AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Marceline Desbordes-Valmore (256)


Il est fait pour les pleurs et voilé par l'ennui.
Ce triste balancier, dans son bruit monotone,
Marque d'un temps perdu l'inutile lenteur;
Commenter  J’apprécie          150
Le Secret perdu

Qui me consolera ? - "Moi seule, a dit l'étude ;
J'ai des secrets nombreux pour ranimer tes jours."
Les livres ont dès lors peuplé ma solitude,
Et j'appris que tout pleure, et je pleurai toujours.

Qui me consolera ? - "Moi, m'a dit la parure ;
Voici des nœuds, du fard, des perles et de l'or."
Et j'essayai sur moi l'innocente imposture,
Mais je parais mon deuil, et je pleurai encor.

Qui me consolera ? - "Nous, m'ont dit les voyages ;
Laisse-nous t'emporter vers de lointaines fleurs."
Mais, toute éprise encor de mes premiers ombrages,
Les ombrages nouveaux n'ont caché que mes pleurs.

Qui me consolera ? - Rien, plus rien ; plus personne.
Ni leurs voix, ni ta voix ; mais descends dans ton cœur ;
Le secret qui guérit n'est qu'en toi. Dieu le donne :
Si Dieu te l'a repris, va ! renonce au bonheur !
Commenter  J’apprécie          80
L'amour

Vous demandez si l’amour rend heureuse ;
Il le promet, croyez-le, fût-ce un jour.
Ah ! pour un jour d’existence amoureuse,
Qui ne mourrait ? la vie est dans l’amour.

Quand je vivais tendre et craintive amante,
Avec ses feux je peignais ses douleurs :
Sur son portrait j’ai versé tant de pleurs,
Que cette image en paraît moins charmante.

Si le sourire, éclair inattendu,
Brille parfois au milieu de mes larmes,
C’était l’amour ; c’était lui, mais sans armes ;
C’était le ciel… qu’avec lui j’ai perdu.

Sans lui, le coeur est un foyer sans flamme ;
Il brûle tout, ce doux empoisonneur.
J’ai dit bien vrai comme il déchire une âme :
Demandez-donc s’il donne le bonheur !

Vous le saurez : oui, quoi qu’il en puisse être,
De gré, de force, amour sera le maître ;
Et, dans sa fièvre alors lente à guérir,
vous souffrirez, ou vous ferez souffrir.

Dès qu’on l’a vu, son absence est affreuse ;
Dès qu’il revient, on tremble nuit et jour ;
Souvent enfin la mort est dans l’amour ;
Et cependant… oui, l’amour rend heureuse !
Commenter  J’apprécie          100
Dans les roses peut-être une abeille s’élance :
Je voudrais être abeille et mourir dans les fleurs !

(Poésies, 1830)
Commenter  J’apprécie          320
Laissez pleuvoir, ô coeurs solitaires et doux !
Sous l'orage qui passe il renaît tant de choses.
Le soleil sans la pluie ouvrirait-il les roses ?
Amants, vous attendez, de quoi vous plaignez-vous ?

[Extrait du poème La Jeune Fille et le Ramier]
Commenter  J’apprécie          60
Sans l’oublier, on peut fuir ce qu’on aime.
On peut bannir son nom de ses discours,
Et, de l’absence implorant le secours,
Se dérober à ce maître suprême,
Sans l’oublier !

Sans l’oublier, j’ai vu l’eau, dans sa course,
Porter au loin la vie à d’autres fleurs ;
Fuyant alors le gazon sans couleurs,
J’imitai l’eau fuyant loin de la source,
Sans l’oublier !

Sans oublier une voix triste et tendre,
Oh ! que de jours j’ai vus naître et finir !
Je la redoute encor dans l’avenir :
C’est une voix que l’on cesse d’entendre,
Sans l’oublier !
Commenter  J’apprécie          120
Marceline Desbordes-Valmore
Une ruelle de Flandre

Dans l'enclos d'un jardin gardé par l'innocence
J'ai vu naître vos fleurs avant votre naissance,
Beau jardin , si rempli d'oeillets et de lilas
Que de le regarder on n'était jamais las.

En me haussant au mur dans les bras de mon frère,
Que de fois j'ai passé mon bras par la barrière
Pour atteindre un rameau de ces calmes séjours
Qui souple s'avançait et s'enfuyait toujours!

