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Citations de Lianke Yan (181)


La maladie gagnait sans cesse du terrain et tenait déjà le Village des Ding à la gorge. Les lamentations retentissaient en permanence.
Les menuisiers qui fabriquaient les cercueils avaient déjà changé trois ou quatre fois de hache et de scie.
Implacable comme une nuit noire, la mort enveloppait le Village des Ding et tous les villages alentour.
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Une source ne peut pas se tarir quand on puise son eau. On ne peut donc pas épuiser son sang en le vendant ! Le sang est comme l'eau de cette source. C'est une évidence scientifique !
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Tu as la peau blanche. Et alors ? Si ma femme ne devait pas tous les jours travailler dans les champs, elle aurait peut-être la peau plus blanche que toi ! Tu es belle. Et alors ? Si ma femme était aussi bien habillée et pouvait tous les jours utiliser les mêmes crèmes de beauté, elle serait peut-être plus belle que toi ! Tu as une belle voix. Et alors ? Si ma femme avait été élevée à la ville, elle aurait peut-être une voix aussi mélodieuse que toi ! Et le parfum d'osmanthe qui émane de ta peau ? Ma femme a parfois la même odeur. Malheureusement, elle ne peut pas consacrer autant de temps que toi à sa toilette. Crois-tu que grâce à ta peau blanche, tes joues roses, ton corps svelte, ta taille de guêpe, tes seins bien fermes, tes dents brillantes, tes grands yeux, tes longues cuisses et tes jolies fesses que tu sais si bien tortiller, tu peux écarter du droit chemin un combattant révolutionnaire ?
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Wu Dawang était un travailleur acharné. C'est la raison pour laquelle, répondant à l'appel du Comité central à réduire le personnel de service, le colonel qui était un homme dévoué corps et âme à la cause du Parti avait décidé de donner l'exemple en se débarrassant de son ordonnance et de son garde du corps pour ne garder que Wu Dawang, qui cumulait les deux fonctions. Ainsi, lorsque le colonel vaquait à ses occupations, il ne restait dans cette maison construite par les Soviétiques que Liu Lian, la femme du colonel, âgée de trente-deux ans, et Wu Dawang, l'ordonnance faisant office de cuisinier, âgé de vingt-huit ans. C'était comme si, dans un immense jardin, il n'était resté qu'une jolie fleur et un sarcloir.
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Il espérait follement voir les loups se coucher, harassés de fatigue à force de rester debout ; quand bien même une fois allongés ils auraient remué légèrement, il aurait préféré les voir étendus. Mais les loups ne se couchèrent pas. Ils se tenaient en éventail, à cinq ou six pas de l'aïeul, et soutenaient son regard ; on aurait dit des rocs longtemps battus par le vent et la pluie. L'aïeul entendait le crissement ténu du mouvement de leurs prunelles, il voyait, soufflés par le vent, les poils de leur fourrure étinceler.
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Il caressait son chien, le long de la colonne vertébrale jusqu'à la queue, puis recommençait depuis la tête. La bête ne pleurait plus. L'homme caressait d'une main, le chien lui léchait l'autre. Cette nuit-là, ils se sentirent soudain inextricablement liés par un sentiment dont la douceur les envahit, les inonda tous deux.
Il dit, l'aveugle, marions-nous, d'accord ? Avec un compagnon, la vie est plus savoureuse.
Le chien lui lécha copieusement la main.
Il dit, je ne vivrai plus très longtemps, si tu peux m'accompagner jusque-là, alors j'aurai une belle mort.
Et le chien se mit à lui lécher le poignet, à grands coups de langue, comme si la distance des doigts au poignet s'était extraordinairement allongée.
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Le temps avait fraîchi, la chaleur du jour commençait à se dissiper. Au-dessus de la cabane, les étoiles et la lune récupéraient doucement leur rayonnement, à la manière d'un filet de pêche que l'on retire de l'eau, c'était une lumière pure qui s'egouttait légèrement et que l'on entendait perler, tinter faiblement.
L'aïeul savait que ce n'était pas là le bruit de l'eau, ni celui des arbres, ni même celui des insectes. C'était, dans l'immense nudité de la nuit, le paroxysme du silence qui se donnait à entendre.
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Maintenant que, dans la plaine, les gens mouraient comme des lanternes qui s'éteignent et des feuilles emportées par le vent d'automne, les morts qui avaient besoin de cercueils étaient aussi nombreux que les vivants qui avaient besoin de maisons.
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- A quoi sert d'avoir plus d'argent qu'on n'en a besoin ?
