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Critiques de Katia Lanero Zamora (116)
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Le futur de la cité

Le festival des Imaginales va avoir lieu du 25 au 28 mai à Épinal, sous une nouvelle direction artistique, celle de Gilles Francescano. Et l’anthologie qui lui correspond vient juste de sortir. L’occasion de découvrir des nouvelles francophones d’horizons très divers, qui mêlent plusieurs générations d’auteurices. Tout cela pour s’interroger sur notre avenir urbain.



Nouvelle direction, nouvel éditeur. Les Imaginales ont connu une passation de pouvoir assez agitée, avec des mois sombres et des reproches dans les deux camps. Difficile, de mon côté, de prendre parti pour l’un ou l’autre, même si Stéphanie Nicot avait été particulièrement convaincante. Mais là n’est plus le sujet. Je ne suis jamais allé à ce festival. Je me contente de lire les anthologies qui paraissent à l’occasion. Et de noter que les éditions Mnémos ont laissé la place, cette année, aux éditions Au diable vauvert. Plongeons-nous à présent dans le contenu de ce livre : 14 textes (et non nouvelles, j’en parlerai ensuite) précédés d’une préface. Du beau monde, assurément. Des auteurices plus anciens aux plus récents. Un sommaire alléchant.



Si j’ai aimé dans l’ensemble la lecture (rapide) de cette anthologie, je n’en ressors pas empli d’espoir pour l’avenir. La plupart des auteurs, même s’ils ont des points de vue très différents et des approches très variées, n’imaginent pas des cités épanouissantes pour l’être humain. Comme souvent dans le domaine de l’imaginaire, les auteurices cherchent à pointer ce qui fait mal : le passage du temps qui abîme (« Tokyo 2115 ») et détruit, parfois de façon définitive au détriment de l’humanité même qui a causé les dégâts (« Histoire de Rome de nos jours à la fondation », « Tempus edax, homo edacior ([In]dispensables) », « L’histoire des oiseaux ») ; la tentation des sociétés à se tourner, comme ultime réponse, vers la dictature, la tyrannie, la poigne d’un homme (rarement une femme) fort et sans pitié, au nom du bien commun, mais destructeur de toute individualité, de tout rêve, de tout espoir (« Entartage », « 2084 ») ; un duel entre hommes et machines, les I.A. prenant le pouvoir ou non, suivant les instructions des humains ou non (« Le dernier jour de Paris », « Histoire de Rome de nos jours à la fondation ») ; l’humain changeant de peau, car le corps que nous avons à notre naissance ne suffit pas ou ne correspond pas ce que nous avons dans la tête, et car la technique le permet dorénavant (« Garou 2.0 ») ; l’être humain continuant à cramer le monde et à user de ses semblables comme d’objets (« Mobipolis ») dans une cité délétère (« Kontrol’za kacestvom »). Seule Sara Doke, ou presque, apporte un léger rayon de soleil en évoquant, dans « Phra au soleil », une société qui pourrait respecter l’autre et se rapprocher de celle que je découvre ces mois-ci dans différentes lectures (Un pays de fantômes de Margaret Killjoy, Cité d’ivoire de Jean Krug, Le monde de Julia d’Ugo Bellagamba & Jean Baret, Un psaume pour les recyclés sauvages et Une prière pour les cimes timides de Becky Chambers et même Les terres closes de Robert Jackon Bennett). Un panorama incomplet, certes, mais riche d’images d’un monde futur.



Cette lecture du Futur de la cité a été très agréable, alternant entre le vraiment passionnant et l’anecdotique, comme souvent dans une anthologie. Certains textes m’ont surpris, d’autres m’ont juste distrait (ce qui est déjà très bien). J’ai aimé me projeter dans ces multiples avenirs ainsi proposés, imaginés. Un bon cru, comme on dit.



Comme d’habitude, j’ai parlé de chaque texte individuellement, mais comme c'est un peu long, je n'ai placé cette partie que sur mon blog.
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La Machine, tome 1

Toujours dans le cadre de l’opération « la rentrée de la fantasy », le collectif des Indés propose cette année encore de découvrir trois nouvelles pépites, des romans écrits par des auteurs récemment arrivés sur la scène de l’imaginaire français et jugés particulièrement prometteurs. Le choix de Mnémos (« Diamants » de Vincent Tassy) m’avait déjà beaucoup plus, mais celui des éditions ActuSF m’a peut-être encore davantage enthousiasmée. Premier volume d’un diptyque, le roman de Katia Lanero Zamora est une belle surprise et s’inspire très largement d’un épisode marquant de la vie politique européenne de la première moitié du XXe siècle : la guerre civile espagnole. L’ouvrage met en scène deux frères, Vian et Andrès, ayant grandi dans une famille de propriétaires terriens bénéficiant aujourd’hui d’une position confortable et influente mais qui sont en fait d’anciens prolétaires, anoblis deux générations auparavant par le roi de Panîm. Tous deux entretiennent une relation complice fort touchante, et ce en dépit de leurs profondes différences. Andrès, l’aîné, a été très vite séduit par les revendications portées par le parti de la Machine, une idéologie politique qui repose sur davantage de justice sociale et un partage plus équitable des terres, ce qui ne manque pas de le faire régulièrement entrer en conflit avec son père. Vian, lui, est beaucoup plus discret et avide de plaire à son géniteur qui fait peser sur lui tous les espoirs d’ascension sociale de la famille. Le contexte politique explosif de la toute nouvelle république de Panîm va finir de définitivement rompre le fragile équilibre qui maintenait la cohésion des Cabayol. Vian est envoyé avec l’armée rétablir l’ordre dans une colonie située à l’extérieur du pays tandis qu’Andrès rallie la classe ouvrière révolutionnaire des environs qui est bien en passe de remporter les élections organisées par le gouvernement. Le politique et l’intime s’entremêlent tout au long du roman qui séduit autant pour la qualité de ses personnages que pour celle de la reconstitution de la complexité politique de cette Espagne des années 1930.



