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Critiques de Madame de La Fayette (467)
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La Princesse de Clèves

La Princesse de Clèves, roman court ou longue nouvelle évoque une histoire d'amour tragique (inventée), dans le milieu aristocratique, basée sur des faits historiques réels qui se sont déroulés sous Henri II au XVI° siècle.

Madame de La Fayette, véritable auteur (du XVII° siècle) de ce livre ou une rédaction plurielle est sujet à controverses.

Orpheline de père, élevée par une mère lui ayant inculqué "le peu de sincérité des hommes" et "inspiré la vertu", Mel de Chartres, jeune beauté au "coeur très noble" épouse par "bonté" mais "sans amour à son égard" le Prince de Clèves "passionnément amoureux.

Un "grand combat en elle" aura lieu suite à sa rencontre de Mr de Nemours, homme mûr qu'elle aime et qui l'aime.

Le douloureux thème de ce roman est le paradoxe (quelque soit le choix il sera mauvais). Ecrit de façon (pour moi) désuète (ex:" Veux-je manquer à Mr Clèves?"), j'ai toutefois trouvé intéressants les portraits psychologiques du trio amoureux et le choix de la Princesse qui (pour moi), plus lâche que vertueuse, renonce à son épanouissement de femme par peur de l'inconnu.
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La Princesse de Clèves

Au XVIe siècle, à la cour du roi Henri II, la Princesse de Clèves, récemment mariée, fait la connaissance du duc de Nemours et il se produit entre eux ce que l'on appelle aujourd'hui un « coup de foudre ». D'un côté, Monsieur de Nemours est un séducteur à la beauté irrésistible et de l'autre Mme de Clèves est très attachée au respect de ses devoirs matrimoniaux. Ce roman à l'histoire simple mais ô combien puissante est le premier roman d'analyse psychologique de l'Histoire de la littérature.



La profusion de verbes conjugués fait qu'au fil des pages chaque phrase palpite de vie, frémit d'inquiétude, brûle de désir ou est mortifiante de désespoir. Les moindres soubresauts de l'âme de Mme de Clèves sont passés au crible avec une acuité et un raffinement dans l'analyse tels qu'on pourrait croire cette histoire authentique tant elle vibre d'une sincérité que l'on ressent viscéralement.



Il n'est pas facile de bien entrer dans ce livre qui requiert de grands efforts de concentration. le plaisir est cependant à la mesure de l'effort.



Mme de la Fayette y peint admirablement les rudesses de la vie à la cour où il est difficile pour Mme de Clèves de concilier la dissimulation de ses sentiments avec les transports de joie que font naître la vue et la compagnie de l'être désiré ; un être désiré malgré soi avec une inclination irrépressible qui brouille le jugement.



Cependant Mme de Clèves parvient à réfréner sa passion, contrairement au duc de Nemours qui saisit toutes les occasions de se trouver en sa présence, croiser son regard et converser avec elle. Il éprouve ainsi sa résistance et la jette dans des affres vertigineuses. Ne pouvant la fléchir, il dépérit, vit avec un vague à l'âme et finit par ne plus s'intéresser à aucune autre femme.



Le livre est ponctué de moments de grande intensité où l'on tremble pour ces êtres soumis à la rigidité et à la cruauté du fonctionnement de la cour qui, machine implacable, peut broyer en un éclair un gentilhomme ou une dame que la force de sa passion a poussé(e) à découvrir le point le plus vulnérable de son être au risque de se compromettre définitivement.



Mme de la Fayette évite les écueils de la monotonie en entrecoupant son histoire de péripéties savoureuses comme le quiproquo avec le Vidame de Chartres et relate la joute qui fut fatale au roi.



La princesse de Clèves exprime aussi l'obéissance scrupuleuse aux devoirs de la morale religieuse qui font de Mme de Clèves une sainte de la littérature, ce qui confirme qu'il s'agit bien d'un roman.



Cette histoire, vue avec les yeux des lecteurs de ce début de XXIe siècle, peut donner envie de sourire. Il faut pourtant tenir compte de l'époque à laquelle elle appartient. Elle nous permet d'en voir les moeurs tout en faisant vibrer chez le lecteur d'aujourd'hui les fibres immuables de ce qui fait de nous des êtres humains.
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La Princesse de Clèves

Mme de Clèves est une femme d'une grande vertu, élevée dans cet esprit par sa mère. Elle est dévouée et attachée à son mari, Mr de Clèves. Mais quand elle rencontre le duc de Nemours, la passion est irrépressible. Très vite, elle tombe amoureuse de lui. Le duc aime aussi cette femme magnifique et douce. La princesse de Clèves est alors face à un horrible dilemme : elle est tiraillée entre son éducation, ses valeurs, son respect envers son mari et son amour qui grandit de plus en plus pour le duc.

