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EAN : 9782070469741
Gallimard (02/03/2017)
3.11/5   71 notes
Résumé :
Bastien Regnault part à la recherche de Diane, sa sœur jumelle, dont la famille n’a plus de nouvelles depuis plusieurs mois. Des indices convergents le mènent très vite à la Défense. Le quartier d’affaires, chargé d’histoire, va, petit à petit, se dévoiler à lui, lui révélant un monde inconnu et souterrain, où, semble-t-il, officie une mystérieuse et très ancienne société secrète : la Panse.

Après Le casse du continuum, Léo Henry poursuit, avec La Pa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
3,11

sur 71 notes
Ce que j'ai ressenti:…Un malaise sous-jacent, dans les profondeurs de Paris…

« J'ai fait un cauchemar. » Telle est la première phrase de ce thriller inédit de Léo Henry. Et ce cauchemar, il nous le livre en près de 290 pages…



Quand La Panse est à la Défense, je pense à Paris…Qu'elle est improbable cette visite de la capitale, improbable et …mystérieuse. Je serai curieuse maintenant de visiter ses lieux après l'immense traversée nébuleuse de ce quartier dans les yeux de ce Léo Henry…Tantôt dangereuse, tantôt élitiste, la Panse se révèle une secte au pouvoir insoupçonné… Cette invitation à découvrir d'un autre oeil , cet amas d'architectures parisien, nous entraîne dans les tripes, de ses légendes urbaines…

« Nous voilà sur le seuil, dit-il encore. Nous sommes devant la porte. Suivez-moi, je vous mène au-delà. »

Je me suis laissée prendre aux jeux des rêves troubles et des réalités floues pour suivre Bastien, héros sans prétention, qui se lance à la recherche de sa soeur. Petit à petit, une nouvelle perspective s'ouvre, et nous plongeons avec lui, vers des souterrains de conscience obscure, et bien dissimulés. Il y a une espèce d'ambiance sourde, presque d'inaction latente, qui vous tombe dessus, et j'ai trouvé cet effet saisissant. Léo Henry a une plume hypnotisante. Plus que la vérité sur cette étrange disparition, c'est bien toute cette opaque chape de noirceur qui m'a vraiment chamboulée. Lentement, sûrement, les méandres de cette société secrète s'insinue dans la vie de cet personnage un peu paumé, lui enlève presque sournoisement, ses capacités d'actions et de pensées, tout en l'emmenant vers les vertiges du savoir…Double effet, qui est d'autant plus effrayant, que cette menace est presque invisible…

« le labyrinthe comme le cercle sont des formes d'architecture qui gaspille de l'espace. Ce sont des figures irrationnelles et inefficaces, donc inattendues. Elles déroutent les énergies et piègent les flux. Elles ont le pouvoir de dissimuler et de rendre invisible. »

La Panse est une lecture immersive et dérangeante. Si vous empruntez ses tunnels, faites bien attention à avoir l'estomac bien accroché, car il semblerait que les pires horreurs sont à digérer dans ses souterrains vacillants. La poudre dorée n'est assurément pas de la poussière de fée, même si elle semble ouvrir sur d'autres mondes: je vous conseille donc cette étrange virée dans ce Paris revisité à la sauce imaginaire…

Personne ne revient de cet endroit où tu t'es rendu. Personne ne s'échappe jamais de la Panse.

Ma note Plaisir de Lecture 8/10

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UNE OeUVRE ET DES GENRES



L'excellent Léo Henry (un ami, si je puis le préciser, car je le dois peut-être, question d'honnêteté) est un auteur aux multiples facettes, même s'il parvient à conserver une certaine forme de cohérence, unissant miraculeusement des oeuvres très diverses dans le fond comme dans la forme – autant dire qu'il sait faire le grand écart, ce qui n'est pas donné à tout le monde.



Il y a a priori un monde entre, disons, les volumes consacrés à Yirminadingrad, en collaboration avec le regretté Jacques Mucchielli, quelque part entre Ballard et Volodine, ou les expérimentations sauvages du Naurne avec luvan et Laure Afchain, d'une part, et d'autre part un registre plus populaire tel que celui qui nous intéresse aujourd'hui : La Panse, chose rare de nos jours, est un roman directement publié en poche, chez Folio-SF – à l'instar, il y a de cela quelque temps, du Casse du Continuum (que je n'ai hélas toujours pas lu, c'est mal…) ; à la science-fiction de ce dernier succède donc le présent « thriller lovecraftien », nous dit-on, l'essai fantastique de l'auteur – en attendant semble-t-il un roman de fantasy, histoire de balayer les genres de l'imaginaire ?



