AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Manuel Rivas (38)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Vivir sen permiso e outras historias de Oeste

La série policière Vivir sin permiso m'a menée jusqu'à Vivir sen permiso e outras historias de Oeste (Vivir sin permiso y otras historias de Oeste pour la traduction espagnole) de Manuel Rivas, trois histoires ancrées en Galice, terre où la « Fariña », la cocaïne, a métamorphosé la région entière.

Ces courts récits, noirs et bien serrés, «O medo dos ourizos», «Vivir sen permiso» et « Sagrado mar », montrent l'impact du trafic de drogue sur la vie quotidienne des Galiciens, toutes classes sociales confondues, via les répercussions provoquées par un afflux d'argent sale dans les rouages de la société.

Dans le premier récit, «O medo dos ourizos», (ou le dilemme du hérisson, évoqué dans Suppléments et omissions d'Arthur Schopenhauer) des jeunes marins aux vies précaires trouvent des ballots de cocaïne en mer. Hélas cette découverte fortuite ne sera pas sans conséquence.

«Vivir sen permiso», la nouvelle la plus connue, puisqu'elle a été développée et adaptée en série à succès, a pour personnage central Nemo Bandeira, un riche homme d'affaire qui perd la mémoire, oubliant son passé peu glorieux de trafiquant devenu cacique avec respectabilité de façade.

“Sagrado mar” est une tranche de vie dans une prison (avec accents dostoievskiens si je puis m'exprimer ainsi) et un appel à l'insoumission pour retrouver une liberté foulée aux pieds par les institutions.



Manuel Rivas créé une géographie imaginaire, un Oeste très galicien, dans laquelle il utilise le trafic de drogue comme métaphore d'un pouvoir corrompu qui broie les individus, altère tout ce qu'il touche, et contre lequel la seule issue est la désobéissance civile. Le parallèle établi par l'auteur entre narcos et hommes de pouvoir (toutes activités concernées) est sans appel, renforcé par le choix du romancier d'ancrer ses récits dans des espaces imaginaires qui donne à ce recueil une portée universelle.

Commenter  J’apprécie          444
La langue des papillons et autres nouvelles

J'ai passé un bon moment avec ce recueil de nouvelles de Manuel Rivas. Toutes les nouvelles ne sont pas de même qualité, il y en a certaines qui sortent nettement du lot comme La langue des papillons qui est vraiment magnifique.

"La langue d'un papillon ressemble à une trompe enroulée comme le ressort d'une montre. Lorsqu'il est attiré par une fleur, le papillon la déroule et l'introduit dans le calice pour aspirer le pollen. Quand vous plongez le doigt humide dans un sucrier, vous sentez un goût sucré dans votre bouche, n'est-ce pas, comme si le bout du doigt était le bout de la langue ? Eh bien, la langue des papillons, c'est pareil."



C'est un voyage au cœur de l'Espagne que nous offre l'auteur avec ces nouvelles, toutes magnifiquement écrites.

"Pendant deux heures, le soir, je suivais les cours de musique de don Luis Braxe, dans la rue de Santo Andrés. Le maître était pianiste, il gagnait sa vie en jouant la nuit dans une boîte de variétés, et aussi comme ça, avec des apprentis. Il consacrait une heure au solfège et l'autre heure à l'instrument. La première fois il m'a dit : "Prends-le comme ça, fermement et avec tendresse, comme si c’était une fille." Je ne sais pas s'il l'a fait exprès, mais ce fut la leçon la plus importante de ma vie. La musique devait avoir un visage de femme que l'on veut séduire. Je fermais les yeux pour l'imaginer, pour pouvoir donner une couleur à ses cheveux et à ses yeux, mais je savais que tant que ne sortiraient de mon sax que de braiments d’âne, cette fille n'existerait pas."



