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Critiques de Kinga Wyrzykowska (75)
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Patte blanche

Roman abracadabransteque, caustique et à la folie douce.



Ou comment une famille bourgeoise bien rangée se désintègre insidieusement et s’installe dans une paranoïa effrénée par le biais des réseaux sociaux et de la peur des autres.



Un premier roman fort réussi, une vision de l’ère contemporaine finement interprétée . Une auteur à suivre.
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Patte blanche

°°° Rentrée littéraire 2022 # 31 °°°



Kinga Wyrzykowska s'est très librement inspirée du fait divers des reclus de Monflanquin, une affaire d'emprise mentale dont a été victime une famille de notables bordelais qui pendant dix ans s'était enfermée en son château. Plutôt que de s'approprier les lignes exactes de cette tragédie, elle a choisi de s'intéresser à la trajectoire folle qui peut conduire une famille ordinaire, privilégiée, maitrisant les codes culturels et intellectuels de la société française, a pu basculer dans un huis-clos total proche de la folie paranoïaque.



Lorsqu'elle nous présente les membres de la famille Simart-Duteil en 2015, ils sont l'incarnation de la splendeur bourgeoise triomphante. Il y a la flamboyante matriarche Isabella qui fête ses 70 ans au bras de son jeune mari, le patriarche étant décédé en lui laissant une fortune confortable acquise dans la construction d'autoroutes au Moyen-Orient.



Il y a leurs enfants : l'aîné Paul, journaliste politique, a eu son heure de gloire dans les années 80 et bouillonne de projets foutraques comme la création d'une chaîne Youtube de potins politiques ; Samuel, célèbre chirurgien esthétique, dirige une prestigieuse clinique et s'apprête à épouser une mannequin polonaise ; et Clothilde, archétype de l'épouse parfaite qui instagramme sa vie parfaite de mère de trois enfants. La bombe qui s'apprête à tout faire péter est l'irruption d'un fils caché syrien du père, qui pousse Paul a mobilisé ses troupes pour défendre la famille de cet intrus.



Dans cette tragi-comédie déjantée, c'est avec une jubilation savoureuse que le lecteur assiste à leur chute, à leur réclusion ( annoncée dès les premières pages ) dans leur villa normande. On se régale à voir les personnages se débattre en vain, les apparences se lézarder, la cohésion familiale affichée se déliter, les secrets nauséabonds éclater.



Kinga Wyrzykowska trouve d'emblée le ton juste et la bonne perspective pour faire exploser cette famille bourgeoise et lui faire mettre son intelligence en jachère. Son ironie corrosive, son talent à placer les personnages dans un flux incontrôlable d'événements, sa capacité à les placer dos au mur face à leurs paradoxes, tout cela rappelle furieusement la maestria d'un Jonathan Franzen. Les dialogues, sans filtre, insérés directement dans le récit, approchent au plus près la vérité de chacun et les ambiguïtés.



La famille apparait comme le théâtre de la société. Dans le contexte 2015 des attentats terroristes et du questionnement autour de l’immigration, Patte blanche dresse un portrait saisissant d'acuité d'une France névrosée, rongée par la peur de l'autre, par le complotisme, par la pensée décliniste, accro à la superficialité, avec les réseaux sociaux en éléments grossissants ou catalyseurs. Et sans jamais se goberger dans un discours théorique lourdaud, ce qui est certes salutaire mais rare. La critique de la somme des folies de notre époque est cinglante et d'une précision glaçante.



Le jeu de massacre est excellemment bien monté et découpé, la tension monte jusqu'à un dénouement astucieux et renversant qui remet les haines familiales au coeur du sujet, de façon très chabrolienne. Vraiment remarquable, intelligent et drolatique.



Lu dans le cadre de la Masse critique littérature de septembre 2022
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Patte blanche

Faut vous dire, Monsieur, que chez ces gens-là, on n’vit pas Monsieur, on n’vit pas : on triche !



Vous avez aimé les Plessis-Vaudreuil (Au plaisir de Dieu) ? Les Rambal-Crochet (Le Jouet) ? Alors vous allez adorer les Simart-Duteil que Kinga Wyrzykowska met en scène dans Patte blanche ! Une famille de roman d’avant, comme on les aime.



Depuis la mort de son mari qui a consolidé les actifs familiaux dans le BTP en Afrique, Isabella sa veuve un peu barrée vit à Yerville, en pleine campagne cauchoise. Une retraite animée des visites ponctuelles de ses enfants et petits-enfants.



Y a Samuel, le chir’ esthétique que le tout Paris s’arrache ; Clothilde, la mère de famille a priori rangée ; et Paul, le cadet gay et fantasque revenu vivre chez maman en attendant le rebond de son nouveau projet médiatique qui - ce coup-là c’est sûr ! - va cartonner.



Mais en aménageant, une caisse s’ouvre, un document se découvre, et le passé ignoré refais surface : le père n’a pas laissé que des autoroutes en Syrie, mais aussi un fils caché qui revient réclamer sa part du gâteau. Et fait s’écrouler les équilibres d’un château de cartes familial déjà fragile…



S’appuyant sur un fait divers réel, Kinga Wyrzykowska décrypte sous forme de farce aux traits grossis les mécanismes d’une de nos plaies sociétales contemporaines : le repli sur soi. Suppositions, fake news, amalgame, théorie du complot, peur de l’autre… tout y passe, nous faisant sourire et grimacer en même temps.