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- [...] Parle à Ding Liang et dis-lui de bien réfléchir. On doit connaître quelques jours de bonheur dans sa vie. On n'apporte rien en naissant et on emporte rien dans la tombe. Si on peut être heureux un seul jour, il faut en profiter.
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Les obsèques permettent de juger du prestige de la famille.
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- Le règlement interdit de vendre les cercueils fournis par le gouvernement aux gens qui ne sont pas malades et à ceux qui le sont depuis moins de trois mois mais tu es le chef du village, tu es un dirigeant de base, je peux donc faire une exception pour toi.
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Il avait aussi cru bon de remplacer les latrines extérieures où, depuis la nuit des temps, on s'accroupissait pour se soulager, par des toilettes intérieures avec un siège. Malheureusement, mes parents, même en restant assis pendant des heures, ne parvenaient pas y faire leurs besoins.
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La maladie était cachée dans le sang comme mon grand-père était enfoui dans son rêve. La maladie aimait le sang comme mon grand-père aimait le rêve.
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Si la terre tourne, alors pourquoi ne tombe-t-on pas du lit la nuit ? Pourquoi l'eau des jarres ne se renverse-t-elle pas ? Pourquoi l'eau du puits ne remonte-t-elle pas ? Et pourquoi marche-t-on la tête ver le ciel ?
D'après cet homme, c'est parce que la Terre nous aimante, mais pensez donc ! Si la Terre nous aimante, alors pourquoi arrive-t-on encore à lever les pieds pour marcher ?
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Dix ans plus tard,"la fièvre" était apparue et s'était rapidement propagée. Tout ceux qui avaient vendu leur sang étaient frappés. Les gens moururent d'abord comme des chiens et finirent par mourir comme des fourmis.
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Devant lui, Liu Lian souriait tristement. Son sourire était aussi faible que les fleurs sauvages qui poussaient sur le sol ingrat du village où il rentrait ou que les chrysanthèmes étiolés à l'approche de l'hiver.
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"Cent ans de solitude" version chinoise. La pugnacité de la vie illustrée dans une histoire brute et poétique (bravo au traducteur!). Attention, il faut arriver à rentrer dedans, à s'accrocher et tenir dans le temps, presque comme les personnages qui luttent contre l'adversité. La construction de l'histoire, qui remonte dans le temps, ne fait pas du tout artificiel. Elle donne un effet de progression vers la simplicité et aboutit à une fin lumineuse comme une délivrance (c'est le cas de le dire) après tout le chemin dans le bourbier des coups du sort. Un chef d’œuvre à mes yeux.
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De très loin, quelque part dans la montagne, lui parvint, issu d’une mine, l’écho sonore et oppressant d’une déflagration, mais ensuite le silence fut complet. L’explosion avait transformé le soleil couchant en plage d’eau ensanglantée. En énorme boule d’un rouge épais qui après avoir sauté se déversait à l’extérieur du ciel. Les arbres étaient devenus garance, comme couverts de fleur d’hémoglobine. Ecarlates aussi, les chants des oiseaux, et leurs trajets pour rentrer au nid jonchés de duvet cramoisi. Un lièvre terrorisé avait jeté un oeil dans la direction de la poussière qui montait puis avec un petit cri — Ciel ! — s’était enfui entre les céréales des champs. Elles aussi effrayées, les graines des herbacées en avaient pâli dans le ventre des passereaux affamés. Les tendres feuilles et fleurs que la commotion avaient fait tomber s’étaient cachées dans les bouches des moutons et des vaches. C’est au milieu de ce silence, marqué du sceau de la panique, que Minghui s’était engagé vers le cimetière. En chemin il rencontra un air carminé, une source polluée, des papillons de nuit que la peur égarait et des fourmis malades qui crachaient une écume blanche. Sa route croisa aussi celle d’un chien abandonné, sur le point de crever la langue desséchée. p 262-263
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Kong Mingguang, l'aîné des frères, avait décidé de divorcer. A cause de la nouvelle bonne, tout bêtement : Xiao Cui, une vingtaines d'années, jolie et délicate comme l'eau avec ses lèvres humides et sucrées qui donnaient l'impression d'être à longueur de temps enduites miel.
(...) D'ailleurs elle souriait toujours, d'un sourire qui faisait penser à un nuage coloré en train de flotter, et s'exprimait d'une voix douce, menue et flûtée, si bien que quoiqu'elle fasse, qu'elle parle ou qu'elle travaille, c'était toujours avec la plus grande discrétion : elle était là et c'était comme si elle n'y était pas. Vous la croyiez ailleurs mais vous aviez soif, elle posait un verre d'eau devant vous. A peine sentiez-vous que vous commenciez à transpirer qu'elle apportait de quoi vous changer.
C'était une fée. p 197-198
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