Bref c'est une chouette découverte et j'ai passé un bon moment. Il me reste plus maintenant que de visionner l’adaptation sur grand écran de La langue des papillons.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
Commenter  J’apprécie          330
L'Eclat dans l'Abîme. Mémoires d'un autodafé

Voilà un livre intéressant pour connaître la vie quotidienne en Espagne franquiste et la ville de La Corogne qui est ici décrite dans ses moindres détails.

Le titre fait référence à un lieu fréquenté avant le coup d'état du 15 juin 1936 par des républicains espagnols dispersés par la suite (assassinés, exilés ou restés sur place au prix de multiples concessions). Il raconte leur histoire ainsi que celle de leurs bourreaux.

Cependant, j'ai trouvé ce roman aux multiples personnages, bien réels (au moins pour certains telle Maria Casares) trop touffus et je me suis perdue dans ce récit.

La fin, un peu abrupte, ne m'a pas emballée non plus.

Commenter  J’apprécie          210
Le Crayon du charpentier

1936. En Galice, dans les geôles franquistes, le garde civil Herbal ramasse le crayon d’un peintre, exécuté ce soir là avec ses camarades prisonniers politiques. Il installe nonchalamment le crayon de bois sur son oreille, comme le faisait son oncle charpentier. Seulement, il ne se doute pas que la voix du peintre, sa victime, chuchotera désormais à son oreille chaque fois qu’il y posera le crayon… Et celui-ci lui ordonne de tout faire pour garder en vie un autre prisonnier, le docteur Da Barca.

Grâce au crayon de charpentier (qui est peut-être en fait la voix de sa conscience), Herbal se fera l’instigateur d’une histoire d’amour passionnée entre le docteur et la belle Marisa Mallo.



Cette histoire, qui est aussi celle de ma famille, m’a particulièrement touchée. Car on connaît peu finalement le climat de terreur qui régnait sous Franco; On assassinait en place publique les artistes et les poètes républicains mais également les notables, (et notamment les médecins qui soignaient sans discrimination) pour l’exemple.

On connaît peu également les ravages de la tuberculose que les prisonniers contractaient en prison, et les « sanatoriums de la mort », où l’ont envoyait les mourrants.

Comme on connaît assez mal le sentiment de déchirement de ceux qui se sont battus contre leur propre patrie.



La construction est assez décousue et déconcertante au début du livre. Pourtant, j’ai été assez vite happé par la très belle plume de Manuel Rivas.

Dans cette Galice rurale noyée de brume, la beauté est omniprésente, dans ses paysages, dans sa littérature, dans son art.

Un roman très fort et d’une infinie poésie qui m’a pas mal remué.
Commenter  J’apprécie          182
Le Crayon du charpentier

En 1936, la Galice, région côtière du nord-ouest de l'Espagne, est l'une des premières à basculer dans le camp franquiste. Pour les Républicains de la Corogne, comme de toute l'Espagne nationaliste, c'est le début d'un long cauchemar : ils sont emprisonnés, maltraités, et souvent exécutés de nuit par des escadrons de la mort, les sinistres « paseadores » (promeneurs). Les plus chanceux passeront en prison une bonne partie de leur vie. Mais pour les vaincus comme pour leurs vainqueurs, l'Espagne est devenue un vaste charnier, à l'atmosphère irrespirable ; d'où peut-être ces maladies respiratoires, dont souffrent les principaux personnages du livre.

C'est cette violence extrême (et d'autant moins compréhensible qu'elle est perpétrée par des gens humbles - ceux dont la République défend théoriquement les intérêts), qui est au cœur de ce beau roman. Parmi les assassins, Herbal, fils de paysans, pauvre parmi les pauvres, et narrateur du roman. Il est vrai que son engagement n'est pas strictement idéologique ; il est aussi motivé par son amour secret pour la belle Marisa Mallo et sa haine pour le docteur Daniel Da Barca, fiancé de Marisa. À l'opposé de Herbal, taciturne et renfrogné, celui-ci est un brillant médecin, incarnant par son humour, son impertinence et son humanité un esprit de résistance que ni les brimades, ni les tentatives d'exécution sommaires ne parviendront à briser.