Que de fois , suspendus aux frêles palissades,
Nous avons savouré leurs molles embrassades,
Quand nous allions chercher pour le repos du soir
Notre lait à la cense, et longtemps nous asseoir

Sous ces rideaux mouvants qui bordaient la ruelle,
Hélas! Qu'aux plaisirs purs la mémoire est fidèle !
Errant dans les parfums de tous ces arbres verts (...)

(" Poésies inédites")
Commenter  J’apprécie          483
Vous surtout que je plains si vous n'êtes chéries,
Vous surtout qui souffrez, je vous prends pour mes sœurs :
C'est à vous qu'elles vont, mes lentes rêveries,
Et de mes pleurs chantés les amères douceurs.
Commenter  J’apprécie          20
Les séparés

N’écris pas. Je suis triste, et je voudrais m’éteindre.
Les beaux étés sans toi, c’est la nuit sans flambeau.
J’ai refermé mes bras qui ne peuvent t’atteindre,
Et frapper à mon cœur, c’est frapper au tombeau.
N’écris pas !

N’écris pas. N’apprenons qu’à mourir à nous-mêmes,
Ne demande qu’à Dieu… qu’à toi, si je t’aimais !
Au fond de ton absence écouter que tu m’aimes,
C’est entendre le ciel sans y monter jamais.
N’écris pas !

N’écris pas. Je te crains ; j’ai peur de ma mémoire ;
Elle a gardé ta voix qui m’appelle souvent.
Ne montre pas l’eau vive à qui ne peut la boire.
Une chère écriture est un portrait vivant.
N’écris pas !

N’écris pas ces deux mots que je n’ose plus lire :
Il semble que ta voix les répand sur mon cœur ;
Que je les vois brûler à travers ton sourire ;
Il semble qu’un baiser les empreint sur mon cœur.
N’écris pas !
Commenter  J’apprécie          40
J'oubliai tout dès que l'Amour pleura

Son image
Commenter  J’apprécie          40
Marceline Desbordes-Valmore
J'étais à toi peut-être avant de t'avoir vu.
Ma vie, en se formant, fut promise à la tienne;
Ton nom m'en avertit par un trouble imprévu ,
Ton âme s'y cachait pour éveiller la mienne.(...)

(" Poésies", 1822)
Commenter  J’apprécie          510
Les roses de Saadi


J’ai voulu ce matin te rapporter des roses ;
Mais j’en avais tant pris dans mes ceintures closes
Que les noeuds trop serrés n’ont pu les contenir.

Les noeuds ont éclaté. Les roses envolées
Dans le vent, à la mer s’en sont toutes allées.
Elles ont suivi l’eau pour ne plus revenir ;

La vague en a paru rouge et comme enflammée.
Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée…
Respires-en sur moi l’odorant souvenir.
Commenter  J’apprécie          20
Marceline Desbordes-Valmore
Amour, divin rôdeur, glissant entre les âmes,
Sans te voir de mes yeux, je reconnais tes flammes.
Inquiets des lueurs qui brûlent dans les airs,
Tous les regards errants sont pleins de tes éclairs ...
Commenter  J’apprécie          382
Écoute cette femme qui te parcourt d’un silencieux concert
Cette femme de murmures divins dans une chambre d’hôtel
Qui s’en revient d’avoir erré dans une ville de marbre et de mascarades
Où le soleil est du vin renversé l’ombre sent l’ambre du figuier
Lasse à mourir de la beauté des pierres
Les yeux pleins d’églises dit-elle
On dirait un grillon perdu dans une maison sans cheminées
Partagée entre cet homme en elle ce ravage d’elle-même
Ce chant qui ne veut pas mourir
Et les soucis mesquins l’argent qui manque et les vêtements usés

ARAGON, Le voyage d'Italie
Commenter  J’apprécie          80
Les Femmes, je le sais, ne doivent pas écrire:
J'écris pourtant
Commenter  J’apprécie          20
Marceline Desbordes-Valmore
Les roses de Saâdi

J'ai voulu ce matin te rapporter des roses ;
Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes
Que les nœuds trop serrés n'ont pu les contenir.

Les nœuds ont éclaté. Les roses envolées
Dans le vent, à la mer s'en sont toutes allées.
Elles ont suivi l'eau pour ne plus revenir ;

La vague en a paru rouge et comme enflammée.
Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée...
Respires-en sur moi l'odorant souvenir.