Pour être claire, je ne fais pas partie des fervents adeptes et défenseurs de cet ouvrage. Certes, je le reconnais, c'est l'une des pierres angulaires de la littérature française et du roman en général. Rien qu'à ce point de vue, Mme de Lafayette a tout mon respect. Mais qu'est ce que c'est long ! J'ai eu beaucoup, beaucoup de mal à rentrer dans le livre. Les personnages de la cour sont très nombreux, on raconte toutes leurs relations les uns par rapport aux autres...Après, ça va mieux. On se concentre sur la belle princesse de Clèves. Je suis entièrement prête à dire que l'histoire d'amour est magnifique. Contrariée, impossible sinon c'est pas drôle. Chaque regard, chaque petit geste a une résonance si importante ! L'histoire est belle, émouvante. Mais il y a tellement de chichis, Mme de Clèves est si agaçante ! Elle tout ce dont on peut rêver, elle est belle, riche, courtisée et pourtant elle n'arrive pas à prendre une décision. Décision importante, il est vrai. Aussi, les personnages passent leur temps à être malade au moindre petit chagrin qui leur arrive. Parfois, ils en meurent même, oui oui. La fin est très belle, je tiens à la souligner. Mais, à la fin, on est pas plus avancé qu'au début. J'ai eu beaucoup de mal à avancer dans ce roman, c'est là mon principal souci.

Pour résumer, je dirais que je n'ai pas réussi à avoir de l’empathie pour ces PAUVRES nobles. C'est vrai, dans le champ d'à côté les paysans crèvent de faim, mais ce n'est rien par rapport à l'affliction de Mme de Clèves.... Plus sérieusement, c'est une très belle histoire d'amour ( platonique ), mais je n'ai pas réussi à me sortir des longueurs du livre afin d'en goûter pleinement l'intensité. Les émotions sont belles, fines, mais dans le carcan de la vertu elles ressortent vieillottes et fades. Dommage...Peut-être devrai-je relire ce livre dans plusieurs décennies, bien qu'il me paraisse peu probable que je le fasse !
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La Princesse de Clèves

Même si l’oeuvre est renommée par son analyse des remords féminins, cette qualité n’est plus très flagrante de nos jours.



Aujourd’hui, on hésite à affirmer si le livre est dépassé ou si,au contraire, il parvient à nous confronter à nos propres dérives qui, elles, marquent un siècle dépravé.



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La Princesse de Clèves

C'est avec le lycée, et donc préparé par le cours d'un professeur, que j'attaque ce livre qui, pour les premières pages, peut paraître compliqué : la vie à la cour de Henri II. Mais, selon moi, c'est aussi ce qui fait la beauté de ce roman, son caractère historique, qui ajoute au récit une notion de vrai assez appréciable.



En parlant de récit, je veux bien sûr entendre histoire d'amour ratée entre Mlle de Chartres et le Duc de Nemours à causes des convenances sociales et morales (éprouves notamment par celle qui deviendra bientôt Mme de Clèves). Un récit aujourd'hui facilement transformable en feuilleton télévisuel (le style d'écriture en moins), les rebondissement étant à tout moment.



Le style très élégant de Mme de La Fayette est également à mettre en exergue. Qu'il est plaisant de se retrouver en plein XVIIème siècle (l'histoire se passe au XVIème siècle mais est écrite par une personne du siècle suivant, personne qui d'ailleurs n'hésite pas à critiquer les convenances de la cour) avec ce parlé si délicat, fait de tournures mélodieuses et délicieuses !



Je recommande, mais accompagné d'au moins un arbre généalogique !
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La Princesse de Clèves

Mme de La Fayette en tant que moraliste du Grand Siècle au même titre que Pascal ou son grand ami La Rochefoucauld, entreprend la rédaction d'un roman marqué par une dimension intellectuelle et philosophique.

La Princesse de Clèves appartient au Classicisme et s'inscrit en rupture avec l’esthétique du roman Baroque comme L’Astrée D'Honoré d'Urfé.

