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Citations de Lianke Yan (185)


L’aveugle, dit-il, regarde, la lune est là, dors, dors et tu n’auras plus faim, les rêves peuvent tenir lieu de repas. (poche, p.62)
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… mais quand on est vieux c’est différent, quand on est vieux, on vit seulement pour un arbre, un brin d’herbe, des petits enfants. C’est toujours mieux de vivre que d’être mort.
(poche, p.31)
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En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, il devint le village fournisseur de sang modèle du district. Cette année là, le directeur Gao vendit sa jeep et acheta une voiture dernier modèle qu'il inaugura en venant dans notre village. Après avoir visité tous les postes de collecte de sang, il mangea chez nous deux bols de nouilles aux œufs et à la cataire avant de se rendre à l'école où, en serrant la main de mon grand-père, il prononça une phrase qui le laissa pantois :
-Professeur Ding, tu es le sauveur du village des Ding ! Tu as libéré ses habitants de la pauvreté pour les conduire sur la voie de la richesse.
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L'aïeul pensa que sur cette chaîne de montagnes dénudées, il avait fait pousser du maïs, qu'il en décortiquerait l'épi pour remplir un bol de grains, des grains aussi précieux que des perles, dont les villageois pourraient se servir comme de semences lorsqu'ils reviendraient, lorsque la sécheresse aurait cédé la place à la pluie. Alors les saisons se succéderaient, et sur cette chaîne montagneuse on verrait de nouveau une immense étendue verte, des champs et des champs de maïs à perte de vue.
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Avec un compagnon, la vie est plus savoureuse.
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C'était , dans l'immense nudité de la nuit, le paroxysme du silence qui se donne à entendre.
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A l'entrée de l'hiver, quand les zones avaient remis leurs rapports de productivité, à celles qui prévoyaient au moins six cents livres par mu, des citations avaient été promises. Il leur serait accordé de se rendre à la ville pour les recevoir. L'Enfant avait annoncé un rendement de six cents livres, un chiffre pour lui aussi haut que le ciel, aussi vasqte que la terre. Mais entre-temps, quelqu'un avait parlé de mille six-cents. Le district y encourageait grandement : ceux qui diraient mille livres toucheraient en récompense une pelle en fer. Mille cinq cents, une pelle et une houe. A plus de deux mille y seraient ajoutées une torche électrique et des bottes de pluie en plastique. Au-delà de trois mille, pour chaque centaine supplémentaire, un pied de cotonnade fantaisie. Les gens s'étaient mis à faire des rapports fous. Ils annonçaient cinq mille. Puis dix mille. Quelqu'un avança hardiment cinquante mille.
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Il porta son regard le plus loin possible. Il vit, entre deux faîtes, le soleil disparaître, englouti derrière une troisième cime. Restait un flot rouge brillant, s'écoulant du haut vers le bas de la montagne, se déversant jusque auprès de lui. Le monde entier se tut instantanément. C'était l'heure du silence le plus intense, entre le déclin du jour et la tombée de la nuit. A cet instant-là, autrefois, on voyait les coqs monter sur leurs supports et les moineaux rentrer au nid, le monde s'emplissait d'une pluie de gazouillis. Mais aujourd'hui on ne voyait plus rien, ni bétail ni moineau, même les corbeaux avaient fui la sécheresse. Il n'y avait plus que le silence. L'horizon rouge du couchant se faisait de plus en plus mince et l'aïeul entendait le froissement des rayons qui se retiraient comme un pan de soie. Ramassant les grains émiettés au creux de la pierre, il songea qu'une journée encore venait de s'achever, et qu'il ignorait comment il pourrait passer la suivante.
