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Critiques de Lewis Mumford (14)
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Technique autoritaire et technique démocratique

Avec ces deux articles publié respectivement en 1964 et 1972, Lewis Mumford (1895-1990) résume de façon extrêmement limpide sa critique de la production industrielle qu'il développera plus longuement dans le Mythe de la machine.

(...)

Une parole essentielle !
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Technique et civilisation

La condition de l’homme ressemble aujourd’hui à l’état pitoyable d’un patient décrit par le psychiatre Bruno Bettelheim : un jeune garçon de neuf ans qui s’imaginait que sa vie dépendait de machines. « Sa conviction était si puissante, » rapporte le Dr Bettelheim, que le malheureux enfant « transportait partout un équipement de vie compliqué, composé d’une radio, de tubes, d’ampoules électriques et d’un respirateur artificiel. Au moment des repas, il se reliait à des fils électriques imaginaires afin de pouvoir digérer sa nourriture. Son lit était équipé de piles, d’un haut-parleur et d’autres appareils improvisés, censés le garder en vie pendant son sommeil. »



C’est du fantasme de ce petit garçon autiste que se rapproche rapidement l’état de l’homme moderne dans la vie réelle : car il ne saisit pas encore à quel point il est pathologique d’être coupé de ses propres ressources naturelles pour vivre, de ne pas se sentir rassuré par le lien qui l’unit au monde naturel et à ses semblables s’il n’est pas connecté au système de puissance, ou à une vraie machine, de recevoir en permanence des informations, des directives, des stimulants et des sédatifs provenant d’une source centrale extérieure, et de n’avoir que peu d’occasions d’entreprendre de son propre chef une activité qui le motive personnellement.



– Lewis Mumford. « Technique, pouvoir et évolution de la société », 1972.
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La cité à travers l'histoire

A travers ce magistral ouvrage sur le rôle de la cité dans l'histoire et sur l'histoire des cités, Lewis Mumford fait apparaitre certain points cruciaux qui du fait de leur universalité restent plus que jamais d'actualité.

De la cité antique aux mégalopoles modernes, l'exigence première concernant une ville est d'être un lieu de rencontre et de dialogue. L'exclusion, la mise à l'écart d'une part toujours plus grande des populations, est l'expression même de l'échec d'une société qui perd ainsi sa raison d'être.

Aussi, face à ce délitement et s'appuyant sur les leçons de l'histoire, Mumford n'hésite pas à envisager un sombre dénouement : "Le grand silence descendu sur les cités mortes n'est il pas plus méritoire que les slogans verbeux de communautés qui ne connaissent ni l'impartialité, ni les oppositions dialectiques, ni l'ironie de la critique, ni les stimulantes dissemblances, ni les théories rivales, ni l'indomptable résolution morale."

le livre, divisé en chapitres cohérents, est d'une lecture aisée et ne présente aucune difficulté pour toute personne ayant pu acquérir un minimum de culture.

Mais il est vrai que la présente organisation totalitaire de la cité ne permet plus vraiment ce genre d'acquisition.
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Le mythe de la machine, tome 2 : Le pentago..

La clairvoyance de Lewis Mumford a besoin de quelques dizaines d'année encore pour être reconnue. Mais pour qui a lu le mythe de la machine, un certain nombre de clés de l'évolution de la civilisation occidentale permettent d'en comprendre les dérives. A commencer par celles de ses gouvernements et de ses buts de recherches favoris.
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Lewis Mumford, pour une juste plénitude

Une bonne introduction à l’œuvre de Lewis Mumford qui, évitant la spécialisation et recherchant tout au contraire une approche globale des problèmes de civilisation, sut de ce fait anticiper un grand nombre des écueils auxquels se heurte désormais notre résistible société. Nombre de ses ouvrages demeurent extrêmement pertinents si l'on recherche une approche non-idéologique et des clés pour ce que pourrait être une société privilégiant l'humain à l'encontre des formes bureaucratiques et technocratiques qui caractérisent de plus en plus la domination marchande contemporaine. Lisez "Les transformations de l'homme", "La cité à travers l'histoire" ou encore "Le mythe de la machine" (qui doit reparaître en novembre de cette année dans une nouvelle traduction) et vous constaterez qu'une indéniable clarté s'y manifeste, bien loin du discours insipide et tautologique de nos experts médiatiques.