La fantasy de Katia Lanero Zamora pourrait tout à fait être comparée à celle de Guy Gavriel Kay dans la mesure où la seule chose qui distingue le roman d’un récit historique réside dans le changement des noms. Il suffit toutefois de remplacer Panîm par Espagne, et la succession d’événements qui ont précédé l’histoire ou qui y sont dépeints prennent soudain tout leur sens. Nous sommes donc dans un équivalent de l’Espagne des années 1930 et la monarchie a cédé la place à une république encore très fragile au sein de laquelle plusieurs courants s’affrontent quant à la nouvelle orientation à donner à la politique sociale et économique du pays. Le gouvernement actuellement en place, composé majoritairement de républicains modérés, ne satisfait pas une partie de la population qui s’est tournée vers un nouveau parti plus radical, celui de la Machine. L’idéologie défendue se rapproche de celle prônée par les anarcho-syndicalistes et les communistes qui incarnent alors cette gauche radicale et repose ici essentiellement sur un nouveau partage et une collectivisation des terres. Une proposition qui ne ravît évidemment pas du tout la plupart des propriétaires de même qu’une partie de l’élite (religieuse, politique ou militaire), plus ou moins ouvertement restée fidèle à la monarchie. La situation politique est dépeinte avec soin par l’autrice qui présente les points de vue et arguments des différents partis. La description des conditions de vie et de travail des classes populaires se trouvant au cœur des revendications des « machinistes », celles-ci sont longuement abordées dans le récit. Pénibilité du travail aux champs ou à la mine, double journée pour un salaire de misère, logements insalubres et surpeuplés, espérance de vie limitée, répression policière… : la violence subie par une partie des personnages nouent les tripes sans que l’autrice ne tombe pour autant dans l’écueil du misérabilisme ou de la victimisation. Les travailleurs et travailleuses dépeints dans le roman sont certes opprimés et abîmés tant physiquement que mentalement, mais ils sont aussi combatifs et déterminés. Le personnage de Léandra, la compagne d’Andrès, est particulièrement représentatif de cette volonté de l’autrice de montrer des travailleurs avides de s’émanciper intellectuellement et politiquement, et c’est loin d’être toujours le cas, y compris dans des romans traitant de mouvements populaires (vous en avez un exemple ici ou là).



Le roman ne se réduit toutefois pas à un plaidoyer en faveur de l’égalité et de la défense des classes populaires. La situation politique est plus complexe qu’il n’y paraît, et l’autrice se garde bien de présenter les révolutionnaires sous un jour uniformément positif, de même qu’elle prend soin d’étaler les opinions divergentes qui agitent une même catégorie de population, qu’il s’agisse des propriétaires terriens, des soldats ou des petits commerçants. La qualité avec laquelle nous est exposé ce contexte de guerre civile naissante ne doit pas non plus faire oublier que le roman est aussi et avant tout une histoire familiale. La relation entre Vian et Andrès reste bel et bien le coeur du récit qui, là aussi, séduit par ses nuances et sa profondeur. Chacun des deux frères a son caractère, ses blessures, et on s’attache sans mal aussi bien à l’un qu’à l’autre, et ce en dépit de leurs choix radicalement différents. Les chapitres « flash-back », au cours desquels on les découvre enfants, permettent de mieux comprendre la nature du lien qui les unit et de renforcer encore davantage l’affection qu’on leur porte. Les personnages secondaires ne sont pas en reste, à commencer par le père des deux jeunes hommes qu’il est aisé d’haïr mais qui parvient malgré tout à émouvoir à plusieurs reprises. Les femmes sont quant à elles bien présentes et jouent souvent un rôle déterminants dans l’évolution de l’intrigue, chacune d’une manière très différente. D’Augustina, la gouvernante sévère mais débordante d’amour à Léa, la travailleuse rebelle et déterminée, en passant par Estrela, belle-mère un peu frivole mais aimante, ou encore Niobe, figure de l’ombre militant pour la cause machiniste, toutes sont des femmes ordinaires dont la diversité reflète celle de la société de l’époque et dont le rôle est loin de se limiter à celui de compagne ou mère.



Katia Lanero Zamora signe avec ce premier tome de « La Machine » un très beau roman de fantasy inspiré de la guerre civile espagnole de la fin des années 1930. L’autrice y retranscrit efficacement la complexité de la vie politique de l’époque, tout en brossant le portrait d’une classe prolétaire déterminée et porteuse d’un projet émancipateur pour l’ensemble de la société. Le récit nous dépeint aussi une très belle relation fraternelle et met en scène toute une galerie de personnages convaincants et nuancés qui émeuvent d’un bout à l’autre du roman. J’attends la suite avec une grande impatience.
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Chroniques des hémisphères, tome 1 : Le bal des..

Après avoir signé le scénario de deux albums pour enfants, Katio Lanero Zamora publie son premier roman jeunesse.

Bien que je ne sois pas fan de la fantasy, je suis rentrée aisément et avec plaisir dans ce récit dystopique qui voit la Terre coupée en deux : le Nord, riche maître du monde où la science a pris la première place au détriment de la nature et le Sud, pauvre, exploité où la sagesse populaire, les traditions et la solidarité essaient de renaître après avoir été mises à mal. L’enjeu principal est l’eau (abondante au nord, spoliée au sud). La description qui est faite ici de l’avenir de la planète est sans complaisance et fait froid dans le dos car on se dit que la réalité n’est pas si éloignée de la fiction.

Très certainement élevée dans les valeurs scoutes, l’auteure y puise une intéressante et originale inspiration. Cette particularité m’a beaucoup plu tant elle rend crédible les jeunes habitants de Spes et leur manière de survivre dans un monde de chaos et de technologie qu’ils ignorent.

L’univers de Katia Lanero Zamora est riche de fantaisie et de poésie malgré les apparences. Ce roman inventif est palpitant d’un bout à l’autre et nous entraine page après page à la découverte de ces deux mondes parallèles dont il nous tarde qu’ils se rencontrent enfin. L’écriture est vive, concise au service des actions qui s’enchainent, donnant une densité dramatique à l’histoire. La psychologie des personnages est fouillée et d’une grande justesse.

