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Critiques de Laura Esquivel (123)
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Chocolat amer

Il y a de ces livres qui constituent de belles surprises, qui font du bien et Chocolat amer en fait partie. Je dois admettre d’emblée que ce n’est pas tout à fait ce à quoi je m’attendais. Je ne sais pourquoi mais j’imaginais de jolies et sympathiques aventures autour d’un fourneau, un groupe de mères et grand-mères (des matriarches) en train de popoter autour du fourneau, réalisant des recettes transmises de génération en génération, voire des secrets de famille. Il y a de ça, oui, mais l’intrigue est remplie de zones d’ombres- heureusement !



Dans un Mexique du début du XXe siècle, troublé par les révolutions, l’autoritaire Mama Elena tient sa ferme et dirige ses trois filles d’une poigne de fer. L’aînée s’enfuit avec un général et Tita, la touchante cadette, tombe amoureuse de Pedro. Toutefois, tradition oblige, il faut marier Rosaura la seconde d’abord et, puisque Pedro est libre… La pauvre Tita se retrouve confinée à la cuisine à popoter avec la servante Nacha, qui connaît mille recettes. Évidemment, une telle situation familiale ne peut que finir par exploser…



L’histoire est un peu plus complexe, il suffit de dire que les personnages passent des moments durs, tristes et violents. Mais ils sont balancés par d’autres, délectables et jouissifs. Et que dire de cette finale, grandiose, explosive. Et ce message universel : l’amour vainc tout…



Ceci dit, ce n’est pas tant cette histoire qui est marquante mais l’atmosphère qui s’en dégage. Et c’est là tout le génie de Laura Esquivel. Les recettes et l’importance accordée à la nourriture, aux plats, n’y est pas étrangère. En fait, le roman est divisé en douze chapitres, un pour chaque mois de l’année, et mettant à profit les talents culinaires de Tita. Par exemple, en janvier, des petits pains pour Noël, en février, un gâteau Chabela, en mars, des cailles aux pétales de roses, etc. J’ai salivé à plus d’un moment. Surtout que plusieurs des recettes sont des plats typiquement mexicains donc, à mes yeux, exotiques.



L’idée d’associer un plat à un événement de la vie des personnages (et pas de façon superficiel, le plat fait partie de la vie de tous les jours et même des célébrations) était originale. Ça m’a un peu déboussolé car ça m’a donné l’impression que l’histoire ne se déroulait que sur une année mais on se rend compte assez vite que, parfois, un an au complet s’est passé entre chaque chapitre. Mais, au final, ça donne une lecture délicieuse et épicée.
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Chocolat amer

LES PÂTES AU PARMESAN



INGRÉDIENTS :

- De l'eau

- Des pâtes

- Du sel gros

- De l'huile

- Du beurre

- Du parmesan à la coupe



RECETTE :

Remplissez un faitout ou une grande casserole avec deux bons litres d'eau et ajoutez une grosse pincée de sel gros et une cuillerée à soupe d'hule. Chauffez jusqu'à ébullition.



J'ai décidé de me faire à manger pendant cette critique. Pourquoi pas, après tout ? Mais parce que la cuisine et moi, ce n'est pas le grand amour, je vais me cantonner à un basique que je maîtrise, les pâtes. Avec du parmesan, tout de même. Et surtout pas de parmesan en sachet, par pitié ! Un morceau à la coupe, il n'y a que ça de vrai. Ce fromage peut se conserver des mois dans du film alimentaire, au fond du bac à légume du frigo. Alors, amis celibataires, n'hésitez pas à en acheter un bon morceau, ce n'est pas si cher et c'est tellement bon.

Pendant que l'eau chauffe, parlons un peu de ce roman de Laura Esquivel : Chocolat amer.



Le titre complet est : Chocolat amer, roman-feuilleton où l'on trouvera des recettes, des histoires d'amour et des remèdes de bonne femme. Je trouve que c'est un très bon résumé.

Tita, cadette de la famille, vit au Mexique avec sa mère et ses deux sœurs. Elle a deux passions : la cuisine et Pedro. Ce dernier aime Tita, mais elle ne peut l'épouser, à cause d'une mère autoritaire et d'une tradition familiale rétrograde. Alors Pedro décide d'épouser une des sœurs de Tita, Rosaura. Il ne l'aime pas, mais c'est le seul moyen de rester proche de l'élue de son cœur.



Quand l'eau bout, ajoutez les pâtes et baissez le gaz. Continuez la cuisson à feu doux en remuant régulièrement avec une cuillère en bois. Si vous avez choisi des spaghetti ou des taglliatelle, touillez avec une fourchette à deux dents, mais faites bien attention à ne pas rayer le fond de la casserole.

Pendant la cuisson des pâtes, râpez une bonne quantité de parmesan dans un bol.



J'adore le parmesan. Quand j'ai finit de le râper, mon petit plaisir est de lécher le bout de mon doigt pour coller les petits grains de fromages qui sont tombés sur la nappe. C'est trop bon !

