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Critiques de Laurent Guillaume (272)
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Les Dames de guerre : Saïgon

Avec Les Dames de guerre : Saïgon, Laurent Guillaume nous livre un roman d’aventure et d’espionnage haletant.

Septembre 1953, en reportage en Indochine française, le journaliste photographe de guerre pour Life magazine, Robert Kovacs, trouve la mort sur l’explosion d’une mine.

Dans les bureaux du magazine, à New-York, devant l’ensemble du personnel, Henry Luce, qui a racheté Life en 1936 pour son nom, souhaitant révolutionner la presse papier en donnant toute sa place à l’image, très affecté par cette disparition brutale, rend un hommage vibrant à celui qu’il considérait comme le plus grand raconteur d’histoires de ce siècle.

Parmi les présents se trouve Elizabeth Cole, photographe talentueuse et dessinatrice accomplie. Mariée depuis quatre ans, la jeune femme, athlétique et très belle, s’habille en Dior, Balmain, Chanel, vit à Manhattan mais a cependant l’impression de gâcher son talent en couvrant la page mondaine du Life Magazine. Elle commence de plus, à s’agacer des allusions permanentes à la maternité que lui font ses beaux-parents.

Aussi, quand il est fait appel à un photographe expérimenté pour finir le reportage en Indochine commencé par Kovacs, alors que tous ses collègues baissent la tête, n’hésite-t-elle pas à se porter volontaire car elle est de plus, persuadée que la disparition du reporter n’a rien d’accidentelle.

Devenue correspondante de guerre, son rêve, elle s’envole en novembre 1953, pour Saïgon, attendue par son contact Graham Fowler.

Commence alors une enquête à l’autre bout du monde, à Saïgon, à Hanoï et la plaine de Diên Biên Phu où les Français viennent de lancer l’opération Castor, et sur les hauts plateaux du Laos où les Méos (les Hmongs) abattent sans pitié les Vietminhs, ces Méos aux coutumes avec des trophées un peu barbares… Mais comme le dit assez justement Bremond à Elizabeth horrifiée : « Cessez de voir de l’honneur dans la guerre, c’est l’endroit qui en est le plus dépourvu. »

C’est une enquête sur les traces d’un trafic d’opium avec des espions partout, des tueurs à gages, des sectes guerrières, des aventuriers, des trafiquants d’armes, absolument ébouriffante que va mener Elizabeth Cole. Ce qui est le plus impressionnant et le plus époustouflant est que ce trafic a bel et bien existé. Il s’agit de l’histoire de l’opération X.

Cet ouvrage est une mine de renseignements historiques. De plus, les personnages mis en scène jouent leurs propres rôles ou sont inspirés par de vrais gens. C’est le cas de Elizabeth Cole inspirée par les grandes reporters de guerre féminines auxquelles Laurent Guillaume rend un magnifique hommage en en créant une à leur image, l’héroïne de son roman. Je l’ai cependant parfois trouvée un peu trop « superwoman ».

Grâce à une enquête haletante et complexe, l’auteur réussit avec brio et de façon romanesque, à nous entraîner dans cette période de décolonisation, un peu compliquée et pas toujours très connue et à mettre en évidence les difficultés auxquelles sont confrontés les journalistes et photographes dans les zones de guerre et le courage dont ils doivent faire preuve pour opérer dans un climat empreint d’insécurité et de menace constante.

Un premier opus réussi ! Ne reste qu’à attendre la suite, prévue pour 2025…

Je remercie pour leur confiance Babelio et la collection La Bête Noire des éditions Robert Laffont.


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Doux comme la mort

Il est des auteurs qui mériteraient des éclairages médiatiques plus importants, Laurent Guillaume en fait clairement partie. J'avais déjà beaucoup apprécie son premier polar, Mako, paru en 2009, mais là, avec ce Doux comme la mort, c'est clairement un cran au-dessus, un des meilleurs thrillers lus récemment, sans hésiter.



Tout sonne vrai. Cet ultra réalisme interpelle, nourri au passé de l'auteur : commandant de l'UMS ( unité mobile de sécurité – spécialisée dans l'anticriminalité et les violences urbaines ), officier aux Stups, conseiller de la police locale au Mali ( pour la lutte contre le trafic de stupéfiants ), actuellement consultant international à la lutte contre le crime organisé en Afrique de l'Ouest.



Bien sûr, un impressionnant CV ne suffit pas à faire un bon auteur de polars ou thrillers, mais là, cela donne du poids, de l'ampleur et du souffle : documentation précise, écriture tendue, scènes choc comme celles dans la prison malienne, contexte géopolitique passionnant ancré dans l'actualité ( djihadistes salafistes, trafiquants de drogues ) jouant avec les codes du genre ( réseaux de proxénétisme, politiciens véreux, flics ripoux ) ... un cocktail explosif pour une intrigue très sombre, quasi désabusée.



A cela s'ajoute des personnages surpuissants, densément campés, qui apporte complexité, humanité et rage au récit. Deux solitaires charismatiques en quête de vengeance. Marc Andrieu, le flic idéaliste de la DST ( Direction de la Surveillance du territoire ), obsédée par la disparition de sa fille, prêt à tout pour la retrouver. Et surtout le Messager ! Quel personnage que ce mercenaire mandaté par les services secrets pour assassiner un des leaders de l'AQMI ( Al-Qaida au Maghreb islamique ) au Nord-Mali  ! Lorsqu'il découvre au dernier moment que ces commanditaires l'ont trahi, il se met en marche, un tueur froid, surentrainé, intelligent et terriblement sensible aussi, un oxymore prêt à tout défoncer.



Celui qui fait bouger les lignes et ces deux personnages jusqu'à permettre leur rencontre, est tout aussi intéressant, un vrai méchant que ce Julien Vittoz, ex-ministre de la Défense déchu suite à un gros échec diplomatique au Mali, qui met en place un plan machiavélique pour retrouver les hautes sphères du pouvoir.



La construction du récit, l'enchaînement des rebondissements sont parfaitement maitrisés jusqu'à la déflagration finale qui percute le lecteur en plusieurs étapes. Un thriller ultra-réaliste de haute volée dont la puissance et les personnages sont très au-dessus du lot.