D'ailleurs Mumford, là aussi, en traça très bien les contours et ceux de leurs maîtres :

"Seuls ceux qui ont réussi à se débarrasser de leurs qualités les plus humaines sont donc candidats aux fonctions suprêmes de la société post-historique : celles des planificateurs et des administrateurs.

La sympathie et l'empathie, la capacité de se mettre par l'imagination et l'amour, à l'unisson de la vie des autres hommes, n'ont pas de place dans la culture post-historique, qui exige que tous les hommes soient traités comme des choses. Humainement parlant, l'homme post-historique est un infirme, sinon un délinquant actif, et finalement un monstre potentiel. (...) L'homme post-historique a déjà, intellectuellement, renié son humanité." (extrait de la transformation de l'homme de L. Mumford -1956)
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Technique et civilisation

Il est assez humiliant pour l’homme de la hype se tenant au fait des moindres développements de la technoscience (remarque, il n’y aura pas consacré une grande volonté puisque c’est devenu obligatoire) que les derniers ouvrages de fond et un peu consistants à ce sujet aient plus de 20 ans. Que pourrait-il bien penser alors de la persistance dans le temps de l’ouvrage de Lewis Mumford publié en 1934 et de la difficulté de sa lecture, tant le propos est dense et le sujet, il faut bien le dire, difficile et méconnu ?



Je tente ici d’en résumer très partiellement le cheminement. Au moyen-âge, les représentations venant de l’astronomie et de la cartographique; la perspective; la nécessité de mesurer le temps dans les monastères succèdent à la représentation symbolique, éternelle et riche de récits de l’ancien temps, et c’est là, dans ces développements d’origines culturels, que se situe le début de l’histoire technique.



Très vite la recherche de métaux précieux motive la guerre, la finance et la mine. Cette dernière illustre très tôt et parfaitement la nocivité du processus : stérilisation, épuisement et pollution, exploitation de l’homme, persistance du phénomène dans le temps à cause de la dette.



A partir de cette époque, trois complexes de techniques sont distingués : Tout d’abord, l’Eotechnique avec l’utilisation du bois, du vent, de l’energie hydraulique, une vision mécanique de la vie (ce qui interdit bien le développement de la biologie). Il insiste alors sur la valeur humaine et l’efficience des réalisations caractéristiques correspondantes, tel les réseaux de moulins et la sophistication des villages de Hollande.



Ensuite, le complexe Paléotechnique avec l’utilisation du charbon et du fer, l’exploitation de la puissance brute et sans égard pour l’homme et son environnement, ainsi que le plus grand mépris pour la science. En somme, caractérisé par les conditions les plus misérables des producteurs\consomateurs, la lutte entre tous les secteurs de la société ainsi que le déni le plus total de ses concepteurs face à la misère, enfoncés qu’ils sont dans l’abstraction de leurs discours.



Enfin le Néotechnique, avec de nouvelles énergies et nouveaux matériaux (aluminium, caoutchouc, plastiques et terres rares...), guidé par la science (Eletrotechnique et Biologie) et par la précision, l’efficience.



Pour bien comprendre, chacun de ses complexes ne recouvre pas complètement l’autre historiquement. L’automobile par exemple, est bien utilisée sous une forme paléotechnique (lourdeur, vitesse, encombrement, exploitation) dans une époque résolument néotechnique. On voit bien également que Paléotechnique ne désigne pas la période du capitalisme, que c’est bien autre chose.



Mumford anticipe très bien, sans la nommer bien sûr, les caractéristiques de l’informatique, outil néotechnique par excellence, et ses égarements à travers l’»enregistrement systématique» ou la prédiction des déconvenues du village planétaire. Il pressent le développement de machines très discrètes, en interaction forte avec l’humain, organisées en larges réseaux, socialisées à l’extrême. Il analyse aussi l’émergence du sport médiatisé, du design etc...Un ouvrage riche donc !



Ce qu’il y a de plus choquant dans son analyse, et qui est bien sous-estimé, c’est à quel point les développements techniques du XVIIIeme et du XIXeme constituent alors des régressions par rapport à la dignité de l’homme quand bien même la notion de «progrès» est inventée au même moment.



