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Critiques de Laurence Vilaine (93)
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La Géante

Un très beau livre d'outre-temps, qui, bien qu'ancré dans l'époque, joue sur l'intemporel des relations humaines.

La Géante, montagne à l'ombre de laquelle se déroule ce court roman, domine le village où vivent depuis l'enfance Noële et son frère Rimbaud et où arrivent Maxim, puis Carmen.

Dès le 1er chapitre, s'entremêlent le récit de Noële observant l'arrivée d'une silhouette, qui s'avère être Carmen, trimbalant une pioche sur l'épaule et les lettres écrites par Carmen à Maxim.

Carmen, à l'allure citadine, apparaît déplacée dans le décor, et n'est pas la bienvenue pour Noële, ancrée dans ce pays dont les plantes qu'elle transforme en remèdes, assurent sa subsistance et celle de Rimbaud, qui vit sa vie de marginal simplet en courant les chemins...

La dureté de la vie de Noële, élevée à la dure par une "tante" qui l'a recueillie avec son jeune frère, découvre au travers des lettres de Carmen et de la présence de Maxim, venu occcuper temporairement une ancestrale maison de famille, un univers lointain et inimaginable : les voyages de Carmen, reporter photographe sur des terres de malheur, mais surtout des sentiments, l'amour, le soin de soi et de l'autre... Cette femme sans âge semble se redresser et s'émanciper à la lecture de ces courriers.

Ce récit parle aussi du combat de Maxim contre la maladie, de la passion de Noële pour les mots des récitations apprises à l'école et découverts dans les phrases de Carmen... et bien sûr, de la montagne, cette Géante que Noële, grâce à Carmen, sera enfin capable de contempler de haut!

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La Géante

La Géante, c’est la montagne impressionnante et familière, réconfortante et froide, majestueuse et généreuse. C’est à ses pieds que grandit Noële (avec un « l ») et son frère muet qu’elle a surnommé Rimbaud, élevés par la Tante dont elle suit les traces.

Elle ramasse, cueille, conserve et empile avec beaucoup de respect et de sagesse ce que la Géante lui offre. Une vie bien tracée jusqu’à l’installation d’un journaliste rongé par la maladie dans la « maison froide » voisine de la sienne. Une rencontre qui va bouleversée sa vie, l’ouvrir aux mots et aux sentiments.



Un roman comme un bijou qui ne se lit pas mais se contemple. Dans une langue riche, soignée, et sublimée, le récit est rythmé par des bribes de souvenirs, des douleurs, des lectures de lettres, des contemplations ou des mouvements des corps qui en autant que les mots.



Des mots qui éveillent Noële à l’amour, au désir mais aussi à la solitude et au silence.

Des mots qui ébauchent la vie des personnages sous les yeux de la Géante, plus qu’une nature environnante, un personnage à part entière.

Des mots qui monopolisent les sens, qui s’échppent au gré du vent ou s’écrasent sur le col de La Géante.

Des mots qui viennent du cœur, ceux qu’on tait, ceux qu’on étouffe

Des mots violents, doux, timides et tous ceux que le silence sait si bien dire.



Un roman d’une splendide beauté !


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La Géante

c'est un roman très poétique, avec une belle écriture.

J'ai beaucoup aimé le cadre de l'histoire, un petit village de montagne, les sentiers, le refuge, les bergers.

Cependant je me suis souvent perdu. je n'ai pas bien compris le début de l'histoire. J'ai réussi à mieux comprendre qu'à partir du milieu, et ça m'a aidé à terminer le livre.

Je pense qu'il faudrait que je le relise une autre fois pour mieux comprendre.
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La Géante

Un bouillon d'émotions.

La narratrice Noële n'a jamais quitté sa montagne, surnommée la Géante. Sa vie est spartiate entre la préparation de ses tisanes, onguents et autres confitures. Elle passe ses journées dans la montagne à cueillir des plantes, ramasser du bois mort pour ses fagots. Son frère "Rimbaud" est là sans être là, mais toujours vigilant.

Face à eux, la Maison Froide où Maxim vient se réfugier pour faire la gerre à son crabe, loin de Carmen qui continue à lui écrire des lettres d'amour. Noële découvre alors tout ce qu'elle n'a pas connu et dont elle soupçonnait à peine l'existence.

