Citations de M.C. Beaton (1505)
Comme elle avançait sous les tunnels verdoyants formés par les hautes haies, apercevant le village tout en bas, la sensation d’euphorie engendrée par l’air frais et la marche vigoureuse la quitta pour laisser place à un inexplicable effroi. Elle avait l’impression de descendre dans une sorte de tombeau où elle serait enterrée vivante.
Tout était très calme. Pas de cris d’enfants ni d’odeurs de cuisine. Ça doit être cher, pensa-t-elle. Seuls les riches pouvaient se permettre le luxe du silence.
Agatha était une femme riche, mais comme tous les gens qui ont de l’argent, elle était périodiquement frappée par le démon de l’économie, si bien qu’elle avait réservé un modeste hôtel du Quartier latin, à deux pas de Saint-Germain-des-Prés. Elle avait déjà vu tout ce qu’il y avait à voir dans la capitale française lors de précédentes visites ; cette fois elle voulait seulement s’asseoir à la terrasse des cafés pour regarder les passants, ou flaner sur les bords de Seine.
La glace sèche n’a pas besoin d’être arrosée pour émettre une vapeur visible, elle condense les particules d’eau en suspension dans l’atmosphère environnante, ce qui produit une brume immédiatement visible. Cependant, si vous ajoutez de l’eau, cela accélère le processus et augmente significativement la quantité de brouillard.
Bien évidemment, elle affabule. C’est une femme esseulée, qui s’ennuie et a pour passe-temps favori de semer le tumulte et le chaos.
Elle savait d’expérience que les auteurs se vantent rarement de leur métier, quand ils ont réellement du succès.
La terreur et la violence terrestres y régnaient suffisamment pour qu’elle n’ait pas eu besoin, dans son enfance, de s’inventer des frayeurs surnaturelles.
Agatha Raisin se sentait complètement perdue et très malheureuse. Son projet de mariage avec son voisin James Lacey avait brusquement pris fin à la réapparition au dernier moment d’un mari qu’elle avait cru mort et enterré. En fait, il était en excellente santé, du moins jusqu’à son assassinat. Elle avait espéré que trouver le coupable de ce meurtre ressouderait le couple qu’elle formait avec James, mais il avait préféré fuir à Chypre.
Même si vivre à Carsely, un petit village des Cotswolds, avait quelque peu adouci les aspects rugueux de sa personnalité, Agatha restait fondamentalement la femme d’affaires sûre d’elle-même qu’elle avait été. Elle avait créé et pris la présidence d’une agence de relations publiques à Mayfair, avant de la vendre, de prendre une retraite anticipée et de s’installer à la campagne. Et c’est ainsi qu’elle avait fait de James l’unique objet de ses désirs.
Elle éteignit la télé et prit Autant en emporte le vent. Elle s'était fait une joie à perspective d'une lecture vaguement honteuse pour fêter sa nouvelle vie de loisirs, mais elle fut stupéfaite par l'excellente qualité du roman. Il se lisait si facilement que c'en était presque indécent, pensa-t-elle, elle qui n'avait jusque là jamais lu que le genre de livres qu'on lit pour impressionner les autres. Et ainsi, avec le crépitement du feu de cheminée en fond sonore, Agatha poursuivit sa lecture jusqu'à ce que les gargouillis de son estomac la poussent à aller réchauffer son curry. La vie était belle.
Quelque chose de maternel en elle amenait les femmes à ne plus avoir honte de leur silhouette imparfaite et de leur vilaine peau. Quelque chose de rassurant qui semblait dire : « Tout peut s’arranger. »
Quelque chose dans l’isolement et l’étrange beauté de l’île semblait posséder le don de guérir les blessures du passé et de redonner du courage.
Les locataires d’été se débrouillent en général seuls. Moi, je fais mon ménage moi-même. Je ne vois pas pourquoi une femme irait payer quelqu’un pour faire le travail dont elle devrait se charger.
Elle se maquilla avec soin, examinant son visage dans le miroir aux horreurs, sa glace grossissante. La peau de ses joues était encore lisse, mais un petit lacis de fines rides apparaissait autour de ses yeux et un autre, plus déplaisant, au-dessus de sa lèvre supérieure. Elle avait des cheveux épais et brillants et de jolies jambes. Sa silhouette était légèrement trapue et son cou un peu trop court. Elle soupira en étalant du fond de teint sur ses rides avant d’appliquer de la poudre et du rouge à lèvres, puis tendit la main vers un tube de mascara pour finalement se raviser. Le mascara waterproof avait l’inconvénient d’être plus long à démaquiller et une fâcheuse tendance à rester incrusté sous ses yeux pendant des jours.
Au XVIIIe siècle, une certaine miss Jakes l’avait captée et déviée à l’aide d’un tuyau passant à travers le mur du fond de son jardin pour en faire une fontaine à usage public. L’eau coulait par la bouche d’une tête de mort – une fantaisie qui, malgré certains goûts morbides de l’époque, avait provoqué alors d’innombrables critiques – et était recueillie dans une vasque peu profonde encastrée dans le sol. Elle en débordait pour se déverser sur une grille, passait sous la route et finissait par se transformer en un petit ruisseau qui serpentait à travers d’autres jardins avant de se jeter dans l’Ancombe, la rivière arrosant Carsely.
Rien de plus pénible pour une femme d’âge mûr, consciente du temps qui passe et de l’inexorabilité de sa propre vieillesse. Agatha avait brusquement compris pourquoi les hommes d’une cinquantaine d’années s’épanouissaient en jean, boots et blouson de cuir à la recherche d’une minette à exhiber. Elle marchait beaucoup, bien décidée à perdre du poids et à rester en forme.
Agatha avait perdu ses cheveux lorsqu’une coiffeuse rancunière l’avait shampouinée à la crème dépilatoire. Ils repoussaient par touffes, laissant le cuir chevelu désespérément nu par endroits. Afin d’éviter que James Lacey, l’amour de sa vie, ne la voie dans cet état lorsqu’il rentrerait de voyage, Agatha avait fui Carsely pour se réfugier à Wyckhadden, petite ville de bord de mer, en attendant qu’ils repoussent.
Quoi de plus déprimant, pour une femme d’âge mûr à moitié chauve qui se languit d’amour, que de se retrouver dans une station balnéaire anglaise hors saison ?
Vous mourez d'envie de jouer à nouveau les détectives, Agatha. Alors là, je vous dis : stop! Suivez mes conseils, consacrez-vous à la randonnée. C'est une occupation saine et tranquille. Une randonnée ne risque pas de se terminer par un meurtre.
Lady Derrington eut l'air vaguement mécontente de voir que deux inconnus avaient été invités à prendre le thé. Agatha la soupçonna de regretter qu'ils n'aient pas payé pour cela.
Mes parents ne dessoûlaient jamais. Ils n'ont jamais voulu me laisser aller à l'école après mes quinze ans, malgré les profs qui les suplliaient de me laisser continuer mes études. Ils m'ont trouvé une place dans une usine de biscuits. Oh là là, ce que les ouvrières m'ont semblé vulgaires et brutales ! J'étais une petite mauviette sensible à l'époque !