Commenter  J’apprécie          71
Marceline Desbordes-Valmore
Rêve intermittent d'une nuit triste

Ô champs paternels hérissés de charmilles
Où glissent le soir des flots de jeunes filles !
Ô frais pâturage où de limpides eaux
Font bondir la chèvre et chanter les roseaux !
Ô terre natale ! à votre nom que j'aime,
Mon âme s'en va toute hors d'elle-même ;
Mon âme se prend à chanter sans effort ;
A pleurer aussi, tant mon amour est fort !
J'ai vécu d'aimer, j'ai donc vécu de larmes ;
Et voilà pourquoi mes pleurs eurent leurs charmes ;
Voilà, mon pays, n'en ayant pu mourir,
Pourquoi j'aime encore au risque de souffrir ;
Voilà, mon berceau, ma colline enchantée
Dont j'ai tant foulé la robe veloutée,
Pourquoi je m'envole à vos bleus horizons,
Rasant les flots d'or des pliantes moissons.
La vache mugit sur votre pente douce,
Tant elle a d'herbage et d'odorante mousse,
Et comme au repos appelant le passant,
Le suit d'un regard humide et caressant.
Jamais les bergers pour leurs brebis errantes
N'ont trouvé tant d'eau qu'à vos sources courantes.
J'y rampai débile en mes plus jeunes mois,
Et je devins rose au souffle de vos bois.
Les bruns laboureurs m'asseyaient dans la plaine
Où les blés nouveaux nourrissaient mon haleine.
Albertine aussi, sœur des blancs papillons,
Poursuivait les fleurs dans les mêmes sillons ;
Car la liberté toute riante et mûre
Est là, comme aux cieux, sans glaive, sans armure,
Sans peur, sans audace et sans austérité,
Disant : « Aimez-moi, je suis la liberté !
« Je suis le pardon qui dissout la colère,
Et je donne à l'homme une voix juste et claire.
« Je suis le grand souffle exhalé sur la croix
Où j'ai dit : Mon père ! on m'immole, et je crois !
« Le bourreau m'étreint : je l'aime ! et l'aime encore,
Car il est mon frère, ô père que j'adore !
« Mon frère aveuglé qui s'est jeté sur moi,
Et que mon amour ramènera vers toi ! »
Ô patrie absente ! Ô fécondes campagnes,
Où vinrent s'asseoir les ferventes Espagnes !
Antiques noyers, vrais maîtres de ces lieux,
Qui versez tant d'ombre où dorment nos aïeux !
Échos tout vibrants de la voix de mon père
Qui chantait pour tous : « Espère ! espère ! espère ! »
Ce chant apporté par des soldats pieux
Ardents à planter tant de croix sous nos cieux,
Tant de hauts clochers remplis d'airain sonore
Dont les carillons les rappellent encore :
Je vous enverrai ma vive et blonde enfant
Qui rit quand elle a ses longs cheveux au vent.
Parmi les enfants nés à votre mamelle,
Vous n'en avez pas qui soit si charmant qu'elle !
Un vieillard a dit en regardant ses yeux :
« Il faut que sa mère ait vu ce rêve aux cieux ! »
En la soulevant par ses blanches aisselles
J'ai cru bien souvent que j'y sentais des ailes !
Ce fruit de mon âme, à cultiver si doux,
S'il faut le céder, ce ne sera qu'à vous !
Du lait qui vous vient d'une source divine
Gonflez le cœur pur de cette frêle ondine.
Le lait jaillissant d'un sol vierge et fleuri
Lui paîra le mien qui fut triste et tari.
Pour voiler son front qu'une flamme environne
Ouvrez vos bluets en signe de couronne :
Des pieds si petits n'écrasent pas les fleurs,
Et son innocence a toutes leurs couleurs.
Un soir, près de l'eau, des femmes l'ont bénie,
Et mon cœur profond soupira d'harmonie.
Dans ce cœur penché vers son jeune avenir
Votre nom tinta, prophète souvenir,
Et j'ai répondu de ma voix toute pleine
Au souffle embaumé de votre errante haleine.
Vers vos nids chanteurs laissez-la donc aller ;
L'enfant sait déjà qu'ils naissent pour voler.
Déjà son esprit, prenant goût au silence,
Monte où sans appui l'alouette s'élance,
Et s'isole et nage au fond du lac d'azur
Et puis redescend le gosier plein d'air pur.
Que de l'oiseau gris l'hymne haute et pieuse
Rende à tout jamais son âme harmonieuse !...
Que vos ruisseaux clairs, dont les bruits m'ont parlé,
Humectent sa voix d'un long rythme perlé !
Avant de gagner sa couche de fougère,
Laissez-la courir, curieuse et légère,
Au bois où la lune épanche ses lueurs
Dans l'arbre qui tremble inondé de ses pleurs,
Afin qu'en dormant sous vos images vertes
Ses grâces d'enfant en soient toutes couvertes.
Des rideaux mouvants la chaste profondeur
Maintiendra l'air pur alentour de son cœur,
Et, s'il n'est plus là, pour jouer avec elle,
De jeune Albertine à sa trace fidèle,
Vis-à-vis les fleurs qu'un rien fait tressaillir
Elle ira danser, sans jamais les cueillir,
Croyant que les fleurs ont aussi leurs familles
Et savent pleurer comme les jeunes filles.
Sans piquer son front, vos abeilles là-bas
L'instruiront, rêveuse, à mesurer ses pas ;
Car l'insecte armé d'une sourde cymbale
Donne à la pensée une césure égale.
Ainsi s'en ira, calme et libre et content,
Ce filet d'eau vive au bonheur qui l'attend ;
Et d'un chêne creux la Madone oubliée
La regardera dans l'herbe agenouillée.
Quand je la berçais, doux poids de mes genoux,
Mon chant, mes baisers, tout lui parlait de vous,
Ô champs paternels, hérissés de charmilles
Où glissent le soir des flots de jeunes filles.
Que ma fille monte à vos flancs ronds et verts,
Et soyez béni, doux point de l'Univers !
Commenter  J’apprécie          10
Elégie


