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Critiques de Mariana Enriquez (328)
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Notre part de nuit

Difficile de dire si j'ai aimé ou détesté Notre part de nuit.

Certains passages, d'une beauté troublante, m'ont bouleversée lorsque d'autres m'ont laissée de marbre. La poésie de Mariana Enriquez est simple et imagée mais elle est également longue et cruelle. Plusieurs pages de métaphores mâtinées de fantastique. Lorsque visions, hallucinations et surnaturel se mêlent il est parfois difficile de déterminer un vrai fil conducteur et une histoire qui tienne la route. C'est un ovni littéraire, un magnifique ovni certes, mais un ovni quand même.
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Notre part de nuit

Voilà j'ai fini, j'en suis venue à bout de ces 800 pages. Et j’ai mis presque 3mois.

J'ai cru que ce roman m’envoûterait, au vu des critiques dithyrambiques qu'on m'en a fait, de son absolument magnifique couverture, de son résumé alléchant et de ses débuts prometteurs.

Mais je suis (à regret) passée à côté. Il y avait trop de digressions à mon gout et qui selon moi ne servaient pas à l'intrigue principale. J'ai beaucoup aimé certains passages qui ont réussi a me happer mais malheureusement certains autres m'ont ennuyé. Je n'ai pas vraiment réussi à m'attacher aux personnages même pas celui de Gaspar, et pire encore, je n'ai pas vraiment réussi à les cerner. J'ai détesté certaines ellipses qui m'ont privé de parties de l'intrigue qui justement m'intriguaient réellement. J'ai également manqué de révélations régulières qui auraient pu me tenir en haleine et j'ai finalement manqué de révélations tout court, que pourtant j’ai attendu jusqu’à la fin.

Cependant rendons à César ce qui lui appartient, Notre part de nuit est une œuvre littéraire ambitieuse, recherchée, et très bien écrite que je suis contente d’avoir découverte. Mariana Enriquez fait preuve d'un grand talent dans sa narration dans la construction de son récit. Mais ma lecture a manqué de saveur et la magie n'a pas opéré sur moi mais je vois qu'elle a opéré sur d'autres, je n'y vois donc pas un raté littéraire mais simplement une œuvre que je n’ai pas su apprécier à sa juste valeur. Je vous souhaite néanmoins de la découvrir et d'être plus envoûté que moi.

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Notre part de nuit

Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre en me plongeant dans ce pavé argentin. Toujours est-il que j'ai adoré ce que j'y ai trouvé. 

Une ambiance d'abord ; à la fois douce, enveloppante et angoissante. 

Des personnages aussi ; attachants et tellement vrais.

Une construction surtout ; intelligente, originale et virevoltante. 



J'ai tout aimé de ce roman. J'ai aimé la place qu'il laissait aux personnages et à leurs relations que j'ai trouvées très touchantes. Juan, Gaspar et les autres offrent au lecteur une saga fantastique, une fresque historique au suspense haletant, une course aux allures de road-movie baroque. Rien n'est laissé au hasard et si parfois, on peut se sentir un peu perdu à la lecture, emporté par la frénésie du récit, on retombe toujours sur ses pattes quelques pages plus loin. C'est brillant ! 



Inutile d'essayer de résumer Notre part de nuit. Si ce livre est inclassable par bien des aspects, je sais néanmoins où le classer dans ma bibliothèque et ce sera directement dans les 5 étoiles ! 
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Notre part de nuit

Que voilà un élan d'un lyrisme envoûtant atteignant des sommets quasi inégalés

Une diva de littérature consacrée, sombre et opaque zébrée d'éclats foudroyants de trouvailles horrifiques

Il y a là les antagonistes de lumières qui veulent quand même trouer l'obscurité terrible omniprésente

Les personnages, que l'on y adhère ou non, tant ils culminent dans leurs extravagances terribles poussées à leur paroxysme ne peuvent nullement laisser indifférents



On n'en ressort PAS INDEMNE
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Notre part de nuit

Quel livre ! J'ai mis du temps à le lire mais j'y suis finalement parvenu. C'est un véritable OVNI pour moi.