On n'en dira pas davantage, car il serait dommage de déflorer ce beau récit. Ajoutons seulement que si l'histoire est sombre, sinon sordide, elle nous est racontée d'une plume allègre et poétique par un auteur de grand talent ; un auteur qui n'hésite pas à l'occasion à faire dialoguer morts et vivants, par le truchement d'un objet magique, ce fameux crayon de charpentier, ramassé par Herbal sur le cadavre d'une de ses victimes.

Une belle découverte.

Commenter  J’apprécie          170
Le Crayon du charpentier

J’ai beaucoup de mal à rédiger la critique de ce roman tellement qu’il est dense, complexe et simple à la fois, il y a aussi de la poésie, de l’humour, des personnages attachants, de l’amour, de la haine, c’est un beau roman, une belle histoire.

Ce roman se passe en Galice pendant la guerre d’Espagne, déchirement entre les républicains et les franquistes. L’auteur nous permet d’avoir une vision de chacun des camps, celle du docteur Da Barca qui est interviewé par le journaliste Carlos Da Sousa alors qu’il est mourant, il lui raconte sa captivité mais aussi son amour pour la belle Marisa Mallo, personnage très attachant par son charisme et son humour. Puis la vision du narrateur, Herbal ancien garde franquiste, il a entre autre tué le peintre anarchiste qui dessinait avec le crayon le Porche de la Gloire de Saint-Jacques de Compostelle, dont il prêtait aux divinités le visage de ses compagnons de captivité, et enfin un personnage particulier le crayon qu’Herbal a ramassé et pendant tout le récit ce crayon lui parlera à l’oreille et lui fera prendre certaines décisions.

Belle découverte littéraire

Commenter  J’apprécie          150
La langue des papillons et autres nouvelles

Peu sensible aux nouvelles de manière général, j’ai ouvert ce recueil surtout pour le texte qui lui a donné son titre : La langue des papillons.

C’est en effet l’un des textes les plus connus de l’auteur galicien, qui a fait l’objet d’une adaptation cinéma par Jose Luis Cuerda sur une BO d’Alejandro Amenabar.

Et effectivement, c’est un texte fort. En quelques pages seulement, toute la tragédie du Franquisme est dite.

L’histoire est celle d’un petit garçon qui tisse une relation forte et sincère avec son instituteur, autour de leur amour commun pour les sciences naturelles, la nature et ses trésors, l’émerveillement qu’ils ont du vivant. Quand les armées franquistes arrivent au village pour rafler les dissidents, le professeur part menotté sous les crachats et les insultes. Seul un petit garçon lui est resté fidèle.

Malgré le bouleversant final de ce court récit, le professeur ne part pas vaincu, car dans sa relation avec ses élèves il a semé une graine, un espoir : celui de la curiosité intellectuelle, de l’envie d’apprendre des autres, de la vie, des livres, qui est le meilleur rempart contre les dictatures.



Les autres textes m’ont moins remué, mais la langue de Rivas est belle et mérite le détour pour le lecteur-voyageur partit à la découverte de la Galice, ce pays rural de marins, de musiciens et de poètes.
Commenter  J’apprécie          120
Le Crayon du charpentier

La guerre d’Espagne est finie depuis bien longtemps, Sousa, le journaliste rencontre le Docteur Da Barca afin de recueillir les mémoire du vieil homme. Il était un rouge indomptable, il a été condamné à mort , puis gracié mais est resté longtemps emprisonné : « Avec tout le temps qu’il avait passé comme dirigeant républicain et avec tout le temps qu’il avait croupi en prison, Da Barca était devenu une véritable archive vivante. Il avait tout dans la tête. Ses textes contenaient des témoignages décrivant la répression en prison… »



Une guerre, bien moins présente dans la littérature que les deux guerres mondiales. Et pourtant également à notre porte.

