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Citations de Laszlo Krasznahorkai (133)


cela ne colle pas, à Dubrovnik, aussi je dis non à Dubrovnik, refusant Dubrovnik, et une fois de plus, je cherche un bateau, non pas parce que un séjour sur l’eau parait plus sûr que de d’errer sur terre, mais, comme toujours jusqu’à maintenant, juste parce que, juste parce que les choses se présentent, tout comme je suis une paire de pieds, une paire de pieds dans de petites chaussures rouges ». et ce sera l’ile de Korčula, « pas foncièrement hospitalière, comme si tous ceux qui ont vécu ici trop longtemps, ce qui a peut-être à voir avec la Bora, ce diable de vent froid, qui est sans doute invoquée trop souvent dans ces régions, comme si la Bora, avec sa mauvaise réputation les avait maudit et affligé d’un tel tempérament morose ». Résultat, « juste après minuit la Bora arrive, et à l’aube il est transi jusqu’à la moelle
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Je n’ai besoin de rien d’ici-bas
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La vitesse désirée a été atteinte, et lui seul - et c'était à nouveau l'interprète simultané qui parlait, le condamné au visage livide de Nine Dragon Crossing - lui seul ne comprenait pas pourquoi nous avions besoin d'une telle vitesse, vitesse qui d'ailleurs devrait bientôt être augmentée, Dieu n'y a-t-il personne, cria-t-il maintenant dans le firmament illuminé artificiellement de Nine Dragon Crossing, personne qui comprend que nous n'avons tout simplement pas besoin d'une telle vitesse ?!
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Ce chapitre « n’a rien à voir avec la réalité, la réalité n’est pas ce qui l’engage, elle n'a aucun rapport substantiel avec cette complexité inexprimable et infinie qu'est la réalité elle-même, de la même manière et dans la même mesure que nous-mêmes sommes incapables d'atteindre le point où nous pouvons même entrevoir cette complexité indescriptible et infinie »
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Je quitterais cette terre et ces étoiles parce que je n'emporterais rien avec moi
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Je dois quitter cet endroit, car ce n'est pas là où n'importe qui pourrait être, ni où il vaudrait la peine de rester, car c'est l'endroit - avec son intolérable, froid, triste, morne et mortel fardeau- d'où je dois m'échapper, pour prendre ma valise, avant toute chose ma valise, deux valises seraient précisément assez, entasser toutes choses dans deux valises, puis fermer la serrure, et je pourrais me précipiter chez les cordonniers et me faire ressemeler- j’ai déjà fait ressemeler, et ressemeler encore, des bottines sont nécessaires, une bonne paire de bottines
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[...] mais non, ils étaient restés, car voyez-vous, lui dit le garde-chasse en faisant démarrer la jeep, ça se passe comme ça chez les loups, quand ils ont un territoire, ce territoire demeure le leur à jamais, même s'il ne couvre qu'une cinquantaine d'hectares ils ne peuvent pas le quitter, c'est la règle, un principe, qui guide leurs pensées et détermine leur existence, si ces deux derniers loups n'ont pas bougé d'ici, c'est parce qu'ils ne pouvaient pas partir, ils avaient beau être conscients du danger permanent, abandonner leur territoire, dont ils ne cessaient de marquer les frontières, était tout simplement impensable, et puis, ajouté José Miguel, il était personnellement convaincu que la fierté jouait également un rôle important dans leurs lois, c'était donc probablement en partie par fierté qu'ils n'étaient pas partis, le loup est un animal très fier, très fier, dit-il en crachant quasiment chaque syllabe, après quoi il se tut, resta un long moment perdu dans ses pensées, et les autres le laissèrent à sa rêverie, car quelque chose dit-il au Hongrois qui, accoudé à son comptoir, commençait à piquer du nez à l'écoute de la voix monocorde du stammgast dans le bar désert [...]
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"(...) car ce visage tourné de côté évoquait de façon manifeste l'irrémédiable histoire de l'infamie, ce visage tourné de côté parlerait à jamais de la beauté, de la noblesse impuissante, de l'incorrigible méchanceté, de l'irréductible vulgarité, de la hauteur d'esprit que la simple présence humaine réduisait en poussière.
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(...) l'infini n'est qu'une construction fondée sur d'ingénieuses abstractions et sur la nature de la conscience humaine, laquelle sait que la grandeur réelle de la quantité infinie dépasse les capacités intellectuelles et imaginatives de cette conscience, qui, étant incapable d'appréhender cette grandeur, réelle mais insaisissable, la perçoit comme infinie, et, pour elle, bien entendu, l'infini perçu et l'infini ne font qu'un, alors que cela n'a rien à voir avec la réalité de l'infini (...)