On y suit la quête d'un père et de son fils en Amérique du Sud, étalée sur une trentaine d'années. Ils cherchent à fuir une société secrète qui a des objectifs démoniaques les concernant. Difficile d'en dire davantage sans spoiler, et je veux éviter cela !



Ce roman parle d'Amérique du Sud et de dictatures, de rapports père-fils, de fantastique et même d'horreur, d'amour, d'enfance, etc. Il concentre de nombreux thèmes différents à tel point que, pour moi, il ne doit pas être limité à seulement du fantastique.



Quelques passages sont un longs (par exemple ) et le roman aurait pu être raccourci d'une centaine de pages. Mais dans l'ensemble, c'est un livre absolument génial. Je pourrais le rapprocher de la Maison des Feuilles, de Mark Z. Danielewski, là aussi un livre difficile à décrire.



Quelques scènes du livre sont particulièrement effrayantes et risquent de se graver dans vos souvenirs (c'est un lecteur de Stephen King qui vous le dit !). Je pense notamment à . L'ambiance est souvent lourde, poisseuse.



C'est un livre qui vous marquera et que je recommande absolument. Lisez-le !
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Les dangers de fumer au lit

J'ai passé un bon moment de lecture au fil de ces douze nouvelles argentines, mêlant fantastique et horreur. Elles sont très bien écrites, débordent d'imagination et vous feront voyager dans les noirceurs de l'âme humaine. Vous y rencontrerez des fantômes, des sorcières, des jeunes filles prêtes à tout pour un garçon, un clodo jeteur de sorts et bien d'autres fous. A dévorer jusqu'au sang !
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Notre part de nuit

Monstrueux, cauchemardesque, psychédélique, voire même psychotique… mais carrément addictif !

Deux avertissements avant d’ouvrir Notre part de nuit : aimer les pavés (745 pages pour la version poche) et avoir le cœur bien accroché.

Je ne suis pas adepte de romans d’épouvante, étant carrément trouillarde, et c’est sans doute ce qui m’avait fait hésiter à m’y plonger, à la lecture de différents commentaires. Mais l’envie de lire un roman qui me déconnecterait du réel l’a emporté… et pour le coup, la déconnexion fut totale (brutale ?).

Le pitch : Juan, médium à son corps défendant d’une secte d’azimutés dangereux (on en parle de Mercedes, version trash et sous acide de Cruella d’enfer ?) fuit à travers l’Argentine pour tenter de sauver son fils, Gaspar, des griffes de l’Obscurité (et donc des siennes, au propre comme au figuré). Autour de ce duo père-fils amoureux de poésie et pour le moins atypique (car Gaspar a bien sûr hérité des dons de son père) gravite une galerie de personnages plus ou moins attachants, plus ou moins monstrueux qui seront là pour les aider ou les bouffer (ah oui, les tarés de la secte donnent des humains à manger aux ténèbres).

Je caricature à peine, mais ce qui est fou c’est que ce roman est fascinant. La construction narrative

- 6 parties, absolument pas chronologiques - permet de donner un souffle au récit et, à l’exception de quelques (toutes) petites longueurs, d’engloutir les 750 pages de ce « roman-monstre », comme il a été baptisé. On traverse le temps et les lieux, on (re)vit les faits historiques comme on ouvre des portes sur d’inimaginables épisodes fantastiques : la dictature argentine entre 1976 et 1983, l’apparition du sida, la crise économique, la fin des années 60 à Londres… et puis l’Autre Lieu et son sinistre paysage qui, tout du long, m’a fait penser à des peintures de Dali…

Un livre que je ne suis pas prête d’oublier.
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Notre part de nuit

Notre part de nuit est un roman fantastique sombre et occulte de la brillante autrice argentine Mariana Enriquez. Traduit et publié en France aux éditions Le Sous-Sol en 2021, ce roman a fait grand bruit dans le monde de la littérature. Un prodigieux roman de 745 pages dont la "nuit" évoquée dans le titre n'est pas sans rappeler le titre d'un poème d'Emily Dickinson "our share of night to bear" (1852), rappelant que nous avons tous.tes une part sombre en nous avec laquelle nous traversons l'existence.



