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Citations de Marceline Desbordes-Valmore (257)


—Du talent, mademoiselle ! du talent ! répétait- il en taillant ses crayons et en regardant sa nièce avec une amitié colérique : oui , oui , du talent ! ou je vous ordonne d’aller vivre heureuse, grasse et rose , au fond l’atelier d’un peintre. d’un village. Apprenez qu’un grand talent dédommage seul des amertumes qu’il coûte; c’est un beau fruit quand il éclot tout entier, mais où tous les insectes se précipitent : j’ai lu cela je ne sais où; j’en ai pesé la justesse; et vous serez donc cruellement piquée, je vous en avertis. Mais n’importe : faites-moi un bon tableau, puisque vous ne voulez pas aller garder les moutons.
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LE LIVRE D'UNE PETITE FILLE

Dieu bénit les enfants qui vont vite à l'École;
Peut-on, sans les aimer, les regarder courir !
On les croirait poussés par quelque ange qui vote,
Qui de leurs longs cheveux leur souffle une auréole,
Frappe à la lourde porte et les aidé m'ouvrir.

J'en sais un dont là mère, humble femme, est heureuse,
Et qui chante toujours avec ses cheveux blancs
La reine dans ses fils est moins ambitieuse,
Que cette pauvre femme agitée et joyeuse,
Qui regarde voler deux petits pieds brûlants.

« La réputation commence avec la vie.
A-t-elle dit un jour a son précoce enfant
Cette échelle mouvante où monte aussi l'envie,
L'école grandira de mémoire suivie,
Et sera d'aujourd'hui le registre vivant.

Marche donc! marche droit sans retourner la tête.
Qui s'amuse au présent retarde l'avenir !
Tends les mains jour par jour aux leçons qu'il t'apprête;
Jeune, saute a pieds joints l'obstacle qui t'arrête;
Vieux, va t'asseoir paisible au banc du souvenir.

Moi. j'y suis. Moi pourtant, j'apprends encore je t'aime !
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LES MAINS BLANCHES

Adrien était un enfant soigneux. Il tenait
ses habits en ordre, il avait une brosse
pour les brosser lui-même. Aussi, tout
le monde lui disait souvent Adrien, tu
as donc un habit neuf! sa mère l'aimai!,
elle en était fière car un enfant qui aime
la propreté est un bien bel enfant!
Il ne courait point exprès dans la boue.
Personne ne se rappelle avoir jamais vu
une tache sur les vêtements ou sur les
mains d'Adrien qui avait alors quatre ans.
Donc sa mère avaituu plaisir infini quand
il les passait à son cou, dans un transport
caressant. Le plus beau collier d'or lui eut
semble moins précieux que les petites mains
toujours blanches et bien lavées d'Adrien
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Un tout petit enfant s'en allait a l'école.
On avait dit. Allez!... il tachait d'obéir
Mais son livre était lourd, il ne pouvait courir.
Il pleure et suit des yeux une abeille qui vole.

Abeille, lui dit-il, voulez-vous me parler?
Moi, je vais a l'école il faut apprendre a lire
Mais le maître est tout noir, et je n'ose pas rire
Voulez-vous rire, abeille, et m'apprendre a voler ?

« Non, dit-elle; j'arrive et je suis très-pressée.
J'avais froid; l'aquilon m'a longtemps oppressée
Enfin, j'ai vu les fleurs, je redescends du ciel,
Et je vais commencer mon doux rayon de miel.
Voyez ! j'en ai déjà puisé dans quatre roses
Avant une heure encore nous en aurons d'écloses.
Vite, vite à la ruche ! on ne rit pas toujours
C'est pour faire te miel qu'on nous rends les beaux jours.

Elle fuit et se perd sur la route embaumée.
Le frais lilas sortait d'un vieux mur entr'ouvert
Il saluait l'aurore, et l'aurore charmée
Se montrait sans nuage et riait de l'hiver.
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AMOUR.

Trop faibles que nous sommes ;
C’est toujours cet amour qui tourmente les hommes.
ANDRÉ CHÉNIER.