PS : magnifique couverture que ce dos musculeux tatoué d'un serpent ( celui du Messager ) dans la réédition 2020 de la Manufacture de livres
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Un coin de ciel brûlait

En 1992, arraché à sa famille par la guerre civile qui ravage la Sierra Leone, Neal Yeboah, douze ans, est enrôlé de force comme enfant-soldat. Trente ans plus tard, un homme est retrouvé assassiné dans un palace genevois. Il avait rendez-vous avec la journaliste d’investigation Tanya Rigal, qui, convoquée par la police judiciaire suisse, réalise qu’elle est sur une affaire énorme, intéressant jusqu’aux services secrets américains. Elle ne sait pas encore, que de l’Afrique à l’Europe et aux Etats-Unis, le sang n’a pas fini de couler…





En flic-auteur avisé, Laurent Guillaume nous entraîne dans une enquête énergique et pleine d’adrénaline, dont le style percutant et le rythme soutenu sont faits pour happer le lecteur de la première à la dernière page. Il nous livre donc un bon polar, captivant à souhait, mais pas seulement. Son livre est aussi une plongée, terrifiante il faut le dire, dans la guerre civile qui ravagea la Sierra Leone pendant toutes les années quatre-vingt-dix, décimant et déplaçant les populations dans un déchaînement de violences et d’atrocités, le tout avec le concours massif d’enfants-soldats, et pour enjeu principal, le contrôle des zones diamantifères. L’auteur enchâsse ainsi sa fiction dans une trame historique parfaitement authentique, parsemée de personnages réels, et, par d’incessants allers-retours entre l’Afrique et le reste du monde à trente ans d’intervalle, met efficacement en lumière le problème persistant des diamants de conflits, aussi appelés diamants de sang.





La narration, suffisamment réaliste pour bien faire prendre la mesure des atrocités commises, en même temps que l’ampleur des jeux de pouvoir économique et politique qu‘alimente la contrebande de diamants, a de quoi faire froid dans le dos. En plus d’aider à armer les rébellions et d’entretenir l’instabilité en Afrique, les diamants de sang continuent aujourd’hui à financer des régimes totalitaires. Al-Qaïda aussi en a tiré une partie de sa fortune...





Loin du simple divertissement, ce polar palpitant est aussi l’occasion de découvrir le rôle des diamants dans les conflits africains. Avant d’être montés en bijoux, ce sont parfois de véritables rivières de sang qu’ils ont déjà fait couler…


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Là où vivent les loups

"Les flics sont les témoins quotidiens de la folie humaine. En cela, ils sont terriblement seuls." Maxime Chatham.





Flic à l'IGPN, Priam Monet est un boeuf-carottes dans le jargon policier, il en a la carrure, mais aussi le caractère d'un ours mal léché.





- "Le médecin légiste? Vous êtes sûr ? Ce n'est pas un accident?" Demande Claire.

- Le pantalon n'est pas imbibé de sang, ce type était mort depuis un certain temps, quand quelqu'un l'a balancé de la falaise."





Un coin tranquille dans les Alpes, mais Priam n'aime pas la nature et les arbres. Ni les chiens, d'ailleurs!

Alors, s'il y a un loup tueur de brebis ! Mais aussi, des ploucs qui lui cherchent la bagarre, un garde chasse, en plus ancien braconnier, peu coopératif, et des gendarmes incompétents...

Une critique sociale et quelques jolis personnages secondaires, comme Claire, Roc ou Marie Cadoux...





Des coups de feu dans la montagne, des hommes, avec des fusils, pour "prélever"un loup. Un loup, et pourquoi pas un boeuf ou un boeuf-carottes?





Pourvu que "l'ours" ne charge pas, dès qu'il sent une piste, car la victime n'est pas un simple migrant.

"Non, ce qui tue ou assassine la plupart des gens, c'est la connerie humaine. La jalousie, la médiocrité, la rancœur, les frustrations, bref toute la merde inhérente à la condition humaine."





Laurent Guillaume est un ancien flic et un consultant international pour la lutte contre le crime organisé. Et le lauréat du prix des lecteurs 2015 du festival Sang d'encre.
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Là où vivent les loups

J'aurais beaucoup aimé me trouver sur le quai de la gare de Thyanne lorsque Priam Monet est descendu du train . Voyez- vous , l'image de ce géant d'un mètre quatre - vingt seize pour un quintal et demi donne le ton à toute l'histoire racontée dans les trois cent soixante pages qui vous attendent , il occupe " tout l'espace " . Un " héros " mal sapé , rejetant des effluves de ninas , bon mangeur , bon buveur ( ah , la gnole de gentiane ...la biére ...) ... , pas " ingrat " avec la gente féminine, volontiers bagarreur , sachant jouer avec les armes , mal vu par sa hiérarchie, attireur d' " emmerdements " comme un paratonnerre avec les orages .....Oh rassurez - vous , je ne dis pas tout , vous le découvrirez , ce " boeuf - carottes ", c'est du trois étoiles au Michelin , du " lourd " comme on dit , au propre comme au figuré ...Ce gars - là , si vous ne le suivez pas dans cette aventure , vous pourrez dire que vous avez raté votre vie , croyez - moi . En même temps , quand vous saurez qu'il n'aime personne , mais vraiment personne , vous pourrez douter de la sincérité de ma remarque , on nous a déjà fait le coup avec la " Rollex" , alors le " Priam Monet " , hein . .... Tiens , ce nom , déjà , ça vous " classe " son homme , non ?

Remarquez , le suivre , ça vous fera prendre l'air de Thyanne . C'est dans les Alpes , un petit village sympa de montagne , de belles ballades en perspective , des gens euh , des gens ...oui , ben des gens quoi ...Il est là pour une " inspection " , une simple évaluation de service , trois fois rien , la routine ...Deux , trois nuits au relais de la gare , pas plus ...Allez , ça vous sortira , tous frais payés, de la Ri.. go.. la.. de !!! Ah , juste un petit détail, y'a des moutons ...et des loups ..qui attaquent les moutons ...et des migrants ....et le corps d'un migrant ...Oups , ça m'a échappé, pas bon pour le tourisme ça . Enfin , maintenant vous êtes là avec Priam , pas question de se défiler . Allez , en route pour la découverte d'un " village si tranquille" où tout , ou presque , appartient à Chappaz , " un bellâtre grand et athlétique aux yeux gris perçants, au profil arrogant de patricien " . La première fois que Prian l'a rencontré , la seule chose que je peux vous dire , c'est " qu'il lui déplut profondément " . Un signe ? Peut- être mais je vous l'ai précisé, Priam , il n'aime personne ..sauf " Ducon " , un pauvre chien ...

Ce roman présente bien des atouts , une écriture fluide qui vous emmène sagement à la découverte de Thyanne et de ses environs , qui vous fait rencontrer des personnages authentiques ,truculents et particulièrement " typés " , au verbe cru , à la main " leste " , à la gachette facile . Faut pas trop " fouiner " à Thyanne . Avoir le " gosier bien en pente " , ça oui , ça peut servir , mais la curiosité...

Enfin , ce n'est qu'une visite d'inspection , une visite de pure courtoisie ...Oui , sauf que l'inspecteur , la courtoisie , c'est tout de même pas vraiment sa " tasse de thé " ....Je vous le répète, il n'aime personne ...Par contre , " Vaut le détour *** " à lui tout seul .

Un bon , un agréable moment de détente , ça fait du bien ...
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Les Dames de guerre : Saïgon

Pourquoi ce titre Les dames de guerre ? Parce que l’héroïne, femme reporter qui n’a pas froid aux yeux, croisera une taxi-girl espionne et une cheffe de guerre.