Trois personnages principaux mêlent leurs voix, le docteur, prisonnier politique, puis Herbal, jeune phalangiste gardien de prison. Il sera l’un de ces « Paseadores » : ces « promeneurs » franquistes qui organisent pour les prisonniers des promenades sinistres une fois la nuit tombée, promenades dont ces derniers ne reviennent pas, promenades qui cachent des exécutions sommaires souvent précédées de tortures. Au cours de l’une d’elle, Herbal tire une balle dans la tête d’un peintre, et conserve sur lui le gros crayon rouge qu’il utilisait, ancienne propriété d’un autre prisonnier également exécuté, un charpentier.

Ce peintre dessinait de tête le porche d’une église, la Gloire de Saint-Jacques de Compostelle, et remplaçait les visages des saints par ceux de ses compagnons de captivité.

Et enfin un troisième personnage, qui parle par l’intermédiaire de son crayon: le peintre. Chaque fois qu’Herbal porte le crayon sur l’oreille, il entend les remarques venues d’outre-tombe du peintre qui lui tire l’oreille : « Fais attention à ce qui est en train de se passer ! « . Une forme de conscience qui le hante, qui le rend fou, et qui lui fait remarquer les turpitudes de ses actes.

Une construction poétique pour décrire le coté sordide de cette guerre, mais aussi des mots durs pour décrire les ignominies des phalangistes, les exécutions de masse, ces prisons dans lesquelles on pouvait croupir des années, souffrir de maladies respiratoires, être torturé pendant des jours et des jours, parce qu’on avait blasphémé l’Église, plaisanté sur Franco, ou simplement parce qu’on avait été dénoncé par un voisin, ou parce qu’on était seulement un humaniste. Une Espagne de charniers et de suspicion.

Sur fond de grande Histoire, une petite histoire d’amour et de jalousie : le docteur homme de paix, instruit, aidant les autres prisonniers, résistant au grand cœur, aime et est aimé par Marisa, le bourreau vainqueur qui incarne cette nouvelle Espagne de mort et de haine hait, quant à lui le docteur, et aimerait tant être aimé par Marisa !

En faisant dialoguer morts et vivants, en passant d’une prison noire et humide au soleil de l’Espagne, de la turpitude du bourreau, à l’humanisme du médecin fin d’esprit et disponible pour les autres et au regard du peintre, Manuel Rivas m’a fait encore mieux découvrir cette période noire de l’Histoire de l’Espagne

Une belle découverte littéraire, et une période historique à mieux connaître grâce aux livres pour la comprendre
Lien : https://mesbelleslectures.co..
Commenter  J’apprécie          101
Le Crayon du charpentier

Pendant la guerre d’Espagne, en 1936, en Galice, trois destinées s’entrelacent : celle du garde civil Herbal, témoin et narrateur, chargé de la surveillance des prisonniers républicains et des exécutions sommaires ; celle du peintre anarchiste qui dessine ses compagnons d’infortune sous les traits des saints de la cathédrale Saint Jacques de Compostelle avec un crayon de charpentier, que reprendra Herbal après l’avoir tué – ce qui l’amènera à être hanté toute sa vie par la voix du peintre résonnant dans sa tête- ; celle du docteur Da Barca, figure charismatique du Front Populaire et de sa fiancée Marisa Mallo. Suivant les injonctions de la voix du peintre, Herbal ne cessera d’épier, de suivre et de protéger le jeune médecin de prisons en convois de déportés, d’exécutions en sanatoriums pénitentiaires.

Beau texte poétique, parent du réalisme magique à la Garcia Marquez. Belle réflexion sur les antagonistes de la guerre civile, intimement liés au delà de leur inimitié, dans un retour sur le passé douloureux de l’Espagne.De fréquents changements de points de vue et d’époque, et des récits entremêlés dont les échos se répondent.

Un très beau livre.



