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Citations de Léo Henry (173)


Ma parole naît des racines
et saigne dans la sève
ma parole fume dans la feuille
et brûle dans le fruit.
Écoutez ma voix.
Elle sourd de la forêt
et tombe avec la pluie
elle coule avec le fleuve.
Ô vous, mes compagnons de ce monde imparfait
vous qui m'avez vu naître
vous qui m'avez vu grandir
et ô vous tous,
qui ne connaissez pas même mon nom.
Ce qui sort de cette bouche sans dent
est une histoire de forêt.
Elle parle de ce qui était
de ce qui est parfois encore
de ce qui, jamais plus, ne sera.
Elle dit qu'en attendant le monde parfait
en attendant la troisième terre
il nous reste les histoires
il nous reste les voix qui montent des foyers.
La mienne brûle dans la nuit.
Ma voix craque
ma voix fume.
Elle porte au ciel les parfums de la terre.
Elle est ce qui reste lorsque s'est tu le grillon.
Écoutez-la.
Écoutez-la.
Ô vous tous.
Écoutez-moi.
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C'était ce qu'avaient vu les dinosaures avant de disparaitre, des flammèches minuscules, innombrables, pleuvant comme des myriades de filaments électriques et laissant sur la rétine des sillons de cécité. J'ai pensé à une attaque aérienne, à une guerre spatiale, aux premiers symptômes d'une tumeur au cerveau.J'ai pensé à mes enfants, qui m'attendaient quelque part, et à la fin de ma douleur, peut-être.

Ces photos de moi que l'on n'a jamais prises.
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On ne montre pas son cul à tous les passants. On ne montre pas sa mort. Cette impudeur - elle regardait ailleurs -cette impudeur, ça, je ne pourrai jamais lui pardonner.

Ces photos de moi que l'on n'a jamais prises.
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Dépouiller le compte Gmail lui prend moins d’une heure.
Il ne reste pas grand-chose, une fois écartés les spams des vendeurs en ligne chez qui elle a été cliente et les envois de mailing lists auxquels elle ne répond jamais : anciens de l’opération Boali en Centrafrique, groupe de spéléo d’Île-de-France, paroisse protestante unie des Batignolles. Il y a aussi quelques échanges perso avec un certain Jean-Christophe, dont Bastien se souvient vaguement, embarrassants de banalité, accompagnés de photos d’enfants de moins en moins petits. Le dernier mail de Diane début juillet est adressé à une certaine Bérénice. Diane y évoque succinctement son quotidien à la caserne de Nanterre, sans mentionner, même à demi-mot, d’éventuelles difficultés. Bastien relit plusieurs fois ces cinq courtes lignes. Le ton lui semble trop neutre, presque indifférent, mais il est incapable de discerner si c’est un signe inquiétant ou une forme normale d’interaction entre ces deux correspondantes.
Avant de se déconnecter, Bastien vérifie machinalement le Drive associé à l’adresse mail. L’interface de stockage en ligne contient à son étonnement un assez gros dossier. Intitulé LA PANSE, il abrite dix-huit éléments pour près de sept cent quatre vingts mégaoctets de données.
Double clic. Nouvelle fenêtre. Portant cette simple mention : RUMEN et un formulaire vide au-dessous. Sans réfléchir, comme s’il s’agissait d’un captcha, Bastien recopie : RUMEN et appuie sur « envoi ». Une barre de chargement apparaît très brièvement, puis un message qu’il a à peine le temps de lire : identification erronée.
La page se rafraîchit aussitôt. Le dossier a disparu.
Bastien jure, essaie de revenir en arrière, il n’a jamais vu ça. L’onglet de mail s’est lui aussi mis à jour et affiche un petit ②, signalant à Diane Regnault l’arrivée de deux nouveaux messages.
Le premier est de Google. Il prévient que quelqu’un vient de se connecter au Drive depuis un ordinateur inconnu. Le second fait comme suit :

15-01-16/11:48
Exp : itdundord@spamex.com
Objet : re : [La Panse] Symposion 2016
Chers fidèles,
La première réunion de 2016 aura lieu ce lundi 18 janvier à partir de 19 heures, dans les salons du Château. GPS : 48.892792, 2.239433
Nos retrouvailles seront placées sous les mânes de Ptah et d’Enki afin d’ouvrir une année de lumière dans le labeur. Les Trois d’Ailleurs nous honoreront de leur présence : venez en humilité, face couverte.
Estate quod estis
R.R.O.A.

