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Citations de Linda Lê (328)


« Mais toi, ma Mouche je te redessinerai jusqu’à ce que tu aies l'éclat d’un corps 12 et un caractère docile, gras ou maigre, italique ou romain, selon mon désir… »
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Je laisse derrière moi trois femmes auprès de qui j'ai appris la signification du mot AMOUR, amour conjugal, amour paternel, amour défendu, trois femmes que je n'ai probablement pas su aimer comme il fallait, puisque ce que je prodiguais à l'une, je le retirais à l'autre...
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L'étranger est-il, ainsi que le prétendent certains, un rêveur tiraillé entre le regret de son pays d'origine et l'avidité de découvrir de nouvelles contrées, entre la nécessité de ne faire partie d'aucune communauté et le désir de vivre en symbiose avec la tribu à laquelle il s'est incorporé ? Ou est-il, comme l'écrit Baudelaire, cet homme énigmatique qui n'a ni père, ni mère, ni sœur, ni frère, ni amis, qui ignore sous quelle latitude est situé sa patrie, qui hait l'or et n'aime que les nuages, « les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages » ? Représente-t-il un danger, car il vient de ces rivages que nous ne connaissons pas et apporte avec lui son lot de misères ? Nous nous disons que nous en avons assez des nôtres et nous voyons d'un mauvais œil l'irruption de celui-là que nous ne comprenons pas et ne ferons jamais l'effort de comprendre. Il ne peut être notre alter ego, il peut au contraire être notre cauchemar, tant nous le tenons pour un envahisseur. Nous sommes fiers de nos œillères, parce que sans elles nous ne serions plus ni qui nous sommes, parce que nous nous définissions en nous opposant à ce quidam qui ne nous ressemble pas : nous ne voulons pas nous projeter sur lui, nous ne voulons pas de cette « autrement » qu'il nous propose.

(p. 24)
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Lorsqu’il rencontra le jeune Hô Chi Minh, Mandelstam se doutait-il que les idéaux de ce frère jaune seraient trahis par ses successeurs qui appliqueraient à la lettre les principes de la terreur stalinienne ? Hô Chi Minh avait-il la plus petite idée des épreuves par lesquelles était passé son interlocuteur, loin d’être acquis à ce qu’il découvrait avec un enthousiasme certain : le mirage d’une société prétendument égalitaire mais en réalité impitoyable envers ceux qui, comme lui, ne cachaient pas leur dissidence ?
(p. 131)
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Je n'ai donc plus qu'à me taire, à me réciter, en guise d'épitaphe, ces vers : Je veux jusqu'à ma tombe qu'on me calomnie/ Je veux qu'après ma tombe encore on me nie, ou à me persuader que je n'errerai pas aux enfers comme un damné toujours perdu entre l'Orient et l'Occident.
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Un mot, ouroboros, revenait dans cette énigmatique chanson faite d'onomatopées et dont le sens m'avait toujours échappé.
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Il aurait lancé à une visiteuse incapable de clamer son pékinois jappeur : "Votre clebs, je vais en faire un méchoui s'il ne la boucle pas..."Qu'y avait-il de vrai dans ces racontars ?
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Elle ne sait pas que j'ai passé une partie de la nuit et de la matinée à gribouiller dans mon calepin et que j'étais claquée à cause de ça. A moins que ce ne soit parce que je subis le contrecoup des derniers jours, où j'ai été paumée, où tout me rappelait que jamais plus Van ne me projetterait des films, ne me réciterait des ballades de Villon, ne me ferait râler en corrigeant mes fautes de français, ne me ferait découvrir des installations de vidéastes, ne rentrerait les bras chargés de bouquins achetés à la Foire du Livre ancien, ne partirait avec nous dans l'arrière-pays provençal, n'aurait avec Hugues et Rachid des discussions sur les hyperréalistes américains ou les cinéastes iraniens, ne viderait une bouteille de bordeaux en retardant le moment d'aller au charbon [...] (pp. 217-218)
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Dans cette famille, on ne lit pas, la lecture donne des maux de tête, la lecture est malsaine, la lecture est une maladie, il faut s'en tenir à l'écart. Dans cette famille, la vie des esprits est condamnée à dépérir. On ne se sert pas de sa tête pour réfléchir, lire, regarder un tableau, on ne se sert de sa tête que pour calculer les intérêts, voler de l'argent ici, en soutirer là.
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Linda Lê
J’aime le mot « corps-à-corps ». Le mot « forme » me gêne un peu car on a l’impression que ça peut supposer des fioritures, une certaine habileté aussi. Je n’aime pas beaucoup les livres où l’on sent l’habileté, la fabrique. C’est peut-être au moment où le corps-à-corps devient impossible qu’il y a la tentation du silence, comme si on mettait une très grande distance avec les mots et que l’on cessait de croire en leur pouvoir.
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Lire, c'est aussi dessiner une constellation, établir des liens entre les différentes œuvres.