Septembre 1953, l’Indochine est en proie à une guerre fratricides entre vietminhs communistes, annamites et français. C’est la mort du reporter Robert Kovacs qui pousse Elizabeth Cole à partir en Indochine sur les traces du reporter disparu pour reprendre son enquête. Après avoir tergiversé, le patron de Life magazine accepte de la laisser partir afin d’élucider les incohérences qui entourent la mort accidentelle du reporter vedette.

Sans expérience aucune du reportage de guerre, la jeune femme va devoir s’adapter à des situations extrêmes tout en affrontant un danger permanent et masqué. Mais il ne se passe pas grand-chose à Saïgon où les expats se retrouvent en terrasse autour d’un verre où dans les grands hôtels. Elle veut suivre la piste de ces trafics illicites découverts par Kovacs.

A force d’obstination, la jeune reporter va s’envoler vers les hauts plateaux du Laos en compagnie de Brémond, officier français peu loquace. Là, elle découvrira une réalité différente de celle de Saigon. Dans ces montagnes vit une ethnie différente des plaines, des indigènes que Kovacs avait photographiés :



« Ce vent des Méos. Ils s’appellent entre eux les Hmongs, « les hommes » dans leur langue, dit Ferrari. C’est une tribu montagnarde de chasseurs et de cultivateurs aux mœurs traditionnelles. Ils connaissent ces montagnes comme le fond de leur poche et ils détestent autant qu’ils méprisent les Annamites et, naturellement, les Vietminhs qu’ils tuent sans pitié, avec une extrême férocité. »



En poursuivant son enquête, Elizabeth Cole dérange beaucoup de monde, à commencer par les organisations criminelles chinoises et la mafia corse qui vivent du trafic d’opium cultivé dans le pays et qui alimente les fumeries. Elle va vite se trouver en danger. Des aides inattendues vont la protéger et, dans cette vaste manipulation où il est difficile de savoir à qui l’on a véritablement affaire car les espions et les malfrats pullulent, la journaliste va devoir redoubler de vigilance et ruser.



L’intérêt de ce roman réside surtout dans le rythme haletant de son intrigue complexe. L’auteur a su faire coïncider la réalité historique avec le destin de ses personnages. On trouvera en fin de volume le nom de ces personnages réels qui ont inspiré ses héros de fiction.

La recherche historique est importante, c’est elle qui donne sa crédibilité au récit. Le lecteur est complètement immergé dans cette guerre à l’autre bout du monde mais où s’opposent les intérêts de plusieurs pays.

Même si le personnage d’Elizabeth Cole est attachant, je ne l’ai pas trouvée très crédible. On fait la connaissance, au début du roman, d’une jeune femme décidée. Journaliste, elle n’a jamais couvert une guerre. Elle a une vie confortable, un mari aimant et s’habille en Chanel ou en Dior. Quelques pages plus loin, la voilà en Indochine, transformée pour les besoins de l’intrigue en reporter baroudeur. Du mari, on n’a plus guère de nouvelles.

La lecture est fort agréable grâce à une intrigue bien ficelée, un rythme soutenu et l’histoire, la grande, est bien présente. Alors, on pardonnera à l’auteur ses exagérations.

La fin laisse deviner qu’il y aura une suite…

Je remercie les éditions Robert Laffont et Babelio pour cette lecture haletante.



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Doux comme la mort

« Mon peuple dit du troisième thé qu'il est doux comme la mort, car la mort ne doit pas être redoutée, elle est une délivrance et non une séparation. Les morts ne sont pas morts, ils sont avec les vivants. »



Perso, je carbure au café donc pour la prétendue douceur de la mort, je repasserai.

Par contre, question bon p'tit bouquin d'ambiance poisseuse mâtinée de moult décès tout sauf tendance bonbon acidulé, c'est par là.



Le Messager. Peu connaissent son nom. Beaucoup éprouvent son modus operandi qui laisse rarement l'occasion d'en vanter ses bienfaits...définitifs.

Le garçon, même s'il ne s'avoue pas soupe au lait, présente toutes les caractéristiques du mec un brin revanchard.

Quelqu'un s'est foutu de sa gueule.

Quelqu'un doit payer.



Histoire gigogne typique où le lecteur, adorablement ceint d'une peau de Skippy certifiée 100 % synthétique, ne cesse de cabrioler d'un univers à l'autre au gré de ses champêtres mais néanmoins, et majoritairement, morbides pérégrinations .



Tout y est, tout se justifie, tout fait écho à une populace gangrénée par le pouvoir, le fric, le sexe, donnant ainsi le sentiment prégnant d'évoluer en un monde de désolation où opportunisme et entubage prévaudraient comme mètre-étalons de rigueur.



Ce Doux Comme la Mort apparaît comme le parfait oxymore de ce roman.

Tout y est dépourvu d'humanité.

Ne subsistent que d'infimes scories altruistes rapidement mises sous l'éteignoir d'une chronique aussi rude que démoralisante.



Laurent Guillaume, en ancien flic rompu aux trafics sévissant entre Amérique latine et Afrique de l'Ouest, outre le fait de délivrer un roman noir de chez noir, nous fait également voyager en évoquant les us et coutumes de contrées lointaines qui, à défaut de vendre du rêve en barre, nous dépaysent magnifiquement.

En ces temps confinement, c'est plutôt appréciable.



Doux comme la mort, je sais pas, mais magistralement torché, c'est certain.
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Les Dames de guerre : Saïgon

Vous connaissez ce plaisir un peu honteux de savoir que, une fois tout le monde couché, on retrouvera notre petite affaire. On se surprend à penser aux personnages du roman alors que la marmaille affamée se jette sur la tartiflette. On écoute, distrait, les adultes raconter leurs exploits du jour, mais on pense à tous ceux du livre…

Un vrai bon roman d’aventure provoque ce genre de sensations que je n’avais pas éprouvées depuis bien longtemps. Je referme la dernière page, sniff, mais je vois au dos du quatrième de couverture qu’il y aura une suite. Quel pied, quelle joie de retrouver l’année prochaine la belle Elisabeth et le sombre Bremond !

« Les Dames de guerre » est un projet de trilogie avec possible adaptation cinématographique et « Saïgon » en est le premier tome .

Laurent Guillaume a eu une vie avant d’être écrivain. Capitaine de police, il a travaillé à la Crim puis aux Stup. Il est devenu consultant international en lutte contre le crime organisé. Il sait de quoi il parle…



Sans ménagement, le lecteur est littéralement scotché par une scène d’ouverture implacable, incroyable…mais vraie : en mars 1945 les militaires du Kempeitaï (la gestapo japonaise) attaquent par surprise les gradés français occupant le Tonkin, l’Annam et la Cochinchine : 3000 soldats (qui étaient vichyssois avant de devenir gaullistes) sont tués atrocement par les japonais, alliés jusqu’alors, en 48 h.

On verra que ce prologue aura de surprenantes conséquences car bien vite nous sommes projetés en 1953 au Laos, à Manhattan puis en Indochine où se déroule ce grand récit romanesque.