Ça n’est pourtant pas vraiment leur faute aux Simart-Duteil, famille anachronique à qui on n’a pas pris le temps de dire que le code avait changé, biberonnés à la préférence familiale avant de passer à la préférence nationale, dépassés par une situation dans laquelle ils ont toujours un coup de retard. À moins que…



Un joli premier roman, drôle, grinçant et surtout, prometteur !

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Patte blanche

Vous connaissez la famille Simart-Duteil?eh bien voilà, je vous la présente :

-Le père, magma des autoroutes,décédé ,laissant à sa famille de quoi vivre très aisément,, vivre dans l'opulence.

-L'irrésistible Isabella,veuve joyeuse qui fêtera ses 70ans ,mais qui en paraît 20 de moins ,grâce aux nombreuses interventions de chirurgie esthétique ,opérée par son fils Samuel,et qui s'affiche sans complexe avec son jeune amant.

Et voici les 3 enfants:

--Samuel ,grand chirurgien esthétique,dirigeant une clinique privée, connu et reconnu mondialement,pour ses inventions d'instruments révolutionnaires pour ses opérations du nez.

--Paul ,youtubeur ,influenceur ,oublié du monde de l'audiovisuel ,déçu et terriblement aigri, qui par tous les moyens essaie de se faire une place ,dans ce monde de chacals.

--Et Clothilde ,la plus sympa ,pour moi ,très naïve, mère au foyer, mais qui s'ennuie ferme,un peu fofolle,toujours prête à se lancer dans de nouveaux défis,comme aller secourir des réfugiés à Paris.

Voilà le tableau,tableau presqu'idyllique d'une famille bourgeoise " bon chic bon genre"où le " paraitre" dans leur milieu occupe une place primordiale,jusqu au jour où : pavé dans la mare: En faisant du rangement dans un carton,Paul découvre une vieille photo et pas n'importe quelle photo : Son père assis à côté d'une belle femme portant un bébé dans les bras eh oui,vous l'aurez compris ce bébé est leur demi- frère syrien:Feras.

Alors là ,fini la belle vie personne ne rit plus et leur monde s'écroule.Car leur " fabuleux " héritage " devra être partagé non pas en 3 mais en quatre. A partir de cette révélation, une avalanche de malheurs va déferler sur leur monde bourgeois et va faire vaciller leurs convictions.Il aura suffi d'un petit grain de sable dans la machine pour que leur édifice se fissure.

J'ai beaucoup aimé ce roman,Kinga Wyrzykowska nous fait une analyse toute en finesse de ce monde ,ce milieu devrais-je dire.Elle porte un regard très objectif ,d'une grande acuité ," écorche" très élégamment avec dérision chaque personnage,beaucoup d' humour ,c'est jubilatoire: L'épisode du bridge et des deux dents d' Isabella au restaurant m'a fait rire..

Pour un premier roman,félicitations, gros coup de coeur en ce qui me concerne.A recommander +++++.

Lu dans le cadre des sélections 1er roman de terres de paroles.⭐⭐⭐⭐⭐



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Patte blanche

Peut-être le style d’écriture ne m’a-t-il pas convenu, peut-être le sujet ne m’a-t-il pas intéressée, je n’ai pas apprécié ce roman quoique je reconnaisse la compétence de l’autrice.



L’action ? trop diluée dans un mélange d’informations en tous genres, depuis les petites culottes de la mère ou de la sœur, la constitution du sapin de noël, les préparatif des repas de famille, les soucis de santé et l’orientation sexuelle des uns ou des autres, les problèmes de couple …



J’ai bien perçu qu’un loup entrait dans cette bergerie bourgeoise et qui allait s’immiscer dans leur vie, mais les interventions trop ponctuelles et noyées dans le quotidien de chacun ne m’ont pas permis de prendre conscience du problème qui allait bouleverser chaque membre.



Les personnages, je n’ai pu m’y attacher, chacun trop personnel, trop individualiste, chacun vivant à côté de l’autre, chacun ses préoccupations, une vie de famille sans unité.



Je suis donc parvenue à la fin de ce roman, et je m’en félicite, mais j’ai certainement laissé passer trop d’information essentielle à la compréhension de ce récit. La fin m’a laissée de marbre.



Je vous livre mon ressenti sur ce roman, d’autres ont beaucoup aimé, lisez-le si vous en avez l’occasion.
Lien : http://1001ptitgateau.blogsp..
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Patte blanche

Dans la riche famille Simart-Duteil, il y a la mère Isabella, une flamboyante Italienne qui passe ses journées à lutter contre les marques du vieillissement.

Il y a Paul, l'aîné homosexuel et vilain petit canard, un influenceur politique qui peine à percer avec sa chaîne YouTube « Pol'Pot », Pot pour potins. Le quinquagénaire n'hésite pas à fricoter avec l'extrême droite pour développer ses projets.

Il y a Clothilde, desperate housewife hypocondriaque, mère de trois enfants, qui comble le vide de son existence en postant sur les réseaux sociaux des photos de plats qu'elle a réalisés et d'idées de décoration.

Il y a enfin Samuel, le cadet, chirurgien esthétique à la tête d'une clinique, qui n'hésite pas à rafistoler sa mère à coups de liposuccions quand sa peau fiche le camp. Il s'apprête à épouser une mannequin polonaise enceinte de ses œuvres.

Tout ce petit monde se prépare à fêter les soixante-dix ans de la daronne dans la propriété normande où celle-ci vit la moitié du temps.

Tout ce petit monde va jouer le jeu de l'entente familiale, sauf Paul, le mal-aîmé, qui excelle à mettre les pieds dans le plat.

