Citations de M.C. Beaton (1497)
Elle éteignit la télé et prit Autant en emporte le vent. Elle s'était fait une joie à perspective d'une lecture vaguement honteuse pour fêter sa nouvelle vie de loisirs, mais elle fut stupéfaite par l'excellente qualité du roman. Il se lisait si facilement que c'en était presque indécent, pensa-t-elle, elle qui n'avait jusque là jamais lu que le genre de livres qu'on lit pour impressionner les autres. Et ainsi, avec le crépitement du feu de cheminée en fond sonore, Agatha poursuivit sa lecture jusqu'à ce que les gargouillis de son estomac la poussent à aller réchauffer son curry. La vie était belle.
Quelque chose de maternel en elle amenait les femmes à ne plus avoir honte de leur silhouette imparfaite et de leur vilaine peau. Quelque chose de rassurant qui semblait dire : « Tout peut s’arranger. »
Quelque chose dans l’isolement et l’étrange beauté de l’île semblait posséder le don de guérir les blessures du passé et de redonner du courage.
Les locataires d’été se débrouillent en général seuls. Moi, je fais mon ménage moi-même. Je ne vois pas pourquoi une femme irait payer quelqu’un pour faire le travail dont elle devrait se charger.
Elle se maquilla avec soin, examinant son visage dans le miroir aux horreurs, sa glace grossissante. La peau de ses joues était encore lisse, mais un petit lacis de fines rides apparaissait autour de ses yeux et un autre, plus déplaisant, au-dessus de sa lèvre supérieure. Elle avait des cheveux épais et brillants et de jolies jambes. Sa silhouette était légèrement trapue et son cou un peu trop court. Elle soupira en étalant du fond de teint sur ses rides avant d’appliquer de la poudre et du rouge à lèvres, puis tendit la main vers un tube de mascara pour finalement se raviser. Le mascara waterproof avait l’inconvénient d’être plus long à démaquiller et une fâcheuse tendance à rester incrusté sous ses yeux pendant des jours.
Au XVIIIe siècle, une certaine miss Jakes l’avait captée et déviée à l’aide d’un tuyau passant à travers le mur du fond de son jardin pour en faire une fontaine à usage public. L’eau coulait par la bouche d’une tête de mort – une fantaisie qui, malgré certains goûts morbides de l’époque, avait provoqué alors d’innombrables critiques – et était recueillie dans une vasque peu profonde encastrée dans le sol. Elle en débordait pour se déverser sur une grille, passait sous la route et finissait par se transformer en un petit ruisseau qui serpentait à travers d’autres jardins avant de se jeter dans l’Ancombe, la rivière arrosant Carsely.
Rien de plus pénible pour une femme d’âge mûr, consciente du temps qui passe et de l’inexorabilité de sa propre vieillesse. Agatha avait brusquement compris pourquoi les hommes d’une cinquantaine d’années s’épanouissaient en jean, boots et blouson de cuir à la recherche d’une minette à exhiber. Elle marchait beaucoup, bien décidée à perdre du poids et à rester en forme.
Agatha avait perdu ses cheveux lorsqu’une coiffeuse rancunière l’avait shampouinée à la crème dépilatoire. Ils repoussaient par touffes, laissant le cuir chevelu désespérément nu par endroits. Afin d’éviter que James Lacey, l’amour de sa vie, ne la voie dans cet état lorsqu’il rentrerait de voyage, Agatha avait fui Carsely pour se réfugier à Wyckhadden, petite ville de bord de mer, en attendant qu’ils repoussent.
Quoi de plus déprimant, pour une femme d’âge mûr à moitié chauve qui se languit d’amour, que de se retrouver dans une station balnéaire anglaise hors saison ?
Vous mourez d'envie de jouer à nouveau les détectives, Agatha. Alors là, je vous dis : stop! Suivez mes conseils, consacrez-vous à la randonnée. C'est une occupation saine et tranquille. Une randonnée ne risque pas de se terminer par un meurtre.
Lady Derrington eut l'air vaguement mécontente de voir que deux inconnus avaient été invités à prendre le thé. Agatha la soupçonna de regretter qu'ils n'aient pas payé pour cela.
Mes parents ne dessoûlaient jamais. Ils n'ont jamais voulu me laisser aller à l'école après mes quinze ans, malgré les profs qui les suplliaient de me laisser continuer mes études. Ils m'ont trouvé une place dans une usine de biscuits. Oh là là, ce que les ouvrières m'ont semblé vulgaires et brutales ! J'étais une petite mauviette sensible à l'époque !
Il écrivait un livre d'histoire militaire et, comme la plupart des écrivains, il passait ses journées à trouver des excuses pour ne pas travailler.
Une fois le feu allumé et le chat nourri, un whisky bien tassé dans le gosier, Agatha sentit qu'elle survivrait. Que James Lacey aille se faire foutre, lui et ses congénères !
Ce qu'il y a de charmant dans les rêves, c'est qu'on peut en écrire les dialogues...
Il écrivait un livre d’histoire militaire et, comme la plupart des écrivains, il passait la journée à chercher des excuses pour ne pas travailler.
Les Chypriotes grecs possèdent une machine de propagande très efficace et les Turcs n’ont pas grand-chose, voire rien du tout. Si j’étais un pays émergent, je ne gâcherais pas mon argent en armement, mais je m’assurerais les services d’une agence de relations publiques de Madison Avenue. J’ai parlé à certains membres du gouvernement d’ici et leur ai demandé pourquoi ils avaient renoncé à faire connaître ce qu’ils avaient souffert. Ils m’ont répondu qu’ils ne savaient que contre-attaquer.