On ferme le livre avec un seul regret, celui de devoir attendre un an la suite de ce roman d’aventures passionnant.




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La Machine, tome 2 : Les fils du feu

Deux ans après la parution du premier volume de « La Machine », Katia Lanero Zamora nous offre avec cet ultime volet la conclusion de son diptyque revisitant la guerre civile espagnole. Certes, l’action prend place dans un pays appelé Panîm tandis que le général à la tête du coup d’état se nomme Ovando et que les partisans de la République se revendiquent de l’idéologie machiniste, mais à l’exception de ces quelques changements sémantiques qui ancrent le récit davantage dans le genre de l’imaginaire que dans celui du roman historique, on reconnaît sans difficulté le contexte dont il est question. Nous sommes en Espagne, à la fin des années 1930, et le général Franco a débarqué du Maroc avec son armée d’insurgés pour renverser la République ainsi que le gouvernement du front populaire élu aux dernières élections et composé des principales forces de gauche, socialistes, communistes ou anarchistes. Une guerre civile éclate entre les partisans de Franco et les Républicains qui tiennent certaines régions ainsi que la capitale grâce au renfort bienvenu des brigades internationales, militants étrangers venus soutenir leurs camarades dans leur lutte contre le fascisme et la dictature. En face, les troupes de Franco sont toutefois mieux armées et bénéficient du soutien des régimes italien et allemand, tandis que les autres puissances européennes se refusent à intervenir directement. La suite, on la connaît... Voilà pour le contexte historique dans lequel se déroule le roman de Katia Lanero Zamora qui, au delà d’une plongée dans la guerre civile espagnole, se veut également grande saga familiale retraçant le parcours de deux frères que la vie et les hasards ont placé dans deux camps opposés. Le premier tome mettait en scène les Cabayol, une famille de nouveaux riches possédant des terres et des mines, et qui, de part leur position sociale, se montrait particulièrement hostile aux idées de la Machine, ce courant politique prônant, entre-autre, la reprise en main par les travailleurs eux-mêmes des moyens de production et l’abolition des inégalités de classe. Andrès, l’aîné des deux frères Cabayol, va pourtant être séduit par cette idéologie et venir gonfler les rangs des machinistes avant même le début de la guerre. Son frère, Vian, va quant à lui être marié à une proche du général insurgé et gagner du galon en tant qu’officier dans l’armée fléchiste d’Ovando.



Le roman alterne entre le point de vue des deux frères, ce qui permet d’avoir un aperçu global de l’évolution du conflit et des forces en présence dans les deux camps, et donc de proposer une reconstitution convaincante de la période. Les chapitres consacrés à Andrès permettent de mettre en lumière le rôle des brigades internationales dans le conflit, mais aussi les divisions ayant cours au sein des forces républicaines concernant la militarisation des différentes brigades et leur incorporation dans l’armée régulière. Du côté fléchiste, le parcours de Vian donne à voir l’avancée inexorable des troupes d’Ovando ainsi que l’avantage que lui procure le soutien des grandes puissances européennes. L’autrice met aussi l’accent sur les exactions dont les putchistes se sont rendus coupables envers les populations civiles, qu’il s’agisse des massacres purs et simples, mais aussi des déportations dans des camps de travail ou encore des vols de bébés, enlevés à leurs parents rebelles pour les confier à des familles fidèles au régime (non, non, Margaret Hatwood n’a rien inventé…). L’autrice ne passe pas non plus sous silence les actes ou décisions discutables qui ont pu être commis ou prises par les partisans et partisanes de la République pour lesquels on éprouve spontanément davantage de sympathie, mais qui ne sont pas idéalisé.es pour autant, tiraillé.es qu’iels sont par leur idéal et les compromissions auxquelles les pousse parfois l’urgence de la guerre. Les deux trames narratives sont aussi bouleversantes l’une que l’autre et, quand bien même on souhaite évidemment voir triompher la cause d’Andrès tandis que les actes dont Vian se rend coupable nous répugnent, on ne peut pour autant se départir du profond attachement que l’on éprouve pour eux deux. Comme les frères Cabayol et comme les protagonistes de l’époque, le lecteur se retrouve déchiré par ce conflit qui force les individus à choisir entre plusieurs loyautés. C’est notamment le cas de Vian qui se retrouve dans le camp fléchiste davantage par hasard que par idéologie et qui serait prêt à tout pour sauver son frère. Andrès, lui, est plus politisé, ce qui le rend plus déterminé à défendre le camp républicain afin d’offrir un avenir à son propre fils, mais ne l’empêche pas pour autant de penser au reste de sa famille qui le croit d’ailleurs mort.



Ce tiraillement entre deux mondes est renforcé par les nombreux flashbacks qui parsèment le récit et qui permettent de mieux cerner les personnalités de Vian et Andrès, de comprendre les raisons qui contribuèrent à l’éloignement de leur parcours, mais aussi, et peut-être surtout, d’être témoin de la profonde complicité qui les unit depuis l’enfance et qui rend leur antagonisme présent encore plus insupportable. Katia Lanero Zamora mêle avec brio petite et grande histoire, les deux s’entremêlant de façon inextricable pour former un récit bouleversant. Le fait de connaître d’ores et déjà l’issu de la guerre n’enlève rien à l’intérêt que l’on porte à l’intrigue, ni ne coupe court au suspens qui, bien que ne portant pas sur l’identité du vainqueur de la guerre, reste toutefois vif concernant la survie ou non des deux frères Cabayol et de leur entourage. Certaines scènes sont tout simplement déchirantes et marquent par leur intensité dramatique, au point qu’il en devient parfois difficile de poursuivre sa lecture tant l’émotion s’avère trop forte. Car au-delà de la victoire du camp républicain ou de celui des fléchistes, c’est le sort d’individus que l’on a appris à connaître et à aimer qui se joue. Ou parfois même pas, le récit de la mort de combattants inconnus ou celui de la solitude d’un bébé devenu soudainement orphelin de ses deux parents suffisant à bouleverser, quand bien même il ne s’agit là que de parcours de vie rapportés à titre anecdotique. Et c’est en cela que réside toute la force du roman de l’autrice qui parvient à proposer une reconstitution la plus fidèle possible de l’ambiance de l’époque non seulement d’un point de vue historique mais aussi d’un point de vue émotionnel.