De part et d'autre, l'impact en termes de distribution n'est sans doute pas le même. Pour autant, est-ce vraiment pertinent d'opposer sur cette seule base romans et nouvelles qui émanent bien d'un même auteur ? Je suppose qu'il n'y aurait rien d'excessif à supposer que la Défense de la Panse a bel et bien en elle quelque chose du Naurne, et peut-être même de certaines variations, au moins, sur Yirminadingrad, ses faubourgs, ou tant d'autres villes de par le monde où les exilés de Tadjélé ruminent leur patrie en proie au pire… le caractère plus « direct » du présent roman – dans sa dimension policière ou thriller – participe de sa singularité, mais peut-être faut-il en dernier recours le relativiser quelque peu ?



Quoi qu'il en soit, dans ces divers registres, j'ai bien l'impression d'une oeuvre qui se dessine – cohérente dans sa diversité, expérimentant les genres sans succomber à la gratuité de l'exercice de style, et touchant juste, en définitive, du fait d'une sincérité de tous les instants, garante de l'authenticité de chaque ajout, quel qu'il soit, à une architecture globale complexe.



D'autant que, d'une certaine manière, La Panse, avec ses atours pop – ou en tout cas plus pop que Yirminadingrad –, n'en est pas moins un récit baignant dans l'architecture et l'urbanisme avant l'ésotérisme, et par ailleurs vecteur d'une dimension sociale marquée, questionnant notamment le travail jusque dans ses impacts les plus délétères… Alors, « Demain la Défense » comme on dirait « Demain l'usine » ?



FAUX SEMBLANTS



Bastien Regnault – un paumé, disons-le ; confit dans une existence médiocre, en dépit de ses timides tentatives pour y trouver du sens… Sauf que l'art n'y est pas parvenu : il est un intermittent avant que d'être un artiste, et au mieux de quatorzième zone (à peu près). La famille pas davantage : mariage foireux, fille qu'il n'a aucune envie de voir… Honnêtement, avec ses parents, ça ne va pas beaucoup mieux. Et avec Diane, alors ? Sa soeur jumelle – il partage forcément beaucoup de choses avec elle ? Eh bien, pas tant que ça : depuis longtemps, les liens se sont distendus – contre la malédiction génétique qu'on aurait été tenté d'envisager d'emblée, les jumeaux ont emprunté des voies toutes différentes, et leurs contacts se limitent à un ou deux coups de fil par an.



Un jour, pourtant, quand Bastien se livre à cette corvée, il est surpris d'apprendre que le numéro de téléphone de sa soeur n'est plus attribué. Et, pour le coup, ça l'inquiète… Où Diane est-elle donc passée ? Est-elle seulement encore en vie ? Personne ne semble le savoir – personne. Alors Bastien désoeuvré se lance sur sa piste – mais probablement autant en quête de soi qu'en quête de sa soeur.



LA DÉFENSE – ET SA PANSE



Puis des bizarreries surgissent, qui laissent à peine entrevoir un sort que Bastien ne peut s'empêcher de trouver inquiétant… La piste s'arrête à la Défense – cette folie en lisière de Paris, excroissance monstrueuse des Trente Glorieuses les plus mégalomanes, un délire utopique et futuriste, où les tours d'acier et de verre du quartier d'affaires produisent un contraste saisissant avec un lourd passif social, héritage des bidonvilles qu'il fallait faire disparaître comme autant de souillures d'un temps jadis à effacer des mémoires ; quitte à fermer les yeux sur les SDF s'abritant du monde dans la dalle, ce labyrinthe souterrain aux plans inconcevables. La Défense… Un monstre – mais un monstre où des gens travaillent, et où des gens vivent, très différents.