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Dehors le ciel tonna à nouveau et la pluie, comme lâchée d’un bloc, se déversa sur le sol. Le vieil homme essora comme il put sa casquette, avec quelques gestes expérimentés, il lui fit reprendre sa forme initiale, la remit sur la tête et, le visage soucieux, avala sa palinka. Pour la première fois depuis qu’il avait attelé les chevaux et que, respiration coupée, il avait cherché dans la nuit noire la vieille route abandonnée que personne n’avait emprunté depuis la nuit des temps (envahie de ronces et de mauvaises herbes) il put revivre la scène : le regard anxieux et interrogateur des deux chevaux qui se retournaient sans cesse vers leur maître désemparé mais déterminé, leurs croupes qui se balançaient nerveusement, leur respiration et le pitoyable grincement de la charrette sur cette route bordée de ravins menaçants, et il se revit lui-même, debout, tenant les rênes, les jambes couvertes de boue, luttant contre le vent cinglant, et c’est seulement à ce moment-là qu’il y crut, juste à ce moment ; il savait que sans eux il n’aurait pu partir, ils étaient « la seule force » capable de le conduire, il savait désormais avec certitude que c’était vrai et il se revit, guidé par une force supérieure, comme le simple soldat sur le champ de bataille qui pressent l’ordre en train de mûrir dans la tête du général et qui se met en marche avant même qu’on l’ait sollicité. Les images défilaient en silence devant ses yeux, se succédaient de façon mécanique, comme si les choses considérées comme importantes à conserver dans la mémoire constituaient un ordre autonome et immuable ; tandis que la mémoire s’évertue à remplir de certitude et élever à la vie le si fugace « maintenant », cet ordre, en appliquant ses lois sur la libre structure des événements, oblige l’homme à franchir une distance avec sa propre vie, non pas avec l’insouciance de l’homme libre, mais avec le plaisir angoissé du propriétaire ; c’est pourquoi à ce moment-là, en évoquant pour la première fois le souvenir, il trouva plutôt effrayant tout ce qui venait de se passer, désormais c’est avec l’anxiété d’un propriétaire qu’il se raccrocherait à sa mémoire chaque fois (pendant les quelques années qu’il lui restait à vivre) qu’il reverrait cette scène, lorsque, aux heures les plus sombres de la nuit, accoudé au rebord de la petite fenêtre de sa ferme, seul et incapable de dormir, il attendrait l’aurore. « D’où venez-vous ? finit par demander l’aubergiste.–De chez moi. » Halics prit un air surpris et s’approcha de lui. « Ça fait une bonne demi-journée de route… » L’homme sans dire un mot alluma une cigarette.« À pied ? se hasarda l’aubergiste.–Bien sûr que non. À cheval. Avec la charrette. Par l’ancienne route. »
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[...], autrement dit, puisqu'il ne voyait aucune différence fondamentale entre sa vie et celle des autres, il habitait littéralement toute la ville, depuis l'avenue de Nagivarad, jusqu'à la fabrique de lait en poudre, et devait donc, comme tout propriétaire, faire chaque jour le tour de son domaine, un domaine où, protégé par sa réputation de simple d'esprit, et grâce à sa nature confiante et son infatigable imagination habituée à la "gigantesque liberté du cosmos", il évoluait - comme dans un nid- les yeux fermés, depuis trente-cinq années, aveugle et infatigable
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Kerekes émit un ronflement terrible, ils se turent. Avec un étonnement mêlé d’inquiétude ils contemplaient cette masse inerte et tranquille, ce crâne couvert d’ecchymoses, ces souliers boueux dont les contours se dessinaient dans l’ombre du « billard », un peu comme on admire un fauve endormi, sous la double protection des barreaux et du sommeil. Halics rechercha et finit par trouver la complicité (d’un instant ? d’une minute ?) de l’aubergiste, cette chaleureuse fraternité, le plaisir des retrouvailles partagées par l’hyène prisonnière de sa cage et le vautour qui tournoie librement au-dessus d’elle, lorsque les exclus voient les portes s’ouvrir devant eux. Un énorme craquement les fit tressaillir comme si le ciel venait de se déchirer. Aussitôt l’auberge s’illumina, l’odeur du tonnerre s’insinua furtivement. « C’est pas tombé loin… », s’apprêtait à dire Halics, mais au même moment des coups furent violemment frappés à la porte.
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Ils avaient – ils le savent tous deux – commis une erreur ce matin lorsqu’ils avaient – en exigeant une explication immédiate – forcé la porte indiquée et ne s’étaient même pas arrêtés dans le premier bureau, non seulement ils n’avaient pas reçu d’explication, mais le « chef », éberlué, ne leur avait pas adressé la parole, s’était contenté de s’adresser aux employés de l’autre pièce (« Allez voir ce que c’est ! »), mais ils étaient déjà ressortis. Comment avaient-ils pu être aussi stupides ? Quelle bêtise ils avaient commise ! Ils n’avaient cessé d’accumuler les erreurs comme si ces trois jours avaient été trop courts pour qu’ils puissent se délivrer du mauvais sort qui pesait sur eux. Car depuis qu’ils pouvaient à nouveau respirer l’air libre et pur, déambuler dans les rues poussiéreuses, dans les jardins publics déserts, se ressourcer dans les reflets mordorés de la végétation entrant en automne, puiser des forces dans les regards brumeux des hommes et des femmes qu’ils croisaient, ceux de ces hommes à la tête baissée ou de ces tristes gamins adossés au mur, depuis lors, une malchance inconnue les poursuivait comme une ombre, une malchance sans forme précise qui surgissait ici dans la lueur d’un regard posé sur eux, se manifestait là à travers un geste, menaçante, inéluctable.
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