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4.2/5 (sur 581 notes)

Nationalité : France
Né(e) le : 22/09/1948
Biographie :

L'historien anglophile, François Kersaudy a enseigné l'histoire à l'université d'Oxford avant d'être professeur à l'université de Paris I Panthéon-Sorbonne.

Il parle neuf langues et il est spécialiste d'histoire diplomatique et militaire contemporaine.

Il a notamment publié "De Gaulle et Churchill", "De Gaulle et Roosevelt", "L’Affaire Cicéron" et "Lord Mountbatten".

Sa biographie de Winston Churchill a obtenu en 2001 le grand prix d’histoire de la Société des gens de lettres de France.

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Extrait de "Winston Churchill" de François Kersaudy lu par Vincent Schmitt. Editions Audiolib. Parution le 13 février 2019. Pour en savoir plus : https://www.audiolib.fr/livre-audio/winston-churchill-le-pouvoir-de-limagination-9782367628233


Citations et extraits (81) Voir plus Ajouter une citation
François Kersaudy
Pour Churchill, politicien atypique, la démagogie est un mot entièrement étranger, et il est rarement en phase avec une opinion publique dont il se désintéresse souverainement lorsqu'elle ne coïncide pas avec la sienne.
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Le général de Gaulle, qui préside depuis trois mois aux destinées de la France libérée, se rend également à Moscou au début de décembre (1944) pour y négocier la conclusion d'un pacte franco-soviétique, et il décrira Staline en termes nettement plus perspicaces : « Rompu par une vie de complots à masquer ses traits et son âme, à se passer d'illusions, de pitié, de sincérité, à voir en chaque homme un obstacle ou un danger, tout chez lui était manœuvre, méfiance et obstination. La révolution, le parti, l’État, la guerre lui avaient offert les occasions et les moyens de dominer. Il y était parvenu, usant à fond des détours de l’exégèse marxiste et des rigueurs totalitaires, mettant en jeu une audace et une astuce surhumaines, subjuguant ou liquidant les autres. [...] Communiste habillé en maréchal, dictateur tapi dans sa ruse, conquérant à l’air bonhomme, il s’appliquait à donner le change. [...] Tous les Russes, attentifs et contraints, ne cessaient de l’épier. De leur part une soumission et une crainte manifestes, de la sienne une autorité concentrée et vigilante. »
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C’est comme chef du quasi-gouvernement de la France libre que de Gaulle se rend en tournée d'inspection dans la péninsule italienne au début de mars 1944; c’est bien sûr en militaire qu'il évalue les plans du commandant en chef Alexander et ceux du général Juin, dont les troupes viennent de s'illustrer dans le massif du Belvédère un mois plus tôt ; mais c’est en tant que chef civil qu'il se garde de les influencer, car en dix ans, l'auteur du Fil de Fépée n’a pas varié : les gouvernements doivent respecter pleinement la liberté de décision et la responsabilité du commandement dans la bataille.
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Et pourtant, ce général si démuni peut à lui seul infléchir la stratégie de deux groupes d'armées ! Le 17 décembre, à son retour de Moscou, de Gaulle apprend que trois armées allemandes viennent de passer à la contre-offensive dans les Ardennes belges, au centre du dispositif allié.

(...)

Comme une division et une brigade blindée SS menacent également Strasbourg depuis la poche de Colmar au sud, le général Eisenhower ordonne l’évacuation de l'Alsace et le repli sur les Vosges de la 7e armée américaine du général Patch et de la lre armée française du général de Lattre.

(...)