Ce dont Bastien va faire l'expérience : à peine son enquête a-t-elle commencé, livrant un aperçu vaguement inquiétant, vaguement comique dans son absurdité, d'une société secrète de richards n'ayant rien à envier, donc, à la Society de Brian Yuzna, ou au partouzards masqués d'Eyes Wide Shut, à peine cette enquête a-t-elle donc commencé que Bastien se voit refouler… et pourtant offrir ce qui, à ses yeux, constitue sans doute un moyen d'accès alternatif : le travail. Nettoyage, surveillance, logistique… Autant d'aperçus d'un abîme social où végètent des travailleurs comme de juste aliénés, presque déshumanisés – et le prochain qui me vante la valeur émancipatrice du travail, j'y colle mon poing dans la gueule.



Mais pas Bastien : lui se met à la tâche, sans vraiment comprendre pourquoi – d'autant que la tâche, ou plutôt les tâches, sont épuisantes et vaines… Mais c'est pourtant ainsi qu'il approche enfin véritablement de la Panse : une société secrète, oui, mais autrement inquiétante que les guignolades pseudo-vénitiennes de Kubrick – une secte, en fait, qui capture et lobotomise via le travail, et ses à-côtés « psychothérapeutiques », à base de « développement personnel », et de méditation savamment orchestrée par d'importuns gourous et docteurs (s'il y a une différence) ; une secte qui, sur cette base, produit une hiérarchie fonctionnant sur un modèle initiatique ; autant d'échelons que Bastien grandit bien rapidement – comme « l'élu » qu'il pourrait bien être, ou du moins le lui laisse-t-on entendre.



La Panse… Société secrète, secte initiatique… Organe interne dont la fonction est de dissoudre.



« THRILLER D'INFILTRATION lovecraftIEN »



« Thriller d'infiltration lovecraftien » : c'est ainsi que la quatrième de couverture nous vend – et nous vend bien, ou me vend bien, en tout cas – ce nouveau roman. Figurez-vous que c'est à bon droit, et que, dans ce registre, La Panse est très certainement une réussite.



Ce qui implique peut-être quelques précisions ? Sans surprise, nulle mention ici de Cthulhu ou Yog-Sothoth, d'Abdul Alhazred ou des Unaussprechlichen Kulten ; et la Défense remplace utilement Arkham. Pourtant, la dimension lovecraftienne du roman n'a rien d'une imposture.



Et ce alors même que La Panse ne joue pas forcément tant que ça des principes de « l'horreur cosmique » ? Ou seulement tardivement ? À maints égards, le roman est bien plus terre à terre – jusqu'à s'étendre sur des situations très prosaïques que le gentleman de Providence aurait sans doute trouvé sordidement « réalistes », et probablement ennuyeuses. Pour autant, deux traits rapprochent bel et bien les deux oeuvres : d'une part, justement, ce souci du « réalisme », aussi paradoxal puisse-t-il paraître – on connaît la phrase de Lovecraft, extraite d'une lettre à Clark Ashton Smith : « No weird story can truly produce terror unless it is devised with all the care and verisimilitude of an actual hoax. » Une idée, je crois, que Léo Henry a ici fait sienne. D'autre part, La Panse est à mes yeux avant tout une réussite dans le registre de l'ambiance – minutieusement composée, subtilement inquiétante, et ce de plus en plus, jusqu'à ce qu'enfin les effets d'échelle transcendent le récit jusqu'à plonger personnage et lecteur dans les abîmes terribles et fascinants de la folie pure…



Le jeu sur l'architecture est à cet égard d'une importance cruciale – et la Défense, sous la plume de Léo Henry, dans sa démesure et presque son absurdité, se pare sans soucis des atours cyclopéens d'une R'lyeh sur Seine, tandis que la dalle sur laquelle elle est bâtie implique nécessairement sa part d'utopie chtonienne, entre la K'n-yan du « Tertre », la cité des Montagnes Hallucinées ou encore celle de la Grand-Race de Yith, « Dans l'abîme du temps » ; forcément, des choses y rôdent dans l'ombre perpétuelle, des choses qui ne doivent pas voir la lumière du jour… Ainsi de cette statue paraît-il bien réelle, baptisée le Monstre, et qui se tapirait, inamovible, dans le dédale souterrain de la Défense – manière de confirmer que la Défense elle-même est un monstre. Michel Houellebecq, dans sa lecture de Lovecraft, avait très justement appuyé sur la dimension architecturale des récits du gentleman de Providence, et La Panse me paraît en constituer une très bonne illustration.