Seul le patriarche manque à l'appel. Claude, magnat des autoroutes, est décédé quelques années plus tôt d'un cancer de l'œil. Isabella l'a remplacé par un certain Marco, « de quinze ans son cadet ».

En faisant du rangement dans les affaires de son père, Paul tombe sur une photo sur laquelle figurent une femme et un homme au visage indiscernable sur les genoux duquel un bébé est assis. L'individu au costume gris qui figure sur ce cliché pris à Damas, où Claude faisait du business, est-il son père ?

Nous le saurons rapidement. Le nourrisson a bien grandi. Il s'appelle Feras et annonce aux trois enfants « officiels » de Claude qu'il est leur demi-frère, qu'il souhaite quitter la Syrie pour rejoindre la France et, pour ce faire, qu'il a besoin d'aide.

Sur les conseils insistants de Paul, la fratrie décide de ne pas répondre à son appel au secours. Feras va alors se montrer menaçant, semant la paranoïa chez les Simart-Duteil qui se croient victimes d'un complot.

Contre l'adversité, il faut se serrer les coudes pense Paul qui transforme la maison familiale en bunker.

Premier roman déjanté et réjouissant faisant partie de la sélection 2023 du Prix Premières paroles, « Patte blanche » est un récit savoureux sur la comédie humaine qui sonde nos travers les plus minables.

Tous les personnages sont détestables et sont des miroirs de nous-mêmes avec nos petites lâchetés, nos trahisons, notre propension à médire, notre peur de l'étranger...

On rit beaucoup à la lecture de « Patte blanche » dont la narration est truffée de dialogues désopilants. Et la fin, modèle de twist, est surprenante.




Lien : http://papivore.net/divers/c..
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Patte blanche

J'ai lu Diabolique que j'avais apprécié comme une histoire réelle. Donc là, voilà un roman qui s'inspire de cette histoire.

On imagine mal à l'époque d'internet que cela se produise mais cela me semble pourtant tout à fait possible.

Il y a effectivement ce Pol Pot qui m'a interpellé surtout que cette chaîne Youtube s'adresse plutôt à des personnes un peu intellectuelles, donc peu probable, et pourtant la culture même chez les journalistes semble totalement absente au-delà de 5/10 ans max en arrière.

Je ne peux pas dire que la fin m'a surprise mais il y avait plusieurs possibilités donc pas de reproche à ce niveau.

Si quelqu'un peut m'expliquer le dernier chapitre, le 0' n'hésitez pas car je n'ai pas compris.

Voilà donc un livre qui se lit facilement, ou on ne cesse de se dire "Mais c'est pas possible! Non mais comment peut-on être si crédule?!).

Donc sympa, vite lu et vite oublié.

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Patte blanche

Très grosse (et très bonne) surprise pour ce roman !



La famille Simart-Duteil, est une famille plutôt bourgeoise, conservatrice, bien sous tous rapports et qui cultive une réputation sans histoires.

Dans la famille Simart-Duteil, je demande le père, Claude. Mort il y a plusieurs années d'un cancer. Il a fait fortune en construisant des autoroutes en Syrie.

Dans la famille Simart-Duteil, je demande la mère, Isabella. Une femme plutôt exubérante à tendance cougar.

Dans la famille Simart-Duteil, je demande les enfants : Paul, un journaliste raté qui veut se reconvertir en youtubeur politique, Clotilde, la mère au foyer, qui instagrame toute sa vie et Samuel, le plus brillant, qui dirige une clinique de chirurgie esthétique.

Quand un frère caché de Syrie leur écrit pour réclamer sa part d'héritage, le vernis de la famille se craquelle, les failles intimes se révèlent.

Toute la famille va s'enfermer dans un huis clos dans leur maison en Normandie et sombrer dans un espèce de délire paranoïaque mené par Paul, qui choisit de prendre en main la survie du clan. Une lutte pour la survie de la cellule familiale se met en branle. Et "l'étranger" a beau montrer patte blanche... il est loin d'être le bienvenu.



Voilà un des livres les plus intelligents que j'ai pu lire depuis cette rentrée littéraire !



Il aborde différent thèmes : les liens familiaux, bien évidemment, mais également la peur de l'autre, l'importance des apparences, les réseaux sociaux, etc... Attention, le ton du récit est très corrosif. Le portrait de cette famille a un goût de vitriol qui en rendrait presque jouissive sa chute. Ses membres sont une caricature de notre époque. Ils sont tellement poussés au ridicule qu'ils en deviennent attachants.

L'ambiance générale du roman est très pesante, on ressent comme une espèce de malaise tout au long de la lecture. On parcourt le livre avec le souffle court et on arrive quasiment essoufflé à la fin de l'histoire. Et d'ailleurs...ce twist final... une merveille !

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Patte blanche

PATTE BLANCHE de Kinga Wyrzykowska



Tout à coup, alors que vous alliez déposer les armes, à la fois gavé-e et vide, quelque chose se met à vibrer à l'intérieur. p10



Ce genre d'écriture me gave en effet et ne fait rien vibrer à l'intérieur. Alors, je comprends vite qu'il me faut rapporter ce livre à la bibliothèque et en choisir qui me procurera du bonheur.



Comment les Éditions du Seuil peuvent-elles publier ces inepties ?
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Patte blanche

Un récit très contemporain

L'histoire d'une famille avec son lot de secret, de déception, de ressentiment et de rancœur. Dans ce récit où l'angoisse monte crescendo, on assisté à une escalade de peur et de terreur qui vire à la paranoïa. Une question reste en suspens tout au long du récit : comment une famille peut en arrivé là et comment va-t-elle s'en sortir?