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page 144
[...] Les gueulards des quelque vingt fourneaux étaient déjà ouverts, les hommes apportaient avec leurs palanches l'eau de la rivière et la déversaient seau après seau par cette ouverture et celles des poitrines pour qu'elle se répande à l'intérieur. Tandis que, glacée, elle arrosait le four bouillant, le froid et le chaud entraient en collision avec un bruit assourdissant de gigantesque explosion. Des fumées noires et blanches jaillissaient, sautaient en grondant hors de la bouche et s'échappaient en fonçant vers le ciel. A l'intérieur les loupes se formaient. La vingtaine de colonnes de fumée s'enroulaient comme des nuages. L'Enfant s'avança à l'intérieur de cette vapeur, et il fut comme l'oiseau quand il s'envole au plus profond du firmament. Premier fourneau, deuxième fourneau, lorsqu'il fut au treizième, le plus grand, voici qu'il vit l'Erudit agenouillé au sommet, à deux pieds à peine du gueulard, d'où montait un panache d'un bon mètre de diamètre qui lui frôlait le visage et s'y accrochait. Et comme il s'approchait, à la clarté de la neige, dans sa lumière immaculée, il vit aussi que sur son haut chapeau conique, en plus du "fornicateur" originel en caractères noirs gros comme le poing, il avait ajouté "traitre à la patrie, anti-Parti, renégat, insulte à la nation, ne respecte pas les dirigeants, méprise le petit peuple, rejette la civilisation humaine, s'oppose au bien-être du peuple, pelote les femmes, met l'amour au-dessus de tout, martyrise les vieillards et les enfants, prend des chemins erronés", toutes sortes de crimes, enfin, répartis autour du "fornicateur", à droite, à gauche, au-dessus et au-dessous, ainsi qu'à l'arrière de la coiffe. La fumée et la vapeur bouillonnantes s'élevaient devant lui, l'encre noire lui dégoulinait sur le visage. [...]
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Et voici que l'Enfant était dans ce rouge et que son visage était lumineux et son coeur transparent. Or l'Erudit se tenait là, abasourdi par tout ce rouge, l'absolu de ce rouge, et ses traits étaient rigides, durs, comme s'il avait eu une pierre rouge sur la figure.
Or l'Enfant lui parlait. Il dit : "Tu dois m'écouter. C'est pour ton bien. Il faut que tu m'obéisses, que tu acceptes de te faire critiquer et de porter le chapeau car en vérité tu en seras généreusement récompensé."
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Il y en avait un, cependant, qui avait réussi son évasion. Mais dès qu'il avait été de retour chez lui, sa femme et sa fille, du fait de leur haut niveau de conscience politique ou simplement parce qu'elles avaient peur, l'avaient renvoyé se faire novéduquer. Il en était advenu que, de la zone, il avait atterri en prison, tandis que l'épouse, d'institutrice, avait été promue directrice d'école ou était passée, en récompense de ses mérites, de la tête de la section à celle du service.
Plus personne n'avait songé à s'échapper.
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Vous voulez voir ce que je prépare?
Personne ne répondit, mais nos regards convergèrent sur le couvercle en carton. Ailleurs certains avaient éteint le feu, et tenant à la main la tasse ou le bol émaillé qui avait servi de casserole, ils s'étaient accroupis pour manger. Des bruits de déglutitions nous parvenaient par intermittence, comme une eau qui se serait écoulée dans le lointain. Elle jeta un œil dans leur direction avant de revenir à nous pour platement annoncer:
"Nous mangeons de la chair humaine. La tempête a duré une semaine, le sable a enseveli les herbes de la lande, personne n'a pu déterrer la moindre racine aujourd'hui."
(P365)
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Oui, fabriquer de l'acier à grande échelle pour abasourdir l'univers, cela s'est fait dans tout le pays. Toutes les forces de la nation y ont participé. Et partout où cela s'est fait, dans la montagne, sur les rives des fleuves, à l'entrée des villages, les hommes ont coupé les arbres. Or là où ils les ont coupés, il y a eu des inondations puis la sécheresse. Partout les cataclysmes se sont produits, et personne n'a pu éviter la disette. Il nous reste deux onces de céréales par personne et par jour, à présent c'est à nous de trouver à nous alimenter. L’Érudit en prononçant ces mots regarda ses camarades. Mais personne ne crut ses paroles.
(P277)
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"C'est moi qui ai découvert le sable noir ferrugineux, c'est moi qui ai inventé la technique qui porte son nom. En un seul hiver j'ai fait fondre trois cents tonnes de métal à la zone 99. Cette étoile de pur acier a été fabriquée uniquement avec le sable de la rive du fleuve jaune. Si vous ne me croyez pas, vous n'avez qu'à venir avec moi, et sous vos yeux j'en ferait une autre."
L'autorité le regarda d'un air étonné.
"J'ai envie de prendre le train et d'aller à Pékin, dit l'Enfant. Je veux aller visiter Pékin en train."
