AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Leo Perutz (192)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le Cavalier suédois

Écrit dans les années 30, je trouve ce roman/conte très agréable à lire. Leo Perutz, que je ne connaissais pas, est une jolie découverte. Ses personnages sont nuancés et il évite le manichéisme auquel on pourrait s'attendre avec une telle histoire.

Le point de départ est une usurpation d'identité entre un voleur de poules et un nobliau suédois déserteur, dans la Silésie du tout début du 18e siècle, et les conséquences qui en découlent.

Le rythme est enlevé, il y a beaucoup d'humour et de très beaux passages sur la paternité, un rien de fantastique avec le fantôme d'un meunier qui apparait aux deux compères, et un solide cours sur la façon de bien gérer un domaine et son bétail. Une fin très belle et saisissante, ce qui n'est pas facile pour ce genre d'histoire.

Lu avec plaisir, je le recommande si vous voulez vous dépayser pendant quelques heures de lecture.

Commenter  J’apprécie          197
La neige de saint Pierre

Après avoir lu ce livre étonnant, détonant, je me suis aventurée sur les critiques du site.

Et en premier, celle qui est venue en premier, était celle d'Eric... longue, magnifique, sauf que après que dire ? Arrivant en 2021, ma première lecture de cet auteur, fascinée certes par cette découverte, qu'est-ce que je vais pouvoir dire de neuf ?

d'abord j'ai découvert cet auteur par l'éditeur décidément très intéressant,

puis j'avais cheminé chez les auteurs allemands, autrichiens, hongrois, de langue allemande...



Je ne vais pas raconter puisque Eric l'a tellement bien fait

Ce qui est absolument magnifique dans ce roman, jubilatoire, c''est le contraste permanent, entre l'existant et le non existant, entre la réalité et l'inventé ou l'imaginé.

Cette espèce de balance que nous donne l'auteur est géniale.



Ce qui est absolument génial c'est cette vision extraordinaire qu'a l'auteur, sur la mise en place des systèmes totalitaires... on parle souvent de 1984 de George Orwell, mais, beaucoup d'autres oeuvres et antérieures ont alerté sur la mise en place des totalitarismes... la preuve, celle-là.

Une lecture belle et agréable.

Une plongée dans l'histoire de l'Allemagne, histoire qui mérite d'être connue et reconnue.

Une jubilation car primo c'est très très bien écrit et deux, c'est d'un humour sarcastique et à plusieurs degrés.

Bref un vrai moment de plaisir.



Commenter  J’apprécie          194
Le Cavalier suédois

Il était une fois, au tout début du XVIIIe siècle, un nobliau suédois désargenté et déserteur, rencontra un voleur à la morale sans faille (comprenez qu’il ne volait pas les pauvres, à chacun sa morale). Portant leurs casseroles respectives, ils cheminaient à travers l’Europe centrale, au carrefour de la Pologne et de l’Allemagne (qu’on appelle Silésie), pour échapper l’un à un enrôlement forcé, l’autre à une mort par pendaison.



Aussi dissemblables que possible, le destin se chargea pourtant de les unir à tout jamais. Christian von Tornefeld, notre nobliau suédois un peu poltron, ne vit que pour rejoindre l’armée de Charles XII de Suède aux ambitions territoriales immodérées. Lui, le Suédois de souche, rêve de gloire (enfin, sans sacrifier sa vie non plus, ne poussons pas mémé) auprès de son cher roi vénéré tandis que notre voleur, lui, rêve d’éviter la potence et se résigne à intégrer les forges démoniaques d’un prince-évêque, prêt à se constituer esclave pour garder la vie sauve. Par un étrange coup du sort (serait-ce de la magie), notre voleur usurpe l’identité de Christian Von Tornefeld : d’humble manant il devient un hobereau respecté et aimé de la belle Maria Agneta, autrefois promise au vrai Christian, et donne naissance à l’espiègle et jolie Christine, sa fille adorée. Que de chemin pourtant pour parvenir à ce résultat : il aura fallu en voler des calices et encensoirs dans les églises pour devenir riche et prétendre à un destin hors norme ! Nonobstant les obstacles, quand on veut on peut ! Oui mais jusqu’à quand peut-on prétendre être un autre ? Mystère et boules de gomme.