La mort suspect de Robert Kovacs, l’immense reporter de guerre travaillant pour Life magazine, victime d’une embuscade du Vietminh alors qu’il suivait un corps expéditionnaire français sur les hauts-plateaux, au nord du Laos, sa mort donc laisse un grand vide et suscite beaucoup de questions.

Elisabeth Cole, grande bourgeoise new-yorkaise et excellente photographe des pages mondaines de Life, va supplier son patron : elle sera correspondante de guerre.

Sitôt débarquée à Saïgon, les choses se compliquent très vite.

Laurent Guillaume réussit le tour de force de nous faire vivre de l’intérieur l’Indochine de 1953/1954 (jusqu’à Diên Biên Phu) en suivant pas à pas son héroïne . Et c’est absolument captivant. Il dévoile progressivement et sans détour la face cachée de cette guerre sale (mais toutes les guerres le sont) et la complexité des forces en présence.

On va donc marcher sur les cendres du désastre colonial français en évitant les chinois, les vietminh, les services secrets des uns et des autres, les surprenantes mafias locales, les sectes bizarroïdes, les corses et quelques autres.

L’ambiance est rendue palpable grâce à la plume très vivantes de l’auteur, parfois un peu bavard mais le plus souvent soucieux de nous faire voyager littéralement avec notre correspondante de guerre. Elle sera accompagnée par un viel anglais, le journaliste Graham Fowler (dont le personnage est inspiré, et oui, de Graham Greene), par un jeune fidèle du Cao Daï (secte adoratrice d’une trinité où figure Victor Hugo !) évidemment spécialiste en arts martiaux et par le beau corse Antoine Ferrari ( du contre-espionnage français) .

Dans cet équipage, nous allons voyager à pied, à cheval et en avion. Nous survivrons à un nombres vertigineux de complots et d’embuscades. Comme tout le monde, on tombera amoureux du ténébreux capitaine Bremond qui est l’autre héros de cette histoire formidablement endiablée.

Surtout on en apprendra des vertes et des pas mures sur les trafics des uns et des autres. L’auteur s’est longuement documenté et il connait son sujet par coeur : cette guerre est avant tout la guerre de l’opium. Une de plus me direz-vous ! Et vous aurez raison, il est bien rare que l’on fasse la guerre pour l’honneur et la patrie, surtout lorsqu’il s’agit de conserver ses colonies ( l’Ukraine, c’est une autre histoire).

Laurent Guillaume rend aussi hommage à Maître Lemaitre : on aura l’occasion de retrouver le Grand Monde et de se laver avec du véritable savon Pelletier.



J’ai donc beaucoup aimé ce roman édifiant, parfois drôle, un peu sanglant mais surtout captivant, un vrai roman qui n’est pas une énième pseudo-biographie, qui ne fait pas la leçon et qui éloigne fort opportunément les sujets du moment.

Je remercie pour leur confiance Babelio et la collection La Bête noire des éditions Robert Laffont.

Vivement la suite !!!
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Un coin de ciel brûlait

On ne doute pas un instant de la véracité de cette fiction. Et malheureusement je dirais. Car on se dit que ce récit s'est inspiré d'une réalité n'est-ce pas ? D'une sale réalité. C'est un récit horrible sur les exactions qui se sont produites en Sierra Leone pour cette guerre sale des diamants. Oui tout est sale et laid, le peu qu'il y a de pur et de bon est rapidement contaminé par l'abjecte cupidité humaine. Trois amis d'enfance verront leur vie basculer pendant le raid de forces rebelles dans une mine de diamants et dans leur petite ville. Plus rien ne sera, plus rien ne redeviendra doux pour ces enfants. Le tableau de ces enfants soldats, des guerres de clans et de factions militaires, paramilitaires et rebelles, est difficile à avaler comme portrait. Laurent Guillaume d'une plume acérée, nous révèle les tenants et les aboutissants d'accords faits, défaits et refaits entre ces dictatures installées ou encore aidées dans cette région du monde par l'occident et des conséquences pour les populations locales. Tout y est. Magouilles politiques, magouilles économiques et financières, et toutes menées par des hommes puissants, sans âme, sans remords. plein de vices. Des hommes plutôt habités par une avidité sans bornes, une détermination aveugle que rien ni personne ne doit entraver. Des hommes prêts à absolument tout, dans tous les sens, pour arriver au sommet et à leurs fins. Pour nos trois amis, ce sera une histoire de vengeance , une vengeance planifiée sur des années, qui a grossi, a forci, qui jamais n'a molli. Une vengeance qui sera tout aussi bestiale que ce qui l'avait provoqué. Trouveront ils l'apaisement ? Les cicatrices ne sont pas que sur la peau ...Une lecture parfois insoutenable mais oh combien efficace.
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Black Cocaïne

Le dimanche, à Bamako, c'est jour de mariage.

Oui, mais pas que.

C'est également l'occasion de se mettre en joie en découvrant le cadavre d'une connaissance récente qui aura, de son côté, développer une réelle accointance avec madame la mort.

C'est le lot de Solo, ex-flic français, néo-détective Bamakois, à qui la sœur (de la défunte, pas du fin limier) vient aujourd'hui demander des comptes.

Sanglants, les comptes, de préférence.

Avec une pointe de violence exacerbée, si c'est pas trop demander.



Laurent Guillaume nous transporte au Mali avec ce polar âpre et fiévreux inspiré de faits divers réels.

Un pays visiblement gangrené par la drogue, la fureur et la corruption.

Un futur plan vacances pour qui aime vivre dangereusement sans éprouver forcément le besoin de reprendre le taf dans la foulée. Enfin, pour les survivants.

Où il est question de flic à la dérive à l'haleine aussi frelatée que l'alcool qu'il s'envoie un peu trop souvent.

L'on découvre, itou, les joies ineffables de la tronçonneuse sur corps éveillé, mais ligoté, sinon ça éclabousse.



Black Cocaïne fait dans le dépaysement.

Un rythme faussement indolent au service d'une enquête à tiroirs ou chacun lutte pour sa survie.

Ici, point de vrais gentils, là non plus, d'ailleurs, soit dit en déambulant, mais des salopards certifiés 100 % NB, sans réels états d'âme, autant vous dire que le concours de parlote tourne rapidement court au profit des flingues, machettes et autres objets léthaux qu'ont rarement l'occasion de profiter de leur RTT, les pauvres.



Original et rythmé, ce policier ouvre de nouveaux horizons tout en permettant de rester le derche vissé dans son fauteuil, occasionnant, par là même, de sacrées économies en ces temps de vache famélique et rien que pour ça, merci m'sieur Guillaume !
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Un coin de ciel brûlait

«  Ainsi on en est là , se dit- il , prêts à se massacrer entre nous pour quelques cailloux. La rébellion, toute cette merde n'est que l'excuse pour que certains puissent s'enrichir . Nous sommes des assassins aveugles , des pantins entre les mains de salopards avides comme cet Américain , comme ce chef du Hezbollah » .