"Trop tard dit l'homme d'un ton compatissant. Le gouvernement a décidé d'envoyer le loyauté."
L’Enfant réfléchit un instant: "Mon étoile est de meilleurs qualité. Si on tape dessus, elle sonne vraiment comme de l'acier, tandis que le caractère fait le même bruit que la pierre ou le bois."
"Mais ce qu'il veut dire est bien. Votre étoile aussi, mais sa signification est trop vaste, loyauté, c'est concret, c'est clair. Même si l'acier est moins bon, le sens est meilleur. Il convient mieux pour un cadeau envoyé à Pékin."
L'Enfant s'énervait, les coins de ses yeux se firent humides.
"Qu'est-ce qu'il veut dire, ce caractère?"
Cette fois, l'homme ne se leva pas pour lui flatter la tête.
"Quand tu seras de retour, demande à tes criminels, dit-il. Ils savent ce que cela signifie, c'est parce qu'ils n'ont pas été loyaux qu'ils ont été envoyés se faire novéduquer."
(P184)
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Pour fabriquer l'acier, tous les arbres avaient été coupés, la terre n'était plus qu'une étendue immaculée, une gigantesque page vierge. N'ayant nulle part où se poser, les moineaux voletaient en piaillant sans trêve ni repos puis, lorsque la fatigue les prenaient enfin, ils cherchaient sur le sol enneigé une épine, une haute armoise solitaire et ils s'y perchaient en ribambelles qui faisaient plier l'épine ou l'armoise.
(P168)
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L'univers était clair. On avait dit "que la lumière soit", et la lumière avait été. Dieu avait vu que la lumière était une bonne chose et Il l'avait séparée des ténèbres. Il avait vu que l'homme se fatiguait facilement, Il avait fait le matin pour qu'il se mette au travail et la nuit pour qu'il se repose. Le crépuscule approchait. A l'extrémité ouest du village, le jujubier au faîte duquel le soleil rouge et jaune avait autrefois coutume de s'accrocher avait été brûlé pour fabriquer l'acier. Tous les arbres étaient allés dans les fourneaux. L'univers était chauve. Rien ne faisait obstacle à la claire lumière, qui s'épandait partout, sur la terre comme au ciel, et les dernières lueurs du couchant, que rien ne venait voiler, s'étalaient comme du sang sur le sol.
(P151)
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Ces hommes et ces femmes, professeurs et pédagogues de tous niveaux, faisaient dans leur course penser à une horde de chevaux en train de galoper vers la victoire. Avec des cris et des rires, vague après vague ils envahirent le terrain sablonneux, brisant mille années de silence sur cette berge du fleuve jaune. [...] Confronté à ces gens qui couraient et criaient des slogans, ces drapeaux rouges et ces hurlements, l’Érudit qui arrivait en boitant, bon dernier après avoir ramassé son sac, resta un moment ahuri, puis il se mordit la lèvre inférieure et sur son visage l'amertume se peignit, brouillard d'hiver au fond d'une dépression alcaline.
(P121-122)
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Au moment où il détournait les yeux, le souffle gonfla le haut de la chemise de nuit et, pris au dépourvu, il ne put s’empêcher d’apercevoir ses seins. Ils étaient gros, blancs, aussi ronds que s’ils avaient été tracés au compas et aussi appétissants que les petits pains cuits à la vapeur dont le colonel était si friand.
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Au cours de cette nuit d’insomnie, il avait eu le loisir de réfléchir et il avait vaguement compris que, quand la rivière se jette dans le canal, si au lieu de se laisser emporter, on choisit de nager à contre-courant, on peut s’attendre à essuyer des déboires et à rencontrer des obstacles qu’on aura beaucoup de mal à surmonter.
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- Tante, tu n’as plus besoin de moi ?
Le visage de Liu Lian se rembrunit à nouveau et elle jeta de côté le livre qu’il fixait.
- Mon petit Wu, quand on est dans la maison d’un officier supérieur, quelle est la chose la plus importante qu’on doit se rappeler ?
- Il ne faut pas dire ce qu’on ne doit pas dire, ni faire ce qu’on ne doit faire.
- Et quel est le but ?
- Servir l’officier et sa famille, ce qui revient à servir le peuple.
- Réponse intelligente.
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