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Citations de Marcel Brion (235)


" La vérité, et particulièrement cette âme de la vérité qui est la poésie, peut-être atteinte par de multipleschemins ; et un chemin n'est pas fait pour égarer parce qu'il est dangereux ou interdit "

Arthur Simons
à propos de Nerval
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A l’époque où Giotto achevait ses fresques de l’Arena, Duccio di Buoninsegna peignait pour la cathédrale de Sienne sa Maesta. La comparaison entre ces deux œuvres nous montre non seulement un art beaucoup plus évolué, beaucoup plus affranchi, chez le peintre florentin, mais aussi une vie intérieure qui fera toujours défaut aux Siennois . « Le type byzantin — écrit Thode — était comme un masque ne pouvant exprimer qu’un sentiment unique, celui de la solennité noble et pieuse. » Les Siennois subiront beaucoup plus long¬ temps l’influence byzantine ainsi que le prouve la Maesta, et s’ils animent sa froideur, ce sera pour la remplacer par une grâce des attitudes, une douceur des figures qui deviendront vite de l’affectation, du maniérisme. Ils substitueront une formule à une autre, un art aimable, séduisant, très féminin, à l’art hiératique, formaliste et glacé, mais il leur manquera toujours le pathétique, l’humanité que Giotto enseigna aux Florentins. Ils n’auront écouté qu’à moitié et imparfaitement appliqué sa leçon. Car si Giotto renouvela dans une certaine mesure l’esprit des formes chez les Siennois, il n’a pas modifié beaucoup leur caractère ni leur sensibilité.
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Deux noms dominent la peinture de paysage autrichienne à l’époque romantique : celui de Joseph Anton Koch (1768-1839), qui appartient à la première génération romantique, et celui de Ferdinand Georg Waldmüller, qui illustre la seconde, puisqu’il est né en 1793, et qu’il est mort en 1865. Koch est un curieux personnage, un Tyrolien d’Elgiblenalp, qui s’en alla mourir à Rome parce qu’il avait subi la fascination des paysages italiens au point de vouloir y finir sa vie. Il a peint des scènes religieuses dans le goût nazaréen et tenta de rivaliser avec Ghirlandajo et Pérugin. Il a illustré Dante et Shakespeare, et il a partagé l’enthousiasme de tous les romantiques pour Ossian – le pseudo-Ossian de l’Anglais Macpherson.

Chapitre IX. Le romantisme viennois
Le romantisme autrichien et l'art
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Parmi les poètes romantiques viennois, les contemporains avaient porté très haut, certainement, le talent de Betty Glück, qui écrivait sous le nom de Betty Paoli. Grillparzer la célébrait comme la plus grande poétesse autrichienne ; Hieronymus Lorm renchérissait en disant : la plus grande poétesse allemande. On ne peut ici critiquer ni justifier les droits à la gloire de cette femme complètement oubliée aujourd’hui. Betty Paoli souffrit d’un amour malheureux ; dame de compagnie de la princesse Schwarzenberg, elle eut l’imprudence de s’éprendre de son fils, le beau prince Frédéric, qui eut avec elle une longue correspondance, mais s’en tint là.

À l’exception de Lenau, de Grillparzer, de Stifter, le romantisme littéraire autrichien n’a pas laissé de noms immortels.

Chapitre IX. Le romantisme viennois
" Vivre en poésie "
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Le coup de maître de ce « producteur » plein d’idées audacieuses et originales fut de s’associer avec Mozart et de composer avec lui La Flûte enchantée, dans des décors d’une Égypte fantastique qui frappèrent les auditeurs beaucoup plus, sans doute, que la musique elle-même.

Chapitre IV. La passion du théâtre
les idées de Schikaneder
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Ville féminine, ville-femme, Vienne devait tout naturellement vénérer, plus que toute autre puissance surnaturelle, la Sainte Vierge qui l’avait toujours toujours défendue pendant les longs siècles d’une existence pleine de périls et de hasards.

Chapitre Il. portrait du Viennois
La religion des Viennois
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Au-dessus des intercesseurs, directement assise à côté de Dieu, il y avait la Vierge, la Mère qu’aucune prière ne laissait indifférente, et qu’on ne suppliait jamais en vain. Les doléances les plus incongrues s’élevaient vers elle, tant la piété populaire savait que la Mère est infiniment indulgente aux faiblesses de l’humanité. La sentimentalité naturelle des Viennois fit que le culte marial, tel qu’il se développa au XVIIe et au XVIIIe siècle, eut en Autriche un développement plus ample encore qu’en Italie même, et l’on en trouvait encore récemment de touchants exemples.

