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Citations de Louis-Ferdinand Céline (2885)


Ah ! Camarade ! ce monde n'est, je vous l'assure, qu'une immense entreprise à se foutre du monde !
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Tant que le militaire ne tue pas, c'est un enfant. On l'amuse aisément. N'ayant pas l'habitude de penser, dès qu'on lui parle il est forcé pour essayer de vous comprendre de se résoudre à des efforts accablants.
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Louis-Ferdinand Céline
Plus on est haï, je trouve, plus on est tranquille... Ça simplifie beaucoup les choses, c'est plus la peine d'être poli, je ne tiens pas du tout à être aimé...
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Pour que, dans le cerveau d'un couillon, la pensée fasse un tour, il faut qu'il lui arrive beaucoup de choses et des bien cruelles. P. 27
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Si les gens sont si méchants, c'est peut-être seulement parce qu'ils souffrent, mais le temps est long qui sépare le moment où ils ont cessé de souffrir de celui où ils deviennent un peu meilleurs.
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Je savais pas quoi penser moi toujours. J’étais pas dans l’état de réfléchir trop fort. Tout de même, en dépit de l'horreur où je me trouvais, ça me tracassait salement, en plus du bruit de tempête que je promenais. II avait plus l'air de rester que moi en fin de compte dans cette saloperie d'aventure. Le canon de loin, j’étais pas très sur de l'entendre non plus. Ça se confondait. Dans l’alentour j’ai vu des petits groupes à cheval, à pied, qui s’éloignaient. J'aurais bien aimé que ça aurait été les Allemands, mais ils n'approchaient pas. Ils avaient autre chose a branler sans doute dans d'autres directions. Ils devaient avoir des ordres. Ici Ie terrain devait être épuisé en fait de bataille. C’était à moi tout seul en somme à Ie retrouver Ie régiment ! Où qu'il pouvait être celui-là ? De penser, même un bout, fallait que je m'y reprenne à plusieurs fois comme quand on se parle sur Ie quai d'une gare quand un train passe. Un bout de pensée très fort a la fois, l'un après l’autre.

C'est un exercice je vous assure qui fatigue. A présent je suis entraîné. Vingt ans, on apprend. J'ai l’âme plus dure, comme un biceps. Je crois plus aux facilités. J'ai appris à faire de la musique, du sommeil, du pardon et, vous Ie voyez, de la belle littérature aussi, avec des petits morceaux d'horreur arrachés au bruit qui n'en finira jamais. Passons.
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Quand on s’arrête à la façon par exemple dont sont formés et proférés les mots, elles ne résistent guère nos phrases au désastre de leur décor baveux. C’est plus compliqué et plus pénible que la défécation notre effort mécanique de la conversation. Cette corolle de chair bouffie, la bouche, qui se convulse à siffler, aspire et se démène, pousse toutes espèces de sons visqueux à travers le barrage puant de la carie dentaire, quelle punition ! Voilà pourtant ce qu’on nous adjure de transposer en idéal. C’est difficile. Puisque nous sommes que des enclos de tripes tièdes et mal pourries nous aurons toujours du mal avec le sentiment. Amoureux ce n’est rien c’est tenir ensemble qui est difficile. L’ordure elle, ne cherche ni à durer, ni à croître. Ici, sur ce point, nous sommes bien plus malheureux que la merde, cet enragement à persévérer dans notre état constitue l’incroyable torture.
Décidément nous n’adorons rien de plus divin que notre odeur. Tout notre malheur vient de ce qu’il nous faut demeurer Jean, Pierre ou Gaston coûte que coûte pendant toutes sortes d’années. Ce corps à nous, travesti de molécules agitées et banales, tout le temps se révolte contre cette farce atroce de durer. Elles veulent aller se perdre nos molécules, au plus vite, parmi l’univers ces mignonnes ! Elles souffrent d’être seulement « nous », cocus d’infini. On éclaterait si on avait du courage, on faille seulement d’un jour à l’autre. Notre torture chérie est enfermée là, atomique, dans notre peau même, avec notre orgueil.
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Auguste, mon père, lisait la " Patrie ". Il s'asseyait près de mon lit-cage. Elle venait l'embrasser. La tempête l'abandonnait… Il se relevait jusqu'à la fenêtre. Il faisait semblant de chercher quelque chose dans le fond de la cour. Il pétait un solide coup. C'était la détente.
Elle pétait aussi un petit coup à la sympathie, et puis elle s'enfuyait mutine, au fond de la cuisine.
