Lanza Del Vasto

Une herbe simple m'intimide.

Les mots diffèrent pour exprimer ce qu'on y reçoit : non-violence, conversion, cohérence, unité de vie... mais au-delà des mots, des vies sont transformées.

Qu’est-ce que manger du Fruit de la Connaissance, sinon tirer de la Connaissance un profit, non pour les yeux, ni pour l'intelligence, ni pour le cœur, mais pour le ventre ?

Le nombre des imbéciles dépasse celui des prudents et des sages.

Il est des moments dans la vie où l'on demeure béant, sur le bord de tout comprendre.
Peut-être même est-ce fait, mais pour un temps si bref qu'on n'est pas tout à fait sûr que ce soit plus qu'un rêve. Toutefois la vie entière en est illuminée.

De toute ma vie, je n’ai rencontré qu’un seul homme qui m’ait dit : « Je suis un homme comme tout le monde. » Tous les autres m’ont affirmé avec force ou m’ont laissé entendre qu’ils n’étaient pas comme les autres. Tous étaient exceptionnels, excepté celui-là. Celui-là, c’était Gandhi.

Les sages savaient que le savoir n’est un bien que s’il est accordé avec toutes les vertus de celui qui sait ; qu’un savoir débordant, disproportionné, éclatant, versé dans une nature basse ou insuffisamment filtrée, non seulement n’est pas un bien mais est un mal total.

S’ils savaient la saveur de ta Sagesse
Pourquoi cracheraient-ils

La Science se prête à n'importe quelle application, la conscience, non.
L'intelligence se plie à n'importe quelle combinaison, la sagesse, non.
Le pouvoir peut n'importe quoi, la maîtrise de soi, non.
L'Argent se prête à tous les usages, mais l'honnêteté, non.
Le courage se donne à n'importe quelle cause, mais la charité, non.
La Force peut servir n'importe quelle fin, mais la Non-Violence ou Force de Justice n'est efficace qu’à servir la Justice.

Pour la préparation à la non-violence il n'est pas besoin de se procurer un attirail coûteux, ni de se déployer sur un terrain de manœuvres. Mais il faut s'y exercer assidûment, sans ménager ses peines, et de trois façons, en secret, en privé, en public.

On parle de la non-violence comme d'une technique ou d'une tactique, mais elle n'est rien de cela, sinon par manière d'image. Elle n'est ni un procédé, ni une recette, ni un système. « Elle est une manière de faire qui découle d'une manière d'être. »

Un homme qui ne sait pas nager comment réussit-il à se noyer ? Le corps est plus léger que l'eau et flotte naturellement, comment réussit-il à le noyer ? Il prend peur, croyant qu'il coule, il se débat et aussitôt il coule. L'homme qui tombe à l'eau du dénuement n'a qu'à s'y détendre en souriant aux anges. Alors il flotte.

Si l'on ne mentait pas du tout ; le péché deviendrait impossible et tous les malheurs du monde sécheraient au soleil .

Quand nous serons rentrés dans la terre, dedans
Nous qui marchons tatonnant sur la marge,
Quand nous aurons enfin gagné le large
Que nous cahchait le jour et nos regards ardents

Alors, du haut du mur qui borde nos espoirs
Nous pourrons contempler la place ou nous vécûmes
Cherissant notre cendre et cherchant notre écume
Mais les éclats du jour blesseront notre soir.

[... ]

Si l'on mentait pas du tout , le péché deviendrait impossible t tous les malheurs du monde sécheraient au soleil .

Comme je me pressais sur le quai de la gare dans la foule, un adolescent me prit des mains mon ballot et, comme je résistais : «Ne croyez pas que ce soit pour de l’argent, monsieur », dit-il, et il courut me retenir une place dans le wagon.

Quand je fus installé, il me demanda : «Quel est votre pays ?» Je le lui dis. «Et, reprit-il, vous portez le dôti de Kaddhar ?» Or, c’est à la robe filée à la main que se reconnaissent les fervents de Gandhi.

«Gandhi-Djî ? demanda-t-il.

– Oui Gandhi-Djî.

–Merci », dit l’enfant rougissant de plaisir, et il repartit.

Oui le monde est fait comme une roue ! Et Révolution veut dire Tour de Roue. C'est pourquoi une révolution ramène ce que la précédente avait emporté. Avec de grands cris, avec des flots de sang, avec des monceaux de têtes coupées, au milieu d'un délire populaire, on avait renversé une puissance décrépite, décorative et débonnaire. Et puis après un peu plus d'un siècle de déceptions, de convulsions, de guerres civiles et nationales, avec des grands cris, avec des flots de sang, avec d'autres monceaux de cadavre et de nouveaux délires populaires, on est arrivé à mettre sur pied une puissance toute neuve, renforcée de tout ce que la science et la technique moderne ont de plus pénétrant, corrosif, virulent.

C'est un fait qu'une des causes principales des Grands Fléaux qui battent en brèche le genre humain depuis le commencement de l'histoire a, semble-t-il échappé aux penseurs, qu'ils soient Réformateurs ou Prêcheurs de morale. Est-ce pour sa légèreté qu'elle leur échappe ? On s'étonnera peut-être de l'entendre nommer par son nom, car ce nom n'inspire ni la terreur ni l'horreur. C'est même un nom assez plaisant : c'est l'Esprit de Jeu.

Misère, Servitude, Guerre, Sédition : quatre sont les fléaux qui frappent les cités humaines et les royaumes depuis les commencements des temps. Passifs les deux premiers, parce qu'on les subit sans les faire. Ce sont des états de choses et non des évènements, mal chronique, endémique, régnant à toute époque et sous tout régime, rançon, semble-t-il de toute civilisation. Actifs les deux autres, parce qu'on les prépare, prémédite et conduit, différents pourtant des actes volontaires par leur caractère inéluctable et comme fatal.

Si tu te sent malade, au lieu de te coucher va et courre cent lieues aussi vite que tu peux, et tu trouveras la santé au bout du chemin.