Ce que j’ai dans le cœur, brûlant comme notre âge,
Si j’ose t’en parler, comment le définir ?
Est-ce un miroir ardent frappé de ton image ?
Un portrait palpitant né de ton souvenir ?

Vois ! je crois que c’est toi, même dans ton absence,
Dans le sommeil ; eh quoi ! peut-on veiller toujours ?

Ce bonheur accablant que donne ta présence,
Trop vite épuiserait la flamme de mes jours.

Le même ange peut-être a regardé nos mères ;
Peut-être une seule âme a formé deux enfants.
Oui ! la moitié qui manque à tes jours éphémères,
Elle bat dans mon sein où tes traits sont vivants !

Sous ce voile de feu j’emprisonne ta vie :
Là, je t’aime, innocente, et tu n’aimes que moi :
Ah ! si d’un tel repos l’existence est suivie,
Je voudrais mourir jeune, et mourir avec toi !
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Si tu n'as pas perdu cette voix grave et tendre
Qui promenait mon âme au chemin des éclairs
Ou s'écoulait limpide avec les ruisseaux clairs,
Eveille un peu ta voix que je voudrais entendre.

Elle manque à ma peine, elle aiderait mes jours.
Dans leurs cent mille voix je ne l'ai pas trouvée.
Pareille à l'espérance en d'autres temps rêvée,
Ta voix ouvre une vie où l'on vivra toujours !

Souffle vers ma maison cette flamme sonore
Qui seule a su répondre aux larmes de mes yeux.
Inutile à la terre, approche-moi des cieux.
Si l'haleine est en toi, que je l'entende encore !

Elle manque à ma peine ; elle aiderait mes jours.
Dans leurs cent mille voix je ne l'ai pas trouvée.
Pareille à l'espérance en d'autres temps rêvée,
Ta voix ouvre une vie où l'on vivra toujours !
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Le soir, las d’une séance où il n’avait rien compris, d’une route à pied, et de son cœur gonflé de larmes, René s’endormit d’un sommeil si lourd, si léthargique, sur un banc du réfectoire, qu’il ne sentit pas les mille piqûres dont il était l’immobile objet, comme le mannequin d’un monstre qui servait à l’éducation attaquante des dogues que les chevaliers du moyen âge dressaient contre lui.
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Antony fut conduit en silence dans la voiture, qui roula si longtemps qu'il se crut à vingt lieues de Paris. Elle s'arrêta tout à coup, sur un cri des deux guides, au milieu desquels Antony était assis.
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AUX ENFANS QUI NE SONT PLUS.

Vous! à peine entrevus au terrestre séjour,
Beaux enfans ! voyageurs d'un jour,
Quand les astres sont purs, dans leurs tremblantes flammes
Voit-on flotter vos jeunes âmes?

Vous qui passez comme les fleurs,
Qui ne semblez toucher la terre
Que pour vous envoler tout baignés de nos pleurs,

Enfans, révélez-nous le triste et doux mystère
D'une apparition qui fait rêver le ciel,
Et de votre départ si prompt et si cruel.

Eh! comment voyons-nous nos plus pures délices
Se changer en amers calices
Pleins d'inépuisables regrets?
De ces sources de pleurs contez-nous les secrets.
Fleurs des tendres amours! ne laissez-vous de traces
Que vos chastes baisers, que vos tranquilles grâces,
Vos larmes sans remords, vos voix d'anges mortels,
Qui font des coeurs aimans vos douloureux autels?
Sous une forme périssable,
N'êtes-vous pas des cieux les jeunes messagers?
Et vos sourires passagers
Portent-ils de la foi l'empreinte ineffaçable?

Venez-vous en courant dire: « Préparez-vous!
« Bientôt vous quitterez ce que l'on croit la vie;
« Celle qui vous attend seule est digne d'envie:

« Oh! venez dans le ciel la goûter avec nous!
« Ne craignez pas, venez! Dieu règne sans colère;
« De nos destins charmans vous aurez la moitié.
« Celui qui pleure, hélas! ne peut plus lui déplaire,
« Le méchant même a part dans sa pitié.
« Sous sa main qu'il étend toute plaie est fermée;
« Qui se jette en son sein ne craint plus l'abandon;
« Et le sillon cuisant d'une larme enflammée
« S'efface au souffle du pardon.
« Embrassez-nous! Dieu nous rappelle:
« Nous allons devant vous; mères, ne pleurez pas!
« Car vous aurez un jour une joie immortelle,
« Et vos petits enfans souriront dans vos bras.»