J'aime nettement moins l'eau de rose que le parmesan. Autant dire que les déboires sentimentaux de Tita et Pedro m'ont paru assez ennuyeuses. Malgré la brièveté du texte, il y a des longueurs. Pour parler franchement, les derniers chapitres m'ont gonflés... comme les pâtes en fin de cuisson.



Quand les pâtes commencent à gonfler et blanchir, c'est signe qu'elles sont bientôt cuites. Goûtez-en une de temps en temps. Quand la cuisson est à votre convenance, égouttez et versez les pâtes dans un plat. Ajoutez quelques grosses noisettes de beurres et la moitié du parmesan râpé. Mélangez bien et servez tant que c'est chaud.

Mettez le bol contenant le reste du parmesan sur la table pour saupoudrer vos assiettes pendant le service.



Le roman est truffé de recettes, présentées comme dans cette critique. Des paragraphes qu'on dirait sortis tout droit d'un livre de cuisine et qu'on pourrait extraire du roman sans que le texte n'en soit changé. C'est original, mais assez bizarre et franchement, je ne sais pas si j'aime ou pas. Par contre, je dois reconnaitre que les recettes sont appétissantes et autrement plus élaborées que mes pâtes au parmesan.



Si j'étais un bon cuisinier, j'aurais également donné la recette d'une bonne sauce d'accompagnement. C'est malheureusement au delà de mes compétences. Les seuls autres plats que je sais faire se réchauffent au micro-onde. Du moins, tant que la durée est indiquée sur le paquet.



J'ai trouvé dans Chocolat amer un livre de recette à la présentation originale, une romance ennuyeuse et même, ce qui n'est pas pour me déplaire, quelques touches de fantastique. Mais tous ces ingrédients ont donné un plat à la saveur trop étrange pour que je l'apprécie vraiment.



Finalement, je crois que la cuisine mexicaine est un peu trop compliquée à mon goût. Je vais plutôt me dépêcher de manger mes pâtes avant qu'elles ne refroidissent.
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Chocolat amer

« Elle sortit son mouchoir et tenta d'effacer, avec la sueur, ces coupables pensées.

Peine perdue, il se passait quelque chose de bizarre. Elle chercha de l'aide auprès de Tita mais cette dernière était absente. Son corps était bien sur la chaise, très correctement assis, mais il n'y avait dans ses yeux aucun signe de vie. C'était comme si, par une extraordinaires réaction chimique, son être s'était dissous dans la sauce des roses, dans la chair des cailles, dans le vin et dans chacun des effluves du repas. Tita s'insinuait dans le corps de Pedro, voluptueuse, aromatique, chaude sensuelle. »



Amoureux de rationalité, fervents défenseurs des bonnes moeurs et des histoires vraisemblables, passez votre chemin ! Ce n'est pas à la ferme de Mamá Elena que vous trouverez de quoi vous plaire.



Pourtant, depuis qu'elle est veuve, ses filles, elle les élève à la dure, Mamá Elena. le sens du devoir n'est pas un vain mot ici. Celui des convenances et de la décence non plus. Rosaura, l'ainée, Gertrudis et Tita, la grand-mère de la narratrice, passent leur journée dans l'obéissance et les corvées qu'occasionne une grande maisonnée à la campagne. Nous sommes au Mexique, au début du 20e siècle, pour ne rien arranger, la révolution fait rage. Vous verrez donc, entre deux dindons à plumer, des troupes de guérilleros dépenaillés, suant et diablement virils, des armées à nourrir, de grands dangers.



Mais vous comprendrez très vite que ce n'est pas dans les luttes intestines que réside le plus grand péril. C'est dans l'amour que Pedro voue à Tita et que celle-ci lui rend bien.



La plus jeune des trois filles est quasiment née dans la cuisine, elle y exerce depuis ses charmes redoutables. C'est bien simple, depuis qu'il a posé les yeux sur elle, Pedro sait qu'elle lui appartient. Mamá Elena aura beau lui promettre Rosaura en mariage, s'opposer à ce que ces deux là s'approchent, se frôlent, se respirent, c'est peine perdue ! Dans les vapeurs des plats dont les recettes nous sont contées au fur et à mesure des chapitres, grandissent la passion amoureuse et les invraisemblables intrigues qui lui font obstacle et constituent le sel de ce roman.



Vous y trouverez, outre des dizaines de piments, des amandes, du sésame et du chocolat, des cailles, des étreintes torrides, une douche artisanale, des dindons, du cacao et de la queue de boeuf, un enfant mort, une possible et adultère grossesse, une enthousiaste prostituée adepte des bacchanales, encore des piments, de l'ail, des oignons, du filet de porc pour les chorizo, poivre, cumin, vinaigre de pomme, des incendies, des allumettes qui auront pu être mouillées et puis plus. Enlacés à l'intrigue, ainsi. Dans un pêle-mêle indécent de recettes et d'aventures. Il faut au moins ça pour lutter contre le malheur guindé, les convenances cruelles et l'appétit des soldats.