«  Il prenait très au sérieux son rôle de maître d'hôtel., même si sa spécialité première, c'était plutôt le bain de sang, la torture et l'acte de barbarie » .



Deux extraits de ce polar choc qui nous donnent une idée de l'immersion totale au coeur de L'Afrique des années 90, cruauté des guerres civiles, abus de pouvoir, corruption. et folie qui régnaient alors là - bas.



Les habitants de ces terres vivaient dans la crainte d'être sauvagement attaqués : détresse des autochtones , cruauté , barbarie ,meurtres sanglants au coeur des conflits , ces guerres civiles africaines amplifiées , bien sûr par les interventions occidentales qui désiraient s'approprier leurs richesses .



Sierra Leone : 1992, la vie de Neal, douze ans , bascule : pétri de rêves , aimant lire, il perd l'amour de ses parents , la douceur de la vie à Koivu , l'amitié d'Eden et de Saad , ses amis .

Sans prévenir il est immergé au coeur des horreurs de la guerre civile qui ensanglantent son pays : enrôlé de force dans un groupe armé, soumis à un entraînement militaire cruel, à la limite de la survie «  Écoute bien les conseils de ton sergent et tu seras peut- être digne d'entrer chez les Frelons . Si tu échoues , je mangerai tes intestins »…



Il devient enfant -:soldat au coeur d'une escouade d'élite , composée des plus violents assassins du RUF ( Revolutionary United Front ) , le groupe armé ayant déclenché la guerre, ceux qui avaient de meilleures parts du butin, les plus beaux diamants et les plus jolies filles.

L'intrigue alterne entre présent et passé , de 1992 à nos jours , une journaliste de Médiapart Tanya Rigal se rend à une convocation de la police judiciaire suisse.

L'homme avec lequel elle avait rendez-vous a été retrouvé mort dans sa suite d'un palais genevois , un pic à glace planté dans l'oreille .

Elle comprend qu'elle a mis les pieds , bien malgré elle,dans une série d'assassinats au coeur d'une affaire qui la dépasse …

Prison de Frankland : Royaume Uni , le docteur James Songbono prend un nouveau poste , que cache t- il ? .



Et l'américaine Amanda Sharp? Elle a travaillé en Russie, au Pakistan, en Afghanistan….comme chef de base , et en République du Congo , titulaire d'une médaille du renseignement ..une professionnelle.

Quels sont les liens entre tous ces meurtres?

Trafic d'armes entre le Burkina et les pays de l'Est? Centaines de Carats en Pierres Brutes …

Tortures , barbarie, meurtres sanglants , histoire de vengeance , trafic et commerce des cailloux , les diamants ?

L'auteur qui l'air de bien connaître le contexte géopolitique de cette région décrit avec précision la BARBARIE des hommes dont les motivations sont sans aucune limite lorsqu'il s'agit de pouvoir et d'argent .

C'est un roman très violent , sanglant , dur , instructif, aux passages terribles qui font froid dans le dos , en temps de guerre «  .: Les rebelles avaient tué leurs parents , leurs frères , violé leurs soeurs avant de leur tirer une balle dans le ventre » ….

Le récit nous glace, nous happe, nous brise, au rythme des événements sauvages , bestiaux , agapes sanglantes , tueurs professionnels , crime organisé ,enjeux géopolitiques, mort, fuite , égorgements , suite d'opérations sanglantes et autres joyeusetés ….

Au gré d'événements qui vont finir par nous hanter , ce récit fait exploser nos émotions , la plume claque , visuelle , les chapitres s'imbriquent parfaitement , trente ans séparent ces deux histoires , pourtant entre Paris, Freetown , Nice , Genève et Washington DC le destin de Neal Yeboah bouleversera bien des gens ….

Immersion totale, Choc émotionnel, tortueux, au coeur de la pire barbarie humaine entre fiction et réalité ! .

«  Aucune Faiblesse n'était tolérée » .





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Les Dames de guerre : Saïgon

Robert Kovacs a pris des clichés au cœur de tous les conflits du XXe siècle. Lorsque les Viets attaquèrent, il est persuadé de faire une photo qui peut lui assurer le Pulitzer. Son pied se pose sur quelque chose de dissimulé dans une touffe d’herbe. L’explosion le soulève et l’envoie trois mètres plus bas.

À partir d’une pellicule photo retrouvée cachée dans la veste de Kovacs, Elisabeth jeune photographe part sur le terrain pour tenter de résoudre l’ énigme de la mort de Kovacs



De Saïgon au Laos en passant par Hanoï, Laurent Guillaume nous entraîne dans une guerre à l’état brut, un carnage, un abattoir, des corps partout, une odeur infecte. L’Indochine est truffée d’espions, Américains, Français, Britanniques, Chinois, Vietminh, ils grouillent comme des cloportes. Une situation confuse, des intérêts divergents, trop de cadavres sans qu’on sache pourquoi ils sont morts et surtout par qui ils ont été tués. Sur fond de trafic d’opium, un roman d’aventures porté par une écriture efficace et rythmée, le lecteur n’a pas le temps de s’ennuyer.



Je remercie les éditions Robert Laffont et Babelio de leur confiance.



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Un coin de ciel brûlait

Ce polar sera votre votre prochaine lecture coup de poing !

Ancien capitaine de police, aujourd’hui consultant pour de grandes organisations internationales, Laurent Guillaume est l’auteur de plusieurs romans remarqués, dont Mako, Black cocaïne (en cours d’adaptation pour la télévision) et Là où vivent les loups. Il écrit aussi pour la télévision. » Un coin de ciel brûlait « est son nouveau roman, publié en juin 2021 aux éditions Michel Lafon, dans la collection Thriller.



Mars 1992 . Sierra Leone

Au moment de rejoindre ses amis Mina et Saad, le jeune Neal ne se doute pas un seul instant que sa vie va basculer dans l’horreur, lui, l’ado rêveur qui aimait les livres plus que le football. Recruté de force par les rebelles de la RUF, Neal va devenir un enfant-soldat, spectateur puis acteur des pires atrocités.



p. 87 : » Plus tard, Neal ne garderait que peu de souvenirs de cette expédition dans la jungle, juste une impression de cauchemar éveillé, de rêve brumeux. «



Trois décennies plus tard, la très prometteuse et ambitieuse journaliste Tanya Rigal reçoit un étrange appel d’un type prétendant s’appeler Metzinger et censé être un ancien membre des Affaires étrangères américaines. Il prétend avoir des informations à révéler, des choses graves relatives à une sorte de complot international. Alors que ce dernier lui donne rendez-vous dans un hôtel à Genève, il est retrouvé mort, un pic de glace enfoncé dans l’oreille. En analysant les caméras de surveillance de l’hôtel, le meurtrier ne semble pas soucieux de préserver son identité…



p. 86 : » Son regard ténébreux lui était destiné. Elle n’avait aucun élément pour le prouver, mais tout au fond d’elle, elle savait que le tueur lui adressait un message silencieux. «