On assiste alors à un duel à fleurets mouchetés, qui tient à la fois du jeu d'échecs et de la partie de poker ; de Gaulle annonce qu'il a donné l’ordre à la 1’ armée de tenir sur ses positions, quelle que soit la stratégie adoptée par le commandant suprême ; Eisenhower lui demande d'imaginer quelle serait la situation de cette armée si les Américains cessaient de la ravitailler en carburant et en munitions ; sur quoi de Gaulle l’invite à réfléchir à ce qui se produirait si «le peuple français, dans sa fureur», privait les Américains de l'utilisation des chemins de fer et des transmissions nécessaires à leurs opérations... De Gaulle met un terme à cette escalade de propos intimidants échangés entre gentlemen par une phrase apaisante. «Plutôt que d'imaginer de pareilles perspectives, je croyais devoir faire confiance à la valeur stratégique du général Eisenhower et à son dévouement au service de la coalition, dont faisait partie la France.» Le commandant suprême, beau joueur, finit par céder, non sans avoir formulé une dernière objection : « Pour que je change mes ordres militaires, vous invoquez des raisons politiques.» À quoi de Gaulle fait cette réponse prévisible pour qui le connaît : « Les armées sont faites pour servir la politique des Etats. Personne, d ailleurs, ne sait mieux que vous que la stratégie doit embrasser, non seulement les données de la technique militaire, mais aussi les éléments moraux.» N’est-ce pas ce qu'il expliquait depuis deux ans déjà à Churchill, à Giraud et à Roosevelt ?
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Mais dans l’intervalle, alors qu’il s’entretient avec Paul Reynaud au ministère de la Guerre, survient un incident caractéristique : le général Weygand, faisant irruption dans la pièce sans avoir été convoqué, annonce que la bataille est perdue et qu'il faut capituler. Lors de la discussion qui s’ensuit entre Weygand et Reynaud, de Gaulle intervient pour faire remarquer qu'«il y a d’autres perspectives ». Weygand demande alors, « d'un ton railleur» : «Avez-vous quelque chose à proposer ? » À quoi le nouveau sous-secrétaire d'Etat à la Guerre répond sèchement : « Le gouvernement n'a pas de propositions à faire, mais des ordres à donner. Je compte qu'il les donnera.» En une seule réplique, il résume deux décennies de ses écrits militaires, allant à contre-courant de vingt années d'abandon résigné des civils face à l’emprise des militaires.
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Une heure plus tôt, le général de Gaulle atterrissait à Bordeaux pour apprendre la démission de Paul Reynaud. Peu après, on l'informe de l'accession au pouvoir du maréchal Pétain, et il en comprend aussitôt la signification : la France va capituler. Tard dans la soirée, il rend visite à Paul Reynaud, qu’il trouve « comme soulagé d'un fardeau insupportable », et il lui fait part de sa décision de repartir pour l'Angleterre. C’est pratiquement un réflexe : « Les vaincus, disait Foch, sont ceux qui acceptent la défaite»... et de Gaulle, en vertu de son éducation, de sa mentalité, de son expérience et de ses réflexions, ne saurait accepter la défaite. C’est pourquoi, le 17 juin 1940 à 10 heures du matin, il s’envole pour l'Angleterre...
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François Kersaudy
Bien des biographes dissertent à l'infini sur leurs sujets, élaborent des théories compliquées et décrivent à longueur de pages les sentiments que leurs inspirent le caractère et l'action de leur héros. Mais dès lors, ce dernier tend à s'effacer derrière l'auteur, faute d'être suffisamment écouté. Or, pour comprendre un génie aussi complexe et effervescent que Winston Churchill, il importe avant tout de le laisser parler. Par chance il s'est beaucoup épanché dans ses 37 ouvrages, 478 articles et 3256 discours.
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A Jean-Marcel Jeanneney, un de ses derniers visiteurs, le Général dira ceci - qui explique aussi son acharnement à vouloir terminer ses Mémoires d'espoir : « Voyez-vous, l’opinion même de mes contemporains ne m’intéresse plus beaucoup. Ce qui m'importe c'est l’opinion de l'histoire. Ce qui m'importe c'est ce que I’on pensera dans deux générations, c'est le jugement que l'on portera : ai-je été utile à mon pays ou non ?»