Notre part de nuit narre l'histoire d'un père et son fils, Gaspar et Juan. Le garçon a un don hors du commun. Tout comme son père, il possède un pouvoir de médiumnité très puissant lui permettant de convoquer l'Obscurité, cette force occulte intangible et vorace. Cependant, Juan lui a caché l'étendue réelle de ses pouvoirs et de ses capacités, pour le tenir hors de portée de l'Ordre, une société secrète qui veut les utiliser dans le but d'acquérir la vie éternelle au prix de souffrances inimaginables pour nourrir l'Obscurité.



Juan est l'un des plus puissants médiums découverts par l'Ordre, si ce n'est LE plus puissant. Mais il est aussi atteint une terrible malformation cardiaque qui pourrait l'emporter à tout moment. Il est malgré tout traqué, pourchassé, harcelé par cette société secrète qui n'attend qu'une chose de lui : qu'il transfère sa conscience dans un autre corps pour continuer à servir l'Ordre et leur permettre d'atteindre leur but ultime.



Articulé en six parties, le roman s'étale des années 1970 à fin 1990, en pleine dictature argentine ravageant le pays par sa violence. Le récit alterne les points de vue narratif pour tisser son intrigue et dévoiler petit à petit son dessein. La plume incisive et marquée de Mariana Enriquez ainsi que son style brut et inflexible invitent le lecteur à s'immerger tout entier dans cet univers sombre, froid et implacable, teinté de surnaturel et d'occultisme, oscillant entre lumière et ténèbre.



Je salue l'originalité de l'histoire, qui casse les codes de ce qu'on a l'habitude de lire dans le genre. J'ai dévoré ce roman sans en laisser une miette, je m'en suis même léché les doigts après l'avoir terminé pour profiter jusqu'au bout de sa saveur douce-amer. En revanche, la brièveté de l'épilogue m'a quelque peu laissée sur ma faim. Mais cette fin est à l'image du roman entier, rude et impitoyable. Un coup de coeur absolu pour ce roman et le talent remarquable d'Enriquez.
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Les dangers de fumer au lit

Je vous fais aujourd'hui mon retour sur ma dernière lecture [Les dangers de fumer au lit] de Mariana Enriquez aux éditions du sous-sol.



Je n'aime pas trop le format du recueil en général mais celui-ci, punaise quelle belle découverte. Certaines histoires étaient mieux que d'autres mais ça c'est assez fréquent dans un recueil !! Un petit bonbon dégoulinant d'horreur, de cas étranges et de superstitions latines. J'ai adoré !!!



12 nouvelles fantastiques/horrifiques se déroulant à l'étranger notamment en Argentine ou en Espagne dans la plupart des cas, ça rajoute beaucoup aux histoires ça sort des sentiers battues.



Celles que j'ai préférées sont :



L'exhumation d'Angelita

La vierge des tufières

Le puits

Le mirador

Où es-tu mon coeur

Viande

Quand on parlait avec les morts



Un recueil malsain, tragique, dérangeant et glauque écrit avec un style d'écriture brut qui fonctionne à merveille. Un coup de cœur pour cette autrice et ses histoires, je vais rapidement me procurer ses autres écrits.

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Les dangers de fumer au lit

Lecture en VO



Je découvre enfin la plume de Mariana Enriquez et quelle découverte ! Envoûtante et fascinante, elle va, sans nulle doute, marquer cette année de sa patte si singulière.