En considérant les faits de ces dernières années, on est frappé de voir à quel point souvent ce qui est le tenant et l’aboutissant, c’est la technique, et à quel point, à chaque fois, ce qui ne VEUT pas être débattu, c’est bien la technique ! C’est dire là l’urgence de lire Lewis Mumford...
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Trente ans de correspondance 1926-1959

Publier la correspondance entre deux personnalités marquantes de l'histoire de l'architecture et de l'urbanisme n'est pas une chose aisée notamment pour la rendre accessible au plus grand nombre. Cependant, l'introduction et les notes du traducteur détaillent la vie et l'oeuvre des deux hommes donnant ainsi les jalons nécessaires à tout lecteur novice dans l'art de Wright et les écrits de Mumford.



En 1926, Frank Lloyd Wright a 59 ans et Lewis Mumford en a 31. L'un est au milieu de sa carrière dans une période difficile, l'autre au début de la sienne qui connaît une envolée. Tout les sépare, même la distance et, pourtant c'est le début de trente ans de correspondance. Celle-ci fluctuante en intensité selon la charge de travail des deux hommes connaîtra un seul arrêt durant dix ans en raison d'opinions divergentes sur la Seconde Guerre Mondiale. Cependant, leur relation renaîtra pour mieux s'épanouir par la suite en échanges toujours aussi féconds et stimulants pour les deux hommes.



Les lettres sont riches en débats sur l'architecture et l'urbanisme contemporains où chacun exprime son point de vue sur ses théories, son oeuvre ou celles de ses collègues avec la plus grande franchise. Loin de se limiter à leurs disciplines respectives, les lettres dévoilent l'intérêt des deux hommes pour l'économie, la politique, la société et la famille. Malgré de nombreux points de vue divergents, ils ont conscience de l'importance de l'environnement dans la notion de l'habitat. Tous les deux adoptent d'ailleurs ce principe dans leur vie quotidienne loin des centres villes dans des maisons adaptées à leur conception comme Taliesin pour Frank Lloyd Wright.



La force et l'intérêt de ces lettres résident dans la manière où les deux hommes perçoivent leur relation. Si Lewis Mumford est plus retenu et distant dans ses propos, Frank Lloyd Wright est au contraire plus familier recherchant constamment un rapprochement entre eux. Les nombreuses invitations des Wright aux Mumford, les cadeaux comme les estampes japonaises de Wright ou la proposition de direction de l'école d'architecture de Taliesin à Lewis Mumford démontrent une volonté de distanciation entre le critique et l'architecture visant à conserver son indépendance d'esprit et sa liberté de paroles ce que lui rapprochera parfois d'ailleurs l'architecte.



La lecture des lettres nous révèle également une facette intéressante de l'architecte qui a toujours été l'initiateur de ces échanges avec Lewis Mumford même après leur dispute. La raison tient principalement au fait que les deux hommes avaient les mêmes attentes en matière d'innovations architecturales et que leurs échanges étaient profondément stimulants pour la pensée de l'un comme pour l'autre.



Un très belle découverte dans le cadre de Masse critique. Je remercie Babelio et les éditions Klincksieck.
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The Brown Decades, Essai sur les Arts en Am..

Un livre intéressant de Mumford, comme la majorité de ses ouvrages, sur les Arts américains de l'après-guerre de sécession malheureusement gâché, dans sa version française, par une traduction maladroite et des fautes d'orthographe assez grossières. Dommage, Mumford méritait mieux que ça. Copie à revoir pour amélioration.
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Technique autoritaire et technique démocratique

Toute critique radicale de la technique n’est pas nécessairement antimoderne. Humaniste et démocratique, celle que formule Lewis Mumford pourrait redevenir très actuelle.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Le mythe de la machine, tome 1 : Technique ..

Essai très inspirant quant à sa volonté de «réhabiliter » la préhistoire et d’en proposer une contre-histoire certes parfois quelque peu hypothétique mais qui permet d’intéressantes réflexions quant à notre perception de cette dernière et de la prééminence de la Technique comme clef d’analyse. J’attends avec impatience la probable parution du tome 2 aux EDN afin d’avoir un avis complet quant à cette œuvre.
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Trente ans de correspondance 1926-1959

"Trente ans de correspondance" où quand le plus grand architecte du XXème siècle rencontre le critique le plus perspicace de son époque !