La romancière choisit ainsi de peindre la Cour lors de la fin du règne d'Henri II au XVIe siècle. C'est donc à travers le cadre historique qu'elle fait évoluer ses personnages. L'auteur mêle un récit fictif des faits réels qui semblent être en osmose dans le roman. On retrouve notamment les personnages de la royauté française tels qu'Henri II ou encore Anne de Boulen.

Le roman met en scène la Princesse de Clèves à son arrivée à la Cour.

L' intrigue principale est accompagnée de nombreuses histoires secondaires, introduites par les différents personnages du récit. Le roman réunit ces intrigues enchevêtrées au service de l’édification morale de le jeune héroïne éponyme.

Ce roman assez bref retrace donc l'histoire d'une jeune femme qui malgré sa quête de vertu sera éprouvée par les aléas du destin, l'amour proscrit et les mœurs de la Cour. Ainsi, c'est cette représentation singulière de l'amour qui rythme l'oeuvre toute entière.

Mme de La Fayette introduit une dimension tragique marquée d'un certain pessimiste quant à la vision de l'amour. L’héroïne peut ainsi être assimilée aux grandes figures tragiques telle que Phèdre dans la pièce de Racine, dont s'inspire très certainement la romancière. La grande théâtralité de certains moments nous offre une lecture agréable et attrayante.

Par ailleurs, plus qu'un divertissement la lecture de cette oeuvre contribue à notre propre édification morale, à l'image de la protagoniste et dans le cadre d'une visée morale avant tout, Mme de la Fayette veut édifier son lecteur.

Nous pouvons, grâce à cette représentation de la condition humaine retrouver la marque du Jansénisme. En effet, tout dans ce roman se rattache à la visée didactique de celui-ci. La description tragique de l'amour révèle la vision pessimiste de la romancière. Celle-ci illustre l'image de l'Homme en tant qu’être faible incapable de vivre selon la vertu et impuissant face au combat de ses propres passions.

Ainsi, plus qu'à une représentation mimétique, c'est à une véritable étude psychologique que se livre la romancière. Celle-ci établit un lien entre ses personnages et son lecteur par le biais de monologues intérieurs et récits de pensées des protagonistes, c'est de cette relation intime que naît une certaine complicité double d'un attachement du lecteur pour ceux-ci.

Cette oeuvre, sous une enveloppe esthétique historique et légère renferme une véritable réflexion sur la condition humaine.
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La Princesse de Clèves

Très grande histoire d'amour, le personnage du mari est particulièrement pathétique (au bon sens du terme), mais qu'y peut-on, il ne fait pas bon être un mari au XVIIème siècle! Par ailleurs, le style est particulièrement riche et caractéristique de son époque, ce qui peut plaire à certains et en rebuter d'autres.
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La Princesse de Clèves

Il n'est pas toujours aisé de comprendre comment un livre devient un classique.

A quel moment le grand chambardement s'opère-t-il?

Qui est à l'oeuvre dans l'acquisition de ses lettres de noblesse ?

Je crois bien d'ailleurs, que la plupart du temps, cela ne soit réellement su de personne. Au pire subodore-t-on. Au mieux, émet-on quelques conjectures. Mais jamais ne peut-on s'établir sur une version, aussi ramifiée soit elle.

Quoiqu'il en soit, le livre devenu classique, tire la couverture à lui, s'installe dans toutes les bibliothèques et prend ses quartiers dans les manuels scolaires de nos petits.



Le classique, on se doit de l'avoir lu, relu même. On ne se souvient plus bien quand. Peut-être au collège, avec Mme Grandjean, ou pour les oraux du Bac, on était d'ailleurs « tombé dessus » comme on disait alors.

Mais après tout, on peut très facilement mentir ! Baragouiner trois mots sur la figure de Gavroche et broder quelques phrases bien senties sur Mme Bovary. Les héros des romans classiques sont tellement bien entrés dans l'imaginaire collectif que l'on juge bien souvent que l'on peut aisément se passer de la lecture des romans. Avec un peu de chance, un film sera né de leurs pages, et en une heure ou deux, on aura rattrapé le "retard".



Mais il est difficile de procéder ainsi pour tous les romans que l'on qualifie de classiques. Car si l'on peut se débrouiller avec les films issus des romans Anna Karenine de Tolstoï ou Orgueil et Préjugés de Jane Austen, il semble nettement plus compliqué de s'approprier La Princesse de Clèves de Madame de la Fayette en faisant l'économie du papier. Cette histoire est si datée, si surannée, si délicieuse, qu'elle n'a de saveur qu'en s'étalant sur les pages jaunies d'un vieux roman.