Mariana nous propose douze nouvelles sombres et insolites. Des histoires ancrées dans le quotidien avec une touche de surnaturel, des contes fantastiques macabres.

Elles sont plus dérangeantes et perturbantes qu'horrifiques. Pour certaines, l'horreur est traditionnelle comme les fantômes, les maisons hantées ou encore les sorcières, mais pour d'autres, elle se cache dans la pauvreté, la misère, la crasse et la douleur ou dans les exactions de la dictature. L'horreur est bien présente dans chacune de ces nouvelles et se glisse dans chacun des sujets abordés: disparitions, deuil, superstitions, cannibalisme, sexe, folie, obsessions, apparitions, vengeance ou culpabilité. La mort les relie toutes entre elles.

L'auteure met souvent en scène des jeunes femmes perturbées et paumées avec en toile de fond une critique politique et sociale. Elle raconte tout en dénonçant.



L'écriture est crue, acérée, violente, sans tabous ni aucune forme d'inhibition, et à la fois empreinte de poésie. Le glauque côtoie le morbide avec parfois un soupçon de tendresse. Ca ne plaira pas à tout le monde, vous êtes prévenus.



Comme d'habitude je ne vais pas vous résumer les nouvelles mais vous citer mes préférées : El desentierro de Angelita (L'exhumation d'Angelita), Rambla triste y El aljibe (Le puits). La nouvelle éponyme est celle que j'ai le moins appréciée.



La narratrice est parfaite et l'écoute a été hyper agréable. Elle ne raconte pas une histoire, elle la vit. J'adore l'accent argentin et leurs régionalismes. Ca m'a rappelé bien des souvenirs.



J'ai été ravie de découvrir l'univers très particulier de l'auteure. Elle se réapproprie le genre horrifique, modernise l'épouvante et réinvente le réalisme magique avec un style unique et bien à elle. C'est dérangeant, d'une noirceur abyssale et puissant. Une lecture déconcertante et divinement ensorcelante. Je vais me plonger sans tarder dans un second recueil avant de m'attaquer à Notre part de nuit.



Vous laisserez-vous tenter par ces nouvelles cauchemardesques ?
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Les dangers de fumer au lit

Un livre parfait pour les adeptes de petites histoires bien construites avec un savoureux mélange noir et plus ou moins horrifique, entrelaçant des esprits, une planche ouija, des revenants, du cannibalisme, du sombre, du surnaturel, du fantastique et du borderline.



Ce que j'aime particulièrement, outre le style fluide de Mariana Enquirez (et son efficace traduction), c'est sa manière de quitter le réel et le pragmatique, sans que l'on s'en aperçoive, pour glisser au bord de l'invisible, de la magie et du hors cadre. Elle parvient ainsi à façonner des atmosphères qui donnent la chair de poule et à secouer nos croyances et nos doutes avec subtilité.



Elle instille tension et suspens, avec une efficacité déconcertante pour mettre notre rationalité et notre crainte de l'inconnu et de l'inexpliqué à rude épreuve, sans jamais en faire trop. Et c'est justement cette balance équilibrée, juste à la frontière de, qui rend ses récits si puissants.



Un pur régal.



Liste des nouvelles : L'exhumation d'Angelita / La Vierge des tufières / le caddie / le puits / Rambla Triste / le mirador / Où es-tu mon coeur / Viande / Ni anniversaires ni baptêmes / Les petits revenants / Les dangers de fumer au lit / Quand on parlait avec les morts
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Notre part de nuit

Un livre que j'avais hâte de lire. Étant donné qu'il vient de sortir en poche, c'est l'occasion de m'y lancer !

Un père (Juan) et son fils (Gaspard) sont en fuite à travers l'Argentine. Leur but ? Échapper à une secte mystérieuse, dont Juan est l'un des médiums les plus puissants. L'homme est prêt à tout pour que son fils ne subisse pas la même chose que lui. Notre part de nuit va nous faire voyager, tout d'abord entre les points de vue de différents personnages, que ce soit Juan, Gaspard ou d'autres ; nous découvrons ensuite l'Argentine, dans tout ce qu'il y a de magnifique et de terrible ; et nous voyageons aussi dans un autre univers, onirique et terrifiant.

