AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Ketty Steward (77)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Saletés d'hormones et autres complications

On ne le devinerait pas au titre, mais ce livre est un recueil de nouvelles de science-fiction. Excellent, par ailleurs.



On y explore l'afroféminisme au travers des histoires souvent viscérales, des petits exercices style, et des éléments biographiques. L'autrice à des choses à dire et elle les dit clairement. Que l'on parle des Antilles, de la parentalité est des menstruations.



Ultimement, c'est l'originalité qui reste en tête. Ses univers sont riches et évitent habilement les clichés de genre. Comme c'est du format court, presque tout repose sur des personnages complexes et des revirements de situations.
Commenter  J’apprécie          370
L'évangile selon Myriam

Exit Matthieu, Marc, Luc et Jean. Voici la nouvelle apôtre, Myriam. Mais son recueil de textes ne semble pas faire l’unanimité dans sa communauté, puisqu’elle va être brûlée en tant qu’hérétique. Heureusement pour nous, certains disciples ont recueilli ce livre et nous le transmettent. Il constitue un évangile composé de multiples histoires, toutes plus ou moins édifiantes, tirées des siècles passés : extraits de la Bible, des contes de Charles Perrault, mais aussi des chansons de Michael Jackson. Eh oui, cette histoire ne se déroule pas au Moyen-Âge, mais dans notre avenir, un avenir sans doute post-apocalyptique, où une communauté religieuse vit repliée sur elle.



Au début de ma lecture de L’évangile selon Myriam, je suis resté dans l’expectative, me demandant où j’avais mis les pieds et si j’allais continuer. Mais la petite taille du roman et la multiplication des courts chapitres, ainsi que le style agréable de Ketty Stewart m’ont convaincu de poursuivre. Et je n’ai finalement pas regretté.



L’action se déroule dans le futur. Un futur qui restera vague jusqu’au bout. On sait juste qu’il est de tonalité post-apocalyptique. Que les villes ont eu tendance à se refermer sur elles-mêmes, laissant à l’extérieur les moins « méritants », les personnes incapables de payer le droit de rester là où le confort régnait. Puis qu’on a fiché tous les citoyens systématiquement. Que des communautés ont refusé d’adhérer à ce modèle de société et se sont réfugiées dans la campagne, de plus en plus isolées, de plus en plus pauvres technologiquement parlant.



Et justement, le groupe dont fait partie Myriam, l’Église des Derniers Temps, officie loin du reste de la société, loin de Babylone et de sa technologie. Myriam est jugée sans intérêt pour sa communauté, car incapable de rien lui apporter. Heureusement pour elle, un prédicateur lui confie une tâche capitale : elle sera scribe. À charge pour elle de récupérer les quelques fragments qui leur sont restés des textes anciens et d’en faire une lecture cohérente et un ensemble uni. Elle a donc à sa disposition des textes qui viendraient d’Helen la Blanche, une ancienne prédicatrice, un recueil de citations de deux anciens auteurs (Milan Kundera et Stefan Zweig) et un chansonnier (avec les titres de Michael Jackson). Et de ces sources sans lien entre elles et appartenant à des univers totalement différents, elle va tirer un recueil divisé en six parties, destinées à nous permettre de comprendre mieux notre monde. Le chapitre sur le mensonge, par exemple, montre le pouvoir de cet élément, car on peut être victime de mensonge, mais on peut aussi se complaire soi-même dans le mensonge, s’aveugler volontairement pour vivre plus facilement ou pour d’autres raisons tout aussi fortes. Pour aller dans ce sens, Myriam convoque le Petit Chaperon Rouge, appelé ici Caroline ; Jacob (de la Bible) qui se laisse tromper par son beau-père, l’empereur Huángdì qui paie une fortune une tenue qui n’existe pas ; les sept petits chevreaux qui vont se laisser tromper par le loup (enfin, six sur sept) ; Tamar, une veuve qui ne se résigne pas à être traitée comme un objet ; le vilain petit canard. On le voit, l’autrice pioche dans tous les domaines des textes classiques, puisque l’on va de la Bible aux contes mille fois ressassés dans notre enfance. Et elle reprend ces histoires selon un angle différent. En insistant, non pas seulement sur l’histoire, mais sur un point précis : ici, comment peut-on se laisser convaincre par un mensonge parfois grossier ? Quelle raison peut amener à se laisser piéger ? Jusqu’à la mort pour Caroline (le petit chaperon rouge).

Enfin, petite touche d’humour supplémentaire, mais pas que, le personnage d’Alphonse. Qui est-ce ? Eh bien, Alphonse, c’est le principe de réalité. Celui qui est toujours là à sermonner : « Je te l’avais bien dit ! ». Celui qui nous ramène toujours à l’ordinaire bassement trivial. Ce qui empêche de s’envoler, ce qui plombe les poches. Alphonse, quoi !



La lecture de L’évangile selon Myriam a été pour moi une source de plaisir, tout d’abord, quand j’ai redécouvert des contes sous un regard nouveau et avec une nouvelle optique. Mais aussi un occasion de m’interroger sur la place des textes reconnus dans notre imaginaire et notre vision du monde. Et, donc, sur mon rapport à ces récits inscrits dans notre imaginaire.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
Commenter  J’apprécie          230
Dimension Antiquité

Décidément, j'apprécie beaucoup les anthologies historiques proposées par Rivière Blanche ! Après « Dimension de cape et d'esprit » et « Dimension Préhistoire » voici donc un tout nouvel ouvrage consacré cette fois à la période antique. Treize auteurs se sont prêtés au jeu en s'inspirant aussi bien des civilisations grecque et romaine qu'égyptienne et mésopotamienne, et en adoptant un cadre allant de la fantasy à la science fiction en passant par l'uchronie ou le fantastique.



Ne soyez donc pas surpris de découvrir que César n'est en réalité pas mort aux ides de mars et a entrepris à la fin de son règne d'ériger une immense digue afin de faire baisser le niveau de la Méditerranée, menaçant ainsi toutes les créatures marines et réveillant la colère de Poséidon (Javier Negrete :« César et la Néréide »). Ne vous étonnez pas non plus d'apprendre qu'un professeur de la Sorbonne du XXe siècle ait permis à l'empereur Julien d'allonger son règne et de rétablir le paganisme dans tout l'empire (Fabien Clavel :« Comment le dieu vint à Julien »). Vous découvrirez aussi la disparition tragique du dernier scribe capable de déchiffrer les hiéroglyphes (Pierre Gévart : « Le dernier scribe »), assisterez à la spectaculaire représentation de l'ermite et acteur Géron devant les armées rassemblées de Sparte et Thèbes (Franck Ferric : « Les masques des hommes »), et en apprendrez davantage sur les rites funéraires pratiqués dans les grandes cités de Mésopotamie (Olivier May : « Le regard de Shamat »)



Si dans toute anthologie, la qualité et l'originalité fluctuent d'ordinaire en fonction des textes, la grande majorité des textes sont ici très bons et abordent des sujets à la fois variés et peu communs (même si, compte tenu de la grande richesse du thème, ce n'est finalement guère surprenant). Les grands amateurs d'histoire antique, dont je suis, ne manqueront ainsi pas d'apprécier découvrir des nouvelles consacrées pour une fois à d'autres personnages que les traditionnels César, Auguste ou Cléopâtre VII. Les généraux thébains Pélopidas et Epaminondas, les reines Cléopâtre II et III, le roi Mithridate VI Eupator... autant de grandes figures antiques moins connues aujourd'hui que l'on retrouve ici sur le devant de la scène. Certains textes sont également l'occasion d'en apprendre davantage sur quelques traditions antiques, des combats de gladiateurs aux lupanars romains en passant par les querelles opposants les érudits de la Bibliothèque d'Alexandrie ou encore les membres de la dynastie lagide.