Le cavalier suédois est l'exemple par excellence du roman picaresque ou les aventures de notre compère dans cette Europe en mouvement, voleur de grands chemins, noble au grand cœur et père aimant tout à la fois, un homme double, ambivalent qui m’a enchantée. Le thème de l"usurpation et des faux-semblants est omniprésent sans pour autant servir de prétexte à une leçon de morale bien pensante : les personnages, notamment celui du voleur, sont comme ils sont, à nous lecteurs de les accepter dans toutes leur fourberie et leur petitesse. Car ainsi sont faits les hommes, humbles pécheurs.



Et puis surtout quel panache, quelle fougue, quel style ! Ce roman est un véritable petit délice littéraire savoureux. Tout est travaillé, chaque mot fait mouche et sert à la perfection le rythme enlevé de ce récit et son propos plus tortueux qu"on ne le supposerait de prime abord. Jusque-là inconnu pour moi, Léo Perutz est pourtant un maître, je le sens à 10 kilomètres je vous le dis.



Certains livres se lisent, ne serait-ce que pour le plaisir de sentir les mots faire tilt et prendre sens, d’éprouver le bonheur simple de tenir entre ses mains un récit intelligent et maîtrisé, du travail d'orfèvre vous dis-je.
Lien : http://www.livreetcompagnie...
Commenter  J’apprécie          192
Le Maître du Jugement dernier

Ce qui me surprend toujours lorsque j'ai fini un ouvrage de Leo Perutz, est le peu de succès que rencontre ce grand écrivain de langue allemande ,né à Prague ; comme si la notoriété de son illustre contemporain, Kafka le maintenait à l'ombre.



Leurs univers se ressemblent un peu mais je dirais que l'approche chez Leo Perutz est plus simple et moins sombre .



Le Maître du Jugement dernier, écrit en 1923 est un roman manipulateur .



Vienne 1909, Vienne la tourbillonnante avant la chute de l'Empire austro-hongrois , Vienne patrie de Freud ...



Une soirée entre amis à jouer de la musique, deux coups de feu et un mort, une pipe retrouvée dans la pièce avec le cadavre et notre personnage principal , le Comte von Yosch est accusé du meurtre, on se croirait dans un roman à la Conan Doyle.



L'affaire semble claire mais Perutz nous entraîne imperceptiblement vers un autre monde où les frontières avec le mensonge, le rêve ou la folie sont ténues et le lecteur se laisse glisser dans cette quête haletante du Maître du Jugement dernier.



On pourrait presque apercevoir Indiana Jones à la recherche d'un vieux grimoire et on se retrouve dans un atelier de peintre italien de la Renaissance avec peut-être la clé de l'énigme ...



Encore un excellent roman de cet écrivain, alors n'hésitez plus !
Commenter  J’apprécie          192
Le marquis de Bolibar

Au milieu du XIXe siècle, un obscur gentilhomme allemand, Edouard de Jochberg, meurt de vieillesse. Son décès n’aurait guère fait de bruit, si ses voisins n’avaient découvert dans ses affaires de surprenants papiers relatant sa carrière de soldat dans les troupes napoléoniennes des dizaines d’années plus tôt. Un épisode va particulièrement attirer l’attention des curieux par son étrangeté : celui de la destruction totale du régiment de la Bisbal durant la guerre d’Espagne en 1812, une destruction ô combien mystérieuse et à laquelle aucun historien militaire n’avait réussi à donner une explication. Le témoignage de Jochberg lève enfin le voile sur ces événements, mais les éclaire également d’inquiétante façon, car c’est bien la main du Démon et non celle des guérilleros qui semble se cacher derrière cette insolite tragédie – ou plus précisément la main du Marquis de Bolibar, un Grand d’Espagne aux troublants pouvoirs sataniques, capable de fouiller dans le cœur des hommes pour en extirper les pires passions et les mener ainsi à leur perte.