« Les fils du feu » offre une conclusion bouleversante au diptyque de « La Machine » entamé il y a deux ans par « Terre de sang et de sueur » et retraçant les principales étapes de la guerre civile espagnole de la fin des années 1930. A cette grande histoire de la lutte contre le fascisme et pour la révolution, se mêle une histoire plus intime et tout aussi émouvante de deux frères ayant choisi des camps différents et pourtant unis par un lien indéfectible. C’est dur parfois, bouleversant souvent, mais c’est aussi et surtout une belle histoire d’amour, de lutte, et, malgré tout, d’espoir.
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La Machine, tome 1

Waouh !



Quand le peuple n’est pas respecté dans sa toute jeune république et bien, le peuple s’échauffe, se fâche, se révolte. Faut dire qu’il a faim alors que la terre aux mains de gros proprios est en partie en jachère et inutile, faut dire qu’il en crève de travailler encore et encore à enrichir les gros et l’église pour des clopinettes, faut dire qu’il en rêve de cette république égalitaire tellement riche d’espoir, faut dire qu’il en bout d’avoir si peu de possibilités face aux nationaux qui eux n’aspirent qu’au retour du roi. Et c’est là que l’armée intervient et chamboule tout dans un bain de sang mais ça, ce sera je crois dans le tome 2 ;-)



Deux frères si différents et pourtant si semblables, deux frères qui s’aiment et qui pourtant vont prendre deux voies divergentes. C’est avec beaucoup de poésie et d’authenticité que l’auteure va nous décrire les prémisses de cette guerre civile horrible qui va bouleverser à jamais la vie de ces deux frères, personnages complexes et tellement humains, si vivants si hésitants qu’on a parfois envie de leur tendre la main pour les guider hors de ce bourbier inhumain. Une plume toujours aussi poétique et qui pourtant arrive à nous transmettre la peur, la folie, l’espoir et l’ignominie d’une situation qui met face à face le père contre le fils, le frère contre le frère. Beaucoup de tendresse et de respect aussi pour ses personnages principaux où l’on sent un réel attachement sauf pour l’ancêtre, une vraie peau de vache celui-là ;-)



Bravo, une toute belle lecture riche d’Histoire et de sentiments profonds, un récit bouleversant dont a juste envie de connaître la suite.
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Les ombres d'Esver

Ai mis un certain temps à entrer dans le monde fantastique d'Amaryllis.



Ceci fait a plus de la moitié du livre, il est vrai ; je me suis plongée avec délectation dans cette fabuleuse histoire.



Quand je lis ce genre de livres, qui me change totalement de mes lectures habituelles, il me faut toucher du doigt ce fil conducteur qui m'emmène très loin des sentiers battus et me fait rêver et imaginer un monde fabuleux.



Alors, je me souviens des mondes inventés par mes rêves de petite fille et qui m'emmenaient dans un pays merveilleux où tout semblait facile et magique.



Merci beaucoup de m'avoir permis, grâce à cette sélection de masse critique et aux éditions Naos, de rêver tout éveillée à un monde imaginaire l'espace de quelques heures.
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La Machine, tome 1

J'ai vraiment apprécié ce roman, j'en avais besoin à ce moment parce que précisément ce n'était pas tellement de l'imaginaire (besoin de changement) mais plus une saga familiale sur fond de rébellion et de politique. Mais surtout une saga familiale. C'est juste un peu embêtant pour une sélection Imaginales des bibliothécaires...



Je crois que j'aime les romans de sentiments. Et ici, on est servi : amour, haine, vengeance, peur, colère... On s'attache à presque chacun des personnages, on a plaisir à suivre leur vie, leur passé, leurs choix, leur destinée. Nous sommes clairement sur un tome 1 car l'histoire ne débute vraiment que bien tard mais on a peur pour à peu près chacun des personnages et le suspense à la fin de cet opus est bien là.



Pour le style, cela se lit agréablement, rapidement et j'ai aimé les flash-back.



Je lirai la suite, c'est sûr, (quand elle sortira). Je ne peux pas laisser Andrès et Vian sans connaître leur destin !
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Les ombres d'Esver

Les ombres d’Esver de Katia Lanero Zamora m’a été proposé dans le cadre d’un nouveau partenariat entre les éditions Actus SF et mon blog. Et à ce titre, je remercie Jérôme Vincent pour me l’avoir envoyé. En effet, je l’ai choisi parmi les nouveautés de la maison d’édition pour deux raisons. Si vous me suivez depuis un moment, vous savez que le genre du roman gothique fait régulièrement partie de mes lectures (Willow Hall de Mina M. et de Cécile Guillot ou Nouvelles extraordinaires et Histoires extraordinaires d’Edgar Allan Poe, etc…) et de mes films favoris (Crimson Peak de Guillermo del Toro ou My cousin Rachel de Roger Michell). De plus, la magnifique couverture signée Alexandra V. Bach a tout de suite attiré mon regard et j’avais déjà adoré ses dessins dans son artbook, Le cabinet des curiosités.



Résumé : Amaryllis est une jeune fille de seize ans cloîtrée depuis une dizaine d’années, dans le manoir familial avec sa mère Gersande. Ses mornes journées ne sont rythmées que par les tâches ménagères et l’étude. En effet, dans l’ancienne salle à manger du manoir, a été aménagée une immense serre regroupant de nombreuses espèces de plantes. Non seulement ces dernières servent de matières premières pour Gersande dans l’élaboration de ses soins mais elles ont également pour principal objectif de fournir une base d’étude à Amaryllis. Gersande poursuit un vieux rêve à travers sa fille : la faire travailler assidûment pour la préparer au concours d’entrée au prestigieux Institut Théophraste d’Erésos à Paris. Mais la jeune fille, quant à elle, possède d’autres projets…



Les Ombres d’Esver est un roman gothique qui reprend de manière classique les codes du genre. Le décor se déroule dans un manoir isolé, en ruine et abandonné, bien loin de ses fastes d’antan. Et la vieille bâtisse abrite en ses murs des phénomènes paranormaux et un secret familial qu’une jeune fille ingénue, ici Amaryllis, se doit de découvrir afin de pouvoir s’en libérer. Dans le roman, le secret réside dans une salle à manger laissée en l’état après «ce jour-là » avec les restes d’un repas manifestement interrompu de manière brutale et transformé en un immense jardin d’hiver. On se doute que ce « jour-là » a été annonciateur d’une tragédie comme toujours dans les romans gothiques. Si je n’ai pas été vraiment surprise par la trame, plusieurs éléments au contraire ont éveillé mon intérêt.