Bastien éloigne son visage des quelques pouces carrés de l’écran du portable, se laisse aller en arrière dans le mauvais clic-clac. Il fait très sombre dans le minuscule appartement. L’ordinateur, sur la table, ouvre un trou gris, luminescent.
Plus tard, de retour des courses, il appelle son ami Alexis et laisse un message pour lui demander s’il a déjà entendu parler de sécurité par effacement sur un un serveur de stockage. S’il connaît des méthodes pour repêcher le contenu perdu. Puis il poursuit ses recherches en ligne, à partir des quelques éléments disparates dont il dispose.
La plus grosse surprise vient des coordonnées GPS. La position du prétendu Château tombe en plein dans la commune de Puteaux, au milieu d’une structure qui, vue du ciel, est un cercle inscrit dans un triangle. Il zoome, passe en Street View. D’après le logiciel, ce lieu a pour nom CNIT.
Le Centre des nouvelles industries et technologies. Wikipedia prend le relais. Tout premier bâtiment construit à la Défense, dès 1958. Une forme audacieuse et très moderne, avec d’immenses voûtes de béton. Aujourd’hui : un mélange de centre commercial et de palais des congrès.
Tout autour, à mesure qu’il dézoome, Bastien voit revenir l’Arche, le parvis, la dalle, les gratte-ciel, et puis la longue anse de la Seine, qui isole le quartier d’affaires des berges de Neuilly, sur une sorte de grande presqu’île frôlant la capitale.
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Il fait enfin froid, clair et mordant : un beau temps d’hiver. Bastien sort du RER au fin fond de Nanterre, un instant désorienté. Le trajet lui a pris près d’une heure dans les souterrains des transports, à rêvasser, sans parvenir à se concentrer sur les mésaventures de Nicolas Bouvier échoué au Sri Lanka. Le vent, sur le trottoir, le chope et le glace. Il ferme son manteau, remet son bonnet, va au petit bonheur en essayant de retrouver les points de repère de la carte Google Maps consultée avant de partir.
Bastien est né, a poussé et mûri dans l’Est parisien. Il n’est jamais venu jusqu’ici et s’étonne de découvrir un environnement aussi abstrait et exotique. Sa banlieue proche est résidentielle et ancienne, faite de villas raides, de pavillons en meulière, sans rupture véritable avec les décors intra-muros où lui-même vit. En regard, Nanterre lui paraît provinciale, large, inhospitalière et d’une nouveauté un peu usée. Ayant trouvé l’autoroute et replacé ses points cardinaux, il se hâte vers la caserne flambant neuve dont il a déjà vu les façades en photo sur le Net.