(Linda Lê, p. 19)
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Ceux-là sous-estimaient la connaissance qu’avait Hô Chi Minh de notre besoin de consolation impossible à rassasier, pour reprendre l’expression de Stig Dagerman, mais aussi de notre aspiration à ne plus jamais nous laisser déchiqueter par des prédateurs convaincus de la supériorité de tel individu sur tel autre, rejeté dans les bas-fonds à cause de sa couleur de peau.
(pp. 104-105)
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Les livres sont notre immortalité, devait écrire, [dans Récits] de la Kolyma, Varlam Chalamov.
(p. 95)
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Toujours, Mandelstam refusait d’être un écrivain qui aurait été un serviteur de l’État, un courtisan rétribué. Sa vie durant, il observa cette ligne de conduite, au risque d’être banni. Tout au long de ce chemin de croix, il était accompagné par sa femme Nadejda qui non seulement le soutiendrait dans tous ses combats, mais veillerait sur le devenir de ses poèmes.
(p. 17)
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Plus le temps passait, plus il me paraissait naturel que tu te sois défendue en préservant cette part de toi-même qui t’appartenait, que tu ne devais dévoiler à personne, pas même à moi, mais ma curiosité était trop forte, plus fort encore mon amour exclusif pour toi, amour né pendant toutes ces années où, ton mari parti, tu me choyais comme si rien au monde ne comptait pour toi en dehors de mon bien-être, de mes joies, de mes plaisirs, de mon contentement.

(p. 63).
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C’était la phrase que tu répétais sans cesse l’année de ta mort. Je ne répondrai plus jamais de rien. Je t’avais emmenée au Danemark. Adrien avait accepté de quitter son refuge perché au haut des falaises normandes pour nous accompagner à Elseneur. La fin du printemps s’annonçait mais un vent glacial balayait les ruelles de cette petite ville aux maisons basses, dont nous avions pu faire le tour en une heure.
(p. 7).
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[...] je ferraille avec les mots jusqu'à ce que tout me paraisse parfait. Mais la perfection n'est jamais atteinte. Même dans les livres que je lis, que je révère comme des créations sans nulle autre pareille, il me semble qu'il y a toujours des faiblesses et ce sont justement ces faiblesses qui font la saveur du récit. Quand on lit un auteur qu'on connaît bien, qu'on relit sans cesse, on tombe immanquablement sur de tels passages. Mais il faut le lire avec attention, ne pas s'interrompre pour aller prendre un verre d'eau, répondre au téléphone, ou manger une pomme, car alors on perd le fil, on ne voit pas le moment où l'auteur a pris un coup dans l'aile. Je me demande souvent, quand je lis les écrivains que j'admire, qui me sont nécessaires pour vivre, s'ils ont fait eux aussi la connaissance de l'oiseau de mauvais augure. Mon oiseau à moi s'est installé à demeure, il ne me quitte pas. Il me répète constamment que je ne parviendrai pas à finir mon livre, que c'est au-dessus de mes forces. Il embrouille mes pensées, il cherche à m'égarer. Je tiens bon. De nous deux, j'ai décidé que c'est moi le plus fort.
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[...] dans un monde qui court au désastre, la procréation est un crime [...]
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[…], il pensa que s'il rassemblait en un volume des extraits des Carnets de Taos Amrouche, des journaux de Karin Pozzi et des lettres de Camille Claudel, il choisirait d'y placer en exergue cette phrase de la Religieuse portugaise à son amant parjure : J'ai éprouvé que vous m'étiez moins cher que ma passion. (p.78)
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Tous, nous nous montons le bourrichon, dit-il dans un murmure. Sinon, il n'y aurait plus qu'à plier boutique; On se garde bien de trop réfléchir, on se jette à corps perdu dans des entreprises qui légitiment sa présence ici-bas, on se fixe sans cesse de nouveaux buts, semblables à ceux de tout le monde - une famille à fonder, une maison à acquérir, un poste à briguer ou Dieu sait quel autre hochet de la vanité, et on ne fait qu'aller de désabusement en désabusement.
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