Citations de Lauren Oliver (645)
A l'approche de la maison, ma paranoïa s'accentue : quelqu'un pourrait sentir l'odeur de la Nature sur moi, quelqu'un pourrait lire sur mon visage que je me suis rendue de l'autre côté. Ma nuque me démange, j'ai l'impression que des branches la chatouillent, et je m'arrête régulièrement pour secouer mon sac à dos et vérifier qu'aucune feuille, aucune ronce n'y est accrochée...
Si on chute indéfiniment sans toucher terre, peut-on toujours parler de chute ?
J'ai appris à exceller à ce petit jeu : dire une chose quand on en pense une autre , faire semblant d'être attentif quand on à la tête ailleurs ou d'être paisible et heureux alors quand réalité on panique .
La vie a un fonctionnement surprenant : on désire si fort certains changements qu'ils mettent, semble-t-il, une éternité à se produire, et pourtant, dès qu'ils sont imminents,on rêverait de suspendre le temps pour se pelotonner dans l'instant présent .
Et Dieu a créé l'univers à partir d'un atome qui n'était pas plus grand qu'une idée.
Ou peut-être ne seriez-vous pas surpris. Peut-être certains d'entre vous le savent-ils déjà.
À ceux-là je n'ai qu'une chose à dire : je suis désolée.
Si vous franchissez une limite et que rien ne se produit, la limite perd de sa valeur. C'est comme l'histoire de l'arbre qui tombe dans la forêt : fait-il du bruit si personne ne l'entend ?
On repousse la limite, de plus en plus loin, et on continue à la franchir. Voilà comment les gens finisens par se retrouver au bout de la Terre. Vous seriez surpris de constater combien il est facile de basculer, d'échapper à la gravité, d'atterrir dans un endroit où personne ne peut vous toucher. Combien il est facile de se perdre…
d'être perdu.
J’ai lu quelque part qu'aux abords d'un trou noir le temps s’arrête complètement : si on était prisonnier de cette zone limitrophe, on serait éternellement déchiré, éternellement en train de connaitre les affres de la mort. Voilà ce que j'éprouve à cette seconde précise. La foule pressée autour de moi constitue les contours d’un trou noir, des contours mouvants et infinis.
Lyra - Elle savait que le corps était traversé de courants électriques et elle pensa à ceux qui circulaient entre eux deux à cet instant, aux lumières par milliers. |...] Elle aurait voulu qu'ils abandonnent cette enveloppe charnelle qui les séparait. Elle pensa au mot "amour" et se demanda s'il désignait cela justement, cette sensation d'être toujours trop loin de l'autre ...
Lyra - Elle ne cessait de s'imaginer sa peau sous ses vêtements et, sous sa peau, ses organes, ses côtes et le sang dans ses veines, ne cessait de songer au miracle de son existence, de leur existence à tous les deux, alors qu'ils n'auraient pu être que du vide.
Lyra- Elle s'était posé les mêmes questions. Elle avait confondu "moi" et "elle", avait pincé 25, un de ses génotypes, pour voir si elle le ressentirait, parce qu'elle ne comprenait pas où elle se terminait et où les autres commençaient.
- J'ai fini par me dire que je n'étais peut-être pas réel. Et ça m'a paniqué, j'avais peur de disparaître. Alors j'ai pris l'habitude...
[...] Je me sentais mieux quand je voyais le sang. C'était la preuve que j'étais vivant.
Lyra - Verraient-ils en elle une machine ou une poupée mécanique ? Elle se faisait l'impression d'être un puzzle. Un puzzle bien conçu, complet, et malgré tout bourré de coutures, de fissures visibles de tous. Les humains possédaient-ils une qualité invisible, la seule qui comptait vraiment et qu'elle ne serait jamais capable d'acquérir ?
L'ennuie avec les contes de fées, ce n'est pas qu'ils n'existent pas. C'est qu'ils existent, mais seulement pour certaines personnes.
Si, je l'aime, avais-je envie de répondre. De hurler. Je l'aime plus que tout. Plus que la danse. Plus que l'oxygène.
Il la fixait avec une intensité telle qu’elle pouvait sentir la chaleur qui circulait entre eux.
Sans réfléchir, elle se pencha, ferma les yeux et l’embrassa.
Un baiser comme une glace à température idéale : fondant, simple, parfait. Elle ne s’inquiétait pas de bien ou mal faire, contrairement à cette fameuse fois, des années plus tôt, au cinéma, lorsqu’elle était obnubilée par le pop-corn coincé entre ses dents. Il lui suffisait de vivre l’instant présent, de respirer l’odeur de Bishop, de ses lèvres, tandis que la musique pulsait doucement au loin et que le chant des cigales enflait à l'unisson. De petites étincelles de joie explosèrent dans la poitrine de Heather, comme si un cierge magique s’y trouvait.
Brusquement, il se déroba.
_ Attends, dit-il, attends.
Aussitôt, le cierge magique s’éteignit, et les étincelles furent remplacées par de la fumée noire. Un seul mot et elle avait compris : elle s’était trompée.
L’espace d’une seconde, elle faillit lui avouer la vérité : lorsque Matt l’avait larguée, elle avait compris pour la première fois qu’elle n’était personne.
Il hésita à se lever pour aller lui dire bonjour. Heather était chouette. Il aimait qu’elle soit aussi grande et aussi forte. Il aimait ses épaules larges et sa manière de marcher, le dos bien droit, alors même qu’elle aurait préféré mesurer quelques centimètres de moins – certains détails ne trompaient pas, comme le fait de ne porter que des ballerines et des baskets aux semelles usées.
Il détestait les moustiques. Et les araignées. En revanche, les autres insectes le fascinaient. Ils étaient pareils aux humains, d'une certaine façon - idiots et parfois vicieux, aveuglés par leurs besoins.
vous seriez surpris de constater combien il est facile de basculer, d’échapper à la gravité, d’atterrir dans un endroit où personne ne peut vous toucher. Combien il est facile de se perdre … d’être perdu.
Aimer : un mot unique, une chose fuyante, pas plus épaisse qu’un fil. Voilà ce dont il s’agit : le fil d’un rasoir. Qui s’insinue au cœur de votre vie et la coupe en deux. L’avant et l’après. Le reste du monde tombe d’un côté ou de l’autre. Avant et après. Quant au pendant, il n’est pas plus épais qu’un fil, lui non plus.
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