Après un petit épisode plus merveilleux avec « La nuit sous le pont de pierre », je retrouve avec beaucoup de satisfaction le mélange subtil de réalisme et de surnaturel tourmenté qui m’avait tant charmée dans « Le cavalier suédois ». Des quelques œuvres de Leo Perutz que j’ai eu l’occasion de lire jusqu’à maintenant, celle-ci est assurément la plus noire et la plus pessimiste : le ton en est férocement satirique, les personnages oscillent entre veulerie et bravade imbécile, la magie y est cruelle et impitoyable… Pourtant, je dois bien reconnaître que « Le Marquis de Bolibar » est également l’œuvre de Perutz qui m’a le plus marquée, en partie parce que c’est celle qui a su éveiller en moi les plus vives émotions. Une fois les premières pages tournées, j’ai été complétement captivée par la tension et l’atmosphère anxiogène distillées par le romancier, ainsi que par le personnage du Marquis, sombre déité à l’omnipotence aussi fascinante qu’effrayante. Machiavélique, tortueuse, mais pourtant d’une parfaire limpidité, l’intrigue du « Marquis de Bolibar » est de celles qui se dévorent en quelques heures, en vous procurant un délicieux frisson entre les omoplates. Encore une fois une très bonne pioche. Grand merci monsieur Perutz !

Commenter  J’apprécie          190
Le Cavalier suédois

Je n’ai aucune mauvaise critique objective, le style est brillant, la narration bien construite, riche en rebondissements variés, en personnages hauts en couleurs, en valeurs humaines et fourberies de tout genre… Et pourtant, je me suis globalement sentie très peu concernée. J’ai tout de même accroché au récit sur les derniers chapitres – mes élans de midinette ont été rassasiés par les dilemmes amoureux de notre pseudo-Tornefeld sans doute. J’ai véritablement adoré la chute qui m’a volontiers incitée à revenir au prologue, une deuxième lecture aurait sans doute été bénéfique – si j’avais été adepte des relectures. Je m’emballe en écrivant ce billet et me sens incapable de justifier cette dispersion constante qui m’a poursuivie pendant les trois premiers quart de ma lecture…
Lien : https://synchroniciteetseren..
Commenter  J’apprécie          180
Le Cavalier suédois

La Troisième balle en mieux! C'est peu dire : le cadre est différent mais le fond est identique. On retrouve ce jeu du hasard et/ou du destin qui fait danser ses personnages comme autant de pantins articulés. Quand on sait que ce roman a été publié en Autriche en 1936, on ne peut s'empêcher d'avoir froid dans le dos...
Commenter  J’apprécie          160
Le tour du cadran

Le tour du cadran est un roman surprenant et réjouissant. Stanislas est un étudiant viennois au comportement tour à tour déroutant et fantasque, qui peut passer pour franchement névrotique. Il se perd en circonvolutions au moment d'exécuter les actes les plus simples du quotidien provoquant surprise, colère ou pitié chez ses interlocuteurs. Ainsi commande-t-il une tartine dans une épicerie mais refuse de s'en saisir au grand dam de l'épicière, et ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres... Le lecteur se laisse balader par l'auteur au gré des pas de son héros avec un réel ravissement.

Leo Perutz teinte son récit d'une ironie mordante et se sert de la situation délicate de Stanislas pour dépeindre la société viennoise. Chaque chapitre nous met en présence de nouveaux personnages, parfois grotesques, et souvent risibles. L'intrigue est bien menée, dans un style remarquable, et se révèle bien plus profonde et complexe qu'il n'y paraît au premier abord.