Commenter  J’apprécie          100
Le Crayon du charpentier

Un livre qui pourrait en troubler plus d'un par son organisation...L'histoire d'amour décrite par temps de guerre et de répression est tout de même belle et forte, car on sent le couple résister à l'usure du temps de la détention aux brimades et aux espoirs qui n'en finissent pas de reculer...
Commenter  J’apprécie          80
Le Crayon du charpentier

Le crayon du charpentier, celui qui a servi à un jeune peintre anarchiste fusillé par Herbal, sur l'ordre de ses supérieurs, va devenir pour celui-ci la voix de la conscience. Horreurs, cruauté, injustices, haine mais aussi amour et humour dans ce roman qui approche l'histoire de l'Espagne fasciste. Un récit fascinant.
Commenter  J’apprécie          70
La langue des papillons et autres nouvelles

Magnifique, un délice de lecture. Certaines nouvelles (les plus longues) sont plus belles que d'autres; n'empêche, c'est presque parfait.
Commenter  J’apprécie          50
Tout est silence

Des moments très forts et une belle écriture, mais on se perd dans le brouillard car il n'y a pas de structure interne et l'histoire policière est bien mince.
Commenter  J’apprécie          50
Le Crayon du charpentier

La structure du récit n'est pas très porteuse, on ne sent pas "une" histoire qui guiderait la lecture. Mais à l'intérieur se cachent des courts tableaux qui sont de vrais bijoux de pudeur et d'humanité. Une vision de la guerre civile faite des détails vus de la prison, il s'en dégage de la poésie.
Commenter  J’apprécie          50
Le Crayon du charpentier

Un livre tout simple, qui parle d’une belle histoire d’amour toute simple, dont témoigne l’amoureux éconduit au crépuscule de sa vie terne mais pas amère. Il se trouve que cela se passe à la fin de la guerre d’Espagne, que l’amoureux chanceux est du côté glorieux des vaincus vertueux tandis que l’amoureux éconduit est du côté des vainqueurs tourmentés. L’un est prisonnier politique, l’autre est gardien de prison.

Cela aurait pu déboucher sur un livre sombre, lourd dénonçant les exactions franquistes, mais il n’en est rien. C’est une gentille histoire tout en nuance, légère et lumineuse, éclairée par la personnalité du docteur Da Barca, optimiste parce que les autres ne réussissent plus à l’être. Est-ce un livre sur la guerre, sur l’héroïsme et la lâcheté, je ne le crois pas, bien que ce soient des thèmes chers à l’auteur. Je ne sais pas très bien de quoi traite ce livre, de son ton léger et sans y toucher. Une lecture aussi légère que l’écriture, qui coule doucement mais ne me laissera probablement pas beaucoup de souvenir.
Commenter  J’apprécie          50
Le Crayon du charpentier

Un roman des années 2000 dont je ne connaissais pas du tout l’auteur. Manuel Rivas écrit en galicien, est traduit parfois en breton, solidarité des langues celtiques, se traduit lui-même en castillan et, est, plus rarement, traduit en français. Original, non ?



Ce roman raconte la guerre civile espagnole, cette guerre qui a laissé tant de traces et qui s’estompe dans les mémoires car les combattants des deux côtés disparaissent. Mes premières lectures « engagés » parlaient de cette guerre et un de mes chanteurs préférés étaient Paco Ibanez, cette chanson résume bien l’esprit de ce roman.En effet « Le crayon du charpentier », choisit une façon délicate et poétique de raconter l’horreur et la brutalité et ça fonctionne très bien. Un garde civil, Herbal, assassine un peintre dans sa cellule, celui-ci lui donne son crayon de charpentier, à partir de là cet homme va vivre avec une voix intérieure qui lui intime l’ordre de sauver le docteur Da Barca et de lui permettre de vivre une superbe histoire d’amour avec la belle Marisa Mallo. Grâce à cette histoire, nous allons rencontrer des hommes étonnants qui auraient pu dessiner une toute autre histoire à l’Espagne si seulement ils ne s’étaient pas détestés entre eux, et puis au milieu des plus grandes ordures au service du régime franquiste, cette superbe figure de la mère Izarne qui dirigeait le sanatorium réservé aux prisonniers tuberculeux. Tout le roman se situe entre réalité et le rêve, un peu à l’image de toute vie surtout quand la réalité se fracasse sur une dictature implacable et qui refuse à tout rêve de se réaliser. En suivant le cheminement d’Herbal, l’auteur veut donner une chance au pire des tueurs à la solde de Franco de prendre conscience de ce qu’il a fait et de se racheter.