Cette histoire, c'est celle d'une femme qui aime un homme et qui est aimée par lui mais qui toujours se refuse à cette passion. Publiée en 1678, d'abord de façon anonyme, La Princesse de Clèves prend pour cadre la cour des Valois, durant les dernières années du règne d'Henri II. Bien campé dans un univers extrêmement bien décrit et documenté, le roman a tout d'une fresque historique et galante. Pourtant, nombreux sont les éléments qui transcendent le genre, faisant de la princesse de Clèves une tragédie racinienne, une nouvelle psychologique et le premier roman d'analyse.



Mais nul besoin ici de faire un énième commentaire de ce texte maintes fois expliqué, traduit et épluché.

Nul besoin de s'appesantir sur l'impact qu'eut ce roman, sur ce qu'il induisit comme bouleversement sur le plan littéraire.

Nul besoin enfin de chercher à le faire entrer dans un genre, une catégorie, rassurante s'il en est.

Besoin en revanche de le mettre entre des mains. Toutes les mains.

Besoin de continuer à le faire vivre, à le faire lire, à le faire aimer.

Besoin de se réapproprier sa chair, de sentir à nouveau son parfum.



Alors je propose une critique amoureuse de la princesse de Clèves, radicalement subjective, résolument personnelle et peu documentée. Car les grands textes ne méritent pas seulement une place dans nos bibliothèques et sur nos étagères, ils ont le droit de siéger dans nos coeurs et de régner sur nos âmes, avec panache, fougue et passion. Ils doivent être défendus, moqués, attaqués, aimés et surpris avec des yeux d'aujourd'hui. Ils doivent être laissés sur les bancs et devant les écoles, dans le tiroir d'un collègue ou dans le sac d'une amie. Ils doivent être lancés dans le vent, se dilater, et disparaître dans les âmes de tout un chacun.



La princesse de Clèves c'est l'image d'un amour comme on n'ose plus la montrer aujourd'hui.

C'est le cri d'un coeur qui saigne, la résignation d'une âme qui pleure.

C'est un carcan de règles morales et de normes qui détruisent et élèvent, qui transforment la plus belle émotion en un rêve doux et inaccessible.

C'est le feu d'une passion, la rage de la voir s'épanouir, la peur de la voir disparaître.

C'est un faisceau de sentiments magnifiques et troublants, sagaces et bouleversants.

C'est beau et regrettable.

Chaque mot est taillé, ciselé, arraché au corps d'une pièce de métal en fusion et posé là, devant nous, scintillant et dévorant. Qu'il est doux de sentir que les mots (que l'on croit souvent trop faibles à exprimer les plus grandes émotions) sont capables de faire émerger un amour dans le plus simple des appareils et la plus majestueuse des formes!



Face à nous, entre les pages de la princesse de Clèves,

palpitante,

une merveille de puissance, de folie et d'abnégation.
Lien : http://www.mespetiteschroniq..
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La Princesse de Clèves

Toujours en lecture ou relecture de "classiques", La Princesse de Clèves ne pouvait qu y figurer. Et que ce fut laborieux pour moi ! Désolé mais le 1er sentiment que j ai eu en fermant ce livre, c'est " ouf c'est fait" ! Cela n engage que moi mais conseiller ce livre à de jeunes lecteurs ou lecteurs débutants peut avoir l effet d un repoussoir...une première partie très descriptive des personnages, de leurs histoires, de la cour,.. intéressant et nécessaire pour la compréhension mais que c'est long ! Une deuxième partie plus "active" et où les grands thèmes sont plus clairement lisibles.

Il me paraît nécessaire d accompagner la lecture de cette oeuvre, car il s agit bien d une oeuvre quand on le remplace dans son contexte, qu on prend le temps d analyser les impacts à l époque et sur d autres écrits...les thèmes abordés comme la respect de l engagement, la condition féminine sont bien abordés mais nécessitent quelques efforts pour les moderniser.

Alors oui, en synthèse, pour voir l évolution de notre patrimoine littéraire, mieux comprendre certains thèmes...cette lecture est nécessaire mais avec du courage !
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La Princesse de Clèves

Billet à consulter sur mon blog www.marcbordier.com.