En effet, Les Ombres d’Esver est un véritable manifeste en faveur des femmes et de leurs droits.

– le roman dénonce tout d’abord le mariage arrangée et le fait que les femmes ne pouvaient pas choisir leur destin et devaient se marier avant tout. C’est en effet ce qui est arrivé à la mère d’Amaryllis, Gersande lorsque sa famille d’origine noble mais désargentée l’a marié à un entrepreneur Aurélien qui possédait les subsides. Lorsqu’Amaryllis a seize ans, son père veut à son tour la marier à l’un de ses associés.

– le roman dénonce aussi la violence conjugale dont Gersande est victime. Cette dernière subit violence psychologique (Aurélien la dénigre régulièrement, l’insulte et divulgue de fausses rumeurs sur elle pour la discréditer aux yeux de sa famille) et physique (il n’hésite pas à lever la main sur elle).

– Au contraire, le roman met en valeur l’indépendance des femmes au travers des études. En effet, Gersande souhaite le meilleur pour sa fille et ne veut pas qu’elle subisse ce qui lui est arrivé. Elle lui enseigne donc tout ce qui lui est possible afin qu’Amaryllis puisse intégrer un jour l’Institut Théophraste d’Eresos à Paris et lui assurer une carrière en même temps qu’un avenir.



Enfin, si j’ai beaucoup aimé l’atmosphère du récit, l’intrigue, le dévoilement du fameux secret familial (dont j’ai lu avidement les deux chapitres qui le traitait), la force des deux femmes luttant pour s’assurer un avenir, j’ai été en revanche déçue par la dimension fantastique. En effet, tout au long du récit, Amaryllis est confrontée à des ombres ou à un bestiaire surnaturel comme un Bucentaure, une Gorgone ou une Vouivre, etc… qui peuplent le manoir et ses extérieurs. L’auteure Katia Lanero Zamora naviguent alors entre une explication fantastique qui m’a fait penser à l’univers de Narnia (un monde magique en proie au mal cherche un Élu pour se libérer) et une autre plus rationnelle et psychologique à la Térabithia (des enfants imaginent un décor fantastique afin de s’échapper d’une réalité difficile). Et c’est là où le bât blesse car l’auteure n’arrive jamais à choisir entre les deux, passant de l’un à l’autre en laissant son lecteur dans le flou. Pour ma part, cela m’a laissé perplexe.



En conclusion, Les Ombres d’Esver est un roman qui s’inscrit de manière classique dans le genre gothique. Toutefois, les problématiques qu’il aborde comme la place des femmes dans la société, la dénonciation des abus dont elles sont victimes ou leur volonté de rester indépendantes, lui donnent un fond résolument moderne. Dommage toutefois que l’auteure n’arrive jamais vraiment à choisir entre explication fantastique ou psychologique au récit. Pour ma part, je préfère la seconde à la première car cela permet de donner davantage d’épaisseur au récit et lui attribuer un double niveau de lecture.
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La Machine, tome 2 : Les fils du feu

La machine est un roman familial sur fond historique. Deux frères que tout sépare, dès l’enfance : l’éducation, la sensibilité, les envies, les valeurs, les goûts, la vision de la vie et de l’avenir. Et pourtant, leur lien est indéfectible, beau, unique. Il est au cœur de cette duologie, comme une bouée. J’ai beaucoup aimé ces deux personnages, et cette fraternité qui évolue au fil des pages. Autour d’eux gravitent tout un paquet de personnages, famille, amis, connaissances politiques, alliés… qui font de La machine… une grosse machine narrative avec plusieurs trames narratives.

Car il y a deux trames principales : une au passé (retraçant l’enfance des deux frères) et une au présent (les deux frères étant devenus adultes). Chaque trame reste linéaire et chronologique, mais les effets d’enchaînements reliant les deux sont remarquables (ça rendrait super bien au cinéma). Quant à la trame présente, elle se divise en plusieurs fils, deux principaux (chacun suivant un frère), ce qui permet aussi à l’autrice de développer les personnages gravitant autour de ce noyau. Ce faisant, aucun personnage ne fait décor, ni simple figurant.

Aucune complexité au demeurant, le roman n’est pas labyrinthique du tout.



Le premier tome ne m'a pas totalement séduite; je l'ai trouvé certes sympa à lire mais assez simpliste dans sa peinture des personnages, et dans la mise en place des tensions (beaucoup de facilités et pas vraiment de surprise quant à ce qui advient). Mais le tome 2 est beaucoup plus risqué. Et donc, selon moi, plus réussi. Plus fort, plus épique, plus terrible. L’autrice ne nous épargne plus rien. C’est la guerre, c’est moche, ça pue, c’est crade, c’est injuste, il n’y a pas de sens à tout ça, et les gens meurent. Salement. Voilà. Bref, ce tome 2 est très très fort d’un point de vue émotionnel, et s’ils ont été durs à avaler, j’ai adoré les choix que l’autrice a faits. On sort de là lessivé et le cœur en miettes, comme si on avait vécu nous aussi cette guerre. C’est une grande réussite.



La machine évoque très nettement la guerre civile espagnole de 1936 à 1939. En revanche, l’autrice a choisi de s’extraire de la réalité historique pour proposer un univers complètement différent et imaginaire. Quelles qu'en soient les raisons, l’adaptation est plutôt réussie.