L'écriture est sensible, l'histoire émouvante, le cocktail réussi même si pour moi le début a été difficile car les personnages apparaissent, s'entremêlent sans que nous sachions qui est qui, qui fait quoi, pourquoi ? La magie opère quand nous avons les réponses à ces questions.
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La Géante

Laurence Vilaine raconte avec beaucoup de poésie la solitude sous toutes ses formes dans un paysage qui accompagne très justement ce sujet. On suit pas à pas cette jeune femme qui vit au milieu de cette montagne, sa vie, ses habitudes et sa rencontre avec un autre, avec une autre histoire. C'est très bien écrit. Par moment, je me suis tout de même un peu perdue dans les tournures de phrase. Certaines, bien que très belles sont restées obscures mais cela n'enlève pas rien à ce très beau texte.
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La Géante

Dans le cadre du prix des lecteurs Privat, j’ai lu La Géante de Laurence Vilaine aux éditions Zulma. Ce court récit a été un peu déstabilisant dans les premières pages mais à fini par m’emporter par la grâce de la plume de Laurence Vilaine.



Au coeur de la montagne vit Noële et son frère, Rimbaud, celui dont la parole n’est que chant. Noële pourrait apparaître aux yeux du monde comme une sauvage, une sorcière, elle qui n’a grandi que dans les montagnes, avec une tante réduisant la vie au minimum, à l’essentiel, aux besoins primaires. Dans cette existence rude, Noële fait une découverte bouleversante pour elle : le désir, la sensualité et l’amour. Cette rencontre éveille Noële à la vie.



Si les premières pages ont vraiment été un peu laborieuses pour moi par le rythme mais aussi la narration car je cherchais d’où venait cette voix pierreuse – la nature elle-même ? un personnage ? – mais au fil des pages lorsque Noële raconte cette histoire d’amour entre un homme et une femme, ce désir puissant qui la bouscule, la plume se teinte d’une poésie, d’une puissance évocatrice qui donne à ce récit toute son ampleur et sa force.



Il faut aller à la rencontre de La Géante, ne pas se laisser déstabiliser par son âpreté initiale car elle vous dévoilera la force et la poésie du monde.



En résumé : une belle découverte !



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La Géante

Une tres belle écriture, poétique et imagée, au plus proche de la nature, certes. Mais qui mouline dans le vide. On ne comprend l’intrigue, plus que tenue, qu’à la moitié du livre et le roman ne prend pas plus forme pour autant.

Un livre pour rêveurs peut être qui m’a laissée totalement indifférente.

Le format d’une nouvelle aurait mieux convenu.

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La Géante

Une pépite ! 📚🍃



Il y a des livres qui vous happent dès les premières phrases. Qui vous envoûtent. Des livres où vous ralentissez la lecture pour mieux vous imprégner de cette écriture, aussi rude et rocailleuse que l'histoire qu'elle raconte.

La Géante est de ceux-là.



La Géante, c'est la montagne au pied de laquelle vit Noële. Une vie âpre, dure, sans superflu, sans fantaisie, ni poésie autre que celle de ce frère qu'elle surnomme Rimbaud et qui ne parle qu'aux oiseaux. Une vie quasi mécanique, répétitive. Se lever le matin, se laver à l'eau froide, s'habiller couleur de roches et de terre, manger frugal, parcourir la montagne autant redoutée que vénérée, scruter le ciel, récolter bourrache et laurier, assembler du petit bois en fagots pour démarrer le feu, préparer des potions et des onguents pour soigner les gens, dormir et recommencer.



Un jour, pourtant, par l'entremise de lettres qui ne lui sont pas destinées, Noële va découvrir qu'une autre vie est possible. Ces lettres dont Maxim venu se terrer au village le temps d'un combat intérieur, ne veut plus. Elle va découvrir le pouvoir des mots, l'amour, le désir, le manque, la féminité. A travers les mots d'une autre, elle va apprivoiser la douceur et déplier timidement ses ailes.



Le début du roman est un peu mystérieux et lent, puis cette étrange et envoûtante histoire va s'éclaircir et vous offrir des images d'une fulgurante beauté au pied de cette montagne tutélaire impérieuse. Et ce portrait de femme infiniment émouvant, qui tous ses sens aux aguets, va littéralement se nourrir des mots d'une autre pour s'ouvrir à une vie rêvée, cheminer vers la lumière ...