À cet égard, La Panse n'est pas forcément un cas à part – ou pas tant que ça. À la lecture du roman, je n'ai pas manqué d'avoir diverses « références » en tête (qui n'en sont pas forcément au sens le plus strict, disons « d'inspirations » pour l'auteur) ; quelques titres ? Peut-être Notre-Dame des Ténèbres de Fritz Leiber – ou dans un tout autre registre, donc, le film Society de Brian Yuzna… Autant de « réactualisations » d'un fantastique lovecraftien riche en sectes perverses – et en aperçus d'une réalité insupportable… jusque dans la dimension sociale, donc ; noter ici que la psychologie morbide institutionnalisée dans La Panse peut éventuellement évoquer le CLEER des camarades L.L. Kloetzer ?



À LA SUEUR DE TON FRONT



Le travail, ou plus largement la dimension sociale, est tout aussi capital. Mais cela fonctionne d'autant mieux que La Panse évite sans doute de verser dans la caricature qu'un cadre pareil aurait pu rendre tout particulièrement tentante.



La Défense, en effet, n'est ici pas unilatérale – bien au contraire, aussi monstrueuse soit-elle à vue de nez et tout au fond, elle exprime entre les deux toute sa complexité, sa dichotomie qui n'en est peut-être pas tout à fait une, et qui fait d'elle tant un quartier d'affaires moderniste au point d'avoir quelque chose de science-fictif, que la réalité autrement concrète et palpable d'un lieu où des gens vivent – tiens, peut-être un autre rappel de Yirminadingrad ? La Défense n'est pas que cadres oppressés se précipitant dans les couloirs le mobile collé à l'oreille – ou l'oreillette, plus brutalement. Elle a ses bistros, ses épiceries, ses boulangeries. Les bidonvilles antérieurs n'ont pas seulement été effacés, il s'agissait aussi, dans la perspective mégalomane du projet d'urbanisme, de réfléchir à la question du logement social. Mais, là aussi, une hiérarchie insidieuse opère – vivent sur place aussi bien des fortunes, dans les tours le cas échéant, que des SDF condamnés aux couloirs de la dalle ; entre les deux, une ribambelle de travailleurs très divers, hiérarchie dans la hiérarchie – des cadres qui s'en tirent le mieux (financièrement et socialement, je ne garantis rien pour le reste) aux précaires à la façon de Bastien, entassés dans des appartements collectifs qui ne sont guère plus que des dortoirs : tous restent sur place « parce que c'est plus pratique », parce que « ça va plus vite », sous-entendu – pour aller au travail ; autant dire que le travail devient toute leur vie, et doit en décider de bout en bout.



BIPOLAIRE



À cet égard, la Défense a quelque chose de… bipolaire, disons ; qualificatif qui s'applique sans doute en même temps au roman dans son ensemble, ou à son héros. Surtout à ce dernier, peut-être.



Car Bastien, s'il est pour une bonne part un personnage en creux, vecteur du récit davantage que personnage « vivant », n'en a pas moins une psychologie torturée : tel qu'il est introduit dans le roman, nous sommes tentés d'y voir un personnage foncièrement dépressif – un raté atone et apathique, sans rien qui le rattache vraiment à un monde dont on il n'a que faire. Sans doute est-ce d'ailleurs pour cela qu'il se réfugie autant dans le travail – aussi éprouvant soit-il ; car il est peut-être avant tout aliénant, et, consciemment ou pas, c'est quelque chose qui va très bien à Bastien : la brutalité de ce monde professionnel a quelque chose de rassurant, en fournissant une « raison de vivre » clef en main, dont, après tout, s'accommodent semble-t-il beaucoup de gens. Nul besoin de pousser outre-mesure la métaphore : le travail peut très bien fonctionner comme une secte, et use des mêmes méthodes de déshumanisation.



