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Citations de Lianke Yan (180)


De ce fait, les femmes victimes de violence domestique sont monnaie courante aujourd'hui encore dans les campagnes. Ces violences sont même atrocement considérées comme traditionnelles et inhérentes à la société patriarcale. Malgré les interdictions répétées, le trafic d'épouses et d'enfants persiste.Le prix des filles se négocie selon les quatre critères de l'âge, l'état de santé, le physique et le niveau d'instruction. Un garçon se vend le double ou plus du double d'une fille.Pour la société, une femme n'est donc pas un être humain à part entière.
Elle est une femme avant tout.Son statut dans l'ordre éthique et sociétal la confine aisément dans l'inhumanité.
( p.143)
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" On enferme la femme dans une cuisine ou dans un boudoir, et on s'étonne que son horizon soit borné ; on lui coupe les ailes, et on déplore qu'elle ne sache pas voler"

* Le Deuxième Sexe, tome 2, chapitre X
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(...) en 2012, deux tiers des richesses du monde étaient créées par des femmes alors qu'elles n'en possédaient que un pour cent et ne percevaient que dix pour cent de la masse salariale.

(..)J'ai songé à ma mère, à mes soeurs et aux femmes de ma région natale.

( p.201 )
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Un jour enfin, mon frère aîné, ma deuxième soeur et ma mère réalisèrent que ma sœur était réellement malade
Après s'être exagérément investie dans son métier, la retraite lui avait soudain donné un sentiment d'échec. Le sens de sa vie avait été suspendu.

( p.84)
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A cette époque, dans les années 1950, être instruit était non seulement une bénédiction mais pesait aussi d'un poids certain dans la balance de l'amour.

( p.124)
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Pendant que je distribue les exemplaires de mes livres, ma mère prend l'un des volumes, le plus épais, le soupèse et dit:
"Je suis vieille et je ne sais pas lire. Tu as écrit tant de livres et je ne peux pas en lire une phrase.Si j'avais su que tu t'occuperais d'écrire, j'aurais appris bien plus de caractères dans ma jeunesse et j'aurais pu savoir ce que tu racontes".

( p.159)
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Les souvenirs ne triomphent pas du temps mais ils sont, pour chacun de nous, plus douloureux ou plus splendides que la réalité. Aucun vécu n'est plus riche que celui qui peuple nos souvenirs. Lorsque le temps devient mémoire, il va au-delà de la réalité. Il m'est impossible d'oublier la sérénité de ma sœur aînée, la beauté de sa sérénité lorsqu'elle lisait. Je crois qu'elle trouvait dans les livres un autre monde. Un monde plus étrange, plus rare et plus idéal que la réalité où elle vivait.
Je voulais moi aussi trouver ce monde et y pénétrer.
Je me suis donc mis à lire comme elle.

( p.65)
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L’horizon rouge du couchant se faisait de plus en plus mince et l’aïeul entendait le froissement des rayons qui se retiraient comme un pan de soie. Ramassant les grains émiettés au creux de la pierre, il songea qu’une journée encore venait de s’achever, et qu’il ignorait comment il pourrait passer la suivante
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Le chien continuait à le regarder sans comprendre.
Tu ne veux pas parler, tant pis. L’homme poussa un soupir. Un peu déprimé, il alluma sa pipe. Face à l’obscurité, il dit, comme c’est bon d’être jeune, d’avoir un corps fort et une femme la nuit. Si la femme est intelligente, au retour du champ, elle t’apporte de l’eau, et si ton visage est en sueur, elle te passe un éventail. Les jours de neige, elle te chauffe le lit. Si durant la nuit vous vous êtes retrouvés, et que tu te lèves tôt le matin pour aller au champ, elle te dit de te reposer encore un moment. Vivre de cette façon, il inspira énergiquement une bouffée de sa pipe, puis expira longuement, caressa le chien et poursuivit, vivre de cette façon, c’est vivre comme les immortels.
Il demanda, tu as eu ce genre de vie toi, l’aveugle ?
Le chien demeura silencieux.
Il dit, qu’en dis-tu, l’aveugle, est-ce que ce n’est pas pour ce genre de vie que les hommes viennent au monde ? Il ne laissa guère au chien le loisir de rétorquer, se répondit immédiatement à lui-même, certainement, je dis que oui. Puis il dit encore, mais quand on est vieux c’est différent, quand on est vieux on vit seulement pour un arbre, un brin d’herbe, des petits enfants. C’est toujours mieux de vivre que d’être mort.
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17 h 00-18 h 00