Nombreux sont les textes que j'ai apprécié mais difficile de tous les présenter. Parmi les nouvelles consacrées aux civilisations égyptienne et mésopotamienne, celles de Pierre Grévart consacrée à la tragique disparition d'un savoir qui ne refera pas surface avant plusieurs siècles (« Le dernier scribe ») et d'Olivier May revenant sur une tradition sumérienne présentée sous un jour inattendu et poétique (« Le regard de Shamat »), sortent indéniablement du lot. Franck Ferric signe également avec « Les masques des hommes » un texte très réussi consacré à deux éléments centraux de la culture grecque antique : le théâtre et la guerre. Idem pour Ketty Steward et son « Sous le pont » qui nous fait découvrir que le sort qu'a connu le roi Mithridate VI n'est peut-être pas celui qu'on lui réservait, et pour Rachel Tanner qui se penche dans « Les reines meurent aussi à Alexandrie » sur une des nombreuses querelles dynastiques ayant opposées les membres de la famille lagide. Du côté de Rome se sont Frédérick Durand et Jean-Pierre Andrevon qui se distinguent. Le premier en relatant l'arrivée d'une ensorcelante prostituée dans un lupanar romain (« L'Insula des louves ardentes »). Le second en abordant le sujet des combats de gladiateurs avec un luxe de détails témoignant d'un minutieux travail de documentation qu'on ne peut qu'apprécier à sa juste valeur (« Gladiateur »).



Une anthologie de grande qualité consacrée aux plus grandes civilisations antiques qu'on découvre ou redécouvre sous un autre jour grâce à ces treize nouvelles très hétéroclites mais toutes très réussies. Cités légendaires, batailles mémorables, personnages historiques au destin exceptionnel... : tout est là et c'est un véritable bonheur de se plonger l'espace de quelques pages dans ces civilisations d'une incroyable richesse. A découvrir d'urgence !
Commenter  J’apprécie          232
Sauve qui peut : Demain la santé

Après Nos Futurs, excellente anthologie de textes et d'articles mêlant science et fiction, voici que les éditions La Volte nous offrent une anthologie SF autour de la santé. Une initiative plus qu'alléchante qui rassemble aussi bien des auteurs et autrices connu(e)s que des petits nouveaux en pagaille. Confectionnée par Stuart Calvo, 15 textes nous attendent de pied ferme…



Que conclure du point de vue littéraire de cette anthologie ?

D'abord, qu'il s'agit avant tout d'un recueil de révolte et d'indignation où les idées politiques de gauche (et notamment d'extrême-gauche) essaiment à tout-va. En soi, la chose n'a rien de négatif mais son emploi forcené dans la plupart des textes, au moins 10 des 15 présents, vient souvent occulter le sujet censément principal : la santé (mais nous en reparlerons après). Présentement, ce qui pose problème, c'est que les textes de l'anthologie sont soit des textes militants purs et durs soit des expérimentations littéraires dans le prolongement du style d'Alain Damasio. Et ces deux angles d'attaques annihilent le reste du texte à chaque fois ou presque (avec l'exception notable des nouvelles de Theodore Koshka, Tristan Bultiauw et Benno Maté). 

Et c'est bien dommage, car, si l'on en reste strictement au plan littéraire, les textes remarquables se comptent sur les doigts d'une main, le plus abouti semblant sans surprise être celui de Sabrina Calvo.

Le problème ici, c'est que cette anthologie s'attaque à la problématique de la santé et qu'il s'agit là d'un axe capital pour ne pas dites essentiel pour le lecteur qui s'intéresse au sujet de la fiction (voire de la science-fiction) et du médical. C'est ici que les choses se compliquent énormément…



Synthèse médicale :

Je quitte ici l'emploi de la troisième personne pour apporter mon point de vue médical puisque je suis également médecin généraliste exerçant en tant qu'urgentiste pédiatrique.

L'annonce de cette anthologie sur la santé de demain était pour moi une énorme attente, ravi de voir un éditeur sérieux s'emparer d'un sujet aussi pléthorique et divers. La déception est donc à l'avenant.

Sauve qui peut n'est pas une anthologie sur la santé. Elle est en réalité (et revendiquée dans la post-face comme telle) une anthologie sur la politique de santé et sur un certain militantisme, notamment LGBT+. Ce qui, encore une fois, n'a rien de négatif à priori mais voilà qui va grandement décevoir ceux qui, comme moi, s'attendaient à voir la santé traitée sous un angle prospectif ou, tout du moins, scientifique.

Ici, la science n'est jamais citée, du moins pas comme on l'attend. Ce qui saute aux yeux quand je lis les textes rassemblés dans cet ouvrage, c'est que sur 15 auteurs, aucun n'est une personne qui travaille dans le milieu médical.

C'est comme si on écrivait un livre sur la mécanique sans aucun mécanicien dedans. Jusque dans la post-face, Demain la Santé se réfère à la philosophie plus qu'à la science médicale. le lecteur se doit donc d'être prévenu, l'anthologie ne se penche que sur le système de santé (et cela de façon uni-dimensionnelle et orientée à gauche toute) et non sur le soin en lui-même.

De façon plus pragmatique, en tant que soignant, ce recueil a de quoi faire déprimer. Sur 15 textes, onze abordent la médecine actuelle comme néfaste pour le patient, 5 mettent en avant la médecine alternative et représente la médecine actuelle comme un danger, notamment les médicaments. Une constatation terrible pour moi en tant que praticien qui résulte de deux choses certainement : aucun ici n'est soignant et tous tissent donc des histoires à partir du « vécu patient » et donc l'interrogation, qu'est-ce qui coince tant pour que la médecine soit autant haïe ?

Préférant privilégier des réflexions sur le genre et l'inclusivité, l'anthologie zappe tout le reste. Tout. Et il y avait matière à faire dans le domaine médical !

Des exemples en vrac ? La montée en flèche du taux de BMR (Bactéries Multi-résistance) et l'abus des antibiotiques, la balance bénéfice-risque des traitements, la propagande anti-vax et le recours à une médecine de charlatans, l'IVG, le contenu et l'interprétation des études, l'euthanasie, les effets secondaires des médicaments, l'incertitude médicale dans la maladie, la relation médecin-malade, l'impact de la vieillesse de la population sur l'émergence des maladies dégénératives, le manque de moyens pour les maladies orphelines, la propagation des épidémies, les thérapies géniques, la neuromodulation et l'apport de technologies mécaniques au corps humain… et la liste serait encore très longue. Aucun de ces thèmes n'est abordé sérieusement ici, aucun. Tout reste superficiel et orienté pour correspondre davantage à un tract politique qu'à une réflexion sur la santé face à l'humain. On se consolera avec quelques éléments philosophiques chez Tristan Bultiauw ou Lauriane Dufant, mais c'est bien mince à l'arrivée. le tout en précisant que je suis absolument d'accord avec la vision du recueil quand au démantèlement de notre système de santé pour le profit pur et dur. Mais la vision simpliste de ce qu'il faut faire pour redresser la situation démontre simplement que les personnes qui en parlent ne se rendent pas compte que, oui, la médecine de qualité a un coût. La vraie question reste comment faire pour que cette médecine de qualité reste gratuite et strictement gratuite pour tous ?

Dernier point et non des moindres, j'ai été révolté de lire au sein de ces quinze nouvelles un texte ouvertement anti-vax. Ce qui n'est pas véritablement une surprise tant l'idéologie ici se veut anti-médicament et donc anti-science. Bien évidemment, les médicaments n'ont pas que des avantages, les laboratoires ne sont pas des saints du tout (il faudrait être bien naïf), mais tout se passe dans l'anthologie comme si la réponse de demain serait un retour au naturel. 