Chapitre II. Portrait du viennois
La religion des Viennois
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Il n’y avait pas une fenêtre qui n’eût ses pots de fleurs, ses plantes grimpantes, ses cages d’oiseaux chanteurs, mais ce n’était pas la nature ; et, des mansardes qui dominaient les toits, les regards fuyaient mélancoliquement vers les hauteurs boisées de la forêt viennoise, cette forêt que tous les poètes et les musiciens ont chantée, depuis Walther von der Vogelweide jusqu’à Schubert et à Strauss. Quel bonheur aussi, pour une ville, que d’avoir à si peu de distance de ses portes une véritable forêt avec ses rares hameaux perdus au milieu des arbres, où l’on peut se promener sans rencontrer personne, sinon des biches qui s’enfuient à l’approche des hommes, effarouchées et gracieuses.

Chapitre II. Portrait du viennois
Amoureux de la nature
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Du haut de cette bizarre maison, en forme de tour, qui avait été la demeure de Paracelse, déjà, lorsqu’il résidait à Vienne, dans l’Adlergasse ; du haut logis de la Seitenstettergasse où il s’installa ensuite, Adalbert Stifter avait un vaste panorama sur la ville et ses environs. L’écrivain et le peintre, car il compte aussi parmi les meilleurs artistes romantiques, pouvait contempler à son aise le paysage de la plaine et des bois et, en même temps, observer les faits et gestes de ses voisins, la manière d’être et de marcher des passants dans la rue.

Chapitre II. Portrait du viennois
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Nous pouvons faire confiance à l’admirable romancier que fut Adalbert Stifter, et nous rapporter à son livre sur Vienne et les Viennois, pour connaître ses compatriotes.

Chapitre II. Portrait du Viennois
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Les modes égalaient en richesse, en beauté et en goût les architectures nouvelles. Karoline Pichler, cette romancière-mémorialiste qui a si bien représenté la Vienne de son temps, décrit les dames de l’aristocratie qui s’en vont à l’église enveloppées d’une grande cape noire garnie de fourrure de Pologne, bordée de satin rouge et de renard bleu, et égayée de houppes d’or.

Chapitre I. Vienne, ville heureuse
Modes et élégance
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Le destin d’une ville et le caractère de ses habitants sont inscrits par avance dans sa situation géographique, dans la configuration du paysage qui l’entoure, dans la manière dont cette ville « s’ouvre » ou, au contraire, « se ferme » aux influences extérieures. Celles-ci, d’autre part, se manifesteront avec plus de constance et d’efficacité, selon que les barrières naturelles sont plus ou moins perméables, selon que la mentalité du peuple est plus ou moins accessible à tout ce qui vient du dehors, selon, enfin, que son régime politique favorise le cosmopolitisme ou s’y oppose.

Chapitre I. Vienne, ville heureuse
Une cité harmonieuse
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Dans un genre tout différent, une autre commande se présenta à lui ; ce ne fut pas un jésuite qui la lui proposa, mais le fameux docteur Messmer, l'inventeur du magnétisme, dont le système faisait grand bruit, et qui, à cette époque habitait Vienne; il pria Mozart de lui donner, pour le théâtre de Verdure qu'il avait fait installer dans son parc magnifique, une œuvre convenant à un pareil décor.
Lorsque nous entendons Bastien et Bastien (K. V. 50), que l'on joue trop rarement, il faut rétablir le décor dans lequel ce petit opéra sans prétention fut donné, et pour lequel il fut écrit. Aurons-nous un de ces jardins déjà romantiques, dans lesquels une sorte d'inquiétude, de nostalgie, s'harmonise si délicatement avec la grâce rococo. Le théâtre de Mesmer devait ressembler à celui du parc de Mirabell, où Bastien et Bastien et est représenté aujourd'hui.