Mais c'en est au point où Bastien se prend au jeu, lui, « l'élu », qui croit dès lors trouver dans cette activité de tous les instants un moyen d'avancer, voire de se transcender. D'où ce rapport finalement plus bipolaire que dépressif à une vie qu'il ne saurait envisager en bloc – et où l'hyperactivité peut fournir un contrepoint, quand bien même navrant, à l'apathie mélancolique. Au point, bien sûr, où la quête de Diane peut passer au second plan ? Où elle se trouvait sans doute dès le départ…



Mais ne pas s'y tromper : cette ascension est un leurre – et le travail ne permet certes pas l'émancipation. Reste, au fond des choses, ce constat impitoyable : « élu » de la Panse ou pas, Bastien ne comprend guère ce qu'il vit – il n'est même pas censé le faire… Car la Panse, après tout, s'en tient en définitive à sa dimension première : elle est là pour dissoudre.



EFFICACE – ET DAVANTAGE



On ne fera certes pas de la Panse la plus grande réussite de Léo Henry. J'avoue, comme d'habitude, le préférer en nouvelliste plutôt qu'en romancier – j'avoue aussi, me contredisant au passage, que je suis instinctivement davantage attiré par ses oeuvres les plus « ambitieuses » (ou les moins « populaires », si vous voulez, mais je me rends bien compte de ce que ces qualificatifs impliquent d'un peu navrant me concernant).



Mais La Panse fonctionne très bien : le roman remplit son office, et bien plus encore, en déployant une complexité de fond qui n'a rien de m'as-tu-vu, mais au contraire avec le plus grand naturel, assurant l'authenticité de l'oeuvre. Rythmé avec habileté, jusque dans ses brusques accélérations et décélérations, il emporte sans peine le lecteur dans un monde impitoyable et cauchemardesque, mais tout aussi fascinant et déroutant. Il est aussi la preuve d'une chose dont j'avoue douter le plus souvent : on peut faire un thriller intelligent et dépassant la formule. Ce n'est pas la moindre réussite de la Panse, roman assurément plus que recommandable.
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J’ai beaucoup de sympathie pour Léo Henry surtout que le garçon s’est engagé à écrire une nouvelle par mois pendant 10 ans !!! Un pari un peu fou… Inscrivez-vous sur son site…
" Rouge gueule de bois " m’avait bien plu, histoire drôle et foutraque à souhait mais surtout un style vif et inventif… Par contre " Le casse du continuum " ne me laisse pas un grand plaisir de lecture.
C’est avec une envie certaine de revanche que j’ai attaqué " La panse "… et je reste sur ma faim. Je n’ai pas retrouvé la qualité d’écriture que j’aime tant chez l’auteur : ses juxtapositions de mots improbables, sa fantaisie… je note son goût immodéré pour la description des troquets mais ce n’est pas suffisant pour me séduire.
La référence à Lovecraft en quatrième de couverture est un argument marketing immérité. Soyez tranquille vous ne frissonnerez pas d’épouvante sous vos couvertures…
Je suis déçu par ce livre et pourtant je suis persuadé que Léo Henry est à la veille de nous écrire une œuvre majeure si tant est qu’il prenne le temps de se montrer ambitieux.
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La Panse, un roman noir se déroulant dans le quartier de la Défense à Paris, la Dalle, son Arche, ses buildings, son métro, son centre commercial, ses travailleurs arrivant en masse tel des automates à cravates et tailleurs, attaché-case et rythme soutenu, arriver dans les temps, repartant le soir de la même manière comme une ronde perpétuelle, mais surtout ses sous-sol, son vaste monde souterrain. La Panse c'est cela, avec des lieux étranges, des gens étranges et des activités étranges se déroulant en dessous de table, masqueé par le peuple travailleur. Société secrète ou Secte, la limite n'est pas palpable. C'est dans cet environnement que Bastien notre personnage principal va tout faire pour retrouver sa soeur jumelle disparue.

Les personnages sont très bien, entre les allumés, les gens normaux, les dépressifs ou les paumés, chaque acteur de l'histoire est intéressant.
Côté histoire ça tient la route, angoisses et noirceur au premier plan, une once de fantastique mais vraiment très peu, au point de ne pas trouver la limite entre réel et imaginaire.

L'écriture est fluide, je ne connaissais pas la plume de Léo Henry, c'est poignant, nerveux, tranchant. Les pages défilent vite, très vite dans des chapitres fluides et courts, une fois le livre en main il est difficile de le lâcher malgré quelques passages à vide.