Un naturel qui donnait une espérance de vie de 30 ans par le passé. Merci bien, on vous le laisse.

La présence de ce seul texte suffit à déconseiller l'acquisition de cette anthologie de mon point de vue strictement médical. Il est absolument catastrophique de voir une partie militante de l'imaginaire glisser vers une philosophie anti-scientifique juste parce que cette partie militante assimile le riche à la technologie et à la science et, par ricochet, aux médicaments et aux vaccins.



Vous l'aurez compris, Sauve qui peut ne présente qu'un intérêt congru pour le lecteur de science-fiction. Il s'adresse avant tout à un milieu déjà acquis aux principes énumérés au fil des pages, et devrait donc plaire à tous ceux qui attendent quelque chose où la révolte et les idées politiques prennent le pas sur le reste. Si vous cherchez des textes sur la médecine, vous serez amèrement déçus. Pour ceux qui recherchent une anthologie d'anticipation mêlant rigueur et littérature, jetez-vous sur Nos Futurs. Vous voilà prévenus.



(Retrouvez en lien la critique complète, nouvelle par nouvelle)
Lien : https://justaword.fr/sauve-q..
Commenter  J’apprécie          166
Confessions d'une séancière

Que voilà un petit livre envoutant.

Il s’agit d’un recueil de 18 nouvelles ponctuées par des poèmes qui les relie les unes aux autres , un peu comme des incantations et comme par magie.

Et de la magie il y en a énormément dans toutes ses histoire.

De la magie, du surnaturel, du paranormal, des superstitions aussi…

Il faut dire que Kitty Steward nous embarque au coté d’une séancière. Une Chamane qui invoque les esprits pour guérir le mal. Une femme qui pratique la magie mais aussi l’écoute et la bienveillance. Même si, ses séances sont voisines du rite vaudou.

À la faveur d’une nuit étoilée, la Séancière t’ouvre les portes de son île. Tu devras emprunter une langue de sable interminable à travers l’océan et braver bien des dangers.

Tu entends déjà Manman Dlo t’appeler par ton prénom. Sa voix t’attrape le cœur et ne le lâche plus.

Papa Dlo marche à ta rencontre au-dessus des flots, te désignant du bout de sa canne la crique où tu trouveras tout ce que tu cherches et, peut-être aussi, ce que tu fuis.

Ici on va consulté la séancière lorsqu’il faut prendre une décision importante, lorsque l’avenir semble bouché, ou lorsqu’on se trouve à la « croisée des chemins »

Je ne vais pas m’étendre à vous raconter toutes ces histoires, il faut les découvrir.

Juste vous dire que nous sommes là dans un recueil de nouvelles fantastiques entre lesquelles s’intercalent des poèmes, adaptant les contes du folklore martiniquais.

J’ai adoré être confrontée à cette culture afro-antillaise que je ne connais pas.

L’autrice invoque tout un panthéon de créatures dont j’ignorais jusqu’aux noms

J’ai aimé cette écriture est fluide et dynamique qui nous transporte. Nous sommes là dans un fantastique réaliste. On va vivre littéralement une véritable expérience littéraire et sensorielle. Car Ketty Steward est une véritable conteuse

Mais ce que j’ai aimé par dessus tout c’est que notre auteure utile le conte pour nous parler de notre monde, pour interroger le monde et ses zones d’ombre…Ketty Steward a à cœur d’explorer les problématiques de notre temps et de nos existences.

Et je ne vous cache pas que derrière toutes ses histoires fantastiques se cachent une interprétation de notre société. Notre autrice nous interroge sur la place de la femme dans la société, sur nos relations aux autres, étrangers ou voisins, sur notre regard sur les différences, quelques soient ces différences, sociales, culturelles, religieuses, sexuelles … Elle nous questionne sur le handicap et sur notre acceptation de celui-ci. Et aussi sur notre rapport à la nature, sur notre conscience environnementale. Bref derrière toute cette sorcellerie et ses mystères, elle nous offre un monde sont doute utopiste. Un monde que nous aimerions féministe, écolo et inclusif. Et où bienveillance et altérité régnerait en maitresses !

Et du coup…Je ressors de cette lecture totalement ensorcelée.

Faites, vous aussi, l’expérience des Confessions d’une séancière. Je suis certaine que comme moi vous en ressortirez émue, grandie, et engagée et confiante (moi qui ne crois plus en l’humanité) …
Lien : https://collectifpolar.blog/..
Commenter  J’apprécie          150
Confessions d'une séancière

Moi aussi lecteur, je me confesse : ce livre m'a ensorcelé. Et j'en redemande.



Avant toute chose, c'est quoi une séancière ?

Chamane du rite quimbois, religion proche du vaudou.

source : wiktionary



Nous voilà donc en pays créole avec les confessions d'une séancière, une personne qui doit bien connaitre les us et coutumes des Antilles et avoir plein de témoignages de la vie dans les Antilles.



Ce que j'ai beaucoup apprécié ici, c'est la manière de traiter le sujet sans exotisme. Nous sommes aux Antilles, c'est tout. Nous ne sommes pas dans les pas d'un métropolitain découvrant un pays étranger. Nous sommes les Antilles. Donc si tu aimes voyager grâce au Club Med, tu risques de découvrir un pays, une culture autre.



Confessions d’une séancière est un recueil de courtes nouvelles, entrecoupées de poèmes. Nous sommes face à des tranches de vie, de culture et surtout de sorcellerie. Pas celle des films d'horreur ou fantastique, celle que l'on ne sait pas si cela vient de nous, de la malchance ou d'un sort. Du fantastique réaliste avec ce qu'il faut de mystères, Tout n'est pas dit, les histoires peuvent avoir plusieurs significations, ce sont des contes ou des récits pour prendre garde.

Ketty Steward nous offre aussi des confessions actuelles, la place de la femme dans la société, la place de l'autre, de l'étranger, des croyances... Pas de Il était une fois.



J'ai commencé ce livre, je suis parti à quelques milliers de kilomètres, j'ai réellement voyagé, une escapade littéraire et poétique, cruelle parfois, avec quelques pointes de légèreté.

Cinq euros, c'est donné !
Commenter  J’apprécie          140
L'évangile selon Myriam

Ketty écrit, le lecteur lit ce que Ketty écrit. Et le blogueur de te dire ce que le lecteur en a pensé.

C'est l'ordre des choses.



Premier roman de Ketty Steward que je lis, enfin...



J'ai découvert cette autrice (oui même les femmes écrivent de nos jours...) dans une fiction sur France Culture. Et depuis, ce texte me trotte dans la tête, pas parfait, mais voilà, il fait partie de ma vie de lecteur. Ou plutôt d'auditeur. Mais peu importe, livre ou pièce radiophonique, les images émergent des mots.



Alors on regarde sa bibliographie, mais rien de long, ni de SF. On patiente, au détour d'une revue, on retombe sur sa plume, on lit quelques-unes de ses microfictions sur Twitter, on regarde quelques interviews ici ou là, on patiente... Elle fait partie de ton existence, pas très proche, mais toujours présente, en filigrane. Et puis un jour tu vois qu'elle va publier un roman, de SF en plus. SF entre guillemets, car tu sais que Ketty n'aime pas les étiquettes, donc elle les arrachent un peu et collent d'autres morceaux d'étiquettes. C'est elle qui décide, car c'est Ketty qui écrit. Toi ton rôle de lecteur, c'est de lire ce que Ketty écrit. Et le blogueur de te dire ce que le lecteur a pensé de l'écriture de Ketty. C'est l'ordre des choses. C'est ainsi et pas autrement. De toute manière c'est écrit d'avance, tout n'est qu'un éternel recommencement. Ce qui ne veut pas dire qu'on ne peut pas s'amuser avec les écrits : on peut les réécrire, on peut même prendre des textes sacrés et les malaxer, les mélanger, avec des contes aussi, des mythes. De toute manière, textes sacrés, contes ou mythologies racontent la même chose, c'est juste écrit différemment.