Dommage, le premier et le dernier paragraphe n'ont pas de sens dans le récit et gâche le plaisir du scénario.
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Patte blanche

Si les Simart-Duteil ont marqué notre esprit, c’est parce que cette famille est une caricature de la famille française vivant dans une maison bourgeoise. Elle cristallise à la fois nos ambitions et nos rêves. Et pourtant, si nous savions ce qui se cache derrière le vernis.



Chez les Simart-Duteil il y a Claude le patriarche, disparu depuis peu victime d’un cancer. Ce bâtisseur non pas de cathédrale mais d’autoroute, en particulier au Moyen Orient, a su mener sa famille à la baguette ; Isabella la mère, italienne belle et racée sur le retour ; Paul, Clotilde et Samuel, la fratrie pas toujours aussi solidaire qu’elle le laisse à penser.



Mais à la disparition du patriarche, un frère inconnu vient se manifester et réclamer sa place. Son étrange courriel arrive dans les boites mails de chacun, faisant planer une ombre malveillante sur la famille. Issu d’un mariage illégal en Syrie, il veut connaître ses frères et sa sœur. Tant qu’il vit en Syrie, tout va bien. Mais si les routes sont dangereuses et souvent mortelles pour les migrants, le chemin vers une famille parisienne aisée est bien tentant.



Commence pour Paul un véritable travail pour souder la tribu contre l’intrus. Paul qui avait été rejeté par tous du fait de son homosexualité devient l’unique conseiller et le soutien de la famille. C’est ainsi que chacun des membres de la famille va se terrer pendant des mois, loin de l’intrus, dans une résidence secondaire en Normandie.



Questionnements sur l’immigration, sur notre façon d’accueillir l’autre, celui que l’on ne connaît pas, mais aussi sur les attentats de 2015 et la façon dont ils ont transformé la société française, sur les relations parfois délétères des familles, le pouvoir de la séduction, de la manipulation, la jalousie, le pouvoir, le doute, les craintes, l’aplomb et l’assurance de certains et cette capacité à convaincre envers et contre toute logique.



Intriguant et perturbant, un roman qui se lit jusqu’au bout avec circonspection, puis à la fin avec comme une envie de tout reprendre depuis le début.



chronique en ligne sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2022/11/13/patte-blanche-kinga-wyrzykowska/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Patte blanche

Voici un livre étrange mais habile. ( Lu dans le cadre du prix premières paroles)

Au début je m'agace du style. Un style parlé d'aujourd'hui avec des expressions parfois incompréhensibles, une immersion dans les réseaux sociaux avec leur mode de communication si spécifique, des acronymes et les images qui vont avec. Face jaune qui s'interroge. Les dialogues et pensées sont directement insérés dans le texte... Je rame à saisir ce que dit l'autrice, reviens en arrière et relis....puis, comme dans une langue étrangère, l'immersion fait son œuvre et je saisis les subtilités de l'histoire et la psychologie des personnages. Je suis embarquée par cette histoire folle et pourtant inspirée d'un fait divers réel, celle des reclus de Monflanquin.

" Ils ont mis leur intelligence en jachère " nous dit l'autrice, reprenant la plaidoirie de l'avocat défenseur de la famille escroquée pour expliquer comment un groupe de personnes cultivées peut se laisser totalement manipuler et dépouiller.

Dans ce livre l'autrice s'inspire de ce fait pour nous raconter une histoire d'emprise et de paranoïa collective qui s'alimente de la peur que génère notre société. Nous sommes dans le contexte des attentats de 2015 ( Charlie et le Bataclan), de la peur des terroristes qui peuvent se cacher derrière chaque migrant. Les réseaux sociaux sont une voie royale pour véhiculer les théories complotistes les plus extravagantes, qui pourront néanmoins être gobées sans discernement. Les commentaires des "influenceurs" font et défont les notoriétés : les avis se construisent sur du vide, nul besoin de connaissances, de faits vérifiés, l'important c'est d'être réactif et d'être "liké". Les différents personnages sont tous pris, d'une manière ou d'une autre, dans cette frénésie de reconnaissance. La mère qui a 70 ans veut rester jeune à tout prix! Samuel le chirurgien esthétique qui veut être reconnu par ses pairs pour une invention qui permet de faire des rhinoplasties parfaites. Clotilde, qui après avoir suivi son mari muté au quatre coins du monde, s'épanouit en partageant des recettes de cuisine sur des blogs. Paul, "youtubeur" en perte de vitesse qui s'imagine être un journaliste, fraie avec l'extrême droite. Un mail venu de Syrie, d'un demi-frère dont l'existence leur était inconnue est l'élément déclencheur de cette paranoïa qui va crescendo. L'insuffisance d'attention et d'amour dans l'enfance peut créer une fragilité psychologique, terreau propice à la manipulation. Les conjoints et enfants sont emportés eux aussi. C'est le confinement avant l'heure! Paul organise la protection de la famille, recluse à Yerville en Normandie.

Montrer patte blanche signifie prouver son identité pour rentrer dans un lieu. L'expression est attribuée à une fable de Jean de La Fontaine, Le loup, la chèvre et le chevreau. Et comme nous dit Kinga Wyrzykowska "les chevreaux s'affolent plus vite que les loups". Ils comprendront peut-être que le loup est dans la Bergerie.