Un vrai délice ! Un conseil cependant : ne lisez pas la quatrième de couverture avant de commencer le livre, cela gâcherait un peu le plaisir.
Lien : http://bloglavieestbelle.ove..
Commenter  J’apprécie          160
Le Cavalier suédois

Pour une première incursion dans l’œuvre de Leo Perutz, j’ai opté pour un de ses plus célèbres, Le cavalier suédois. Mon mari avait déjà lu Le cosaque et le rossignol, sans m’inciter plus qu’il ne le faut à prendre sa suite. Je n’avais donc aucune idée préconçue sur le style ou le genre littéraires de cet auteur.

J’ai été agréablement surprise par ce conte fantastique qu’on dirait tout droit sorti de l’imaginaire d’un écrivain du XVIIIe siècle, époque à laquelle se déroule le récit.

La rencontre fortuite d’un voleur vagabond, Piège-à-poules et d’un jeune noble suédois Christian von Tornefeld dans les landes silésiennes, scelle le destin de deux hommes que tout sépare. Le premier, excellent à la rouerie, se promet de tirer parti des possibilités offertes par ce cavalier naïf et un peu crédule. Sur des promesses et des serments que le brigand se convainc de ne pas tenir, un enchaînement d’événements permet à ce dernier d’usurper l’identité du cavalier suédois et ainsi de connaître enfin une vie de gentilhomme longtemps espérée.

Je me suis laissée emporter par cette écriture d’un autre temps, portée par des dialogues et des apartés savoureux, et dont les personnages, superbement incarnés, évoluent autant dans la réalité cruelle du quotidien que dans l’onirisme et le surnaturel.



Commenter  J’apprécie          150
Le Cavalier suédois

Très bon roman d'aventures mâtinées de fantastique, écrit dans la première moitié du XXe siècle par un auteur de cette mitteleuropa qui a donné tant de génies à la littérature ; c'est vivement mené, plein de rebondissements, très bien écrit dans une langue soignée et très imagée. J'y ai retrouvé le plaisir de mes Alexandre Dumas d'enfance, c'est tout dire !
Commenter  J’apprécie          151
Le Cavalier suédois

LE CAVALIER SUÉDOIS de LEO PERUTZ

Maria Christine avait 50 ans quand elle écrivit ses mémoires vers le milieu du 18 ème siècle, elle avait eu une vie riche en voyages mais ce n’est pas cette partie la plus intéressante. Son petit fils exhuma ce récit et plus particulièrement la partie liée à son père, le Cavalier Suédois. Il partit à la guerre alors que Maria Christine était très jeune et sur les conseils des palefreniers de son père cousit un petit sac de terre et de sel sous la selle de son cheval »créant un lien indestructible entre lui et elle ». Effectivement son père revint la voir de nuit très régulièrement, en secret, sa mère n’en sut jamais rien. Un jour une missive arriva annonçant sa mort, elle fut très étonnée car il était venu deux nuits auparavant et le champ de bataille était très éloigné. C’est cette histoire qui nous est contée et elle commence par la rencontre entre Christian Tornfeld, un gentilhomme et un voleur cheminant ensemble pour échapper à un groupe de dragons, Tornfeld ayant frappé son commandant il est condamné à mort. Ils vont se réfugier dans un moulin qu’ils pensent abandonné mais un homme apparaît, le meunier. Vivant ou fantôme il réclame un dû pour l’évêque et le travail dans les forges épiscopales. Dès lors Tornfeld va déléguer le voleur pour qu’il aille sur son domaine récupérer de quoi payer le meunier. A son arrivée au domaine de Kleinroop, la situation est assez différente de ce à quoi il était préparé et il va monter un plan machiavélique.

