. Comme l’on dit certains lecteurs, il eut été préférable de voir vivre des personnages identifiables, ciblés et moins nombreux.

Pour conclure, j’avoue que j’ignorais tout de cet épisode tragique de l’histoire du Japon.

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La ligne de nage

J’adore nager et ce livre a attiré mon regard que ce soit par son titre ou par sa couverture. Après quelques semaines d’attente pour ma réservation, je l’ai eu entre les mains ! C’est un livre qui se lit très vite et au style original ! La narration se fait au « vous » ou au « nous » et on a l’impression qu’une foule nous parle un peu en même temps : au lecteur ou à la lectrice de démêler les histoires qui sont un peu emmêlées entre elles !





Un livre original et qui plonge de manière intense dans la piscine et le quotidien d’Alice, personne âgée qui oublie tout sauf les gestes de la natation.





Plus de détails dans l'épisode n°19 de La croqueuse de livres (podcast), dispo sur toutes les plateformes d'écoute ou sur le lien juste en dessous. J'espère avoir votre avis sur ce que vous avez aimé (ou pas !) dans cette lecture!
Lien : https://redcircle.com/shows/..
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Un livre qui parait petit et court, mais pas du tout !

Ecrit sous forme de listes, avec tout se qui traverse la tête des japonaises qui vont rejoindre leurs futurs maris aux Etats-Unis. Maris qu'elles ne connaissent pas mais qui leur laissent imaginer une vie bien plus douce que celles qu'elles ont au Japon.

Un moment historique rarement évoqué en littérature (ni au cinéma d'ailleurs). Un dépaysement total, une déception souvent acceptée et une évolution difficile.
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Une écriture particulière ! Le roman est écrit avec pour sujet "nous".



Ce "nous" qui représente toutes ces femmes japonaises qui ont été mariées à des hommes américains sur correspondances.



Car même si leurs histoires personnelles sont différentes, elles ont toutes des similitudes importantes.



J'ai eu peur que ce "nous" ne m'écarte de ma lecture mais ça a eu l'effet inverse pour moi. J'ai beaucoup aimé ce roman.
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Certaines n'avaient jamais vu la mer

Hello,

Voici mon avis : Grâce à ce livre, j’ai pu découvrir un pan de l’histoire que que je ne connaissais pas. Ce livre est très bien documenté et écrit. Le faite que ce soit le « Nous » au lieu du « Je » ou du « Il » est particulier mais pas du tout dérangeant.

Nous suivons leurs peurs, leurs désillusions, leurs maltraitances, leurs travails acharnés, leurs mariages, les enfants et quelques moments de joie.

Un livre bouleversant, touchant.
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La ligne de nage

Julie Otsuka dépeint de manière sensible ce qui attend beaucoup d'entre nous: la déchéance du vieillissement, le déclin inéluctable du corps, et de l'esprit. La perte de nos facultés mentales.



Le récit est subtil, il procède par petites touches réalistes, loin du pathos. Les tests que l'on fait subir aux patients suspects d'Alzheimer. Les pauvres objets conservés par sa mère, qui vont du vieux bonnet de bain décoré de marguerites jaune vif aux coupons de réduction périmés. Une casserole oubliée sur le feu. Un Noël à l'Ehpad. La culpabilité qui vous saisit, quand on a négligé ses parents.



Ce naufrage fait écho à la première partie, plus légère, qui se passe dans une piscine. Les descriptions des nageurs et de leurs petites manies respectives sont aussi acérées que comiques. Oh, on ne rit pas aux éclats, mais on sourit.



Évidemment, le parallèle entre la fissure du fond de la piscine et les défaillances du cerveau de la mère s'impose. La fracture apparaît, disparaît, puis revient de plus belle, tout comme la mémoire se dégrade, puis revient, puis se dégrade de nouveau, davantage... La comparaison touche d'abord au tragi-comique - la liste des experts en fissures aux titres ronflants et aux avis contradictoires, fait écho aux avis des médecins - mais j'y ai vu également un autre métaphore qui fait mouche: ces lignes de nage où chacun s'isole, se sent parfaitement à l'aise, ne sont-elles pas un symbole de l'individualisme de nos sociétés? La fille et la mère n'ont elles pas suivi des chemins parallèles, sans se connaître vraiment? Et le père, lorsque son épouse est admise à l'Ehpad, dort beaucoup mieux dès lors qu'il se retrouve seul...