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Patte blanche

J’ai toujours été fascinée par les sorties de route impromptues de ceux qui choisissent de vivre dans un univers parallèle. Je ne parle pas des lecteurs d’horoscope ni même des porteurs de bracelets censés réduire leur cholestérol -après tout, j’ai moi-même longtemps cru au Père Noël-, non, je parle des grand barrés, qui croient la terre plate et Trump véritable président des États-Unis.

« Patte blanche » raconte comment une famille française bourgeoise peut , malgré un capital social et culturel appréciable, basculer du côté obscur. En réalité l’éducation n’en peut mais, et, tout bourgeois ou prolo qu’on soit, ce sont les mêmes causes qui produisent les mêmes effets : et en tout premier lieu la peur du déclassement. Que nos compétences ne soient plus reconnues, que l’âge nous rattrape et nous prive de la certitude de rester toujours jeune, que la France éternelle glorieuse et civilisatrice soit devenue un objet de haine, et nous voilà bousculés dans nos certitudes, et, sommés de reconnaître les faits têtus, obligés de maintenir le monde extérieur à distance pour ne pas transiger avec nos certitudes.

Il est d’ailleurs intéressant de voir que c’est celle qui avait le moins d’illusions sur sa capacité à endosser son rôle social qui cède la dernière aux sirènes complotistes.

Les liens du sang (qui ne sauraient, par définition, mentir) deviennent les seules relations sociales encore possibles. Mais la famille aussi n’est qu’un fantasme, Mauriac rejoint Qanon, et les haines familiales cuisent et recuisent dans le grand chaudron des réseaux asociaux.

La famille Simart-Duteil resserre ses rangs autour de la mère et de ses trois enfants, et semble incarner les quatre cavaliers de l’apocalypse, chacun chevauchant un des grands maux de notre époque: Internet, le refus de la vieillesse, le vide existentiel à la recherche d’une cause susceptible de le combler, la science. Oui, la science réduite à un déterminisme qui justifie les pires raccourcis : « comme par hasard! »

Bref, un livre malin mais globalement opportuniste, qui m’a intéressée sans remettre en cause mes convictions. Sur un sujet pareil, c’est ballot.
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Patte blanche

❝L’intelligence est toujours présente, mais comme en jachère. Elle est inhibée.❞

Christine de Védrines, Nous n’étions pas armés



❝Ils sont emblématiques d'ailleurs, entre parenthèses, de notre société abêtie, léthargique, qui a mis son intelligence en jachère pour se contenter de faux-semblants, de vérités idéologiques, qui refuse de regarder la réalité telle qu'elle est. ❞



Pour son premier roman, Kinga Wyrzykowska s’inspire d’un fait réel, celui des reclus de Monflanquin, quand la famille de Védrines, victime dix ans durant d’un escroc particulièrement retors, fut contrainte à la réclusion dans la demeure familiale lot-et-garonnaise. En reprenant presque à l’identique une citation que l’on trouve dans le livre de Christine de Védrines, l’une des onze reclus, Kinga Wyrzykowska ne s’en cache pas et dessine elle-même la filiation, même si la fin qu’elle choisit, astucieuse en dépit d’un suspens à mon avis pâlichon, n’a rien à voir avec le drame vécu par les de Védrines et donne un tour inattendu à l’histoire des Simart-Duteil.



❝Il faut confire, tous ensemble à l'intérieur, ça fait partie du jeu.❞



Mon entrée dans ce roman, au demeurant bien ficelé et d’une férocité enthousiasmante, n’a pourtant pas été facile. Un chapitre 0 (!), en écriture inclusive, a failli avoir raison de ma lecture. Un autre, 0’ (re-!), clôt le roman, mais à ce moment-là j’étais déjà conquise, bien que j’aie eu assez tôt une idée précise du retournement final dont je ne dirai rien bien sûr. De même, les dialogues insérés sans guillemets ni cadratins déconcerteront certains lecteurs ; et pourtant cette intrusion formelle dans le corps du texte est particulièrement bien vue ; on est immergés dans le flux, on se laisse porter, voire engloutir avant de se rendre compte que tout cela n’est que manipulation, le lecteur n'étant pas mieux loti que certains personnages.



L’un des intérêts est dans la bascule que le récit opère dans son dernier tiers.



❝Putain, grogne Paul, nous sommes une famille, nous sommes là pour nous épauler. Regardez tout ce qui menace autour de nous. Si tu ne comprends pas ça, Antoine, tu dégages. Si t’as pas envie de faire partie de notre cellule, notre cellule familiale, soudée et saine. Exactement, saine. Parce que le monde est malade et que nous développons des anticorps pour lutter. Tu es ivre, Paul, on en reparle demain. Je vais aller me coucher. Mais alors tu retires, Antoine, tu retires. Je retire, Samuel, et je vais me coucher.❞



Mais qui sont donc les Simart-Duteil ?

Ils sont les héritiers d’une fortune confortable que Claude, leur défunt père, a bâtie dans les travaux publics et la construction d’autoroutes, principalement au Moyen-Orient. Aujourd’hui reste sa veuve Isabella, une Italienne, qui livre une lutte sans merci contre les marques de l’âge grâce tant aux interventions de Samuel son fils chirurgien esthétique qu’à la présence de Marco, son amant de quinze ans son cadet. Outre Samuel sur le point d’épouser la mannequin polonaise qui porte son enfant, la fratrie compte aussi Clothilde, mère au foyer de trois enfants, dont le nombre de vues du compte Instagram tente de pallier la vacuité de l’existence ❝ça fait des années que je vis comme une morte❞ ; et Paul, l’aîné, Youtubeur qui a connu un éphémère moment de gloire à la télévision auprès de Thierry Ardisson, gloire si lointaine que les vieilles connaissances évitent de le croiser dans les allées du Racing-Club de France, le laissant quelque peu amer.