Je suis depuis longtemps admiratrice de Franck Lloyd Wright, ce génie qui a révolutionné l'architecture en la faisant entrer dans l'ère de la modernité. Créateur prolifique, il fut à la tête de plus de quatre cents réalisations, des maisons principalement (la maison sur la cascade…) mais aussi des immeubles, hôtels, musées (le Guggenheim de New York) et autres chefs d’œuvres… Il est notamment à l’origine du style Prairie et des maisons « usoniennes », petites habitations fondée sur le mode de vie américain et intégrée dans le paysage des États-Unis. Reconnu en 1991 par L'AIA (Institut des Architectes Américains) comme le plus grand architecte américain de l’histoire, les États-Unis ont demandé en 2015 l’inscription officielle de 10 de ses œuvres au patrimoine mondial de l’UNESCO !

J’avoue par contre que je ne connaissais pas Lewis Mumford, critique, écrivain et historien de l'architecture de l'urbanisme qui est assez peu connu en France dont je n’avais que très vaguement entendu parler. Cette ouvrage m'a fait découvrir un homme dont les connaissances pluridisciplinaires lui ont permis de développer une approche globale de l'histoire des civilisations et qui s’avère, dans son domaine, tout aussi visionnaire que Wright. Ce que j’ai lu de lui dans cet ouvrage de correspondance m’a donné envie d’en savoir plus sur ses recherches à tel point que certaines de ses publications que la curiosité m’a déjà poussée à survoler, feront probablement partie de mes prochaines lectures... Très tôt, la diversité de ses centres d’intérêts, et notamment ses connaissances en économie permettent à Mumford de comprendre que c'est l'invention de l'horloge mécanique - et non la machine à vapeur - qui a révolutionné la société. Au temps naturel, fait place le temps mesuré, découpé, dont les unités deviennent la mesure de valeur du travail. Ainsi peut naître et croître la société industrielle...avec son lot d'ouvriers et d'employés de bureaux payés à l'heure. Ses réflexions vont bien au-delà de celles de ses confrères de l’époque puisqu’il s’interroge déjà sur le bien-fondé même d’une croissance continue. Non content de s’inquiéter avant l’heure des conséquences de l’agriculture intensive et de l’industrialisation à outrance, il va jusqu’à proposer la mise en place de systèmes de recyclage et d’énergies renouvelables pour limiter les effets du gaspillage et de la pollution. En analysant ainsi l'histoire de l'architecture américaine en parallèle avec l'évolution des techniques et les transformations de la société, Mumford met en lumière l’impact du lien politique et social sur les modifications du tissu urbain. Il acquiert dès le milieu des années 20’ une place de premier plan dans le débat intellectuel de l’époque.

C'est en 1926 que débute à correspondance entre les deux hommes. Elle se fait à l'initiative de Franck Lloyd Wright. L'Architecte, bien que déjà célèbre, se trouve alors à une période critique de sa carrière et doit faire face à des revers de fortune. A l'inverse, celle du jeune Mumford qui a trente ans de moins en plein essor.

Avec de telles personnalités, les débats on s’en doute, vont bien au-delà de l’architecture, même si l’on y retrouve les figures majeures de l’époque comme Sullivan, Neutra, Le Corbusier ou encore Mies van der Rohe et Gropius (deux des directeurs de l’école du Banhaus que j’adore !).

La richesse de l’introduction est telle (60 pages) qu’elle pourrait presque suffire à elle-même ! La lecture des lettres permet néanmoins de saisir, dans leur différence de style, la personnalité des deux hommes, de mieux cerner leur tempérament, de ressentir leurs sujets de colère ou d’agacement tout comme leurs blessures et drames personnels. Ces échanges montrent notamment un Wright soucieux de l'opinion de Mumford et qui tente de développer avec le critique une proximité à laquelle ce dernier, soucieux de conserver son indépendance, parvient habilement à résister. Cette amitié, fondée sur un respect mutuel est néanmoins ponctués de désaccords parfois profond allant jusqu'à l'interruption de leur relation pendant une décennie. Elle reprendra en 1951 à l’initiative de Wright.

Merci à Babelio pour cette superbe découverte Mass Critique.

J’ai juste regretté l’absence de photos pour illustrer les œuvres Wright auxquelles les lettres font références. Regret vite oublié en ce qu’il m’a conduit à me replonger avec bonheur dans un magnifique ouvrage sur Franck Lloyd Wright que je n’avais pas consulté depuis longtemps, "Les maisons" de Alan Hess et Alan Weintraub qui comprend une iconographe particulièrement riche (près de 300 maisons avec photos et plans) qui a parfaitement complété la lecture de ces "Trente ans de correspondance".