C'est un roman qui m'a rappelé Le cœur cousu, voluptueux et fou dont on imagine les scènes dans le contraste un peu outré des illustrés de mauvaise qualité ou le crépitement d'une radio captant mal les voix gouailleuses d'une telenovela sirupeuse. Un roman qui se joue de ces codes pour peindre des passions sublimes et interdites, des destins absurdes et grandioses dans un premier degré plein d'autodérision. Comme le gâteau Chabela (175 g de sucre, 300 g de fleur de farine, 17 oeufs et le zeste d'un citron, 800 g de sucre glace et 600 gouttes de citron pour le fondant), on n'en mangerait pas tous les jours. D'ailleurs ça nourrit moins que ça ne vous laisse vaguement écoeuré, presque honteux de tant de débauche sucrée, mais de temps en temps, alors que la pluie cogne sur les carreaux et que la vie paraît aussi banale que tristoune, oh que c'est bon !

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Malinche

La Malinche. Elle fait partie de ces personnages historiques qui ont soulevé la controverse, qui ont fait couler beaucoup d’encre (du moins chez nos amis du sud). En tant que maitresse et interprète de Hernan Cortès, elle contribua à la conquête de son pays natal et à la chute de sa civilisation. Honnie, elle représenta la trahison, presque le mal, mais en même temps elle sut inspirer la pitié. Puis, plus tard, par ses enfants fruits de ses unions avec des Espagnols (donc de cultures mixtes), elle devint le symbole de l’union des deux peuples fondateurs du Mexique actuel.



Mais je fais tout à l’envers. Commençons par le commencement…D’ailleurs, c’est par là que l’auteure mexicaine Laura Esquivel fait débuter son histoire : la naissance Malinalli. (En effet, elle suggère que Malinche serait plutôt un surnom de Cortès.) Déjà l’enfant était prédestinée à un grand avenir, du moins tous les signes allaient en ce sens. Compte tenu du manque de sources, on peut parier qu’il s’agit plutôt d’une vision très romancée. Quoiqu’il en soit, on passe rapidement sur sa jeunesse, mais c’est déjà plus que beaucoup d’autres biographies. Il suffit de dire qu’elle s’est retrouvée assez tôt sur le chemin de Cortès et de son armée.



Le reste de son histoire, on le connaît assez bien. Et, en ce sens, c’est un peu dommage. Pourquoi s’attarder si longuement sur des épisodes déjà connus de l’histoire de Malinalli ? Une très grande partie de l’histoire concerne la conquête du pays des Mexicas (c’est ainsi que l’auteure dénomme les Aztèques), les raisons pour lesquelles ces derniers ont tardé à réagir, les croyances religieuses de ses concitoyens, les expéditions de Cortès, etc. Très politique. À la fin de ma lecture, j’avais ce léger sentiment d’insatisfaction. Je n’avais pas l’impression d’avoir tant appris sur ce personnage important. Elle demeure encore une énigme…



Je ne veux pas avoir l’air trop négatif, j’ai trouvé ce roman intéressant et plusieurs passages étaient beaux. Je pense entre autres aux splendeurs de Tenochtitlan, au moment où Cortès voit Malinelli s’immerser nue dans un lac (symbolisant le Dieu des Eaux) ou encore à la cérémonie de purification qui s’ensuivit. Mais ces moments étaient balancés par de longues descriptions des états d’âmes de la jeune femme. Quels débats intérieurs !



Laura Esquivel essaie de justifier les actions et le rôle de Malinalli, de la présenter comme une victime. Pouvait-elle résister à Cortès ? Pas vraiment, j’en conviens. Mais la destruction de son peuple était-elle la seule issue possible ? Il est facile aujourd’hui de voir en l’arrivée des Espagnols la destruction de la civilisation aztèque mais je ne crois pas que les acteurs de cette époque violente voyaient les choses ainsi ni qu’ils l’aient envisagée. Pareillement pour les Mexicas, tellement certains de voir en l’arrivée des conquistadors un châtiment céleste. Je veux bien croire qu’ils y aient pensé et que cela les ait paralysés un moment mais ça me semble un peu réducteur.



Parce que, au final, c’est de ça qu’il s’agit : un choc de civilisations. Le monde des Espagnols, cupide et catholique, affronte celui plus coloré des Mexicas, avec Quetzalcoalt, le reste de son panthéon mystérieux et tous les sacrifices qu’il imposait. Mais la fin de ce monde n’est pas une fin en soi. J’ai beaucoup aimé l’idée derrière le dernier chapitre, deux cultures qui se fondent en une seule pour créer quelque chose d’unique.



Je suppose que Laura Esquivel s’est permise quelques libertés avec les faits, mais quel auteur de roman historique ne passe pas par là ? J’ai trouvé ce roman un peu plus crédible que « Azteca » de Gary Jennings (que j’avais apprécié) mais, si vous aimeriez lire un point de vue original et intéressant sur cette période cruciale, je vous suggère le bref « Les deux rives » de Carlos Fuentes.
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Chocolat amer

« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd’hui, j'avance dans le challenge Multi-Défis avec l’item « livre dans ta PAL depuis cinq ans » avec un bouquin prévu depuis 1995. Ca va, j’ai un peu de marge, ça devrait passer fastoche.