Un livre comme un diamant brut, que j'ai eu envie de relire à peine terminé.
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La Géante

Au pied de la Géante, sommet à la fois protecteur et inquiétant, Noëlle récolte les plantes, les trie soigneusement avant les sécher pour en faire des tisanes ou des onguents. Un peu rebouteuse, un peu sorcière, elle vit loin de toute communauté humaine en compagnie de son frère qui ne sait que chanter en duo avec un petit-duc.

Cette vie de quasi ermite s’interrompt avec l’arrivée de deux inconnus. Leur venue s’accompagne de sentiments, d’attentes et de désirs. Et puis surtout, dans un domaine où régnaient le chant des oiseaux, le bruit du vent et le silence, arrivent les mots et leurs conséquences funestes.

A l’instar des grands écrivains américains du Natural writing, Laurence Vilaine mélange l’onirisme à une nature incarnée, les gestes quotidiens aux réflexions existentielles. Elle publie avec sa « Géante » un roman totalement original, puissant et poétique.

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La Géante

Récit d’une solitude paré d’un rêve d’amour, La géante évoque la rudesse de la vie solitaire d’une femme vivant à la montagne. Puis survient l’inattendu, une correspondance entre deux amants, le vécu de leur séparation découverte dans l’indiscrétion de leurs lettres, leurs échanges passionnés. Un thème plutôt classique qui, malgré la beauté des correspondances, semble parfois un peu long dans son approche des personnages.

Un peu comme La géante est immuable, la vie de la narratrice apparaît chargée de lenteur et d’une routine imposante. Dommage pour ce récit qui aurait mérité peut-être plus de légèreté et de douceur mais qui n’est pas pleinement parvenu à me convaincre.
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La Géante

C'est un roman doux et beau qui se lit comme un poème, qui se savoure page après page. Un roman qui nous cueille par la délicatesse de ses mots.



On y suit Noële sur les traces d'une inconnue qui ne l'est pas tant, dans les méandres d'un amour qui n'est pas le sien, sur le versant d'une montagne qu'elle connait par cœur - ou presque. Une ode à la nature, à l'amour, et aux tourbillons de la vie.
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La Géante

Noële vit au pied de la Géante. Elle ramasse branchages, bleuets et bourrache, en forme des fagots pour l'hiver et fabrique des onguents et des tisanes. Son frère qu'elle nomme Rimbaud est un bienheureux mutique, qui ramasse des cailloux. Repliés sur eux même, ils mènent une existence simple.

Maxim est journaliste, solitaire et se sachant atteint d'un mal incurable affectant sa vue, il est venu s'installer loin du bruit et des lumières de la ville.

Carmen quant à elle, parcourt le monde et entretient une relation épistolaire avec Maxim, qu'elle aime et pour lequel elle s'inquiète.

Noële va découvrir par le biais de ces lettres, que le facteur lui confie, le désir amoureux, le manque, leur pouvoir et leur fragilité...



L'écriture est singulière et la construction du texte surprenante, à tel point que, dans un premier temps, le lecteur se perd dans l'histoire, puis lorsqu'il en comprend le concept, la lecture devient délice.

Un roman libératoire, vibrant d'humanité, tendre et sensible où les silences résonnent dans la vallée des sentiments...

A découvrir sans faute.

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La Géante

Noëlle vit seule depuis le décès de la Tante, au pied de la Géante, cette imposante montagne de laquelle elle tire les ingrédients pour ses tisanes et ses onguents.

Arrive Maxime, journaliste taiseux et sa relation épistolaire avec Carmen qui va venir perturber le quotidien pourtant si simple et pur de Noëlle.



Le récit se veut simple, beau et poétique, pourtant, j'ai eu un peu de mal à être emballée et à me plonger réellement dans l'histoire.
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La Géante

J'ai lu "La Géante" de Laurence Vilaine dans le cadre du Prix "Passeurs de Mots" 2023 auquel participe ma médiathèque : 5 romans présélectionnés avec la nature pour thématique cette année, et ce sont les lecteurs qui votent pour leur titre préféré. Il est rare qu'une lecture me laisse une impression aussi étrange. Je ne saurais dire si j'ai vraiment apprécié ce roman ou pas, mais j'ai été assurément interpellée par son écriture.