Ainsi vous nous quittez, innocentes colombes,
Et sur nos toits d'exil vous planez un moment,
Pour écouter peut-être avec étonnement
Les cris que nous jetons à l'entour de vos tombes.
Ah ! du moins emportez au sein de notre Dieu
Les sanglots dont la terre escorte votre adieu.

Allez du moins lui dire: « Il est toujours des mères,
« Des femmes pour aimer, pour attendre et souffrir;
« Pour acheter longtemps, par des peines amères,
« Le bonheur de mourir! »
Ah ! dites-lui: «Toujours les hommes sont à plaindre;
« En vous nommant, Seigneur, ils ne s'entendent pas:
« Plus faibles que l'enfant dont vous guidez les pas,
« On ne leur apprend qu'à vous craindre.
« Et nous avons tremblé de demeurer longtemps,
« De nous perdre sans vous dans leurs sombres vallées;
« Et nous avons quitté nos mères désolées:
« Dieu! versez quelque espoir dans leurs cœurs palpitans,
(c Elles pleurent encore!» Il est trop véritable:
De vos berceaux déserts le vide épouvantable
Les fait longtemps mourir, et crier à genoux:
« Nous voulons nos enfans ! Nos enfans sont à nous!»

Mais Dieu pose sa main sur leurs yeux pleins de larmes;
Il éclaire, il console, il montre l'avenir;
L'avenir dévoilé resplendit de vos charmes,

Et l'espoir, goutte à goutte, endort le souvenir.
La promesse qui les enchante
Les suit jusque dans leur sommeil;
Et cette parole touchante
Les soutient encore au réveil:
« Laissez venir à moi ces jeunes créatures,
« Et je vous les rendrai; mères, ne pleurez pas!
« Priez! Dieu vous rendra vos amours les plus pures,
« Et vos petits enfans souriront dans vos bras. «
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Si tu es plus libre que moi, ne tarde pas à me rassurer dans mes craintes sur ta santé, sur l'état de ton âme dans toutes tes peines. Je te souhaite à présent l'espèce d'engourdissement où je me crois tombée pour les miennes. Il vient une heure, vois-tu, où l'on n'a plus la force de souffrir. On reste immobile devant le passé. On regarde l'incendie qui a tout dévoré, et le désespoir finit par s'amortir comme toutes ces flammes éteintes. Ce n'est qu'en voyant le ciel qu'on peut achever cette vie. Je veux le ciel, et j'y crois ! Tu peux croire de même à ma tendre amitié.
Les débuts sont terminés heureusement. Valmore est adopté dans cette ville , la dernière où j'eusse voulu appuyer un an des jours qui me restent. Et toi, resteras-tu longtemps où tu es ?
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La vie de Marceline est aussi émouvante que ses livres, avec lesquels elle se confond, d'ailleurs, tant ils en sont l'expression directe et frémissante. Nous la lui ferons, le plus possible, conter à elle-même, en nous servant de ses vers, des quelques notes en prose qu'elle a laissées, enfin de cette admirable correspondance intime que AI. Benjamin Rivière a publiée, et que M. Arthur Pougin a complétée par les nombreuses lettres qui suivent son étude sur la Jeunesse et Marceline Desbordes-Valmore.
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UNE LETTRE DE FEMME

Les femmes, je le sais, ne doivent pas écrire,
J'écris pourtant,
Afin que dans mou cœur au loin tu puisses lire
Comme eu partant.

Je ne tracerai rien qui ne soit dans toi-même
Beaucoup plus beau :
Mais le mot cent fois dit, venant de ce qu'on aime.
Semble nouveau.