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Le commandant suprême n’en fera rien. Quoiqu’humilié par la défaite, Hirohito reste le dieu vivant des Japonais, et un seul mot de sa part peut déclencher dans tout l’archipel la résistance passive et la guerilla généralisée. L’empereur lui-même, d'une manière indirecte et en usant de périphrases, fait savoir à MacArthur qu’il lui rendra visite le 27 septembre. Ce jour-là, Hirohito, en haut-de-forme, jaquette et pantalon rayé, sort d'une vieille Daimler noire et pénètre dans l’ambassade des Etats-Unis ; là, il est introduit avec son seul interprète auprès de MacArthur. Moment délicat pour l’empereur : il n’a jamais adressé directement la parole à un interlocuteur ; ce sont les courtisans qui expriment d’ordinaire sa pensée. Mais le militaire qui lui fait face est aussi un fin diplomate, et il trouve d'emblée les paroles qui conviennent : « Votre Majesté, j'ai été reçu autrefois par votre père, à la fin de la guerre russo-japonaise... » Des deux interlocuteurs, c'est pourtant MacArthur qui sera le plus impressionné, car l’empereur lui répond : « Je viens à vous, général, pour me soumettre au jugement des puissances que vous représentez, en tant que responsable de toutes les décisions prises et de toutes les actions menées dans le domaine politique et militaire par mon peuple durant cette guerre. » II est vrai que Hirohito a sanctionné implicitement ou explicitement tous les actes de guerre commis par le Japon depuis quinze ans, et de Moscou à Washington en passant par Manille et Camberra, beaucoup souhaiteraient le voir jugé pour crimes de guerre, en compagnie de certains membres de sa famille. Mais MacArthur, déjà décidé à n’en rien faire, est désormais conforté dans sa résolution : « II était né empereur, mais à cet instant, je compris que c'était aussi le premier gentleman du pays par la seule vertu de sa personnalité. »
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On connaît la suite : à l’issue d une chevauchée fantastique, les premiers chars de la 2e DB arrivent sur la place de l’Hôtel de Ville dans la soirée du 24 août. Le lendemain matin, Leclerc lui-même entre dans Paris avec le gros de sa division, et le général von Choltitz signe la reddition de la garnison allemande. Au cours de l’après-midi, le général de Gaulle entre à son tour dans la capitale, rejoint Leclerc à la gare Montparnasse, puis,
au lieu de se rendre directement à l'Hôtel de Ville, va droit au ministère de la Guerre, rue Saint-Dominique - un geste hautement symbolique à bien des égards . ayant quitté les lieux quatre ans plus tôt en tant que sous-secrétaire d’Etat à la Guerre, il s'y réinstalle à présent en tant que chef de gouvernement - et aussi en tant que chef de guerre, bien sûr, car il faut montrer au peuple que la guerre est loin d'être terminée... « Immédiatement, écrira-t-il, je suis saisi par l’impression que rien nest changé à l’intérieur de ces lieux vénérables. Des événements gigantesques ont bouleversé l'univers. Notre armée fut anéantie. La France a failli sombrer. Mais, au ministère de la Guerre, l’aspect des choses demeure immuable. Dans la cour, un peloton de la garde républicaine rend les honneurs, comme autrefois. Le vestibule, l’escalier, les décors d'armure sont tout juste tels qu'ils étaient. Voici, en personne, les huissiers qui, naguère, faisaient le service. J’entre dans le "bureau du ministre" que M. Paul Reynaud et moi quittâmes ensemble dans la nuit du 10 juin 1940. Pas un meuble, pas une tapisserie, pas un rideau n’ont été déplacés. Sur la table, le téléphone est resté à la même place et I’on voit, inscrits sous les boutons d'appel, exactement les mêmes noms. [...] Rien n’y manque, excepté l’État. Il m'appartient de l’y remettre. Aussi my suis-je d'abord installé.»
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