J'ai entendu beaucoup parler de Notre part de nuit. Mais j'avais peur d'être déçue tant les avis étaient élogieux, et aussi par rapport à la densité du bouquin : à la fois sa taille mais aussi tout les thèmes abordés. Car c'est un mélange de roman historique et contemporain, fantastique et horrifique... Bref, un beau gros pavé bien compliqué à catégoriser !

Mais tout ceci s'harmonise admirablement. Le fantastique se marie très bien avec la réalité, l'horreur surnaturelle fait écho à l'horreur de la guerre. Et je préfère prévenir qu'il y a souvent des scènes violentes, dérangeantes. Que ce soit avec ce que les êtres humains sont capables de faire pour plus de pouvoir ou pour survivre, avec ces descriptions de l'histoire de l'Argentine en fond (dictature, censure, disparitions, exécutions... ), le tout donne un livre très sombre !

Le récit de Mariana Enriquez est parfois confus, obscur, déconcertant... Mais c'est le but ! Le début peut donc être dur, mais il faut accepter ce désarroi, cette perturbation. Je me suis laissée porter par le rythme et l'histoire, jusqu'à être totalement happée. Notre part de nuit est très particulier, mais je vous conseille cette lecture car on n'en ressort pas indifférent ni intact.

Et vous, qu'avez-vous pensé de Notre part de nuit ?
Lien : http://chezlechatducheshire...
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Les dangers de fumer au lit

A force de le voir passer, j’ai voulu me faire mon idée. Oui mais voilà, je me suis arrêté au « il est génial » « j’ai adoré » et je n’ai fait attention au fait que ce livre est un recueil e nouvelles. Arf, je n’aime pas les nouvelles, peu trouvent grâce à mes yeux.



Ce livre ne fera pas figure d’exception même si je dois avouer par contre que j’ai aimé cette ambiance qui se dégagent de ces nouvelles. Très clairement (et même si les puristes diront que je ne lis que la traduction), c’est l’écriture qui donne ce ton si particulier à cette univers de fantôme, de surnaturel et je suis fan!



J’aurais aimé que plusieurs de ces nouvelles soient des romans, tant je me suis prise au jeu, j’en voulais plus. C’est toujours cette écriture acerbe, violente, on pourrait presque dire dénuée de sentiments mais ça n’irait pas, c’est plus froid dirons nous. ce n’est pas la première fois que j’ai ce sentiment en lisant un livre d’une auteure d’Amérique du sud et ça me plait vraiment beaucoup.



Pour en revenir à l’ouvrage, bien sûr, certaines m’ont plu plus que d’autres mais c’est le jeu. Je vais me pencher de façon très certaine sur son roman qui à de forte chance de me plaire….




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Les dangers de fumer au lit

La couverture de ce recueil de nouvelles résume assez bien l'univers de ces textes.

Des portraits d'enfants, de jeunes adolescentes nous entraînent dans un monde d'horreur, de mystères.

Les douze histoires nous entraînent dans des mondes de prime abord normaux puis nous tombons dans un monde d'horreur, de fantastique où nous nous trouvons avec des fantômes, des disparus qui réapparaissent, des individus qui essaient de comprendre, des séances de spiritisme, des emballements médiatiques.

Mais cette horreur côtoie des portraits très touchants de jeunes filles, d'enfants perdus, retrouvés.

Un univers sombre, féérique, fantastique et paradoxalement on s'attache à certains personnages, mais avec un sentiment de peur, d'effroi.

Avec des scènes criants de normalité, des jeunes filles qui se retrouvent dans des ruines, dans des forêts pour discuter, fumer s'amuser et nous tombons alors des histoires de sorcières, de fantômes.