Pour conclure je dirais que H.P. Lovecraft ou Edgar Allan Poe auraient certainement aimé ce roman d'une noirceur profonde.

Voir la chronique sur mon blog :
Lien : http://unbouquinsinonrien.bl..
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Léo Henry est un auteur prolifique et très "diversifié" (et rien que pour ça, il mérite d'être connu).

De lui, j'ai adoré "Le casse du Continuum". Où il y a un style d'écriture résolument moderne, avec peu de descriptions, des phrases courtes, et beaucoup d'action, ce qui me convient parfaitement (mais ne convient pas à tout le monde).

Ici, on est dans un tout autre registre. Fantastique léger, le roman table avant tout sur une ambiance à la Lovecraft, basé sur une idée assez délirante, lol, (et peut-être pas assez convaincante, au final). Changement de style complet pour cet auteur-caméléon. Beaucoup de descriptions, notamment du quartier de la Défense (personnage principal), de ses sous-sols, de "La Panse".
C'est bien écrit, et on se demande tout du long ce qu'il se passe réellement, et si c'est "vrai" ou si Bastien est en plein "délire" sectaire.

La plongée en eaux troubles est plutôt bien décrite, avec la phase d'euphorie, puis ensuite la redescente terrible et les problèmes de santé, et l'attirance et la fascination exercée par les gens, l'endroit, le mystère.

C'est plutôt bien fait. Cependant, par moments, j'ai peiné à me replonger dedans, de par la construction du roman, il ne se passe pas grand chose, et ça me manque, même si j'étais très intriguée par ce que Bastien découvrait, ça manquait d'action. C'est donc effectivement très lovecraftien, de ce côté là c'est très réussi, tout en étant bien plus moderne.

Mais perso, j'ai un peu de mal avec ce genre de bouquin (comme avec Lovecraft dont je ne suis pas une grande fan, même si j'apprécie certains de ses bouquins).

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critiques presse (2)
Actualitte
07 juin 2017
Une sorte de surprise, dont l’exaltation de l’attente n’égale même pas le plaisir vertigineux de la lecture.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Telerama
26 avril 2017
Un roman enlevé, à mi-chemin entre Gaston Leroux et Les Cités obscures de Benoît Peeters et François Schuiten.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
J’avais découvert sur le Net pas mal de choses sur le management et la méditation.
Le courant dit de la « pleine conscience » était très à la mode chez les cadres. Pas besoin de creuser longtemps pour tomber sur des spécialistes, proposant à prix fort des bouquins de vulgarisation, des séminaires, des formations. Les noms des mêmes boîtes revenaient dans leurs références clientèle : Apple, Ford, Sodexo. D’autres citaient David Lynch et la méditation transcendantale ou les trous dans les buildings hongkongais , conçus pour faire circuler l’énergie du dragon.
Le New Age californien semblait s’être dissous sans mal dans la culture d’entreprise, lui apportant la petite touche orientale qui allait bien. Restait qu’aucun de ces experts, sur les photos, ne ressemblait à des sages bouddhistes ou à de vieux surfeurs de Long Beach. Quatre épingles, costards corporate, coupes proprettes. Leur tenue trahissait leur véritable fonction : la mise en place d’un nouvel outil de gestion du personnel.
J’avais échangé à ce sujet quelques mails avec Laurent, un pote de collège formé aux ressources humaines, qui avait été un temps consultant pour de très grosses firmes. Il avait totalement changé de voie quand il avait rencontré son copain actuel, un pénaliste syrien spécialiste des droits de l’homme. Il l’avait suivi à Bruxelles, où il bossait maintenant dans l’éducation populaire, pour le dixième de son précédent salaire. Laurent était le type le plus compétent que je connaissais, tous domaines confondus. Même si on ne se voyait que très rarement, il répondait toujours très vite à ses e-mails.
Au bout du compte, les entreprises ne s’intéressent qu’au tangible, m’écrivait-il. Ce qui leur importe c’est l’efficacité, le quantifiable. Si une quelconque dimension spirituelle est mise en avant dans leur discours, tu peux être certain que les techniques visent en réalité un objectif matériel précis. Aucun patron n’a besoin ni envie d’employés émancipés.
J’aimais son franc-parler, même si rien dans ce qu’il décrivait n’expliquait la façon harmonieuse dont s’articulaient, dans mon cas, les séances de méditation quotidienne et la pénibilité du travail. À toutes ces explications rationalisantes, je pouvais opposer un constat, énoncé sans fanfaronnade par le docteur Scheffner : le corps ne ment pas.
Je ne m’étais jamais senti aussi bien que depuis ces quelques semaines.
Mon esprit était plus vif. Mon régime plus sain. Un poids énorme de culpabilité me semblait levé après chaque séance. Et, malgré le manque de sommeil et les efforts physiques constants, mon corps était plus tonique et mieux défini qu’il ne l’avait jamais été.
J’ai fermé les yeux, seul sur mon canapé, et suis retourné par la pensée sur le tatami de la salle de sport. J’ai invoqué la voix de Parvadhi, un peu aiguë, tout à fait calme, avec ce drôle d’accent. Ses mots m’ont guidé jusqu’à ce sanctuaire à l’intérieur de moi-même. Je suis devenu dense et lourd et tiède.
Presque tout de suite après, je me suis endormi comme un bébé.

