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Citations de Léo Henry (173)


Le New Age californien semblait s'être dissous sans mal dans la culture d'entreprise, lui apportant la petite touche orientale qui lui allait bien. Restait qu'aucun de ces experts, sur les photos, ne ressemblait à des sages bouddhistes ou à de vieux surfeurs de Long Beach. Quatre épingles, costards corporate, coupes proprettes. Leur tenue trahissait leur véritable fonction : la mise en place d'un nouvel outil de gestion du personnel.
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J'ai fait un cauchemar.
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- La Mère a communiqué avec le Noun, commença Vili. Il toussa.
- Elle prétend avoir appris l'arrivée du Messie. Il serait sur Syra-P.
- Ah. Et à quoi ressemble-t-il ? (le chef de la sécurité de Syra-P)
- Personne ne l'a encore vu. Mais on connaît son nom.
Ils ralentissaient. Ce quartier était tout à fait tranquille. Les habitants dormaient.
- Faites-moi partir, répéta Vili.
- Quel nom ?
- Je risque gros.
- Comme tu veux.
Il fit mine d'ouvrir la portière.
- Elle a dit... Le Sauveur... Il s'appelle Kaboom.
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Adam. Ève. L’Éden. L’histoire commence à peine.

L’histoire commence par ces mots qu’ils échangent. Puis par les noms qu’ils donnent à chaque chose qu’ils voient. Les paroles naissent de leurs bouches, s’épanouissent dans l’air et, aussitôt, s’effacent. L’histoire commence par ce dialogue de l’homme et de la femme. Par la musique de leur voix. Adam et Ève voient le monde et le disent en même temps. Leur langue est celle de l’Éden, où chaque mot qu’ils inventent se plaque sur une seule chose, pour devenir comme elle. Leurs échanges sont harmonieux, car tout ce qu’ils pensent s’exprime parfaitement, et tout ce qu’ils entendent est immédiatement clair.
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De Trèves à Worms, de Cologne à Mayence, l’empire se mettait en marche. Ce fut un bruissement, d’abord, un froissement, comme une pluie de printemps qui crible les branches hautes et mouille les feuilles naissantes. Et puis le bruit enfla, l’eau s’infiltra sous les frondaisons et roula sur la terre. Il y eut une véritable averse humaine. Le monde crevait comme un nuage noir et s’épanchait en tempête. Nous ne savions pas qu’il existait autant de visages, autant de corps et de poings dressés vers le ciel, ni autant de gueules sans dent, criant un même mot, le nom toujours répété de leur unique destination : Jérusalem.
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Le geste d’écrire, peu à peu, est cantonné à l’intime, tandis que la diffusion des textes passe par la typographie.
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Voilà où aboutissent les efforts de Trithème, pour qui le monde n’est qu’une affaire de signes, pour qui les caractères écrits contiennent la totalité de ce qui est. Corollaire à cette conception : mélangez les lettres et vous brouillerez le monde. Détruisez la cohérence du langage, et l’univers cessera de faire sens. Le temps n’est plus à décrire le réel, à le comprendre, à en tirer des lois ou des listes, et à tout consigner. Cela a déjà été fait, et amplement, au cours des siècles écoulés. Ce qu’il faut, désormais, c’est compiler, combiner et assembler les savoirs. Les passer au filtre de la comparaison, les faire dialoguer. Tirer une vérité plus grande de leur accumulation. Tendre au secret.
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Nous sommes sur la scène de l'histoire comme des acteurs de théâtre traversant brièvement les planches, condamnés à improviser nos rôles.
Le script ne nous en est délivré que d'une heure à l'autre. Personne ne sait d'avance celle où nous passerons en coulisses.
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Je suis née, j'ai été formée à commander, à intriguer et à vaincre. De mon acceptation de ce rôle dépendaient les équilibres des pouvoirs, la paix sociale, la reproduction de l'ordre. Je n'ai pas choisi de trahir cette destinée. Les choses ne sont pas aussi bien ordonnées dans la vie que dans les histoires. J'ai eu peur. J'ai été courageuse. Je me suis retrouvée seule et me suis fait des amis. J'ai été naïve et clairvoyante, violente et contenue. Je suis passée d'un côté à l'autre du monde et j'ai compris que celui d'où je venais n'a jamais été un ancrage que pour moi. Ce n'est pas mon nom qui a changé, c'est ce qu'il désigne qui s'est transformé.
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Ce qui m'amène ici, Lennon le sait, c'est l'incroyable succès de TREMÄ, la série de Fincher sur HBO.