Noële, la narratrice, vit en solitaire au pied de la Géante, une montagne aussi protectrice qu'impitoyable. Orpheline, elle a été élevée avec son frère par une femme du village qui lui a appris la science des plantes et comment tirer partie de la nature omniprésente. Sans âge, un peu sorcière, elle vit désormais au service des autres, s'oubliant totalement derrière ses oripeaux. L'installation dans la maison d'en face de Maxim, un journaliste venu se réfugier loin de tout pour affronter le cancer qui le ronge, va bouleverser sa vie. A travers la correspondance que lui envoie son amante Carmen qu'il refuse de voir, Noële va découvrir les douceurs et les souffrances de l'amour.



J'ai bien décelé toute la beauté de l'écriture de l'auteure. C'est la poésie de chaque mot qui souligne aussi bien la rudesse de cet univers de solitude imposé par la montagne, que la magie de l'éveil de Noële au sentiment amoureux. J'ai aimé le contraste avec ce lieu coupé du monde et de son agitation qui vit au rythme de la nature, capable d' imposer à Maxim et Carmen, journalistes, donc en lien permanent avec l'actualité mondiale et les réseaux, à correspondre par ce moyen si désuet qu'est la lettre. Malheureusement, ce côté très lyrique du texte me l'a rendu imperméable. J'ai vécu dans un rêve éveillé, ayant du mal à suivre des personnages qui évoluaient comme dans un théâtre d'ombres, impression accentuée par le fait que passé et présent se mélangent allégrement.



Je suis restée sourde à la beauté de ce roman initiatique auquel j'accorde un 12/20 car j'en reconnais tout de même les qualités d'écriture. Le sentier à gravir pour en découvrir toute la magie du sommet était sans doute trop escarpé pour moi...
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La Géante

Sous fond de guerre et de maladie, un récit initiatique d’une grande beauté, porté par une plume poétique, imagée, magnifique.

La géante, c’est la montagne où vit cachée Noële avec son frère Rimbaud depuis le décès de sa tante. Sa rencontre avec Maxim, un journaliste, va bouleverser sa vie tranquille et linéaire. Lectrice puis messagère de ce dernier, Noële va découvrir dans sa correspondance avec Carmen l’amour, l’absence, le poids des mots. Un roman lu une première fois dans le cadre du prix Fnac et relu pour le plaisir de la langue ! Superbe 👍🏼
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La Géante

Je pense que ce roman n’était pas vraiment pour moi. L’écriture est poétique mais cela ne m’a pas transporté. Les personnages sont taiseux et durs (description très raccourcie des montagnards…)

Je n’ai sûrement pas dû comprendre toutes les subtilités du récit mais finalement il ne se passe que très peu de choses, toutes narrées de façon très elliptiques. Bref, c’est long, c’est lent. Un beau rapport à la végétation et la nature tout de même.
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La Géante

Emprunté par hasard dans ma nouvelle bibliothèque j'ai d'abord eut beaucoup de mal à commencer ce roman. Aucun repère dans le temps, récits croisés, j'étais perdue. Puis je me suis laissée aller et là....

Je recommande vivement La Géante, roman épistolaire qui nous entraîne dans une nature hors du temps enveloppée d'un nuage de sorcellerie.
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La Géante

« La Géante » Laurence Vilaine (Zulma 188p)

Magnifique…

… Même si j'ai été un peu dérouté par le début de l'histoire, où tout semble se mêler, les personnages, les lieux, et surtout l'intrigue en elle-même, avec des rebonds parfois elliptiques ; d'où mon envie aussi de n'en rien dévoiler ici, de laisser chacun se débrouiller et faire son chemin en suivant les mots de la narratrice, pour entrer à son rythme dans la trame du récit.

Mais au bout de quelques pages, je me suis laissé apprivoiser par le texte de Laurence Vilaine, j'ai saisi les fils narratifs de la pelote qu'elle déroule ou tricote pour nous, et, entré certes avec un peu d'hésitation ou de perplexité, une fois dedans, je n'en suis plus sorti, je n'ai plus lâché le roman.

Il y a quatre personnages féminins dans ce récit. La Géante, c'est la montagne de ce coin magnifique et reculé du Mercantour (ceux qui connaissent s'y retrouvent), la montagne à l'ombre de laquelle se déroule ce récit plein de douleurs. La Tante, elle, a élevé Noële la narratrice et Rimbaud le petit frère muet, simple mais si proche de la nature, après la disparition de leur mère. La Tante, qui a transmis à Noële son savoir-faire des plantes de la montagne est morte depuis longtemps, ce sont donc deux personnages silencieux qui accompagnent de leur présence muette et forte le récit, c'est leur ombre tutélaire qui imprègne toute l'histoire.