Qu'il te porte au bonheur ! Moi, je reste à l'attendre.
Bien que, là-bas.
Je sens que je m'en vais, pour voir et pour entendre
Errer tes pas.

Ne te détourne point s'il passe une hirondelle
Par le chemin,
Car e crois que c'est moi qui passerai, fidèle.
Toucher ta main.

Tu t'en vas, tout s'en va ! Tout se met on voyage,
Lumière et fleurs ;
Le bel été te suit, me laissant à l'orage,
Lourde de pleurs.

Mais si l'on ne vit plus que d'espoir et d'alarmes
Cessant de voir,
Partageons pour le mieux : moi, je retiens les larmes
Garde l'espoir.

Non, je ne voudrais pas, tant je te suis unie.
Te voir souffrir :
Souhaiter la douleur à sa moitié bénie.
C'est se haïr.
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Est-ce d'elle qu'il est besoin de remarquer qu'elle était la plus étrangère aux vanités de l'amour-propre ? Elle accueillait chaque louange avec étonnement, avec reconnaissance; je n'ai jamais vu de talent aussi vrai qui ressemblât davantage à l'humilité même. Elle aimait les femmes poètes, celles qui sont dignes de ce nom; elle les louait volontiers, elle les préférait à elle, et cela non pas seulement tout haut, mais aussi tout bas, sincèrement.
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L'âme qui a senti de la sorte court risque de ne jamais guérir et de rester inconsolable en effet, dans une attitude de suppliante, avec sa blessure non fermée, et implorant toujours son pardon.
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MA CHAMBRE

Ma demeure est haute,
Donnant sur les cieux ;
La lune en est l'hôte,
Pâle et sérieux :
En bas que l'on sonne,
Qu'importe aujourd'hui?
Ce n'est plus personne ,
Quand ce n'est plus lui !

Aux autres cachée,
Je brode mes fleurs;
Sans être fâchée,
Mon âme est en pleurs:
Le ciel bleu sans voiles,
Je le vois d'ici ;
Je vois les étoiles :
Mais l'orage aussi !

Vis-à-vis la mienne
Une chaise attend :
Elle fut la sienne,
La nôtre un instant :
D'un ruban signée,
Cette chaise est là,
Toute résignée,
Comme me voilà !
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Les livres ont dès lors peuplé ma solitude
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LE NID SOLITAIRE

Va, mon âme, au-dessus de la foule qui passe,
Ainsi qu’un libre oiseau te baigner dans l’espace.
Va voir ! et ne reviens qu’après avoir touché
Le rêve… mon beau rêve à la terre caché.

Moi, je veux du silence, il y va de ma vie ;
Et je m’enferme où rien, plus rien ne m’a suivie ;
Et de son nid étroit d’où nul sanglot ne sort,
J’entends courir le siècle à côté de mon sort.

Le siècle qui s’enfuit grondant devant nos portes,
Entraînant dans son cours, comme des algues mortes,
Les noms ensanglantés, les voeux, les vains serments,
Les bouquets purs, noués de noms doux et charmants.

Va, mon âne, au-dessus de la foule qui passe,
Ainsi qu’un libre oiseau te baigner dans l’espace.
Va voir ! et ne reviens qu’après avoir touché
Le rêve… mon beau rêve à la terre caché !
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Et me voilà! voilà comme tu m'as rendue;
À deux pas de tes pas, je suis, seule, perdue;
Je dépends d'un nuage ou du vol d'un oiseau,
Et j'ai semé ma joie au sommet d'un roseau !
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L'avenir sone; arrête! Oh! que nous marchons vite!
Qu'une heure a peu de poids sur un cœur qui palpite!
Ne peut-on lentement respirer le bonheur?
Vivre sans éveiller le temps et le malheur?
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Et toi! dors-tu quand la nuit est si belle,
Quand l'eau me cherche et me fui comme toi;
Quand je te donne un coeur longtemps rebelle?
Dors-tu, ma vie! ou rêves-tu de moi?

Démêles-tu, dans ton âme confuse,
Les doux secrets qui brûlent entre nous?
Ces longs secrets dont l'amour nous accuse,
Viens-tu les rompre en songe à mes genoux?
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