J’ai rêvé que mes pupilles étaient des trous. J’y enfonçai des baguettes de restaurant chinois pour retirer de mes globes oculaires de pleines pincées d’échardes noires. Je les déposais soigneusement dans une petite coupelle avant de recommencer.
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Dépouiller le compte Gmail lui prend moins d’une heure.
Il ne reste pas grand-chose, une fois écartés les spams des vendeurs en ligne chez qui elle a été cliente et les envois de mailing lists auxquels elle ne répond jamais : anciens de l’opération Boali en Centrafrique, groupe de spéléo d’Île-de-France, paroisse protestante unie des Batignolles. Il y a aussi quelques échanges perso avec un certain Jean-Christophe, dont Bastien se souvient vaguement, embarrassants de banalité, accompagnés de photos d’enfants de moins en moins petits. Le dernier mail de Diane début juillet est adressé à une certaine Bérénice. Diane y évoque succinctement son quotidien à la caserne de Nanterre, sans mentionner, même à demi-mot, d’éventuelles difficultés. Bastien relit plusieurs fois ces cinq courtes lignes. Le ton lui semble trop neutre, presque indifférent, mais il est incapable de discerner si c’est un signe inquiétant ou une forme normale d’interaction entre ces deux correspondantes.
Avant de se déconnecter, Bastien vérifie machinalement le Drive associé à l’adresse mail. L’interface de stockage en ligne contient à son étonnement un assez gros dossier. Intitulé LA PANSE, il abrite dix-huit éléments pour près de sept cent quatre vingts mégaoctets de données.
Double clic. Nouvelle fenêtre. Portant cette simple mention : RUMEN et un formulaire vide au-dessous. Sans réfléchir, comme s’il s’agissait d’un captcha, Bastien recopie : RUMEN et appuie sur « envoi ». Une barre de chargement apparaît très brièvement, puis un message qu’il a à peine le temps de lire : identification erronée.
La page se rafraîchit aussitôt. Le dossier a disparu.
Bastien jure, essaie de revenir en arrière, il n’a jamais vu ça. L’onglet de mail s’est lui aussi mis à jour et affiche un petit ②, signalant à Diane Regnault l’arrivée de deux nouveaux messages.
Le premier est de Google. Il prévient que quelqu’un vient de se connecter au Drive depuis un ordinateur inconnu. Le second fait comme suit :

15-01-16/11:48
Exp : itdundord@spamex.com
Objet : re : [La Panse] Symposion 2016
Chers fidèles,
La première réunion de 2016 aura lieu ce lundi 18 janvier à partir de 19 heures, dans les salons du Château. GPS : 48.892792, 2.239433
Nos retrouvailles seront placées sous les mânes de Ptah et d’Enki afin d’ouvrir une année de lumière dans le labeur. Les Trois d’Ailleurs nous honoreront de leur présence : venez en humilité, face couverte.
Estate quod estis
R.R.O.A.