-1995 ? Sérieusement ? Tu es capable de te souvenir d’un titre entraperçu il y a plus de vingt ans ?



-Non, je n’en suis pas capable. Je suis capable de me souvenir d’un seul titre pendant une vingtaine d’années et c’est celui-ci : depuis que j’ai vu Les épices de la passion sur une chaîne cryptée, film adapté du roman Chocolat amer, de Laura Esquivel.



Or donc Tita, benjamine d’une sororie* de trois, est vouée au célibat : une tradition familiale oblige la plus jeune fille à rester au service de la mère toute sa vie. Hélas, Tita est amoureuse de Pedro, et réciproquement. Pedro épouse alors Rosaura, l’aînée, pour rester auprès de son amante. Tita pleure beaucoup. Dès la première page, d’ailleurs. Et cuisine. Enormément. Bref, passionnant !



-Attends. Tu es en train de me dire que l’histoire de l’amour malheureux et frustré d’une jeune fille qui verse des hectolitres de larmes en remuant des casseroles, c’est passionnant ?



-Absolument. Et j’irai même plus loin : la famille de Tita est hautement toxique et prend soin de la rendre malheureuse.



-Mais quelle horreur ! je lis pas ça, moi !



-Tu as tort pour deux raisons : le drame est très fortement atténué par une narration légère, pleine d’un humour tendre pour elle et amer pour qui la tourmente. Et Tita résiste, comme elle peut, parfois sans le vouloir grâce à sa cuisine, elle n’est pas qu’une victime passive, elle se révolte avec ses moyens.



Quant à la deuxième raison, la voici : Laura Esquivel signe une chronique familiale, certes, mais sans le réalisme qui d’habitude assaisonne l’exercice. Le roman est fortement empreint de fantastique. La cuisine de Tita est magique : quiconque la goûte subira les effets de son humeur ou les conséquences de ses souhaits. Elle-même n’en semble pas complètement consciente, d’ailleurs.



-Ah bon. C’est un roman fantastique.



-Oui… et non… disons que la magie s’invite dans la vie quotidienne. C’est aussi un roman culinaire et historique : de nombreuses recettes ponctuent l’action. Quand je dis « historique », ce n’est pas seulement à cause de la révolution en toile de fond, mais aussi à cause de tout l’aspect documentaire de la vie quotidienne de l’époque. J’ai adoré découvrir le travail d’une ferme mexicaine, les trucs et astuces de conservation en l’absence de réfrigérateur…



-Les recettes, c’est un peu casse-pieds, non ?



-Non. ‘Fin, je n’ai pas trouvé. Je n’aime pas beaucoup la cuisine qui pique, le piment ne me fait donc pas rêver, mais j’ai éprouvé une grande satisfaction à apprendre des mots, des recettes et des plats inconnus. J’ai admiré le travail éreintant, épuisant que représente la cuisine traditionnelle.



Et en dernier lieu, il reste quelque chose de fascinant dans ce texte : le temps.



L’histoire est découpée en chapitres : un pour chaque mois de l’année. L’on pourrait donc supposer que l’intrigue dure un an. Illusion littéraire, en réalité. La narration oscille sans cesse entre passé et présent, et le présent ne se passe pas forcément quand on le croit…



Roman triste, roman drôle, sensuel, dénonçant l’hypocrisie de règles absurdes, Chocolat amer ne m’a pas déçue, loin de là. Je regrette à vrai dire de ne pas l’avoir lu plus tôt et le relirai pour mieux m’en approprier les mots. »



*Sororie : équivalent féminin de fratrie.
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Chocolat amer

Surprise, surprise, tout est surprise dans Chocolat amer de Laura Esquivel ! Un récit épicé haut en couleurs, parfums et saveurs aux premiers jours du XXème siècle dans un Mexique en pleine guerre civile . A chaque mois de l'année son plat . Tita la dernière fille de Maria Elena est destinée à rester vieille fille pour s'occuper de sa mère , la tradition et la mère l'exige . Cette enfant mal aimée par une mère veuve et tyrannique se voit donc séparée de Pedro , son amoureux ,au bénéfice de sa soeur . Seule échappatoire pour Tita la cuisine .....

Un chapitre par mois de l'année, une recette pour chaque occasion et toujours la magie des épices, des saveurs, des parfums , des couleurs. Magie des amours , magie des pleurs, magie des baisers, et magie de l'étincelle finale !

Laura Esquivel nous invite au voyage dans son beau pays . l'écriture est fluide agréable , les papilles et les yeux sollicités à chaque page . Une belle aventure littéraire .
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Chocolat amer

Assez surprenant comme livre, après avoir lu plusieurs avis positifs et d'autres moins, je peux comprendre ces désaccords.

Si j'ai trouvé la construction originale avec l'insert des recettes faisant office de chapitres, si j'aimais certains personnages, j'ai aussi malheureusement moins appréciés d'autres et le style trop simple.

Il est certain que je ne m'aventurerai point à reproduire les recettes mexicaines.

Ce livre est malgré tout intéressant pour la culture mexicaine.

Je m'attendais aussi à plus de poésie, de magie.