Quel lien unit ces deux histoires ? Quelle découverte la journaliste va-t-elle mettre au grand jour ?



p. 298 : » – Donc, en Afrique de l’Ouest, il s’est passé quelque chose qui lie tous nos protagonistes, quelque chose de bien dégueulasse pour susciter un tel désir de vengeance chez notre tueur au pic à glace. Maintenant, il faut trouver quoi. «



Laurent Guillaume décrit la barbarie des hommes, dont la motivation n’a pas de limites lorsqu’il s’agit de pouvoir et d’argent. Au cœur des guerres civiles de l’Afrique de l’Ouest, dans un pays méconnu, l’auteur y puise son inspiration pour le plus grand bonheur de ses lecteurs. Riche de son expérience, il nous tient en haleine grâce à ce subtil mélange de la fiction et de ses connaissances du terrain international. C’est passionnant, brutal et terriblement addictif. Ce page-turner vous tiendra en haleine tout au long de ses 500 pages !




Lien : https://missbook85.wordpress..
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Les Dames de guerre : Saïgon

En général, lors des masses critiques, que ce soient mes opérations mensuelles ou les masses critiques ciblées, j’évite de solliciter des livres dont je ne sais rien. Je préfère cibler des auteurs dont le nom ne m’est pas inconnu ou des titres dont j’ai entendu parler. Lorsque j’ai reçu une proposition de Babelio pour recevoir ce « Dames de guerre : Saïgon » j’ai d’abord pensé que je n’allais pas donner suite, le nom de l’auteur m’étant inconnu. Mais, le titre m’avait intriguée et j’ai donc lu le résumé qui a achevé de me convaincre de dépasser mes réticences. Et vraiment, j’ai bien fait. Le roman de Laurent Guillaume est un très bon roman.



A la fois roman historique et roman d’espionnage, « les dames de guerre : Saïgon » a tout du page-turner. Le récit est d’une efficacité redoutable, les pages tournent toutes seules. J’ai dévoré ce bouquin. Il faut dire que, pour qui s’intéresse à la Guerre d’Indochine, le sujet est passionnant. En effet, le roman évoque l’opération X qui consistait en un trafic d’opium par certains services de l’armée française dans le but de financer certaines opérations et de déstabiliser le Viet Minh. Le bouquin de Guillaume est très documenté, il est évident que l’auteur a fait des recherches fouillées. Il se dégage du roman une grande crédibilité et une grande véracité, impression renforcée par le fait que l’auteur évite le simplisme et le manichéisme. Il aurait été facile de sombrer dans la caricature en donnant à voir d’un côté des gentils et de l’autre des méchants. Il n’en est rien. L’auteur ne prend pas vraiment parti, chaque personnage ayant des motivations crédibles, et fait le choix de montrer la complexité des enjeux et des forces en présence. Le lecteur est plongé de façon immersive dans ce sac de nœuds qu’était alors l’Indochine, repère d’espions de tous bords, où on ne peut se fier à personne, ou tout le monde joue double jeu, où personne n’est ce qu’il semble être. L’intrigue est complexe, avec beaucoup de ramifications et beaucoup de personnages, à l’image de ce qu’était cet imbroglio. Pourtant, tout se suit très facilement grâce au talent narratif de Guillaume qui construit et mène son récit de façon très habile. On retrouve cette lisibilité dans les scènes de combats qui sont d’une clarté absolue. Petit bémol, j’ai trouvé l’auteur moins convaincant dans les scènes du quotidien mais elles sont finalement peu nombreuses. Je regrette également de ne pas m’être attachée davantage au personnage principal que je n’ai pas trouvée très intéressante dans sa caractérisation. Mais ça n’a pas gâché mon plaisir de lecture. J’ai suivi Elisabeth sans vraiment m’intéresser à elle d’un point de vue personnel mais je me suis passionnée pour son enquête.



Je remercie vivement Babelio et les éditions Robert Laffont pour ce très bon moment de lecture. Je ne m’attendais pas à ressortir si enthousiaste de cette lecture. Il ne fait nul doute que je lirai le prochain volet de cette saga qui s’intéressera à Olive Yang, un personnage très intrigant croisé dans ce 1er tome. Je me dis même que ça va être long d’attendre 2025.



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Là où vivent les loups

Je vous le dis tout de suite, rien que pour le personnage de Priam Monet, ce polar vaut le détour !

Priam Monet… Déjà, un nom pareil, ça ne s'invente pas sauf quand on a une mère prof d'histoire grecque à la Sorbonne et amoureuse de l'Iliade.… Quant au physique, c'est encore une autre histoire : « Il était très grand - un mètre quatre-vingt-seize - et gros, très gros. La dernière fois qu'il s'était pesé, deux ans auparavant, la balance affichait un douloureux quintal et demi. Il n'avait pas réitéré l'expérience, mais il savait que depuis, il avait encore grossi. Ses traits qui auraient pu être séduisants étaient noyés dans les replis de la chair. Ses yeux exprimaient une lassitude définitive et une mauvaise humeur permanente. Personne n'aimait Monet, lui le premier. Et Monet le rendait bien à tout le monde, surtout à lui-même. »

Alors quand notre Priam Monet débarque de Panam à la gare de Thyanne, il est comme dépaysé ! En plus, la montagne, ce n'est pas franchement son truc : trimbaler ses cent cinquante kilos sur des chemins pentus voire franchement escarpés, très peu pour lui.

Quant à l'air pur des Alpes, la neige au mois de mai, les épicéas odorants, les vaches et la gentiane, il n'en a cure. De toute façon, il n'est que de passage. Ah oui, j'ai oublié de vous dire, Priam Monet est flic, de ceux qu'on surnomme les « bœufs-carottes » : commandant de l'IGPN, la police des polices. Juste un petit contrôle de routine, voir si tout tourne bien dans ce petit poste de police aux frontières, vérifier le fonctionnement des services, l'organisation interne, les registres administratifs et ciao les gars, il repart bien vite dans son onzième arrondissement…

Sauf que, vous imaginez bien que ça ne va pas se passer comme ça ! Dans ce coin paumé près de la frontière italienne, on se demande au fond qui fait la loi et qui a le pouvoir : l'industriel qui fait tourner les dernières usines ou les flics ? Il faut dire que des emplois, il n'y en a pas des masses dans ce bout du monde alors on est prêt à fermer les yeux sur certains agissements pas nets.