Ça lui a pris presque quinze jours pour se décider à bouger.
La semaine suivant le Nouvel An, il a fini par appeler les pompiers pour demander comment il pouvait joindre Diane. On l’a d’abord baladé froidement. D’après ses interlocuteurs, aucune Diane Regnault ne faisait partie de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris. Il a réitéré ses coups de fil, insisté, prétendu être le père, exigé de parler à un responsable et fini par obtenir des informations à l’état-major Champerret.
Il s’avérait que l’adjudant-chef Regnault avait servi à la caserne de Nanterre du 2 février au 10 juillet 2015, date à laquelle elle avait été démise de ses fonctions.
« Qu’est-ce que vous voulez dire ? Elle a démissionné ?
– On ne démissionne pas de l’armée, monsieur », a répondu l’officier d’un ton brusque, comme stupéfait de l’ignorance de Bastien.
Ce qu’avaient confirmé quelques recherches sur Internet : les engagements se faisaient sur une base minimale de cinq ans et n’étaient pas révocables.
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Nous sommes entrés dans la ville comme l'entêtant vent de nuit, comme un fleuve qui déborde.
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Péri était la seule du groupe à admirer l'apparence de la troglobie, à oser la regarder sinon en face, du moins en pleines villosités. Elle aimait la couleur et la délicatesse de cette dentelle de tissus vivants qui auraient aussi bien pu être du bois. Phontenglu hoquetait, Syzygie détournait les yeux et Patito grimaçait de dégoût.
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Il lui semblait que ce coin d'Archimonde était soudain devenu l'antichambre terrifiante d'un enfer de violence, grouillant de haine, de malice nocive et d'envie d'en découdre.
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Porte cent un. C'est la bonne cellule.
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Elle désignait du doigt la procession de spectres qui s'écoulait lentement par la double porte d'une sorte de temple. Le bâtiment de pierres cyclopéennes était tout d'angles étranges et de hauts-reliefs grotesques figurant des monstres de cauchemar, hybrides d'animaux marins, de chauve-souris et d'humains contrefaits.
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Quelle est la différence entre un angiome et un mésentère ? lut-elle à haute voix. Aucune, ce sont tous les deux des fraises.
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Patito est le meilleur personnage de cette histoire. Parce qu'il n'apprend rien. Parce qu'il ne mûrit pas. Qu'il se contente d'être toujours exactement lui-même.
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La conteuse écarte ses mains, paumes ouvertes, comme pour y soupeser quelque trésor fragile, et poursuit : Paris. La plus sombre, la plus crasseuse et la plus folle ville du monde. Paris est tassée sur son île, embrassée par le fleuve, et tout y est accolé, le marché, le port, le quartier juif et les maisons marchandes, les cabarets, l’église, le collège de Notre-Dame. Les maisons se grimpent les unes sur les autres, riches et pauvres confondues, les pèlerins logent avec les mécréants comme l’agneau et le lion. Certaines rues sont si étroites que deux personnes n’y passent pas de front, et le caractère des Parisiens si mauvais que chaque rencontre est la promesse d’un affrontement. C’est à Paris qu’enseignent les plus grands esprits, hommes d’Église, de science ou des deux. Et le plus notable de ces savants est certainement ce Pierre Abélard, qui applique la logique d’Aristote aux questions spirituelles, dans une science nouvelle qu’il nomme théologie.
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Les pliures déforment la carte, elles tracent, à travers le gaufrier des blocs, de longues crêtes et de profonds canyons.
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Il m'est difficile de juger Borges, pour ce qu'il a fait ou n'a pas fait, lui qui aime à rappeler la futilité, tant de son oeuvre que de son existence.
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Iil y a beaucoup de choses dont la fiction est incapable. Témoigner est certainement l'une d'entre elles.
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« Qu’est-ce que tu vas faire, Mafalda ?
– Jouer à la liberté.
– À la liberté ? Comment ça ?
– Eh bien voilà. Avec une ampoule grillée dans la main droite, et un livre de science-fiction dans la main gauche. »
(QUINO, Mafalda)
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Je demeure unique dans mon village, parce que je sers à peu de chose. Quels besoins y aurait-il de plus d'énergie domestique ?
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L'air même dans lequel j'évoluais passait sur ma peau comme une vilaine caresse. "Ce monde pue", ai-je pensé, quelques instants seulement après avoir mis pied à terre.
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« J’ai à peine vécu et n’ai presque rien appris de mes voyages. Je sais cependant ceci : il ne suffit pas de refuser de subir le pouvoir, il faut encore renoncer à l’exercer. Se délivrer de tout maître n’est un horizon désirable que si on continue ensuite à lutter pour ne jamais en devenir un. »
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