L’art , la peinture, la poésie prendront une grande part aux déchirements intimes de ce garde civil qui réussira à sauver ce merveilleux docteur Da Barca qui a passé sa vie à faire le bien autour de lui, même si ce garde civil franquiste convaincu n’a pas pu sauver le peintre qui vient lui rendre visite si régulièrement depuis qu’il l’a certes assassiné mais pour lui éviter une mort sous la torture par ses amis plus franquistes ou tout simplement plus cruels que lui. Aujourd’hui, il termine sa vie dans un bordel, mais n’a pas perdu sa conscience (le crayon du charpentier), son message d’espoir, il le transmet à une jeune prostituée qui trouvera, peut-être, elle aussi sa voix intérieure qui la conduira vers un avenir où la beauté permet de combattre la laideur.
Lien : http://luocine.fr/?p=9391
Commenter  J’apprécie          41
L'Eclat dans l'Abîme. Mémoires d'un autodafé

« Un autre livre laissa filer un fragment incandescent qui dévala, tel un oursin éclairé au néon, les barreaux d’une grande échelle de pompiers. »



19 août 1936, autodafé par les militants de la Phalange à La Corogne. Mais les livres brûlent mal, tant d’un point de vue physique que d’un point de vue métaphorique. Des pages s’envolent, d’autres sont recueillies et offrent autant de chemins pour écrire l’histoire, des histoires.



Un livre d’une rare densité sur « La gifle des morts », « La locomotive de plomb et la barque volante », « La canne en rotin de grand-père Mayari », l’acide acétylsalicylique, « La bicyclette de Pinche », « Le plongeur phosphorescent » ou « Quelque chose de spécial », Casarès Quiroga et sa fille Maria, La Corogne, l’Espagne, des femmes et des hommes dans les mesquineries quotidiennes. Et Manuel Rivas n’oublie ni ces livres ni les différents rapports possibles à ces blocs de papiers imprimés ni forcement notre propre rapport aux livres et à l’histoire.



« Apparemment, le monde entier serait capable de devenir complètement fou pour posséder ce putain de livre. Il n’a qu’un petit défaut, à part qu’on n’y comprend rien. Il manque une page de garde. »
Commenter  J’apprécie          40
L'Eclat dans l'Abîme. Mémoires d'un autodafé

Dans ce gros roman, Manuel Rivas, nous montre ce qui arrive aux livres lorsqu'un régime fasciste s'installe dans un pays et organise des autodafés. Il lui permet également d'exprimer toutes les facettes de son talent d'écrivain, la poésie, l'engagement, la belle écriture, et l'art de la narration. En août 1936, des livres sont brûlés à la Corogne en Galice, par des militants de la phalange. Les livres brûlent mal, des pages s'envolent, l'ex-libris de la bibliothèque du leader républicain Casarés Quiroga père de l'actrice, Maria Casarès apparaît sur la page de garde d'un livre qui se consume. Manuel Rivas nous racontent les histoires de ces fragments de papiers, mais également celui des personnages qui assistent à ces autodafés, à la fois ceux qui les allument, ceux dont les livres brûlent, ceux qui combattent la dictature qui se met en place. Un foisonnement de personnages, l'alternance entre des chapitres graves et d'autres plus légers, qui pour certains sont conçus comme des nouvelles, de belles descriptions de livres rares et de merveilleuses bibliothèques, mais aussi de la Galice, et des luttes qui s'y déroulent . Dans le roman, L'éclat dans l'abîme, (formidable titre), est un centre d'études sociales dans lequel se retrouvent ceux qui luttent contre la dictature.
Commenter  J’apprécie          30
Le Crayon du charpentier

Très bon livre sur l'histoire d'un garde civil géolier d'un républicain espagnol medecin dont il a été le garde entre la fin de la guerre d'Espagne et le début des années 40. De l'histoire d'amour de ce médecin et du meutre d'un peintre commis par le garde civil dont il conserve le crayon de charpentier et ce lien lui permet de dialoguer avec l'esprit du peintre.