Par où commencer ? 
Commençons par là. 
C’était pendant la canicule, le jour de la fête du dragon, le six du sixième mois du calendrier lunaire, il faisait si chaud que la terre sentait craquer ses os et, sur sa peau, les poils devenus poussière. Sur les arbres racornis, les fleurs fanaient, les fruits tombaient. En suspens dans les airs, les chenilles se momifiaient. 
Sur la route, les pneus des voitures éclataient, on les voyait dévier de leur trajectoire. On ne recourait déjà presque plus aux bêtes de somme, les paysans conduisaient des tracteurs, les plus riches avaient des voitures. Lorsqu’éclatait un pneu au bord d’un champ, une camionnette déglinguée venait à la remorque. Les tracteurs exhalaient une odeur de peinture rouge. Parfois surgissait une charrette tirée par un cheval ou un bœuf. Mais en grande majorité les paysans comptaient sur leurs propres forces et portaient sur leurs épaules, avec une palanche, le blé mis en bottes. Les champs les engloutissaient tous, tel un immense serpent ; la route était bouchée, les disputes allaient bon train. On en venait parfois aux mains. Un homme mourut ainsi lors d’une rixe. Peut-être plusieurs. 
Cette nuit-là, la nuit de la fête du dragon, des hommes périrent à cause de la chaleur. Chez nous, dans notre boutique du Nouveau Monde, toutes les robes mortuaires furent vendues. Nos marchandises d’occasion, notre collection d’objets funéraires, ceux même qui, remisés dans l’armoire, étaient mités, tout fut emporté. Les couronnes de fleurs, le papier-monnaie, les figurines, chevaux, chars et autres articles de papier découpé et coloré d’or, d’argent, de jade… 
Quelques jours auparavant, en entrant dans notre boutique – cette boutique funéraire à l’enseigne du Nouveau Monde –, vous auriez été choqués de voir quelle somptueuse abondance de marchandises s’y trouvait. Mais il n’y a plus rien à présent. Le soir de la fête du dragon, notre commerce a connu son apogée. En un clin d’œil, tout a été vendu. Exactement comme lorsqu’on annonce une brutale inflation des prix et que les gens se précipitent à la banque pour retirer leurs sous. La banque a été vidée jusqu’à la moindre coupure, même obsolète. Dans la rue, les magasins ont été totalement dévalisés, il ne reste plus rien.