A peser le pour et le contre je conclus que cette lecture fut mitigée mais intéressante pour son originalité. Un genre que je ne lis pas souvent. Et encore moins des auteurs mexicains c'est assez rare d'en croiser.

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Chocolat amer

Le côté original de ce roman c'est qu'on retrouve des recettes à chaque chapitre et pour chaque mois de l'année mêlé à un autre côté sentimental et romanesque qui en font un mélange fort peu commun. Et là je comprends que les esprits les plus terre à terre ou conformistes vont s'y perdre et seront forcément en dehors de leurs habitudes de lecture bien convenues.

Il faut voir que l'amour au sens le plus profond est bien existant dans ce roman car le jeune Pedro aime Tita, la cadette de la famille mais malheureusement cette dernière ne pourra se marier car tradition oblige, au Mexique au début du XXÈ, on s'occupe de sa mère jusqu'à son dernier souffle et on n'a pas d'autre choix que de rester célibataire!! C'est pour cette raison, que Pedro va épouser la soeur aînée et pourra être au plus près de Tita et l'aimer à sa façon.

En effet, à cause de ces traditions culturelles et de leurs croyances limitantes on en vient à trouver ça incohérent voire stupide mais quoi de plus naturel que d'aimer quelqu'un et de vivre à ses côtés et d'une autre manière de rentrer dans le "moule traditionnel" qui fait taire et obéir les moutons.

J'ai trouvé que Laura Esquivel avec sa finesse d'écriture a réellement voulu mettre en avant le côté traditionnel de son pays mais aussi montrer que l'Amour est plus fort que tout et que si l'on fait sauter les cadenas qui font barrage dans beaucoup de cultures eh bien on retrouve l'aspect spirituel qui est bien autre chose et au delà des interdits ou obligations qui ne tiennent pas debout.

L'atmosphère qui s'en est dégagée est bien typique du roman de souche hispanique et m'a vraiment plu, cela m'a rappelé l' ambiance de "cent ans de solitude" de Garcia Marquez ou encore "le coeur cousu" de Carole Martinez. Quel plaisir de lire un tel roman. Ce fut une belle découverte.



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Vif comme le désir

Ne vous fiez pas au titre qui laisse présager a un roman de plage, une romance a l'eau de rose car ce roman est tout sauf ça. Laura Esquivel m'avait déjà conquise avec chocolat amer, et ce deuxième roman est encore un gros coup de cœur.



C'est une magnifique histoire d'amour que l'on découvre au fil des pages. On s'attache énormément aux personnages, on rit, on pleure, on vit tous les événements de leur vie a leur coté.



Et puis surtout, l'auteur nous fait voyager et l'on part a la découverte d'une autre culture : les mayas, on se promène dans le Mexique du début du XXe siècle.



L’écriture de Laura Esquivel est magnifique, j'ai commencé ce livre hier en début d’après midi et je ne l'ai pas lâché avant d'avoir atteint la dernière page. C'est fluide, poétique, plein de sensualité.



Jubilo et Lucha forment un couple magnifique et l'amour que pour Lluvia a son père est très touchant. On ne sort pa
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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Chocolat amer

Ce que je retiendrai de ce livre... c'est qu'il donne faim !! :)

C'est que tout au long de notre lecture, nous avons la chance d'y trouver des recettes mexicaines insérées entre les paragraphes... Et sincèrement, quelques unes donnent l'eau à la bouche. Faut dire que j'ai toujours été friande de bouffe mexicaine... J'ai même été tenté d'en recopier quelques unes... question de ! Mais sinon, pour le reste, je n'ai pas été emballée plus que ça par ma lecture... C'est pas mauvais, on s'entend, mais ce n'est pas non plus la meilleure lecture que j'ai faite. Une expérience de lecture qui nous amène dans un Mexique en pleine guerre civile, qui nous en apprend beaucoup sur les us et coutumes mexicaines... Mais j'ai tout de même trouvé l'écriture simple, l'histoire pas si enlevante, et des personnages auxquels j'ai eu un peu de mal à m'identifier... Ça demeure une lecture agréable, tout de même, empreinte d'une touche de magie... Mais qui donne l'eau à la bouche, avec toutes ses odeurs qu'on imagine, les épices, les saveurs, la couleur aussi, de cette cuisine savoureuse...
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Chocolat amer

Un très joli roman que ce chocolat amer : il mêle avec bonheur chronique familiale, recettes de cuisines et amour interdit. Sans oublier une pointe de magie...



Tita et Pedro s'aiment mais Tita est, par tradition, tenue de rester célibataire pour veiller su sa vieille mère. La mort dans l'âme, elle voit donc celui qu'elle aime épouser sa soeur et est cantonnée à la cuisine. Le temps apporte-t-il un espoir aux amoureux...



Une histoire prenante et grinçante, aux douces saveurs de cuisine... Un régal !
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Chocolat amer

Beaucoup de mystère dans ce roman, de saveurs , de senteurs et d'amour.

Un amour maternel inexistant, un grand amour impossible... Ce roman se voudrait triste mais pourtant il ne l'est pas.



Une très belle écriture pour une belle histoire, ce qui en fait un bon titre.

