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Citations de Kaouther Adimi (414)


Je me retourne dans mon petit lit. Les draps sont humides, je transpire beaucoup en ce moment. Les bruits dans la rue m'empêchent de trouver le sommeil. Les jeunes de mon quartier se réunissent toutes les nuits pour fumer un peu, jouer aux dominos et refaire l'Algérie à coups de grands discours patriotiques. Lorsqu'ils ne parlent pas de quitter le pays, ils parlent de mourir pour lui.
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Un soldat tunisien qui marchait en traînant la jambe depuis qu'il avait pris une balle dans la cuisse en Italie alluma une cigarette et inhala la fumée. Il sourit d'un petit sourire froid et murmura en arabe :
- Ce n'est pas parce qu'on a combattu pour la France et qu'on porte un uniforme français qu'on n'est pas des étrangers, hein ? Ah, les gens sont mauvais partout, c'est moi qui vous le dit !
P 47
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17 mai 1938
Déjeuner avec Gabriel Audisio, de passage à Alger. Longue discussion sur l'édition et la littérature. Je lui ai dit que je ne cherchais pas de la cohérence mais que je publiais avant tout ce que j'aimais, et uniquement des livres que je me sens capable de défendre auprès de la presse et des lecteurs. Mon engagement doit être absolu. C'est ainsi que je conçois mon travail. L'écrivain doit écrire, l'éditeur doit donner vie aux livres. Je ne vois pas de limite à cette conception. La littérature est trop importante pour ne pas y consacrer tout son temps.
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Au fond, face à l'entrée, trône un bureau en bois massif. Des photos en noir et blanc sont accrochées un peu partout. Ryad déchiffre les noms inscrits sous des portraits d'hommes dont la plupart lui sont inconnus : Albert Camus, Jules Roy, André Gide, Kateb Yacine, Mouloud Feraoun, Emmanuel Roblès, Jean Amrouche, Himoud Brahimi, Mohammed Dib. Et au centre de la pièce, au plafond, l'immense portrait d'un homme au mince sourire, aux lunettes noires, au crâne chauve, l'air à la fois fou et sage, surveille les lieux. Edmond Charlot.
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Les témoignages sur les terribles actes de torture commis par l'armée se multiplient. Partout dans le monde, des voix s'élèvent pour demander à la France de cesser cette épouvantable guerre car il s'agit bien d'une guerre que l'on masque sous le nom d'
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– Et pourquoi est-ce que vous portez un drap sur vos épaules ?
– C’est mon linceul.
– Votre quoi ?
– Mon linceul. C’est le drap dans lequel on m’enterrera.
– C’est horrible, pourquoi est-ce que vous le trimballez comme ça sur vous tout le temps ?
– Pour ne gêner personne. Le jour où Dieu me rappellera, on pourra m’enterrer tout de suite et je ne dérangerai pas mes amis
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17 mai 1938
[...] Mon engagement doit être absolu. C'est ainsi que je conçois mon travail.
L'écrivain doit écrire, l'éditeur doit donner vie aux livres. Je ne vois pas de
limite à cette conception. La littérature est trop importante pour ne pas y
consacrer tout mon temps. (p. 76)
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Vous serez seul, car il faut être seul pour se perdre et tout voir. Il y a des villes, et celle-ci en fait partie, où toute compagnie est un poids. On s’y balade comme on divague, les mains dans les poches, le cœur serré.
Vous grimperez les rues, pousserez les lourdes portes en bois qui ne sont jamais fermées à clé, caresserez l’impact laissé sur les murs par les balles qui ont fauché syndicalistes, artistes, militaires, enseignants, anonymes, enfants. Des siècles que le soleil se lève au-dessus des terrasses d’Alger et des siècles que nous assassinons sur ces mêmes terrasses.
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Il y a dans la nuit quelque chose qui m'attire. Un silence qu'on ne peut retrouver dans le jour. Une sensation d'épaisseur et de lourdeur difficile a définir. Une impression de finitude.
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Naïm termine son instruction. Il est muté dans l'armée de terre. les années quatre-vingt-dix, les années de plomb. Personne ne saura jamais ce que c'est. Les terroristes qui ont parfois à peine vingt ans, aux yeux fous, convaincus que leur combat est juste et que la mort est la bienvenue si elle sert la cause. Comment lutter contre ça ? les descentes dans le maquis. les tirs qui pleuvent sur vous. Les arrestations. Les interrogations.
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Les libraires commandent les livres par télégramme et par kilos, mais on manque de papier et je ne trouve aucune solution pour m'en procurer davantage. Cruel. Les affaires ne résistent pas au succès. Il me faudrait moins de succès ou plus de papier, et surtout, plus de financement.
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17 avril 1942
Plus de papier, plus de fil broché, plus d'encre. Plus rien.
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Claire est belle. C'est une jeune femme mince aux yeux bleus et froids. Le problème avec la couleur bleue, c'est qu'elle vous accroche. On s'y noie, on s'y perd. (P144)
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Les livres aiment tout le monde.
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Carnet d'Edmond Charlot, Alger 1935-1936
Grand-père Joseph rentré de Ghardaïa. [...] Il m'a offert un exemplaire des "Croix de bois" dédicacé par Roland Dorgeles et m'a raconté qu'avant d'obtenir le prix Fémina, ce roman avait été en lice pour le Goncourt mais qu'il avait perdu au dernier tour face à Proust. L'éditeur de Dorgelès ajouta tout de même un bandeau PRIX GONCOURT - 4 VOIX SUR 10.
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17 janvier 1947
Auriol élu hier et les 35 000 exemplaires de son livre ne s’écouleront pas : une loi interdit désormais de faire de la publicité pour un livre de chef d’Etat.
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... et maintenant , les ministres crient : "c'est la crise", "nous n'avons pas le choix", "ce n'est pas grave, le peuple a besoin de pain, pas de livres, vendons les bibliothèques, les librairies". L'Etat brade la culture pour construire des mosquées à tous les coins de rue ! Il y a un temps où les livres étaient si précieux que nous les regardions avec respect, que nous les promettions aux enfants, que nous les offrions aux êtres aimés ! (p. 14)
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- C'est aujourd'hui que tu arrives, n'est-ce pas?
- Oui, maman.
- Fais attention dans l'avion.
- À quoi?
- Comment à quoi? À tout, bien sûr!
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Nous sommes des cireurs de chaussures, de petits commerçants, des vendeurs de légumes que nous cultivons sur de minuscules lopins de terre, des gardiens de chèvres et de moutons. Nous ne sommes pas encore des adultes. Nous n'avons jamais vraiment été des enfants.
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J'ai confié aux copains : " Je n'ai jamais dissocié la librairie et les éditions. Jamais. Pour moi, c'est la même chose. Je n'arrive pas à croire qu'on puisse être éditeur si on n'a pas été ou si on n'est pas libraire à la fois." Autant vendre des cachous.
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