Extrait 2

Dès lors il ressaisit mon oreille étonnée ;
Elle y devint soumise, elle y fut enchaînée.
J’exprimais par lui seul mes plus doux sentiments ;
Je l’unissais au mien pour signer mes serments.
Je le lisais partout, ce nom rempli de charmes,
      Et je versais des larmes.
D’un éloge enchanteur toujours environné,
À mes yeux éblouis il s’offrait couronné.
Je l’écrivais... bientôt je n’osai plus l’écrire,
Et mon timide amour le changeait en sourire.
Il me cherchait la nuit, il berçait mon sommeil ;
Il résonnait encore autour de mon réveil ;
Il errait dans mon souffle, et lorsque je soupire
C’est lui qui me caresse et que mon cœur respire.

Nom chéri ! nom charmant ! oracle de mon sort !
Hélas ! que tu me plais, que ta grâce me touche !
Tu m’annonças la vie, et, mêlé dans la mort,
Comme un dernier baiser tu fermeras ma bouche.

p.76
Commenter  J’apprécie          20
Elégie


Extrait 1

J’étais à toi peut-être avant de t’avoir vu.
Ma vie, en se formant, fut promise à la tienne ;
Ton nom m’en avertit par un trouble imprévu,
Ton âme s’y cachait pour éveiller la mienne.
Je l’entendis un jour, et je perdis la voix ;
Je l’écoutai longtemps, j’oubliai de répondre ;
Mon être avec le tien venait de se confondre ;
Je crus qu’on m’appelait pour la première fois.

Savais-tu ce prodige ? Eh bien, sans te connaître,
J’ai deviné par lui mon amant et mon maître,
Et je le reconnus dans tes premiers accents,
Quand tu vins éclairer mes beaux jours languissants.
Ta voix me fit pâlir, et mes yeux se baissèrent.
Dans un regard muet nos âmes s’embrassèrent ;
Au fond de ce regard ton nom se révéla,
Et sans le demander j’avais dit : « Le voilà ! »

p.75-76
Commenter  J’apprécie          10
Marceline Desbordes-Valmore
N'écris pas. Je suis triste, et je voudrais m'éteindre.
Les beaux étés sans toi, c'est la nuit sans flambeau.
J'ai refermé mes bras qui ne peuvent t'atteindre,
Et frapper à mon coeur, c'est frapper au tombeau.
N'écris pas !
Commenter  J’apprécie          150



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Marceline Desbordes-Valmore (436)Voir plus

Quiz Voir plus

Trouverez vous la bonne ville ?1

Aujourd'hui il a mangé du

Paris
Lyon

10 questions
49 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}