La Princesse de Clèves, classique de la littérature française depuis des décennies, a connu un curieux regain d'intérêt de la part du public grâce aux déclarations maladroites de Nicolas Sarkozy. Rappelons les faits. En février 2006, celui qui était alors encore simple candidat à la Présidence de la République a affirmé: "Un sadique ou un imbécile avait mis dans le programme [du concours d'attaché d'administration] d'interroger les concurrents sur La Princesse de Clèves. Je ne sais pas si cela vous est arrivé de demander à la guichetière ce qu'elle pensait de La Princesse de Clèves. Imaginez un peu le spectacle !". Une fois élu, il a tenu un discours similaire à l'occasion d'un déplacement à Lyon à la fin de l'année 2008 (vous pouvez consulter ici ses propos exacts). Influencé par ce contexte particulier, j'ai récemment relu le roman de Madame de La Fayette en me posant les questions suivantes: comment La Princesse de Clèves peut-elle éclairer le lecteur d'aujourd'hui, dans sa vie personnelle ou professionnelle? En quoi peut-elle lui être utile dans un univers dominé par les compétences techniques, commerciales, ou administratives?



Comme la plupart des grands textes classiques, La Princesse de Clèves exige du lecteur moderne une concentration et une attention auxquelles ne l'ont pas habitué les écrans qui monopolisent d'ordinaire ses facultés intellectuelles. Passé le célèbre incipit ("La magnificence et la galanterie n’ont jamais paru en France avec tant d’éclat que dans les dernières années du règne de Henri second."), il doit retrouver son chemin au milieu d'une longue galerie de portraits historiques, et suivre un fil narratif certes linéaire, mais entrecoupé de quatre récits enchâssés illustrant les dangers de la passion amoureuse. Lire le roman de Madame de La Fayette, c'est donc cultiver la persévérance et le goût de l'effort. Ne sont-ce pas là des qualités appréciables dans la vie professionnelle?



Sur la forme, La Princesse de Clèves se distingue par un style sobre, simple et naturel. Selon l'usage de l'époque classique, Madame de La Fayette refuse l'effet pour l'effet, les métaphores coquettes, les ornements fleuris. En parlant de son roman, elle écrit dans une lettre à une amie "je le trouve très agréable, bien écrit, sans être extrêmement châtié [...]. Il n'y a rien de romanesque ni de grimpé" ("grimpé" désignant ici un style prétentieux, excessivement élevé). Il ne faut pas voir dans ces affirmations la manifestation d'un quelconque narcissisme, mais plutôt le jugement sûr d'une artiste qui fait tendre tous ses efforts vers la clarté, la concision et la simplicité. Tout au plus peut-on relever dans son roman une présence un peu trop fréquente des superlatifs et des hyperboles pour désigner les brillantes qualités des gentilshommes de la cour de Henri II, mais cela fait partie du style littéraire précieux. Dans l'ensemble, l'écriture de Madame de La Fayette est un modèle pour les amoureux de la langue française, et son étude est plus que jamais nécessaire dans un monde où l'écrit retrouve toute sa place grâce à la multiplication des correspondances électroniques.



Enfin, La Princesse de Clèves est un chef d'oeuvre d'analyse du sentiment amoureux et de ses dangers. Le roman montre la naissance de l'amour, ses élans, ses doutes et ses reflux, ses joies et ses souffrances, les jalousies et les peines terribles qu'il peut inspirer. C'est un ouvrage de casuistique amoureuse, une anthropologie fine qui explore les variations du coeur sur le mode de l'introspection. Sans doute la guichetière de M. Sarkozy n'en a-t-elle pas besoin pour apposer des coups de tampons derrière son guichet. Mais si elle veut s'élever vers de nouveaux horizons, aussi bien matériellement qu'intellectuellement, elle trouvera une bonne guide dans La Princesse de Clèves.
Lien : http://www.marcbordier.com
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La Princesse de Clèves

J'ai découvert ce livre en réaction à la fameuse phrase de Sarkozy... et je n'ai pas regretté : fan de l'écriture de l'époque, avec les tournures, les sous-entendus et les non dits qui laissent entrevoir tout le sel des intrigues, je me suis demandé comment un adolescent actuel pouvait s'y intéressé...

A lire pour découvrir de l'intérieur la vie de cour, les habitudes et les travers de cette élite déjà décadente.
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La Princesse de Clèves

C'est vraiment une daube. On a des jeunes issus de l’immigration qui arrive au Lycée en pensant qu'ils vont recevoir un éducation de qualité et on leur sert un texte écrit dans un Français daté qui n'a plus court.