Voilà ce que Ketty a écrit ici. Enfin pas Ketty, Myriam. Le sacerdoce de Myriam, c'est d'écrire ce qui a disparu, pour ne pas oublier, pour que son peuple se rappelle. Mais bon, Myriam fait ce qu'elle peut, de ce qu'elle se souvient. Les souvenirs sont parfois mensongers, trompeurs. Alors un bout de ça et de ceci, quelle différence ? Le principal, c'est ce qui est dit dans ces écrits. Et ces saynètes nombreuses, ces petits bouts de rien finissent par ce mélanger, s'amalgamer et finissent par ce lier, quelque chose en émerge, qui est plus que le total de ces bouts. Sans oublier les épices pour donner du goût. Et Myriam, ou Ketty, a choisi d'y incorporer quelques pincées d'humour. Pas trop, des légères, juste pour permettre aux bouts d'exalter tous leurs sucs.



Ketty écrit, le lecteur lit.

Si toi aussi tu lis, lis donc ce que Ketty écrit.

Et bonne nouvelle, il paraît que Ketty écrit encore.
Commenter  J’apprécie          130
Par-delà l'horizon

Hummmmm, comme c'est bon ce genre de bouquin !



Plein d'auteurs que j'aime, d'autres que je découvre, sur un thème qui m'est cher, la SF !



Je ne vais pas vous détailler chaque nouvelle, mais nous avons franchement des auteurs français qui tiennent la route. Des connus, comme Bordage, Henry ou Soccoro, des moins connus que ce recueil m'a donné envie de découvrir.



Je vous le conseille fortement, ça déchire !!!



Trop bon...
Commenter  J’apprécie          120
L'évangile selon Myriam

« Comment savoir où nous allons quand nous ignorons ce que nous sommes » ? Il s’agit d’un récit. Le roman d’un récit universel. Sa construction. Le remontage des temps. Des temps vécus, passés, contés, transmis. Comment recomposer le puzzle d’une histoire ? Bribes de légendes, de contes, de mythes, de chapitres d’un Livre. Myriam sera le scribe de ce nouveau peuple. Ce peuple qui a fui cette «  Babylone ». Ce peuple qui doit poursuivre une histoire, donner sens à son nouveau récit.

Mais peut-on bâtir un autre avenir en tentant de rassembler les pièces d’un passé morcelé, lacunaire ? Que peut apprendre à ce peuple ce remontage mnémonique ? Ces récits rassemblés aura-il valeur de fondation ou de prophétie ? Que devient-on, que peut-on espérer lorsqu’il est dit que tout est ( peut -être...déjà ) écrit ?

Quel nouveau récit émergera ? Ou bien est-ce que l’histoire se répétera ? Destin, mémoire, vérité, variables inconnues ... Vérité et mensonge tissent l’étoffe de nos récits et de nos « devenir ».

Recommencer est-ce se rappeler ? Commencer est-ce oublier ?

Le roman de Ketty Steward ouvre « le chant » de bien des possibles.

Astrid Shriqui Garain



opération Babelio/ Editions Mnemos – octobre 2021



Commenter  J’apprécie          120
Le Futur au pluriel : Réparer la science-fict..

Cet essai m'a été conseillé sur un discord d'écrivains que je fréquente et tout de suite j'ai été attiré par son sujet. Comme beaucoup je consomme de la fiction littéraire, principalement de la science-fiction et de la fantasy (en somme de la SFFF), et comme beaucoup cela reste sur les mêmes auteurs, les mêmes dinosaures qui sont mis sur un piédestal depuis des décennies, parfois grandement à raison, parfois un peu moins (que ce soit pour la relative qualité de leurs écrits ou pour des comportements personnels douteux pour le mieux et criminels pour le pire).

A vrai dire, je cherche de plus en plus à étendre mes horizons, à lire des histoires provenant de personnes à qui l'on silence la voix, que ce soit les éditeurs, mais aussi les lecteurs (dans lequel je m'inclue). Pour ne serait-ce qu'espérer changer les choses, changer le status-quo dans lequel le monde, et plus précisément ici le monde de l'édition de littérature de l'imaginaire française, il faut aussi savoir faire son auto-critique et admettre que l'on pourrait faire mieux, que l'on devrait faire mieux.



A la lecture de cet essai, j'y ai trouvé ce que je cherchais, la parole d'une autrice minorisée, de son vécu au sein de l'industrie, de ses observations après presque vingt ans de discussion, de discrimination, de doute et de tentatives pour faire changer les choses.

Ketty Stewart nous parle donc des auteurices qui sont au mieux édités, mais peu promus et donc invisibilisés, ou bien édités pour les mauvaises raisons, pour surfer sur une vague d'exotisme culturelle qui ne cherche en aucun cas à les mettre en avant pour les bonnes raisons, et au pire sur ce spectre, l'entre soi d'une gente masculine cis qui réduit au silence tous ceux qui ne correspondent pas à leur norme, cette norme qui n'est jamais dite.



Je m'attendais à cette partie, néanmoins, ne parler que de cela m'aurait peut-être laissé sur ma faim, mais l'essai ne s'arrête pas là. S'attaquer aux personnes concernées, et malheureusement invisibilisés, Stewart n'oublie pas également de parler de la forme que la science-fiction pourrait prendre dans le futur. Pourquoi se contenter d'un sacro-saint roman ? Pourquoi ne rechercher que cette forme d'expression en France ? Pourquoi ne pas s'inspirer de nos voisins anglo-saxons chez qui la nouvelle a un essor bien supérieure qu'ici ? Pourquoi se contenter de l'éternelle recueil de nouvelles lié par une thématique ? Pourquoi ne pas envisager les écritures à plusieurs mains ?

Cette partie permet de découvrir des initiatives qui cherchent à repousser les carcans de la science-fiction telle qu'on la connait.



Peut-être le seul défaut, si on peut l'appeler ainsi, de cet essai est que ses lecteurs et lectrices auront déjà l'envie de repousser leur monde et une haine du conservatisme qui continue de s'installer et de cadenasser notre société et le monde de l'édition française. J'ai du mal à imaginer un auteur ou un éditeur en position dominante se remettre en question ou même se diriger vers ce type d'essai. Bien entendu, cet état de fait n'est en rien à mettre une critique de l'oeuvre ou de son autrice. On ne change pas le monde seul, mais grâce à des personnes telles que Ketty Stewart qui ne cesse de se battre, nous serons toujours plus proches du basculement que si rien n'était fait !
Commenter  J’apprécie          90
Par-delà l'horizon

En conclusion, je suis très partagée sur cette Anthologie que j’ai trouvée un peu déséquilibrée : d’un côté, j’ai un petit coup de coeur pour certaines nouvelles (Silène Edgar, Audrey Pleynet ou Ketty Steward) dans lesquelles j’ai su me plonger grâce à leur style d’écriture très plaisant, leur univers développé et leur thématique forte. D’un autre, je n’ai vraiment pas aimé d’autres textes soit parce qu’ils étaient hors-sujet par rapport à la thématique de l’Anthologie, soit parce qu’ils n’ont pas su me séduire. Bref, à vous de vous faire votre propre opinion maintenant!



Pour une chronique plus complète, rendez-vous sur mon blog :
Lien : https://labibliothequedaelin..
Commenter  J’apprécie          90
Le Futur au pluriel : Réparer la science-fict..