Je dis plutôt, car je regrette que l’autrice n’ait pas choisi d’aller plus loin dans le détail de cet univers. Dont elle ne fait presque rien, finalement. Un nom de province par ici, une ville et un fleuve par là, un vague empire là-bas et puis voilà. De ce fait, je trouve que ce qui se déroule dans le roman manque de perspective.



Cela dit, si le décor n'est pas très fourni, le fond du propos et le sens du message gardent toute leur force.

La machine, imaginaire ou pas, est un roman qui évoque des combats eux bien réels. Le roman aborde énormément de choses, sur tous les plans, économique, social, culture, politique. Et vu les thèmes, certaines scènes sont difficiles. C’est la guerre, ça n'épargne rien. La violence n’est pas exagérée, aucun voyeurisme ici, aucune scène inutile, mal écrite, ni sujette à interprétation. Mais c’est dur.

Vous n’allez donc pas juste souffrir pour les personnages, non. Vous allez aussi vous offusquer, hurler parfois, brandir le poing souvent avec les camarades machinistes, puis apprendre la résignation, le pragmatisme, et en prendre quand même plein la figure… Que voilà un bouquin vibrant, plein d’âme et de cœur, qui rugit férocement quand on l’ouvre.
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La Machine, tome 1

Tout au long de ma lecture, je me suis demandé "Pourquoi un monde secondaire ?" Je ne connais pratiquement rien de la guerre civile espagnole à part son existence, peut-être y a-t-il des "déviations" qui m'ont échappé ? Mais elles ne sautent pas aux yeux ! de fait, le choix d'un univers second ne m'a pas paru justifié. Pourquoi n'avoir pas écrit un roman historique ?

On se retrouve avec une saga familiale classique, en temps de guerre civile. Les drames sont assurés. Les deux frères, du fait de leurs tempéraments (rebelle pour l'aîné, voulant se faire accepter pour le second) vont se retrouver dans des camps opposés sans pour autant cesser d'être attachés l'un à l'autre. En même temps, ces choix ne sont pas complètement le fait d'une volonté maîtrisée : l'aîné choisit la révolution autant par défiance envers sa famille que par idéal, le cadet se retrouve à devoir prendre en charge l'héritage familial sans pour autant soutenir véritablement les valeurs que cela représente. La politique et l'histoire se mêlent à la dynamique familiale. L'émotion est garantie.

Cependant, je suis restée en quelque sorte sur le bord de la route. C'est un peu trop sentimental à mon goût avec tout ce qui écartèle les deux frères, ce qui les rend à la fois très humains et trop velléitaires pour mon goût. Si l'on ajoute que l'aspect fantasy est inexistant dans ce tome et que les sagas familiales et l'histoire contemporaine ne sont pas ma tasse de thé, on aboutit à une petite déception pour moi, malgré les qualités indéniables du roman.

Je remercie ActuSF et Babelio qui m'ont permis de lire ce roman.
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Gunther le Menteur

Prenez deux jeunes gens talentueux. L’un dessinateur, l’autre narratrice à l’imagination fertile. Mélangez leurs talents respectifs. Mettez-les en contact avec une jeune maison d’édition qui n’a pas peur de sortir des sentiers battus. Saupoudrez d’audace, de savoir faire et de dynamisme.

Vous obtenez un album pour enfants de grande qualité, deuxième opus, déjà, de ce trio magique.



Après « Albigondine est une fée » paru l’an dernier, c’est au tour de Gunther de venir agrandir la famille. Rêveur, débordant d’imagination, Gunther a le don de voir au-delà des apparences. Il perçoit la magie là où les autres se contentent de la réalité. On le traite donc de menteur. On le punit. Mais Gunther sait ce qu’il a raison. Il va le prouver à tous. Et voilà Gunther le menteur devenu un héros.



L’histoire s’ancre à nouveau dans la féérie et le domaine de l’enfance. Elle parle d’un monde que les petits connaissent bien et auquel ils pourront s’identifier facilement. Eveillant leur imaginaire à travers de superbes dessins aux tons chauds, soutenus par un texte sans faille, gageons que l’histoire se prolongera dans de nouvelles aventures qu’ils s’inventeront eux-mêmes. Créativité et imagination n’ont pas de limite dans le monde de l’enfance.

Je forme le vœu qu’il en soit de même chez ces deux jeunes à suivre !

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La Machine, tome 1

C’est un très bon roman dont la touche SFFF est légère. La machine rappelle des œuvres comme celles de Jean Giono, avec Un roi sans divertissement, ou Le désert des Tartares de Buzzati et même une grande partie de l’œuvre de Guy Gavriel Kay. Nous sommes dans un univers fictif mais qui se rapproche fortement d’un contexte historique. Ici, c’est la Guerre d’Espagne, à travers les yeux de deux frères qui retrouvent opposés dans un conflit naissant. L’autrice mêle habilement fresque familiale orageuse et société secouée par une transition vers une République jeune et fragile. Le style est entrainant et il se passe beaucoup d’événements : la lecture n’est jamais ennuyeuse.
Lien : https://lageekosophe.com/202..
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Albigondine est une fée !

Albigondine n’aime pas ses cheveux roux. Elle ne supporte plus les flammes qui dansent sur sa tête : on se moque d’elle dans la cour de récréation et elle se fait toujours remarquer par la maîtresse. Elle aimerait bien avoir les cheveux blonds comme sa maman… Et pourtant…



Né d’un pari audacieux entre deux étudiants liégeois, Albigondine a vu le jour en décembre dernier. L’auteur, Katia Lanero Zamora, est rousse, comme sa petite sœur. C’est en partant de ses propres souvenirs qu’elle a eu l’idée de cette fillette qui va découvrir qu’elle n’est pas comme tout le monde. C’est une fée…



Superbement mise en images par Yannick Thiel, cette histoire originale et tendre plaît beaucoup aux enfants. J’en ai fait l’expérience sur mes nièces, avec plaisir. On sent dès les premières pages, que les auteurs ont une réelle passion pour la féérie et sont sans doute atteints par le syndrome de Peter Pan.

Dédicacé par René Hausman lui-même ce très bel album mérite une belle carrière en librairie et bibliothèque.

