"Robert Desnos est un être plein de lumière, d'optimisme ravageur. (...) C'est un moteur d'espoir, d'espérance (...) Il aime l'homme, l'humain, le peuple ; il est au-dessus de toute discrimination."
C'est autour du titre "L'art plus fort que la barbarie" que ce sont rassemblés la romancière Ysabelle Lacamp, l'historienne de l'art Marie Cantos et l'éditeur Bruno Doucey à l'université permanente de Nantes. Une conférence centrée autour des figures des poètes Robert Desnos et Ceija Stojka.
Le roman d'Ysabelle Lacamp : https://bit.ly/2Aa1uR6
Le recueil de Ceija Stojka : https://bit.ly/2rNQK6l
Réalisation © Thibault Grasset.
+ Lire la suite
Arrivée au détour de la longue galerie ouvragée qui relie le Pavillon des femmes au bâtiment principal, Shu-Meï ralentit l'allure et se compose un visage de circonstance.
La lune est claire et ronde
je navigue sur le fleuve
au-dessous de moi, l'eau, c'est le ciel.
[Les nazis tournèrent à Terezin des films de propagande, visant à montrer ce camp comme un "ghetto idéal" pour les juifs.]
Un film, oui, censé montrer la journée type du juif le plus heureux sur terre grâce à la magnanimité et à la munificence du Fürher.
Match de foot, atelier de couture bourdonnant, folle et trépidante session de jazz au Stadtkapelle : «Regardez comme ils sautillent ! Regardez-les se tortiller ! »
Un film, un vrai, avec ses décors en trompe-l’œil, ses fausses échoppes où rien n'était vendu, son café musical où l'on ne pouvait pas boire de café, ses bains publics sans canalisation, sa banque aux faux clients et aux faux caissiers, et même ses dizaines de landaus tout neufs paradant sur la grand-place au soleil à défaut de ne jamais voir l'ombre d'un bébé !
Je reste fasciné par tes yeux qui me fixent, comme deux énormes lacs transparents, si clairs, si profonds, si sincères, que j'aimerais me perdre dans leur onde.
Il suffisait que sa porte s'ouvre et que je me réfugie dans ses bras pour oublier ce brouillon de culture grouillant de mensonges qu'était devenue mon existence.
Si l'Amour avait le pouvoir de soulever des montagnes, de bouleverser l'Ordre et de se rire de la Loi, la Société, elle, pour ne pas sombrer, veillait à ce que les préjugés ne s'éteignent jamais. Voilà pourquoi il était si difficile de s'aimer quand on n'était pas de la même race ni de la même couleur.
La vrai beauté, ce n'est pas forcément ce qui est parfait. tu peux la trouver dans la laideur comme tu peux admirer une toile de maître sans que son esthétique te fasse vibrer.
Assis à ton chevet, j'observe les petits poissons transparents battre des nageoires derrière tes paupières, puis ta nuit d'aquarium se dissiper lentement.
Terezín, au doux nom choisi en l'honneur de la mère de l'empereur, qui aurait cru alors que tu deviendrais tombe à ciel ouvert de milliers de Juifs?(...)
Terezín...étrange Babel du désespoir ou l'on parquait les Juifs pour mieux les envoyer mourir...
A cette époque comme sous la précédente dynastie Tang, les moeurs étaient relativement permissives, surtout si l'on tient compte d'une certaine décadence engendrée par cette situation anarchique.