Mais lorsque l'on découvre un cadavre de migrant au pied d'une falaise, les choses se compliquent. Un accident ? C'est ce que tout le monde pense. Il faut dire que ça arrange tout le monde... Mais si cet homme mort n'était pas un migrant ? Et si cet accident était un réalité un meurtre ? Comme je vous le disais, notre Priam Monet va devoir supporter un peu plus longtemps que prévu « cette bande de flics culs-terreux, ces gardes-barrières qui couraient toute l'année derrière des types dépenaillés… Servier avec sa moustache à la con, Ludo avec ses blagues à la con, Maurice avec … ses moustaches à la con aussi, Claire avec… Il ne savait trop quoi en fait. Il aimait bien Claire et ça l'énervait, ça aussi. »

Vous verrez, lui qui n'aime pas trop la paperasse, il va très vite trouver à s'occuper autrement dans ce bled paumé où tout le monde se connaît depuis belle lurette et où règne la loi du silence. Pour sûr, ici, les secrets sont bien gardés…

On ne peut d'ailleurs s'empêcher de penser au film de Spencer Tracy : Un homme est passé dans lequel descend d'un train un certain Macreedy qui vient pour interroger des habitants qui se montreront de plus en plus agressifs à son égard.

Un très bon polar social, bien rythmé, plein de suspense et de fausses pistes, avec, ce qui ne gâche rien, une bonne dose d'humour… un roman écrit par un ancien flic devenu consultant international en lutte contre le crime… bref, quelqu'un qui sait de quoi il cause !

Allez, ne perdez pas de temps, vous verrez, c'est beau les choses vues de haut… Vous avez le vertige ? Dommage pour vous !



PS : Monsieur Guillaume, nous, lecteurs, sommes devenus très accros au personnage de Priam Monet. Donc, SVP (mains jointes), si vous pouviez nous en reparler un jour ou l'autre, ce serait vraiment très très sympa ! Merci d'avance !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Là où vivent les loups

Laurent Guillaume sait de quoi il parle, de par son passé de flic en France ou en Afrique. Après l’anticriminalité et les violences urbaines dans Mako, ou encore Black Cocaïne qui se déroulait au Mali, le voilà qui nous emmène au grand air, lui qui a aussi bossé à Annecy.



Autant dire que ses histoires et ses personnages sonnent justes, toujours.



L’environnement : un coin perdu de montagne, dans les Alpes françaises, à la frontière italienne. Le contexte : un meurtre de ce qui semble être un migrant. Un enquêteur très particulier, parisien jusqu’au cliché, 150 kg de graisse, au mauvais caractère. Un type qui n’aime rien ni personne (du moins se comporte t-il comme ça), et qui fait (en plus) partie de la police des polices.



Ça peut sembler paradoxal, mais ce personnage atypique est l’atout maître de ce roman. Le type pourrait sembler imbuvable, mais il faut toujours creuser au-delà des apparences. Pour preuve, on s’attache vite à lui, malgré sa nature bourrue. Ce personnage est formidable et change de ces flics super-héros qu’on voit trop souvent dans les polars.



Laurent Guillaume connaît par cœur les rouages d’une enquête policière et les relations interpersonnelles qui peuvent se construire autour. Là où vivent les loups est donc une plongée fictionnelle prenante criante de réalisme. Le conteur n’est jamais meilleur que quand il sait concocter des histoires avec des ingrédients qu’il maîtrise.



Et puis le dépaysement est garanti, dans ce bled perdu qui ressemble parfois à un Far-West montagnard. On n’enquête pas de la même manière dans cet environnement-là qu’à Paris.



Tout le monde se connaît, tout est lié dans ce genre d’endroit refermé sur lui-même. Le passage de migrants qui tentent de traverser la frontière par la montagne (je n’ose imaginer dans quelles conditions…) est un chamboulement dans les habitudes de ce monde clos.



Vous pensez avoir saisi autour de quoi tourne le livre ? Vous risquez d’être surpris alors…



Là où vivent les loups est un polar prenant, à la fois réaliste et « dépaysant » par rapport à la cohorte des sorties de romans noirs. Laurent Guillaume a décidément un vrai talent pour nous raconter des histoires policières différentes. Pour nous parler du monde tel qu’il est, proche ou plus lointain.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Black Cocaïne

Laurent Guillaume est un ex flic des stups. Laurent Guillaume a connu le Mali dans le cadre de son expérience professionnelle. Laurent Guillaume est un écrivain surdoué.



Prenez les trois ingrédients, secouez fort (très fort) et vous obtiendrez Black cocaïne, polar survitaminé, d’une vraisemblance sans pareille.



L’auteur sait clairement de quoi il retourne. Son précédent roman qui se déroulait déjà en Afrique, « Doux comme la mort », petit bijou noir, était déjà bluffant. Ce nouveau roman l’est tout autant, mais très différent.



Rigoureusement, étonnamment, profondément marquant, vivant et bluffant.



Reprenons cette affaire point par point :



Ce polar est rigoureux dans son traitement. Parce qu’on est très loin du roman du petit blanc qui veut faire dans l’exotisme. Chaque phrase décrivant le Mali et sa société sonne vrai, intensément vrai. L’âme du pays transpire par tous les pores des mots de Laurent Guillaume. C’est brut, authentique, brûlant d’actualité et souvent loin des stéréotypes véhiculés par les médias. On ressent intensément que l’auteur aime ce pays, et c’est parce qu’il l’aime qu’il le présente sans fard, sans avoir peur de mettre en avant ses gerçures et ses crevasses.



Rigoureuse également la description de la filière de la drogue, que l’écrivain (fort de son passé aux stups) rend particulièrement vraisemblable. Du travail de pro !



Ce polar est étonnant par son réalisme couplé à ce qui se fait de mieux au niveau romanesque. Une intrigue au cordeau, un récit à la première personne qui ne tombe pas dans la facilité, une puissance d’évocation du pays impressionnante et un personnage principal magnifique. Des ingrédients qu’on ne retrouve pas tous les quatre matins dans le même bol.



Ce roman est profond, par son sujet mais aussi beaucoup par la densité du personnage principal. Un homme plein de failles (rien d’original à priori), mais d’une épaisseur telle qu’à de nombreuses reprises l’auteur nous colle la chair de poule. Et il a le bon goût de ne pas négliger les personnages secondaires, sans nous noyer sous leur nombre.



Ce roman est marquant, attendez-vous à prendre des claques. Comment ne pas être marquant quand on en cumule autant. Une lecture qui reste là, présente, comme en apesanteur, devant vos yeux une fois la dernière page tournée, Une récit court (250 pages), sec et rugueux.



Ce roman est vivant, à tel point qu’il vous remue certaines fois les tripes, pour vous toucher à d’autres moment en plein cœur. Le contexte veut ça, l’histoire veut ça, le personnage veut ça et l’écriture veut ça. Parce que l’écriture de Laurent Guillaume est très expressive, non dénuée d’humour et émotionnellement chargée, y compris dans les moments durs et violents (et il y en a).



Ce roman est bluffant. Est-il encore utile que j’argumente davantage ?
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Les Dames de guerre : Saïgon

J'avais hésité à répondre positivement à cette proposition de Babelio et des éditions Laffont, que je remercie pour cet envoi.



Un mot me rebutait un peu dans la présentation : " espionnage". Les romans de ce type ne m'ont jamais attirée. Mais, il était question aussi de mettre au premier plan un personnage féminin, une correspondante de guerre, si rare dans ces années cinquante, et cela attisait mon intérêt.