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Chocolat amer

Mexique début du XXI siècle, une famille , la mère, ses trois filles et les servantes, une maison de femmes où la mère règne en tyran imposant à son entourage sa hargne et son égoïsme. La dernière de ses filles traine beaucoup en cuisine auprès des femmes qui travaillent là et apprend les recettes familiales. Cette dernière fille est, d'après sa mère , vouée au célibat pour se consacrer à la vieillesse de sa mère. Manque de chance, le beau Pedro éveille l'amour chez Tina et quoique la mère fasse pour séparer les tourtereaux, l'amour revient tout au long du roman.



Le choix narratif, ponctuer le récit de recettes et de magie passe bien et n'alourdit pas le récit sans toutefois y ajouter un plus. Le roman se lit facilement n'est pas désagréable mais je sais d'avance qu'il tombera dans les oubliettes de ma mémoire littéraire.
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Vif comme le désir

Au travers du regard de sa fille Lluvia qui mène la narration de ce livre, Jubilo déroule sa vie jusqu’au silence de son lit de mort. Tout commence à l’époque révolutionnaire du Mexique du début du 20ème siècle : Jubilo enfant a un don, celui de déchiffrer les sentiments tus. Cette passion de la communication codée ou non-verbale se traduira par l’exercice du métier de télégraphe et l’amour intense pour sa femme Lucha, d’extraction sociale plus élevée que lui.

Ouvrant la porte, mais sans excès, au réalisme magique avec le personnage de Jubilo, Laura Esquivel impose la puissance du mot au niveau de celui du désir, chacun moteur de vie et de destinée. L’auteur impose également un fragile équilibre, proche du funambule, entre le monde maya et le monde espagnol, l’ardeur amoureuse et la haine, la bénédiction d’un don et les malheurs qu’il engendre, le bonheur et la tragédie. Une écriture vivace, à la fois tellurique et délicate, rend ce roman particulièrement attachant, jouant la note aigüe jusque la discordance entre le désir et le mot, l’amour et la parole, la vie et le dire.
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Chocolat amer

J'avais faim après avoir lu la Faim. Partant de là, j'ai parcouru ma bibliothèque en quête de nourriture et j'y ai trouvé : du chocolat amer. Il se trouve que j'avais justement envie de manger du chocolat. C'est naturel. J'ai donc goûté ce livre (un coin est tout grignoté) et je l'ai goûté et j'ai tombé la tablette bien que les romances à l'eau de rose ne soient pas ma tasse de thé ( moi je suis plutôt chocolat).



Laura Esquivel mêle à sa romance des recettes de cuisine typiques du Mexique. C'est pas mal comme livre de recettes, d'habitude dans les livres de cu..... y'a pas d'histoire, du coup, bah, ça change. Certaines recettes donnent particulièrement envie mais attention aux effets ! Il y a comme de la sorcellerie dans l'art de séduire par sa cuisine. Alchimie, réalisme magique, ce livre est une explosion de saveurs. C'est gourmand, croquant. C'est bien assaisonné. C'est fort pimenté.
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Chocolat amer

Que voilà une lecture pour le moins étrange ...



On part avec l'idée d'une romance, Tita aime Pedro qui l'aime en retour mais selon la tradition il doit épouser l'aînée de la famille et Tita, quant à elle doit s'occuper de sa mère, cuisine, entretien de la maison, ... voici les moeurs du Mexique au début du XXeme siècle.



Pour pigmenter un peu tout çà, l'auteur distille des recettes tout au long du roman en les intégrant dans le récit lui-même. Et c'est là, qu'apparaissant le troisième ingrédient, un peu de surnaturel car les plats de Tita prenne son humeur au moment où elle cuisine. Ainsi , le jour des noces de Pedro et sa sœur, tout le monde se met à vomir, le jour où Pedro la touche, tous les convives sont pénétrés de désir ardent et lorsqu'elle doit revenir s'occuper de sa mère (qu'elle avait réussi à quitter), tous ses plats sont amers.



Alors, oui, Chocolat amer aurait pu être une sempiternelle romance mais Laura Esquivel se démarque avec toutes ces recettes au goût mystique.

Une lecture plutôt plaisante.
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Chocolat amer

Un peu déçue par ce roman. Au départ la lecture est agréable.

On y trouve de la magie, de la passion, des convictions et des recettes.

Mais l'alchimie ne prend pas car l'histoire traîne en longueur, il y a beaucoup d'incohérences qui m'ont perdue. Et j'ai fini par m'ennuyer.

J'ai tenu jusqu'à la fin grâce à la part de fantastique mais la saga familiale m'a laissée perplexe. Dommage.
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Chocolat amer

Ce classique de la littérature mexicaine nous parle surtout de cuisine et des amours contrariées de Tita et Pedro. Il a une dimension fantastique et c’est l’aspect que j’ai préféré : Tita parle aux personnes décédées dont elle a été proche et elles continuent d’agir depuis l’au-delà. D’autres phénomènes inexplicables surviennent et donnent une consistance intéressante à ce roman, qui sans eux se serait cantonné à une romance et un recueil de recettes dont certaines donnent envie de vomir comme ces petits pains fourrés au chorizo et aux sardines.