Bastien éloigne son visage des quelques pouces carrés de l’écran du portable, se laisse aller en arrière dans le mauvais clic-clac. Il fait très sombre dans le minuscule appartement. L’ordinateur, sur la table, ouvre un trou gris, luminescent.
Plus tard, de retour des courses, il appelle son ami Alexis et laisse un message pour lui demander s’il a déjà entendu parler de sécurité par effacement sur un un serveur de stockage. S’il connaît des méthodes pour repêcher le contenu perdu. Puis il poursuit ses recherches en ligne, à partir des quelques éléments disparates dont il dispose.
La plus grosse surprise vient des coordonnées GPS. La position du prétendu Château tombe en plein dans la commune de Puteaux, au milieu d’une structure qui, vue du ciel, est un cercle inscrit dans un triangle. Il zoome, passe en Street View. D’après le logiciel, ce lieu a pour nom CNIT.
Le Centre des nouvelles industries et technologies. Wikipedia prend le relais. Tout premier bâtiment construit à la Défense, dès 1958. Une forme audacieuse et très moderne, avec d’immenses voûtes de béton. Aujourd’hui : un mélange de centre commercial et de palais des congrès.
Tout autour, à mesure qu’il dézoome, Bastien voit revenir l’Arche, le parvis, la dalle, les gratte-ciel, et puis la longue anse de la Seine, qui isole le quartier d’affaires des berges de Neuilly, sur une sorte de grande presqu’île frôlant la capitale.
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Des fois je me dis qu'on a jamais que ce qu'on mérite (...). Les coups dans la gueule, c'est mal vu. Les sévices laissent des traces. La manipulation, par contre. La manipulation est devenue la panacée. C'est comme ça qu'on vend le savon et qu'on dirige ses subordonnés. Tu vois, le pervers narcissique, ça n'est au fond que l'adaptation du mâle dominant à son nouvel écosystème.
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"Le labyrinthe comme le cercle sont des formes d'architecture qui gaspille de l'espace. Ce sont des figures irrationnelles et inefficaces, donc inattendues. Elles déroutent les énergies et piègent les flux. Elles ont le pouvoir de dissimuler et de rendre invisible."
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Il fait enfin froid, clair et mordant : un beau temps d’hiver. Bastien sort du RER au fin fond de Nanterre, un instant désorienté. Le trajet lui a pris près d’une heure dans les souterrains des transports, à rêvasser, sans parvenir à se concentrer sur les mésaventures de Nicolas Bouvier échoué au Sri Lanka. Le vent, sur le trottoir, le chope et le glace. Il ferme son manteau, remet son bonnet, va au petit bonheur en essayant de retrouver les points de repère de la carte Google Maps consultée avant de partir.
Bastien est né, a poussé et mûri dans l’Est parisien. Il n’est jamais venu jusqu’ici et s’étonne de découvrir un environnement aussi abstrait et exotique. Sa banlieue proche est résidentielle et ancienne, faite de villas raides, de pavillons en meulière, sans rupture véritable avec les décors intra-muros où lui-même vit. En regard, Nanterre lui paraît provinciale, large, inhospitalière et d’une nouveauté un peu usée. Ayant trouvé l’autoroute et replacé ses points cardinaux, il se hâte vers la caserne flambant neuve dont il a déjà vu les façades en photo sur le Net.

Ça lui a pris presque quinze jours pour se décider à bouger.
La semaine suivant le Nouvel An, il a fini par appeler les pompiers pour demander comment il pouvait joindre Diane. On l’a d’abord baladé froidement. D’après ses interlocuteurs, aucune Diane Regnault ne faisait partie de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris. Il a réitéré ses coups de fil, insisté, prétendu être le père, exigé de parler à un responsable et fini par obtenir des informations à l’état-major Champerret.
Il s’avérait que l’adjudant-chef Regnault avait servi à la caserne de Nanterre du 2 février au 10 juillet 2015, date à laquelle elle avait été démise de ses fonctions.
« Qu’est-ce que vous voulez dire ? Elle a démissionné ?
– On ne démissionne pas de l’armée, monsieur », a répondu l’officier d’un ton brusque, comme stupéfait de l’ignorance de Bastien.
Ce qu’avaient confirmé quelques recherches sur Internet : les engagements se faisaient sur une base minimale de cinq ans et n’étaient pas révocables.
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