Chaque texte se répond et Mariana Enriquez réussit à parler du passé, du présent (j'ai beaucoup aimé sa façon de parler du Barcelone envahi par les touristes et par des enfants mystérieux). La traduction d'Anne Plantagenet est parfaite et nous entraîne à travers les mots vers les maux d'une société et des maux plus personnels.

Un genre littéraire que je ne lis pas mais l'auteure a réussi à m'embarquer dans ses mondes et j'avoue avoir aimé avoir la trouille !





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Les dangers de fumer au lit

« Était-ce un papillon de nuit ou une mite ? Elle n’avait jamais réussi à les distinguer. Mais elle avait une certitude : les papillons de nuit se désagrégeaient entre les doigts, comme s’ils n’avaient pas d’organes ni de sang, un peu comme la cendre froide d’une cigarette dans un cendrier dès qu’on la touche. » Ainsi commence « Les dangers de fumer au lit », l’une des 12 nouvelles rassemblées dans l’ouvrage éponyme. Mariana Enriquez, auteure sud-américaine, démarre chacune de ces intrigues en distillant un malaise : il va être question de mort (comme le suggère l’image de couverture), de troubles, d’un décalage que les protagonistes ressentent vis-à-vis du réel ; de mort, mais aussi de vie, d’une envie — furieuse, impérieuse parfois — d’aller de l’avant.



D’une nouvelle à l’autre, le lecteur retrouve des similitudes. Les personnages principaux sont des femmes, toutes étranges et souvent étrangères à elles-mêmes, hantées, marquées par un rapport au monde différent : l’appellera-t-on « folie », dira-t-on de telle ou telle qu’il s’agit d’un fantôme qui hante le réel à rebours pour l’aspirer dans sa quête de néant, ou encore d’une sorcière ? Quoi qu’il en soit et tout aussi dérangeantes qu’elles puissent paraître, l’auteure les aime et les décrit avec beaucoup d’empathie, souffrant elle-même à l’endroit de leurs tourments.



Il suffit de peu de mots à l’auteure pour installer une ambiance interlope. Elle part de situations ordinaires pour nous emmener dans des eaux troubles, où l’on oscille entre fantastique et horreur. Pour autant, ses intrigues restent en prise avec le monde actuel, la réalité de l’Argentine notamment. En creux de la nouvelle « Les petits revenants » par exemple, se profile l’ombre de la dictature et sa politique des disparitions forcées. Et ceux qui reviennent, ces enfants disparus, sèment un malaise diffus : non seulement ils n’ont pas grandi, mais ils semblent vides, vidés d’eux-mêmes, à tel point que leurs parents ne les reconnaissent plus.



En 12 nouvelles, 12 tableaux, l’auteure brosse une peinture puissante de l’âme humaine, la décline en tons obscurs, du plus noir vers le plus éthéré, sans jamais oublier une touche d’humour bienvenue. Elle explore les tourments de l’existence, en sonde les abysses, les recoins interlopes pour dire les obsessions, le fanatisme, la sexualité. Le propos, d’une écriture soignée et poétique, nous conduit bien souvent vers des issues insoupçonnées. L’auteure ne propose pas, à proprement parler, de résolution, mais nous laisse, dans le sillage de ses mots, avec l’odeur tenace d’une cigarette mal éteinte qui laissera filtrer les étoiles à travers le drap d’un lit, le ciel du lit devenant alors un ciel étoilé, le plein du jour au beau milieu de la nuit.



J’ai pu découvrir « Les dangers de fumer au lit » grâce à une opération spéciale Masse Critique. Je remercie Babelio et les éditions du sous-sol pour cette très belle découverte.
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Les dangers de fumer au lit

Ce recueil est une plongée dans l'Argentine profonde avec ses superstitions et ses croyances qui nous fait découvrir un pays chaotique à travers la vie de ses adolescentes.