Je comprendrais qu'on le mette dans la spécialité Humanité mais dans le tronc commun ? Ça me laisse rêveur.



J'imagine bien le jeune qui commence son premier job et qui écrit à son client "Aujourd'hui je suis rempli de travail. Je m'occuperais de vous demain".



Heureusement pour les Lycéens c'est un texte plus court que le rouge et le noir et son histoire gnangnan à 2 balles peut se comprendre facilement. Si on recrache le cours du prof, on peut avoir facilement au moins 16/20 au bac.



Finalement ceux qui le défendent ont raison.
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La Princesse de Clèves

Je n'ai pas trop accroché à cette histoire, pas trop cru à cette passion, pas vraiment adhéré aux personnages. Cependant, le contexte est intéressant, et j'ai aimé les récits de vie qui gravitent autour de l'histoire principale, celle de Marie Stuart notamment. Un roman court, assez plaisant, mais pas un monument de littérature à mon sens.
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La Princesse de Clèves

Histoire magnifique de l'impossible amour. Mme de la Fayette va droit au but, ne ralentit pas le rythme inlassable du récit par des descriptions. Seuls les mouvements du coeur y sont rapportés et surtout le portrait moral des personnages. Sorte d'Anna Karénine de la cour française au 16ème siècle avec en moins des centaines de pages de description et en plus une Princesse de Clèves qui ne cède pas à la tentation de rejoindre son amant M. de Némours, même après la mort de son mari. Splendide roman d'analyse psychologique qu'il faut avoir lu!

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La Princesse de Clèves

Voici un titre faisant partie des classiques que je souhaitais lire depuis longtemps. Seulement j'ai finalement été plutôt déçue, je l'ai donc tout de même lu jusqu'au bout mais sans y prendre de véritable plaisir.

En général l'idée de me plonger dans une intrigue amoureuse de cette époque est quelque chose qui m'attrait plutôt. Seulement ici, l'histoire est traitée de façon un peu fade, l’intrigue traîne en longueur et le début du récit ne peut pas être considéré comme une mise en place des personnages mais comme une énumération des grands de l'époque. Cette introduction à mes yeux de non initiée m'a parue un peu lassante, mais peut-être que les historiens sauront prendre le plaisir que je n'ai pas eu à lire ce titre.
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La Princesse de Clèves

Que dire de plus que les innombrables critiques.



J'ai eu un peu de mal à entrer dans le livre, vu l'énumération de nobles personnages, parmi lesquels je me perdais.



Mais une fois cette introduction dépassée, l'analyse des soubresauts de la morale (je ne parlerai pas personnellement de raison) sur les sentiments, les émotions et le ressenti sont d'une finesse peu commune. Une immense impression de déjà lu en repensant à la courses d'obstacles ou aux amours impossibles de grands noms de la littérature et pourtant, madame de Lafayette, c'est évidemment avant, c'est elle la précurseuse, avec en plus le fait que ce soit une femme, quand, même bien après, tant de femmes vont se cacher sous des pseudos masculins pour pouvoir écrire.



C'est donc une lecture obligatoire à plus d'un titre. Même si effectivement, la fin laisse sur sa faim. Mais pour le reste de l'ouvrage, vraiment, si vous ne l'avez point encore lu, dépêchez-vous. Il n'est jamais trop tard. La preuve.
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La Princesse de Clèves

Autant l'avouer d'emblée, je ne suis absolument pas férue de contextes historiques … mais j'aime lire un classique, de temps en temps.



Adolescente je regardais avec plaisir les films "de cape et d'épées" mais impossible d'achever la lecture de ces souvent longs ouvrages historico-romanesques… Tant de noms, tant de dates, tant d'intrigues ont toujours eu tôt fait de me lasser …



C'est donc vraiment par défi que j'ai choisi dans la longue liste des propositions un ouvrage correspondant à l'item #24 - Un ROMAN historique (action antérieure à 1939)



En ce qui concerne le fond historique du texte, la cour du roi, l'arbre généalogique de la famille royale et de toutes les personnes qui interviennent dans le récit … Je ne suis toujours pas partie prenante. Comme je ne m'y suis jamais vraiment intéressée, cela s'est apparenté à une longue liste de noms et qualités que je suis incapable de retenir et d'associer entre eux.