Tita est la fille cadette de Mama Elena, une riche paysanne mexicaine qui vit au début du vingtième siècle dans le Mexique révolutionnaire, sa mère la rejette violemment et confie son éducation à Nacha la cuisinière, qui lui transmettra tous ses secrets. Mama rabroue sans cesse Tita, mais elle tient à ce que celle-ci s’occupe d’elle jusqu’à sa mort comme le veut la tradition. Lorsqu’elle a quinze ans, Pedro demande sa main, mais Mama refuse, Tita ne peut se marier, tel est son destin. Pedro épouse finalement la soeur de Tita, non par amour, mais pour pouvoir vivre sous le même toit que Tita. Celle-ci refuse son sort et finalement arrivera à vivre son amour avec Pedro de façon cachée jusqu’à l’apothéose finale qui les consumera tous les deux.



L’aspect romance est moyennement intéressant contrairement à l’aspect fantastique, bien présent dans le roman, quant aux recettes, détestant cuisiner, je les ai sautées. Nacha et la grand mère de John transmettent aussi des recettes de guérisseuses traditionnelles à Tita, autre aspect intéressant du livre.



Je n’aurais jamais lu ce livre sans les lecture communes de notre forum La Ronde des livres, ce genre de lecture ne m’attirant pas du tout. Donc pourquoi se forcer ? L’an dernier j’ai fait le Challenge multi-défis de Babélio en entier, ce qui m’a fait sortir de ma zone de confort et lire de nombreux livres que je n’aurais pas lus autrement. Puis j’ai découvert Netgalley et ensuite participé à la création de notre forum. Je mets l’accent sur le forum et je ne participe plus qu’à mes challenges préférés sur Babélio. J’ai choisi Joe E Lansdale comme auteur du trimestre pour les lectures communes et mon choix a été bien accueilli même par les personnes peu friandes de polars, donc je trouvais tout à fait normal d’honorer en retour le choix des autres personnes en lisant les livres proposés. Et comme je me comporte comme une gamine dans un magasin de jouet sur Netgalley, je ne lirais que des mauvais genres récents si je n’y prends garde. Même si ce livre ne me laissera pas des souvenirs inoubliables, j’avais de très bonnes raisons de le lire.
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Chocolat amer

Tita pourrait presque être une cousine de la merveilleuse et clairvoyante Clara de "La maison aux esprits" d'Isabel Allende, sauf qu'elle, c'est en cuisine que sa magie s'exprime.

Dès son plus jeune âge, Tita s'est révélée être une cuisinière hors pair, la meilleure de sa génération : "Tita était le dernier maillon d'une chaîne de cuisinières qui s'étaient transmis, depuis l'époque préhispanique et de génération en génération, les secrets de la cuisine. Elle était considérée comme la meilleure représentante de cet art merveilleux, l'art culinaire.".

Tita tombe amoureuse de Pedro, mais comme elle n'est pas l'aînée, son sort est de rester célibataire pour s'occuper de sa mère jusqu'à sa mort, et c'est donc sa sœur qui épouse Pedro.

Mais la cuisine de Tita est magique : lorsqu'elle aime elle met tout son amour dans ses plats et distribue ainsi l'amour autour d'elle, mais lorsqu'elle est triste ou contrariée elle pourrait empoisonner quiconque goûte sa nourriture.

Et qu'à cela ne tienne que son Pedro soit marié, cela ne va pas les empêcher de s'aimer des yeux et par l'esprit, et qu'en plus de Pedro, Tita va s'attacher à son fils et lui vouer à lui aussi un amour sans borne : "Quel que soit son destin, tant qu'elle pourrait garder cet enfant, plus à elle qu'à quiconque, rien ne lui importait. Elle exerçait le rôle de mère sans en avoir le titre officiel. Pedro et Roberto lui appartenaient : elle n'avait besoin de rien d'autre dans la vie.".

Le destin de Tita aurait pu être triste, c'est finalement le portrait d'une jeune femme aimant la vie et apprenant à faire fi de tous les obstacles que brosse Laura Esquivel.

Ce récit est fortement imprégné de la patte littéraire sud américaine, avec un mélange entre le réel et l'imaginaire sur fond de vérité historique.

Que la cuisine de Tita soit ensorcelée de ses émotions cela n'est pas choquant, c'est au contraire l'une des forces de ce livre, et comme chez Isabel Allende, il y a un fond de vérité historique et ce côté surnaturel permet d'en adoucir les atrocités.

Dans ce roman où chaque chapitre commence par une recette de cuisine, l'auteur s'est attachée à raconter les moments phares de la vie de Tita et de son amour plus fort que tout envers Pedro.

Un livre sentimental, à n'en pas douter, mais qui évite le piège de tomber dans la mièvrerie et la facilité.

Ici, point de descriptions à l'eau de rose et de scènes larmoyantes, c'est une Tita bravant les obstacles que le lecteur découvre, une jeune femme se laissant porter par son amour et par son talent en cuisine.