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Bien que la taille du Couvent ait décuplé et qu'on y trouve désormais tout le confort des cités de l'Empire, on s'y sent toujours un peu loin, un peu au-dessus du reste du monde. Comme un aigle dans son aire, songe Moïra, qui aime, malgré le vertige, escalader le belvédère jusqu'au sommet. Ce qui lui plaît le plus, sans doute, est de parvenir à échapper aux surveillants de son dortoir. Dans le matin clair et froid, on voit l'Empire des Sicles estompé, replié dans les brumes. On s'imagine au centre de l'univers. Il suffirait d'étendre ses ailes pour s'envoler.
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- La manipulation est devenue la panacée. C'est comme ça qu'on vend le savon et qu'on dirige ses subordonnés. Tu vois, le pervers narcissique, ça n'est au fond que l'adaptation du mâle (ndr : et de la femelle) dominant à son nouvel écosystème.
Mariam à Bastien.
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Tu as l’esprit de fronde, le souci de la vérité, et tout cela t’honore. Mais n’oublie pas que les mots intelligents doivent être gardés pour les gens intelligents. Livrer ta science aux ignares, aux incultes, aux bornés ou aux insuffisants, est une erreur et un danger. Sois savant parmi les savants mais bête en compagnie des porcs. Tu t’éviteras des ennuis et tu vivras plus longtemps.
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J’avais découvert sur le Net pas mal de choses sur le management et la méditation.
Le courant dit de la « pleine conscience » était très à la mode chez les cadres. Pas besoin de creuser longtemps pour tomber sur des spécialistes, proposant à prix fort des bouquins de vulgarisation, des séminaires, des formations. Les noms des mêmes boîtes revenaient dans leurs références clientèle : Apple, Ford, Sodexo. D’autres citaient David Lynch et la méditation transcendantale ou les trous dans les buildings hongkongais , conçus pour faire circuler l’énergie du dragon.
Le New Age californien semblait s’être dissous sans mal dans la culture d’entreprise, lui apportant la petite touche orientale qui allait bien. Restait qu’aucun de ces experts, sur les photos, ne ressemblait à des sages bouddhistes ou à de vieux surfeurs de Long Beach. Quatre épingles, costards corporate, coupes proprettes. Leur tenue trahissait leur véritable fonction : la mise en place d’un nouvel outil de gestion du personnel.
J’avais échangé à ce sujet quelques mails avec Laurent, un pote de collège formé aux ressources humaines, qui avait été un temps consultant pour de très grosses firmes. Il avait totalement changé de voie quand il avait rencontré son copain actuel, un pénaliste syrien spécialiste des droits de l’homme. Il l’avait suivi à Bruxelles, où il bossait maintenant dans l’éducation populaire, pour le dixième de son précédent salaire. Laurent était le type le plus compétent que je connaissais, tous domaines confondus. Même si on ne se voyait que très rarement, il répondait toujours très vite à ses e-mails.
Au bout du compte, les entreprises ne s’intéressent qu’au tangible, m’écrivait-il. Ce qui leur importe c’est l’efficacité, le quantifiable. Si une quelconque dimension spirituelle est mise en avant dans leur discours, tu peux être certain que les techniques visent en réalité un objectif matériel précis. Aucun patron n’a besoin ni envie d’employés émancipés.
J’aimais son franc-parler, même si rien dans ce qu’il décrivait n’expliquait la façon harmonieuse dont s’articulaient, dans mon cas, les séances de méditation quotidienne et la pénibilité du travail. À toutes ces explications rationalisantes, je pouvais opposer un constat, énoncé sans fanfaronnade par le docteur Scheffner : le corps ne ment pas.
Je ne m’étais jamais senti aussi bien que depuis ces quelques semaines.
Mon esprit était plus vif. Mon régime plus sain. Un poids énorme de culpabilité me semblait levé après chaque séance. Et, malgré le manque de sommeil et les efforts physiques constants, mon corps était plus tonique et mieux défini qu’il ne l’avait jamais été.
J’ai fermé les yeux, seul sur mon canapé, et suis retourné par la pensée sur le tatami de la salle de sport. J’ai invoqué la voix de Parvadhi, un peu aiguë, tout à fait calme, avec ce drôle d’accent. Ses mots m’ont guidé jusqu’à ce sanctuaire à l’intérieur de moi-même. Je suis devenu dense et lourd et tiède.
Presque tout de suite après, je me suis endormi comme un bébé.