Une correspondance à conseiller à tous les admirateurs de cette époque.. et à ceux qui souhaitent la découvrir !
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Technique autoritaire et technique démocratique

C'est avec ce tout petit livre d'une centaine de pages que je découvre l'œuvre de Lewis Mumford. Depuis un bon moment je lorgne sur "Technique et Civilisation", mais j'avoue que le format xl de celui-ci a tendance à me faire un peu procrastiner... C'est donc avec grand plaisir que j'ai pu commencer à graviter autour de cet homme admirable, merci aux éditions La Lenteur !

Après un discours retranscris (Technique autoritaire et technique démocratique) puis un article "L'héritage de l'Homme", Annie Gouilleux, qui les a traduit, nous offre une "filiation intellectuelle" de Mumford, et je dois dire qu'en 100 pages, on a déjà bien posé les bases de sa pensée. Je pense que c'est un ouvrage à lire en complémentarité de ses grands essais, que ce soit avant ou après, car il complète succintement certaines de ses affirmations du passé.

Lewis Mumford ❤
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Trente ans de correspondance 1926-1959

Je tiens tout d'abord à remercier Babelio et les éditions Klincksieck qui m'ont sélectionnée pour recevoir cet ouvrage dans le cadre de l'opération Masse Critique du mois de janvier.



Ce livre, comme son titre l'indique, nous présente la correspondance qu'ont entretenu Frank Lloyd Wright, architecte et théoricien de l'architecture organique, et Lewis Mumford, critique d'architecture et écrivain entre 1926 et 1959. En 1926, Wright traverse une période sombre que vient éclairer un article de Mumford, qui cite le nom de l'architecte à un moment de sa vie où celui-ci est plutôt ignoré du grand public. Malgré une grande différence d'âge – presque trente ans – les deux hommes deviennent amis et vont entretenir une correspondance passionnante jusqu'à la mort de Wright en 1959.

En plus des lettres de Wright et Mumford, vers la fin du livre, nous retrouvons les lettres de leurs épouses respectives, Olgivanna Lloyd Wright et Sophia Wittenberg Mumford, qui révèlent plus de détails sur la vie privée des deux couples. La dernière lettre, écrite après la mort de Wright, résume parfaitement la relation qui unissait les deux hommes.



On note cependant dès le début de cette correspondance que les deux hommes avaient une conception très différente de leur amitié. L'architecte voit Mumford comme un ami fidèle et un admirateur fervent tandis que le critique préfère garder ses distances afin de ne pas perdre son indépendance professionnelle. Même s'ils sont d'accord sur la majorité des points, leurs désaccords, tant sur le plan professionnel que personnel, créent des tensions entre eux qui finissent par éclater au grand jour pendant la Seconde Guerre mondiale et conduiront à un arrêt de leur correspondance pendant dix ans.



Les lettres de Wright sont très exubérantes, remplies de spontanéité, quand celles de Mumford sont plus réfléchies, certainement relues et bien plus modérées dans leur ton. le critique n'hésite pas, de plus, à flatter l'orgueil de l'architecte quand cela peut servir ses intérêts. S'ils s'apprécient sur un plan professionnel et se rencontrent avec plaisir les rares fois où cela a été possible, ils ont aussi chacun bien conscience des défauts de l'autre et, s'ils n'en discutent guère entre eux, ils n'hésitent pas à en informer, chacun de son côté, leurs proches, voire à mettre le débat sur la place publique, comme lorsqu'il s'agit de l'implication américaine dans la Seconde Guerre mondiale.



Les liens qui unissaient Wright et Mumford permettent de traverser le XXème siècle au fil de leur carrière respective. Leur divergence d'opinion sur la Seconde Guerre mondiale illustre parfaitement la division de la population américaine sur ce sujet. Surtout, leurs discussions sur l'architecture nous font revivre le débat qui a passionné le milieu tout au long de ce siècle, en opposant l'architecture moderniste et ses règles rigides à une conception plus humaniste de cet art, qui n'était pas la plus répandue dans l'entre-deux-guerres.

La lecture de ce livre est agréable et enrichissante ; je ne regrette vraiment pas de l'avoir découvert. Point positif, même les profanes en architecture – comme moi – peuvent s'y intéresser. L'introduction, claire et détaillée, regorge d'informations tant sur la vie des deux auteurs que sur le monde de l'architecture et les discussions qui y prenaient place à cette époque. Les notes du traducteur et les nombreuses références en bas de page n'étaient pas non plus de trop pour faciliter la compréhension.
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La cité à travers l'histoire

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