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La ligne de nage

Ce récit articule cinq parties. La première s’intitule « La piscine en sous sol » et logiquement évoque les us et les coutumes d’une communauté liée par la pratique de la nage comme mode de survie. Les membres, qui ne se côtoient pas « habillés », sont caractérisés par des rituels ou des manies : la costaude en tongs dépareillées, le voleur de papier toilette, l’accro au miroir, la Garbo de la piscine, ex triple championne olympique, la nageuse de la ligne quatre qui ouvre trop largement les bras à cause d’une pratique intensive du yoga. La piscine est un monde clos, à part. Les lignes de nage sont définies selon la vitesse des nageurs, certains dérogent, trichent, mais ce monde est ordonné, les variations sont possibles mais éphémères, les préoccupations sont parfois communes : réussir le retour en culbute, ou individuelle, 68 aller retour nécessaires pour éviter l’angoisse de ne pas avoir fait 68 aller retour … L’écriture est celle de la liste, de l’énumération des riens et presque rien, soulignés par des commentaires en italiques, ironiques ou factuels qui fonctionnent et comme des inserts d’une voix intermédiaire anonyme. Quelques figures émergent, comme celle du maître nageur, gardien du temple secret, qui a la main sur la fin de partie, le « on sort » qui sonne le glas pour ceux d’en bas qui doivent alors retrouver le monde d’en haut, celui des terriens et des activités insipides et quotidiennes, travailler, rentrer chez soi … Une autre figure est celle d’Alice, qui a le statut de chouchoute de la communauté. Il faut faire attention à elle, elle a tendance à oublier de faire les choses dans l’ordre, la douche, le bonnet de bain, les étirements …



Dans la deuxième partie, c’est l’effarement, une fissure est apparue entre les lignes de nage, au fond du bassin. L’émoi chamboule la communauté car l’énigme est contagieuse, malédiction ? Invasion ? Avertissement ? De quoi cette fissure est-elle le signe ? Les experts en fissures de piscine se perdent en conjonctures divergentes. Puis, le monde de la piscine disparait et la troisième partie se concentre sur Alice en une longue énumération de ce qu’elle a oublié et de ce dont elle se souvient encore, mais pas pour longtemps car devenue trop difficile à vivre, son mari la place à Belavista, sorte d’EpAd concentrationnaire. La descente vers l’oubli complet de soi est entamé et elle est irréversible comme le serine la voix qui égraine pour Alice les différentes étapes vers la mort et le règlement intérieur tout en trompe l’oeil de l’établissement, il faut qu’elle en soit certaine, elle ne sortira plus jamais.



Petit à petit, on comprend qu’Alice est la mère de l’autrice, du moins on peut le supposer lorsque l’on a lu Certaines n’avaient jamais vu la mer, car dans la mémoire défaillante reste l’exil, l’enfermement dans le désert de la communauté nippone vivant aux USA à partir de l’entrée de ce pays en guerre contre la patrie d’origine. Il reste aussi des fragments de la vie d’avant, des savoirs faire, des gestes d’attention de la mère vers la fille, une façon de lui remettre la mèche rebelle en place, des conseils de bonne tenue. Mais la voix de Benavista l’a annoncé dans une glaçante ironie, maintenant, c’est terminé, les regrets n’ont pas de sens, il fallait vivre avant, les journées ne seront plus que de l’attente, des petits bouts d’attente qui ne mèneront pas à grand chose qu’a de l’attente et les visiteurs se feront rares, quand ils auront le courage de venir, de se confronter au grand vide que va devenir Alice. Pour l’autrice aussi, c’est trop tard pour rattraper le temps où sa mère parlait encore.



Les différentes parties adoptent l’écriture de l’énumération factuelle, les petites phrases courtes sonnent implacables, sans empathie. On peut apprécier l’exercice de style, comprendre le parti pris de l’ironie glacée qui met à distance tout pathos. Mais c’est un peu lassant quand même … Et puis, l’allégorie est hétéroclite, du bonheur de la nage à l’implacable vérité de la fin d’une vie qui se dilue dans la démence, j’avoue que le fil m’a parfois échappé ( j’ai même pensé pour la fissure à une métaphore de l’arrivée du coronavirus, et puis non, visiblement … Mais je n’en suis pas certaine non plus.)



Bref, je ne sais pas très bien ce que j’ai lu, finalement. Mais en tout cas, j’ai glissé du plaisir de lecture à l’indifférence.
Lien : https://aleslire.wordpress.c..
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