A découvrir absolument.

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La Machine, tome 2 : Les fils du feu

A Panîm, la guerre civile s'installe. Les mécontentements populaires et les injustices sociales ont grandi les rangs du parti Machiniste. Or, pour mater la rébellion et pour ramener l'ordre, l'armée est rappelée dans le pays afin de traquer celles et ceux qualifiés de dissidents. Pour Vian, c'est la douche froide car il est loin du retour en fanfare couvert de médailles et il sait qu'il lui faudra oublier ses attaches personnelles pour briller. Quant à Andrés, lui qui s'est laissé séduire par cette belle utopie d'équité sociale, que sera-t-il prêt à sacrifier pour la cause ? Enrôlés dans des doctrines différentes, sont-ils condamnés à s'affronter et peut-être à s'entretuer ?



Avec Les Fils du Feu, Katia Lanero Zamora explore les ressorts psychologiques et émotionnels de la guerre civile. Elle met en lumière les bassesses que certains vont mettre en œuvre pour survivre croyant bien volontiers les justificatifs qu'on leur agite sous le nez pour légitimer leurs actes. L'autrice met à nu toute l'horreur de mener une guerre au sein d'un même peuple conduisant des frères, des sœurs, des parents ou des amis à s'étriper. Elle s'intéresse ici à la mise en œuvre des doctrines idéologiques reposant à la fois sur la déshumanisation de l'ennemi et la persécution de cibles toujours désignées comme étant coupables de tous les maux de l'existence. Le texte n'en est que plus bouleversant car non seulement il fait écho à une période sombre de l'Histoire en Europe, mais demeure encore d'actualité avec une humanité qui ne tire jamais leçon de la souffrance des peuples.



La tragédie qui secoue la cité fictionnelle de Katia Lanero Zamora bat à l'unisson des cœurs meurtris de ses principaux protagonistes dont l'amour filial incarne ce monde déchiré.



Pour autant, au milieu de l'horreur et l'infâmie fleurissent de nobles sentiments car l'amitié, la fraternité et la solidarité sont également au rendez-vous. En effet, l'autrice a tissé de très belles relations entre certains de ses protagonistes qui reposent essentiellement sur un respect mutuel.



Le texte est touchant mêlant des moments de complicité à des instants de gravité pour faire monter les larmes aux yeux des lecteurs et serrer leurs gorges face à ce trop-plein d'émotions. Avec sa saga, Katia Lanero Zamora signe clairement un cycle inoubliable qui remue autant par la grandeur de ses personnages, le tourbillon des sentiments qu'il suscite que par la gravité des événements dans lesquels il nous emporte.



La plume est fluide, immersive et habile pour questionner une époque troublée à travers les actes qui en découlent. L'autrice a fait un gros travail sur la personnalité de ses nombreux protagonistes en pointant du doigt le poids familial. Elle introduit, par exemple, un personnage LGBT qui ne fait pas qu'entretenir ici la représentation de la communauté mais sert réellement l'intrigue dans le sens où l'autrice nous projette dans une époque d'intolérance maximale et où l'homosexualité est taxée de dégénérescence. Maintenue sous le joug implacable du grand-père, la famille Cabayol vit pour se conformer aux désidératas de cet aïeul intraitable. Si chaque membre va y payer son tribut, celui-ci sera nettement plus lourd à porter pour le cadet des Cabayol. En effet, Vian va aller jusqu'à se renier lui-même pour se fondre dans l'illusion désirée. Pourtant, il ne sera jamais aussi heureux que dans ses fugaces moments d'abandon.



Entre ces lignes, on goûte à une quête de libertés qui empruntent des chemins multiples. Si de prime abord, on la perçoit surtout comme étant sociale et populaire, à travers cette lutte des classes qui se dessine en filigrane de cette saga, très vite, elle devient plus intimiste et même plus personnelle. Pour les personnages, ça prend la forme d'une reconquête et d'une affirmation de soi.



C'est le genre de petite histoire qui s'inscrit dans la grande Histoire. Une écriture nécessaire mais pas moins douloureuse pour mettre des mots sur des maux, d'où l'intensité de ce texte qui ne laissera personne indifférent... plus sur Fantasy à la Carte.
Lien : https://fantasyalacarte.blog..
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Chroniques des Hémisphères, tome 3 : Le Masque ..

Une trilogie passionnante qui ravira autant les ados que les adultes amateurs d’aventures intelligente. Un univers qui mêle le roman d’initiation, la magie et l’anticipation sociale. Mais avant tout, des personnages attachants, avec qui on a hâte de traverser une planète bien sombre depuis que le Nord et le Sud se sont séparés, avec qui on voudrait parvenir à refaire tomber la pluie en Afrique, avec qui on rêve de renverser une société basée sur l’exploitation et le divertissement.



Assurément une œuvre qui devrait trouver sa place aux côtés des grands romans d’anticipation.


Lien : http://aveclesourire.be
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La Machine, tome 2 : Les fils du feu

Tome 2 acheté et lu dans la foulée ...

Nous sommes maintenant en plein conflit et les horreurs de la guerre font rage. Les ennemis sont déshumanisés, peu de prix est encore accordé à la vie humaine, tout n'est question que de victoire, d'anéantissement de l'autre.

Aucun manichéisme de la part de l'autrice dans la présentation des deux camps, rien n'est jamais blanc ou noir. On passe hélas par toutes les nuances de gris avec ces nombreux personnages, combattants ou civils, que nous livre ce tome.

Les conflits privés sont, comme dans le premier tome, intimement liés aux enjeux politiques et c'est avec beaucoup de peine que l'on suit Vian, Andrès et Lea et leur lutte pour réaliser leurs rêves.

Un second tome tout aussi passionnant que le premier, au rythme fluide et aux scènes marquantes.
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La Machine, tome 1

A Panîm, les frères Cabayol, Andrès et Vian empruntent deux voies différentes. Si le cadet, Vian, a fait ses classes militaires et s'apprête à servir son pays sous le drapeau, l'aîné, lui, est un électron libre qui a préféré rejoindre les rangs du peuple opprimé. Face à l'intransigeance d'un père, seigneur en ses terres et un pays au bord de l'insurrection, quel destin vont-ils embrasser ? Suivront-ils les désirs de leur cœur ou au contraire, se laisser juste porter par les événements ?