Car il faut bien reconnaître que ce livre met en appétit.



"Chocolat amer" de Laura Esquivel est une formidable recette de cuisine sous forme d'épopée littéraire dans un Mexique révolutionnaire qui émoustille les sens et les papilles, et dont le succès est amplement mérité.

La curiosité me pousse désormais à voir l'adaptation cinématographique qui en a été faite.
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Malinche

Malinche, personnage controversé s’il en est de l’histoire mexicaine. Malinche, la traître qui, amante de Cortés, lui a servi de traductrice et lui a livré l’empire aztèque. Dans ce roman biographique, Laura Esquivel, Mexicaine qui a fait la une des librairies avec son livre Como agua para chocolate, Chocolat amer, tente de montrer une réalité plus complexe. En huit chapitres, elle retrace les moments marquants de la vie de Malinalli, celle dont l’histoire se souviendra sous le nom dédaigneux de Malinche (bien que Laura Esquivel suggère que c’était en fait le surnom de Cortés, signifiant « le maître de Malinalli »).

Ce ne sont pas forcément les moments les plus marquants de la Conquista que Laura Esquivel choisit d’évoquer, et il m’a fallu quelques fois me référer à d’autres sources pour situer les évènements dans le temps et dans l’espace, ce qui en fait un livre destiné avant tout aux Mexicains et aux lecteurs d’Amérique latine (il faut espérer que la traduction française comporte quelques notes pour situer le lecteur). Le livre se concentre plutôt sur une évocation de la culture préhispanique, tant celle des Mexicas (le nom sous lequel les Aztèques sont ici plus connus) que des Mayas et des cultures qui leurs étaient rattachées et sur les tiraillements intérieurs de cette femme qui « portait sur ses épaules l’immense responsabilité de construire la conquête avec [le fluide sacré de] sa salive. »* (p. 97, Chapitre 4).

Si je ne suis pas convaincue par la véracité historique des faits évoqués dans le livre (en particulier de voir les Aztèques comme les uniques responsables de l’introduction des sacrifices humains dans les pratiques religieuses), ce livre est un passionnant témoignage de l’historiographie telle qu’elle s’écrit pour les Mexicains : la Tula mythique, la religiosité qui imprègne chaque instant de la vie de ces hommes de maïs… Le propos du livre est avant tout le choc de deux systèmes religieux, après que l’illusion que Cortés était Quetzalcoatl revenant auprès de son peuple se soit dissipée, l’un cherchant à fondre l’homme dans les cycles naturels, où les dieux sont la réconciliation des contraires et les garants de l’ordre cosmique ; l’autre où hommes et où un dieu singulier vit hors du monde humain.

A ce titre, le dernier chapitre est très intéressant et donne au livre toute sa portée. Ayant lieu vers 1528, après que les principaux évènements de la Conquista se soient déroulés, il semble déconnecté du reste du livre du point de vue de la psychologie du personnage, mais il me semble caractéristique de l’historiographie mexicaine auquel ce livre participe. On déteste Cortés, on déteste la Conquista, mais il faut bien aimer ce qui en résulte, puisque c’est ce qu’est le Mexique aujourd’hui, où le sang pur n’existe pas, ou tout est métissage, syncrétisme, une culture unique qui ne peut que reconnaître les héritages aussi importants l’un que l’autre de deux cultures qu’il faut donc apprendre à aimer : « Le encantaba ver [a sus hijos] correr por el patio y jugar en el agua de las fuentes que recordaban a Tula y a la Alhambra por igual. Le gustaba que hablaran náhuatl y español. Que comieran pan y tortillas.** (p. 203, Chapitre 8). Le livre ne dit pas comment il est possible de détester la Conquista mais d’aimer tous les sangs qui coulent dans ses propres veines et qui en sont l’expression directe. Peut-être n’est-ce tout simplement pas possible. Alors qu’importe s’il faut pour cela une pirouette conceptuelle que chacun fait bien attention de ne pas voir.

Sans être un livre d’une qualité exceptionnelle, Malinche est un témoignage intéressant, non sur un épisode passé mais sur sa lecture actuelle. Il me rappelle cette phrase de Neruda : « Se llevaron el oro y nos dejaron el oro » (« Ils nous ont pris l’or et nous ont laissé l’or »), opposant la soif des conquistadors pour les trésors matériels et le cadeau merveilleux de la langue espagnole qu’ils ont fait sans s’en rendre compte, cette langue qui a donné lieu à tant d’échanges et qui fait de Neruda le poète qu’il est. La Malinche est aussi cette figure ambivalente, celle qui précipite la fin d’un monde, mais qui est aussi la fondatrice d’un ordre nouveau et d’une grandeur à venir.



* Phrase originale : Malinche, que « cargaba sobre sus hombros la enorme responsabilidad de construir con su saliva la conquista. »

** Tentative de traduction : « Elle aimait voir [ses enfants] courir dans le patio et jouer dans l’eau de fontaines qui rappelaient tout autant Tula et la Alhambra. Elle aimait qu’ils parlent náhuatl et espagnol, qu’ils mangent du pain et des tortillas. »
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