Ruse, mensonges, parjure, usurpation d’identité, Perutz nous crée un Cavalier Suédois bien pâle aussitôt qu’il n’a plus son argent et ses beaux habits, il est vite demandeur envers ce voleur habile et entreprenant. Roman étrange, à la morale incertaine et tourbillonnante, dans lequel se dégage un pessimisme certain, et qui mêle réalité et fantastique sans oublier une incroyable histoire d’amour. Une belle curiosité.
Commenter  J’apprécie          143
Le Cavalier suédois

Le Cavalier Suédois est l'histoire d'un mystère.

Un mystère qui marqua l'enfance d'une petite fille, et la hantera tout au long de sa vie.

Un mystère qui se dévoile petit à petit par l'histoire de deux hommes - deux fugitifs qui se rencontrèrent dans la nuit et la neige et dont le destin resta inextricablement lié.

En dire plus serait déjà trop révéler, quand il est si délicieux de découvrir le fond de l'intrigue, comme je l'ai fait, au fil du récit, avec toutes les incertitudes et les hypothèses que le scénario entraîne.



Le Cavalier Suédois est un roman étrange, tissé d'une langue à la fois simple et riche, puissante et poétique. Un roman qui ressemble à un conte du temps jadis, baigné d'un fantastique en demi-teinte particulièrement séduisant.

Au plus profond des forêts de Silésie, on y croise un cavalier égaré rêvant de guerre et de conquêtes, l'ombre lointaine de Charles XII de Suède, avec ses victoires et ses défaites écrasantes, des bandes de brigands aux noms tout en truculence, un mystérieux roulier vêtu de rouge qui pourrait bien être un fantôme, un prince-archevêque dont les forges ressemblent à l'antichambre de l'enfer, sans oublier une demoiselle en détresse dont la beauté aura de bien troublantes conséquences. Mille aventures et mille retournements, dictés toutefois par un destin inexorable.



Un petit bijou de roman, que je voulais lire depuis longtemps et qui me donne envie de me jeter sans attendre sur les autres œuvres de l'auteur. Deux sont d'ailleurs déjà commandées !
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
Commenter  J’apprécie          148
La troisième balle

Perutz était un grand amateur d'échecs et, on le voit bien dans ses romans, par la figure du labyrinthe. Les personnages frappés par une malédiction, s'efforcent par tous les moyens de fuir leur destinée et se faisant s'en rapprochent... C'est du grand art, on prend un plaisir certain à se laisser manipuler par une intrigue retorse. Le meilleur dans cette veine est, selon moi, du même Leo Perutz, Le Cavalier suédois, véritable chef d'oeuvre du genre.
Commenter  J’apprécie          130
Le Cavalier suédois

Une superbe histoire, aux allures d'un conte d'Hoffmann. Un mécanisme implacable, où Perutz dévoile à intervalles réguliers, y compris dans le prologue, ce qui va advenir - ce qui nous tient en haleine (Comment va-t-il s'y prendre pour arriver à ce résultat ?). Le tout émaillé d'un style superbe, où les proverbes, les recettes et les méthodes de culture paysannes (vraies ou inventées ?) abondent, ce qui fait de l'ouvrage un chef-d'œuvre, mais aussi un vrai régal pour le lecteur.

Après Ian Fleming qui admirait "Où roules-tu petite pomme ?", c'est Emmanuel Carrère qui partage cet enthousiasme dans un article de la compilation "Il est avantageux d'avoir où aller" et Jorge Luis Borges qui lui décerne le titre de "Kafka aventureux".