J’ai rêvé que mes pupilles étaient des trous. J’y enfonçai des baguettes de restaurant chinois pour retirer de mes globes oculaires de pleines pincées d’échardes noires. Je les déposais soigneusement dans une petite coupelle avant de recommencer.
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"Certaines personnes n'ont aucune pitié. Elles ne voient, dans la vulnérabilité des autres, qu'une façon de renforcer leur propre pouvoir."
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Il y a quelque chose de rassurant dans la sensation d'être irrémédiablement perdu : tout reste à trouver.
[Notes pour un Labyrinthe]
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Léo Henry
Les uns n’ont pas le droit d’empiéter sur les histoires des autres. De la couille! réplique une voix, aboyée depuis les herbes de la berge. De la grosse couille veinée, confrère! Le vieux, toujours vautré à la même place, vous écoutait venir. On ne fait jamais que finir les récits d’autrui, ou les recommencer.
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Au travail, c’était le chaos. J’avais été chargé de vendre le plus de créances titrisées possibles alors que j’avais été engagé pour en monter. La pression du Board était énorme, on parlait de licenciements, on se murmurait le nom des filiales qui seraient vendues les premières. Tout le monde avait une histoire à raconter sur le type du bureau d’en face qui se préparait à rejoindre la concurrence, le collègue qui spéculait à son compte sur l’effondrement des produits financiers adossés aux crédits immobiliers à risques. Les apôtres de la scientificité des opérations de marché, comme les adeptes du « tao du pognon » qui considéraient notre travail comme une pratique martiale, une sorte de jiu-jitsu financier, étaient sans mot. Le réalisme comme la mystique échouaient à saisir ce qui se passait. Personne ne pouvait imaginer ce qui allait nous arriver finalement mais, déjà, nous vivions dans la peur. Alison essayait de me rassurer en vain, quant à Veronika, elle se moquait de moi, elle répétait que notre monde disparaitrait bientôt aussi sûrement que le sien avait été réduit en cendres. Je n’aimais pas ce côté de Veronika, son mépris pour ce que je faisais, pour l’Amérique. Nous avons cessé d’en parler. (« Confessions »)
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Quand l’avion se pose pour faire correspondance à Yirminadingrad, le soleil est déjà couché. L’aérogare fourmille de militaires en armes qui nous orientent vers les sous-sols. Personne ne nous fournit la moindre explication.
Deux policiers avec des masques à gaz contrôlent mon passeport biométrique avant de me fouiller, d’inspecter mes vêtements avec une sorte de compteur Geiger puis de me faire entrer dans un grand hall sans fenêtres où une partie des passagers de mon vol attendent déjà. Certains sont assis sur les banquettes en acier mais la plupart sont restés debout. Les visages sont aisés à décrypter : fatigue des passagers réveillés au moment de l’atterrissage ; colère de consommateurs mécontents, rédigeant dans leur tête des lettres de protestation ; anxiété de téléphages, persuadés que la fin du monde prophétisée par les infos est pour maintenant. (« Escale d’urgence (matériaux pour un adultère) »)
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Quelqu’un avait tagué « Amon Râ » sur l’enseigne de son garage et Vasil, depuis plus de vingt ans, l’avait laissée sans repeindre. Les gars du quartier de l’autostrade s’étaient mis à le surnommer l’Égyptien ou Coup-de-Soleil. Ils se moquaient en vain du vieil homme, qui continuait de leur sourire comme si personne, jamais, n’était venu saloper la façade de son commerce.
Un soir j’ai vidé avec lui deux bouteilles de whisky polonais, essayant de tuer la nuit et d’oublier un chagrin d’amour qui n’était pas le mien. Mon cousin Dobri habitait à l’étage : il m’avait planté pour partir à la recherche d’une fille qui n’avait fait que le tromper jusque-là et qui continuerait à le faire par la suite. Me voyant désœuvré sur son trottoir, le vieil Amon m’avait invité à partager la goutte. La goutte avait duré après l’aube. Sur les murs de son atelier, il avait suspendu des centaines et des centaines d’enjoliveurs, qui brillaient comme des disques d’or dans la lumière crue de l’ampoule.
Il avait fini par me dire, de sa voix floue de poivrot hébété, qu’il était heureux d’avoir choisi d’être homme. Qu’avec les autres dieux, là-bas, à Thèbes, la vie était insupportable. Qu’il aimait sa mortalité, son garage, ses voisins et ses petits soldats de collection.
J’aime à croire que Vasil vit toujours, qu’il travaille au même endroit. De tous les dieux de Yirminadingrad, il était de loin le plus sympa. (« Ces photos de moi que l’on n’a jamais prises »)
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