Incisif, provocateur et salutaire, un essai qui dresse un cinglant constat d’échec et de repli sur soi d’une certaine science-fiction française, et qui propose de robustes pistes pour en sortir – en s’ouvrant à une authentique pluralité. Une lecture indispensable pour les amatrices et amateurs de littérature et de politique, entre autres.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/09/15/note-de-lecture-le-futur-au-pluriel-reparer-la-science-fiction-ketty-steward/



Bien qu’elle s’appuie lorsque nécessaire, dans son introduction, sur des travaux comme ceux d’Émilie Notéris (« La fiction réparatrice », 2017) ou d’Alexandre Gefen (« Réparer le monde », 2017), ce n’est pas de fictions pour réparer mais bien de fictions à réparer – et plus spécifiquement de fabrique française de science-fiction à aérer et revigorer – que se propose de nous entretenir Ketty Steward dans ce tonique essai, publié en mai 2023 aux jeunes éditions de l’Inframonde.



Autrice reconnue de science-fiction (« Connexions interrompues » en 2011 ou « Saletés d’hormones et autres complications » en 2023, par exemple), de ses frontières subtiles (« Confessions d’une séancière » en 2018 ou « L’Évangile selon Myriam » en 2021, par exemple), mais aussi de poésie autobiographique (« Deux saisons en enfer », 2020) et d’autobiographie poétique (« Noir sur blanc », 2012), personnalité particulièrement appréciée sur ce blog, puise ici dans ses lectures de fiction et de non-fiction, bien entendu, mais aussi sur de nombreuses discussions et expériences de toute première main, en tant que femme et noire ayant eu à évoluer au sein d’un milieu littéraire se piquant d’ouverture mais ne la pratiquant pas toujours, loin de là.



Elle dresse ainsi d’abord un double triste constat, celui de la sclérose imaginative d’un genre qui devrait au contraire porter toujours toute son imagination dehors et celui du repli sur un entre-soi bien confortable.



Elle propose ensuite, fort heureusement – en appelant de ses vœux une construction collective avec les collègues, les lectrices et les lecteurs – une robuste esquisse de pistes de solutions, du côté de ce qui existe ou a existé ailleurs (en termes de pluralité imaginative, bien entendu) comme de ce qui germe ou grouille vivement, salutairement, ici même, sous nos yeux ou presque, pour peu qu’ils soient ouverts et un peu encourageants.



Les spécialistes de stratégie d’entreprise (dont nous savons qu’ils et elles sont nombreuses à fréquenter ce blog) noteront au passage et avec une certaine émotion rétrospective que, en guise de métaphore centrale devant servir de fil rouge à son propos décapant, Ketty Steward a choisi la célèbre fable des aveugles et de l’éléphant, comme l’avait pratiqué Henry Mintzberg dans son ouvrage essentiel au décapage de bien des scléroses corporate en matière de pensée (et d’absence de pensée) du long terme (« Safari en pays stratégie », 2005).



Résumant ainsi le fatal paradoxe forgé par l’habitude qui empêche la science-fiction française d’offrir à toutes et à tous le véritable et précieux rayonnement dont elle serait capable, on y voit divers aveugles (souvent mâles blancs de – largement – plus de cinquante ans, mais pas uniquement, loin s’en faut) prétendre savoir ce qu’est et ce que doit être ce genre littéraire / éléphant – éminemment politique, on le sait -, en prêchant chacun pour sa paroisse partielle et parcellaire (mais dominée de facto par, selon le mot savoureux de l’autrice, « la littérature du genou », toute petite partie érigée en tout par des gardiens auto-proclamés de ce temple-là).



Pour indiquer des chemins vers les pluralités des mondes possibles, Ketty Steward parcourt donc logiquement les littératures issues des dominées et dominés, en n’y limitant pas évidemment leur essence : femmes face à un monde d’hommes avec leurs boys’ clubs si caractéristiques, et parfois leurs mains baladeuses (en citant notamment, pour sa valeur emblématique, l’inénarrable Gérard Klein et sa préface à « La captive du temps perdu » de Vernor Vinge, expliquant pourquoi les femmes ne comprennent pas vraiment la SF… qui plus est en 2000, et non en 1950 – Catherine Dufour, dans sa lumineuse préface à ce livre-ci, soulignera ce trait avec son humour caustique bien connu), où l’on retrouve, si longtemps isolée à son niveau, Ursula K. Le Guin (on se souviendra d’ailleurs du magnifique article que lui consacrait Ketty Steward dans la récente anthologie critique dirigée par David Meulemans, ici), fluidités de genre (avec par exemple un bel exergue issu des « Tentacules » de Rita Indiana), afrodescendantes et racisées de toutes origines, avec des mentions particulières pour Octavia Butler et Nalo Hopkinson (dont on attend toujours qu’un éditeur fasse reprendre la traduction si massacrée en français du magnifique « La ronde des esprits » pour pouvoir le rééditer), et écarts à la norme, d’une façon générale (l’échange avec Li-Cam qui filtre de ces pages – et que l’on peut lire intégralement en annexe – est particulièrement incisif, à peine moins que le discours de Léo Henry en 2021 qui figure également, redoutable, en annexe).



Après avoir parcouru de prometteurs avant-postes, puis recensé les principales impasses dans lesquelles se complaisent les récits dominants au sein du genre science-fictif (même lorsqu’ils tentent d’échapper à l’emprise du « folklore fossilisé » – selon le mot de l’autrice – qui habite le genre, corpus figé que dénonçait d’ailleurs il y a déjà quelques années Thomas Disch), Ketty Steward évoque avec une certaine fougue, en repoussant les tentations de la pensée positive incantatoire, en nourrissant sa propre utopie, ouverte et progressive, des travaux de Fredric Jameson et d’Ariel Kyrou (et en résonance manifeste avec ceux d’Alice Carabédian), la pluralité des formes littéraires qui pourrait – qui devrait – accompagner cette volonté d’aération (la nouvelle fait figure de résistante valeureuse dans la science-fiction, comparée au sort qu’elle connaît en littérature dite « générale », mais que dire en effet du théâtre, et de la poésie surtout – qui valut à la SF son premier prix Nobel, celui d’Harry Martinson et de son « Aniara », avant celui de Doris Lessing et de son « Canopus dans Argo : Archives » -, poésie dont la langue magique pourrait bien irriguer davantage ces spéculations nécessaires ?).



Chloé Delaume, dans un domaine voisin (on songera en souriant à son superbe « La nuit je suis Buffy Summers »), ouvrait son « Mes bien chères sœurs » de 2019 par les mots : « Désolée, ça sent le fauve, il est temps d’aérer ». Avec une belle complicité de sorcière, qui ne saurait surprendre de la part de celle qui a su composer un recueil autour des tours et détours de la bonne et de la mauvaise quimboiseuse, Ketty Steward, nous incite à l’aider de toutes nos forces de lectrices et de lecteurs, à procéder de même en science-fiction et en imaginaire, avec le mélange salutaire d’humilité et d’assurance d’une psychologue clinicienne.



Touche personnelle que je ne pouvais occulter, comme le rappelle avec une immense gentillesse Ketty Steward dans ses remerciements : je suis très fier et très heureux d’avoir été en partie à l’origine de cet ouvrage, fût-ce par le détour malencontreux d’un malentendu afrofuturiste, justement 😊. Et il vous faut bien entendu absolument profiter du compte-rendu de la rencontre chez Charybde autour de ce « Le Futur au pluriel : réparer la science-fiction », le 5 juillet dernier, ici (très bientôt).


Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          80
L'évangile selon Myriam

J'ai récemment découvert lors d'une escapade à Nantes un étrange ruban vert fluo matérialisé au sol. Je l'ai croisé à plusieurs reprises, lors de ma balade, de temps en temps, il me poussait à m'arrêter devant une oeuvre d'art contemporaine dotée d'un panneau explicatif attrayant et très pédagogique m'incitant à prolonger l' arrêt… Renseignements pris, cette ligne verte sillonne la ville et propose un « Voyage à Nantes » surnommé VAN qui mêle monuments incontournables, œuvres d'art plus ou moins éphémères, aires de jeux, et même chambres d'artistes.