Et il y a donc Noële la narratrice, qu'on imagine plus toute jeune, qui vit seule à l'écart du village, aux côtés de son frère Rimbaud. Et enfin Carmen, journaliste aux quatre coins du monde, qui écrit à Maxim, l'homme qu'elle aime passionnément et qui s'est retiré dans une cahute reculée au pied de la Géante.

Noële, on le sait vite, de sa vie de peu, de sa vie solitaire, n'a jamais rien su de l'amour. Elle va en découvrir la puissance extraordinaire en entrant secrètement et par effraction dans le lien qui unit Carmen à Maxim.

Mais au-delà de l'histoire si émouvante, ce qui m'a impressionné plus que tout dans ce roman, c'est la poésie magnifique de Laurence Vilaine. Flotte dans son récit un parfum chargé de mélancolie d'un Giono en hiver, ne serait-ce que par la proximité avec la nature. Et surtout, je ne peux m'empêcher de songer à Erri de Luca, à l'extraordinaire ciselure de son écriture. Crayon en main, j'ai souligné et souligné nombre de phrases si belles…

« Septembre marchait vers l'automne sans brusquerie… »

« L'orage de la nuit avait lavé le ciel, dans le bleu je suis allée chercher de la paix. »

« Rimbaud n'a pas beaucoup encombré la Tante. S'il pleurait, c'était en silence et il ne dérangeait pas. Il ne parlerait pas et serait donc idiot, et elle l'a laissé faire, tout seul le tour de la maison à quatre pattes, tout seul ses premiers pas. Il a appris à marcher en s'écorchant le nez sur les montagnes, les papillons et les oiseaux l'ont fait se relever en souriant, et les chèvres puis les chamois lui ont indiqué le chemin toujours plus haut. »

« Ça sentait le serpolet qui faisait paillasson à la porte, elle regardait la nuit dans les yeux… »

« La Géante boudait entre l'hiver et le printemps. »

« Rien jamais ne console sauf peut-être la vérité à condition qu'elle ose. »

« Le vent énervait maintenant la montagne, couchait les herbes autour des petits lacs et les peignait dans l'autre sens. »

« (…) l'amour est capable de ça, il a la force de chasser novembre pour recevoir juillet (…) »

Etc, etc…

« La Géante », un livre superbe à lire deux fois, au moins.

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La Géante

«  Le monde est froid quand tu n'y es pas » .



«  «  La vie n'est pas sans épines, il va falloir que tu t'occupes de tes hommes, petite » .



«  Je déterrais les racines de guimauve, cueillais les dernières noisettes et sous les hêtres guettais les premiers pieds- de - mouton » .



Quelques passages de ce roman si singulier, une nature grandiose aux pieds de cette géante, dans les vallons de la Bendola, cette montagne mystérieuse , à la présence aussi silencieuse que majestueuse, tranquille, immuable, imposant son rythme ,fournir les fagots pour l'hiver, bourrache, gentiane ou bleuet pour les onguents et les tisanes, à la fois baume pour les hommes mais aussi menace grandiose , empreinte de solennité et de gravité , un rappel utile , constant à la fatigue et au chagrin éventuel, sauvage et élégant , rappel à une certaine humilité , au respect pour ceux qui osent y pénétrer .



«  Y pénétrer , c'est dire au monde si le diable veut bien, parce ce que c'est lui qui ouvre la route , caché sous les pierres rondes de la calade, douze lacets abruptes jusqu'à la clairière d'Agu, un chemin de croix sans station » .



«  Tu dois y monter sans t'arrêter, disaient les anciens » .



Noële a toujours vécu au pied de la géante, ,cet endroit pétri de mystère, de superstitions si anciennes , de ruses , un peu sorcière , vivant avec son frère Rimbaud qui ne parle pas mais chante avec le grand - duc, élevés par leur tante , qui les as recueillis , ces deux - là ne font qu'un avec cette terre rugueuse.



Noële sait bien qu'on ne peut rien attendre du ciel , ne lève plus les yeux vers lui depuis longtemps .



Repliée loin de tout , elle mène une existence aussi rugueuse et dure qu'un silex , un chemin à la pente très forte ,vouée au travail, enveloppée dans un nuage de sorcellerie .