Quant à l'histoire en elle-même, évidemment, en contexte, on devait sans aucun doute l'apprécier … Mais quelle oisiveté, ces personnages qui ne donnent à penser qu'à l'amour, la fête, la galanterie … Ils s'interdissent la passion amoureuse et finissent par se détruire …

A notre époque, mourir d'amour pour sa belle, ne pas se laisser tenter par l'homme de sa vie par respect pour la parole donnée, tout ça semble tellement irréaliste que je n'ai pas réussi à adhérer, je n'ai pas souffert, je n'ai pas vibré, j'ai juste eu envie de lui souffler à l'oreille: vas-y, fais toi plaisir, la vie est si courte …



En revanche, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire le texte, les mots, les tournures de phrases, la qualité de l'écriture, la minutie avec laquelle les mots sont choisis. j'aime la belle plume, les textes surannés. De ce point de vue là je suis ravie. La conjugaison, les imparfaits du subjonctif, … que cela est agréable à lire (en contexte, à nouveau … dans un livre moderne, cela tourne vite à de la pédanterie superfétatoire) ;-)



C'est un texte écrit par une femme, certes, mais qui n'a absolument rien de féministe … finalement la fille est jeune, belle, et elle passe de salon en salon, remarquée par sa beauté, sa grâce, son élégance … Les hommes en tombent amoureux uniquement sur son apparence puisqu'il ne s'agit pas de se poser des questions de société, de politique … à cette époque cela ne se fait pas … Puis quand enfin elle pourrait se libérer du carcan de l'éducation, de la bonne société, envoyer tout ça promener et vivre une histoire d'amour physique, exaltante, elle préfère souffrir en silence et ne pas céder à la tentation.



Ce texte m'a aidé à réfléchir sur différents aspects de la vie (sans évidemment trouver de réponses, mais en existe-t-il?)

Comment naissent les passions? Peut-on mourir d'amour?

Est-ce uniquement la beauté physique qui attire? Qu'est ce qui nous touche quand on rencontre autrui?

Pourquoi tant de vertu, tant de loyauté vis-à-vis de son mari qu'elle respecte mais n'aime pas? Pourquoi tant de naïveté aussi: elle lui avoue qu'elle est amoureuse et lui demande de l'aider à ne pas succomber … par conséquent, il se consume d'amour et de jalousie …

La haine, la jalousie, les intrigues qui naissent entre les différents protagonistes: les dames, les favorites entre elles, les amants, les maris … comment vivre dans un tourbillon de passions dévorantes?



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La Princesse de Clèves

J’aime bien la Princesse de Clèves, ce premier roman moderne de la littérature française, comme Don Quichotte est le premier roman de la littérature mondiale, etc.

Madame de La Fayette a écrit une œuvre attachante même si elle n’est pas ce que je préfère lire.

La langue classique de l’auteure, parfaite, aristocratique nous parait guindée, mais elle me plaît beaucoup ; certaines scènes ne sont pas très vraisemblables ; le trombinoscope des gens de cour est interminable et ennuyeux, l’intrigue plutôt mince.

Peu importe. L’étude psychologique des personnages sonne juste, même si un parti pris de bienséance élégante leur confère un caractère un peu artificiel.

Mlle de Chartres a reçu une éducation stricte de sa vertueuse mère. Le prince de Clèves tombe amoureux fou de cette très jeune fille et l’épouse. Pour elle, c’est un mariage de raison. Elle ne lui est pas attachée.

Plus tard à la cour, elle rencontre le très beau duc de Nemours ; c’est le coup de foudre. Le roi et la reine, madame de Chartres elle-même les remarquent. La jeune femme se voit intimer l’ordre de refouler ses sentiments. Se sentant coupable sans même avoir « fauté », dans un accès de loyauté peut-être excessif elle avoue tout à son époux et le détruit.

Madame de Clèves est-elle amoureuse de Nemours ? Ne le serait-elle pas plutôt d’une image, d’une icône interdite, de ses rêves d’adolescente ? Ne serait-elle pas en quelque sorte une malheureuse érotomane corsetée qui se meut avec difficulté dans une robe de cour trop lourde pour elle ?

Mais le roman est aussi étude mœurs détaillée, celle de la vie à la cour sous l’ancien régime. C’est bien cela qui met madame de Clèves en valeur et fait par contraste l’intérêt du récit : les monarques du XIIe siècle exhibent leurs maîtresses, ennoblissent leurs enfants adultérins. Les grands du royaume suivent leur exemple.