Le grand intérêt de cette ligne c'est à la fois qu'elle guide, mais on peut la quitter et puis on la retrouve, elle devient alors discrètement familière et démontre son intérêt car elle n'est pas fruit du hasard, elle a choisi des points de vue originaux, des angles intéressant dans une ville à la fois constituée et en constante évolution. Moralité : sans en connaître l'alchimie de sa fabrication ni même son sens, on se prend à la suivre …

Et bien, cher babéliote, voici un parcours « 3D », en écho parfait avec mon expérience du VAN que nous soumet Ketty Steward dans l'Evangile selon Myriam. Elle autorise plusieurs niveaux de lecture, s'impose en douceur, paraît à la fois éclectique, cohérente sans qu'apparaissent pour autant les critères de choix, et comme un voyage, lorsqu'il se termine, nous savons que si nous le refaisions, il serait tout à fait différent, dans les mêmes couleurs certes, mais tel un nouvel arrangement dans un kaléidoscope.

Myriam , jeune rescapée de l'Apocalypse, et dont la mission consiste à écrire l'Evangile et la Vérité avec un grand « V » connaîtra le sort de notre chère Jeanne d'Arc, elle possède aussi la même foi radicale que notre héroïne, je vous renvoie à l'excellent livre de Jacques de Trémolet de Villers, le procès de Rouen, et à ma critique sur Babélio, parenthèse que je m'autorise sans vergogne !



Le parcours de ce livre est fondé sur la conviction que nous détenons toutes les pièces de notre puzzle collectif.



Les six fois six parties forment un zigzag où se croisent mythes, personnages de Contes, fragments du récit biblique, considérations philosophiques.

Le combat inégal entre Dieu, qui reste glorieux et Tout-Puissant, Lucifer solidement épaulé par Alphonse, l'ex Porte – Lumière, archange en chef, qui un jour s'ennuya au paradis, fit sécession et poussa indirectement Dieu à créer expérimentalement l'homme, mortel, contingent, imparfait quoique quasi-divin surtout à ses propres yeux ! Ce combat sans fin est décrit, avec ses rebondissements au fil du récit.

L'ensemble est bien écrit, original, amusant. Par une curieuse alchimie, il explore de manière mystérieusement interactive, le fameux « la culture c'est ce qui reste quand on a tout oublié ».

Le récit restaure archéologiquement l'écrit, redonnant ainsi toute sa place à la lecture, chacun y retrouve des figures familières, et pourra creuser pour en savoir plus sur celles qu'il découvre. Pas sûr qu'il y ait une sortie lumineuse à ce labyrinthe, la quête de Sens, tellement d'actualité, est souvent évoquée par l'auteure, au fond, nous pouvons conclure que l'important c'est le chemin !

Bonne lecture et bon voyage ! je remercie l'opération masse-critique pour cette opportunité qui m'a ainsi permis de découvrir une auteure de science-fiction, un genre que je pratique très peu, particulièrement prometteuse.

Commenter  J’apprécie          70
Sauve qui peut : Demain la santé

Quinze auteurs et quinze textes pour envisager l’avenir de nos systèmes de santé. Et le moins que l’on puisse, c’est que ce n’est pas l’optimisme qui règne !



Parmi les idées qui reviennent le plus souvent dans les différents, on notera le big data, la surveillance généralisée du moindre de nos organes et l’impossibilité – physique ou sociale – de se sentir mal ; ainsi qu’une fracture de plus en plus forte entre les populations riches, qui auraient accès aux techniques médicales de pointe, et les plus pauvres, perdant progressivement l’accès aux spécialistes de la santé.



Tous les textes sont emprunts d’un sentiment de révolte qui fait certainement écho à l’actualité : il n’y a plus rien à attendre des élites politiques ou médicales, il faut s’auto-organiser, apprendre collectivement à réaliser les soins médicaux de base – chacun citoyen doit pouvoir être soigné par un de ses voisins. D’autres auteurs feront appel à la magie : coupeurs de feu, don de guérison par simple contact… des capacités innées qui échappent à tout contrôle scientifique et qui rétablissent une certaine égalité dans la population.



Point à signaler également, le recueil fait la part belle aux « expérimentations littéraires », notamment à différents types d’écriture inclusive. Étant assez neutre dans ce débat, je dois tout de même reconnaître que ça a plus freiné ma lecture qu’autre chose. Si les points médians ne m’ont pas dérangé, les « iels » ou la féminisation accentuée de certains termes m’ont empêché d’avoir une lecture fluide. De même, utiliser « il » et « elle » indifféremment pour le même personnage n’apporte à mon sens que de la confusion, et je ne vois pas très bien ce que ça ajoute au récit.



Comme dans tout recueil, il a des récits qui m’ont passionné et d’autres qui m’ont ennuyé. Je regrette juste que tous les textes partagent la même orientation politique, un peu plus de variété aurait été appréciable.
Commenter  J’apprécie          72
Au bal des actifs : Demain le travail

Demain le travail est un recueil comprenant 12 nouvelles d’anticipation dont la thématique principale est le travail. Une façon pour nous de découvrir ce que les auteur.rices imaginent pour notre futur. Entre l’accumulation de petits boulots, sans savoir si demain on gagnera suffisamment, ou au contraire le travail étant réservé à une élite, autant vous le dire tout de suite : ce n’est ni glorieux, ni optimiste ! Mais voilà, chacun de ces récits nous fait réfléchir, nous touche différemment. Si je me souviens de mon appréciation de chacune des nouvelles, il y en a qui m’ont toutefois moins marquée et je ne me souviens de l’histoire que grâce à mes notes. En parcourant le net, j’ai vu que pour d’autres personnes, ce ne sont pas les mêmes nouvelles qui nous ont impactés. Pour ma part, ce sont les premières et les dernières que j’ai le plus apprécié et dont je me souviens également le plus. J’ai d’ailleurs eu une très bonne surprise avec Le Parapluie de Goncourt qui traite du « labeur de l’écriture » (p.466) : on y découvre un premier texte, des échanges avec des correcteurs, l’éditeur, etc. C’est vraiment très intéressant ! Pâles mâles et Canal 235 m’ont également beaucoup touchée ; la précarité des héros ne peut laisser indifférent.e.

Je ne vais pas vous parler de toutes les nouvelles individuellement (quoique si vous voulez un retour sur une nouvelle en particulier, je peux le faire en commentaire) ; j’ai trouvé qu’elles étaient bien écrites, chaque auteur.rice ayant son propre style, une narration et un angle d’attaque du sujet différents. Le recueil est dense et certaines histoires sont assez dures à digérer ; il faut alors un temps pour laisser la réflexion faire son bonhomme de chemin.

J’imagine qu’il y a eu des échanges entre les écrivain.es car certains textes font écho les uns aux autres. Alors oui, Vertigeo ne ressemble en rien à Parfum d’une mouffette, mais les textes sont présentés de façon logique ; rien ne semble avoir été laissé au hasard. De plus, oui, ce sont des nouvelles, c’est donc moins développé que pour un roman, et pourtant chaque histoire se déroule de façon cohérente, est suffisamment étoffée pour qu’on puisse d’y plonger pleinement. Quant aux fins, qu’elles soient ouvertes ou non, elles sont bien amenées et les histoires ne s’arrêtent ni trop tôt ni trop tard.



Au bal des actifs. Demain le travail est un ouvrage réflexif riche, proposant des visions différentes quant au monde du travail de demain. Ce n’est pas le genre de livre qui se dévore en quelques jours, non, c’est le genre de livre que l’on prend le temps de découvrir, qui nous fait réfléchir.

