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Citations de Lianke Yan (181)


D'accord, j'ai une jambe trop courte, est-ce que c'est une raison pour avoir en plus les idées courtes ? Ce n'est pas parce qu'on est bancal d'un pied qu'il faut l'être dans la tête ! (p.35)
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C'était la vie de sa fille aînée. Une existence qui éternellement tiendrait de la ruelle obscure, de la venelle sombre au bout de laquelle on discernait une vague lumière mais dont jamais elle ne pourrait sortir. (p.35)
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Quoi qu'il en coûte, il nous faut un gens-complet pour la Troisième. (p.33)
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Ecoutez-moi bien, vous les vieux et les jeunes du village des You : je nique vos ancêtres sur huit générations ! Je profane leurs tombes ! Vous empêchez mes filles de se marier gentiment et vous racontez à tout le monde que j'ai une nichée de tarés à la maison. Mais ces crétins, est-ce qu'ils vous ont empêché de forniquer comme vous vouliez dans vos lits ? Est-ce qu'ils ont gêné vos vieux quand ils cherchaient le chemin qui mène aux enfers ? (p.25)
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Est-il besoin de le dire : quelle opulence, dans ce village des You, celui dit "des quatre idiots", dont les terres n'étaient que pentes. (p.5)
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Qui suis-je? Tout ceux qui ont un peu d'instruction se posent la question sans que nul n'y puisse répondre. J'ai suivi un jour un ami chez un autre, lequel habitait sur l'avenue Xichang'an, à Pékin. La demeure était spacieuse, les hôtes distingués, l'ameublement splendide. Alors que j'entrais dans une pièce bondée, mon ami me présenta.
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Tant de silence eut pour effet de faire ressurgir You Shitou de sa tombe, il était là, devant elle, quand elle demanda : « Qu’est-ce que tu viens de dire, la Troisième ? »
L’idiote tendit le cou : « Je veux un foyer. La nuit je veux dormir comme mes sœurs dans les bras d’un homme. »
« Comment est-ce que tu le voudrais, cet homme ? » s’inquiéta sa mère après un instant de réflexion.
« Gens-complet. Pas boiteux. Ni borgne. Un brave garçon qui ne m’obligerait pas à couper le maïs dans les champs. »
« Tu t’es bien regardée ? » protesta You Shitou.
« A quoiqu’elle ressemble, c’est à toi qu’elle le doit », rétorqua You Sipo.
« Tu l’imagines avec un gens-complet ? »
You Sipo cracha par terre et tordit le nez : « Bon, on va lui en chercher un. Et si on ne trouve pas, au moins demi-complet. Va faire les villages les uns après les autres. Regarde où il y aurait un époux convenable pour ta fille. »
« Mais toi aussi tu es folle, maman ! Toi aussi, tu es malade : personne ne t’a parlé ! » s’étonna sa fille.
« Retourne moissonner, toi. Si le Quatrième recommence à déchirer tes habits, donne-lui une claque. J’irai te chercher une bonne famille et un homme encore mieux que ceux de tes sœurs dès que le maïs sera fini et que j’aurai planté le blé.
La Troisième écarquilla les yeux, ses lèvres se mirent à trembloter et ses joues rose pâle prirent la teinte plus éclatante des fleurs de pêcher.
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Au printemps elle avait attaché ses quatre idiots comme quatre chiens à un arbre à la lisière de son lopin et installé devant eux les criquets, les moineaux, et puis des galets et des morceaux de tuile avec quoi ils pourraient jouer pendant qu'elle faucherait le blé. Du lever du soleil à son apogée, quand il avait été exactement au-dessus des têtes elle avait moissonné. Mais quand elle était retournée à l'ombre pour s'y reposer, les enfants avaient écrasé criquets et moineaux à coups de pierre sur les tuiles. La cervelle des oiseaux avait giclé aux quatre coins, leur sang tout éclaboussé, les crânes des insectes s'étalaient comme du jus d'ail sur les tuiles. Et les quatre s'empiffraient, de pattes, d'ailes, de ventres et de têtes, bouches et joues barbouillées de rouge, ils avaient fait tant et si bien que l'univers entier était infesté de sombres relents garance.
Sous le choc, elle était restée bouche bée, paralysée. Puis avait éclaté en sanglots bruyants, pleuré à en réveiller les morts et tournée vers l'arête où était enterré son mari entre deux hoquets l'avait injurié : "Tu mériterais d'être coupé en morceaux, You Shitou ! Au lieu de quoi tu es parti te la couler douce et nous as laissés à notre malheur, les enfants et moi !"
"Tu te crois un homme, espèce de chien ? Avec le tort que tu nous as causé, la nuisance que tu as été ?"
"Tu t'imaginais que ta mort allait arranger la situation ? Qu'il te suffirait de partir pour trouver la paix ? Laisse-moi te dire une bonne chose : tant que les petits ne seront pas tirés d'affaire, je ne te laisserai pas un jour de repos, sale bête !"
"Sors de ton trou, avait-elle continué, et prosterne-toi devant moi ! Mets-toi à genoux et admire ta progéniture. Après tu regarderas le blé que j'ai coupé toute seule en une matinée !"
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Ses deux grandes avaient pris époux dans des lieux reculés. S'il était déjà rare que les hommes du dehors consentent à convoler avec des filles de la montagne - c'eût été trop compliqué d'aller rendre visite à la belle-famille, des idiotes comme les siennes ne trouvaient à se caser qu'au fin fond de la chaîne, dans des localités dépeuplées que la nature avait déshéritées. Elle allait à foulées pressées qui faisaient flottiller son ombre comme une gaze légère. Hameau de la famille Li, Ruisseau de la famille Liu, et puis les villages du Grand et du Petit Bachelier avaient défilé tels papiers au vent, accrochés à la pente dans la lumière. Avec pour seule compagnie le chant des oiseaux et des criquets, elle avançait.