Commenter  J’apprécie          30
La langue des papillons et autres nouvelles

Manuel Rivas, nous offre un recueil de dix-neuf nouvelles, pleines de poésie, pour nous décrire merveilleusement sa région natale, la Galice. Cette Bretagne d'Espagne, peuplée de paysans, de pêcheurs, qui luttent dur contre la misère, la rudesse de cette province balayée par les intempéries. Il nous montre avec délicatesse, sensibilité, leur existence, ainsi que leur combat. Les titres ne révèlent rien de ce que l'auteur nous dévoile dans le cours de chaque texte. Ainsi, dans " Un million de vaches ", une vieille femme qui a raté son autobus pour VIGO alors qu'elle se rend chez son médecin, prise en charge par le narrateur, entend une information, à la radio de la voiture, sur la présence en Galice d'un million de vache, c'est le point de départ d'une conversation dans laquelle elle confie, les difficultés pour une provinciale âgée de vivre chez ses enfants, dans la capitale, dans un immeuble. Tout est positif, MADRID est une ville merveilleuse, sa belle-fille est un bijou, son fils est un bon fils, l'appartement est bien conçu, mais elle n'a pas résisté à l'indifférence qui règne entre voisins, elle n'a pas supporté les pleurs d'un enfant dans l'appartement au-dessus de sa chambre, elle n'a pas accepté qu'on lui dise " Que cela ne la regarde pas ". Le texte se termine sur une note d'amour, car en réalité, la femme ne va pas chez son médecin mais elle va rejoindre son fiancée dans un bal du troisième age. Dans la nouvelle, " La flûte de pain " Manuel RIVAS nous montre avec poésie, simplicité, douceur, mais quelle force, jusqu'où la famine peut pousser un enfant, qui dévore en chemin le pain de ses frères, mais également, quel sommet, atteint l'amour d'une mère qui lui pardonne son geste. La description des bouchées de pain après une longue privation est éblouissante, qui déclenche un déferlement de saveurs, l'envol des oiseaux, le carillon joyeux des cloches. Dans, " La laitière de VERMEER ", pour nous décrire l'amour et le respect qu'il éprouve pour sa mère, qui était laitière, l'auteur décrit le merveilleux et célèbre tableau de Johannes VERMEER de DELFT. Dans " la langue des papillons ", par la poésie de ses descriptions, par les images subtiles qu'il utilise, Manuel RIVAS, nous entraîne au sommet de la beauté de la nature, au plus haut de l'amitié, il nous montre l'émerveillement de l'éducation, le respect qu'un enfant peut éprouvé pour son maître, pour mieux, mettre en évidence, ensuite, la lâcheté des hommes, de tout un village, ou moment ou s'installe la dictature et la peur, à travers laquelle la fidélité de l'enfant fait figure de résistance. Dans tous les textes de Manuel RIVAS, la vie est montrée, avec ses joies et ses peines, jamais de manière misérable, toujours avec force et poésie. Après la lecture de ce livre, on est pris par l'envie de lire tout ce que Manuel RIVAS a écrit, ou écrira. Si l'on a eu l'occasion d'assister, comme ce fût mon cas, à une rencontre avec cet auteur, notre envie est décuplée, il y a de la poésie jusqu'en dans ses réponses, Merci, à ceux qui nous font connaître ces auteurs. en l'occurrence la médiathèque de La Rochelle)
Commenter  J’apprécie          20




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Manuel Rivas (288)Voir plus

Quiz Voir plus

Un quiz qui n'est pas littéraire

Parmi ces trois métaux, lequel se trouve à l’état liquide dans les conditions ambiantes ?

le manganèse
le mercure
le béryllium

10 questions
14 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}