Tiraillée entre ces deux aspects, j'ai abordé le livre avec curiosité. Elisabeth, journaliste américaine, n'était pas du tout destinée à partir en Indochine. La mort suspecte là-bas d'un photographe reconnu et une volonté interne du journal pour lequel elle travaille ( et dont évidemment, je ne parlerai pas...) l'y poussent cependant. De même qu'une forte détermination à montrer ce dont elle est capable.



Par contre, les manigances subtiles et tortueuses du monde de l'espionnage ne m'ont vraiment pas intéressée, comme je m'y attendais, et les scènes de guerre inévitablement violentes m'ont heurtée.



Je n'étais pas une lectrice requise pour ce genre de roman. C'est un premier tome, il y est question d'une autre femme qui sera au coeur du deuxième . Je ne le lirai pas.



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Les Dames de guerre : Saïgon

Merci à BABELIO et aux éditions Robert Laffont pour l'envoi de ce livre qui m'a procuré un très vif plaisir de lecture. Une intrigue captivante, ni trop complexe ni trop simple, des personnages très bien dessinés, un scénario implacable (il parait que l'on va en faire une série, j'ai hâte de voir cela)…On est en pleine guerre d'Indochine et l'on va croiser officiers taiseux, journaliste américaine sur les traces de Robert Capa dont l'ombre plane sur le livre, membres des services secrets chinois, américains, vietnamiens, français etc...Je suis bluffé par la qualité de la documentation de l'auteur (qui n'a rien à envier à Pierre Lemaitre, dont on a pu lire un super roman également sur ce sujet) et pourtant cela n'est pas du tout didactique (comme parfois -souvent- dans les romans dits " historiques"), on est dans un roman très maitrisé, efficace et pourtant qui distille le charme lié sans doute aux influences propres à l'auteur. On imagine Graham Greene ou Kessel par exemple.

L'écriture est alerte et très au-dessus des standards de la littérature de best-seller : s'il n'y a pas d'effets de style, chaque phrase est là pour préciser un détail, contribuer au climat, faire avancer l'intrigue. Je ne me suis pas un seul instant dit en lisant une page, tiens voici une page faible. Même les scènes d'action, si souvent médiocres, sont ici captivantes, efficaces et courtes.

Enfin ce que le livre a à nous dire sur cette guerre, cette période m'est apparu vraiment intéressant.

Je recommande très chaudement pour un vrai bonheur de lecture, un plaisir de qualité.
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Un coin de ciel brûlait

Dans une salle de classe, une jeune fille attend impatiemment que le cours se termine pour aller rejoindre son petit copain, le jeune Neal, un brave gamin, un gentil fils qui fait la fierté de ses parents.



Ils ont 12 ans, la vie est belle.



Hélas, n’ayant pas choisi un roman feel-book ou dans l’univers des Bisounours, l’histoire champêtre et minouche basculera très vite dans l’horreur d’une guerre civile, avec l’arrivée des milices qui tuent tout le monde sur son passage, viole les femmes/filles/gamines et embrigade les jeunes garçons dans leur troupe.



La vie d’un enfant soldat, je l’avais déjà vécue dans mes tripes avec le livre témoignage "Le chemin parcouru" de Ishmael Beah. On a beau savoir où l’on va tomber, on a beau savoir ce qu’il s’est passé, on tombe toujours d’aussi haut face à l’horreur humaine et à la manière rapide dont les enfants deviennent de parfaits petits soldats aux ordres de ceux qui ont massacré leur famille, violé leurs mères, soeurs…



Le récit consacré aux événements en Sierra Leone dans les années 90 est glaçant, horrible, sans jamais verser dans la surenchère de gore. Alors oui, certains passages sont durs, affreux, violents et tous les synonymes dans le genre que vous voulez.



Malgré tout, ils avaient leur place dans ce récit, éclairant le lecteur sur la dureté de la guerre civile, sur le fait que tout le monde pouvait devenir un tortionnaire (même un danseur), perdant son humanité et sa conscience en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.



Si ce n’était aussi grave, ce serait presque fascinant de voir comment on peut retourner des enfants, les changer totalement, en faire des machines à tuer, de bazarder toute leur belle éducation… Moi, ça m’a glacé, une fois de plus.



L’autre récit, commence de nos jours, avec des meurtres au pic à glace et une enquête qui semble piétiner et un tueur qui n’hésite pas à montrer sa trombine à une journaliste d’investigation, Tanya Rigal. Pourquoi ces crimes ? Pourquoi ces victimes ? Pourquoi faire un appel du pied à cette journaliste ? Qu’est-ce qui se cache sous ce bordel monstre ? Lisez ce thriller et vous le saurez !



L’alternance des récits booste ce thriller, le rendant encore plus addictif qu’il ne l’était déjà. Le côté historique avec la guerre civile et ses multiples ramifications était prenant, violent et je me suis attachée tout de suite à ce Neal, ce gentil gamin que rien ne prédestinait à devenir une machine de guerre. Il m’a fait vibrer, m’apportant bien des émotions fortes.



Tanya Rigal, la journaliste, est une héroïne comme je les aime : tenace, têtue, ne lâchant jamais rien, vivant seule avec son chat et tentant de démêler la pelote de laine qui a échu dans ses mains, sans savoir vraiment qui est de son côté ou qui la manipule.



L’auteur a potassé son sujet, ne se contentant pas d’aligner des scènes de violence, mais allant plus loin dans l’analyse de cette guerre civile qui cache, comme toutes les autres, des intentions bien cachées, jamais connues des civils ou des spectateurs lointains tels que nous, tournant autour de l’argent ou du pouvoir absolu que certains désirent plus que tout.



L’écriture de Laurent Guillaume est comme une balle, elle vous fracasse les jambes. Tel un fer rouge, elle vous marque durablement. Ceci est un roman qui mêle habillement un récit de guerre et une enquête policière, qui fait danser ensemble le passé et le présent.



Les personnages sont marquants, travaillés, attachants (pour certains) et les Méchants sont de vrais méchants, pas de ceux d’opérette ou de pacotille. Non, de vrais sadiques nés ainsi ou de gens normaux qui, un jour, ont basculé du côté super obscur de la Force et n’ont jamais su revenir vers la lumière. Ces personnages étant composés de bien des nuances de gris et jamais manichéens.



Qu’on ne s’y trompe pas, ceci est un roman noir, sombre, avec peu de lumière, mais quelques moments viendront tout de même lui donner ce petit supplément d’âme et d’espoir qui font le plus grand bien après une telle lecture.



Poignant, émouvant, addictif, sombre et enrichissant. Bref, une réussite !



PS : par contre, monsieur Laurent Guillaume vient de faire son entrée sur ma fameuse Kill-List. Ceux qui ont lu le livre comprendront, les autres le déduirons. Non, il n’y pas que monsieur Norek qui ne les aime pas… Grrrrrrr


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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