Une bonne découverte que je recommande vivement, mais pas à n’importe qui. Demain le travail ne vous fera pas rire, ne vous fera pas passer un moment plaisant. Ce qui ressort le plus, d’après moi, est vraiment la réflexion autour du travail.
Lien : https://malecturotheque.word..
Commenter  J’apprécie          70
Confessions d'une séancière

Ma mère m’offrirait : Confessions d'une séancière de Ketty Steward



Dans la douceur d’un soir tranquille, le souvenir de mes jeunes années s’éveille au fil des pages de Confessions d’une séancière de Ketty Steward. Ces lectures nocturnes, lorsque ma mère, avec une tendresse infinie, m’offrait les portes d’un monde riche de contes et de légendes de nos régions, s’enchaînent à ce nouveau trésor que j’ai découvert, comme par hasard, en cherchant un autre livre perdu dans le temps « L’évangile selon Myriam ».



Ce petit livre, tel un coffre de secrets anciens et nouveaux, m’a emporté au-delà des mers, dans les Antilles, où le créole danse parmi les récits, où la vie palpite dans chaque ligne. Ketty Steward a tissé dix-huit histoires, miroirs d’un monde à la fois étrange et familier, où les légendes d’antan se mêlent à la réalité contemporaine.



C’est là, dans cette fresque vibrante, que je retrouve l’écho de ma propre enfance, réinventée et réanimée dans les mythes d’aujourd’hui. Ma mère, qui comme je cesserais de le répéter rêvé d’écrire, aurait trouvé dans ce livre un pont entre ses croyances pieuses et la richesse culturelle d’un monde qui lui était autrefois étranger.



Les récits de Steward sont un hommage à la diversité de la vie et à l’universalité de certaines vérités. L’histoire poignante de Papa Dlo, dont les larmes salées continuent de remplir notre mer, résonne comme une parabole moderne sur les conséquences de nos actions, sur la douleur et la rédemption.



À travers ces pages, j’ai été transporté, confronté à la complexité de notre humanité : la bonté et la cruauté, l’amour et la perte, le sacré et le profane. Ce livre n’est pas seulement une collection de contes ; il est un dialogue continu avec nos racines et nos rêves, une manière pour nous, lecteurs, de naviguer dans les eaux parfois tumultueuses de notre propre existence.



Je rends grâce pour ce voyage, pour ce pont entre les mondes que Ketty Steward a si adelphiquement construit. C’est une œuvre qui nous enseigne, nous confronte, mais surtout, qui nous unit en frères et sœurs, de nous et de tout ce qui vit et existe dans notre cosmos, dans la richesse infinie de nos divers héritages.



Haïku

Antilles lointaines,

Récits dansent, créole chante,

L’âme se réveille.



Tanka

Dans les pages, vie,

Contes des îles sous vent,

Créole murmure,

Héritage et douleurs,

Nouveau monde se dessine.



Sonnet ou presque

Au cœur des soirées bercées par des contes anciens,

Ketty Steward tisse avec art les mots du présent.

Dans son livre s’éclairent des légendes des Antilles,

Dessinant pour nous tous des chemins moins hostiles.



Ma mère, guide oublié de mes jeunes passions,

Trouverait dans ces pages des échos, des leçons.

Les récits, comme ponts entre elle et cette terre,

Relient son amour au grand souffle de l’univers.



La mer, par les larmes de Papa Dlo formée,

Chante dans chaque vague une triste vérité.

Les contes, porteurs d’histoires et de mémoires,



Nous parlons de chagrins, de joies, de déboires.

Dans l’encre de Steward, un chemin se révèle,

Pour ceux cherchant la lumière sous l’étoile éternelle.
Lien : https://tsuvadra.blog/2024/0..
Commenter  J’apprécie          60
Saletés d'hormones et autres complications

Quinze nouvelles poétiques et rusées, ludiques ou mélancoliques, pour contribuer aussi à désincarcérer certains futurs de leurs cadres étriqués, oppressifs ou délétères.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/05/16/note-de-lecture-saletes-dhormones-et-autres-complications-ketty-steward/



Depuis 2011 et « Connexions interrompues », son premier recueil de science-fiction, Ketty Steward nous a offert un bouleversant roman autobiographique (« Noir sur blanc », 2012), un impressionnant recueil de poésie (« Deux saisons en enfer », 2020) et deux romans somptueusement décalés, « Confessions d’une séancière » (2018), avec ses contes antillais subtilement et joueusement modernisés, et « L’Évangile selon Myriam » (2021), avec sa réécriture au fil des veillées d’une Bible pop-culturelle en guise de viatique d’un peuple en mouvement. Mais pendant ces quelques dix années, elle n’a jamais cessé d’écrire des nouvelles de science-fiction, son ancrage fondamental – ce dont témoignera aussi très prochainement son remarquable essai, « Le Futur au pluriel : réparer la science-fiction », que le public a pu découvrir en avant-remière lors du récent festival L’Ouest Hurlant 2023 à Rennes. C’est donc avec une grande joie que nous découvrons ce volume, « Saletés d’hormones et autres complications », publié chez Goater en mars 2023, qui regroupe quinze nouvelles (sept déjà publiées dans diverses revues et anthologies, dont les inoubliables « Dolorem Ipsum » – ici largement remaniée -, « Un jeu d’enfant » ou « Lozapéridole 50 mg », par exemple, et huit entièrement inédites, même si elles peuvent être issues, comme l’autrice l’explique en postface, de divers ateliers de création ou appels à textes), joliment accompagnées et comme épaulées par seize poèmes, qui rythment et scandent ce nouveau recueil.



Quels que soient les terrains si variés parcourus par ces textes, sombres ou joueurs, alertes ou plus mélancoliques, directs ou songeurs, Ketty Steward y déploie à la fois une admirable intensité combattante et un sens aigu du sens poétique des mots et de leurs phrases. Motifs connus ou moins connus des combats féministes, subversions des sexismes ordinaires et moins ordinaires, déconstructions enjouées de clichés touristiques caraïbes et de ruses néo-coloniales, désincarcération (selon l’heureuse expression du collectif Zanzibar) de certains futurs spatiaux aux charges délétères lorsqu’ils sont laissés aux seules mains d’ambitieux milliardaires, sauvageries éducatives de la bien-pensance, dérives mortifères du chiffre destiné à faire profit, détournements et retournements des opérations psychologiques : partout, l’œil pétillant d’humour éventuellement noir et de mots en flammes poétiques, l’autrice porte son regard salutaire, et nous encourage à participer encore, et davantage, par nos propres moyens imaginaires et ludiques, à ces émancipations toujours à réitérer.
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          60
Saletés d'hormones et autres complications

À la recherche d’une sf réflexive et contemporaine ? Ce recueil est exactement ce qu’il vous faut ! Quinze puissants textes le compose mettant en scène des femmes dans leur quotidien futuriste que l’on devine aisément être une transposition de notre monde.



C’est donc dans cet univers dystopique poisseux que l’autrice nous balade de récit en récit au fil de ces sociétés repensées où les nouvelles technologies flirtent dangereusement avec l’éthique et la morale.



Avec un talent certain pour l’art des mots, Ketty Steward dresse un tableau effrayant mais ô combien réaliste de l’humanité à travers des textes tout aussi brillants que piquants. Les vices de la nature humaine y sont poussés à leur paroxysme, vanité et perversion jaillissant soudain comme la somme de l’arrogance de notre espèce.



Ce recueil est une pure réussite, j’ai été fascinée par son intelligence et le traitement brutal des sujets qui heurtent et décontenancent mais il faut au moins ça pour remettre de l’ordre dans nos idées ou éveiller nos consciences.



J’ai adoré cet ouvrage atypique, ultra féministe et bourré de références interculturelles génialissimes. L’absurdité des situations atteste d’une réalité angoissante à la Black Mirror qui n’est tout compte fait pas si éloignée de la nôtre.