Ce petit monde se retrouve dans la grande propriété normande d’Yerville pour fêter les soixante-dix ans qu’Isabella porte avec beaucoup d’élégance et autant de Botox.



Quand Paul, faisant du rangement, tombe sur une photographie prise près de trente ans auparavant à Damas, sur laquelle leur père pose avec une inconnue et un très jeune enfant, le vernis des Simart-Duteil se craquelle.



❝Au dos de la photo, quelques mots, au crayon à papier :

Ma Chadia et Feras, Damas, automne 88.❞



Si son frère, sa sœur, Antoine son époux et leur mère ne prêtent que peu d’attention à cette photo et aussi peu de crédit à cette histoire rocambolesque, Paul n’en démord pas : Feras est leur demi-frère, l’enfant caché de Claude. Après tout, l’homme d’affaires ne passait-il pas beaucoup de temps loin de sa famille, au Moyen-Orient ? Qu’il y ait mené une double vie est-il à ce point inconcevable ? Peu à peu Paul met le vers dans le fruit.



Quand Feras, contraint de fuir la Syrie en guerre, leur envoie un message leur demandant de l’accueillir en France et de lui fournir une lettre à cette fin, ça en est bien fini de la belle assurance des Simart-Duteil, d’autant que le dénommé Feras se montre de plus en plus insistant, de plus en plus intéressé par sa part de l’héritage. Comme le disait Jacques Chirac coaché par Michel Audiard, ❝Les emmerdes c’est comme les cons, ça vole toujours en escadrille❞. Et voilà que Samuel est attaqué par une patiente, influenceuse maghrébine, insatisfaite du résultat de sa rhinoplastie ; qu’Isabella perd ses dents et est contrainte de fuir le beau et jeune Marco pour qu’il ne soit pas témoin de sa déchéance physique… Bref, chez les Simart-Duteil, tout part en quenouille. Pour se protéger de l’arrivée imminente de Feras, la seule solution qu’ils entrevoient, sur les conseils de Paul, est de se retrancher dans leur demeure d’Yerville pour n’en plus sortir.

Aux grands maux…



Commençant comme une critique de notre société, de la superficialité des relations à l’ère des réseaux dits sociaux, du marasme dans lequel s’englue notre gouvernance et, partant, le pays, de la peur de l’autre qui y fait son lit (le récit se situe au lendemain des attentats de 2015), Patte blanche finit par une destruction en règle des relations familiales mises à mal par l’avidité de quelques-uns. La chute de la maison Simart-Duteil est habilement orchestrée par Kinga Wyrzykowska. Leur repli sur soi s’écrit en miroir du repli de la société française sur elle-même, sonnée par les attaques terroristes contre le Bataclan et Charlie Hebdo, et depuis toujours rétive à l’accueil des réfugiés. Tout y est d’une stupéfiante clairvoyance, peut-être parce que l’œil qui regarde est étranger, né en Pologne et donc dénué de complaisance chauvine. L’autrice va à l’essentiel : les personnages sont brossés rapidement, on pourra au passage regretter que certains (les enfants, le mari de Clothilde, Marco par exemple) soient à peine esquissés ; les phrases sont courtes, d’une précision horlogère pour raconter avec un humour virulent la descente aux enfers d’une famille en apparence bien sous tous rapports qui va apprendre à ses dépens : primo, que la vengeance est un plat qui se mange froid ; secundo, que le pire des dangers ne vient pas toujours de là où on croit.



❝Souvent, celui qui découvre le pot aux roses, descelle le placard aux cadavres, soulève les draps incestueux, confesse avoir éprouvé, en dehors de la stupeur prévisible, une délivrance, la confirmation du fait qu’il n’était pas fou, que tout ce qu’il pressentait, imaginait — savait — était bel et bien, un jour, advenu.❞



Patte blanche est un réjouissant premier roman qui visite nos craintes contemporaines (immigration et complotisme en tête) avec férocité et humour, en même temps qu’il sonde les histoires nauséabondes qui empoisonnent lentement les familles. Alors oui, tout n’est pas parfait, telles ces quelques coïncidences qu’on dit heureuses qui m’ont mise assez rapidement sur la voie du dénouement, mais les boîtes du chamboule-tout sont suffisamment bien agencées et contiennent la bonne dose de critique sociale, de ridicule et de réalisme pour que l’on passe un très bon moment en compagnie des Simart-Duteil que l’on s’amuse à détester et dont on savoure la chute le sourire aux lèvres. ❝Rien de tel que la peur pour se sentir vivant❞, tenez-le-vous pour dit !



Premier roman, lu pour la sélection 2023 des #68premieresfois


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Patte blanche

Dans un style d'écriture parlé, l'auteure nous livre l'histoire atypique d'une famille, bien sous tout rapport, qui pourtant va faire parler d'elle.

Paul est journaliste, Samuel, chirurgien esthétique dont la clinique est réputée. Leur sœur Clothilde est mariée à Antoine. Tout va pour le mieux pour eux.