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— Gustin que je lui fait comme ça, tu n'as pas toujours été aussi connard qu'aujourd'hui, abruti par les circonstances, le métier, la soif, les soumissions les plus funestes… Peux-tu encore, un petit moment, te rétablir en poésie ?… faire un petit bond de cœur et de bite au récit d'une épopée, tragique certes, mais noble… étincelante !… Te crois-tu capable ?…
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« Tu vas crever gentil militaire… Tu vas crever… C'est la guerre… Chacun sa vie… Chacun son rôle… Chacun sa mort… Nous avons l'air de partager ta détresse… Mais on ne partage la mort de personne… Tout doit être aux âmes et aux corps bien portants, façon de distraction et rien de plus et rien de moins, et nous sommes nous des solides jeunes filles, belles, considérées, saines et bien élevées… Pour nous tout devient, biologie automatique, joyeux spectacle et se convertit en joie ! Ainsi l'exige notre santé ! Et les vilaines licences du chagrin nous sont impossibles… Il nous faut des excitants à nous, rien que des excitants… Vous serez vite oubliés, petits soldats… Soyez gentils, crevez bien vite… Et que la guerre finisse et qu'on puisse se marier avec un de vos aimables officiers… Un brun surtout !… Vive la Patrie dont parle toujours papa !… Comme l'amour doit être bon quand il revient de la guerre !… Il sera décoré notre petit mari !… Il sera distingué… Vous pourrez cirer ses jolies bottes le beau jour de notre mariage si vous existez encore à ce moment-là, petit soldat… Ne serez-vous pas alors heureux de notre bonheur, petit soldat ?… »
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Son pavillon tenait du genre suisse, c'était le rêve à l'époque. Devant, des poissons mijotaient dans un bassin puant. On marchait encore un petit bout, on arrivait à son perron. On s'enfonçait dans les ombres. On touchait quelque chose de moi. « Approche, n'aie pas peur mon petit Ferdinand !… » Elle m'invitait aux caresses. J'y coupais donc pas. C'était froid et rêche et puis tiède, au coin de la bouche, avec un goût effroyable. […] De me voir embrasser l'aïeule ça les excitait. J'étais pourtant bien écœuré par ce seul baiser…
[…] Avant qu'on se quitte Armide offrait des gâteaux. Des biscuits bien secs, d'un réceptacle bien couvert, qu'on ouvrait que deux fois par an. Tout le monde les refusait bien sûr… Ils étaient plus des enfants… C'était pour moi les petits-beurres !… Dans l'émoi de me les taper, de plaisir, fallait que je sautille… Ma mère me pinçait pour ça… J'échappais vite au jardin, espiègle toujours, recracher tout dans les poissons…
[…]
Je me faisais baiser par l'aïeule encore une fois sur le départ… Et puis c'était la sortie brusquée ; on repassait par le jardin en vitesse.
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oh, elle se plaignait pas, mais je voyais… elle avait plus de force… elle couchait à côté de mon lit… un moment, le matin, elle a voulu aller dehors… je voulais l’allonger sur la paille… juste après l’aube… elle voulait pas comme je l’allongeais… elle a pas voulu… elle voulait être un autre endroit… du côté le plus froid de la maison et sur les cailloux… elle s’est allongée joliment… elle a commencé à râler… c’était la fin… on me l’avait dit, je le croyais pas… mais c’était vrai, elle était dans le sens du souvenir, d’où elle était venue, du Nord, du Danemark, le museau au nord, tourné nord… la chienne bien fidèle d’une façon, fidèle aux bois où elle fuguait, Korsör ; là-haut… fidèle aussi à la vie atroce… les bois de Meudon lui disait rien… elle est morte sur deux… trois petits râles… oh, très discrets… sans du tout se plaindre… ainsi dire… et en position vraiment très belle, comme en plein élan, en fugue… mais sur le côté, abattue, finie… le nez vers ses forêts à fugue, là-haut d’où elle venait, où elle avait souffert… Dieu sait !
Oh, j’ai vu bien des agonies… ici… là… partout… mais de loin pas des si belles, discrètes… fidèles… ce qui nuit dans l’agonie des hommes c’est le tralala… l’homme est toujours quand même en scène… le plus simple…
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Je retrouvai la terre peu d'instants plus tard et la nuit, plus épaisse encore sous les arbres, et puis derrière la nuit toutes les complicités du silence.
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Le tumulte du combat s'affaiblit avec les dernières lueurs du jour… Au loin disparaissent les derniers Gardes du Roi Krogold… Dans l'ombre montent les râles de l'immense agonie d'une armée… Victorieux et vaincus rendent leurs âmes comme ils peuvent… Le silence étouffe tour à tour cris et râles, de plus en plus faibles, de plus en plus rares…
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J'ai toujours su et compris que les cons sont la majorité, que c'est donc bien forcé qu'ils gagnent !
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Louis-Ferdinand Céline
A force de ne pas parler des choses, par élégance, on ne dit rien, et on l'a dans le cul!
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On devient rapidement vieux et de façon irrémédiable encore. On s’en aperçoit à la manière qu’on a prise d’aimer son malheur malgré soi. C’est la nature qui est plus forte que vous, voilà tout. Elle nous essaie dans un genre et on ne peut plus en sortir de ce genre-là. Moi j’étais parti dans une direction d’inquiétude.
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En deux heures je connus tout de son âme, pour le corps j'attendis encore un peu.
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« J’ai toujours dormi ainsi dans le bruit atroce depuis 14.
J’ai attrapé la guerre dans ma tête.
Elle est enfermée dans ma tête »
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Ne croyez jamais d’emblée au malheur des hommes. Demandez-leur seulement s’ils peuvent dormir encore ? ... Si oui tout va bien. Ça suffit.
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