Voilà ce qu’est Saleté d’Hormones et autres complications : un roman révoltant ! Parce que finalement vivre c’est une lutte douloureuse continuelle et un sentiment d’inégalité permanent.



Cette collection RECHUTE by @editionsgoater est un pur délice. Faut-il encore que je parle de la qualité des textes de cette ME ?



*Merci infiniment pour le roman.

Commenter  J’apprécie          62
Confessions d'une séancière

J'ai passé un très bon moment en compagnie de ce recueil de nouvelles signé Ketty Steward, qui puise dans sa culture afro-antillaise pour nous livrer ces contes fantastiques à la fois empreints de drôlerie et de poésie. Sous sa plume facétieuse, voilà que prend vie toute une galerie de personnages pleins d'humanité. Alors oui, l'autrice dénonce nos petits travers, elle observe nos coeurs sous la lentille parfois un peu cruelle de nos fuites et de nos évitements, et il y a quelque chose de la fable dans certaines de ces histoires. Mais jamais moralisatrice, ni cynique, toujours avec une forme d'affection et de bienveillance, même si le mauvais oeil n'est jamais loin !

Pour moi qui connais assez peu les Antilles, cette lecture a aussi été un joli voyage dans un univers nouveau. Les contes sont ponctués de poèmes au graphisme joueur, et la dernière nouvelle, Tala ka vini, est écrite en créole. L'ensemble se clôt sur un petit lexique à l'intention des ignorants, comme moi. Oui, car savez-vous ce qu'est un Gadézafé, un mako ou un Ababa ? Non ? Et savez-vous à quoi peut ressembler le déparlage d'une sorcière, ou quels crimes peut commettre un homme-bâton parrainé par un tchenbwazeur peu scrupuleux ? Hé bien, je ne peux que conseiller la lecture de cet ouvrage, aussi instructif qu'amusant, pour le découvrir. D'autant que l'écriture fluide, claire et dynamique nous emporte sans difficulté, et le livre avec sa jaquette soyeuse est un bel objet en soi. Bref, un vrai plaisir.

Commenter  J’apprécie          60
Civilisations n°5 : Les Vagabonds du Rêve

Un joli petit recueil de nouvelles qui vous aidera à passer le temps à n’importe quel moment de la journée, voire de la nuit, entre deux métros, entre deux trains (quand il y en a), entre deux plats au restaurant.



Par exemple, vous avez dégusté votre apéritif, et en attendant l’entrée, que le cuistot prépare amoureusement en ôtant l’emballage des barquettes achetées au traiteur du quartier qui lui-même se fournit dans une charcuterie industrielle, je vous conseille L’obscurité entre les étoiles d’Estelle Faye.



Un voyage en compagnie de Juan qui traverse l’Altiplano, en provenance de Bolivie et vient de mettre le pied au Chili. Il est frêle, mais courageux, et redoute toutefois les douaniers, la police, car il est un clandestin recherchant du travail. Il se réfugie pour la nuit dans une cabane et l’Inca, la figure légendaire de l’Altiplano, fait son apparition. Au petit matin, Juan se rend compte que traverser la Panaméricaine sera aussi difficile, sinon plus, et dangereuse que traverser les Andes sous la froidure.



La venue de l’entrée se laissant désirée, probablement que le cuisinier est confronté à des problèmes d’emballage résistant, plongeons-nous, oui j’en profite pour vous accompagner pendant la lecture, dans la nouvelle suivante, Une araignée au bout du fil de Dounia Charaf, qui nous propulse dans le désert, lequel pourrait être marocain. Nous voyons évoluer trois personnages, un spationaute et une policière accompagnée de son droïde. Le spationaute est à la recherche d’une jeune fille, la fille du gouverneur d’une station spatiale. A-t-elle été kidnappée, s’est-elle enfuie ? Alors que certains recherchent la quiétude d’un monde superficiel, d’autres s’en échappent revenant à la dure réalité et aux difficultés, mais dans un esprit de liberté.



Enfin nous sommes servis, je me suis effrontément installé à votre table afin de profiter de ce recueil dont le sommaire est plus appétissant et plus diversifié que le menu du supposé restaurant. Puis en attendant que le maître-queux procède à la décongélation du plat principal, je vous l’ai dit, la carte proposée est assez restreinte, du plat signé d’un célèbre cuisinier dont la figure est apposée sur les produits élaborés dans une cantine industrielle, reprenons notre lecture.



Et comme je suis d’humeur enjouée, malgré l’attente, je vous conseille Une nuit facétieuse de Chantal Robillard. Une quarantaine de congressistes débarquent à Venise afin de visiter la ville, la lagune, Murano, et éventuellement papoter selon un temps imparti. Justement en parlant de temps, il fait froid et la lagune est gelée. Alors pourquoi ne pas se rendre en cette île célèbre pour ses verreries à pied sur la glace, proposition du guide.



Le plat rapidement expédié, il ne valait pas le temps passé à une dégustation, reprenons notre lecture en attendant le plateau de fromages, des pâtes molles sans odeur, sans saveur, fabriquées à base de lait pasteurisé au lieu du bon vieux lait cru honni par les paranoïaques des bactéries.



Morgane Marchand dans La nuit avant l’envol nous offre un texte onirique, parabole de la chenille et du papillon ou de l’enfant et de l’adulte tandis qu’Andrea Lalex nous incite à suivre Nora, dans Point de vue, dans son devoir de mémoire. Perpétuer le Grand Cataclysme dans l’esprit et le cœur des hommes. C’est une marcheuse infatigable, et si certains la surnomme Nora la folle, les histoires qu’elle raconte sont fort prisées, même si on n’y croit guère.



Je quitte à regret ces quelques belles pages, et à peine le doigt levé que la note est déjà arrivée. Apparemment on est pressé de se débarrasser de moi maintenant. Ce qui m’arrange, je vais me poser sur un banc dans le parc voisin et vais pouvoir continuer déguster ce recueil en toute sérénité sous un arbre ombrageux. Car d’autres belles histoires m’attendent, écrites par des auteurs connus et reconnus, ou par de nouvelles plumes qui valent largement le détour, mettant leur talent pour développer un thème qui offre bon nombre de possibilités.



Et pour quoi ne pas suivre mon exemple ? Vous pouvez vous procurer ce volume en vous rendant sur le site de l’éditeur dont l’adresse est dans le lien ci-dessous.







Sommaire :



FAYE Estelle : L'obscurité entre les étoiles



CHARAF Dounia : Une araignée au bout du fil



ARRECHI Alberto : Rêve en haute mer



EHRENGARDT Renaud : Utoña



REY Timothée : Coucher de soleil sur Xkurulub



MONRAISSE Bérangère : Porteur de lumière



MARCHAND Morgane : La nuit avant l'envol



LARUE Ïan : Tête de hibou



DAVERAT Loïc : Poubelle la vie



ANDREVON Jean-Pierre : Scant



ROBILLARD Chantal : Une nuit facétieuse



MORENCY A.R. : Galéné



ANDREA Lalex : Point de vue



CERON GOMEZ Céline : Klaziennes



MARINES Johanna : Panem & Circenses



BAYLE Pascal : La dernière nuit du monde



SEDAN Mara : Eiréné



STEWARD Ketty : La mauvaise herbe



BELLAGAMBA Ugo : Sur la route d'Alcalà




Lien : http://leslecturesdelonclepa..
Commenter  J’apprécie          60




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Ketty Steward (227)Voir plus

Quiz Voir plus

Fleurs, fruits, livres, chansons 🌸🍓📘🎶

Quelle chaleur!😓 Heureusement, j'ai gardé une ... pour la soif.

pomme
poire

10 questions
349 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}