(Début du Livre 1)
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Le jeune maïs poussait de plus en plus. La nuit venue, ses feuilles bruissaient très légèrement, cela ressemblait à la respiration d'un bébé profondément endormi. Ce soir-là, l'aïeul et son chien s'étaient assis près de la plante, se reposant après une journée de labeur. À écouter sa respiration, ils sentaient leurs articulations et leur os mollir et se détendre. La lune apparut, avec sa face féminine, suspendue au sommet de la voûte céleste, de claires étoiles autour d'elle. On aurait dit les boutons d'un vêtement de fête, cousus de soie bleue, incomparablement vaste.
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L'aïeul allait uriner. À la suite de l'homme, le chien se soulagea lui aussi.
Depuis quinze jours, c'était la première chose qu'ils faisaient après s'être réveillés, ils allaient uriner sur ce champ en pente, à quelques kilomètres du village. Sur ce versant ensoleillé, il y avait un pied de maïs que l'aïeul avait planté. Uniquement ce pied, pâlissant au fur et à mesure des jours de sécheresse, uniquement ce pied qui dispensait un peu d'humidité alentour, dans l'air en combustion.L'urine, c'est de l'engrais. Il y a de l'eau dans l'urine. L'eau dont le maïs manquait se trouvait là, dans l'urine qu'ils avaient accumulée, lui et son chien, au cours de la nuit. L'aïeul pensait que probablement, durant la nuit, dans un bruissement, la plante avait encore poussé d'un index, qu'une cinquième feuille était apparue. Une timide sensation veloutée gagna son cœur, puis prit de l'ampleur pour envahir toute sa poitrine (...). Les feuilles de maïs ne poussent qu'une par une, pensait-il, alors que celles des ormes, des sophoras, des cèdres, poussent deux par deux, pourquoi ?
Qu'en dis-tu l'aveugle? Il se tourna vers le chien pour lui poser la question. Pourquoi les arbres et les cultures sur pied ne poussent-ils pas de la même façon?
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Cette année-là, la sécheresse semblait ne jamais devoir finir, le temps lui-même paraissait avoir été réduit en cendres et le charbon des jours se consumait dans nos mains. Le soleil brillait en grappes infinies au-dessus de nos têtes. Dès le matin, et jusqu'au soir, l'aieul respirait l'odeur de ses cheveux roussis. Quelquefois, il tendait la main dans le vide. Il pouvait alors sentir l'odeur de ses ongles cramoisis. Journée de merde! Il jurait ainsi tout le temps, quittant le village dépeuplé, foulant un abîme de silence, les yeux mi-clos, un regard jeté de biais vers le soleil, il disait, viens l'aveugle, partons. Le chien suivait, guidé par le bruit du pas alourdi par les ans, et deux ombres quittaient le village.


(Incipit)
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Tu ne peux pas te contenter de laisser le phare de la révolution éclairer ta route, tu dois fournir toi-même l’energie qui le fera briller encore plus pour qu’il éclaire la terre entière pendant mille ans.
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Révolution et travail étaient son âme et sa vie, le noyau autour duquel gravitait tout son être. La guerre de résistance anti-japonaise, la révolution agraire, le combat pour la révolution, tous ces grands moments de l’histoire avaient été depuis sa plus tendre enfance le fil directeur de sa vie et, jusqu'à l’âge de cinquante ans, alors que le soleil avait franchi le zénith et descendait vers l’ouest, ils avaient aussi été l'aune à laquelle il avait mesuré la réussite de sa vie.
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Jean à l'église d'Ephèse :

Écris à l'ange de l'église d'Ephèse : voici ce que dit celui qui tient dans sa main droite les sept étoiles, celui qui marche au milieu des sept chandeliers d'or. Je connais ta conduite, ton labeur, ta constance : tu ne peux, je le sais, souffrir les méchants. Mais j'ai contre toi que tu t'es relâché de ton premier amour. Rappelle-toi donc d'où tu es tombé, repens-toi et reprends tes premières œuvres.
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Le temps avait fraîchi, la chaleur du jour commençait à se dissiper. Au-dessus de la cabane, les étoiles et la lune récupéraient doucement leur rayonnement, à la manière d'un filet de pêche que l'on retire de l'eau, c'était une lumière pure qui s'égouttait légèrement et que l'on entendait perler, tinter faiblement.
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Son homme était mort. Tué par la peur de l’avenir.
Il n’était plus, la clarté des jours s’en était brusquement allée. Pendant la pleine saison, il n’y aurait personne pour porter la bêche et manier la faucille dans les champs ; pas plus qu’à la morte de compagnon pour bavarder et se changer les idées. Si l’hiver l’eau gelait dans sa jarre et la fissurait, qu’il faille l’emmailloter de fil de fer, ce serait à elle désormais de le faire.
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Le crépuscule était doux et paisible, sur la campagne flottait pesamment un reste dense d’écarlate.
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Il ne comprenait pas comment il pouvait s’ennuyer lorsqu’il était couché avec sa femme. Avec elle, il avait l’impression d’être un éléphant coincé dans un puits, privé de sa liberté de mouvement. Faire l’amour revenait à semer des melons pour récolter des haricots, des haricots desséchés de surcroît, ou à semer des haricots pour récolter des graines de sésame qui ne contenaient pas d’huile.
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