Soudain surgit dans sa vie , l'histoire de deux inconnus , dont un certain Maxime , très malade , qui vient s'installer dans «  la maison froide », laissant loin derrière lui, sa petite amie Carmen et sa vie tumultueuse.



Noële découvre alors ce que peut être le manque et le désir, l'amour qui encombre ou qui porte très haut , l'absence , le poids intense des mots , cela bouleversera sa vie …. Elle aimera par procuration ….



C'est un roman initiatique d'une grande beauté , à la structure fragmentée , au début très obscure, l'auteure n'a pas son pareil pour décrire la nature avec un grand N , l'écriture est poétique , subtile, ciselée et originale,



J'ai vraiment eu du mal à comprendre les 90 premières pages malgré la beauté du texte, l'écriture est pourtant très soignée , délicate , la langue riche , incroyablement poétique , puis plus tard le récit très touchant nous prend aux tripes .



Il nous faut patienter et revenir en arrière .



Un roman qu'il faut s'approprier !



« De la douceur je n'ai connu que les oreilles d'ours qu'enfant je cueillais et glissais dans mes poches. La Tante me houspillait, l'école prend déjà bien assez de temps , il y a autre chose à faire que se caresser le menton.



Couper, tailler, cueillir, le bois , le feu, les plantes, ramasser, effeuiller , sécher, ensacher, ranger, aller porter. de la douceur à coups de kilomètres dans les mollets et de besognes en rentrant ,aux fourneaux, au grenier, ,à la table ,jusqu'à tard » …..











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La Géante

Voici aujourd'hui un court roman, 187 pages à peine, que j'ai trouvé à la fois étrange et très poétique.

La Géante c'est la grande montagne qui semble veiller sur le village.

Noële vit là, dans la vallée avec son jeune frère muet de naissance qui aime la nuit avant tout et la montagne, ramasser de la pyrite dans les ruisseaux et chanter avec le grand duc. Leur mère est morte en mettant le petit garçon au monde. Le père est reparti un matin pour travailler et n'est jamais plus revenu. Les enfants ont été élevés par une vieille tante qui est une simple voisine qui les a pris sous sa coupe et a pris soin d'eux, même si elle-même était plus que démunie jusqu'à sa mort. Elle a appris à Noële à cueillir les plantes qui soignent.

Noële ne connait rien à la vie, le lecteur ne sait pas son âge. Elle ne connait rien à l'amour non plus, vu que le village est perdu en haut de la vallée... et qu'elle n'a jamais quitté ses montagnes.

Mais un jour, un homme débarque et s'installe dans la "maison froide" en face de chez elle. Il vit simplement, reçoit de nombreux courriers de toutes provenances d'une femme amoureuse, se dit malade et explique ses absences par des visites médicales et des envois au journal dans lequel il rédige des chroniques littéraires. C'est Maxim. Il était photographe dans les zones de conflit. Son amoureuse, Carmen, aussi...



Par petites touches subtilement amenées, grâce à l'alternance du récit qui donne la parole à l'un ou l'autre des personnages, le lecteur découvre ce que chacun a enfoui au fond de lui-même.

Noële se fait indiscrète, lit les lettres que lui ne veut plus lire, en apprend chaque jour davantage sur leurs relations. Elle devient le témoin d'un amour qui n'arrive pas à s'exprimer et peu à peu comprend ce qui relit deux êtres qui s'aiment...Elle va peu à peu grâce aux mots qu'elle lit et qu'elle intègre redécouvrir son corps, et renouer avec la vraie vie.

Le lecteur ne sait pas toujours où il en est, mais se laisse porter par les propos. Il découvrira peu à peu pourquoi Carmen, cette "femme qui monte" au long manteau est venue jusqu'au village en plein hiver (le roman commence par là), pourquoi Maxim s'est installé là dans ce village du bout du monde, pourquoi Noële a baptisé son petit frère qui ne parle pas, Rimbaud, et pourquoi elle a si peur d'aller au-delà de la "Pierre debout" et de suivre les sentiers qui montent vers le sommet de la Géante.

La fin m'a cueilli sur un chemin que je n'avais pas pris, une belle surprise donc.

Un livre à savourer mais à lire d'une traite pour rester sous le charme de ce très beau texte, une véritable ode à l'amour.
Lien : https://www.bulledemanou.com..
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