Mais un élément va venir perturber cette famille bourgeoise: l'apparition de Feras, un syrien, fils caché du patriarche Claude, décédé. Dans la France de l'année 2015, cette nouvelle a un effet dévastateur sur leur famille. La peur de l'autre, ce Feras qui va réclamer une reconnaissance familiale avec tout ce que cela implique, va les faire réagir de façon surprenante.

L'écriture de l'auteure m'a totalement happée par son style. L'histoire est passionnante et prenante.

Une belle découverte!
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Patte blanche

Quatrième titre lu dans le cadre de la rentrée littéraire et c’est peut-être, pour l’instant, celui qui a fait le plus long chemin dans mon esprit pour que je l’apprécie à sa juste valeur. Je viens de voir qu’il a été sélectionné pour le prix Stanislas (comme le roman de Laura Poggioli Trois sœurs, par d’ailleurs), un prix qui récompense le meilleur premier roman de la rentrée littéraire. Il s’agit donc d’un premier roman, pour Kinga Wyrzykowska, l’histoire de ce qui pourrait être un fait divers totalement fictif parmi d’autres, celui d’une famille bourgeoise de la Seine-Maritime, qui a fini par se cloîtrer et vivre en autarcie dans la demeure familiale. Si cela ne manque pas de nous rappeler quelques cas qui ont été médiatisés, je pense ici aux reclus de Montflanquin, que l’auteure en outre ne manque pas d’évoquer, ce n’est pas d’un simple phénomène sectaire dont il s’agit. Même, si visiblement, cette réclusion s’est opérée selon les mêmes mécanisme d’emprise, de haine, de repli sur soi qui induisent les replis sectaires.



Les deux épigraphes nous mettent, en amont, sur la direction que prendra le récit de Kinga Wyrzykowska. L’auteure a choisi deux citations d’auteurs qui comme elle ont émigré : le premier aux mêmes origines qu’elle, Witold Gombrowicz, la seconde auteure est bulgare d’origine, Julia Kristeva. Davantage que l’emprise d’un individu sur un groupe, c’est la rencontre avec l’étranger, celui qui est différent, de langue, de nationalité, de religion, de peau. À cette fin, l’auteure a choisi une nationalité, du moins une religion, qui est en plein cœur des débats franco-français depuis quelques années et qui ne fait que s’intensifier avec les vagues de réfugiés que la France ne cesse de repousser. Elle a choisi une famille de la bonne bourgeoisie française au nom ronflant, Simart-Duteil, aux apparences qui le sont tout autant, mais qui derrière cette façade de faux-semblants et de bien-pensance laisse place à des non-dits et secrets qui ne demandent qu’à s’éventer. Les primes abords, en particulier les portraits des protagonistes sont, à mon sens, un peu caricaturaux : l’aîné de la fratrie Paul se présente comme un youtubeur très à droite, qui gravite autour d’un homme des médias qui a de drôles de ressemblances avec un Vincent Bolloré. Le cadet, Samuel, est à la tête d’une clinique de chirurgie esthétique, dans la recherche éternelle du nez parfait, et en pleine romance avec sa nouvelle fiancée, Monika, mannequin de son état. Et enfin, Clothilde, la sœur, mère de famille bourgeoise, toujours prête à tenter une recette de pain à l’épeautre bio et sans gluten pour nourrir sa descendance chérie. N’oublions pas Isabella, la mère, et veuve, qui n’est pas en reste : fière de ne pas faire son âge, grâce aux injections hyaluronisées de son médecin de fils, elle rayonne dans les rôles de grand-mère pétillante et de femme amoureuse aux côtés d’un homme plus jeune qu’elle. Tous évoluant dans le cadre de cette belle demeure familiale à Yerville, au Clos, qui ne manque pas d’attirer tous les regards environnants.



Ils auraient tout de la parfaite famille bourgeoise, si, comme souvent, les secrets et les blessures encore à vif du passé ne resurgissaient pas, aidés par un Paul acrimonieux et écumant d’une rage latente, avec visiblement des comptes à régler inscrites sur son échéancier. Paul est cet élément perturbateur, toujours à part dans la famille Simart-Duteil, et ressuscite ces secrets de famille, embaumés dans la poussière des cartons, qui leur tenaient lieu de linceul. Paul a mis le feu aux poudres : à partir de là, on observe avec effroi la spirale infernale qui tissera sa toile sur tous les membres de cette famille, c’est celle du doute, constant, de la peur, de l’angoisse, qui s’accroissent au fur et à mesure du roman.



L’histoire monte progressivement en tension, Je n’arrivais pas à comprendre ou Kinga Wyrzykowska souhaitait nous emmener, au-delà des constations de tendances xénophobes de plus en plus claires pour cette partie du Moyen-Orient. Le bon coup de semonce final, réservé au lecteur, et dont la famille se verra exclue, donne plus de profondeur et de complexité à ce roman et l’élève à un autre niveau que celui du simple constat identitaire, qui n’est d’ailleurs pas l’apanage de la France. Je vous laisse le plaisir de la découverte de ce retournement de situation, qui m’a laissée pantoise : à aucun moment du récit, je n’ai pas eu l’ombre d’un soupçon de ces révélations à venir. Elles laissent un goût doux-amer, celui d’avoir trouvé la bonne voix pour écrire ce roman, celui d’une société hargneuse, prête à tout, et dotée désormais d’outils numériques surpuissants, pour se préserver, ou s’immerger dans le formol – c’est comme on veut- d’un voisin lointain qui a eu la mauvaise idée de ne pas vénérer la même idole, et d’avoir le grain de peau qui a trop pris le soleil.