Aves ces douze nouvelles, Mariana Enriquez nous entraîne dans des quartiers populaires comme ceux de Buenos Aires, où les jeunes filles grignotent un semblant d'indépendance, cherchant des lieux interdits pour se retrouver, fumer et boire des bières.

Tout cela serait assez ordinaire si elles ne croisaient pas des revenants à chaque coin de rue, ou ne côtoyaient pas des sorcières jetant des sorts ou traquant les démons.

Dans cette Argentine de tous les dangers, la peur est habituelle, et avec le trafic de drogue, la prostitution des mineures, les enlèvements politiques, les disparitions d'enfants, la frontière entre la vie et la mort semble bien mince.

Des nouvelles particulièrement sombres qui mêlent réalité et imaginaire et dans lesquelles les hallucinations sont légion. On y croise des personnages terrorisés ou opprimés et, dans un air imprégné d'odeurs souvent pestilentielles, l'horreur n'est jamais loin.

Une vision originale de ce pays d'Amérique du Sud qui nous imprègne de sa culture par la voie du fantastique et cet angle d'approche est assez intéressant.



Merci à Babelio et aux Editions du Sous-Sol pour cette masse critique privilégiée
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Les dangers de fumer au lit

Après la sortie en 2021 de l’immense « Notre part de nuit » de Mariana Enríquez, les Éditions du Sous-Sol publient ce 13 janvier le premier recueil de nouvelles de l’autrice argentine, qui date de 2009. Dès le premier texte, « L’exhumation d’Angelita », on retrouve les ambiances chères à Enríquez, où dialoguent visions horrifiques, affres de l’adolescence et critique sociale. Au cœur des récits, les adolescentes sont alternativement les victimes (« Le puits ») et la cause du danger (« La Vierge des tufières »). Abandonnées, manipulées ou maltraitées, elles constituent des cibles de choix pour le mal, dont elles deviennent parfois le bras armé. Rebelles, peinant à trouver leur place dans le monde, elles cherchent des moyens d’exprimer ou d’assouvir leurs désirs, leurs pulsions sexuelles et leur goût pour l’inconnu.



« Les dangers de fumer au lit » décrit une Argentine – et parfois une Espagne – gangrénée par son passé. Si tout paraît normal en apparence, ça grouille sous le vernis. Il suffit de gratter un peu celui-ci pour qu’une odeur rance et fétide monte aux narines des personnages, les effluves nauséabonds annonçant régulièrement la manifestation imminente des forces occultes. La question de la disparition s’immisce dans la majorité des nouvelles, tel un écho aux « desaparecidos », les personnes arrêtées et tuées en secret dans l’Argentine totalitaire du général Videla, entre 1976 et 1983, et aux conséquences du narcotrafic depuis les débuts du XXIe siècle.



Cohérentes sur le fond et sur la forme, les douze nouvelles qui constituent le recueil prolongent naturellement la magie ressentie à la lecture de « Notre part de nuit », tout en imposant leur personnalité. L’impatience de voir les autres romans de Mariana Enríquez sortir en France n’en est que plus grande. À noter aussi que rien ne serait possible sans la formidable traduction de Anne Plantagenet.


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Notre part de nuit

Notre part de nuit de Mariana Enriquez.

Quel livre extraordinaire. Dans tous les sens du terme.

Comment en parler?

Peut être en listant les raisons pour lesquelles je l’ai aimé, probablement de manière assez décousue mais il y a tant a dire !

J’ai aimé l’univers de ce roman , dans lequel on se retrouve plongé sans en avoir la notice explicative et grand bien en a pris à l’autrice.

C’est pour moi une des grandes forces de ce livre : l’univers n’est pas exagérément décrit pour nous expliquer où l’on va.

La magie, la sorcellerie fait partie de la vie des protagonistes sans que l’on vienne nous prendre par la main pour nous expliquer le pourquoi du comment, et çà c’est très fin, car çà confère une grande profondeur et une grande maturité au roman.