Quant au destin, Sénèque disait : "Le destin guide ceux qui l'acceptent, il traîne ceux qui lui résistent" - En latin c'est plus condensé et ça sonne quand même mieux ! "Ducunt volentem fata, nolentem trahunt".
Commenter  J’apprécie          130
Le Judas de Léonard

Je ne connaissais pas Leo Perutz, sinon à travers "Le Cavalier Suédois" présenté par Francis Berthelot dans sa Bibliothèque de l’Entre-Mondes comme une "histoire picaresque où l’action et l’humour sont emprunts d’une subtil mélancolie" et où "se déploie une réflexion sur le juste et l’injuste, la vanité des apparences, la souveraine valeur du terroir, les révélations et les pièges du monde spirituel". Je ne connaissais pas non plus les éditions Libretto, sinon de nom et parce qu’elles ont publié "Moby Dick" de Melville dans sa traduction la plus alléchante. Après ce "Judas de Léonard", je me suis promis de lire plus de Perutz et plus de Libretto (à commencer par ce "Moby Dick" qui me fait de l’œil depuis tant d’années).





Sous quels traits représenter Judas ? Voilà la question qui taraude Léonard de Vinci au début de ce roman. Et le peintre d’écumer les bas-fonds de la société milanaise à la recherche d’un modèle… Mais la chose n’est pas si facile car, pour Léonard de Vinci, Judas n’est pas un vulgaire galopin mais celui qui, par orgueil, a trahi l’amour qu’il éprouvait, celui, en somme, qui a refusé de trop aimer. C’est ainsi que s’ouvre ce roman savamment construit. Dès le second chapitre, Léonard de Vinci disparait au profit de Joachim Benhaim, un marchant imbu de lui-même dont nous allons suivre les péripéties à Milan, notamment le recouvrement d’une dette auprès d’un usurier malhonnête, Bernardo Boccetta, et parallèlement sa rencontre amoureuse avec Niccola, une jeune milanaise dont il tombe éperdument amoureux.





"Le Judas de Leonard" peut se lire rapidement d’autant que le livre n’est pas épais mais ce serait un erreur et le meilleur moyen de passer au travers de la musicalité du texte et de son orchestration minutieuse – qu’on pense, par exemple, aux trois passages qui concernent la bourse de Joachim Benhaim. Ce roman "historique" (nous sommes en pleine renaissance italienne) s’apparente en vérité au conte universel, en ce qu’il illustre une idée (celle énoncée par Leonard de Vinci au premier chapitre sur l’orgueil comme origine du Mal) et propose une morale. Ce livre comblera les lecteurs curieux qui aiment découvrir des formes de narration différentes, éloignées des traditions françaises en la matière, des œuvres plus singulières et par là étonnantes.
Lien : http://lecoutecoeur.wordpres..
Commenter  J’apprécie          130
La nuit sous le pont de pierre

En quatorze tableaux, Léo Perutz dresse ici un portrait de Prague à la charnière des XVIe et XVIIe siècles.



Une Prague disparue, qui n'a jamais vraiment été mais forme comme la quintessence d'une ville bien réelle. Une Prague de bouffons, de courtisans, d'étudiants, d'alchimistes et de kabbalistes, gouvernée par un empereur solitaire, qu'on dit à demi-fou mais qui n'est peut-être que trop clairvoyant. Prague et son grand palais désolé, encombré de profiteurs en tout genre et de trésors du monde entier. Prague et sa cité juive, dont les ruelles tortueuses recèlent bien des mystères. Prague et ses auberges tapageuses, ses cimetières sous la lune, ses grandes forêts obscures. Ses vivants et ses morts.

Et son pont de pierre sous lequel un secret s'épanouit, qui décidera du sort de bien des hommes.



Quatorze tableaux, ou plutôt quatorze nouvelles qui se répondent les unes aux autres et forment à elles toutes un grand tableau, une grande histoire dont on ne découvre le fin mot que dans les dernières pages. Quatorze nouvelles qui se lisent comme un roman, mais toutes possèdent une chute à part entière, assez percutante ou du moins bien tournée.