Chapitre V. Retour au bercail
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" L'illumination " que j'ai reçue, tout enfant, un jour où je m'amusais, assis sous le piano selon mon habitude, a éclairé toute ma vie. Je me suis brusquement immobilisé, transporté de bonheur et de ravissement en écoutant la sonate que ma mère interprétait au-dessus de moi. Le souvenir de cette matinée où le nom de Mozart m'a été révélé - "de qui est-ce, ce que tu jouais ?" avais-je demandé- est demeuré si vivant, si vital pour moi que le culte voué à Mozart, depuis cet instant, a duré jusqu'à aujourd'hui, aussi pur, aussi intense qu'alors.

Avant-propos
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Un conflit primordial, tenant à la nature même de ces deux êtres, veut qu'Ariane et le Minotaure se combat­tent ; il faut que l'âme humaine détruise le monstre. Je suppose que c'est Ariane qui a voulu la mort du Mino­taure, tout autant que Thésée la voulait, parce qu'il est juste, et nécessaire, que l'âme soit victorieuse de la bête. Ariane, cependant, ne peut pas descendre elle-­même dans le labyrinthe pour tuer le Minotaure ; Thé­sée, qui, de son côté, incarne l'énergie active, le dyna­misme viril, ne le pourrait pas, lui non plus, s'il n'était aidé par le principe féminin de la sagesse, la gnostique Sophia dont Ariane tient la place dans cette légende.
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Ce soir-là, il lui sembla agréable d'être seul, de n'être pas distrait par sa robe, sa bouche, ses mouvements, son corps, son babil, de la compagnie silencieuse des atlantes bariolés. il ne lui aurait pas déplu qu'elle fût en retard ; il aurait éprouvé du soulagement si elle n'était pas venue.
Quand elle viendra, ce sera trop tard. L'attente a été si calme, si dépourvue d'émotion, si plaisante même, car les atlantes faisaient de si drôles clins d'yeux, que le prince a constaté, sans étonnement, sans tristesse, qu'il ne l'aime plus.
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Ailleurs il y avait des balcons de bois, des échelles qui se perdaient dans la nuit, des plafonds indéfinissables, des escaliers qui, partant des ténèbres, aboutissaient aux ténèbres, d'énormes poutres auxquelles pendaient des cordes et des poulies, des herses de fer entrebâillées sur des abîmes obscurs, des grilles de barreaux couvrant l'entrée des caves, des trappes dangereusement ouvertes.

La rue perdue
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Si attaché qu'il fût, par certains côtés, aux vieux usages, le jeune duc ne reculait pas devant les procédés les plus nouveaux et les plus révolutionnaires, quand l'intérêt de l'Etat l'exigeait. De même que, comme le dit Chastellain, "il eût plutôt perdu la vie que les pays qu'il tenait du royaume", il renonçait volontiers aux préférences de son caractère chevaleresque et féodal, pour construire un Etat moderne, fort, capable de tenir en échec ses deux grands rivaux, la France et l'Angleterre. Il ne craignait pas, en cela, de suivre l'exemple donné par Louis XI qui appliquait de son côté une réforme judiciaire analogue en créant un corps de fonctionnaires, associés aux grands prévôts de l'armée, qui avaient comme eux des droits exceptionnels de haute et basse justice.
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Aussi veilla-t-il soigneusement sur les finances du duché, vérifiant lui-même les comptes de ses commis, refaisant leurs additions, et ne donnant efficacité qu'aux comptes qu'il avait lui-même marqués de son sceau. La réforme la plus importante qu'il fit fut la séparation de son patrimoine privé du patrimoine public. Le premier devait être alimenté uniquement par les ressources tirées de ses domaines personnels. Alors que son père confondait volontiers sa propre bourse avec les coffres publics, Charles se montra très strict en cette matière. Les finances de l'Etat seraient entretenues par les ressources de l'Etat; c'était une innovation considérable, dont peu de ses contemporains comprenaient la nécessité.
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A quatre ans, Frédéric II se trouvait donc roi d'Allemagne et roi de Sicile, en butte à toutes les machinations astucieuses ou brutales qui, toutes, tendaient à arracher à ses faibles petites mains le royaume que ses parents lui avaient légué. La seule autorité à laquelle on pouvait confier la charge de le protéger contre tous ces ennemis proches ou éloignés, était le pape; lui seul, pensait-on, n'abuserait pas de la situation pour accaparer la puissance qui revenait au petit roi. Le pape avait intérêt aussi à contrôler le royaume de Sicile.
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