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Quel statut et quel pouvoir pour l'auteur dans la narration ? Telle est la première question de Gregor.
Tolstoï racontait avoir pleuré de douleur en écrivant le suicide d'Anna Karénine : sa mort empêchait d'apaiser le tumulte de ses sentiments. Pire : ce n'était pas lui qui la tuait, c'était la fatalité, son caractère à elle, qui la condamnait à se jeter sur les rails. Les grands écrivains du XIXe siècle ont tous fait cette expérience, profondément marquante, de personnages qui suivent leur destin et leur échappent. Autrement dit, avec eux, plus importante était l'œuvre et plus les héros se retrouvaient maîtres de leur sort, l'auteur ne servant que de scribe, de porte-parole. Des protagonistes plus grands que leur créateur — c'est l'expérience qu'admettent avoir faite tous les maîtres du réalisme. On imagine Nora en train de partir de chez elle, et Ibsen n'ayant aucun moyen de l'arrêter. L'écrivain se trouve relégué au rang de narrateur, ce que veut le héros, ou l'héroïne, est ce qui décide de son lot, lui n'a ni le droit ni la capacité de les gouverner ou de les contrôler. Plus il est impuissant et plus ils sont vivants, animés et naturels ; cherche-t-il à s'immiscer dans leurs aventures et elles paraîtront forcées, superficielles et anémiées. Dans la littérature réaliste, plus le statut de l'écrivain est inférieur, moins il a de pouvoir et mieux c'est. Ce n'est que lorsqu'il se fond à l'intérieur du destin de ses personnages que leurs vies sont gratifiées.
Le grand écrivain se doit d'être esclave. Sa plume d'obéir, de servir l'arrangement et l'agencement des existences. C'est la règle, l'héritage que nous ont laissés ses œuvres immortelles. Il n'y a que dans les écrits de deuxième ou troisième classe, ceux qui n'ont pas la prétention à devenir des classiques, que l'auteur peut s'accorder le droit de décider tel un juge de la fortune de ses protagonistes. Mais le long fleuve du temps a fini par nous mener au XXe siècle, et Kafka est apparu. Ce garçon malingre, mélancolique et timide a tout changé par ses écrits. D'un écrivain en position de faiblesse, esclave et porte-parole de ses créatures, il a fait un empereur — ou du moins le directeur du service du personnel. C'est un bouleversement fondamental : l'auteur se situe désormais au-dessus de ses héros, il domine les destins. Ce ne sont plus eux qui induisent l'histoire mais l'auteur qui l'imagine.
« En se réveillant un matin après des rêves agités, Gregor Samsa se retrouva, dans son lit, métamorphosé en un monstrueux insecte » : c'est la narration suprême. S'il est timide, l'auteur n'en est pas pour autant complaisant, il ne fait ici aucune concession, ni au lecteur ni à son héros. Il se comporte comme le souverain pour qui envoyer le peuple à la mort est encore un effet de sa bonté ; ou comme un directeur du personnel qui modifierait comme il lui chante les dossiers de ses subordonnés. En un tournemain, Kafka a placé l'écrivain tout en haut de l'échelle : il assigne à Gregor de devenir cloporte, et Gregor obtempère. Eût-il voulu qu'il se transforme en cochon ou en chien, le pauvre n'aurait sans doute pas eu d'autre choix que s'exécuter. Le narrateur ne ménage plus les habitudes du lecteur, se moque de l'illusion de réel que celui-ci a l'habitude de se former, et tout autant de savoir si son histoire est plausible dans la réalité.

Chapitre 2 : La causalité zéro, I.
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Le soleil se couchait sur l'ancien lit du Fleuve jaune. Le sable se teintait de rouge, un rouge profond, le rouge du sang.
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- Vous avez compris ? Une source ne peut pas se tarir quand on puise son eau . On ne peut donc pas épuiser son sang en le vendant ! Le sang est comme l'eau de source. c'est une évidence scientifique .
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Aucun bruit ne troublait le silence du Village des Ding . La vie ressemblait à la mort. Silence, fin d'automne, crépuscule . Le village et ses habitants s'étaient rabougris et, comme l'herbe et les arbres de la plaine, la vie s'était desséchée : elle n'était plus qu'un cadavre enterré dans sa tombe.
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Le soleil qui pénétrait par la fenêtre faisait étinceler les grains de poussières qui voletaient dans l'air en murmurant autour de moi comme autant de fantômes sortis de mon roman.
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Si on peut être heureux un seul jour, il faut en profiter.
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On n'apporte rien en naissant et on n'emporte rien dans la tombe.
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Quand on va bientôt mourir, il faut profiter de la vie.
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Personne ne se serait attendu à ce qui allait se passer : bravant la réprobation du Village des Ding, mon oncle et Lingling décidèrent de vivre en concubinage.
Ils étaient comme l'eau et le sable quand l'eau est absorbée par le sable où elle coule. Ils s'attiraient, se cognaient et se collaient l'un à l'autre comme le pôle positif et le pôle négatif de deux aimants. Ils étaient comme les graines qui s'envolent quand le vent se lève et retombent quand il se calme pour germer et s'enraciner dans la terre jaune.
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Comme le dit si justement le proverbe : c'est quand la neige tombe qu'il faut vendre le charbon.
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La lune était aussi brillante que le soleil. Le soleil était aussi doux que la lune.
Le printemps était enfin arrivé.
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