Pour poser le décor de sa cité fictionnelle de Panîm, Katia Lanero Zamora s'est clairement inspirée de l'Espagne de la première moitié du XXe siècle, marquée par l'instauration de la Seconde République espagnole de 1931 à 1939, obligeant le roi Alphonse XIII à l'exil. Or, ce régime politique va connaître une forte instabilité, due à la guerre civile, permettant au général Francisco Franco de s'emparer du pouvoir. Ainsi, on retrouve des similitudes avec ces faits historiques puisqu'une toute jeune république a pris la suite d'une monarchie despotique entre ces lignes. Pour autant, le calme ne règne pas dans le pays car l'aristocratie demeure attachée à ses prérogatives refusant l'idée d'un partage équitable. Il en résulte une montée de la colère populaire. Des tensions éclatent face à l'inertie des réformes économiques et sociales promises. Or, c'est dans ce climat insurrectionnel que Katia Lanero Zamora plonge ses personnages.



Elle nous attache donc aux pas de deux frères à la personnalité dissemblable et pourtant liés par un amour profond. On prend la mesure de la force du lien qui les unit au fil des chapitres car l'autrice a parsemé son récit de flashbacks notables de leur enfance. Ce sont autant de moments forts cousus de tragédies, de traumatismes et de facéties qui nous éclairent sur les adultes qu'ils sont devenus.



La Machine est une saga familiale qui s'entremêle habilement à des intrigues politiques bien ficelées. Au fil de notre lecture, les émotions se bousculent pour nous faire, tantôt trembler, tantôt pleurer pour ces deux frères si attachants... plus sur Fantasy à la Carte.
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Les ombres d'Esver

J'aime ces quelques instants au réveil où la conscience hésite encore entre le rêve et la réalité, comme s'il y avait un moment où on pouvait douter de sa propre existence et choisir de rester dans l'univers sombre et fascinant de son inconscient. Pur bonheur : c'est avec ce sentiment permanent que joue "Les ombres d'Esver" !

Katia Lanero Zamora y décrit un univers où tout concourt à brouiller les frontières entre les rêves et la réalité, qui deviennent des histoires dans l'histoire. Les pistes sont magistralement brouillées et chaque lecteur oscillera tour à tour entre une explication rationnelle ou fantastique car tout dépend de la manière dont on se raconte des histoires.

C'est la clé qui permettra à l'héroïne d'affronter les ombres qui hantent ses nuits et ses cauchemars éveillés. Amaryllis, c'est son nom, n'a rien d'une fleur fragile qu'on peut tailler à sa guise, c'est une jeune fille qui se bat pour et dans ses rêves. Et c'est là la force de Katia Lanero Zamora : elle crée à nouveau une héroïne passionnante qui va rendre vos rêves plus profonds et vous donner envie de vous lever le matin pour en réaliser plus d'un !
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Chroniques des hémisphères, tome 1 : Le bal des..

Livre découvert par le biais de l'opération Masse Critique de Babelio.com je dois avouer avoir bien failli abandonner le livre dès les 5 première pages, ce qui n'est pourtant pas dans mes habitudes.

Mais grand mal m'en aurait pris!



Certes le début peine un peu à convaincre par son aspect contextuel très naïf: au nord les méchants capitalistes technophiles qui ont, je cite, "en horreur la nature" et au sud des africains(seul continent mentionné pour le moment) pauvre, sans une once de technologie mais très orientés magie et à prédominance société patriarcale.



Il faut alors se rappeler que c'est une lecture de jeunesse qui peut s'en doute expliquer certains raccourcis.

Puis après plusieurs pages, la sauce finit par monter et on commence à comprendre ce schisme et les causes de ce maintien de situation des 2 zones. Mais il faut s'accrocher.



L'intrigue finit par prendre le dessus et on se délecte à suivre la vie de nos jeunes protagonistes séparés par un mur mais surtout par un mode de vie bien différent.



Ce premier tome très (trop?) court, n'a pas non plus pour vocation à nous faire prendre conscience des dérives de chaque systèmes mais peu amener le lecteur à se poser quelques questions si il est un tantinet curieux.



Bref, même si je ne lui met que 3 étoiles car le début reste vraiment rebutant, je pense que cette saga va faire partie des livres que je vais suivre afin d'en connaitre la fin, car l'auteur a vraiment su piquer ma curiosité par la suite (rendez-vous donc en septembre 2013).



A noter au passage de ne surtout pas lire la liste des personnages qui se trouve au début du livre car risque de spoil!

(je ne vois d'ailleurs pas l'intérêt d'une liste de personnage pour un premier tome).

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La Machine, tome 1

J'ai beaucoup aimé ce livre. Sans être un coup de cœur absolu, j'ai été emportée dans cette saga familiale, grâce à deux personnages de frères très bien écrits, touchants dans leurs forces et faiblesses, très humains. Le style est redoutablement efficace, l'intrigue vous prend aux tripes, et le message concernant la révolution touche très juste, sans angélisme et manichéisme.



J'aurais peut-être un petit bémol concernant quelques personnages secondaires (dont Léa notamment) qui m'ont moins convaincue, et m'ont semblé être plus des prétextes à mettre en valeur les qualités et défauts des personnages principaux qu'à vivre librement dans cet univers. Mais ça reste assez accessoire.



En revanche, ne vous attendez pas à un roman de fantasy classique ! On est sur une saga familiale dans un roman historique. J'avoue que ça m'a parfois perturbée, ne connaissant pas suffisamment l'histoire espagnole pour savoir où se plaçait le curseur de la fiction par rapport à la réalité historique. Ce n'est pas un défaut du livre, c'est un postulat, mais ça peut surprendre ^^



Je lirai en tous cas très vite le tome 2 pour encore souffrir avec ces personnages et découvrir leurs destins (que j'imagine assez tragique).
Lien : https://youtu.be/A3xBXIJJV7A
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