Ces hommes et ces femmes évoluent dans un milieu tout à fait particulier, et l’autrice nous en parle d’une telle façon que l’on se sent comme privilégiés d’en avoir connaissance.

L’autrice explique très peu, elle décrit, elle raconte, on observe à travers son récit, on découvre. Le folklore ,les multiples divinités, les confréries : nous sommes au coeur de ces mythes et légendes.

On ne comprend pas toujours tout, tout n’est pas nommé, tout n’est pas explicable et cette façon de laisser des flous apporte en crédibilité et rend toute cette histoire paradoxalement complètement réaliste et crédible.

Pour moi ce roman à été tellement immersif , tellement ancré dans une réalité concrète qu’on en vient à se dire que çà n’est pas un roman qui parle de surnaturel, mais un roman qui parle d’un monde dont nous n’avions simplement pas connaissance jusque là.

A ce niveau j’ai eu les mêmes sensations que quand je lisais du Lovecraft plus jeune.

J’ai aimé les personnages, que l’on découvre à différentes périodes , dans différents lieux ,que l’on voit évoluer, grandir, aimer, souffrir.

Des familles , des lignées qui se déploient de façon tentaculaire, qui s’entrecroisent.

Des personnages tellement charismatiques, bouleversants , touchants, détestables ou monstrueux. Tous différents. Certains sont comme Déifiés, transcendés, d’une beauté irréelle, miséricordieux ou implacables.

En particulier Juan qui m’a complètement subjuguée, j’ai rarement vu un personnage littéraire aussi accompli, aussi bien décrit, aussi complexe.

J’ai aimé la noirceur de ce roman, j’y ai trouvé tant de choses des univers que j’aime :

Cette ambiance un peu à la David Lynch , ce mélange des genres où se croisent le drame, l’horreur, le sexe, l’amour, la folie , les excès , les personnages forts et ceux qui semblent sortir d’une foire de monstres.

Un coté King bien sur, mais aussi de Hauting of Hill House ou encore American Horror Story.

Ce roman a été une découverte de chaque page, que j’ai dévoré en étant incapable de dire vers où allait l’histoire, mais dont j’avais envie de retenir chaque mot, chaque ligne, le moindre détail. Un roman qui m’a totalement envoutée.

Fantastique.

Majesteux.

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Notre part de nuit

Quel monstre! Un roman de près de 800 pages très dense, très fourni, un mélange de science-fiction, de fresque familiale et de livre historique. L’autrice se jette à corps/coeur perdu dans ce livre qui suit le relation d’un père et d’un fils fuyant leur famille, fuyant le Mal. En cours de lecture, le rapprochement avec le film de Midnight Spécial de Jeff Nichols toque à mon esprit pour toutes ces scènes de voiture, toutes ces scènes de danger… Mais Mariana Enriquez ne s’arrête pas là, elle embarque tous ces personnages dans différentes époques, change de protagoniste principal au fil des (gros) chapitres. D’Angleterre en Argentine, on suit les dérives, les doutes, les meurtres, les scènes de baston. On est propulsé d’un univers à l’autre. On voit des peintures gothiques, des peintures religieuses, on est dérouté à chaque instant. Ce roman monstrueux ne laisse pas indifférent. Malgré de nombreuses longueurs en fin de parcours (pour un final trop rapide à contrario!), Notre part de nuit révèle une auteure brillante. Un roman qui a dû lui couter de nombreuses nuits blanches.
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Notre part de nuit

Un livre monumental, oui. Un livre sombre, très sombre, oui.

Trop sombre, trop monumental pour moi, apparemment. J'étais oppressée par l'atmosphère pesante et malsaine. Comme une impression de poisseux, d'un arrière goût ferreux. Ce ne fût pas un moment agréable, mais un moment long et douloureux.

Sûrement le signe d'un grand roman, mais pas une lecture qui m'a convenu (même si les sensations vont me marquer un bon moment).
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