La construction est admirable et l'ambiance captivante, avec cette dose d'ironie noire et de fantastique en demi-teinte qui fait la marque de l'auteur, et que j'aime tant désormais.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
Commenter  J’apprécie          130
Le marquis de Bolibar

Ce roman-là m'a moins touchée, moins emportée que Le Cavalier Suédois, du même auteur, qui il est vrai avait placé très haut la barre de mes attentes. La faute en incombe indubitablement aux personnages principaux, trop médiocres et pathétiques pour susciter en moi la moindre sympathie, quand le Cavalier tirait une grandeur poignante de ses faiblesses.



Malgré tout, c'est un livre indubitablement fascinant, où règnent en maître les spectres noirs de la guerre, de la superstition et de la bêtise humaine. Est-ce Dieu, le diable ou la folie qui mène la danse ? Tous sont présents, à parts égales - ou pourraient l'être. A moins que tout ne soit qu'une farce burlesque, une farce très cruelle et très noire dont la chute est entendue au sens propre, vers l'autodestruction et la perte de soi.

Et le Marquis lui-même est de ces héros étranges, d'une obscure puissance, qui mériterait de figurer parmi les plus grands classiques.

Commenter  J’apprécie          130
Le Maître du Jugement dernier

Vienne au début du 20ème siècle. Un acteur célèbre se suicide . Ses amis relient cet acte à d'autres identiques chez d'autres membres de la haute société et en rendent responsable un mystérieux personnage .Ils décident de l'affronter . Du fantastique à l'ancienne sans grands effets gore mené comme une enquête policière et qui insinue peu à peu le malaise. Bonne lecture.
Commenter  J’apprécie          120
La nuit sous le pont de pierre

Les quatorze nouvelles contenues dans ce recueil, comme les perles d'un collier, composent un véritable roman, bâti autour de deux personnages principaux, le roi de Bohême et empereur du Saint-Empire Rodolphe II, et Mordechai Meisl, usurier de la communauté juive de Prague.

Fantasque, amoureux des arts, dépensier, mélancolique et paranoïaque, l'empereur, qui vit retranché dans son château et entouré de conseillers qui gouvernent à sa place, incarne un pouvoir temporel ombrageux et vacillant, tandis que la communauté juive, foule bigarrée de marchands, d'artisans, de musiciens et de rabbins versés dans la kabbale, tente d'échapper aux foudres d'un pouvoir versatile. Entre les deux, la belle Esther, la femme du juif Meisl que convoite l'empereur.

On retrouve dans ces nouvelles qu'il faut lire ensemble et si possible dans l'ordre tous les thèmes abordés par Perutz dans ses romans : l'aventure, la substitution d'identité, le mystère du Destin. Dans le dédale des rues et du cimetière du quartier juif, et sur les hauteurs de Prague dominées par la silhouette inquiétante du château, ses personnages composent un théâtre d'ombres dans lequel Perutz prend plaisir à nous égarer et nous désorienter.
Commenter  J’apprécie          120
Le Cavalier suédois

Leo Perutz (1882-1957), d'origine autrichienne, fut obligé de s'exiler en 1938 car, Juif, il aurait risqué sa vie en restant dans son pays. Il est surtout connu pour deux de ses romans, "La neige De Saint-Pierre" et "Le cavalier suédois". Ce dernier a un scénario remarquable. Au XVIIIème siècle, un noble en situation de désertion nommé Christian von Tornefeld échange son identité avec un voleur de grand chemin surnommé Piège-à-poule, à la suite d'une péripétie fantastique. Ainsi, alors que le premier se trouve contraint à un travail forcé, le second profite de sa nouvelle vie et finit par épouser la fiancée de Christian, qui lui donne une petite fille. C'est très bien mené. le dénouement fera intervenir le fantastique. Je n'en dirai pas plus. Le roman est assez subtil. Les deux personnages principaux ne sont pas présentés d'une manière manichéenne et l'aventure ne se réduit pas un récit palpitant. Cette lecture laisse des souvenirs puissants.
Commenter  J’apprécie          120




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Leo Perutz (1254)Voir plus


{* *}