L’ombre de Diane de Poitiers, favorite, amie, confidente ou bien almée du roi Henri II hante le livre du souvenir qu’elle a laissé.

Quant à la vertu de madame de Chartres et de sa fille dans une cour aux mœurs légères, on serait tenté de dire : il en restait donc au moins deux ainsi en ce temps-là ?

Conclusion : roman très intéressant au délicieux charme suranné.
Lien : https://livre.fnac.com/a4093..
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La Princesse de Clèves

La princesse de Clèves aime le fringant duc de Nemours qui est passionnément amoureux de sa jeune et belle personne.



Mais l'éducation morale et spirituelle de madame de Clèves lui interdit de vivre l'amour qui la consume. Elle ne peut trahir un mari à qui elle a juré fidélité, qu'elle respecte profondément et à qui elle pense avouer son embrasement coupable. Une retenue et des scrupules qui font exception parmi les nombreuses intrigues amoureuses de la cour d'Henri II.



Madame de la Fayette nous fait suivre chaque instant des sentiments, bouillonnements et déchirements de la princesse, de son malheureux mari et du séduisant duc de Nemours. Elle fait preuve d'une remarquable finesse psychologique pour décrire leur attachement amoureux, et place son intrigue dans un contexte historique parfaitement maîtrisé. Autant de qualités qui font de ce roman une oeuvre exceptionnelle.

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La Princesse de Clèves

Tous les hommes sont des salopards, ils ne pensent qu’à une chose et on ne peut qu’être malheureuse à leur contact, l’a prévenue sa Mère. Donc, seule chose à faire pour la princesse de Clèves : se prémunir, surtout ne pas aimer, ne pas s’éclater, ne pas désirer, c’est mal, et se marier mine de rien sans rien faire, voilà la solution. N’avoir confiance en rien concernant les sentiments, et surtout pas en ses propres sentiments, et encore moins en soi même.

Quand le prince de Clèves l’aperçoit (seule, sans sa mère, tiens) il tombe éperdument amoureux d’elle… parce qu’elle belle, blanche et blonde, raisons qui nous paraissent futiles, mais, passons. Et puis , il note au passage qu’elle est riche, là encore, passons.

Et elle, la Mère, ne consent au mariage qu’après la mort du père de Clèves, un ennemi de moins, et surtout, surtout, parce que sa fille n’en est pas amoureuse.



Tu peux choisir d’être heureuse, à condition de ne l’être jamais, lui dit elle.

D’ ailleurs, c’est moi ta meilleure amie, et tu dois me dire tous tes secrets.

La gamine a 16 ans, Madame de Lafayette insiste sur ce point : Comment pourrait elle livrer à sa mère des secrets d’alcôve, mieux vaut n’avoir rien à raconter, non ?



Comment peut elle se libérer de la manipulation maternelle ?



En fait, jamais.



Car la Mère préfère encore mourir ( et elle le fait) que de la savoir amoureuse en vrai. Alors le mari, transparent et absent, amoureux transi reprend la manipulation en héritage, en demandant à sa femme « soyons amis, dites moi tout » et la conclusion, identique : mieux vaut crever que de savoir que la petite bécasse sera heureuse.



Je dis bécasse, parce qu’elle aurait mieux fait d’écouter Goldman plutôt que sa mère : « Ne lui dis pas, ça sert à quoi, on n’avoue rien si on est innocent » et elle qui a tout fait pour obéir aux injonctions de sa mère, avoue au mari qu’elle essaie de ne pas penser à Nemours.

Aurait elle pu après ces deux deuils, mère et mari, deuils dont elle se sent coupable, revenir à un état d’esprit antérieur à la perte ?



Madame de Lafayette n’a pas lu Freud, mais elle analyse la confrontation à la réalité lors de la perte de la personne aimée. Cette épreuve de réalité exige le retrait de toute la libido, et affirme l’attachement aux interdits anciens même si ils ne sont plus que le fruit de l’imagination.

Abandonnée par sa mère, la princesse de Clèves ne veut pas s’abandonner à l’amour passion qu’elle partage avec le duc de Nemours, par peur d’être abandonnée.

Bingo, la mère a gagné.





Ceci est ma lecture , personnelle, de ce roman à la fois historique, témoignage des mœurs galantes du XVII siècle, et, à mon avis, extrêmement moderne, racontant l’emprise d’une mère sur sa fille .

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