C’est un premier roman, qui a la qualité de remettre les choses à l’endroit sur notre société qui a cédé les amarres face à une tripotée de millionnaires, de médias, de médiateurs et manipulateurs qui ont la main mise sur les informations que nous voyons, lisons, écoutons. Et qui s’en servent pour faire leur petit travail de sape afin de conserver leurs petits privilèges, dont celui de vivre dans une société ancrée dans une image écornée qu’ils cherchent à conserver à tout prix. Les origines étrangères de l’auteure donnent un retentissement unique à roman, nous apporte un éclairage autre. C’est un roman, classé dans la littérature française, mais de portée universelle, sans aucun doute.
































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Patte blanche

La quatrième de couverture de ce livre aux avis contrastés m'a attiré. J'avais envie d'être surprise et je ressors mitigée.



Certains aspects de cette lecture m'ont beaucoup plu : la description de chacun des membres de cette famille avec leurs fêlures et leurs pots cassés bien cachés derrière le vernis par exemple est un plus dans ce roman, l'auteure prend soin de nous brosser le portrait de chacun et c'est délicieux.



Par contre  je me suis un peu noyée dans le style d'écriture, parfois, je ne savais plus trop où en était l'auteure, où elle voulait m'emmener. Je n'ai pas été surprise par le dénouement mais complètement desarçonnée par le chapitre 0' en trop peut-être ? J'ai dû relire le chapitre 0 pour comprendre l'auteure.



Une lecture intéressante toutefois, un roman de la rentrée littéraire à découvrir.
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Patte blanche

La famille Simart-Duteil est la parfaite illustration de la bourgeoisie flamboyante qui assume sans hésitation sa réussite sociale. A la tête de cette tribu, Isabella, rayonnante septuagénaire à qui le mari a laissé, à son décès, un capital conséquent dont elle profite aux côtés de son jeune compagnon. Elle est entourée de ses trois enfants, Paul, Clothilde et Samuel ainsi que de ses petits enfants. Même si les apparences sont flatteuses, les relations n’en demeurent pas moins « fluctuantes », influencées par les divers conflits qui ont perturbé l’entente familiale, souvent liés à la fortune ou aux décisions prises par le patriarche, en faveur ou en défaveur de certains enfants.

Cette parfaite image d’Epinal sera pourtant perturbée lorsque le fils aîné, Paul, découvrira une photographie ancienne, sur laquelle il reconnaît son père, en Syrie, en compagnie d’une jeune femme et d’un bébé qui semble être leur fils. Peu de temps après cette découverte que Paul a partagée avec sa famille, cet enfant « caché », devenu adulte, prend contact avec sa « fratrie », demandant leur assistance pour quitter la Syrie. Ce message sera le point de départ d’une descente aux enfers, matinée de vengeance et de machiavélisme.

La plume de l’auteure, parfaitement maîtrisée, parvient à capter toute notre attention, sans relâche, jusqu’au dénouement final. Au delà d’un récit bien mené, ce livre aborde adroitement différents problèmes de notre société et plus particulièrement les risques de manipulation, en surfant sur les angoisses et les psychoses de notre époque. Une belle lecture.

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Patte blanche

Nous avons la Jonathan Franzen francophone. Elle s’appelle Kinga Wyrzykowska. Retenez bien son nom. Pas facile comme ça a priori mais on va s’habituer. Car on n’a pas fini d’entendre parler d’elle. Enfin je l’espère. Vous avez aimé « Les corrections » ? Vous aimerez « Patte blanche ».

Une famille aisée, « des gens bien », que vous enviez avec leur grosse maison à tourelle, leur allure, leur classe. Le père, Claude, a fait fortune dans la construction d’autoroutes au Moyen-Orient. Quand il se retire, il investit sa fortune dans une clinique de chirurgie esthétique pour son cadet. La mère, Isabella, est toujours une femme sublime, qui vit avec un homme de l’âge de ses enfants depuis le décès du père. Les trois enfants, Paul, ont a priori une vie accomplie. Une véritable success story. A priori. Car lorsque Paul découvre qu’ils ont un demi-frère caché en Syrie, et que ce dernier pour fuir la guerre arrive en France, c’est la panique ! Surtout en cette période d’attentats islamistes… Ainsi dans la famille les secrets se révèlent, les vrais visages se découvrent.

A travers l’histoire déjantée de cette famille bourgeoise, nous avons un portrait au vitriol de la société actuelle : culte de l’image, pièges et ravages des réseaux sociaux, rapports de chacun à l’immigration et à l’islam. Toutes nos peurs (peur de vieillir, peur de l’autre, peur de ne pas être dans le coup), qui peuvent nous faire perdre le sens des réalités.

J’adore l’écriture de Kinga Wyrzykowska, très directe, cash, dans l’air du temps. Pas de temps à perdre avec les tirets pour les dialogues, ils sont fondus enchainés dans le corps du texte, mélangés aux descriptions (et on arrive bien à savoir qui parle). Ça fuse. Ça claque. Bim Bam. Ça déménage. Et ça part complètement en vrille, et c’est jouissif !

Un excellent moment de lecture que je vous recommande sans réserve.

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Patte blanche

Un très bon roman que je viens de lire avec grand plaisir. Très rythmé, avec des personnages hauts en couleur, au sein d'une famille à la fois déjantée et finalement banale dans sa folie douce qui la mène au pire ; des comportements contemporains observés avec acuité.

Bravo !! Lecture dans le cadre des @68premieresfois
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